TUMULTE POLITIQUE EN TURQUIE
Özal a de plus en plus de
problèmes pour obtenir que son propre parti lui obéisse, même si on ne
tient pas compte de la bureaucratie. Aucun des partis d'opposition
légaux ne sont pas encore assez puissants pour remplacer l'ANAP. Le
mouvement social démocrate souffre de querelles intestines. Le grand
capital cherche des formules pour "rétablir la stabilité politique".
Les militaires peuvent-ils à nouveau apparaître comme les chiens de
garde du régime?
La Turquie d'aujourd'hui est
gouvernée par un parti politique qui a à peine obtenu 21,80% des votes
lors des élections locales du 26 mars 1989. La conséquence logique de
cet échec électoral du parti de la Mère-patrie (ANAP) de Monsieur Özal
est que ce dernier ne sera pas en mesure de changer l'échiquier du
pouvoir car le Premier Ministre a de plus en plus de difficultés à être
suivi par son propre parti, même sans tenir compte de la bureaucratie.
Les partis légaux d'opposition ne
sont pas encore assez puissants pour remplacer l'ANAP aux éléctions
anticipées éventuelles.
Lors d'un marathon parlementaire
tenu le 25 avril dernier les députés de l'ANAP libéraux et
conservateurs confondus ont tenu M. Özal pour responsable de cet échec
sans précédents et ont fermement critiqué la domination qu'il exerce au
sein du parti. Ils l'ont urgemment incité à changer de politique.
L'ancien Président du Parlement Necmettin Karaduman a dit que M. Özal a
à plusieurs reprises promis de maintenir les salaires supérieurs au
niveau de l'inflation mais qu'il ne l'a pas fait. Il a également
déclaré qu'à cause des erreurs de M. Özal, l'ANAP se trouve confronté à
des problèmes posés par des institutionnels et judiciaires.
Dans une autre initiative dirigée
contre M. Özal, le comité disciplinaire de l'ANAP a refusé d'entériner
la décision prise par M.Özal de suspendre temporairement le député de
Trabzon M. Eyup Asik comme membre du parti suite aux déclarations que
ce dernier a faites à l'encontre de son chef.
Pas seulement les classes
moyennes et ouvrières mais également les hommes d'affaires qui ont été
d'ardents supporters de M. Özal depuis 1983, semblent chercher des
formules alternatives afin de restaurer une certaine "stabilité
politique" en se débarassant du pouvoir du parti unique c'est-à-dire de
l'ANAP.
"M. Özal a éprouvé des
difficultés à convaincre plus de 100 directeurs commerciaux étrangers
qui ont pris part à la réunion internationale qui s'est tenue pendant
trois jours au mois de mai, qu'il parviendrait à se maintenir au
pouvoir jusqu'en 1992. Voici ce qu'écrit Uluç Gürkan dans le quotidien
Günes en date du 10 mai."
Apparemment les deux partis
d'opposition représentés au parlement sont candidats au remplacement du
pouvoir de M. Özal: il s'agit du parti social démocrate populiste (SHP)
qui a obtenu 28,69% des votes lors des dernières élections et du Parti
de la Juste Voie (DYP) qui en a obtenu 25,13%.
Ces partis ont augmenté récemment
la pression pour que l'on organise des élections législatives
anticipées. Ils préviennent M. Özal de ne pas tenir l'élection du
prochain Président de la République qui est, en vertue de la
Constitution, prévue pour novembre 1989. Sinon, disent-ils il y
aura des querelles inutiles à propos du poste de prochain qui peuvent
aboutir à une crise politique.
M. Demirel, leader du DYP, tient
toute une série de manifestations par lesquelles il veut forcer M. Özal
à organiser ces élections anticipées et gagner ainsi un mandat
populaire pour diriger le gouvernement lors des élections. De sa part,
le leader du SHP Erdal Inonu a proposé le 10 septembre comme date la
plus vraisemblable de ces élections.
Cependant ni le SHP ni le DYP
n'ont le quorum nécessaire au Parlement pour empêcher que le chef de
l'état ne soit élu au sein du ANAP.
Alors que M. Özal détient une
majorité au parlement, il espère obtenir un poste présidentiel lors de
ces élections ou du moins le Président futur soit quelqu'un de son
proche entourage. Mais M. Özal est pleinement conscient que s'il
maintient l'élection du Président et élit ce dernier sans obtenir au
préalable une réconciliation avec au moins l'un des deux partis
d'opposition, il court personnellement un grand risque politique et
fait courir un grand risque également à sa famille et à tout le pays en
général. C'est pourquoi il ne veut pas refermer la porte tout à fait.
Il a déclaré plus d'une fois qu'il était dans son propre intérêt
d'organiser ces élections anticipées.
Si Özal accepte ces élections
législatives anticipées avant l'élection du président de la République,
que pourra être la composition du futur pouvoir politique issue de ces
élections?
Les résultats des dernières
élections locales montrent qu'aucun des partis politiques existants ne
peut obtenir un nombre de voix nécessaire pour obtenir un gouvernement
sans coalition avec un autre parti, même si ces élections sont tenues
conformément au Code électoral qui permet à l'ANAP d'obtenir 65% des
sièges parlementaires avec seulement 35% des votes. Il serait trop naïf
de croire qu'Özal acceptera de telles élections sans changer le code
électoral, code qui peut mener son parti à la catastrophe. Un nouveau
système qui pourrait sauver l'ANAP en lui permettant d'être représenté
au sein du parlement ne manquera cependant pas d'également favoriser
très nettement la représentativité de plus petits partis telles que le
Parti de la Gauche démocratique (DSP) de M. Ecevit ou le parti du
Bien-être( RP) de M. Erbakan. Et cela au détriment du SHP et du DYP.
Ainsi une nouvelle période, basée
sur un gouvernement de coalition semble inévitable à la Turquie.
Le choix des holdings est sans
aucun doute un parti de droite à choisir parmi le DYP de Demirel et
l'ANAP d'Özal. L'Association turque des industriels et hommes
d'affaires (TUSIAD) a organisé une série de rencontres avec les leaders
politiques des différents partis représentés au sein du parlement: la
première rencontre a eu lieu avec Özal le 24 avril, la seconde avec M.
Demirel le 26 mai.
Lors de l'Assemblée général de
l'Union des Chambres de Commerce, de l'Industrie, du Commerce maritime
et des Bourses de Turquie (TOBB) qui s'est tenue le 29 mai à Ankara, le
Président Ali Coskun a fermement appelée une union entre le DYP et
l'ANAP: "cela s'impose pour mettre fin à l'instabilité politique en
vigueur. Il est incompréhensible comment deux pouvoirs politiques qui
partagent la même philosophie et les mêmes valeurs morales sur le plan
nationale peuvent rendre l'avenir de la Turquie aussi incertain".
En ce qui concerne les autres
alternatives, c'est-à-dire un gouvernement à parti unique de gauche
(SHP) ou une coalition dirigée par ce parti, il s'agit là des projets
qui inquiètent le plus les milieux d'affaires.
En fait, les dernières élections
ont montré une augmentation spectaculaire du nombre de voix pour les
deux partis sociaux démocrates, SHP et DSP, surtout en zone urbaine
habitée par les salariés.
Le tableau ci-dessous montre la
distribution des votes sociaux démocrates dans les provinces où la
proportion de salariés (chiffres indiqués entre parenthèse) est
relativement élevée parmi la population :
PROVINCE
Istanbul (7O,66)
Ankara (60,46)
Kocaeli (55,83)
Izmir (54,41)
Adana (45,57)
Zonguldak (44,34)
Eskisehir (41,66)
Hatay (40,44)
Icel (38,29)
Gaziantep (35,42)
Tekirdag (35,11)
Kirklareli (34,60)
Edirne (31,62)
SHP
34,81
36,15
27,13
45,49
31,72
23,84
36,45
33,53
34,80
34,70
33,56
32,04
30,81
DSP
13,84
7,14
14,04
7,58
7,30
19,77
5,01
9,36
5,80
4,52
14,97
13,70
19,92
TOTAL
48,65
43,29
41,17
53,07
39,02
43,61
41,46
42,89
40,60
39,22
48,53
45,74
50,73
Cependant le mouvement social
démocrate qui est le candidat le plus puissant à gouverner le pays est
en proie à de continuelles querelles intestines. D'abord les voix se
partagent entre deux partis. Pour le moment il n'y a pas le moindre
signe d'unification ou de coopération entre les deux partis.
Deuxièmement, le SHP lui-même a été tout à fait
incapable de mettre fin à la lutte entre ses deux fractions
concurrentes. Depuis Deniz Baykal est devenu secrétaire général du
parti, les dirigeants issus de l'aile gauche ont été démis de leur
fonction. La direction du parti a été jusqu'à exclure un membre de la
Commission parlementaire mixte Turquie-CEE simplement parce que ce
dernier avait osé défendre les droits du peuple Kurde à Strasbourg.
Même si le SHP apparaît comme le
premier parti du pays, l'aile de gauche affirme qu'il a perdu lors des
dernières élections, ses électeurs de gauche et ce notamment dans cinq
provinces où les attitudes anti-démocratiques de Baykal ont déçu
profondément ces électeurs. La dernière convention du parti, tenue
d'urgence le 4 juin 1989 a été une fois de plus la scène de querelles
entre Baykal et ses opposants. La direction du parti a proposé une
série de changement dans les statuts, changement qui devaient notamment
donner au comité central l'autorité de nommer 10% des candidats aux
élections, de démettre les officiels locaux et de suspendre des membres.
L'aile de gauche combattit ce
qu'ils appelaient des pratiques dignes du ANAP. Dans un dossier de 56
pages préparé par Aydin Güven Gürkan et ses supporters, les opposants
accusaient Baykal de placer l'autorité centrale du parti au-dessus du
congrès. "La méthode choisie par la direction du parti pour imposer les
changements dans la méthode d'administrer le parti est plus
anti-démocratique et plus tyrannique que les méthodes employées pour
l'approbation de la constitution de 1982" a déclaré l'aile de gauche.
Cependant, le Président Inönü a
soutenu le secrétaire général et a demandé que les délégués approuvent
les changements proposés. Ainsi les changements furent adoptés par une
faible majorité.
L'opposition de gauche accuse
aussi l'administration de Baykal de mener le parti au centre et de
flirter avec le grand capital. Comme Demirel et Özal, Baykal a
également participé à quelques rencontres organisées par les hommes
d'affaires et a fait de son mieux pour gagner leur confiance.
Le Wall Street Journal qui parle
au nom du monde des affaires américain a écrit récemment que "Baykal,
un étudiant radical des années 60 a mûri au cours des années et
comprend maintenant les objectifs principaux de la politique
américaine." Il note aussi que les hommes d'affaires turcs qui ont
jusqu'à présent regardé Baykal et la politique social démocrate avec
beaucoup de suspicions, ont à présent changé d'avis.
L'évaluation faite par le Wall
Street Journal est significative car il a été le plus ardent supporter
d'Özal depuis 1982 et jusqu'aux dernières élections de mars 1989.
Baykal a choisi de gagner le pouvoir grâce à des intrigues politiques,
l'appui des américains et des cadres libéraux.
Dans le cas d'une impossible
coalition entre l'ANAP et le DYP, tous ces efforts de Baykal peuvent
ouvrir pour le SHP une voie en vue de former une coalition avec l'un
des partis de droite.
Néanmoins, si le code électoral
change, il n'est pas hors de question que l'un des principaux partis de
droite, l'ANAP ou le DYP fasse une coalition avec un des deux partis
mineurs, le RP ou le DSP, même si le SHP apparaît comme le parti le
plus puissant. Quelle que soit
l'issue des futures élections législatives, le rétablissement de la
stabilité politique semble bien difficile à obtenir. En considérant ces
faits on peut se demander si les militaires peuvent intervenir à
nouveau dans la vie politique comme "arbitres" et suspendre le
processus de "démocratisation" pour une période indéfinie.
Le quotidien islamiste Zaman du
16 mai 1989 répond à cette question dans les termes suivants:
"Özal semble avoir décidé de se
débarrasser de la possibilité d'un autre putsch en Turquie. Choisir
lui-même les chefs de commandement au lieu de laisser ce choix aux
généraux était un pas important. Des efforts sérieux ont été faits pour
limiter l'autorité de la bureaucratie et des corps non élus de l'Etat.
"Mais récemment nous avons vu le
gouvernement être mis en accusation par la Cour Constitutionnelle, le
Tribunal Electoral, et la Cour Suprême ainsi que par la direction de la
Radio et de la Télévision. Durant l'année dernière, le Président Evren
et Özal ont été en conflit ouvert aux yeux du public. En Turquie règne
une atmosphère qui fait penser à celle précédant les putschs (coups
d'états militaires); les ouvriers et les étudiants sont dans la rue;
Özal n'a plus le contrôle sur son propre parti; les partis d'opposition
accroissent leur pression sur le gouvernement.
"Même si la Turquie est loin de
la possibilité d'un coup d'état, aucun des hommes politiques ne peut
dire qu'il n'y en aura plus jamais dans ce pays."
LES DETENUS DU PREMIER MAI TORTURES
Sur les 561 personnes détenues
lors des démonstrations du 1er mai, seules 56 ont été arrêtées le 15
mai par la Cour de Sûreté de l'Etat d'Istanbul et accusées d'avoir
brisé la loi de démonstration.
Après leur relaxation, un groupe
de 18 personnes a tenu une conférence de presse dans les locaux de
l'Association pour les droits de l'homme à Istanbul. Elles ont déclaré
avoir été torturées par la police. Selim Aksu, un étudiant de
l'Université d'Istanbul, qui se trouvait parmi les détenus, a dit: "Mes
deux bras ont été cassés lors de bagarres avac les policiers le 1er
mai. J'ai été enlevé de mon lit d'hôpital un jour après ces incidents.
Ils m'ont emmené au commissariat de Beyoglu. Ma tête saignait, mes deux
bras étaient brisés et j'avais une blessure à la jambe gauche. Ils
m'ont battu come ils battaient les autres détenus, je me suis évanoui".
Six avocats ont soumis une
pétition au procureur demandant l'arrestation du Gouverneur Cahit Bayar
et du Chef de la police Hamdi Ardali. La pétition dit que ces deux
officiels veulent détruire ou déguiser les preuves qui peuvent
permettre d'identifier le policier responsable du meurtre du 1er mai.
Les avocats disent aussi que le premier ministre Özal et le
ministre de l'intérieur Abdulkadir Aksu étaient tout autant
responsables de la mort de Dalci, ils étaient aussi coupable que la
personne qui a déclenché la gachette.
NOUVEAUX TROUBLES DANS LES PRISONS
Début mai, 27 prisonniers
politiques, détenus dans une prison du type E à Nazilli, ont entamé une
grève de la faim pour protester contre la détérioration des conditions
de détention.
Le 5 mai, 180 des 533 personnes
arrêtées à Istanbul lors des événements du 1er mai ainsi que 25
étudiants d'université qui avaient été arrêtés avant le 1er mai ont
annoncé qu'ils entamaient une grève de la faim en guise de protestation
contre la torture et les mauvais traitements pratiqués dans les prisons.
Le 15 mai, les forces de sécurité
ont à nouveau fait une descente à la prison de Bayrampasa à Istanbul,
sous prétexte que les prisonniers politiques essayaient de creuser un
tunnel pour s'échapper. La police a blessé 50 personnes avec des
matraques, des morceaux de bois et du verre brisé. Alors que 37 d'entre
eux étaient hospitalisés, ils ont à nouveau été isolés, après avoir
reçu les premiers soins. D'ailleurs, 165 autres détenus politiques ont
été transférés dans des prisons spéciales à Bartin et à Canakkale.
Le 20 mai, les prévenus des
procès de Dev-Yol et du TKP-ML ont commencé une grève de la faim à la
prison de type E à Erzincan.
INTERDICTION D'UNE CONFERENCE SUR LA TORTURE
Le gouvernement d'Ankara a
interdit une conférence sur le droit à la vie organisée par
l'Association pour la solidarité avec les familles de prisonniers
(TAYAD), qui devait se tenir le 20 mai 1989. L'Association a protesté
contre cette mesure et a rappelé qu'une autre réunion traitant du même
sujet avait déjà été interdite par le même gouverneur. Elle a dénoncé
l'attitude arbitraire et anti-démocratique du gouverneur d'Ankara.
7.000 PEINES CAPITALES RECLAMEES PAR LES MILITAIRES
Le quotidien Cumhuriyet, se
référant aux données publiées par Info-Turk, a rapporté dans son numéro
du 4 avril 1989, que plus de 7.000 condamnations à mort ont été
réclamées par des procureurs militaires et ce, depuis le coup d'Etat de
1980.
UN JUGE ACCUSE LE GOUVERNEMENT
Le 25 avril dernier, Mahmut
Cuhruk, président de la Cour Constitutionnelle, a déclaré, lors d'une
cérémonie commémorant le 27ème anniversaire de l'institution judiciaire
hiérarchique turque la plus élevée, que le gouvernement et le Parlement
violent les règlements de la Cour constitutionnelle dans leur
législation.
Le Général Evren, le premier
ministre et les leaders des principaux partis de l'opposition
assistaient à la cérémonie.
Cuhruk a estimé que la démocratie
ne dépend pas uniquement des opinions de la majorité et que dans
certains, les souhaits des minorités devraient être pris en
considération. En vertu de la nouvelle législation, les décrets de la
Cour constitutionnelle n'entrent en vigueur qu'après avoir été publiés
dans le journal officiel. Par conséquent, le gouvernement peut retarder
l'application d'un règlement uniquement en ne le publiant pas.
cerceve
UN PRISONNIER POLITIQUE ATTEINT DE LEUCEMIE
Un prisonnier politique souffrant
de leucémie est maintenu en détention, alors qu'en raison de la gravité
de sa maladie, il devrait absolument être hospitalisé.
Hamdullah Erbil, âgé de 37 ans,
est en prison depuis 12 ans et a encore 4 ans à purger.
Il a été torturé lors de sa
détention provisoire et ses parents affirment qu'il a subi des tests
pharmaceutiques, qui pourraient être à l'origine de sa grave maladie.
En tant qu'intellectuel
profondément attaché à sa cause, il a écrit plusieurs livres sur des
questions politiques et sociales, mais tous ont été confisqués et
détruits par les autorités des prisons où il était détenu.
Actuellement, il se trouve à la
prison spéciale de Gaziantep d'où on l'emmène de temps en temps à
Ankara, pour y subir un contrôle médicale. Les autorités lui ont refusé
l'autorisation de séjourner à l'hôpital.
Le 27 avril, d'autres prison ont
entamé une action pour l'hospitalisation immédiate de Hamdullah Erbil.
UNE VICTIME DE LA TORTURE AU PARLEMENT
Le 17 mai dernier, lors d'une
conférence de presse à l'Assemblée nationale, Tahsin Capulcu, une
victime de la torture âgée de 14 ans, a été présenté à la presse par le
député social-démocrate Kamer Genc.
Après avoir été arrêté pour vol,
Capulcu a, en premier lieu, été soumis au falaka (bastonnade). Après,
ses interrogateurs lui ont versé du thé chaud sur la tête et de l'eau
bouillante sur le corps. Lors de la conférence, on pouvait encore voir
les traces de ces tortures.
p.4
ATTAQUE INTEGRISTE CONTRE LES JOURNALISTES
La montée de l'intégrisme s'est
une fois de plus manifestée en Turquie, lors de la première prière
prononcée à la nouvelle mosquée de Cezeri Kasim Pasa à Cagaloglu.
Le 5 mai, dernier vendredi du
Ramadan, des milliers de fondamentalistes se sont rendus à la mosquée,
en arrêtant les voitures et en battant les journalistes sous prétexte
de célébrer ce qu'ils appellent le "Jour de Jérusalem".
Les Fidèles, dont la plupart
portaient une barbe, des vestons sans revers et des calottes, ont
arrêté le trafic pendant des heures et ont utilisé les rues pour faire
la prière du vendredi. Après la foule a crié des slogans et brandi des
pamphlets qui commençaient par "Au nom de Dieu" et déclaraient que le
dernier vendredi du Ramadan est un jour de lutte pour les musulmans qui
doivent reprendre Jérusalem aux Israéliens.
Les manifestants se sont ensuite
dirigés vers le bâtiment du quotidien Hürriyet, qui se trouve à moins
de 100 m de la mosquée, en chantant des slogans tels que "Abat le
Sionisme" et "La police est avec nous".
Une fois arrivée en face du
bâtiment, la foule a protesté contre les prises de position
"pro-sionistes" du journal. Des photographes ont été attaqués et des
journalistes qui essayaient de couvrir l'événement ont été chassés par
les manifestants. La police n'a rien fait pour les arrêter.
Après que les manifestants aient
dégagé la place Cagaloglu, un groupe de reporters ont laissé leurs
caméras dans la rue en guise de protestation conter l'inaction de la
police. Depuis, des organisations de journalistes ont manifesté à
Istanbul, Ankara et Adana.
Le premier ministre, Turgut Özal,
a demandé aux reporters de ne pas exagérer l'importance des événements
de Cagaloglu.
PROTESTATIONS INTERNATIONALES
Les harcèlements récents dont les
journalistes turcs ont été victimes ont déclenché une vague de
protestation dans les institutions internationales.
Le 11 mai dernier, la 38ème
Assemblée Générale de l'Institut International de la Presse (IPI), qui
s'est tenue à Berlin-Ouest, a publiée un communiquée condamnant les
persécutions de journalistes et une série de faits qu'elle considère
comme des violations de la liberté de la presse en Turquie.
Le 3 mai, lors du forum
d'Information organisé à Londres par la Conférence sur la Sécurité et
la co-opération en Europe (CSCE), le rédacteur en chef du Financial
Times, Mr Malcolm Rutheford, a qualifié les attaques contre les
journalistes turcs de manquement grave à la liberté de la presse.
CENSURE DANS 50 PROVINCES
La représentation de plus d'un
millier de films, de cassettes vidéo et de productions musicales a été
interdite, sur ordre du ministère de l'Intérieur, par les gouverneurs
locaux de 50 provinces turques.
Récemment, le 30 mai, la
présentation de musi-cassettes de neuf chanteurs populaires lors de la
Foire du Livre de Samsun a été interdite par le gouvernement de la
province.
Depuis qu'il n'est plus possible,
et ce en vertu de la nouvelle législation, de faire appel en bloc
contre toutes les interdictions locales, les auteurs des œuvres
frappées d'interdiction doivent faire appel contre chaque décision de
chacune des 50 provinces. Une telle procédure décourage souvent les
victimes d'aller en justice.
36 EDITEURS DANS LE BOX DES ACCUSES
Le 26 mai 1989, le procès de 36
éditeurs a débuté à un tribunal criminel d'Istanbul pour avoir publié
le roman d'Henri Miller "Le tropique du capricorne".
Ce livre a été publié en 1985 par
les éditions Can mais immédiatement confisqué pour "obscénités".
L'éditeur Erdal Öz et le traducteur ont été condamné pour publications
obscènes.
L'année dernière lors d'une
action concertée, 36 éditeurs ont ré-imprimé ce livre en enlevant les
paragraphes jugés "obscènes". Mais cette nouvelle édition a été à
nouveau confisquée.
Le procureur prétend que ces 36
éditeurs ont commis la même offense en ré-imprimant cet ouvrage avec le
jugement du tribunal qui contient des paragraphes obscènes de la
première édition et demande leur condamnation.
PERSECUTIONS DES MEDIAS EN MAI
Conformément à un rapport
présenté lors d'une rencontre et qui concernait la liberté de la
presse, à Istanbul le 30 mai, les procureurs ont ouvert 1.426
procédures légales à l'encontre des mass médias et 2.127 journalistes
ont été amenées devant les tribunaux.
Ci-dessous les persécutions du
derniers mois.
Le numéro spécial 1er mai de la
revue mensuelle Yeni Demokrasi, a été confisquée sur ordre de la Cour
de Sûreté de l'Etat d'Istanbul.
Le 2 mai, Mr Tunca Arslan,
rédacteur en chef de l'hebdomadaire 2000e Dogru, a été traduit devant
la Cour de Sûreté de l'Etat d'Istanbul pour avoir publié un communiqué
de presse émanant de deux organisations politiques illégales. Il risque
une peine de prison allant jusqu'à 14 ans.
Le même jour, les membres du
groupe de musique folklorique Yorum qui, avaient été arrêtés pour avoir
chanté une chansons kurde et l'hymne du 1er mai, à Eskisehir, ont été
traduits devant la Cour de Sûreté de l'Etat à Konya. Après
l'arrestation des artistes, la police retenu, pendant des heures la
fille âgée de 3 ans, de la soliste du groupe, Mme Ilkay Akkaya.
Le 25 mai, le quotidien Sabah a
été confisqué à cause d'une série d'articles intitulés "Le Nef de la
Dynastie" qui concernait la famille du premier ministre Özal. Il y a
peu, le même journal avait déjà été confisqué pour une série d'articles
similaires intitulés: "Automne dans le jardin royal".
Le 26 mai, l'hebdomadaire 2000e
Dogru a été confisqué pour avoir édité quelques photos érotiques dans
un article intitulé: "la femme aux yeux du capitalisme".
Le même jour, deux journalistes
du quotidien Cumhuriyet, Cüneyt Arcayürek et Oktay Gönensin ont été
condamnés à une amende de 81.666 TL chacun pour avoir dénigré le
premier ministre Özal dans un article.
Le 31 mai, deux journalistes
célèbres du quotidien Hürriyet, père et fils, ont été emmenés au
tribunal à Istanbul pour avoir critiqué dans leurs articles l'attitude
de deux juges. Cetin Altan et Ahmet Altan risquent chacun à une peine
de 4 mois de prison ferme.
ARRESTATIONS ET PROCES EN MAI
Le 11 mai, à Kayseri, le
président locale du parti socialiste (SP), Zihni Dursun, ainsi que cinq
autres dirigeants du parti, ont été condamnés à une peine de prison de
4 ans et 2 mois chacun pour avoir exprimé leur sympathie au peuple
kurde dans un message qu'ils ont envoyé à une réunion du SP à Van.
Le 13 mai, la Cour de Sûreté de
l'Etat d'Ankara a condamné quatre personnes à 5 ans de prison chacune,
pour avoir distribué des tracts du TKP/B à l'occasion du 8ème
anniversaire du coup d'Etat.
Le 17 mai, à Adana, 16 personnes
ont été arrêtées pour avoir fait de la propagande pour une organisation
illégale.
Le 26 mai, le tribunal de la loi
martiale à Adana a repris deux procès à l'encontre du parti communiste
du Travail de Turquie (TKEP) et du Dev-Yol, il a condamné un défenseur
à la peine capitale, trois à la prison à vie et cinq autres à des
peines de prison allant jusqu'à 15 années.
Le 28 mai à Kozluk (Siirt),
l'instituteur Mehmet Muhbettin Demir a été arrêté et envoyé à la cour
de sécurité de l'Etat pour avoir fait de la propagande séparatiste dans
son école.
100.000 REFUGIES POLITIQUES DE TURQUIE
Le quotidien Milliyet du 27 avril
a rapporté que selon le ministère des affaires étrangères, le nombre de
citoyens turcs ayant demandé l'asile politique à l'étranger se monte à
100.000, dont 50.000 en RFA; 14.000 en Suisse; 20.000 dans les pays
scandinaves; 11.500 en Grèce, France et Belgique; 4.000 en Iran et 200
en Lybie.
Le ministère estime que 80.000 de
ces 100.000 réfugiés ont quitté la Turquie pour des raisons économiques.
LE CAS YAGCI-SARGIN A STRABOURG
Lors de sa session du 11 mai
1989, la commission européenne des droits de l'homme, a déclaré
recevable la plainte de deux dirigeants du parti communiste unifié de
Turquie (TBKP), Nabi Yagci et Nihat Sargin.
Ils déclarent avoir été torturés
après leur retour d'exil et que leur plainte n'a pas été prise en
considération par les autorités locales.
Les Commission européenne,
considérant qu'ils avaient épuisé toutes les voies de recours internes,
a décidé de prendre leur cas en considération.
Selon la procédure habituelle, la
Commission demandera, le 3 juillet prochain, au gouvernement turc et
aux deux intéressés de trouver un compromis. S'il s'avère impossible,
la Commission transmettra le dossier, avec son avis ainsi que les
arguments des deux parties, au conseil des ministres du Conseil de
l'Europe.
UN ENSEIGNANT BRITANNIQUE EXPLUSE
Noel Debbage, directeur du
département math de l'American Girl's School de Uskudar et résident à
Istanbul depuis 10 ans a été averti, le 24 avril dernier, par la
direction de la Sûreté d'Istanbul, qu'il devait quitter la Turquie
avant le 5 mai. Aucune raison n'a été alléguée pour ce retrait de
permis de travail et de résidence.
Debbage a déclaré que des
conseillers juridiques lui ont expliqué que les seules raisons pour
lesquelles les autorités turques opèrent le retrait du permis de
résidence sont la propagande communiste ou chrétienne et la perversion
sexuelle. Il a estimé que la seule raison possible dans son cas serait
la propagande chrétienne: "Or je suis un pratiquant normal. Je
n'appartiens pas au genre évangéliste et j'ai toujours considéré comme
une question d'honneur le fait de respecter les sensibilités
religieuses qui existent en Turquie".
Selon Alison Stendahl, une des
collègues de Debbage, il serait l'un des professeurs les plus
populaires de la faculté: "Il est extrêmement sérieux et discret aussi
bien dans sa vie professionnelle que privée".
AUGMENTATION INSUIFFISANTE DES SALAIRES
Un accord concernant
approximativement 600.000 ouvrier du secteur public a été obtenu à
l'issue du sommet gouvernemental le 17 mai 1989. Le gouvernement
propose une augmentation de 142%, à l'exclusion des avantages sociaux.
Cette proposition a été acceptée par le Président des cinq syndicats
qui avaient prévu de partir en grève le 24 mai.
Les syndicats ont fait valoir que
l'année dernière l'inflation a atteint le taux record de 75%. Un taux
de 60% est prévu pour cette année-ci. Ils ont demandé un ajustement de
salaire de 225% sur les deux années à venir.
Les mois passés, les ouvriers ont
protesté contre la politique gouvernmentale en organisant des
ralentissements de cadences, des congés de maladies en grand nombres et
en refusant les repas offerts par leurs firmes.
Juste avant l'accord, les ouvrier
travaillant sur la route à Diyarbakir ont trouvé une autre forme pour
exprimer leur mécontentement: ils ont rempli des pétitions demandant le
divorce. Quelques 1500 ouvriers se sont mis en route en petits groupes
vers la maison communale et ont formé une longue file. Chaque homme
tenait un formulaire par lequel il demandait le divorce. Les pétitions
identiques disaient que leur salaire ne leur permettait plus
d'entretenir leurs familles et que par conséquent leur vie de famille
était devenue intenable.
Malgré l'accord, des troubles
sociaux persistent et une grève par 24.000 travailleurs du fer et de
l'acier se poursuit. Le syndicat indépendant représentant les
travailleurs demande une augmentation de 300%. Les techniciens
craignent que les hauts fourneaux des usines de fer et d'aciéries de
Karabuk et d'Iskenderun puissent se refroidir conséquemment à cette
grève suivie pr 24.000 ouvriers depuis le 6 mai.
DES INVESTISSEMENT REGIONAUX INJUSTES
Alors que la structure du Projet
de l'Anatolie du Sud-est (GAP) a rapporté 1.361 milliards de LT à cette
région en 1988, les secteurs publics et privés préfèrent continuer à
investir dans les régions de la mer du Marmara et de la mer Egée.
En 1988, on a investi 11.636
milliards de LT dans l'ensemble des projets sur toute la Turquie.
Mais la région de Marmara reste
la plus favorisée quant aux investissements. L'année dernière, 43,1%
des investissements encouragés par le gouvernement soient 5.O18
milliards de LT, sont allés à cette région. La région égéenne vient en
deuxième place avec 1.687 milliards de LT.
Quant à la proportion
d'investissements encouragés par le gouvernement dans les régions
d'Anatolie centrale, méditerranéenne, de la mer noire et d'Anatolie
orientale, elle se monte respectivement à 1.335 milliards de LT, 1.225
milliards LT, 443 milliards de LT et 310 milliards de LT.
Distribution des aides selon les
régions:
REGIONS
Marmara
Anatolie centrale
Egée
Méditerranée
Mer noire
Anatolie orientale
Anatolie sud-orientale
INVESTISSEMENTS
(Milliards de LT)
5.018,7
1.335,0
1.687,3
1.224,8
432,7
310,4
1.360,8
PART
(en %)
43,1
11,5
14,5
10,5
3,7
2,7
11,7
EMPLOI
83.338
21.692
40.246
85.643
12.503
7.711
FOIRE A L'ARMEMENT A ANKARA
Le 2 mai dernier, s'est ouverte à
Ankara, la seconde Foire Internationale de l'Equipement de Défense et
de l'Aviation (IDEA-89) à laquelle participait près de 30 Etats. Cette
foire était organisée par l'Administration du Développement de
l'Industrie de la Défense de Turquie (SAGEB).
La première foire avait eu lieu
en 1987. Le directeur général de l'administration de la Foire, Sedat
Yilmazer, a déclaré qu'elle serait l'exposition d'équipement de défense
la plus importante sur le plan mondial.
Les exposants s'intéressent
particulièrement au programme de modernisation militaire turc d'un
montant global de 10 milliards de dollars, lancé en 1986 et géré par la
SAGEB. Cette dernière projette de concrétiser 10 des 13 projets du
programme cette année. Tous sont ouverts aux investissements des
compagnies locales et internationales.
La valeur des équipements exposés
pendant ces cinq jours est évaluée à 5.OOO milliards de LT, soient 2,5
milliards de dollars.
Les compagnies françaises,
anglaises, américaines, ouest-allemandes, italiennes et espagnoles ont
dominé la Foire. La Nouvelle-Zélande, les Philippines et l'Afrique du
Sud y participaient pour la première fois. La Grèce et l'URSS se sont
abstenues.
La partie la plus importante de
la foire consistait en l'exposition d'avions militaires dont le Mirage
2000 et l'Alpha Jet: capables de missions de soutien tactique ainsi que
le F-16 américain, le Canadaire-C et le HB40 autrichien.
La Turquie qui co-produit déjà le
152 F-16, espère se joindre à la production de transporteurs de troupes
de la Food Machinery Corp (FMC), basée aux E-U.
la Chine, quant à elle, était
parmi ceux qui étaient intéressés par la production d'obusiers de 15 mm
pour moderniser l'artillerie turque. Le délégué chinois, Mr Zhoo Zheng,
a déclaré qu'il était difficile de s'imposer sur le marché turc car la
Turquie est un membre de l'OTAN. Il a ajouté "Nous souhaitons coopérer
avec l'armée turque, non seulement en lui vendant des équipements
militaires, mais en co-produisant avec elle des équipements comme des
balayeuses de mines."
Parmi les compagnies présentes,
on trouve:
ASEA Brown Boveri (RFA),
Aeritalia Societa (Italie), Avion Marcel Dassault (France), Arms
Corporation (Philippines), British Aerospace (R.U), Boeing Company
(U.S.A.), Canadair (Canada), China North Industries and China
Shipbuilding (Chine), Dir. Gen. Ordnance Factories (Inde), Oscmar (New
Zealand), Pakistan Ordnance factories (Pakistan).
Le parti écologiste turc (YP) a
protesté contre l'organisation de cette foire: cinq de ses membres ont
placé des fleurs sur les équipements du stand français ainsi qu'une
pancarte sur laquelle on pouvait lire: "Débarrassez le monde des
armes". Ils ont été expulsés par la police.
LE MARCHE TURCO- SUD AFRICAIN
La participation de l'Afrique du
Sud à la Foire Internationale de l'équipement militaire a provoqué
certaines réactions.
Bien que la Turquie n'entretient
pas de relations diplomatiques avec l'Afrique du Sud, depuis quelques
années Ankara mène des opérations commerciales avec Pretoria par
l'entremise d'Etats tiers ou de négociations secrètes.
Ainsi, la Turquie importe du
charbon sud-africain et des délégations commerciales sud-africaines
visitent la Turquie.
Une compagnie d'Etat
sud-africaine est actuellement candidate à la fourniture d'obusiers de
15 mm prévus dans le cadre du Programme de modernisation de la SAGEB et
la compagnie sud-africaine Iscor est parmi les offrants pour le projet
des chemins de fer d'Etat de la République turque (TCDD) qui implique
l'importation de 8.000 tonnes d'équipement.
Un autre exemple de la présence
sud-africaine en Turquie par l'entremise d'Etats tiers est
l'exploration des mines d'or. L'Anglo-American Corp., entreprise
sud-africaine, s'est proposée sous son nom américain, pour conduire les
opérations d'extraction d'or et de minéraux précieux en Turquie.
LES BASES U.S. EN TURQUIE SONT A MODERNISER
Le gouvernement d'Ankara a
accepté que les Etats-Unis modernisent l'équipement de l'écoute de la
Base de Pirincik à Diyarbakir. C'est une des principales bases
américaines en Turquie dont le rôle est la surveillance des
communications et des activités militaires en Union Soviétique et dans
le Moyent Orient.
Le Pentagone a demandé la
permission pour moderniser son équipement à cette base depuis deux ans
déjà, mais la Turquie a hésité donner son feu vert, prétextant de
la diminution de l'aide militaire américaine à la Turquie.
Le Ministère des Affaires
étrangères a dit que la permission était strictement limitée à
Pirinclik et ne concernait pas les autres bases comme Incirlik en Adana
et d'autres plus petites stations sur la côte de la mer noire.
LE PARLEMENT EUROPEEN A ADOPTE TROIS RESOLUTIONS CONCERNANT LES DROITS
DE L'HOMME EN TURQUIE
Le parlement Européen lors de sa
session du 25 mai 1989 a adopté trois résolutions concernant la
situation des droits de l'homme en Turquie.
La première résolution concernait
l'aggravation continuelle du climat en Turquie:
"Le Parlement européen,
"A. consterné du fait que la
police d'Istanbul a délibérément ouvert le feu sur les manifestants
descendus dans la rue à l'occasion des cérémonies du 1er mai, tuant
ainsi une personne et en blessant grièvement 36 autres,
"B. scandalisé par l'interdiction
de la célébration du 1er mai décrétée par le gouvernement turc et
l'annonce par le premier ministre d'une intervention énergique de la
police, encourageant ainsi cette dernière à recourir à la brutalité,
"C. préoccupé de ce que le
gouvernement et le parti au pouvoir entendaient légitimer les tirs
délibérés de la police et la mort d'un manifestant en les qualifiant de
'fratricide' nécessaire au lieu de les condamner et d'instaurer des
mesures permettant d'éviter que de tels incidents se reproduisent à
l'avenir,
"D. inquiet du fait qu'au cours
des journées suivantes, les journalistes, accusés par le gouvernement
d'avoir provoqué ces événements en les couvrant, ont fait l'objet
d'intimidations de la part de la police,
"E. constatant que les
travailleurs turcs manifestent depuis plusieurs semaines de façon non
violente, pacifique et créative en faveur d'une hausse des salaires qui
compenserait au moins partiellement la perte de revenu de près de 6O%
enregistrée au cours des dernières années,
"F. préoccupé par la dégradation
de la situation relative aux droits de l'homme qui est observée depuis
les dernières élections municipales de mars dernier,
"1. condamne les agissements et
les tirs délibérés de la police contre les manifestants du 1er mai à
Istanbul ainsi que l'attitude du gouvernement turc face à ces
événements;
"2. invite les autorités turques
à reconnaître le 1er mai comme jour de la fête du travail et des
travailleurs, à respecter l'ensemble des droits des travailleurs et à
autoriser des syndicats libres;
"3. condamne les abus de la
police à l'encontre des journalistes qui ont rendu compte des
événements de façon critiqye;
"4. insiste pour que le
gouvernement turc garantisse la liberté de la presse, modifie la
législation en vigueur dans ce domaine et libère l'ensemble des
journalistes incarcérés en raison de leurs activités professionnelles;
"5. engage toutes les forces
politiques turques à défendre le rétablissement de la démocratie, la
libération des prisonniers politiques ainsi que la liberté d'opinion et
de la presse;
"6. demande à sa délégation
compétente d'évaluer les récents événements survenus en Turquie et de
présenter au Président et à l'Assemblée une recommandation concernant
la poursuite des relations avec ce pays;
"7. exprime sa conviction qu'une
adhésion de la Turquie à la Communauté n'est guère envisageable tant
que les libertés d'opinion et d'association ainsi que l'indépendance de
la justice n'y seront pas des réalités, que la torture continuera
d'être pratiquée et que la peine de mort subsistera."
Lors de la même session, le
parlement a adopté deux autres résolutions: l'une concerne
l'emprisonnement d'écoliers en Turquie, l'autre la détention du
prisonnier de conscience: M. Ahmet Atabey.
"Gravement préoccupé par les
procès continuels et l'emprisonnement en Turquie de citoyens mineurs
pour cause d'offenses politiques et attirant l'attention sur le cas de
Safinaz Ilboga, une jeune fille kurde de 17 ans", le Parlement européen
appelle les autorités turques à cesser la persécution pour des raisons
dites d'offenses politiques et en particulier à relaxer immédiatement
tous ceux qui n'ont pas encore atteint l'âge adulte et ont été
emprisonné pour de telles offenses.
LA REUNION PARLEMENTAIRE TURCO-CEE
A Ankara, du 24 au 28 avril
dernier, les droits de l'homme étaient à l'ordre du jour de la réunion
de la commission parlementaire mixte Turquie-CEE.
Cette réunion est la seconde du
genre, depuis 1980, date à laquelle la communauté européenne avait
suspendu ses relations avec la Turquie suite au coup d'Etat militaire.
La première a eu lieu en janvier 1989.
Après les élections européennes
du 18 juin prochain, une date sera fixée pour la réunion suivante de la
commission.
Le co-président de la commission,
le libéral belge Luc Beyer de Ryke, a exprimé, lors d'une conférence de
presse, la désapprobation dont le système judiciaire turc fait l'objet.
Il a souligné le besoin urgent d'une réforme du code pénal turc et
d'une harmonisation avec les codes pénales des Etats membres de la CE.
Un député chrétien démocrate
ouest-allemand a fortement critiqué les procès politiques de masse qui
ont toujours lieu en Turquie.
Richard Balfe, parlementaire
européen appartenant au groupe socialiste, qui a écrit un rapport sur
les droits de l'homme en Turquie, a estimé qu'aucun changement n'était
intervenu durant les 10 derniers mois: "C'est regrettable car jusqu'à
présent il y a eu une approbation toute. Mais cela ne peut pas
continuer. Je pense qu'il existe toujours des abus dans le domaine des
droits de l'homme: en particulier dans le système policier. Il y a
encore beaucoup à faire pou y remédier".
L'ECHEC D'OZAL A BRUXELLES
Profitant de l'occasion du sommet
de printemps de l'OTAN, le premier ministre Özal a tenu une série de
conversations avec les leaders occidentaux à Bruxelles, mais il a
échoué à obtenir les résultats qu'il espérait.
Avant le sommet, Özal et le
premier ministre grec Papandreou se sont rencontrés le 28 mai. Malgré
des témoignages d'amitié comme le fait de s'appeler par leurs prénoms,
Özal et Papandreou ont une fois de plus échoué à obtenir un accord ne
fût ce que sur un simple point même de petite imprortance.
Durant l'entretien, le quatrième
entre les deux hommes depuis février de l'année passée, Özal a répété
sa proposition d'avoir une rencontre quadripartite incluant les leaders
cypriotes grecs et turcs, Papandreou et lui-même afin de discuter une
solution d'ensemble du problème cypriote. Les diplomates turcs ont dit
que Papandreou a pris note de l'offre.
Özal a aussi rencontré à
Bruxelles, Bush, Mitterand, Thatcher et Jacques Delors, Président de la
Commission européenne.
Durant les entretiens, Mitterand
et Thatcher se sont abstenus à donner à Özal quelque promesse de
soutenir la demande turque à devenir membre à part entière de la CEE.
Au contraire, Thatcher a dit que son pays imposerait des restrictions à
l'entrée en Grande Bretagne des citoyens turcs et ce à partir du 23
juin.
En ce qui concerne Mitterand, il
est intervenu une fois de plus en faveur des droits de l'homme en
Turquie et dans le Kurdistan turc.
Jacques Delors a dit à Özal que
la CEE pourrait accorder le statut de partenaire commercial à la
Turquie au lieu d'un statut de membre à part entière.
LA COLERE D'ANKARA CONTRE Mme MITTERAND
Depuis l'envoi d'une circulaire
du ministère des affaires étrangères aux missions diplomatiques à
Ankara, le 8 mai dernier: les étrangers sont obligés de demander une
autorisation pour visiter les camps de réfugiés irakiens-kurdes
d'Anatolie sud-orientale.
Cette mesure a été prise suite à
la visite de la femme du président français aux camps de Mus et de
Diyarbakir, durant laquelle elle a critiqué l'attitude des autorités
turques.
La visite de Danielle Mitterand
et les questions qu'elle a posées aux réfugiés kurdes ont "énervée" la
presse turque qui rapporte que la femme du président français est une
sympathisante bien connue de la cause kurde. Elle l'accuse notamment de
verser de grosses sommes d'argent à l'Institut kurde de Paris et
d'entretenir des liens étroits avec ses dirigeants.
La note du gouvernement turc dit
en substance que les camps sont ouverts à tous les visiteurs dans
l'espoir que les gouvernements étrangers étendent leur aide. Elle
souligne "que cette politique d'ouverture n'a été suivie d'aucune aide
particulière".
TENSION ACCRUE ENTRE LA TURQUIE ET LA BULGARIE
La récente confrontation entre la
Turquie et la Bulgarie à propos de la minorité ethnique turque pourrait
avoir comme résultat un affluement massif de quelques centaines de
millies de personnes de l'ethnie turque de Bulgarie vers la Turquie
dans les prochains mois.
Le conflit turco-bulgare provient
de la décision bulgare de changer les noms turcs des citoyens musulmans
en noms bulgares et ce depuis 1984. La Bulgarie a justifié cette
pratique en déclarant que ceux que cela concernait étaient des peuples
d'origine bulgare mais qu'ils avaient été convertis à l'Islam pendant
la domination ottomane.
En réponse, le gouvernement turc
a dit que les documents du gouvernement bulgare avait des références à
une minorité turque et musulmane dans les années 1960. En 1965, la
population recensée en Bulgarie comprenait 765.000 turcs musulmans. "Si
nous tenons compte de l'accroissement de population parmi les turcs en
Bulgarie, il devrait y avoir à ce jour presque 2.5 millions de turcs
dans ce pays," a déclaré Ankara.
En fait, beaucoup de Turcs ont
résisté à la pratique du gouvernement bulgare. Mais ils ont été soumis
à des mesures répressives. Amnesty International annonçait que beaucoup
de gens avait été mis en prison pour avoir résisté au programme
d'assimilation forcée et que des centaines avait été fusillés.
Les relations entre les deux
voisins continuèrent à être tendues surtout lorsque les forces de
sécurités bulgares tirèrent sur les Turcs qui manifestèrent le 21 mai
1989 tuant au moins 25 personnes et en blessant 40 autres.
Cette nouvelle suscita des
manifestations de protestatio aussi bien en Turquie qu'à l'étranger, la
dernière étant tenue par les travailleurs immigrés turcs.
Les actions de protestation sont
supportées par l'oppositon et des intellectuels en Turquie. Alors
que les deux partis sociaux démocrates, le SHP et le DSP, condamnèrent
vigoureusement les pratiques du gouvernement bulgare et demandèrent à
Ankara de réagir avec plus de vigueur, l'Union des écrivains turcs
(TYS), dirigé par des intellectuels marxistes tels que Aziz Nesin,
suspendit ses relations avec l'union des écrivains bulgares.
En riposte, les Bulgares tirent
une série de démonstrations devant l'ambassade turque à Sofia et
accusèrent les turcs d'ingérance dans les affaires intérieures d'un
état souverain.
Le 29 mai, Todor Zhivkov, le
leader bulgare accusa la Turquie de lancer une campagne anti-bulgare et
demanda à la Turquie d'ouvrir ses frontières aux suiveurs de l'islam en
Bulgarie qui désiraient s'établir en Turquie. Même sans attendre la
réponse d'Ankara, le gouvernement bulgare déporta des centaines de
ressortissants d'éthnie turque vers l'Autriche et la Yougoslavie.
Özal réagit à l'offre de Zhivkov,
alors qu'il se trouvait à Bruxelles en disant que la Turquie n'avait
jamais fermé ses frontières à l'ethnie turque venant de la Bulgarie et
qu'elle était prête à entreprendre des négociations.
Tout arrangement doit comprendre
également des clauses de sûreté en ce qui concerne les droits de
propriété de ces turcs a dit Özal. "Il les renvoyent avec leur seul
bagage en main. Qu'est-il advenu de leurs terres et de leurs maisons.
Qui en devient le propriétaire? D'un autre côté, Özal s'est plaint du
manque de réaction ferme à l'encontre de la Bulgarie par les alliés des
turcs membres de l'OTAN. Malgré ses efforts au sommet de l'OTAN aucune
autre allusion ne fut fait à l'intention d'éventuelles sanctions à
l'encontre de la Bulgarie pendant la rencontre de Bruxelles.
Une semaine plus tard, la session
à Paris du CSCE fut la scène d'un duel diplomatique entre les
délégations turques et bulgares.
ANKARA CONTINUE A NIER LA LANGUE KURDE
Le numéro du 21 mai du quotidien
Hürriyet, rapporte que le Conseil de Sûreté nationale a décidé de
lancer une nouvelle campagne de propagande basée sur la négation de
l'existence d'une nation et d'une langue kurde.
Sur ordre de ce conseil
semi-militaire, composé des chefs des 2 armées et de certains
ministres, on a procédé à la distribution dans les écoles des 8
provinces orientales de deux prospectus intitulés "La question de
l'Anatolie orientale" et "Newroz". Ces 8 provinces sont peuplés de gens
d'origine kurde et l'état d'urgence y est toujours appliqué.
Les pamphlets démontrent que la
langue kurde ne se distingue pas de la langue turque et qu'elle et un
simple dialecte et "quant à la légende de Newroz, il s'agit simplement
d'une version déformée de la légende turque d'Ergenekon".
ARRESTATIONS ARBITRAIRES DANS L'EST
Le 11 mai dernier, l'Association
du barreau de Diyarbakir, a annoncé que durant les quatre premiers mois
de 1989, 200 personnes ont été arrêtées pour activités séparatistes et
ont été libérées dès après la première audience de leur procès. Leurs
avocats ont déclaré que leurs arrestations avaient été rendues
possibles grâce à des aveux obtenus sous la torture. Ils suggèrent,
pour arrêter ces pratiques inhumaines, que l'on autorise les avocats à
assister aux interrogatoires de leurs clients.
UNE PRISONNIERE DE 17 ANS
Le 18 mai dernier, Safinaz
Ilboga, 17 ans, à été jugée par la Cour de Sûreté de l'Etat du Konya
pour propagande séparatiste. Elle risque une peine de prison allant
jusqu'à 10 ans.
Dès la 1ère audience, le
procureur a requis sa libération du fait qu'elle souffre de problèmes
psychologiques et qu'elle a été renvoyée de son école pour cette
raison. La Cour n'a pas donné suite à cette demande et a décidé de la
placer sous surveillance médicale.
PREMIER CONGRES DE FEMMES EN TURQUIE
Le premier congrès de femmes
turques s'ets tenu à Istanbul le 19 mai et il concernait les problèmes
des femmes et leur oppression en Turquie. Ces discussions devaient
avoir lieu devant un forum aussi large que possible.
Mais il révéla un profond
désaccord en ce qui concerne le fait de savoir si un groupe de femmes
indépendantes était nécessaire ou si le socialisme suffirait à garantir
aux femmes leurs droits. Le manifeste disait que les femmes qui
supportaient un mouvement de femmes indépendantes ressentaient le
congrès comme aynt râté son but, alors que les femmes socialistes
disaient qu'elles pensaient au contraire qu'il avait été un franc
succès et qu'un congrès similaire devait être organisé dans un proche
futur.
Le premier groupe, composé
largement de féministes et de féministes socialistes estimait que le
forum avait été détourné de son but par les groupes socialistes et
avaient été plutôt employé comme plate forme de bataille contre les
féministes.
Le désaccord devint virulent
lorsqu'un homme fut autorisé à prendre la parole. Cela a été fortement
contesté par les féministes. La pause amena les féministes à quitter le
congrès parce qu'elles croyaient que ce dernier n'avait rien d'un
véritable congrès de femmes.
Lors de ce congrès d'une durée de
trois jours, les femmes discutèrent un grand nombre de problèmes issus
de leurs expériences personnelles. Des sujets incluant le problème des
mères célibataires dans la société turque, les restrictins sociales
dont suffrent les femmes, le concept qu'une bonne femme est
nécessairement une bonne épouse, bonne cuisinière et bonne mère de
famille; les idées qui empêchèrent les femmes de développer leurs
propres compétences ou personnalités, l'idée que les femmes sont
toujours et avant tout responsables pour leurs enfants et que l'emploi
des femmes tient la seconde place.
Après que le manifeste fut lu une
longue liste de demandes faites par tous les groupes qui avaient pris
part à la conférence fut présentée. La liste comprenait un amendement
des 10 articles du code pénal turc que les participantes estimaient
discriminatoires à l'encontre des femmes.
Pendant que le congrès se
poursuivait, le 21 mai, des fondamentalistes islamiques organisèrent
une série de meetings dans diverses cités. A Bursa, des femmes vêtues
en habillements islamiques s'adressèrent à une audience exclusivement
féminine déclarant que l'égalité entre hommes et femmes était hors de
question, conformément aux règles de la foi islamique. Dr Rukiye
Tascioglu, un médecin de Bursa, a dit que le devoir premier de la femme
était de servir son mari et d'élever ses enfants.
ESSORT MASSIF DE LA PROSTITUTION
Depuis 1987, selon les rapports
des QG d'Ankara, le nombre de prostituées présumées a augmenté de
manière alarmante.
De 1987 à 1988, le nombre de
prostituées présumées est passé de 1.398 à 13.671. Il y a 3.241
prostituées légalement enregistrées à Ankara, qui pratiquent leur
profession sous licence gouvernementale.
Le rapport souligne également
l'accroissement des agressions sexuelles. En 1985, la police en a
dénombré 70 alors qu'en 1988, elle en a compté 219.
Multiplication des holdings
En 1988, les deux groupes
industriels les plus importants de Turquie, Koç et Sabanci, ont comblé
la différence entre leurs chiffres de vente et de profits et ceux des
autres groupes industriels.
Koç a fait le plus de ventes: 8,1
milliards de LT: Sabanci a fait le pus gros profit: 750 milliards de LT.
En 1988, le chiffre total des
ventes des huit plus grands holdings turcs —à savoir: Koç, Sabanci,
Akkok, Profilo, Sönmez, Alarko, Sise cam et Yasar Holding— atteignent
19,5 billions de LT, alors que le budget 1988 de l'Etat s'élevait à 21
billions de LT.
Sur le plan des ventes:
Le chiffres des ventes de Koç
était le plus élevé, suivi par celui du groupe Sabanci qui s'élevait à
6 billions de LT. Immédiatement après ces deux rivaux de longue date,
venaient: Sise cam (une affiliée de la Isbank) avec 2 billions de LT;
le Yasar Holding (basé à Izmir) qui produit les produits alimentaires
Pinar-brand, avec 1,2 billions de LT; le groupe Akkok (dont le
propriétaire, Ömer Dinckok est le président de l'Association des
Industriels et des Hommes d'Affaires turcs) avec un billion de LT; le
holding Sönmez (basé à Bursa) avec 457 milliards de LT; Profilo avec
402,3 milliards de LT, et pour finir, Alarko avec 234,3 milliards de
LT. En 1987, le chiffre de ventes de Koç et de Sabanci était
respectivement de 4,3 et de 3,2 billions de LT.
Sur le plan des profits:
En 1988, Sabanci a fait un
chiffre record avec 750 milliards de LT. Quant à Koç, elle vient en
second position avec 688,6 milliards LT. Les autres groupes qui ont
publié leur balance de payements les suivent de très loin. Ainsi: Sise
cam a fait 135 milliards de LT; le groupe Akkok: 11 milliards de LT;
Sönmez: 67 milliards de LT; le Yasar Holding: 29 milliards de LT et
enfin Alarko: 26,5 milliards de LT.
Sur le plan des exportations: Le
chiffre des huit groupes se monte à 2,1 milliards de dollars de biens
exportés, c'est-à-dire 18% des exportations turques totales qui
équivaut à près de 12 milliards de dollars. Respectivement, on a: Koç
avec 552 millions de dollars; Sabanci avec 278 millions; Sise cam avec
240 millions; Yasar avec 159 millions; Akkok avec 113 millions; Sönmez
avec 87,2 millions; Alarko avec 39,5 millions et Profilo avec 12
millions.
Sur le plan de la rentabilité:
Parmi ces compagnies qui ont publié leur balance des paiement, c'est
Sönmez qui a le ratio des rentabilité le plus élevé avec 14,6% de
profit sur chaque vente de 100 LT. Sabanci vient en second lieu avec
12,5% de rentabilité. Quant aux autres: Alarko, 11?"%; Akkok: 10,8%;
Koç: 8,5%; Sise cam: 6,7%: Profilo n'a pas encore publié ses ventes
pour 1988.
Sur le plan des bénéfices
individuels:
Ce ratio est calculé en divisant
les profits de l'entreprise par le nombre d'employés. Sabanci a le
ratio le plus élevé: en 1988: ce chiffre se montait à 25 millions de
LT. Si on pose que le salaire moyen d'un employé est de un million de
LT par mois, alors chaque membre du personnel rapporte à sa compagnie
deux fois plus que son salaire annuel. Koç vient en seconde place avec
un ratio de rentabilité individuelle de 20,4 millions de LT. Quant aux
autres groupes, ils font: Akkok: 10,9 millions LT; Sönmez: 10,5
millions; Sise cam: 7,3 millions; Alarko: 4 millions et Yasar: 2,8
millions.