ELECTIONS:
LE 20 OCTOBRE
Le 20 octobre 1991, les citoyens turcs vont voter
pour élire 450 membres du Parlement. Après avoir effectué un lifting,
par l'élection d'un nouveau premier ministre et leader du parti en la
personne de Mesut Yilmaz, le Parti de la Mère Patrie (ANAP) a décidé de
convoquer des élections législatives un an avant la date prévue par la
Constitution.
Les nouveaux dirigeants de l'ANAP espèrent éviter
ainsi au parti un désastre électoral qui semblait inévitable si les
élections avaient lieu en 1992, les conditions de vie des basses et
moyennes couches sociales allant de mal en pis.
Quelque soit le résultat de ces élections
anticipées, les sondages d'opinion montrent qu'en dépit de toutes les
manœuvres d'Özal et de ses complices, les électeurs vont mettre fin à 8
années de pouvoir en solitaire de l'ANAP. Les premiers sondages
d'opinion montrent que le Parti de la Juste Voie (DYP) de l'ancien
Premier Ministre Demirel, et le Parti Populiste Social Démocrate (SHP)
dirigé par Erdal Inönü, luttent pour la première place.
Outre ces trois principaux partis, six autres
prendront part à la dispute électorale: trois d'entre eux avec leurs
propres listes électorales et trois autres en inscrivant leurs
candidats sur les listes d'autres partis politiques.
Les trois partis qui participent avec leurs propres
listes sont le Parti Démocratique de la Gauche (DSP) de l'ancien
Premier Ministre Bülent Ecevit, le Parti du Bien-être (RP) de Necmettin
Erbakan et le Parti Socialiste (SP) de Dogu Perincek.
Les trois partis qui inscrivent leurs candidats sur
les listes de partis plus puissants sont le Parti Populaire du Travail
(HEP) de gauche, le Parti de l'Action Nationaliste (MCP) et le Parti de
la Démocratie Réformiste(IDP) de droite.
En fait, un certain nombre d'obstacles et de
barrières ont soit privé certains partis politiques du droit de
participer aux élections ou les ont obligés à négocier avec des partis
plus puissants.
Premièrement, deux partis de gauche, le Parti
Populaire du Travail (HEP) et le Parti d'Union Socialiste (SBP) n'ont
pas été autorisés à prendre part aux élections sous prétexte qu'ils ne
remplissaient pas quelques conditions préliminaires comme avoir des
organisations locales dans 37 provinces au moins et avoir eu leur
convention nationale 6 mois avant le jour des élections.
Le HEP fut fondé il y a deux ans par quelques
députés d'origine kurde qui avaient été renvoyés du SHP pour avoir
participé, sans autorisation du parti, à une conférence internationale
sur la Question Kurde à Paris. Présidé par l'ancien Secrétaire Générale
du DISK, Fehmi Isiklar, ce parti s'est bien organisé dans les provinces
kurdes et dans certaines grandes villes industrielles. En entravant sa
participation aux élections anticipées, le gouvernement cherchait à
éviter une représentation kurde significative dans le prochain
Parlement.
Cependant, les leaders du Parti Populaire du Travail
(HEP), en vertu d'un accord signé avec les leaders de leur ancien
parti, participeront aux élections en tant que candidats sur les listes
du SHP. Etant donné que la Loi Electorale interdit toute alliance ou
front entre les partis politiques, le Président du HEP, Fehmi Isiklar
et d'autres dirigeants du parti se sont faits temporairement exclure du
parti pour s'inscrire sur les listes du SHP. On rapporte que s'ils sont
élus, ils retourneront dans leur parti après les élections et formeront
le groupe parlementaire du HEP.
Pour ce qui est du Parti de l'Union Socialiste
(SBP), fondé par un groupe de personnes de gauche, parmi lesquels se
trouvaient quelques dirigeants du pro-Soviétique Parti Communiste
Unifié de Turquie (TBKP), toutes ses tentatives pour inscrire ses
candidats sur la liste du SHP furent rejetées par ce dernier. Ce parti
est donc exclu de la course aux élections.
Dans la droite, quatre partis politiques ont recouru
à des astuces électorales similaires pour surmonter cette double
barrière.
Selon la Loi Electorale, quelle que soit sa force
dans certaines circonscriptions, un parti ne peut être représenté au
Parlement s'il ne franchit pas la barre des 10% dans tout le pays. De
plus, un parti politique franchissant cette barre dans tout le pays,
devrait dépasser la barre locale, entre 20 et 50% selon le cas, pour
avoir des députés d'une quelconque circonscription.
Premièrement, le Parti Démocratique du Centre (DMP)
de l'ancien Maire d'Istanbul, Bedrettin Dalan, fusionna avec le Parti
de la Juste Voie (DYP) le 16 septembre et disparut définitivement de la
scène politique. Ce parti avait été fondé par Dalan après avoir été
battu par le candidat du SHP aux élections municipales en 1989. En
incluant Dalan dans son parti, Demirel espère attirer une partie de
l'électorat d'Istanbul. Cependant, voilà que l'ironie du sort veut que
Dalan qui avait été accusé de corruption par le DYP lors des dernières
élection municipales figure maintenant à la tête de la liste électorale
de ce même parti à Istanbul.
Deuxièmement, à l'extrême droite, un épouvantable
accord fut conclu entre le fondamentaliste Parti du Bien-être (RP), le
néo-fasciste Parti Nationaliste du Travail (MCP) et le fondamentaliste
Parti de la Démocratie Réformiste (IDP).
Les leaders du MCP et du IDP, Alparslan Türkes et
Aykut Edibali, ont "démissionné" de leurs partis respectifs et sont
devenus des candidats "indépendants" dans les listes du RP. Les listes
présentées par le RP au Conseil supérieur électoral comprennent les
noms des 12O "anciens" candidats du MCP et de 30 "anciens" candidats du
IDP.
Dans les élections législatives de 1987, le RP avait
obtenu 7,1% des votes, le MCP 2,9% et le IDP 0,8%. Les leaders de ces
trois partis espèrent que les listes du RP, dans lesquelles figurent
également les "anciens" candidats du MCP et du IDP franchiront
facilement la barrière de 10% dans tout le pays et que ces trois partis
pourront être représentés dans la future Assemblée Nationale. En outre,
le mouvement néo-fasciste de l'ex-colonel Alparslan Türkes, le MHP,
pourrait avoir un groupe politique au Parlement.
QUEL GENRE DE COALITION?
Bientôt, les électeurs devront choisir parmi six
listes électorales représentant neuf partis politiques:
A gauche:
Le Parti Populiste Social Démocrate (SHP), qui
comprend également les candidats du Parti Populaire du Travail (HEP).
Le Parti Démocratique de la Gauche (DSP).
Le Parti Socialiste (SP).
A droite:
Le Parti de la Mère Patrie (ANAP).
Le Parti de la Juste Voie (DYP).
Le Parti du Bien-être (RP), comprenant les
candidats du Parti Nationaliste du Travail (MCP) et du Parti de la
Démocratie Réformiste (IDP).
Etant donné que les sondages d'opinion indiquent
qu'aucune de ces listes ne peut obtenir plus de 35% des votes, la
formation d'un gouvernement par un seul parti après les élections
semble peu probable.
Si les partis de gauche étaient parvenus à s'unir,
la Gauche aurait pu obtenir plus de 35 pour cent des votes et, grâce à
l'actuel système électorale, prendre le pouvoir. Il convient de
rappeler que l'ANAP avait obtenu 64,9% des sièges au Parlement avec
seulement 36,3% des votes.
Cette solution est d'ores et déjà impossible en
raison de l'intransigeance d'Ecevit à l'égard du SHP. Sans parler d'une
union SHP-DSP, Ecevit ne tolère même pas la présence des candidats du
HEP sur les listes du SHP. Dans ses discours électoraux, il déclare:
"Chaque vote pour le SHP implique un vote pour le HEP, un vote pour les
séparatiste kurdes, un vote pour le PKK". D'ailleurs, il accuse le SHP
d'avoir reçu une aide financière des partis socio-démocratiques de
l'Europe Occidentale, une affirmation qui a immédiatement démentie par
le SHP.
Pour attirer les votes conservateurs ou
nationalistes, Ecevit n'hésite pas à recourir à une rhétorique
ultra-nationaliste, se présente comme le principal défenseur des
communautés turques de par le monde et reproche souvent aux mouvements
politiques kurdes de diviser le pays.
Le 9 septembre, dans une manœuvre destinée à gagner
le soutien des grosses entreprises, Ecevit s'adressait à l'Association
des Industriels et Hommes d'Affaires Turcs (TUSIAD) à Istanbul et
affirma que son parti était partisan des privatisations et du libre
marché. La TUSIAD maintenait des profondes dissensions avec Ecevit
depuis les années 70. Lorsqu'Ecevit fut premier ministre, entre 1977 et
1979, la TUSIAD, fortement opposée à sa politique économique, finança
des publicités anti-Ecevit dans les journaux. Cette fois-ci, au début
du meeting, le président de la TUSIAD, Bülent Eczacibasi déclara:
"Ecevit vient nous voir avec des idées nouvelles et transformé." La
presse qualifia le discours adressé par Ecevit à la TUSIAD de
"réconciliation historique".
Etant donné que l'union des forces entre le SHP et
le DSP s'est avérée impossible, la presse turque et les observateurs
politiques développent une série de scénarios sur base d'une coalition
entre les partis de droite.
Le scénario le plus logique serait sans doute une
coalition entre les deux partis de droite les plus puissants: l'ANAP et
le DYP. Mais Demirel, qui a transformé sa campagne électorale en une
vendetta, ne cesse de souligner qu'une coalition DYP-ANAP est hors de
question tant qu'Özal reste Président de la République.
Le 8 septembre, le quotidien Hürriyet rapportait que
Demirel avait déjà mis au point une formule pour chasser Özal du palais
présidentiel: "Özal peut être forcé d'abandonner la présidence si au
moins 338 députés présentent une plainte contre lui auprès de la Cour
Suprême, l'accusant de trahison ou si la Constitution est modifiée de
sorte que le peuple puisse élire directement le président. Si cette
modification, qui nécessite le soutien de 301 députés, devient
effective, le mandat présidentiel d'Özal prendra fin le jour de la
modification de la Constitution. Et si cette tentative échoue, le
gouvernement dirigé par Demirel réduira les allocations présidentielles
à une simple Lire et appelera le peuple à se rassembler devant le
palais présidentiel pour forcer Özal à démissionner."
Afin d'éviter que l'effet négatif d'Özal n'handicape
les chances électorales de l'ANAP, son nouveau président et premier
ministre, Mesut Yilmaz, tente de donner l'impression que le parti n'est
plus sous le contrôle d'Özal. Au cours d'un rassemblement de l'ANAP à
Rize, le 15 septembre, Yilmaz déclara que la famille d'Özal n'avait pas
de place dans la campagne de l'ANAP et il ajouta: "Pour le bien de
l'ANAP, Özal ne doit pas répondre aux partis de l'opposition."
Tout le support de propagande électorale de l'ANAP
porte comme illustration les photos de Mesut Yilmaz au lieu de celles
d'Özal et le premier ministre y apparaît comme un leader jeune,
attrayant et dynamique. La campagne de l'ANAP est organisée par le
promoteur français Jacques Séguéla, qui dans le passé organisa la
campagne de Frrançois Mitterrand. L'ANAP a prévu 40 milliards de LT
pour sa campagne, 2,5 desquels seront versés à Séguéla.
Dans une autre manœuvre destinée à récupérer le
votes perdus par l'ANAP, Yilmaz fit 10 promesses électorales,
principalement: 1) réduire la durée du service militaire, 2) augmenter
les dépenses publiques dans le budget, 3) élever le statut de certains
districts à celui de provinces, 4) compenser les pertes des fermiers
dues à l'inflation, 5) augmenter les chefs de village, 7) fournir
gratuitement les livres aux étudiants, 8) donner des primes à
l'industrie, 9) introduire des retraites anticipées, 10) donner des
soins médicaux gratuits aux pauvres.
Malgré tous ces efforts, l'omniprésence et
l'interférence d'Özal dans les affaires du parti continue de nuire aux
chances électorales de l'ANAP et de réduire les chances d'une coalition
DYP-ANAP après les élections.
Le leader du SHP, Inönü, appuie également sa
campagne électorale sur la mise à l'écart d'Özal à la présidence. Le 12
septembre, il affirmait que si le SHP arrivait au pouvoir seul et avec
une majorité parlementaire suffisante pour modifier la Constitution, il
mettrait fin au mandat présidentiel de Turgut Özal et lui demanderait
des comptes sur tout ce qu'il a fait au cours des 8 derniers années.
Inönü a également fait le serment de supprimer les lois et modifier les
clauses de la Constitution qui interdisent les actions en justice
contre les leaders du coup d'Etat de 1980, le gouvernement militaire de
1980 et les membres de l'Assemblée Consultative.
Cette attitude commune contre Özal peut unir deux
des principaux partis de l'opposition, le SHP et le DYP, dans une
coalition à court terme chargée de chasser Özal du palais présidentiel
et supprimer les clauses anti-démocratiques de la Constitution. Mais de
nombreux observateurs politiques ont de sérieux doutes quant à la
sincérité de Demirel concernant les droits de l'homme et les libertés.
Dans le passé, alors qu'il était premier ministre, Demirel ne respecta
jamais les droits de l'homme et ses opposants de gauche subirent des
pratiques anti-démocratiques.
UN NOUVEAU FRONT NATIONALISTE?
Le pire des scénarios est une coalition entre le DYP
et deux partis d'extrême droite, le fondamentaliste RP et le
néo-fasciste MCP.
Il y a quinze ans, le Front Nationaliste, formé par
le Parti de la Justice (AP) de Demirel et le Parti du Salut National
(MSP) de Türkes, fit sombrer le pays dans une violence politique sans
précédent et créa un climat propice pour le coup militaire de 1980.
Aujourd'hui, ces trois leaders politiques sont
de nouveau en scène. Demirel dirige le DYP, Erbakan le RP et Türkes le
MCP.
Si les listes du RP, comprenant les candidats du
MCP, dépassent la barre des 10% dans tout le pays et ces deux partis
sont représentés au Parlement par un total de 40-50 députés, une
coalition avec eux pourrait apparaître à Demirel comme un raccourci
vers un gouvernement à long terme.
Selon les journaux turcs beaucoup de sectes et de
confréries islamiques qui avaient soutenu l'ANAP, ont récemment déclaré
que cette fois, ils feraient campagne pour le RP ou le DYP.
Plus significatif est le fait que le Foyer des
Intellectuels (Aydinlar Ocagi), promoteur de la Synthèse
Turco-Islamique (Voir: Extreme Right in Turkey, Info-Türk, 1988),
considérant que l'ANAP a perdu sa popularité, usa de son influence pour
rassembler les forces des partis de l'extrême droite, RP, MCP et IDP.
Cette même association joua un rôle important dans
la formation des coalitions du Front Nationaliste dans la deuxième
moitié des années septante.
Maintenant, après avoir réalisé une alliance
électorale entre les trois partis de l'extrême droite, on s'attend à ce
que le Foyer des Intellectuels franchisse un nouveau pas pour rétablir
le Front Nationaliste dirigé par le DYP de Demirel.
Lequel de ces scénarios est le plus proche de la
réalité? Le résultat des élections anticipées n'apportera probablement
pas de réponse immédiate à cette question. L'équilibre des forces est
si compliqué, que si un parti ne crée pas la surprise et obtient un
résultat pour gouverner seul, les négociations pour une coalition
peuvent durer très longtemps. Et le gouvernement qui sortira de ces
négociations devra peut-être convoquer de nouvelles élections
anticipées en quelques mois.
BRUTALITE POLICIERE PARTOUT EN TURQUIE
La brutalité policière s'est accrue dans toute la
Turquie de manière dramatique dans la perspective des prochains
élections. Au cours d'une conférence de presse le 10 septembre, le
vice-Secrétaire Général du SHP, Fikri Saglar, accusa la police de faire
sortir les gens de chez eux au milieu de la nuit et de les torturer.
Sur le même problème, le président provincial de
l'Association pour les Droits de l'Homme (IHD), Celal Avci, affirma que
la brutalité policière était le résultat de la nouvelle Loi
Anti-Terreur. "A moins que la loi ne soit abolie ou modifiée, il ne
faut s'attendre à aucune amélioration du problème", dit-il.
Le fait le plus marquant fut sans doute la mort de
l'étudiante universitaire Seher Sahin, celle-ci aurait été poussée
d'une des fenêtre de l'école par un policier le 3 septembre. Sahin,
âgée de 18 ans, membre du comité estudiantin, aidait les nouveaux
inscrits lorsqu'un groupe de policiers pénétra dans l'Université Sinan
Mimar d'Istanbul. Les étudiants furent surpris par la descente, menée
sans la permission des autorités de l'université, et pris de panique
ils tentèrent de fuir.
Par après, Sahin, trouvée au bas d'une fenêtre du
troisième étage, fut transportée à l'hôpital où elle allait mourir le 8
septembre.
Voici quelques exemples récents de brutalité
policière:
A Gaziantep, Hanefi Göllü, arrêté le 11 août et
soupçonné de vol, décéda au centre de police au cours de son
interrogatoire. La police déclara qu'il s'était suicidé, mais le père
de la victime fit savoir qu'il n'y avait aucune raison pour qu'il
commette un tel acte puisqu'il était très heureux à l'idée de son
prochain mariage.
Le 14 août, à Kirklareli, un jeune de seize ans
soupçonné de vol, fut blessé au cours de son interrogatoire et dut être
hospitalisé.
Le 16 août, un membre du Parlement, Mahmut Alniak,
annonça qu'un jeune homme, Suleyman Dalga, avait été torturé jusqu'à la
mort au poste de gendarmerie de Dagpinar, dans le district de Digor,
province de Kars.
Le 17 août, le chef du village de Celik, dans le
district de Dargecit (Sirnak), Ata Akturk, fut torturé au poste de
gendarmerie où il s'était rendu pour demander des nouvelles de deux
villageois disparus.
Le même jour, au village de Gülgöze, dans la région
de Midyat, une femme du nom de Hediye Demir déclara que son fils de 27
ans, Hayrettin Demir, avait été abattu par les forces de sécurité. Elle
déclara également que son fils avait été préalablement arrêté et
torturé.
le 26 août, dans le village de Seta, dans la région
de Dargecit, un paysan kurde de 46 ans aurait été abattu par des
soldats qui fouillaient sa maison.
Le 8 septembre, à Mersin, un étudiant universitaire
du nom de Mustafa Ciftci fut conduit à l'hôpital alors qu'il était
interrogé par la police. Aucune explication ne fut fournie quant à
l'hospitalisation du "suspect". Son père, Halil Ciftci, déclara par
après que son fils avait été torturé.
Le 10 septembre, Serafettin Celik, qui, soupçonné de
vol, se trouvait également sous détention policière, perdit la vie
après "avoir sauté par la fenêtre d'un quatrième étage" à Gaziantep.
Le 16 septembre, le commandant d'une unité de la
gendarmerie tenta de violer une femme du nom de Hüsniye Cürükkaya au
cours d'une opération disciplinaire à Yeniköy, dans la province de
Bingöl. En signe de protestation, un groupe de paysans organisa une
manifestation devant le bureau de Gouverneur à Bingöl.
Le 18 septembre, dans le district de Patnos,
province de Agri, la police annonça le décès d'Osman Keles, sous
détention policière, et remit le corps à sa famille. Keles avait été
arrêté par la police le 7 septembre en compagnie de cinq autres
personnes. La famille Keles, suggérant la possibilité que le décès ait
pu être causé par la torture, exigea une autopsie. Bien que quatre
autres personnes furent relâchées, la cinquième, Kazim Keles, est
toujours détenue au poste de police.
Le 20 septembre, à Ankara, Ali Hikmet Kerkük, de 55
ans, fut abattu par un groupe de policiers. Selon les témoins, au cours
d'une discussion sur un incident de circulation, les policiers
dirigèrent volontairement leur voiture sur Kerkük et lui causèrent la
mort.
TURQUIE: UN PAYS DE TORTURE
Le rapport sur les droits de l'homme approuvé par le
Parlement Européen le 13 septembre 1991, cite la Turquie parmi la
liste des pays où se produisent des "décès par torture" où figurent
aussi Le Salvador, le Soudan, l'Afrique du Sud, l'Irak, la Yougoslavie,
l'Union Soviétique et le Koweit.
UN NOUVEAU CENTRE DE REHABILITATION DE LA TORTURE
Le 2 août, la Fondation pour les Droits de l'Homme e
Turquie (TIHV) inaugura un nouveau centre de réhabilitation pour les
victimes de la torture à Izmir. Le Président du TIHV, Yavuz Önen
déclara que le premier centre de réhabilitation, à Ankara, avait traité
40 victimes de la torture en 1990 et que le nombre serait bien plus
élevé cette année.
Le Président du Centre International de
Réhabilitation de la Torture au Danemark, le Prof. Dr. Ole Espersen,
participa à la cérémonie d'ouverture et déclara que la Turquie
demeurait en tête de la liste des pays recourant systématiquement à la
torture.
DES ENFANTS TOUJOURS POURSUIVIS
Malgré les protestations des organisations
humanitaires aussi bien en Turquie qu'à l'étranger, des enfants sont
toujours poursuivis. Récemment:
Le 1er août, à Diyarbakir, les forces de sécurité
menèrent une razzia contre un camp de réfugiés irakiens kurdes et y
arrêtèrent trois enfants kurdes de 14 à 16 ans qui avaient vendu des
chapelets tricolores, vert, jaune et rouge, couleurs du mouvement
national kurde. 30 Kurdes locaux qui visitaient le camp furent
également arrêtés.
Le 13 août, commença à la CSE d'Istanbul, le procès
contre deux étudiants d'une école secondaire, âgés de 15 ans et arrêtés
il y a deux mois à Canakkale pour avoir distribué des tracts de
Dev-Sol. Le procureur de la République demande une peine de prison de
25 ans pour chacun. Tous deux déclarent avoir été soumis à des
pressions au cours de leur interrogatoire.
Le 15 septembre, un étudiant de 16 ans fut traduit
devant une Cour Pénale à Istanbul pour avoir écrit quelques slogans
politiques sur les murs de l'Ecole Supérieure d'Üsküdar.
TERREUR D'ETAT DE DEUX DERNIERS MOIS
Le 1.8, à Izmir, huit personnes furent jugées pour
avoir mené des actions pour le compte d'organisation clandestine Ekim
(Octobre). Trois des défendeurs furent relâchés par la cour.
Le 1.8, huit travailleurs municipaux furent battus
par une équipe spéciale de police alors qu'ils déchargeaient des
ordures dans un terrain vague entre Mardin et Diyarbakir.
Le 2.8, à Istanbul, Ahmet Karkas et Adil Can
affirmaient avoir été torturés au Poste de Police de Beyoglu. Un
médecin officiel affirma qu'ils ne pourraient travailler pendant sept
jours en raison des effets de la torture.
Le 2.8, à Istanbul, cinq personnes furent arrêtées
alors qu'elles vendaient un journal de gauche devant l'Usine de
Cigarettes de Cevizli.
Le 3.8, à Istanbul, dix-sept personnes furent
arrêtées au cours d'une manifestation de solidarité envers les
travailleurs en grève de l'Usine de Verre de Pasabahçe.
Le 3.8, à Izmir, une manifestation organisée par
plusieurs syndicats des fonctionnaires, fut interdite par le Gouverneur.
Le 4.8, au village de Kemerli, dans le district
d'Eruh, sept protecteurs de village furent arrêtés pour avoir demandé à
être relevés de leur poste où ils sont chargés de contrer les guérillas
du PKK.
Le 4.8, le procureur de la République intenta une
action en justice contre 29 membres supposés de Dev-Sol (Gauche
Révolutionnaire) arrêtés à Ankara. Quatre des défendeurs risquent la
peine capitale.
Le 6.8, commençait un procès contre 30 membres
supposés de Dev-Sol, à la CSE d'Istanbul. L'un des inculpés, le Dr
Nilay Sen déclara que tous les inculpés avaient été torturés au cours
de l'interrogatoire de police et qu'à son tour elle dut signer la
déposition car elle était enceinte et craignait de perdre son bébé sous
l'effet de la torture.
Le 6.8, à Konya, 65 personnes qui participaient à un
meeting de protestation contre l'assassinat de Vedat Aydin, survenu le
13 juillet, furent envoyées à la CSE. Tous les inculpés, sept desquels
sont toujours en détention, risquent une peine individuelle de cinq ans
de prison.
Le 6.8, le procureur de la République demanda la
peine capitale pour un inculpé, au cours d'un procès contre le Parti
Communiste de Turquie/Marxiste-Léniniste (TKP-ML) à la CSE d'Istanbul.
Le 10.8, deux présidents locaux du HEP, Seyhmuz
Dogru à Mardin et Davut Yalcinkaya à Kiziltepe, furent arrêtés.
Le 10.8, à Istanbul, cinq travestis et parmi eux un
membre de l'Association pour les Droits de l'Homme (IHD), Ramazan
Demir, furent arrêtés par la police qui fouillait leurs maisons. Par la
suite, le IHD annonçait que les détenus avaient été torturés.
Le 12.8, commença un nouveau procès contre 30
membres supposés du Dev-Sol à la CSE d'Istanbul. 13 des défendeurs
étaient en détention. Parmi eux se trouvait une femme qui déclara avoir
été violée par ses tortionnaires au poste de police et exigea un
contrôle médicale. La demande fut rejetée par la cour.
Le 14.8, à Istanbul, cinq membres du Comité pour les
Droits et les Libertés du Peuple Kurde furent arrêtés par la police
alors qu'ils envoyaient un télégramme au Représentant des Nations Unies
à Ankara pour protester contre l'attaque de l'Armée Turque contre les
camps du PKK en Irak.
Le 14.8, dans la ville de Beykent au Kurtalan, deux
mille personnes prirent part à une manifestation de protestation contre
l'attaque de l'Armée turque contre les camps du PKK dans le nord de
l'Irak. Pendant l'intervention des forces de sécurité, un manifestant,
Salih Koç, fut abattu et quatre autres furent gravement blessés. En
outre, 43 manifestants furent arrêtés. Le même jour, dans une autre
manifestation portant sur le même thème à Nusaybin, les forces de
sécurité ouvrirent le feu sur des femmes et en tuèrent une du nom de
Yesra Akbal.
Le 14.8, la CSE d'Izmir condamna 39 étudiants
universitaires à de peines de prison d'un an et trois mois et deux
autres à dix mois de prison pour avoir célébré le Newroz (Nouvel An
Kurde).
Le 14.8, s'ouvrit à la CSE d'Istanbul le procès de
cinq membres du Dev-Sol, arrêtés le 19 mai après une descente de
police. Deux de leurs camarades, Hatice Dilek et Ismail Oral, sont
morts au cours de la descente et la police affirma qu'ils étaient mort
après avoir provoqué une confrontation armée. Les inculpés affirmèrent
devant la Cour que Dilek et Oral avaient été tués par la police après
avoir été capturés vivants. Ils déclarèrent également avoir été
torturés au cours de leur interrogatoire.
Le 15.8, à Istanbul, 40 personnes accusées de
séparatisme furent mises en accusation devant la CSE, en vertu de la
Loi Anti-Terreur. Parmi les inculpés se trouvaient le président du HEP
d'Istanbul, Osman Özçekik et celui de Tunceli, Mehmet Gülmez.
Le 16.8, la police politique aurait arrêté 44O
personnes à Ankara, 60 personnes à Istanbul et 50 à Izmir au cours
d'une vaste opération disciplinaire.
Le 16.8, trois soeurs d'Elif Tuncer, la présidente
de l'IHD d'Adana, morte dans un accident de circulation, et 17 autres
personnes furent arrêtées à Adana au cours d'une manifestation.
Le 16.8, cinq militants présumés du PKK furent
condamnés par la CSE d'Izmir à un total de 78 ans et 11 mois de prison.
Le 19.8, à Istanbul, la police arrêta 11 personnes
soupçonnées d'être des sympathisants du PKK.
Le 20.8, à Izmir, Sabri Senyüzlü, de 42 ans, fut
arrêté par la police pour avoir insulté le Président Özal, en vertu de
l'Article 159 du Code Pénal.
Le 21.8, à Istanbul, 37 personnes furent condamnées
par la CSE à trois ans de prison chacune pour avoir participé en 1990 à
une marche non autorisée à l'occasion Premier Mai. 16 autres inculpés
furent acquittés.
Le 21.8, la CSE d'Izmir condamna six militants
présumés du Dev-Sol à des peines de prison allant jusqu'à 26 ans et 4
mois. Les condamnés déclarèrent à la cour qu'ils avaient été victimes
de mauvais traitements en prison.
Le 22.8, quatre personnes furent arrêtées dans le
district de Yesilyurt, province de Malatya, pour avoir soutenu le PKK.
Dans la province de Mus, 18 personnes furent arrêtés pour le même motif
et 15 d'entre elles furent mises en état d'arrestation par la cour.
Le 22.8, Murat Toprak et sa soeur, Sevgi Toprak,
accusés de militer dans une organisations clandestine, furent traduits
devant la CSE d'Istanbul. Au cours du procès, les deux inculpés
déclarèrent avoir été arrêtés et torturés pendant leur interrogatoire,
pour être des Alévis. Leur père, Hüseyin Toprak, également arrêté mais
relâché par la suite, déclara avoir été témoin des tortures qui leur
ont été infligées.
Le 22.8, deux personnes furent arrêtées à Adana pour
avoir collé des posters et distribué des tracts.
Le 23.8, une soirée de solidarité envers les
travailleurs en grève de l'Usine de Verre Pasabahçe qui devait avoir
lieu à Istanbul fut interdite par décision du Gouverneur.
Le 23.8, dans le districts de Patnos et Tutak,
province d'Agri, douze personnes furent arrêtées pour avoir donné abri
et nourriture à des militants du PKK. Accusées du même délit, 10
personnes furent arrêtées dans le district de Dargecit, dans la
province de Mardin.
Le 23.8, un prisonnier politique du nom de Muharrem
Yilmaz n'aurait pas été admis dans la Faculté de Médecine de
l'Université d'Egée et ce en dépit du fait qu'il souffrait d'un cancer
du larynx.
Le 26.8, un représentant présumé du PKK, Alaattin
Kanat, fut traduit devant la CSE de Diyarbakir et le procureur demanda
pour lui la peine de mort en vertu de l'Article 125 du Code Pénal.
Le 26.8, à Izmir, neuf personnes accusées
d'appartenir à une organisation clandestine furent arrêtées.
Le 26.8, le maire de Dargecit, dans la province de
Mardin, Süleyman Anik, et son chauffeur, Abdulaziz Agirman, furent
arrêtés au poste de gendarmerie alors qu'ils s'y étaient rendus pour
demander des nouvelles de 19 personnes de leur village arrêtées une
semaine auparavant.
Le 27.8, une personnalité controversée du monde
religieux turc, Adnan Hodja (Oktar) fut traduit devant une cour pénale
d'Istanbul pour avoir insulté Atatürk dans ses conversations. Il risque
une peine de prison de huit ans.
Le 27.8, fut ouvert à la CSE d'Erzincan, un procès
contre 37 personnes pour avoir visité la famille d'un militant du PKK
abattu à Dogubeyazit le 29 juin. Parmi les inculpés se trouvent
également six joueurs d'une équipe de football.
Le 27.8, fut ouvert à la CSE d'Ankara le procès de
quatre personnes accusées de plusieurs tentatives de violence politique
et le procureur public demanda la peine capitale pour trois d'entre eux
et 15 ans de prison pour le quatrième. Les inculpés déclarèrent avoir
été victimes d'un complot où leur déposition fut obtenue par la torture.
Le 28.8, la police annonça l'arrestation de 31
adeptes supposés du PKK et 19 d'entre eux furent mis en état
d'arrestation par la cour.
Le 29.8, à la CSE de Diyarbakir fut ouvert le procès
de 328 personnes arrêtées le 10 juillet après les obsèques de Vedat
Aydin au cours desquelles la police abattit six personnes et en blessa
119. Les inculpés, 52 desquels sont toujours en détention, risquent une
peine de prison de 8 ans chacun. Ceux-ci affirmèrent avoir été torturés
durant leur interrogatoire.
Le 30.8, la CSE d'Istanbul condamna huit militants
supposés du Dev-Sol à des peines de prison allant jusqu'à huit ans.
Neuf des inculpés furent acquittés.
Le 1.9, dans le district de Viransehir, 30
personnes, parmi lesquelles quelques représentants locaux du HEP,
furent arrêtées pour avoir soutenu le PKK.
Le 2.9, cinq personnes furent arrêtées dans le
district d'Hinis, dans la province d'Erzurum, pour avoir mené des
actions en faveur du PKK.
Le 2.9, la police arrêta 100 personnes à Izmir et
six autres à Eskisehir pour avoir mené des actions en faveur du Parti
Communiste Révolutionnaire de Turquie (TDKP).
Le 2.9, à Iskenderun, 40 personnes furent arrêtées
au cours des obsèques d'un activiste politique. Parmi les détenus se
trouvaient également les représentants locaux du HEP et du SP. Un bébé
de 12 mois fut également amené au poste en compagnie de sa mère, Elif
Reyhan.
Le 2.9, dans le district de Viransehir, une femme de
60 ans, Enzelha Agac, fut arrêtée parce que son fils, Hasan Agac,
président local du HEP, était recherché et il ne s'était pas livré aux
autorités.
Le 4.9, un exilé politique, Ramazan Duran, membre du
Conseil Administratif du Parti Socialiste, fut arrêté à l'aéroport
d'Istanbul alors qu'il rentrait en Turquie.
Le 5.9, fut ouvert à la CSE d'Izmir, le procès de
cinq membres supposés de Dev-Sol. Le procureur demanda la peine
capitale pour trois des inculpés et 15 ans de prison pour les deux
autres.
Le 5.9, dans le district de Samandag, dans la
province de Hatay, trois jeunes femmes furent arrêtées en raison de
leurs activités politiques. Le même jour, la police annonça
l'arrestation de 38 personnes à Mardin, Tunceli et Sirnak pour avoir
aidé une organisation illégale.
Le 5.9, des soldats à la recherche d'un groupe de
militants du PKK qui aurait kidnappé cinq touristes étrangers mirent le
feu à une forêt proche du district de Genc, à Bingöl, pour les obliger
à sortir de leur cachette. Environ 3.000 soldats et des équipes
spéciales de la sûreté participèrent à l'opération.
Le 6.9, à Istanbul, 99 étudiants furent condamnés à
des peines de prison allant jusqu'à 20 mois pour avoir fait face à la
police au cours d'une descente menée le 1er mars contre l'Université de
Yildiz.
Le 6.9, à Siirt, environ un millier de personnes
manifesta contre l'assassinat de quatre militants du PKK et les
commerçants locaux se joignirent à l'action en fermant leurs magasins.
Les forces de sécurité firent feu sur les gens, tuèrent une fille de 10
ans, Ozcan Eris, blessèrent trois personnes et en arrêtèrent 30 autres.
Le 6.9, à Nazilli, le président local du SP, Ramiye
Güran, et trois représentants du parti, furent arrêtées par la police.
Le 6.9, le Gouverneur interdit un festival organisé
par le Parti de l'Union Socialiste (SBP) en faveur de la démocratie.
Le 8.9, quatre membres du HEP furent arrêtés dans le
district de Silvan, province de Diyarbakir.
Le 8.9, à Istanbul, six personnes en relation avec
un meeting organisé par l'Association pour les Droits de l'Homme pour
protester contre la Loi Anti-Terreur, furent arrêtées.
Le 8.9, le procureur sollicita du Ministère de la
Justice la levée de l'immunité parlementaire de six membres du
Parlement appartenant au HEP en raison des incidents survenus lors des
obsèques de Vedat Aydin à Diyarbakir. Si leur immunité est levée, le
président du HEP, Fehmi Isiklar et cinq autres députés, Ahmet Türk,
Adnan Ekmen, Ibrahim Aksoy, Mahmut Alniak et Salih Sümer seront jugés
par la CSE en vertu de la Loi Anti-Terreur.
Le 11.9, dans le district de Viransehir, province
d'Urfa, les soldats ouvrirent le feu sur la foule après un incident et
deux paysans furent blessés. Le même jour, dans le district de
Kurtalan, province de Siirt, dix personnes furent arrêtées au cours
d'une manifestation.
Le 12.9, le président local du IHD à Van, Yavuz
Binbay, et trois autres personnes furent arrêtées pour avoir été dans
le district de Malazgirt, province de Mus, pour réconcilier deux tribus
kurdes hostiles.
Le 12.9, à Izmir, la police arrêta neuf membres
supposés du TDKP.
Le 13.9, l'inauguration d'une exposition de photos,
dessins et caricatures à l'occasion de l'anniversaire du coup d'Etat de
1980, subit une descente de police pendant laquelle un étudiant fut
blessé et 23 personnes arrêtées.
Le 14.9, à Ankara, deux membres du SP furent arrêtés
alors qu'ils distribuaient des tracts pour le parti.
Le 14.9, dans le district d'Ulas, province de Sivas,
cinq travailleurs furent arrêtés pour avoir contesté une décision du
Gouverneur.
Le 15.9, la CSE de Diyarbakir ouvrit le procès de 41
personnes arrêtées le 1er juillet dans le district de Bismil pour avoir
protesté contre la Loi Anti-Terreur.
Le 15.9, à Van, douze personnes furent arrêtées pour
avoir aidé le PKK.
Le 16.9, à Istanbul, huit membres du SP furent
arrêtés alors qu'ils collaient les affiches électorales du parti. Ils
furent accusés de propagande séparatiste.
Le 16.9, la CSE d'Ankara condamna quatre personnes à
des peines de prison allant jusqu'à 15 ans pour avoir pris part à des
actions illégales du Parti Communiste de Turquie/Union (TKP/B).
Le 18.9, quatre représentants de la branche
d'Istanbul de l'Association des Infirmières furent jugés à la CSE
d'Istanbul pour avoir enfreint le Code des Associations et avoir fait
de la propagande communiste. Le procureur demanda un an de prison pour
chacun et la fermeture de l'association.
Le 19.9, la Maison du Peuple de Karsiyaka fut fermée
par le Gouverneur d'Izmir pour avoir participé à des actions politiques.
Le 19.9, à Istanbul, neuf membres du SP furent
arrêtés pour avoir collé les affiches électorales du parti.
ÖZAL ET LES LEADERS KURDES D'IRAK
Le chef de l'Union Patriotique du Kurdistan, Jalal
Talabani, dans une manoeuvre destinée à gagner le soutien des
Etats-Unis et de Turgut Özal, déclara: "En Turquie, le mouvement kurde
commença avec Özal. Bien que le PKK se soit attribué la responsabilité,
le mouvement n'a jamais été aussi actif avant Özal."
Dans son article du 4 septembre le journaliste du
Cumhuriyet, Ugur Mumcu, répond à Talabani:
"Talabani a tort, car le mouvement kurde est à
l'ordre du jour depuis l'Empire Ottoman. Talabani ne semble pas très au
courant de l'histoire des Kurdes de Turquie. On pourrait rappeler la
révolte de 1913, ainsi que des rébellions similaires en 1921, 1925,
1926, 1930, 1937-38, et une vague d'arrestations en 1959 et 1963. Bref,
le mouvement kurde a toujours existé. Seules les apparences ont changé.
"Talabani est un dirigeant kurde soutenu par les
Etats-Unis, et il prétend que le mouvement kurde a commencé avec Özal.
La personnalité de Talabani reflète deux caractéristiques typiques de
certains leaders kurdes: chercher le soutien des pays capitalistes
occidentaux, et trahir le nom de leurs associés devant les autorités.
Cette attitude constamment changeante et qui n'inspire aucune
confiance, caractérise le passé et l'avenir de Talabani.
"La politique kurde d'Özal comprend non seulement
'la diplomatie illégale' qu'il mène avec les peu fiables leaders kurdes
par le biais de l'Agence Nationale de Renseignement de Turquie (MIT),
mais aussi l'état d'urgence qui donna lieu à des exils, des
intimidations et proscriptions, et 'l'opération au-delà de la
frontière'. En raison de ces prospections, le Professeur Ismail Besikci
est toujours en prison."
LA LANGUE KURDE TOUJOURS PAS RECONNUE
Alors qu'Özal s'affirme comme le "grand frère" des
Kurdes, le Gouvernement turc ne reconnaît pas l'existence du kurde en
tant que langue.
Le Ministre de la Culture du nouveau gouvernement
ANAP, Gökhan Maras, déclara qu'il était hors de question de permettre
la vente libre de cassettes de musique kurde en Turquie. Il affirma:
"Nous ne pouvons autoriser les cassettes de musique en kurde car le
kurde n'est pas une langue officielle du pays. Je dirai même plus, le
kurde ne peut être considéré comme une langue, car ce n'est qu'un
dialecte, un patois. Nous n'y voyons aucune langue. Bien que la Loi
Anti-Terreur reconnaisse la liberté de langue, celle-ci ne s'applique
pas à un dialecte comme le kurde."
A cette occasion, le Ministère de l'Intérieur
n'autorisa pas la cassette du célèbre chanteur de folklore, Rahmi
Saltuk, intitulée Hoy Nare, sous prétexte qu'elle ne contenait que des
chansons en kurde. Sur ce, Saltuk déclara qu'il irait en appel contre
cette décision.
Une autre manoeuvre contre l'utilisation du kurde
nous vient du premier juge de la Cour de Cassation. A l'occasion de
l'ouverture de l'année judiciaire, le 8 septembre, le premier juge,
Ismet Ocakcioglu déclara: "Je rappelle que la langue officielle de la
République Turque est le turc. C'est le devoir de l'Etat de l'enseigner
à chaque citoyen et de le développer. En vertu de l'Article 42 de la
Constitution turque, aucune autre langue ne peut être utilisée et
considérée comme la langue maternelle des citoyens turcs dans les
institutions éducatives."
AVERTISSEMENT AUX TOURISTES ETRANGERS
Les ambassades occidentales à Ankara ont conseillé
vivement à leurs citoyens d'éviter les visites dans les régions de
sud-est et de l'est de la Turquie, suite aux enlèvements d'étrangers
dans la régions.
Le PKK avait enlevé 10 touristes allemands en
août,mais les relâcha au bout d'une semaine. Le 30 août, un
Britannique, un Australien et trois Américains furent kidnappés et
tenus en otage près du village d'Elmali, dans la province de Bingöl.
Les ambassades britannique, allemande, japonaise,
australienne et italienne ont averti leurs citoyens d'éviter les
régions d'Hakkari et Sirnak. "Les provinces de Siirt, Mardin, Bitlis,
Van, Elazig, Mus, Batman et Tunceli sont également à éviter."
Pour ce qui est du PKK, le 9 septembre à Bruxelles,
il faisait savoir que ces touristes avaient été arrêtés par l'ARGK (la
section armée du PKK) pour des raisons de sécurité dans le territoire
qui, pendant un certain temps, fut sous contrôle du PKK, et qu'ils
seraient libérés une fois que leurs intentions de visiter la région
apparaîtrait clairement. En outre, Abdullah Öcalan, Secrétaire Général
du PKK, au cours d'une conférence de presse prononcée le 17 août,
conseilla aux touristes européens désirant visiter la région de
demander une autorisation délivrée par les bureaux de l'organisation à
l'étranger.
ARRESTATION POUR PROPAGANDE CHRETIENNE
Sept étrangers furent arrêtés le 5 août à Konya pour
avoir distribué de la documentation portant de la propagande
chrétienne. Maref Kaikko, Johanns Vaishenenf et Mikael Vaishenenf de la
Finlande, Mikael Aluster Bon et Thomas Wilham de l'Irlande, Simone
Louise de l'Australie et Keh Chee Kin Stephen du SIngapour furent
relâchés par après, mais ils devaient être jugés par un tribunal local.
Quelques jours plus tard, le 12 août, deux touristes
canadiens, Brent Ian Start et sa soeur Michell Leslie Ann furent
arrêtés à Istanbul pour avoir distribué de la propagande chrétienne.
Ils furent relâchés après avoir été interrogés par le procureur.
LES 141-142 SONT-ILS ENCORE EN VIGUEUR
Bien que les Articles 141 et 142 du Code Pénal Turc
furent abolis par l'adoption de la Loi Anti-Terreur, les anciennes
victimes de ces articles souffrent encore de leurs conséquences.
Dans le passé, tous ceux qui étaient condamnés ou
simplement mis en accusation mais par la suite acquittés en vertu de
ces articles, étaient mis sur une liste de personnes dangereuses ou
suspectes et ils n'étaient pas autorisés à occuper des postes publics
ou à voyager à l'étranger.
Selon le quotidien Cumhuriyet du 12 septembre,
beaucoup de personnes se voient refuser un passeport ou un emploi dans
les services publics, car les listes susmentionnées ne sont pas mises à
jour et dans les ordinateurs, elles apparaissent comme dangereuses ou
suspectes.
8.743 PERSONNES SUR UNE NOUVELLE LISTE NOIRE
Le quotidien Milliyet du 9 septembre rapporte qu'une
nouvelle liste comprenant les noms de 8.743 citoyens turcs soupçonnés
d'activistes contre l'Etat fut dressée par les services des Ministères
des Affaires Etrangères et de l'Intérieur et de l'Agence Nationale de
Renseignement (MIT).
Cette liste aurait été distribuée à toutes les
missions étrangères de l'Etat turc avec l'ordre de ne remettre ou
renouveler le passeport à ces personnes.
PAS D'ENTERREMENT EN TURQUIE POUR UN DISSIDENT
Les autorités turques n'ont pas autorisé
l'enterrement d'un ancien leaderde la jeunesse, Pasa Güven, décédé en
exil à Paris.
Güven avait été privé de la nationalité turque en
raison des activités qu'il menait à l'étranger contre le pouvoir en
place, en compagnie de 200 autres opposants au régime.
En réponse à la demande de sa femme pour qu'il soit
enterré en Turquie, le Ministère des Affaires Etrangères turc déclara:
"Les personnes privées de la nationalité turque ne peuvent être
enterrées dans le territoire turc."
PERSECUTIONS CONTRE LES MEDIAS EN DEUX MOIS.
Le 1.8, le dernier livre du sociologue Dr Ismail
Besikci, intitulé La Terreur dans le Moyen-Orient, qualifié de
séparatiste, fut confisqué par le Procureur de la CSE d'Ankara en vertu
de l'Article 8 de la Loi Anti-Terreur. Une action en justice fut
introduite contre Besikci et son éditeur, Ünsal Öztürk, directeur de la
Maison d'Edition Yurt.
Le 6.8, l'édition du 4 août de l'hebdomadaire Yeni
Ülke fut confisquée par la CSE d'Istanbul en vertu de l'Article 8 de la
Loi Anti-Terreur.
Le 7.8, deux correspondant des quotidiens Milliyet
et Hürriyet, respectivement Mehmet Zeybekoglu et Ahmet Isikli, furent
harcelés au poste de police de Sarayköy, dans la province de Denizli,
alors qu'ils enquêtaient sur une affaire de meurtre.
Le 7.8, les responsables du bimensuel Mücadele
annoncèrent que 11 des 24 numéros de la revue parus jusqu'à aujourd'hui
ont été confisqués par décision de la cour sur base des 27 actions en
justice intentées contre ses rédacteurs. La revue fut condamnée à payer
une amende d'un total de 23 millions de LT (5.000$). En outre, les
bureaux de la revue à Istanbul, à Izmir, à Bursa et à Malatya furent
fouillés à douze reprises par la police. Environ 70 correspondants
volontaires de la revue furent arrêtés à plusieurs reprises et 15
d'entre eux furent mis en détention par décision de la cour.
Le 8.8, l'avocat Serhat Bucak, directeur de
l'hebdomadaire Yeni Ülke fut relâché après une semaine de détention
policière suite à son interrogatoire par la CSE de Diyarbakir.
Le 11.8, une chanteuse de folklore, Mme Yeliz Ipek,
fut arrêtée après son concert à Bitlis pour avoir chanté des ballades
en kurde.
Le 12.8, un correspondant du mensuel Mücadele, Ahmet
Celik, fut arrêté à Malatya.
Le 12.8, le premier numéro de la nouvelle revue
mensuelle, Newroz, fut confisqué par la CSE d'Istanbul car il contenait
certains articles en turc et en kurde.
Le 13.8, un festival culturel et une conférence sur
le thème le SHP et la Démocratie, organisés par la Municipalité
d'Üsküdar, furent interdits par le Gouverneur d'Istanbul .
Le 13.8, le Ministère de l'Intérieur fit savoir à
l'hebdomadaire 2000e Dogru que ses reportages sur les événements du
Kurdistan turc étaient intentionnels et qu'il pourrait être obligé de
fermer ses portes s'il ne cessait ce genre de publications.
Le 16.8, quatre correspondants du quotidien
Hürriyet, Hasan Cömlekci, Bahri Karatas, Cem Bulunmaz et Sedat Özer,
furent harcelés par la police alors qu'ils couvraient une intervention
policière dans un meeting de protestation. Des policiers en colère
détruisirent également leurs caméras.
Le 17.8, le correspondant de Siirt du quotidien
Cumhuriyet, Necati Mumay, fut harcelé par trois policiers.
Le 17.8, à Siirt, un jeune Kurde du nom d'Özcan Öner
fut arrêté et torturé pour avoir chanté des ballades kurdes.
Le 18.8, le guitariste, Erkal Sertkaya, fut arrêté
au cours d'un festival culturel dans la ville de Foca parce que sur son
instrument étaient peints les drapeaux des Etats-Unis et de l'URSS.
Le 19.8, deux correspondant de l'hebdomadaire Yeni
Ülke, Vahap Aslan et Zeki Yarligac, furent arrêtés respectivement à
Nusaybin et à Adiyaman, et furent torturés en vue de les pousser à
abandonner le journalisme.
Le 20.8, la publication N°43 de Yeni Ülke fut
confisquée par la CSE d'Istanbul sous l'accusation de séparatisme.
Le 21.8, la publication N°10 du mensuel Özgür Halk
fut confisqué par la CSE d'Istanbul.
Le 27.8, la Cour de Cassation confirma une peine de
prison de 20 mois pour le rédacteur en chef de la revue Akdogus, Sinami
Orhan. Le journaliste fut immédiatement mis en prison.
Le 27.8, le correspondant à Mazidag (Mardin) de Yeni
Ülke, Ibrahim Yersiz, fut harcelé par quinze policiers.
Le 28.8, le correspondant de Yeni Ülke à Cizre,
Abdullah Arisoy, fut arrêté par la police dans son bureau.
Le 30.8, la représentation de Pir Sultan Abdal par
le Théâtre Birlik d'Ankara à Usak fut interdite par le Gouverneur. Par
le passé, cette pièce fut 27 fois victime d'une interdiction, et à
chaque fois cette décision fut annulée par une cour administrative.
Le 1.9, à Batman, la police politique fouilla toutes
les librairies et confisqua toutes les publications en kurde ou
concernant la question kurde.
Le 3.9, à Istanbul, un correspondant du bimensuel
Emegin Bayragi, Bülent Genc, fut arrêté par la police alors qu'il
interviewait un groupe de travailleurs dans une usine.
Le 10.9, le sociologue Dr Ismail Besikçi, qui se
trouve en détention, fut mis en accusation à la CSE d'Ankara pour son
livre intitulé Le Terrorisme d'Etat dans le Moyen-Orient. Le procureur,
en vertu de l'Article 8 de la Loi Anti-Terreur, demanda une peine de
prison de cinq ans et une amende de 100 millions de LT (2.500$) pour
Besikçi et une autre amende de 100 millions pour son éditeur, Ünsal
Öztürk.
Le 10.9, le correspondant à Nusaybin de Yeni Ülke,
Mecit Akgün, fut arrêté pour avoir participé à un acte de protestation.
Le 13.9, la deuxième édition d'un livre intitulé Mes
Mémoires de l'auteur kurde Musa Anter, fut confisquée par la CSE
d'Istanbul sous prétexte de séparatisme. La première édition de ce
livre fut confisquée l'année dernière en vertu de l'Article 142 du Code
Pénal Turc. Bien que l'Article 142 fut abrogé en avril de cette année,
le livre est soumis à la censure de la nouvelle Loi Anti-Terreur.
Le 13.9, une écrivain suisse, Mme Barbara Anna
Kistler fut jugée à la CSE d'Istanbul pour avoir pris part aux actions
d'une organisation clandestine turque. Mme Kistler déclara qu'elle
avait fait certaines traductions pour un groupe d'opposition turc, mais
n'avait jamais été impliquée dans des actions politiques.
Le 18.9, la deuxième édition du mensuel Newroz fut
confisqué par la CSE d'Istanbul.
Le 19.9, la publication N°29 de l'hebdomadaire 2000e
Dogru fut confisquée par la CSE d'Istanbul en raison d'un article
intitulé "Une Solution pour la Question kurde par le Parti Socialiste:
Une République démocratique, fédérale et reposant sur le travail."
LE DISK REPREND SES ACTIVITES
Après son acquittement par la Cour de Cassation, la
Confédération des Syndicats Progressistes (DISK) reprit ses activités
le 9 septembre, dix ans, onze mois et vingt-sept jours après sa
fermeture, par une cérémonie célébrée dans son siège d'Istanbul. Dans
un premier temps se sont réunis les membres des conseils administratif
et exécutif et du conseil des présidents de syndicats affiliés pour
déterminer le programme de la nouvelle période.
A cette occasion, lors d'une conférence de presse,
le président de la DISK, Abdullah Bastürk déclara: "Le coup d'Etat du
12 septembre 1980 tenta de détruire la DISK, mais les principes de ce
dernier se sont maintenus en dépit du putsch, des tortures et des
pressions fascistes. Et ils se maintiendront pour toujours. Sur base
d'un syndicalisme contemporain et transparent, nous allons adopter,
dans les six mois, un statut en accord avec l législation en vigueur et
dans son cadre nous reprendrons notre lutte."
Lorsqu'il fut suspendu en 1980, la DISK était
composé de 29 syndicats organisés en 24 secteurs et représentait
environ 580.000 salariés.
Si les cours acceptent sa demande, la DISK et les
syndicats affiliés reprendront leurs biens, estimés à 1.5 trillions de
LT (3.5 milliards de $), jusqu'à alors sous la supervision d'un
curateur nommé par l'Etat.
PAS DE SOLUTION IMMEDIATE POUR CHYPRE
Les entretiens maintenus à Paris le 11-12 septembre
entre le Premier Ministre turc, Mesut Yilmaz, et son homologue grec,
Constantine Mitsotakis, n'ont apporté aucun résultat concret si ce
n'est mettre en évidence les franches différences qui existent entre
les deux pays à propos de l'épineux problème de Chypre, de la Mer Egée
et de la situation des minorités ethniques turques en Grèce.
Les deux premiers ministres se trouvaient à Paris
pour assister à la session de l'Union Démocratique Européenne (UDE).
Après sa visite en Grèce et en Turquie en juillet,
le président des Etats-Unis George Bush, avait annoncé que les deux
pays et les leaders turc, grec et chypriote avaient accepté de se
rencontrer aux Etats-Unis. Le Secrétaire d'Etat américain, James Baker,
avait fait parvenir au Premier Ministre turc, Yilmaz, et au leader turc
de Chypre, Rauf Denktas, un message dans lequel il leur demandait de
soutenir les efforts de médiation du Secrétaire Général des N.U. Javier
Perez de Cuellar.
La Grèce et le gouvernement grec de Chypre avaient
demandé à ce que soient inclus les cinq membres permanents du Conseil
de Sécurité des N.U. dans une conférence internationale sur le thème.
La Turquie, de son côté, insiste sur le besoin d'une
conférence comprenant uniquement les représentants de la Turquie, de la
Grèce et les leaders des communautés turques et grecques de Chypre.
Lors des réunions de Paris, les deux côtés
refusèrent de faire la moindre concession sur leurs positions.
CONTESTATION TURQUE EN GRECE
Le licenciement du mufti turc de Xanthi, Mehmet Emin
Aga et son remplacement par quelqu'un designé par le gouvernement grec,
Mehmet Emin Sinikoglu, est à l'origine d'une série de protestation
aussi bien en Grèce qu'en Turquie.
Le gouvernement grec rejeta l'élection de Mehmet
Emin Aga par la communauté comme nouveau mufti. Quelque 300 Turcs qui,
le 24 août, participèrent à un sit-in de protestation à Xhanti, furent
attaqués par un groupe de Grecs sous les yeux complaisants de la
police. 13 personnes auraient été blessées dans l'incident.
Le 26 août, des personnes non identifiées placèrent
une bombe dans une mosquée à Komotini, lieu de résidence d'une
importante minorité musulmane turque.
En signe de protestation contre ces événements, les
leaders religieux turcs de Grèce décidèrent de fermer 15 mosquées pour
une période de quinze jours.
A Istanbul, s'opposant à la décision du gouvernement
grec, l'Association d'Entraide Turque de la Thrace organisa un sit-in
sur les marches du Patriarcat Orthodoxe de Fener qui se poursuivit du
25 au 29 août.
Le Traité de Lausanne de 1923 incluait l'échange des
minorités respectives entre la Grèce et la Turquie; cependant, après
l'échange, il restait à l'époque quelque 100.000 Grecs à Istanbul et
environ 120.000 Turcs dans la Thrace occidentale.
CONTESTATION TURQUE EN BULGARIE
La communauté turque de Bulgarie s'est vue refuser
le droit d'avoir son propre parti politique. Une cour de la ville de
Sofia rejeta une demande introduite par le Mouvement des Droits et des
Libertés (MDL) pour former un parti politique. La Cour Suprême bulgare
rejeta en septembre l'appel du MDL contre cette décision.
Ce mouvement, le troisième plus grand rassemblement
politique de la Bulgarie, représente un million de Turcs en Bulgarie.
Au cours des premières élections libres, tenues en juin 1990, le MDL
obtint 23 des 400 sièges du parlement.
Le procureur de l'Etat, qui prétendait que le MDL
était une organisation reposant sur l'ethnicité, déclara qu'il trouvait
"dangereux" de permettre la constitution d'un parti pour défendre les
droits de personnes membres d'un seul groupe distinct.
L'avocat du MDL soutenait que l'existence des 27
groupements ethniques bulgares sur la liste des membres du
mouvement constituait l'argument le plus solide contre la prémisse
selon laquelle le MDL serait un parti s'appuyant sur l'ethnicité.
Cependant, la Cour Suprême n'a pas pris cet argument
en considération.
En raison de la décision de la Cour Suprême, le MDL
a donc perdu toute chance de se présenter aux élections législatives
bulgares du 13 octobre en tant que parti politique, mais conserve le
droit d'y participer en tant que mouvement. Le MDL a annoncé que soit
il participerait aux élections avec des candidats indépendants soit
placerait ces derniers sur les listes d'autres partis.
Une autre décision du gouvernement bulgare reçut de
nouvelles protestations au sein de la minorité turque.
Depuis la chute de Zhivkov, les Turcs de Bulgarie
demandent le droit d'avoir des leçons de turc à partir du premier
niveau de l'école primaire. Le Ministère de l'Education a récemment
pris la décision d'introduire de cours de turc à partir du troisième
niveau de l'école primaire. Même au troisième niveau, les cours de turc
n'ont pas commencé à l'ouverture de la nouvelle année scolaire.
Sur ce, les membres de la minorité turque n'ont pas
envoyé leurs enfants à l'école le 16 septembre.
Le RFM déclara que les Turcs de Bulgarie étaient
mécontents de voir que les livres de cours turcs étaient édités en deux
langues à la fois. Il accuse les autorités bulgares d'essayer de donner
les cours turcs comme s'il s'agissait d'une deuxième langue maternelle.