LE SHOW D'EVREN EN ALLEMAGNE
Anti-communiste virulent et
principal responsable de 50 exécutions, il parle
maintenant de légaliser le parti
communiste et d'abolir la peine de mort
Lors da sa visite officielle en RFA en octobre, son
3ème voyage dans un pays d'Europe de l'ouest après la Grande Bretagne
et les Etats-Unis, le Président Kenan Evren a demandé au Gouvernement
de Bonn d'appuyer les efforts de la Turquie pour devenir membre de la
Communauté européenne.
Alors que les dirigeants allemands l'accueillaient
en le félicitant du "retour à la démocratie en Turquie", des groupes
d'opposition turcs et kurdes ainsi que des organisations démocratiques
allemandes protestaient contre sa vi-site, rappelant que le général
Evren est le principal responsable du coup d'état militaire de 1980 et
le principal organisateur du terrorisme d'Etat qui sévit en Turquie
depuis 8 ans.
Des manifestations de masse ont eu lieu dans toutes
les villes visitées par le président turc.
Le 17 octobre, à l'issue d'une visite de l'Hotel de
Ville de Bonn, un œuf lancé dans sa direction a tâché son costume.
La police allemande, craignant de nouveaux
incidents, a pris des mesures de sécurité extraordinaires comme
l'interdiction faite aux dissidents turcs et kurdes à Munich, de
quitter leur domicile pendant la visite d'Evren dans cette ville.
Le général Evren, essayant d'accréditer son image de
"chef d'Etat démocratique", a déclaré durant son vo-yage en RFA que tôt
ou tard la Turquie aura son parti communiste légal et que la peine de
mort y sera abolie. Il a également dit: "Il faut découvrir qui est
communiste et qui ne l'est pas. Actuellement personne ne le sait. Ils
(les communistes) se sont infiltrés au sein des partis politiques."
Alors que les leaders du Parti Communiste unifié de
Turquie (TBKP), résultat de la fusion du Parti Communiste de Turquie
(TKP) et du Parti Ouvrier de Turquie (TIP) se sont immédiatement
félicités de la déclaration d'Evren, les autres groupes d'opposition de
gauche ont émis des réserves quant à la sincérité d'Evren. A leur avis,
Evren essaye de tromper l'opinion publique européenne qui exige la
légalisation du parti communiste et l'abolition de la peinede mort pour
considérer la Turquie comme un pays conforme aux normes démocratiques
européennes.
En fait, depuis son arrivée au pouvoir en 1980,
Ev-ren a toujours utilisé un langage anti-communiste virulent et a
défendu à plusieurs reprises la peine de mort.
Après la déclaration du président, les milieux
gouvernementaux ont déclaré que la légalisation du parti
communiste était possible si la majorité de la population exprimait son
assentiment lors d'un référendum et si les communistes s'engagaient à
renoncer à toute forme de radicalisme et à jouer le jeu politique dans
le cadre de la législation existante.
De leur côté, les leaders du TBKP dont le président
et le secrétaire général sont en prison depuis leur retour d'exil
volontaire en 1987, ont déjà annoncé qu'ils étaient prêts à agir de
fa•on réaliste; un réalisme tel qu'avant son retour en Turquie, le
secrétaire général du parti a adressé au consulat turc de Berlin Ouest,
une demande pour effectuer son service militaire dans l'armée turque,
condition préalable à l'exercice de toute activité politique légale en
Turquie.
Cependant, le TBKP n 'est pas le seul parti
communiste de Turquie. Avant tous les autres, une section importante du
TKP, qui a toujours refusé la fusion avec le TIP et qui a continué à
utiliser le sigle originel (TKP), s'est opposée à toute légalisation
accordée par Evren et accuse les dirigeants du TBKP d'être les jouets
du régime.
Les autres partis communistes et mouvements basés
sur les principes marxistes tels que le TKP/ML, le TKP, le TDKP, le
Dev-Yol, le Dev-Sol, le Kurtulus et le PKK, dont plusieurs dirigeants
ont été jugés pendant des années à l'ombre des potences, partagent la
même opinion à savoir que même si le TBKP est légalisé, il est hors de
question de proclamer l'existence de la démocratie en Turquie tant que
le régime autoritaire actuel dirigé par le tandem Evren-∏zal n'aura pas
été renversé.
Evren, conscient de cela, alors qu'il parle de
légaliser le parti communiste en Turquie, n'a pas manqué de se plaindre
des activités de ces groupes en Europe et a demandé aux autorités
allemandes de prendre des mesures disciplinaires contre eux sur leur
territoire!
Ce sujet controversé semble devoir occuper une place
importante dans l'agenda politique turc des mois à venir.
8 ANS DE TERRORISME D'ETAT POUR GENERAL EVREN
A l'occasion du 8ème anniversaire du coup d'Etat du
général Evren, l'Association Turque des Droits de l'Homme (IHD), a
établi le bilan de huit ans de terrorisme d'Etat.
Pendant cette période, 700.000 personnes ont été
détenues pour des motifs politiques. Le nombre total des personnes
ayant été frappées par des mesures anti-démocratiques est estimé à 4
millions.
Les procureurs ont entamé 210.000 procédures légales
dont 202.501 ont déjà abouti.
En quatre ans, du 8 octobre 1980 au 25 octobre 1984,
50 personnes ont été exécutées sur décision de tribunaux militaires. A
l'heure actuelle, 220 peines capitales attendent l'approbation de
l'Assemblée nationale et 100 autres celle de la Cour Militaire de
Cassation.
En huit ans, 177 personnes sont mortes sous la
torture. Selon un rapport récent d'Amnesty International, durant la
seule année 1987, 17 personnes ont été assassinées par leurs bourreaux
lors de leurs interrogatoires.
En dépit de l'abandon de la loi martiale, 1.392
personnes sont encore détenues dans cinq pri-sons militaires
(Metris-Istanbul, Mamak-Ankara, Erzincan, Erzurum et Diyarbak∑r) et
jugées par des tribunaux militaires. 1.099 d'entre elles sont de
gauche, 216 de droite et 77 sont suspectées de s'être livrées à la
contrebande.
Dans les 639 prisons civiles, 49.839 personnes sont
détenues dont 31.500 sont déjà condamnées et 18.399 sont en détention
préventive.
Parmi les condamnés, 1.820 personnes sont de gauche,
389 de droite. Quant aux détenus, la proportion est de 709 de gauche
pour 39 de droite.
Selon la IHD, environ 30.000 personnes ont le statut
de réfugiés politiques en Europe, dont 14.000 ont été privées de leur
nationalité turque.
Le jour anniversaire du coup d'Etat, la police a
pris des mesures de sécurité extraordinaires de crainte que des
manifestations de protestations violentes n'écla-tent. Malgré ces
mesures, des bombes ont explosé dans certains quartiers d'Istanbul. De
plus, l'Association de Solidarité avec les Familles des détenus (TAYAD)
a organisé une manifestation de protestation, Place Sultan-ahmet à
Istanbul le 12 septembre dernier.
PROCES POLITIQUES EN SEPTEMBRE
Le 1er septembre, le tribunal militaire a condamné à
mort 14 membres du PKK et 35 autres à des peines de prison allant
jusqu'à 15 ans.
Le 7 septembre, à Adana, le procès des membres
présumés de l'Union Révolutionnaire du Peuple (DHB) et du Kawa s'est
terminé par 4 condamnations à l'em-prisonnement à vie et 4 peines de
prison de plus de 24 ans.
Le 15 septembre, un nouveau procès contre 22 membres
présumés du Parti Ouvrier du Kurdistan (PKK) s'est ouvert à la Cours de
Sûreté de l'Etat de Diyarbak∑r. Le procureur a demandé la peine de mort
pour deux détenus et des peines de prison allant jusqu'à 15 ans pour
les 20 autres.
Le 23 septembre, à Izmir, un ancien leader du
Syndicat des Travailleurs du textile, Mr Ibrahim ∏zcan, a été condamné
à 4 ans de prison.
Le 28 septembre, à Adana, le tribunal militaire a
condamné à la prison à vie contre deux membres de Libé-ration
(Kurtulus) et à une peine de prison de 12 ans et 6 mois deux autres.
ARRESTATIONS ET CONFLITS ARMES
Le 5 septembre, à Istanbul, la police a utilisé la
force pour disperser un rassemblement organisé par le Parti Social
Démocrate Populiste (SHP) en guise de protestation contre l'utilisation
d'armes chimiques contre les Kurdes en Irak. Après la confrontation 3
dirigeants du parti ont été mis en état d'arrestation.
Le 8 septembre, à Erzincan, dans le district de
Kemah, des militants du PKK se sont heurtés aux forces de sécurité.
Huit soldats ont été tués, un sergent et un soldat ont été blessés.
Le 14 septembre, Mr Gπkhan T∑rt∑l, président de
l'Association des étudiants de la Faculté des Lettres de l'Université
d'Istanbul a été arrêté pour des raisons po-litiques.
Le 15 septembre, les forces de sécurité ont annoncé
l'arrestation de 19 membres présumés d'une organisation illégale.
Le 27 septembre à Bingπl, durant une confrontation
avec les militants du PKK, deux soldats ont été tués et trois autres
blessés.
MALAISE DANS LES PRISONS
Un malaise causé par une circulaire du ministre de
la Justice visant à obliger tous les détenus à porter l'uniforme
carcéral, même s'ils ne sont pas encore condamnés, a regné dans les
prisons militaires et de haute sécurité pendant le mois de septembre.
Dans certaines prisons, les détenus ont entamé une
grève de la faim. Plus tard les parents des prisonniers ont rejoint
leur action.
Les grévistes de la faim ont rapporté que ceux qui
refusent de porter l'uniforme carcéral sont enfermés dans les cellules.
Les prisonniers politiques et leurs familles
demandent:
- l'abandon des mesures disciplinaires illégales;
- la fin de l'obligation de porter l'uniforme
carcéral;
- la possibilité pour les familles d'exercer leur
droit de visite une fois par semaine;
- l'extension de la durée de la visite à une heure;
- la cessation de la censure des correspondances
privées avec les familles et avec des camarades détenus dans d'autres
prisons;
- la fourniture de journaux, revues et livres dans
les prisons.
- la possibilité pour les détenus kurdes d'exercer
leur droit d'utiliser leur langue maternelle pour leur défense lors de
leur procès.
En même temps que leur grève de la faim, les
familles des prisonniers ont organisé une manifestation le 28 septembre
devant la prison militaire de Metris à Istanbul.
Le 16 septembre, 14 membres présumés du TDKP,
détenus à la prison d'Izmir, se sont présentés à leur procès à la cours
de Sûreté de l'Etat, revêtus de vêtements de sport en guise de
protestation contre l'obligation de porter l'uniforme carcéral.
Le 17 septembre, à K∑rªehir, 18 personnes politiques
se sont évadés de fa•on tout à fait spectaculaire en creusant un tunnel
de 118 mètres de long. Parmi eux se trouvaient trois condamnés à mort
et quatre à la prison à vie.
NOUVEAUX CAS DE TORTURE
Le 25 août, Mr Dervis Savgas, travailleur immigré à
été arrêté alors qu'il revenait dans sa ville natale de Viranªehir,
pour y passer ses vacances annuelles. Huit jours après, la police a
rendu son corps à sa famille. Mr Mahmut Keceli, député social
démocrate, a immédiatement demandé une autopsie pour déterminer la
cause du décès.
Les médecins, après avoir examiné le corps, ont
certifié qu'il portait des traces de coups et présentait plusieurs
fractures.
Le 29 septembre, un autre député social-démocrate,
Mr Mustafa Y∑lmaz, a tenu une conférence de presse à l'Assemblée
nationale au cours de laquelle, il a présenté aux journalistes, une
victime de torture: Mr Osman Can. Ce dernier a déclaré qu'il a été
détenu à Gaziantep, le 3 septembre dernier et qu'il y a été torturé par
des gendarmes lors de son interrogatoire.
Le 5 septembre, lors du procès de 1.243 membres
présumés de Dev-Sol au tribunal militaire n°2 d'Istan-bul, un avocat de
la défense, Mr Osman ErgΩn a déclaré que plusieurs de ses clients
avaient été torturés et a demandé un contrôle médical de tous les
détenus par une équipe médicale complète.
Lors d'un autre procès politique de membres de
Dev-Yol à Ankara, les prévenus ont produit un document prouvant que le
général Evren en personne a récompense un tortionnaire du nom de Bekir
Pullu en 1981. Ce policier était accusé d'avoir torturé deux membres
influents de Dev-Yol: Nasuh Mitap et Oµuzhan MΩftΩoµlu.
NOUVELLES MANŒUVRES ELECTORALES
Après sa défaite lors du référendum du 21 septembre,
∏zal à ouvert un débat sur un autre changement du système électoral
ayant, cette fois pour but de se débarrasser du deuxième parti
politique de droite, à savoir le Parti de la Juste Voie (DYP) de Mr
SΩleyman Demirel.
Le Parti de la mère Patrie (ANAP) étudie
actuellement la possibilité d'instaurer lors des élections locales de
mars 1989 un système d'élection à deux tours.
Le système, calqué sur le modèle fran•ais, interdit
au candidat n'ayant pas obtenu un certain pourcentage de voix, de se
représenter lors du second tour.
∏zal a admis qu'un tel système électoral aura pour
effet de réduire la scène politique à deux partis: l'ANAP à droite et
le Parti Social Démocrate Populiste (SHP) à gauche.
Mr Demirel a qualifié ce nouveau projet de tentative
d'instauration d'une dictature de l'ANAP.
Quant à Mr Erdal Inonu, leader du SHP, il a été mis
au courant de la proposition d'∏zal alors qu'il se trouvait au Congrès
du Parti Travailliste britannique à Blackpool. Il a déclaré "jusqu'à
présent, ce gouvernement n'a pas organisé deux fois de suite des
élections sous le même régime électoral. Ces changements con-s-tants de
la loi électorale sont contraires à la constitution. Le système devrait
être mis au point sur base d'un compromis intervenant entre les partis
politiques."
ENTRETIENS D'INONU EN EUROPE
Après avoir participé au congrès du Parti
travailliste britannique à Blackpool début octobre, Mr Erdal InπnΩ
s'est rendu à Bruxelles où il a rencontré des dirigeants de la
communauté européenne ainsi que des membres du Parlement européen.
A cette occasion, il a déclaré: "Certains concepts
démocratiques rendent difficiles les relations de la Turquie avec la
Communauté européenne. Ces difficultés sont causées par l'incapacité de
l'ANAP à abolir les obs-tacles à la démocratie. Nous sommes conscients
du fait que les relations entre la Turquie et la Communauté européenne
s'amélioreront dès que le gouvernement les aura supprimés".
Le principal leader de l'opposition a demandé au
Parlement européen de laisser le comité parlementaire mixte
Europe-Turquie reprendre ses sessions le plus vite possible.
Selon la presse turque les conversations de
messieurs Erdal InπnΩ et Rudi Arndt, président du Groupe socialiste du
Parlement européen, auraient porté, entre autre, sur la fusion des deux
partis sociaux démocrates turcs. Mr Arndt aurait offert de servir de
médiateur entre Erdal InπnΩ et BΩlent Ecevit, ancien premier ministre
et fondateur du Parti démocrate de gauche (DSP), lors des négociations
pour l'unification des deux partis.
Mais InπnΩ a semblé pessimiste à ce propos. Il a
confié à Arndt qu'il ne savait pas si une telle unification serait
possible alors que Ecevit n'encourage même pas les discussions à ce
sujet.
Lors des dernières élections en 1987, les scores du
SHP et du DSP étaient respectivement de 25% et 8,5%. Un récent sondage
d'opinion montre une chute du nombre des supporters du DSP,
principalement en raison de l'attitude hostile d'Ecevit envers les
autres organisations de gauche.
LA CHARTE EUROPEENNE DES LANGUES REGIONALES
Le 4 octobre 1988, à Strasbourg, l'Assemblée
parlementaire du Conseil de l'Europe a émis un avis favorable à la
Charte Européenne des langues régionales au minoritaires en Europe,
adoptée par la Conférence permanente des autorités locales et
régionales d'Europe.
La charte contient deux points centraux: le droit
d'utiliser sa propre langue et de ne pas être poursuivi pour l'avoir
fait. Le rapporteur, M. De Puig, a déclaré que la charte a pour but
d'établir des standards minimum qui ne protégeront certainement pas
toutes les langues et qui ne satisferont pas les radicaux mais qui du
moins l'espérait-il, en rétabliront beaucoup.
Les représentants du régime turc se sont opposés à
l'adoption d'un avis favorable à la charte craignant qu'il n'encourage
les défenseurs du droit au rétablissement des langues régionales ou
minoritaires comme par exemple, dans le cas des millions de Kurdes de
Turquie dont les lois interdisent l'utilisation de la langue maternelle.
Mr GΩnes Taner, député de l'ANAP à déclaré:
"J'aimerais ajouter à la discussion que la promotion des langues
régionales au minoritaires dans les différents pays et régions d'Europe
peut en effet, représenter un gros progrès dans la préservation de
l'héritage et de la diversité culturel de l'Europe. Cependant chaque
Etat doit être considéré séparément, en tenant compte des réalités
historiques différentes ainsi que des conditions sociales existantes.
Dans sa forme actuelle, l'ébauche de la charte envisage certains droits
et privilèges pour les langues régionales ou minoritaires qui
pourraient être difficiles à mettre en pratique. Nous craignons
également les difficultés administratives ainsi que les dépenses
énormes que l'application de ces principes va entraîner".
Malgré ces objections, l'Assemblée a adopté l'avis
suivante:
"L'Assemblé,
"1. Ayant pris note de la Résolution 192 (1988), sur
les langues régionales ou minoritaires en Europe, adoptée par la
Conférence permanente des pouvoirs locaux et régionaux de l'Europe;
"2. Rappelant son souci de protéger la diversité
linguistique de l'Europe, exprimé par exemple dans ses Recommandations
928 (1981), relative aux problèmes d'éducation et de culture posés par
les langues minoritaires et les dialectes en Europe, et 1067 (1988),
relative à la dimension culturelle de la radiodiffusion en Europe;
"3. Rappelant aussi sa Recommandation 1043 (1986),
relative au patrimoine linguistique et littéraire de l'Europe, par
laquelle elle recommande au Comité des Ministres de défendre et
d'encourager le multilinguisme en Europe;
"4. Notant l'intérêt parallèle exprimé par le
Parlement Européen dans ses résolutions du 16 octobre 1981, du 11
février 1983 et du 30 octobre 1987;
"5. Se félicitant de l'initiative de la Conférence
permanente des pouvoirs locaux et régionaux de l'Europe d'élaborer un
projet de Charte européenne pour les langues régionales ou minoritaires;
"6. Estimant que le projet de Charte annexé à la
Résolution 192:
"(a) est suffisamment souple pour que son
application soit possible dans des situations très diverses en Europe
sans porter atteinte à l'intégrité territoriale ou aux langues
officielles des Etats contractants;
"(b) prévoit des conditions de base pour la
protection et la revitalisation de ces langues, et représente une
première mesure pratique et nécessaire dans cette direction;
"7. Soulignant que le projet de Charte concerne des
langues et non des minorités linguistiques;
"8. Se félicitant de la disposition (l'article 13.5
du projet) prévoyant la présentation de rapports biennaux, par le
Secrétaire Général de l'Assemblée, sur l'application de la Charte;
"9. Pensant qu'il conviendrait également de prévoir
la possibilité pour les Etats européens non membres de devenir Parties
contractantes à la Charte,
"10. Appuie pleinement la demande faite par la
Conférence permanente des pouvoir locaux et régionaux de l'Europe au
Comité des Ministres pour qu'il adopte une Charte européenne des
langues régionales ou minoritaires ayant le caractère d'une convention
ouverte à tous les Etats européen."
Le lendemain, les journaux turcs de droite ont
qualifié cet avis de nouveau "complot européen en faveur des Kurdes",
et ont accusé les parlementaires turcs au Conseil de l'Europe de ne pas
s'être suffisamment opposés à son adoption.
10.000 KURDES ONT QUITTE LA TURQUIE
Début octobre 1988, le nombre de réfugiés kurdes en
provenance d'Irak qui ont quitté plus tard la Turquie pour l'Iran, a
excédé les 10.OOO. Les réfugiés se sont plaints des conditions de vie
dans les camps. En effet l'hiver ayant déjà commencé dans la région
Sud-ouest de la Turquie, la température a chuté de 6 à 10 degrés en
octobre et les pluies abondantes ont détérioré les tentes des réfugiés.
Selon l'hebdomadaire Dateline du 15 octobre 1988, ce sont ces
conditions de vie intoléra-bles qui ont causé la demande de transfert
des réfugiés.
Pour les mêmes raisons, 1.471 Kurdes ont quitté ces
camps et ont été obligés de retourner en Irak, répondant ainsi à une
offre d'amnistie du président ira-kien Saddam Hussein.
A défaut d'un accord avec le gouvernement irakien
aucune équipe de la Croix Rouge internationale n'était présente au
point frontière de Habur, lors du transfert des Kurdes en Irak. De
plus, le gouvernement irakien a refusé de donner l'assurance que ces
réfugiés ne seront pas poursuivis.
Les autorités turques ont annoncés que 25.OOO des
60.000 réfugiés kurdes présents en Turquie ont vécu dans les deux camps
de toile de YΩksekova et d'Hak-kari. Après le départ de 10.000 Kurdes
pour l'Iran, les autorités turques ont annoncé la fermeture d'un de ces
deux camps et le transfert des réfugiés y vivant encore dans le camp de
Uzunsirt.
Le porte parole du ministre turc des affaires
étrangères a déclaré qu'actuellement, il est hors de question
d'accorder l'asile politique aux réfugiés kurdes et qu'il ne leur a été
accordé qu'un refuge temporaire en Turquie et non l'asile politique.
ARRETES POUR DES CHANSONS KURDES
Le 20 septembre, les 8 membres du groupe folklorique
Grup Yorum, Metin Kahraman, Kemal GΩrel, Tuncay Akdogan, Efkan Sesen,
Ilyas Akkaya, Ejder Akdeniz, Serdar Keskin, Taci Uslu, ont été accusés
de propa-gande séparatiste pour avoir chanté une chanson kurde lors
d'une soirée culturelle organisée par le SHP à Istan-bul. Ils ont été
interrogés par le procureur de la Cours de Sûreté de l'Etat à Istanbul
qui les avait mis en cause et à l'issue de cet interrogatoire, la cour
a décidé de l'arrestation de Metin Kahraman qui est d'origine kurde.
D'autre part, le chanteur le plus populaire de
Turquie: Ibrahim Tatlises a, à nouveau, été mis en cause le 19
septembre pour des paroles qu'il a prononcées lors d'un concert. En
effet, lors d'une soirée culturelle à Uªak, à laquelle assistait
également le ministre de la Justice, un homme d'affaires a demandé à
Tatlises de chanter une chanson kurde. Ce dernier a refusé en disant
que la loi interdit de chanter en kurde.
Dès lors, le procureur local a commencé une
procédure légale pour propagande séparatiste, l'homme d'af-faire Mehmet
Yilmaz et contre le chanteur Tatlises.
LES INTERETS TURCS DANS LE GOLFE
Après le cessez-le-feu entre l'Iran et l'Irak, les
entreprises de construction turques ont prévu une hausse vertigineuse
de leurs activités.
Selon les estimations d'une compagnie britannique, $
250 milliards seront nécessaires pour couvrir les activités engendrées
par la reconstruction des usines, des hôpitaux, des pipelines et des
ports qui ont été détruits durant la guerre. L'Iran et l'Irak devront
dépenser 25 milliards de dollars par an pour restaurer leurs villes.
Une concurrence très forte va opposer les firmes
britanniques, allemandes, fran•aises, américaines, japonaises et sud
coréennes qui se partageront le marché de la reconstruction. Les
compagnies turques espèrent obtenir des contrats de rénovation d'une
valeur de 2,5 milliards de dollars par an. Le président du Holding
ENKA, ∫ar∑k Tara, a rappelé que les compagnies turques ont toujours
travaillé dans ce pays même durant la guerre. Il a déclaré: "Les autres
pays qui convoitent ce marché n'ont pas autant de chances d'être
acceptés que les compagnies turques. Nous l'avons prouvé pendant la
guerre, en obtenant la majorité des contrats. ENKA Holding construit
actuellement en Irak un des plus grands barrages du monde, qui coûtera
1,5 milliard de dollars à ce pays".
Après le cessez-le-feu, on attend également un boom
dans le secteur du transport terrestre. De 1978 à 1986, deux millions
de tonnes de marchandises ont été transportées, tous les ans, vers
l'Iran et l'Irak.
REPRESSION DE LA PRESSE
Le 5 septembre, le journaliste SΩleyman Coskun qui
avait purgé une peine de 3 ans de prison après le coup d'Etat
militaire, a à nouveau été incarcéré et a écopé d'une peine de 7 mois.
Il est accusé d'être membre du parti communiste turc (TKP).
Le 8, l'édition de septembre du mensuel Gen•lik
DΩnyas∑ a été saisie sur décision de la cour de Sûreté de l'Etat
d'Istanbul, pour avoir publié un article sur le droit de parler sa
langue maternelle.
Le 21 septembre, l'éditeur responsable du mensuel
Yeni CπzΩm, Mr Ertugrul Mavioglu, a été condamné à 3 ans de prison par
la cours de Sûreté de l'Etat d'Is-tanbul, pour avoir publié des
articles de propagande communiste et séparatiste.
Le même jour, l'Association des Droits de l'Homme
(IHD) a publié un communiqué accusant la police d'An-kara d'avoir fait
une descente dans les bureaux d'Ankara de deux revues de gauche, Yeni
CπzΩm et Yeni Asama. Selon l'IHD, la police a mis en état d'arrestation
une grande partie des membres du comité de rédaction des deux revues et
les a torturés pendant leur interrogatoire.
Le 22 septembre, une cours criminelle d'Ankara a
commencé le procès de six journalistes, accusés d'avoir diffamer le
premier ministre ∏zal et le ministre de la défense Vuralhan dans des
articles qu'ils ont écrit ou publiés. Il s'agit d'Engin Ardic (mensuel
Tempo), Fat-ma Yazici (mensuel 2000e Dogru), CΩneyt ArcayΩrek, Ugur
Mumcu et Okay Gπnensin (quotidien Cumhuriyet). Ils risquent chacun des
peines de prison jusque 6 ans.
LE RAPPORT DU PEN INTERNATIONAL
Le Comité des Ecrivains en Prison de PEN
international, a publié en Juillet 88, un nouveau rapport sur les
écrivains et les journalistes kidnappés, emprisonnés, bannis ou en
instance de jugement. La Turquie occupe 7 des 51 pages du rapport qui
fournit des informations détaillées sur les écrivains et les
journalistes en prison à travers le monde.
Dans le texte introductif, le comité a émis les
remarques suivantes sur la Turquie:
"Selon l'Association turque des Droits de l'Homme,
le nombre des prisonniers politiques en Turquie attei-gnait 18.000 en
novembre 1987. Or, d'après les chiffres publiés par le ministre turc de
la justice le 6 avril 1988, 5.309 prévenus sont encore en jugement
devant des cours militaires dont 1.392 sont en détention préventive. Il
est impossible pour le comité de connaître le nombre exact d'écrivains
et d'éditeurs en prison. De plus, il découvre tous les jours de
nouveaux cas dont il n'avait jamais entendu parlé, ainsi il a découvert
récemment qu'Ersin ErgΩn Keles, un jeune poète, à été condamné à
la prison à vie après un procès de 8 ans. Le rapport d'Amnesty
International de mai 88 est encore plus inquiétant: il démontre que la
plupart des prisonniers ont été torturés généralement pendant leurs
interrogatoires au poste de police."
Toujours selon le rapport du comité, les
journalistes et écrivains dont les noms figurent ci-bas sont toujours
en prison:
Nevzat Acan, Irfan Asik, GΩzel Aslaner, Oral
Calislar, Mehmet Coban, Mustafa Colak, Servet Ziya Corakli, Ilker
Demir, Bektas Erdogan, Fettah Erkan, Ersin Ergun Keles, Yasar Kaplan,
Bayram Kazakli, Haydar Kutlu, Recep Marasli, Candemir ∏zler, Feyzullah
∏zer, Alaattin Sahin, Dr. Nihat Sargin, Orhan Selen, Erbil Tusalp,
Erhan Tuskan, Hasan Fikret Ulusoydan, Mecit ºnal, Ibrahim Arik, Mehmet
Cetin, Mehmet Cerit, Mustafa Dum, Mustafa Eker, Muhittin Gπktas,
Mustafa Kocak, AbdΩlkadir Konuk, Mehmet ∏zgen, Ali Rabus, Ersin
Sarikaya, Abdullah Soydan, Osman Tas, Fatma Yazici, Ali Haydar
Yildirim, Veli Yilmaz, Yalcin KΩ-cΩk, Bilgesu Erenus, HΩsnΩ ∏ndΩl,
Ilhan Akalin, Ferhat Akday, Fuat AkyΩrek, Zeki Atas, Nurettin Baydar,
Sa-ban Bilgin, Yilmaz Dincberk, Ali Duman, Baki Karakol, Ulviye
Kayserilioglu, Haluk Seckin Meric, Riza Olgun, Mehmet ∏zdemir,
Abdurrahman Pala, Orhan SenyΩz, Necdet Sevinc, Orhan Tagi, Ali Riza
Tura, Fatih Yildiz.
Nuretin ∏ztΩrk, éditeur responsable de la revue
politique Kurtulus, a disparu après son retour d'exil volontaire. Sa
mère pense qu'il a été assassiné par la police.
RETABLISSEMENT DU PEN CLUB TURC
Le 29 août dernier, un groupe d'écrivains turcs a
annoncé son intention de ranimer le Pen Club turc qui s'était dissout
après le coup d'Etat militaire de 1980.
Ces cinquante intellectuels turcs, dont le célèbre
humoriste Aziz Nesin et le romancier Yasar Kemal ont désigné un comité
composé de six personnes et chargé d'entamer la procédure officielle
pour établir légalement l'existence du PEN Club turc. Mais, en vertu de
la loi turque concernant les restrictions des connections avec les
groupes internationaux, le PEN turc n'a pas le droit de s'affilier au
PEN international sans qu'un décret gouvernemental ne l'y autorise.
Aziz Nesin, qui est aussi président de l'Union des
Ecrivains de Turquie (TYS) a critiqué les dirigeants pré-cédents du PEN
Club, qui ont dissout le club en 1980.
Lors d'un meeting du PEN International à New York en
janvier 1986, on a proposé la création par des intellectuels turcs en
exil, d'un PEN club turc en RFA.
Cependant, la TYS s'y est opposée, estimant que les
écrivains turcs vivant en Turquie ne soutiendront pas une telle idée.
Plus tard, Nesin a adressé une lettre à l'ambassade de RFA à Ankara
dans laquelle il expri-mait ses craintes qu'une telle organisation ne
devienne rapidement un sujet de discorde pour les différentes factions
politiques en exil.
L'IPI MET OZAL EN GARDE
Le directeur de l'Institut International de Presse
(IPI), Mr Peter Galliner, dans une lettre adressée à Mr ∏zal, a exprimé
l'inquiétude de l'organisation au sujet des pratiques répressives dont
la presse turque a été victime, et lui a demandé de les faire cesser.
L'IPI a tenu son congrès annuel à Istanbul cette
année, en signe de solidarité avec les journalistes turcs. Dès la fin
du congrès, la campagne anti-presse du gouvernement a repris.
CAMPAGNE POUR LES FILMS DE GUNEY
Une campagne à l'échelle mondiale est menée par des
sociétés cinématographiques internationales et des personnalités du
monde du cinéma. L'appel, signé par des milliers de défenseurs de la
liberté, dit en subs-tance:
"L'œuvre du cinéaste Y∑lmaz GΩney est censurée
depuis plus de 7 ans dans son propre pays. Alors que les cinéphiles du
monde entier peuvent regarder ses films librement, ses concitoyens qui
devraient être les premiers à les voir, n'y sont pas autorisés. Ceci
est d'autant plus inacceptable que les dirigeants d'Ankara se sont
engagés à restaurer la démocratie. Ils ont même posé leur candidature
pour entrer à la CEE qui est une communauté composée de démocraties
européennes où chacun peut exprimer librement ses opinions sans vio-ler
la loi".
"Les co-signataires très attachés aux idéaux de
liberté et de démocratie et opposés à toute forme d'intolérance et de
censure, demandent par le présent appel, au gouvernement turc de
suspendre la mesure de mise à l'index qui frappe les films de Y∑lmaz
GΩney. Cet appel a été signé par la majorité des participants de la
Conférence de Delphes dans le cadre de l'Année européenne du cinéma et
de la télévision."
Parmi les signataires, on trouve des unions de
cinéastes, des critiques et cinéphiles américains, belges, fran•ais,
grecs, hollandais, hongrois, espagnols, anglais, italiens, québecquois
ainsi que des personnalités importantes du monde du cinéma.
INTERDICTION DE VOYAGER A L'ETRANGER
Du 27 septembre au 1er octobre 1988, l'Institut
International d'Histoire Sociale a organisé un "Séminaire International
sur les problèmes et les perspectives de la recherche et de la
documentation sur l'histoire so-ciale turque des 19ème et 20ème
siècles".
Durant ce séminaire beaucoup d'historiens turcs et
européens ont discuté des possibilités et des difficultés que présente
la rédaction d'une histoire sociale de la Turquie couvrant les 150
dernières années, ainsi que de la fa•on dont une telle entreprise devra
être organisée.
Beaucoup d'académiciens et d'écrivains turc: Korkut
Boratav, Alparslan Isikli, Zafer Toprak, Tarik Zafer Tunaya, Mete
Tuncay, Murat Belge, Rasih Nuri Ileri, Ilhan Tekeli, Sadun Aren, Mesut
GΩlmez, Fikret Adanir, Cahit Talas, Kemal SΩlker and S. Hanioglu
de Turquie; Sehmus GΩzel, Hakki Keskin, Doµan ∏zgΩden, Stefan
Yerasimos, Orhan Silier, Oya Baydar, J. Balasz, P. Kouparanis, E.
ZΩrcher, F. Georgeon, R. Pennix venant de différents pays européens y
ont participé et y ont exprimé leur point de vue.
Les autorités turques ont refusé l'autorisation de
quitter le pays à deux universitaires, Halil Berktay et Y∑ld∑r∑m Ko•
qui n'ont donc pas pu participer au symposium. Pendant la séance de
clôture les participants ont reproché aux autorités turques d'avoir
violé la liberté de voyager et le droit de s'exprimer.
De plus, Halil Celenk, avocat célèbre et défenseur
de beaucoup de prisonniers politiques lors de leur procès devant les
instances militaires, n'a pas été autorisé à se rendre en Grande
Bretagne pour participer à un meeting international de l'Union des
Juristes, organisé à Londres en octobre dernier.
15 CHRETIENS DETENUS A ANKARA
La police d'Ankara a arrêté des chrétiens dans la
maison où ils célébraient le manage de deux convertis turcs.
L'arrestation surprise a commencé dans la soirée du
29 septembre et a duré 2 jours. Au total 12 Turcs, 2 Britanniques et un
Américain ont été détenus dans la division politique de la police
d'Ankara.
Cinq Turcs qui assistaient à la réception des deux
nouveaux époux ont déclaré qu'ils n'étaient pas eux mêmes convertis et
ont été relâchés après 48 heures.
L'incident a causé des tensions diplomatiques entre
Ankara et Londres lorsque les responsable de la police locale ont
refusé le droit de visiter ses concitoyens à l'attaché de l'Ambassade
britannique.
La BBC a lancé une campagne de protestation, suivie
par des articles dans The Independent, The Times et d'autres journaux
londoniens, basée sur la violation par les autorités turques de
l'article 36 de la Convention de Vienne.
Une semaine après, la Cour de Sûreté de l'Etat a
relaché 10 détenus.
Six d'entre eux avaient déjà été accusés de
propagande chrétienne mais ont été acquittés par la Cour de Sûreté de
l'Etat et une cour criminelle en juillet et en septembre derniers.
Après leur libération, les Chrétiens de nationalité
turque ont déclaré que la moitié des interrogatoires, qu'ils ont subis
nuit et jour, était concentrée sur des sujets théologiques et était
émaillée d'attaques contre le Nouveau Testament et de propagande
islamique. L'un d'eux a déclaré qu'on leur avait lu des dizaines de
pages du Coran.
14.000 TRAVAILLEURS EN GREVE
Signe d'une tension sociale croissante: début
octobre 1988, 14 mille travailleurs ont entamé une grève pour protester
contre les salaires trop bas et contre une inflation trop forte. En
outre, à travers tout le pays, 409.000 travailleurs sont impliqués dans
des négociations collectives qui pourraient mener à de nouvelles grèves.
10.200 des 14 mille grévistes sont les ouvriers des
usines à papier SEKA, qui appartiennent à l'Etat. Leur syndicat,
SelΩloz-Is, demande une augmentation des salaires de 300% alors que la
SEKA propose un relève-ment de 60%. La grève a commencé le 6 septembre
et touche huit usines qui fabriquent du papier journal. Si les
revendications du syndicat ne sont pas satisfaits, ils appelleront les
autres usines du secteur public, notamment les mines de charbon
appartenant à l'Etat, à débrayer en signe de solidarité avec les
ouvriers du papier.
Dans les autres secteurs, tels que les voitures et
l'ar-mement, pendant que les syndicats négocient, les ou-vriers mènent
des actions de protestation à court terme comme la grève sur le tas ou
le boycot des repas.
DISTRIBUTION INJUSTE DES RICHESSES
Selon différentes études, l'appauvrissement des
familles à faibles revenus va en s'accroissant. Le quoti-dien
Cumhuriyet du 22 septembre 1988 rapporte que la part des salariés dans
le revenu national est tombée de 24,78% en 1983 à 13% en 1988, alors
que la part de profit et intérêts est passée de 54,69% à 73% pendant la
même période.
Une autre étude effectuée par l'Université technique
du Moyen-Orient (ODTU) à Ankara divise les familles turques en cinq
catégories de 20% selon leur niveau de revenus. Les premiers 2O% de
toutes les familles, le plus pauvres, ne re•oivent que 2,63% du revenu
natio-nal. Le 5ème groupe de 2O%, représentant la classe à revenus
élevés, détient une part équivalent à 55,93% du revenu national. En
d'autres termes, la part du groupe le plus puissant économiquement
excède à elle seule les quatre parts conjugées des 80% restants.
En tenant compte de l'indice des prix, le besoin
mensuel d'une famille est passé de 106.000 LT en aôut 1987 à 170.000 LT
en aôut 1988. Pour gagner ce minimum de 170.000 LT par mois, une
famille doit gagner un revenu brut de 260.750 LT. Ainsi le salaire
mensuel net minimum de 83.766 LT (50$), décrété récemment, est très
loin de correspondre aux besoins de base d'une famille de travailleurs.
Quant au salaire mensuel net moyen, y compris tous
les bénéfices sociaux, il oscille entre 100.800 LT (6O$) et 217.600 LT
(128$) et couvre très rarement le besoin minimum vital d'une famille.
COOPERATION ECONOMIQUE TURCO-SOVIETIQUE
A la suite d'une réunion de trois jours à Istanbul
en août dernier, des représentants du business turc et soviétique sont
arrivés à un accord pour l'établissement d'un réseau de
télécommunication entre leurs pays res-pectifs.
L'ambassadeur soviétique Chernishev, qui y
assistait, a qualifié les rapports des deux pays de "printemps des
relations économiques et commerciales."
Il a déclaré: "Les relations politiques,
culturelles, économiques et militaires entre les deux pays
s'amé-liorent de fa•on régulière. On attend une augmentation du volume
des échanges commerciaux, qui devrait passer de 300 millions de dollars
en 1986 à quelque 700 millions de dollars en 1988.
Considérant le volume des échanges commerciaux ente
l'URSS et la Finlande qui atteint 5 milliards de dollars, il est
regrettable que le niveau du volume entre l'URSS et la Turquie soit
aussi bas."
Chernishev a également déclaré que la nouvelle
lé-gislation soviétique autorise les coopératives et les entreprises
d'Etat à avoir des contacts directs avec les compagnies étrangères et a
pressé les hommes d'affai-res turcs de forger immédiatement des liens
directs avec les républiques soviétiques.
Dans le cadre de l'amélioration des relations avec
l'Union soviétique, de fin juin à fin août dernier, 300 ouvriers turcs
du bâtiment, embauchés par la firme de construction Koray-Batur, sont
partis pour Moscou et on commencé à travailler pour un projet
d'installations hospitalières. Dans les 29 mois à venir, 102
superviseurs et ingénieurs turcs, ainsi que 900 travailleurs sont
censés participer à la réalisation de ce projet.
Un autre signe d'amélioration des relations, le 31
août 1988, la porte frontière de Sarp, fermée depuis 51 ans, a été
réouverte au trafic. La ville de Sarp, située sur la frontière
turco-soviétique, dans le Nord-est de la Turquie, avait été partagée en
deux et beaucoup de familles avaient souffert de l'impossibilité de
rendre visi-te à leurs parents vivant dans l'autre partie de la ville.
Après la cérémonie du réouverture, plusieurs
mil-liers de personnes, vivant des deux côtés de la frontière, se sont
rencontrées pour la première fois au milieu de grandes embrassades, le
tout dans une atmos-phère dramatique.
Indexe de la 12ème Volume des Bulletins Info-TΩrk
5ème ANNEE DE "DEMOCRATIE" MILITARISTE EN TURQUIE
Novembre 1987, No. 133:
Acte final de la farce électorale: Deux tiers des
députés pour un tiers des votes - Les 18 points noirs du gouvernement
∏zal - Arrestations pendant la campagne - Arrestation des deux
principaux dirigeants du Parti communiste unifié de Turquie (TBKP) -
Procès en masse et condamnations - Torture et mauvais traitements - Le
prix pour être torturé - Actions par et pour les prisonniers -
Suppression du droit au travail - Pressions sur la vie intellectuelle -
Persécution d'activistes religieux - Minorités chrétiennes -
Accroissement de la prostitution de 6.259% - 4 million d'enfants sur le
marché du travail - Donnés récentes sur l'immigration - Actes racistes
et xénophobes
Décembre 1987, No.134:
Une fois de plus les USA ont trompé la Turquie -
Après le sommet Reagan-Gorbatchev - Résistance des détenus dans les
prisons - ∏zal: "Pas d'amnistie générale" - Nouvelles condamnations à
mort - Manifestations pour la libération des pri-sonniers politiques -
Débats parlementaires sur la torture - Allégations de torture du TBKP -
Conflits armés et arrestations - Journalistes turcs toujours en prison
- Nouveaux pro-cès de presse - Code de la presse sera plus sévère -
Rapport d'Helsinki Watch sur la Turquie - Visite des députés européens
Janvier 1988, No. 135:
Bilan honteux de 10 ans de terrorisme d'état:
630.OOO personnes détenues, 76.316 poursuivies, 50.455 condamnées; des
milliers sont encore devant les cours militaires ou de sûreté de l'état
- Pratiques de terrorisme d'état du mois passé - Persécution des
intellectuels - Confiscation de publications - Privation de nationalité
pour les opposants - Procès politiques et arrestations - Torture et
mauvais traitements - Progrès incertain dans les relations Turquie-EEC
- Relations Greco-Turques - Conclusion de la mission Beyer de Ryke -
Résolution du parlement européen sur la situation en Turquie -
Interpellation au Conseil de l'Europe - Inégalité de chances dans
l'éducation en Turquie - Conférence des "Amis de Turquie" - Débat animé
sur la question Kurde - Un rapport parlementaire sur les Kurdes - Le
coup d'état des généraux en Turquie"
Février 1988, No. 136:
Le rapport du Département d'état américain sur les
droits de l'Homme en Turquie - Nouvelles concessions d'∏zal à Washington
Mars 1988, No. 137:
Nouveau recul européen devant le régime d'Ankara -
∏zal pris en défaut à Bruxelles par Info-TΩrk - Extension de l'état
d'urgence - Relations avec la Grèce et la Bulgarie - Un mini-Watergate
à Ankara - Chiffres officiels sur le terrorisme d'état - 20 nouvelles
condamnations à mort - Succès dans la résistance des prisonniers -
Nouvelles allégations de torture - Chasse à l'homme et arrestations -
Amendes extravagantes pour la presse - Crise dans l'industrie du livre
- Pas de passeport pour un ancien prisonnier - Déclaration sur les
réfugiés politiques - Cris de personnes affamées - Nouveau coup pour
les syndicalistes - Récentes données sur les immigrés turcs - Une
brigade turque en RFA? - Actes racistes et xénophobes - Le secteur
privé passe à l'attaque
Avril 1988, No. 138:
Voilà la "démocratie " en Turquie - La réunion des
émigrés politiques sur la question du retour en Turquie - 42
journalistes toujours en prison - Persécution récente des intellectuels
- 4,5 millions fichés comme "suspects" - 6 films censurés au Festival
d'Istanbul - Deux romans condamnés à la destruction - 9 nouvelles
condamnations à mort - 29 prisonniers s'échappent de prison - Nouvelle
phase dans la guérilla kurde - Grèves de la faim dans les prisons - Un
nouveau parti socialiste menacé d'interdiction - Persécution de deux
dirigeants communistes - AI: "Turquie: la torture continue" - Helsinki
Watch: détruire l'identité ethnique - Activistes chrétiens arrêtés - Le
scénario de KirkΩk à nouveau au programme - Exportation turque d'eau
vers le monde arabe
Mai 1988, No. 139:
Le régime Evren-∏zal dans l'impasse - Nouvelles
tendances de l'opinion publique - Le chef de la Justice critique la
constitution - Menace de coup d'état du général Evren - Le premier mai
sous le terrorisme d'état - Rapport d'AI sur la peine de mort - 3
peines capitales approuvées - Grèves ouvrières en préparation - Nouveau
projet de loi du travail - Arrestation d'étudiants d'université -
Conflit entre ∏zal et la presse - Un journaliste disparu depuis 1984 -
Nouveau magazine confisqué - Stars de cinéma en procès - Pressions
exercées sur un réalisateur - Un tribunal international contre le
régime turc - Six dirigeants du SP inculpés - Chiffres officiels du
terrorisme d'état - Toujours des grèves de la faim dans les prisons -
Examen de virginité - Plaidoyer en kurde devant la cour - Chanteur
populaire célèbre poursuivi - Pétition de l'association des droits de
l'homme - Rencontre avortée Turquie-CEE - Pourparlers de haut niveau
sovieto-turcs
Juin 1988, No. 140:
L'inquisition à Ankara - Procès des dirigeants du
TBKP - Riposte "démocratique" du gouvernement à Info-TΩrk - 74
condamnations à mort réclamées - Une campagne pour la citoyenneté de
Nazim Hikmet - Reconduction de l'état d'urgence - 43 nouvelles prisons
en deux ans - La négligence médicale des prisonniers - Le projet "GAP"
et les Kurdes - Fondation d'une association d'éducateurs - Conférence
de l'IPI à Istanbul - Nouvelles pressions sur la presse - Procès de 12
chrétiens à Ankara - Profits fabuleux des holdings - Le parlement
européen adopte deux résolutions condamnant le régime turc - Sur la
question de Chypre
Juillet/Août 1988, No. 141-142:
Persécution de la presse de gauche - Procès de masse
à l'ombre de la potence - Nouvelles dimensions du mouvements de
résistance kurde - Le 25 septembre: un nouveau référendum - Grève de la
faim des éditeurs de gauche - Autres persécutions en deux mois - La
défense des 723 inculpés de Dev-Yol - Interrogatoire des dirigeants de
TBKP - Le procès des fondateurs du SP - Autres procès politiques -
L'opération "15-16 juin" à Istanbul - Grèves de la faim dans les
prisons - Nouvelle menace pour les pacifistes - Punitions inégales pour
le même délit - Le projet du nouveau code pénal maintient les articles
de Mussolini - Un procès contre Evren à Strasbourg - Accueil scandaleux
à Joan Baez - Le nouveau salaire minimum insuffisant - Arrestation des
syndicalistes - Nouvel avertissement de l'OIT à Ankara - Le parlement
européen, reculera-t-il? - Accueil chaleureux au général Evren -
Troubles dans les relations avec la Grèce - Une nouvelle alliance
kurde: Tevger - Le maire kurde jugé pour avoir parlé kurde - Soutien
international aux Kurdes
Septembre 1988, No. 143:
Un référendum absurde - Résolution du Parlement
européen sur la Turquie - Huit condamnations à mort pour Dev-Yol - Des
procès politiques en août - Arrestations de masse en août -
Action pour les apatrides - Nouvelles allégations sur la torture -
L'obligation de revêtir l'uniforme carcéral - Persécutions de la presse
en août - Le juge suprême critique le régime - L'attitude hypocrite du
gouvernement vis-à-vis des réfugiés kurdes - Le drame des réfugiés
iraniens en Turquie - Les suicides atteignent un niveau record - Les
fabuleux profits des banques étrangères en Turquie - Le capital
étranger en Turquie - Trois entreprise turques à l'échelle mondiale -
Les industriels les plus performants - Les Verts deviennent le dixième
parti turc - Des barils empoisonnés dans la Mer noire - Rapport
américain sur la Turquie - Soutien soviétique à Kutlu et Sargin -
Critiques d'une groupe allemand
Octobre 1988, No. 144:
Le show d'Evren en Allemagne - 8 ans de terrorisme
d'Etat pour général Evren - Proces politiques - Arrestation et conflits
armés - Malaise dans les prisons - Nouveaux cas de torture - Nouvelles
manœuvres électorales - Entretiens d'∂nπnΩ en Europe - La Charte
européenne des langues régionales - 10.000 Kurdes ont quitté la Turquie
- Arrêtés pour des chansons kurdes - ∂ntérêts turcs dans le Golfe
- Répression de la presse - Le rapport de PEN ∂nternational -
Rétablissement de PEN Club turc - L'IPI met ∏zal en garde - Campagne
pour les films de GΩney - Interdiction de voyager à l'étranger - 15
Chrétiens détenus à Ankara - 14.000 travailleurs en gréve -
Distribution injuste des richesses - Coopération économique
turco-soviétique