CARNAGE AU KURDISTAN
Le Syndrome du Printemps dans le Kurdistan turc a
atteint son point culminant lorsque les forces de sécurité
transformèrent les festivités du Nouvel An kurde (Newroz) en un
sanglant bras de fer entre les troupes turques et la population kurde.
Les premiers incidents violents sont survenus le 21
mars à Cizre après que la police et la gendarmerie aient essayé
d'interdire l'entrée dans la ville d'une marche de villageois qui
portaient le drapeau kurde et chantaient des slogans. Les manifestants
tentaient de rejoindre un autre groupe de personnes réunies dans le
cimetière local lorsque les soldats ont lancé des grenades lacrymogènes
et de fumée avant de tirer avec de vraies balles pour chasser les gens
de l'allée principale vers les ruelles avoisinantes.
Les forces de sécurité ont mené des opérations
répressives similaires dans d'autres villes kurdes. Dans certaines
d'entre elles, des canons auraient été utilisés contre la population
civile. Le 21 mars et les jours suivants, plus de 100 personnes, y
compris des femmes et des enfants, furent abattues par les forces de
sécurité et des centaines de personnes furent blessées.
Selon un rapport publié à Bruxelles le 26 mars
dernier par Le Front National de Libération du Kurdistan (ERNK), le
nombre des victimes s'élève à 47 à Sirnak, 29 à Cizre, 15 à Nusaybin, 6
à Yüksekova, 5 à Van, 2 à Gercüs, 2 à Ergani, 3 à Adana et 1 à Istanbul.
L'ERNK soutient également que pendant l'intervention
militaire, de nombreuses maisons furent détruites par les canons, des
milliers de personnes furent arrêtées sans mandat judiciaire et les
soldats pillèrent de manière systématique les maisons et les magasins.
La terreur d'Etat pendant le Newroz donna lieu à des
actions de protestation à travers tout le pays. De nombreux
manifestants furent dispersés de force et un grand nombre de personnes
furent arrêtées.
L'acte de protestation le plus dramatique fut le
suicide par immolation de la jeune femme kurde, Resan Demirel, le 22
mars à Izmir.
Avant les festivités du Newroz, le Syndrome du
Printemps, qui avait été déclenché par les déclarations du Président de
la République Özal (voir Info-Türk de mars 1992), fut aggravé par le
Général Teoman Koman, chef de l'Organisation Nationale de
Renseignements (MIT). Il déclara le 9 mars au quotidien Milliyet, "Nous
courrons de grands risques dans les jours qui viennent. Lorsque le PKK
mènera ses opérations, nous y répondrons par la force armée. Le PKK et
ses partisans s'enfuiront alors vers l'Irak, près du 36e parallèle.
Saddam Hussein mènera alors une opération dans le nord, où se trouvent
les Kurdes, et tentera de les anéantir. Ce sera donc la plus grande
inquiétude : un massacre kurde."
Les forces de police, complices des l'organisation
terroriste islamiste Hezbollah, intensifièrent à tout moment leurs
actions contre les Kurdes. Le 5 mars, par exemple, les qui assistaient
aux funérailles d'un de leurs collègues mort au cours d'une
confrontation armée avec les guérillas kurdes, organisèrent une
manifestation à Sirnak où ils criaient, "Sirnak sera une tombe pour les
Kurdes". Alors qu'ils défilaient dans les rues de la ville ils
harcelèrent 50 personnes, les insultant et les menaçant, et
détruisirent de nombreux magasins.
Par ailleurs, le 10 mars, le gouvernement ordonna à
toutes les autorités locales d'intervenir si au cours du Newroz les
gens déployaient des drapeaux ou transformaient les festivités en
manifestations politiques.
Le 12 mars, le Parti Travailliste du Peuple (HEP)
indiquait qu'environ 200.000 commandos avaient été envoyés dans les
régions agitées pour combattre les nationalistes kurdes.
En réponse, le PKK fit savoir qu'il était disposé à
déployer le drapeau rouge, vert et jaune et avertit le gouvernement :
"Nous le célébrerons comme nous l'entendons et s'ils interviennent, ils
seront responsables d'un massacre."
un rapport du shp contredit le gouvernement
Bien que le gouvernement turc ait accusé le PKK
d'avoir provoqué les incidents, une mission spéciale d'investigation du
Parti Social Démocrate du Peuple (SHP), intégrant la coalition,
contredit le gouvernement et accuse les forces de sécurité d'avoir
provoqué ces sanglants incidents par l'usage d'une force excessive.
Trois dirigeants du SHP et deux députés ont
également affirmé que les autorités locales avaient perdu le contrôle
des forces de sécurité dans les zones agitées.
Dans deux rapports soumis le 7 avril à Erdal Inönü,
président du parti et vice-premier ministre, les représentants du SHP
décrivent de nombreux incidents dans lesquels les forces de sécurité
furent les premières à tirer sur la population civile. Ils affirment
que même dans les cas où il n'apparaissait pas clairement qui avait
déclenché la violence, on soupçonnait l'intervention de provocateurs.
Ils ont également demandé une révision de la
politique menée par la Turquie dans le Sud-est, soulignant que tout ce
que voulaient les gens était l'égalité et la démocratie.
Le premier rapport, de 16 pages, fut élaboré par le
trésorier du parti, Ziya Halis, le secrétaire général adjoint, Ercan
Karakas, le membre du conseil exécutif, Mustafa Gazalci et le député de
Malatya, Mustafa Yilmaz. Ce rapport affirme que "les forces de sécurité
ont tiré sur les gens", lorsqu'un groupe tenta de franchir une
barricade de la police. "A ce moment", précise le rapport, "17
personnes sont mortes et beaucoup d'autres furent blessées."
"Après le massacre", poursuit le rapport, "les
forces de sécurité continuèrent à tirer de 10 à 12 heures. Les blessés
furent évacués dans des ambulances. Celles-ci furent arrêtées près de
Nusaybin et leurs occupants furent frappés." Selon le rapport, les
coups de feu reprirent le 22 mars à 19 heures et se poursuivirent sans
arrêt pendant 22 heures.
"Avec tant de tension, c'est une petite étincelle
qui déclencha les incidents. Peut-être que ce fut réellement le PKK ou
ceux impliqués dans des préparations pour un coup-d'Etat et qui veulent
atteindre le gouvernement ou un provocateur au sein de l'Etat agissant
pour une autre raison qui tira le premier coup.
"Car les forces de l'Etat ne sont pas toujours en
mesure de reconnaître les membres du PKK, qui frappent et s'enfuient,
elles peuvent tirer pendant des heures et prétendre que le PKK se
trouve parmi les gens. C'est ce qui est arrivé à Sirnak. Ils ont tiré
pendant 22 heures. Les autorités disent qu'il s'agissait d'une
confrontation mais les gens soutiennent qu'il s'agissait d'une attaque
à sens unique par les forces de sécurité."
Pour ce qui est des "déclarations officielles"
provenant de cette région, le rapport indique que les autorités locales
"ont cru ce que leur disaient les soldats. "En tout cas, ils ont perdu
leur force et leur autorité face à la police et les soldats."
Faisant remarquer que le PKK avait étendu son
pouvoir dans la région en raison des politiques répressives suivies
après le coup-d'Etat militaire du 12 septembre 1980, le rapport dit :
"En fait on ne peut pas dire que la majorité des gens soutienne le PKK.
Tout ce qu'ils veulent c'est vivre comme des êtres humains, sans
répression, dans l'égalité, la démocratie et la paix. Il n'est toujours
pas possible de déterminer qui déclencha les incidents, et il n'est pas
clair que les gens qui seraient ‘apparus durant la nuit’ soient des
militants du PKK descendus des montagnes où ceux vivant parmi la
population. Pour cette raison, des mesures draconiennes ont été
adoptées. La province et les districts soumis à une forte présence de
la police et des soldats semble se trouver sous la loi martiale."
Dans une section appelée "officiels d'Etat", le
rapport affirme que personne ne peut parler d'un Etat démocratique
judiciaire dans la région, précisant que les autorités adoptent des
attitudes différentes selon le lieu où ils se trouvent et leurs
opinions.
"Certains se sont soumis à l'autorité militaire et
sont trop effrayés, n'osant même plus téléphoner" dit-il se référant au
gouverneur de Sirnak, Mustafa Malay. Faisant allusion à des rapports
qui soutiennent que le gouverneur de Cizre, Cavit Erdogan, est un
sympathisant du Parti Travailliste National (MCP), le document dit, "il
peut parler librement de faire sauter le minaret."
Le rapport critique également le gouverneur
régional, Ünal Erkan, pour avoir pris position en faveur des sévères
mesures et avoir accepté le fait que "n'importe quoi puisse arriver"
dans la guerre contre le PKK, même la mort de civils. "Sous peu,
l'administration ne sera plus composée de personnes qui s'approchent
des gens avec affection ou comprennent la psychologie humaine et
sociale", affirme le rapport. Soit ils ont cédé à l'autorité militaire
soit ils considèrent que tout est acceptable sous prétexte qu'ils sont
l'Etat."
Le rapport souligne que dans le Sud-est tout n'est
pas perdu et qu'en dépit du manque de confiance en l'Etat, des
solutions démocratiques sérieuses pourraient encore trouver un écho
favorable parmi les habitants de la région.
Dans sa conclusion, le rapport souligne que le
Newroz aurait dû se dérouler en paix en accord avec le mouvement de
démocratisation suivi par la coalition gouvernementale.
"Malheureusement, face aux manifestations et autres activités de la
région, une partie des forces de sécurité s'est montrée impatiente, et
en tirant sur la population civile ils ont abouti à une carnage et à
une escalade des incidents. Ces expériences douloureuses ont démontré
encore une fois que le problème kurde ne peut pas être résolu par la
force. Le problème peut être résolu par l'adoption de nouvelles
politiques qui tiennent en compte l'origine ethnique et l'identité
culturelle," conclue le rapport.
Ce rapport semble avoir été critiqué par le
président Inönü qui le qualifia "être opposé au gouvernement et aux
forces de sécurité."
Le deuxième rapport fut préparé par le député de
Sirnak du SHP, Mahmut Alniak, après le voyage qu'il fit dans le Sud-est
en compagnie d'une délégation du parti."
Dans son rapport, Alniak accuse la police et les
soldats de s'être substitués à l'autorité civile dans la région,
établissant une autorité indépendante du gouvernement. Il déclare qu'il
n'apparaît pas clairement qui donne les ordres à la police et à
l'armée, faisant allusion aux incidents de Sirnak où, en deux semaines,
23 personnes furent tuées et des dizaines d'autres furent blessées.
Alniak rapporte que la délégation du SHP ne put trouver aucune autorité
qui puisse leur donner la permission de parler aux personnes arrêtées.
Devant les rumeurs selon lesquelles les femmes
locales étaient en détention vêtues uniquement de leurs bas, la
délégation demanda au gouverneur de Sirnak la permission de voir et
parler aux personnes détenues. Le gouverneur leur fit savoir qu'il ne
disposait pas de l'autorité nécessaire pour accéder à leur démarche.
"Qui gouverne cette province ?" demanda Alniak,
accusant l'autorité civile d'être tombée sous le pouvoir de l'armée.
Selon lui, même les gens influents du SHP et du DYP
pensent que les forces de sécurité sont les seules responsables des
dégâts qui coûteront des millions de lires.
Il conclut, "L'autorité n'est pas du côté du
gouvernement mais du côté des soldats, de la police et des équipes
spéciales."
bombardement turc des villages kurdes
Après des semaines de tension croissante et
d'attente dans l'agitée région du Sud-est, le 1e mars, les forces
turques lancèrent une opération aérienne de grande envergure contre les
camps du PKK dans le nord de l'Irak. Les raids aériens se sont
poursuivis et les avions turcs ont lâché leurs bombes dix kilomètres à
l'intérieur du territoire irakien.
Les avions auraient bombardé également les montagnes
de Cudi, du côté turc de la frontière.
Le Parti Démocrate du Kurdistan Irakien dénonça
auprès du Ministère des Affaires Extérieures turc le bombardement des
villages kurdes en Irak. Le porte-parole du parti à Ankara, Safeen
Dizai, expliqua que les avions turcs avaient touché les villages de
Sejek, Lilkan et Bozan, tuant 12 civils. Il fit également remarquer que
ces habitations se trouvaient à quelque 20 km en dehors de la route qui
mène aux camps du PKK et à 40 km de la frontière turque.
Le 11 mars, le leader kurde en Irak, Massoud
Barzani, critiqua les politiques contradictoires menées par la Turquie,
et indiqua que les récentes attaques aériennes contre les camps de
réfugiés avaient causé la mort de 50 personnes.
D'autre part, le 5 mars, le Haut Commissaire aux
Réfugiés des Nations Unies (UNHCR), Sadako Ogata, exprimait une "grande
préoccupation pour la mort d'innocents civils" dans des bombardements.
Neuf personnes, parmi lesquelles se trouvaient deux
mères et leurs trois enfants, furent tuées à Khazhak, un des villages
bombardés, situé à 30 km de la frontière turque et où les travailleurs
du UNHCR arrivaient dans les 24 heures après le raid, déclarait Ogata.
Les bombardiers détruisirent 29 des 40 maisons du village, ajouta-t-il.
Les représentants du UNHCR dans la région
affirmèrent que cinq autres villages reconstruits par l'agence des N.U.
pour les Kurdes d'Irak avaient également été bombardés pendant le raid,
causant de nombreux dégâts et plusieurs blessés.
La Turquie avait déjà déclenché trois opérations
contre des cibles supposées du PKK en Irak au cours de l'automne 1991
mais avait été sévèrement critiquée par les Kurdes d'Irak pour avoir
bombardé des emplacements civils causant de nombreux blessés. Barzani,
lui-même, rapporta la mort de 40 civils et la destruction par le feu
d'arpents de terre cultivée lors des raids aériens en 1991 et ajouta
que sa ville natale avait également été touchée.
soutien américain aux opérations turques
Le 10 mars, les Etats-Unis déclaraient comprendre
les raids aériens menés par la Turquie dans le nord de l'Irak qui
n'étaient qu'une réponse aux continuelles attaques des séparatistes
kurdes. Lorsque le Premier Ministre Demirel visita Washington en
février dernier, les Etats-Unis lui avaient déjà promis la livraison
d'armes sophistiquées, dont six hélicoptères Cobra, pour le mois
suivant.
Selon un rapport du UPI daté du 31 mars, la Turquie
s'est servie d'informations américaines pour mener son raid contre les
camps du PKK dans le nord de l'Irak. Les Etats-Unis avaient recueilli
ces informations grâce à leurs satellites, à des agents sur le terrain
et à la technologie électronique. Un des satellites d'information se
trouve en orbite fixe au-dessus de l'Irak.
Le rapport dit également que les opérations
aériennes furent menées avec des avions vendus par les Etats-Unis à la
Turquie, notamment des F-16 et des Phantom F4. Il souligne que le
contrat de vente stipule que les armes ne peuvent être utilisées que
dans le cadre de la sécurité interne et pour des opérations légitimes.
collaboration entre la police et le hezbollah
En mars, le Hezbollah islamique (Parti de Dieu),
soutenu par la police et l'Organisation Contre-Guérilla, intensifia ses
attaques contre les leaders et militants nationalistes kurdes.
Les attaques attribuées à l'Hezbollah ont causé la
mort d'au moins 15 personnes, blessé 19 autres et embrasé 25 magasins.
La plupart des attaques ont eu lieu dans des régions
prétendument contrôlées par le PKK.
Le Hezbollah surgit après que les forces de sécurité
aient été infiltrées par des activistes islamistes radicaux pendant le
gouvernement de l'ANAP.
L'hebdomadaire 2000e Dogru, affirmait le 16 février
dernier qu'un groupe de militants du Hezbollah était en train de suivre
un entraînement dans les quartiers des équipes spéciales
anti-térroristes à Istanbul. Le reporter de l'hebdomadaire, Halit
Güngen, fut tué d'une balle dans la tête par le Hezbollah deux jours
après la publication de cette information.
Les sources du PKK affirment que ceux impliqués dans
la récente vague d'assassinats et d'attaques sont de très jeunes
militants de moins de 16 ans. "A cet âge-là on peut leur faire croire
n'importe quoi et en faire des tueurs dès qu'on leur met une arme entre
les mains", concluaient-elles.
Dans certains villages, surtout autour de Mardin et
à la frontière avec la Syrie, le Hezbollah mène également sa campagne
avec la distribution gratuite dans les marchés de cassettes en arabe.
Certains marchés, dans les grandes villes, sont en fait dirigés par les
membres du Hezbollah et les sources locales soutiennent que la police
est au courant.
A Nusaybin, les voitures de patrouille de la police
font souvent entendre les cassettes de l'Hezbollah, en arabe,
lorsqu'elles passent dans les rues.
Les villages situés à la frontière deviennent des
villes fantômes durant la nuit avec les rideaux de fer des magasins
tirés. Les gens s'enferment chez eux et dans les rues on ne voit que
les équipes spéciales de lutte anti-terroriste.
Quasiment chaque nuit, des inconnus frappent aux
portes et s'identifient comme étant des "guérilleros" mais les gens ont
appris à ne pas répondre. Ouvrir une porte pourrait signifier être tiré
hors de chez soi, être interrogé à la manière du Hezbollah et être
abattu ou exécuté.
Récemment, le 6 mars, trois militants du Hezbollah
tirèrent sur un technicien dentaire, Serif Akinci, au milieu de la rue.
Bien que sérieusement blessé, Akinci survécut à l'attaque.
Une équipe du PKK suivit les tireurs. L'un d'eux fut
tué et deux autres furent blessés avant de s'enfuir.
Le PKK a déjà capturé 10 militants du Hezbollah .
Ils auraient avoué les noms d'un groupe de 200 personnes qui
collaboraient avec la police locale.
L'etat d'urgence prolongé
Le 17 mars, quatre jours avant le Newroz, le
Parlement turc approuva par une majorité écrasante le prolongement de
quatre mois de l'état d'urgence dans dix provinces du Sud-est. Ce
prolongement était une des principales raisons de l'escalade du
Syndrome du Printemps.
D'un total de 450 parlementaires, 382 étaient
présents à la session et 321 ont voté en faveur d'un prolongement de
l'état d'urgence. 58 ont voté contre, un s'est abstenu et deux votes
furent déclarés nuls.
29 des députés qui ont voté contre le prolongement
de l'état d'urgence sont des députés du SHP et 18 d'entre eux étaient
des anciens membres du Parti Travailliste du Peuple (HEP). Les autres
29 votes négatifs provenaient des deux indépendants, Leyla Zana et
Hatip Dicle, et de 27 députés du Parti du Bien-être (RP).
Le néo-fasciste MCP vota comme les deux partenaires
de la coalition, le SHP et le DYP, pour un prolongement de l'état
d'urgence.
Lorsqu'il était dans l'opposition, le SHP s'était
montré contraire à ce régime extraordinaire dans le Kurdistan turc, et
après les dernières élections législatives il était arrivé au
gouvernement avec la promesse de le supprimer.
Malgré une forte opposition des membres du parti, la
majorité du groupe parlementaire du SHP vota en faveur d'un
prolongement de l'état d'urgence.
plus de soutien au gouvernement
Avant le Newroz, le Parti Travailliste du Peuple
(HEP) adressa une série de mises en garde au gouvernement pour qu'il
calme la situation, mais la coalition DYP-SHP ne les tint pas en compte
et continua d'envenimer la situation.
Sur ce, le 11 mars, le HEP annonçait qu'il retirait
son soutien dans le Sud-est à la coalition gouvernementale d'Ankara,
mettant fin à un "mandat kurde" de trois mois concédé à Demirel pour
arranger les choses.
Après une enquête de quatre jours dans plusieures
porvinces de la région, le Secrétaire Général du HEP, Ahmet Karatas,
affirma :
"Nous avions déjà averti le gouvernement pour qu'il
mette fin aux violations des droits de l'homme et à la violence dans le
Sud-est. Maintenant nous avons décidé de retirer tout notre soutien et
d'organiser des actes de protestation massifs contre les dirigeants
gouvernementaux."
Karatas accusa la coalition gouvernementale de
poursuivre la "guerre spéciale" qui commença dans la région sous
l'administration du Parti de la Mère-Patrie et fit remarquer que malgré
les promesses de rétablissement du respect des droits de l'homme et des
libertés et de transparence du système, au cours des trois derniers
mois, les violations n'avaient fait que s'intensifier dans la région.
Un groupe de représentants de la presse qui
accompagnait la délégation du HEP dans son tour de la région ne cessa
d'entendre parler de massacres, incendies criminels et harcèlements de
la part des forces de sécurité et du Hezbollah.
les députés kurdes démissionnent du shp
Etant donné que le gouvernement ne tient pas le
moindre compte de tous les avertissement et que la direction du parti
ne tient pas ses promesses sur la démocratisation du Kurdistan, 14 des
députés du SHP d'origine kurde ont abandonné le parti le 31 mars
dernier après avoir publié une lettre de 3 pages.
La déclaration accuse le gouvernement de tenter
d'assimiler la question kurde au "terrorisme." Rappelant qu'au début,
les déclarations du Premier Ministre Demirel sur "la reconnaissance de
la réalité kurde" avaient reçu le soutien de la population, la lettre
dit ceci : "Nous avons donné notre soutien, du temps et du crédit. Mais
le processus de démocratisation promis n'est pas appliqué."
"En peu de temps, adoptant les méthodes préconisées
par certains centres et cercles, il [le gouvernement] a mis en pratique
des politiques de répression, d'intimidation, d'exécution sans
jugement, de terrorisme, d'activités contre-guérilla et de bombardement
d'objectifs civils, qui peuvent être résumées en un mot ‘destruction’.
Il n'a laissé que douleur et larmes," précise la lettre.
La déclaration refusait l'idée que le problème kurde
soit un problème artificiel pour rompre l'intégrité de la Turquie et
expliqua qu'il s'agissait "justement du contraire, ce sont le problème
et la réalité propres du pays."
Elle dit également que pour devenir un pays fort
dans le monde et au Moyen-Orient, la Turquie devrait résoudre le
problème kurde d'une manière contemporaine et démocratique.
les innocentes demandes de kurdes
14 députes ont résumé en dix titulaires les
innocentes demandes de la population du Sud-est :
"1. Supprimer toutes les lois et réglementations
antidémocratiques héritées du coup-d'Etat du 12 septembre et qui ont
empêché la Turquie d'accéder à la démocratie.
"2. Abolir l'état d'urgence avec toutes ses
réglementations et institutions.
"3. Garantir à tous les citoyens le droit de vivre
en paix et fournir une explication pour les ‘crimes’ inexpliqués.
"4. Inclure l'identité kurde dans la Constitution,
les lois et les documents internationaux, admettre la langue kurde en
tant que langue d'éducation, la diffusion en kurde et le droit de
développer et étendre la culture, l'art, le folklore et la civilisation
kurdes.
"5. Favoriser les conditions permettant aux
populations locales de s'exprimer librement, de s'organiser et de
décider de leur avenir et donc supprimer les obstacles qui entravent
ces droits et conduisent à une escalade du terrorisme.
"6. Civiliser la société et abandonner le système
des gardiens de village.
"7. Supprimer le déséquilibre entre les différentes
régions et accélerer les investissemente financés par l'Etat et
encourager les investissements privés.
"8. Supprimer l'interdiction qui empêche certains
villageois de vivre dans les hameaux ou de monter dans les montagnes et
donner une compensation immédiate à ceux qui ont été déplacés de leur
village.
"9. Approuver les réformes judiciaires tant évoquées
et introduire des normes modernes dans les processus d'interrogation et
les procès.
"10. Améliorer les conditions de travail et leur
appliquer les normes de l'Organisation Internationale du Travail."
La lettre dit qu'au lieu de donner une réponse
positive à ces "innocentes demandes", le gouvernement se tourne vers
des mesures policières et la violence pour résoudre les problèmes dans
le Sud-est de la Turquie. "Pour démontrer la puissance de l'Etat, du
sang et des larmes ont été versés dans la région."
La déclaration conclut par une promesse de soutien à
toute démarche démocratique et à toute réforme que le Parlement puisse
entreprendre sur la question kurde, précisant que les députés qui ont
démissionné sont disposés à tous les sacrifices.
discrimination envers les prisonniers kurdes
Le Tribunal Constitutionnel a confirmé récemment la
discrimination à laquelle sont soumis les prisonniers kurdes en
refusant un appel pour que soit annulée une partie controversé de la
Loi Anti-Terreur.
Cette loi, adoptée le 12 avril 1991, supprima
plusieurs articles du Code Pénal Turc comme le 140, le 141, le 142 et
le 163 et stipule la mise en liberté conditionnelle de quelque 40.000
prisonniers. Cependant, en vertu de l'article 4 provisoire de la
nouvelle loi, la réduction des peines pour délit contre l'Etat (prévues
par les articles 125 et 146 du Code Pénal Turc) fut plus limitée : la
peine capitale fut commuée en 20 ans de prison; les condamnations à vie
furent réduites à 15 ans de prison et les autres peines furent réduites
à un tiers de la sentence totale.
Le 22 juillet, le Tribunal Constitutionnel
supprimait les restrictions concernant les victimes de l'Article 146.
Ceux qui ont donc été condamnés en vertu de cet article, surtout des
militants des organisations turques de gauche, ont été relâchés.
Pour ce qui est des prisonniers politiques kurdes,
principalement des militants du PKK, ils ont été condamnés en vertu de
l'Article 125 du Code Pénal Turc.
Le Tribunal Constitutionnel a examiné pendant près
d'un an les appels concernant les victimes de l'Article 125 du CPT. Le
31 mars 1992, finalement, il prononça son verdict juste après le bain
de sang du Newroz.
Refusant de lever les restrictions dues à l'Article
125, le Tribunal Constitutionnel a condamné les prisonniers politiques
des organisations kurdes à rester derrière les barreaux marquant ainsi
son accord avec l'attitude discriminatoire que d'autres organes de
l'Etat adoptent à l'égard des Kurdes.
tension germano-turque après le newroz
Le 26 mars, après les incidents du Newroz, le
gouvernement allemand décidait d'interrompre les livraisons d'armes à
la Turquie car Ankara utilisait ces armes contre la minorité kurde du
pays. Un cargo portant de l'aide militaire à la Turquie fut
immédiatement rappelé.
A la décision de Bonn, la Turquie riposta par une
campagne anti-germanique et l'Allemagne fut accusée de soutenir le PKK.
Plusieurs groupes de pression ont donc appelé à boycotter les produits
allemands.
En fait, la décision du gouvernement allemand
d'interrompre les envois vers la Turquie fut provoquée par l'insolente
attitude de Demirel devant les critiques des médias occidentaux à
l'égard de l'oppression des Kurdes en Turquie. Le 24 mars, s'adressant
au groupe parlementaire du DYP à propos des critiques de la presse
occidentale et des organisations des droits de l'homme, Demirel dit :
"Nous n'avons pas l'intention de nous incliner devant la pression
occidentale. Je n'ai pas peur de la presse étrangère ni d'aucune autre
réaction internationale."
Après la décision du gouvernement allemand, Demirel
continua de trouver justifiable le terrorisme d'Etat dans le Kurdistan
turc.
Au cours d'une conférence de presse, Demirel déclara
que la réaction allemande s'appuyait sur de fausses informations de la
presse. "Je demande à n'importe quel pays dans le monde: Que
faites-vous des gens qui prennent des fusées, des mortiers, des armées
anti-aériennes et versent le sang des enfants, des jeunes ou des
soldats de manière sans discrimination? Et bien, la Turquie en fait de
même. Ce qu'ils ont fait pour le Gang Baader-Meinhof, nous
l'appliquerons aux incidents de notre pays. Nous sommes aussi justes
qu'eux [les Allemands]," ajouta-t-il.
Demirel contrasta également la réaction allemande
avec celle des Etats-Unis, la Grande Bretagne et la Hollande.
Plus grave encore, Turgut Özal, Président de la
République, alla plus loin et augmenta la tension entre les deux pays
en évoquant le passé nazi de l'Allemagne.
Le 29 mars, dans une interview pour le quotidien
Cumhuriyet, Özal déclara : "L'Allemagne a beaucoup changé après
l'unification. C'est comme si elle essayait d'intervenir partout,
d'interférer auprès de tout le monde et de prouver qu'elle est une
grande puissance. Il est clair que l'Europe doit prendre garde à cela.
Il s'agit là d'un comportement erroné. Par le passé, l'Allemagne
d'Hitler fit la même chose. Bien sûr, elle le fit d'une autre manière.
Aujourd'hui l'Allemagne adopte ce même comportement, mais en utilisant
mal sa puissance économique ou en proférant des menaces, elle
découvrira très vite qu'elle n'a pas emprunté le bon chemin."
Dans cette interview, Özal accusa également Genscher
d'essayer de s'attirer l'alliance de groupes sympathisant avec le PKK.
Le gouvernement du Chancelier Helmut Kohl réagit
durement aux déclarations d'Özal qualifiant la référence au "Nazisme"
"d'excessive et absurde."
Après l'Allemagne, la Norvège annonça qu'elle avait
retiré à une firme privée l'autorisation de vendre du matériel
militaire à la Turquie. "Nous avons supprimé la licence d'exportation
parce qu'en Turquie, la situation ne satisfait pas les conditions
d'exportation," déclara le porte-parole du Ministère des Affaires
Extérieures.
Le 28 mars, l'Autriche s'est jointe à l'Allemagne et
à la Norvège et remit une note diplomatique à la Turquie contestant
l'action militaire turque dans le Sud-est.
soutien du gouvernement à un parti fasciste
Dans une surprenante démarche, la coalition de
centre-gauche a récemment décidé d'accorder une aide financière au
Parti Travailliste Nationaliste (MÇP), organisation néo-fasciste de
l'ancien colonel Alparslan Türkes.
Le 23 mars, la Commission Parlementaire de
Planification Budgétaire approuva une proposition visant à concéder une
aide financière de l'Etat au MÇP aussi importante que celle que reçoit
le Parti Démocratique de la Gauche (DSP).
Le MÇP recevrait de la Trésorerie une somme tournant
autour des 6 milliards de LT (1 million de $).
La proposition fut signée au nom du SHP par le
vice-président du groupe parlementaire du parti, Aydin Güven Gürkan,
sans demander l'avis des autres membres du groupe.
Ce fait accompli fut sévèrement critiqué par l'autre
vice-président du groupe parlementaire, Mahmut Alniak, qui est un
député d'origine kurde.
Selon les observateurs politiques, en finançant le
parti des néofascistes, le gouvernement paie le prix de leur soutien
aux mesures répressives, tel que le prolongement de l'état d'urgence.
terrorisme d'état en mars
Le 1.3, onze personnes furent arrêtées à Konya par
la Cour de la Sûreté de l'Etat pour avoir collé des posters d'une
organisation illégale.
Le 2.3, la police empêcha par la force une
manifestation de travailleurs devant le bureau d'une compagnie de
transport. Onze d'entre eux furent battus par la police et 200
syndicalistes et travailleurs furent arrêtés.
Le 2.3, à Rize, deux étudiants universitaires furent
arrêtés pour avoir collé sur un mur le poster d'une organisation de
gauche.
Le 2.3, six étudiants furent blessés à l'Université
d'Istanbul au cours d'une escarmouche entre groupes de gauche et de
droite. La police arrêta dix étudiants.
Le 2.3, au cours d'un raid dans une maison de Van,
la police abattit trois personnes et en arrêta huit autres parmi
lesquels se trouvaient des enfants. Au cours de l'opération, une femme
de 90 ans fut blessée et hospitalisée.
Le 3.3, à Izmir, la police empêcha de force que des
travailleurs du transport dressent une tente. 35 d'entre eux furent
arrêtés.
Le 4.3, à Izmir, un étudiant universitaire de 20
ans, Eralp Yazar, fut abattu par la police qui tira sur une
manifestation illégale. Quinze personnes furent arrêtées.
Le 4.3, à Adana, la police arrêta dix personnes aux
cours d'une série d'opérations menées dans les quartiers kurdes.
Le 5.3, à Istanbul, l'avocat Seref Turgut fut frappé
au poste de police où il se rendait pour voir sont client qui y était
détenu.
Le 5.3, à Izmir, des groupes de droite firent une
descente dans la cantine de l'Université 9 Eylül et trois étudiants
furent blessés au cours d'une confrontation entre des groupes opposés.
Le 6.3, à Izmir, cinq personnes furent arrêtées
alors qu'elles distribuaient des tracts du Parti Socialiste (SP) à
l'occasion du Jour International de la Femme.
Le 6.3, une confrontation entre des groupes de
droite et de gauche causèrent dix morts à l'Université d'Ankara. Après
l'incident la police arrêta 20 étudiants.
Le 7.3, à Istanbul, une table ronde sur Atatürk,
organisée par la Fondation des Recherches Scientifiques, fut interdite
par le Gouverneur.
Le 7.3, les forces de sécurité arrêtèrent quatre
personnes au cours de diverses descentes effectuées dans plusieurs
maisons à Bingöl.
Le 8.3, à Karaman, le propriétaire d'une maison de
thé, Mehmet Zeki Özirmak, fut torturé dans un poste de police où il
avait été emmené dans le cadre d'une enquête.
Le 8.3, à Diyarbakir, la police annonça
l'arrestation de neuf personnes, dont cinq médecins, au cours des
opérations de la semaine précédente.
Le 8.3, à Adana, une manifestation de 150 personnes
pour le Jour International de la Femme fut empêchée par la police et 50
personnes furent arrêtées. Le même jour à Istanbul, au cours d'une
autre manifestation, la police blessa deux personnes et arrêta huit
autres.
Le 9.3, à Midyat (Mardin), Mehmet Emin Dimen, de 18
ans, déclara avoir été torturé au poste de police suite à son
arrestation, le 24 février, et il eut deux côtes cassées.
Le 10.3, la CSE d'Erzincan condamna un ressortissant
syrien, Muhammed Isa Sahin, à la peine capitale en vertu de l'Article
125 du Code Pénal Turc pour avoir pris part à des actions du PKK.
Le 10.3, les forces de sécurité arrêtèrent douze
personnes à Adana et 34 à Diyarbakir au cours d'une série d'opérations
anti-PKK.
Le 10.3, à Izmir, la police arrêta un officiel du
HEP, Mehmet Zeynettin Unay.
Le 10.3, la police arrêta six étudiants au cours des
opérations de ratissage à Adana.
Le 11.3, la CSE d'Istanbul initia le procès de 23
personnes accusées d'avoir mis le feu à un supermarché à Istanbul
causant la mort de 23 personnes. Le procureur demande la peine capitale
pour huit des défendeurs et des peines de prison allant jusqu'à 20 ans
pour les autres.
Le 12.3, à Istanbul, trois femmes furent arrêtées
pour avoir collé des affichés pour les festivités du Newroz.
Le 13.3, à Antalya, un détenu non-politique, Seki
Böckün, serait mort sous la torture pendant son interrogatoire au poste
de police.
Le 13.3, à Izmir, la police annonça l'arrestation de
60 personnes au cours d'une opération menée contre une organisation
illégale.
Le 13.3, à Cizre, un garçon de 12 ans fut abattu et
un autre blessé au cours d'une attaque menée par le Hezbollah. La
police empêcha une manifestation de protestation contre cet assassinat.
Le 13.3, à Izmir, le Gouverneur interdit une réunion
tournant autour de thèmes professionnels organisée par le Syndicat des
Travailleurs de l'Education (Egit-Sen).
Le 13.3, douze personnes qui commémoraient la mort
de trois activistes de gauches exécutés après le coup-d'Etat de 1980
furent arrêtées devant leurs tombes.
Le 14.3, les forces de sécurité arrêtèrent 43
personnes dans le village de Kilavuz, province de Mardin, et 11 autres
dans la province de Batman.
Le 16.3, deux personnes, Abdullah Bakir et Hanefi
Yildiz, qui avaient été arrêtées à Elazig, révélèrent après leur mise
en liberté qu'elles avaient été torturés pour les forcer à devenir des
informateurs de la police.
Le 16.3, la Cour de Cassation approuva la
condamnation de 12 syndicalistes pour avoir organisé en 1990, à
Istanbul, une manifestation du 1er mai sans y avoir été autorisés.
Chacun d'eux avait été condamné par un tribunal local à une peine de
prison de 18 mois et à payer une amende de 40.000 LT.
Le 17.3, dix-neuf détenus politiques de la prison de
Kayseri se sont mis en grève de la faim pour protester contre les
conditions d'incarcération. Ils affirment qu'après l'évasion d'un
groupe de prisonniers le mois dernier, ils sont souvent torturés et
placés en isolement.
Le 17.3, à Istanbul, un groupe de droite attaqua des
étudiants de gauche à l'Université de Bosphore. Un étudiant fut
sérieusement blessé.
Le 17.3, dans la ville de Çukurca (Hakkari), un
meeting organisé à l'occasion du 4e anniversaire du massacre de Halabja
en Irak, fut empêché de force par la police et 20 personnes furent
arrêtées.
Le 18.3, à Istanbul, une jeune femme, Ayse Koç,
affirma avoir été torturée et sexuellement harcelée au poste de
Gendarmerie d'Alemdar où elle avait été emmenée pour une enquête.
Le 18.3, cinq personnes furent inculpées par la CSE
d'Ankara pour leurs exposés de la Convention du HEP du 15 décembre
1991. Chacun d'eux risque une peine de prison de cinq ans pour
séparatisme.
Le 18.3, s'ouvrait dans une cour criminelle de Bursa
le procès contre trois personnes accusées d'avoir commis un meurtre
politique. Ils risquent tous la peine capitale.
Le 19.3, à Nusaybin, un étudiant d'une école
supérieure fut abattu et un autre blessé par des inconnus.
Le 19.3, à Derik, un enseignant fut trouvé mort
d'une balle dans la tête. Le même jour, à Midyat, un fonctionnaire
public fut tué par des inconnus.
Le 20.3, à Gercüs (Batman), la police tira sur une
foule qui célébrait le Newroz. Deux personnes ont été tuées et huit
autres furent blessées.
Le 20.3, à Istanbul, les bureaux de dix
associations, y compris l'Association des Droits de l'Homme (IHD) et
l'Association des Femmes Patriotiques (YKD), furent perquisitionnés par
la police et tous les documents qui s'y trouvaient furent confisqués.
Le 20.3, à Elazig, l'Association de Solidarité avec
la Population d'Elazig fut fermée par le gouverneur.
Le 20.3, la police arrêta sept personnes parmi un
groupe de travailleurs du transport qui participaient à une action de
protestation à Izmir.
Le 20.3, à Ankara, quatre étudiants d'une école
supérieure furent arrêtés pour avoir pris part à une manifestation non
autorisée.
Le 20.3, au cours du procès contre l'Union des
Jeunes Communistes (GKB), les gendarmes de garde frappèrent les
défendeurs qui essayaient de lire un communiqué sur le Newroz et quatre
d'entre eux furent blessés.
Le 23.3, à Izmir, 30 personnes arrêtées au cours des
semaines précédentes furent amenés devant la Cour de la Sûreté de
l'Etat. Leurs parents, venus les voir devant la cour, furent dispersés
par la police. Cinq parents furent blessés.
Le 23.3, les forces de sécurité arrêtèrent plus de
20 personnes au cours d'opérations anti-PKK menées dans sept villages
de Mardin et en blessèrent deux.
Le 23.3, les officiels provinciaux du HEP furent
inculpés par la CSE d'Istanbul. Ils sont accusés d'avoir porté des
affiches avec des slogans séparatistes lors d'une manifestation
organisée le 1e mars.
Le 24.3, l'ancien maire de Diyarbakir, Mehdi Zana,
fut immédiatement jeté en prison après son retour de Paris pour y
purger une peine de prison de deux mois et douze jours. Il fut condamné
pour avoir déclaré aux journalistes, alors qu'il se trouvait en prison,
qu'il soutenait la lutte de libération nationale du PKK.
Le 24.3, la Maison du Peuple d'Adana fut fermée par
le gouverneur pour activités incompatibles avec ses objectifis.
Le 25.3, à la Prison du Type E de Diyarbakir, 260
prisonniers politiques entamaient une grève de la faim pour marquer
leur désaccord envers le terrorisme d'Etat durant les festivités du
Newroz.
Le 25.3, à Istanbul, la police arrêta neuf personnes
pour avoir participé aux activités du PKK.
Le 25.3, à Izmir, trois personnes furent arrêtées
pour avoir insulté un policier.
Le 27.3, treize personnes qui avaient été arrêtées
alors qu'elles se rendaient aux funérailles de Resan Demirel à Izmir,
déclaraient avoir été torturés au cours de leur interrogatoire. Les
traces de torture furent certifiées par un rapport médical.
Le 27.3, à Istanbul, 72 des 159 personnes arrêtées
au cours des manifestations du Newroz furent placées en détention par
la Cour de la Sûreté de l'Etat.
Le 27.3, à Ankara, une manifestation des étudiants
de l'Université Technique du Moyen-Orient (ODTU) qui protestaient
contre les attaques des islamistes fut dispersée de force par la
police, 16 étudiants furent blessés. Par ailleurs, la police arrêta
également trois étudiants à l'Université d'Ankara.
Le 27.3, à Istanbul, 27 étudiants de moins de 18 ans
furent arrêtés alors qu'ils tentaient d'occuper l'Ecole Supérieure
d'Hasköy pour marquer leur désaccord envers la répression du Newroz.
Le 27.3, à Nusaybin, les forces de sécurité
abattirent une personne sous prétexte qu'elle tentait de s'enfuir lors
d'un contrôle d'identité.
Le 28.3, à Sirnak, la police annonça le suicide, au
poste de police, d'une jeune femme, Biseng Anik, qui avait été arrêtée
pendant les incidents du Newroz.
Le 30.3, dans le district de Selçuk, douze personnes
d'origine kurde, dont sept enfants, furent arrêtées pour avoir détruit
le buste d'Atatürk dans une école primaire.
Le 30.3, à Edirne, la police arrêta 48 étudiants qui
tentaient d'occuper le bureau du SHP pour protester contre la
répression du Newroz. De nombreux étudiants furent brutalement battus.
Le 30.3, les forces de sécurité arrêtèrent onze
personnes dans la ville de Dargeçit pour avoir donné refuge à des
militants du PKK.
Le 31.3, à Iskenderun, Bahattin Ekin, Ali Çelik,
Hasan Aykal et Idris Yildiz déclarèrent avoir été torturés après leur
arrestation, le 28 mars.
Le 31.3, la police annonçait l'arrestation d'onze
membres supposés du TKP-ML au cours des 15 derniers jours.
Le 31.3, à Bursa, 19 personnes furent arrêtées pour
avoir pris part à des actions du Dev-Sol.
Le 31.3, à Adana, huit personnes essayèrent de
placer une couronne noire devant le bureau du gouverneur pour marquer
leur désaccord envers la répression du Newroz, ont été arrêtés.
les journaux kurdes obligés de fermer
Le 27 mars, le premier journal kurde du pays,
Rojname, annonçait qu'il allait interrompre ses publications en
raison des pressions des autorités policières.
Deux jours plus tôt la police faisait une descente
dans les installations du journal et mena une profonde perquisition à
la recherche d'imaginaires lance-roquettes et grenades après qu'un
employé ait été emmené et torturé.
Ahmet Zeki Okçuoglu, éditeur de Rojname, déclara
dans une conférence de presse que le journal avait interrompu sa
publication après être arrivé à la conclusion "qu'il était impossible
de publier dans ces conditions."
Okçuoglu affirma que, depuis sa première publication
le 29 décembre 1991, des appels anonymes n'avaient cessé de menacer ses
employés et il ajouta qu'un employé de 18 ans, Cengiz Çelik, fut
presque tué par la police.
Çelik fut arrêté et torturé par la police avant
d'être jeté devant un minibus qui eut juste le temps de freiner pour ne
pas l'écraser.
Okçuoglu précisa que la police avait essayé de faire
avouer à Çelik la présence de lance-roquettes et de grenades dans le
bureau du journal et comme celui-ci résistait, elle lui avait brûlé le
visage avec des mégots de cigarette, l'avait frappé aux pieds avec des
bâtons et heurté sa tête contre le mur.
Pendant la perquisition qui suivit la détention de
Çelik, les voitures et minibus de la police encerclèrent littéralement
le bureau au milieu du bruit de sirènes qui parcouraient les rues, mais
rien d'illégal ne fut découvert dans les locaux du journal.
Okçuoglu accusa la coalition gouvernementale d'avoir
en fait accentué la pression sur les Kurdes de Turquie et accusa
l'administration d'être incapable de protéger les employés du journal.
"Comme ils le font avec tous les autres Kurdes, ils
veulent nous tuer et sont en train de nous opprimer," dit-il.
L'éditeur fit également savoir qu'il avait
l'intention de demander la protection de plusieurs organes
internationaux et introduirait également la demande aux Nations Unies
"pour y dénoncer la terreur que la Turquie fait subir à ses citoyens."
Après la fermeture du Rojname, il ne reste qu'un
hebdomadaire kurde en Turquie, le Welat, publié par le député de Siirt,
Zübeyir Aydar. Le premier numéro du Welat parut le 22 février et aurait
un tirage de 40.000 exemplaires.
un journaliste tué par les militaires
Au cours des incidents du Newroz, à Cizre, non
seulement la population locale, mais également les journalistes et les
observateurs étrangers furent victimes de la violence policière. Un
journaliste turc fut tué le 23 mars.
Izzet Kezer, un photographe du journal Sabah, fut
abattu par les forces de sécurité qui, dans un blindé, firent feu sur
un groupe de journalistes à Cizre, bien que ces derniers portaient des
drapeaux blancs sur des perches.
Le 22 mars, Sabah était le seul journal turc à
rapporter en première page que la violence de Cizre avait surgi après
que la police ait tiré sur la foule.
Avant le massacre, la police avait dit au directeur
de l'hôtel Kadooglu, où se trouvent la plupart des reporters de Cizre,
d'informer les journalistes de ne pas s'aventurer dehors. "S'ils le
font, nous ne sommes pas responsables de leur sécurité," aurait dit un
policier selon le directeur.
L'attitude hostile de la police à l'égard des
journalistes et des observateurs fut confirmée par le correspondant du
Guardian, Jonathan Rugman à Cizre. Dans son article du 23 mars, il
rapporte : "Dans les faubourgs de Nusaybin, la police était tellement
enragée de voir se détériorer la loi et l'ordre que l'un d'entre eux
tabassa un groupe de journalistes et d'activistes des droits de
l'homme. Certains d'entre nous avons reçu des coups de pied et avons
été frappés au visage, et à un moment donné une arme fut mise sur la
tête d'un journaliste. ‘Où sont les droits de l'homme lorsque nous
sommes tués?’ cria le policier."
Après la mort de Kezer, des centaines de
journalistes ont marché le 24 mars à Ankara en direction du mausolée
d'Atatürk pour exprimer leur désaccord envers le comportement de la
police.
La manifestation silencieuse qui fut organisée par
l'Association des Journalistes Contemporains (CGD) se termina par un
appel pour que soient capturés les meurtriers de Kezer et incita le
gouvernement à adopter des mesures efficaces pour protéger les
reporters qui travaillent dans des zones agitées.
poursuites contre les médias en mars
Le 1.3, la journaliste suisse Barbara Kistler fut
condamnée par la CSE d'Istanbul à une peine de prison de 3 ans et 9
mois pour avoir traduit les textes d'une organisation clandestine.
Trois défendeurs turcs jugés en même temps qu'elle furent acquittés.
Le 1.3, le correspondant de Yeni Ülke à Hani, Tahsin
Acay, fut arrêté par la police puis placé en détention par un tribunal
de Mardin.
Le 3.3, s'ouvrait un nouveau procès contre trois
journalistes de l'hebdomadaire Yeni Ülke à la CSE d'Istanbul. Yalçin
Küçük, auteur d'un article intitulé "Öcalan [leader du PKK], Mon
Frère", Serhat Bucak, éditeur de la revue, et l'éditeur responsable,
Yusuf Cacim, risquent tous les trois des peines de prison allant
jusqu'à 5 ans en vertu de la Loi Anti-Terreur.
Le 8.3, le N_ 3 de la revue mensuelle Barikat fut
confisquée par la CSE d'Istanbul pour propagande séparatiste.
Le 13.3, l'éditeur responsable du mensuel Devrimci
Emek, Hüseyin Dumaz fut arrêté à Izmir pour un discours qu'il prononça
lors de la cérémonie de commémoration de trois activistes politiques de
gauche exécutés après le coup-d'Etat militaire de 1980.
Le 14.3, à Diyarbakir, la police arrêta, après une
cérémonie de fiançailles, quelque 100 personnes parmi lesquelles se
trouvaient le chanteur kurde Nasir Rezazi, les membres du groupe
musical kurde Koma Denge Azadi et ceux de la troupe de théâtre kurde
Sanoya Roja Azadi. De nombreux détenus furent brutalement frappés.
Le 15.3, le N_ 8 du mensuel Devrimci Proletarya fut
confisqué par la CSE d'Istanbul pour propagande pour une organisation
illégale.
Le 18.3, le procureur public introduisit une action
en justice contre Erol Simavi, éditeur du journal Hürriyet, et Hasan
Kiliç, éditeur responsable, pour avoir rapporté un communiqué de presse
d'une organisation de gauche. En vertu de l'Article 6 de la LAT, chacun
d'eux risque une amende allant jusqu'à 50 millions de LT (7.700 $).
Le 21.3, 110 membres du Parti de la Mère-Patrie
(ANAP) - 83 desquels sont députés - ont introduit une demande
d'indemnisation de 550 millions de LT (84 millions de $) contre le
journaliste du Hürriyet, Emin Çölasan, pour un article où il les accuse
de corruption.
Le 26.3, le correspondant d'Urfa de l'hebdomadaire
Yeni Ülke, Abdülvahap Turan, fut arrêté et accusé d'avoir pris part à
un acte politique violent.
Le 27.3, seize intellectuels furent arrêtés alors
qu'ils essayaient de placer une couronne noire devant le bureau du
Conseil de la Presse pour protester contre la partialité des grandes
médias dans les événements du Newroz. Parmi les détenus se trouvaient
également les sociologues Ismail Besikçi, l'éditeur Serhat Bucak, la
musicienne Bilgesu Erenus et l'écrivain Musa Anter.
Le 30.3, à Siirt, le rédacteur en chef du journal
local Mücadele, Cumhur Kiliccioglu, fut condamné à une amende de
39.900.000 LT (6.138 $) pour avoir insulté des officiels de l'Etat dans
un article concernant une affaire de corruption.
Le 31.3, à Ankara, Murat Koç, correspondant du
journal Günaydin, fut blessé par un policier qui le frappa à la tête
avec un téléphone sans fil alors qu'il vérifiait une information selon
laquelle le bureau de Çankaya du SHP serait perquisitionné par la
police.
désastre dans une mine de charbon
Le 4 mars, l'accident le plus grave survenu dans une
mine de charbon turque causa la mort de 265 personnes après qu'une
explosion de méthane se soit produite à 560 mètres de profondeur, à
Kozlu, situé à 10 kilomètres de la ville de Zonguldak sur la Mer Noire.
Les corps de 118 victimes seulement ont pu être
récupérées, 147 mineurs furent ensevelis dans le puits embrasé.
Un total de 525 travailleurs sont morts en Turquie
depuis 1942 dans neuf accidents différents.
Le Syndicat des Mineurs de Turquie déclara après le
désastre que l'explosion était le résultat de la grande négligence des
employeurs qui n'ont pas mesuré convenablement la concentration de
méthane. "Les ingénieurs de la mine étaient supposés inscrire les
niveaux de méthane dans un registre mais ni les ingénieurs ni les chefs
n'avaient respecté cette procédure avant le désastre," disait la
déclaration.
Après le désastre, une série de manifestations fut
organisée pour protester contre les responsables.
Le 3 mars, à Zonguldak, la police eut recours à la
violence pour faire face à la manifestation et arrêta 41 personnes. Le
même jour, l'Association de la Culture Populaire et la Solidarité
(ZOHAKAD) fut perquisitionnée par la police.
terreur policière à l'université bosphore
Le 10 mars, un groupe d'étudiants de l'Université
Bosphore à Istanbul occupait le bureau du Président pour protester
contre la mort des mineurs dans l'explosion de Zonguldak.
Après que les étudiants aient dit que leur
occupation se poursuivrait pendant deux jours, un grand nombre de
forces de sécurité spéciales arriva à bord d'hélicoptères "Puma"
importés de France. Selon les étudiants, les hélicoptères firent un
show dans la cour, "comme s'ils attaquaient les guérillas PKK dans le
Sud-est."
Le conseil d'administration de l'université, après
avoir pris la décision dans une réunion d'urgence, demanda à la police
de ne pas intervenir et de quitter l'université.
Malgré cette demande, trois bus remplis de forces
d'intervention rapide et de forces de sécurité se sont garés devant
l'université pour une rapide intervention en cas d'incident.
Le lendemain, la police arrêta de force 27 étudiants
et les remit à la CSE d'Istanbul pour y être jugés. Le procureur
demanda pour eux des peines allant jusqu'à 18 ans de prison.
tremblement de terre à erzincan
Le 15 mars, la Turquie souffrait un nouveau
désastre. Un tremblement de terre secouait la province orientale
d'Erzincan causant 492 morts et des milliers de blessés.
C'est la deuxième fois qu'Erzincan est détruite par
un tremblement de terre. Celui de 1939, le plus violent dans la Turquie
des temps modernes, tua 30.000 personnes.
Cette ville fut entièrement reconstruite après le
désastre de 1939 et compte maintenant près de 175.000 habitants.
Cependant, de nombreux bâtiments construits après 1939 se sont
effondrés comme des châteaux de cartes pendant le tremblement. Un grand
bloc de bureaux moderne était en ruines, penché sur le côté. Un
bâtiment de béton et cristal se fracassa et tout un pan de verre d'un
mur glissa sur le sol. Le tremblement fit s'écrouler un hôpital, une
école, un orphelinat, deux hôtels, un poste de police et des parties
d'une usine de sucre.
Les experts pensent que le désastre est dû à la
négligence. Certains entrepreneurs responsables de la construction du
quartier des bureaux d'Erzincan qui s'effondra causant le plus grand
nombre de victimes, avaient eu les faveurs de l'Etat.
Selon les chiffres officiels, pendant le
tremblement, 1.084 maisons et 769 lieux de travail ont été complètement
détruits, tandis que 2.077 maisons et 392 lieux de travail ont subi des
dommages moyens et 3.220 maisons et 124 lieux de travail ont subi de
légers dommages.
Les familles des victimes accusent les autorités de
l'Etat et les entrepreneurs d'être responsables du désastre.
En outre, l'insuffisance de l'aide apportée a donné
lieu à des manifestations de colère. Le 18 mars, des centaines de
manifestants défilèrent dans les rues en ruines d'Erzincan pour
manifester leur mécontentement au Gouverneur Recep Yazicioglu qu'ils
accusaient de négligence dans la distribution de l'aide aux victimes de
la catastrophe.
Le prix au marché noir des tentes, qui sont arrivées
par milliers, atteignait 2 millions de LT. Partout dans la ville, on
entendait dire que la plupart de l'aide était en vente dans le marché
noir et que des gens d'autres provinces arrivaient avec des camions,
les chargeaient avec tout ce qu'ils pouvaient et repartaient.
Le 18 mars, la chaîne de télévision CNN rapportait
qu'aucune aide n'était parvenue même aux villages les plus proches
d'Erzincan et qu'il n'existait aucun réseau efficace de distribution.
le week-end turco-kurde à bruxelles
Alors que les autorités turques menaient une
campagne en Turquie ainsi qu'à l'étranger pour inciter les
ressortissants turcs à manifester contre le mouvement national kurde,
les 3 et 4 avril 1992, Bruxelles fut témoin d'un événement culturel
mettant l'accent sur l'amitié entre les peuples turcs et kurdes.
Dans le cadre des rencontres interculturelles "D'ici
et d'ailleurs", organisées par le Foyer Culturel d'Etterbeek,
Info-Türk, l'Institut Kurde de Bruxelles et la Fondation Jacquemotte
animèrent un week-end Turco-Kurde à l'Espace Senghor.
Le 3 avril, une exposition de photos de Turquie et
du Kurdistan, d'artisanat turque et kurde, d'objets créés par des
jeunes dans les Ateliers du Soleil/Info-Türk et des tableaux de
l'artiste turque Nazife Can, fut inaugurée en présence des autorités
communales d'Etterbeek. Ce soir-là fut projeté le film Voyage vers
l'espoir qui remporta l'oscar 1991 du meilleur film et qui met en scène
le drame d'une famille immigrée clandestine.
Le 4 avril, le deuxième jour s'ouvrait par la
projection d'un autre film intitulé Metin traitant des problèmes des
enfants immigrés.
Ce film était suivi d'un débat sur les immigrés
turcs et kurdes en Europe et particulièrement en Belgique. Le chercheur
de l'Université de Liège, Altay Manço, la présidente de l'Institut
Kurde, Perwine Jamil, et le Conseiller au Parlement Européen, Ali
Yurttagül, informèrent le public des caractéristiques de ces deux
communautés de Turquie.
Finalement, des groupes de danse et de musique des
Ateliers du Soleil/Info-Türk et de l'Institut Kurde ainsi que le groupe
de musique, Frères Kubat, interprétèrent des chansons et des danses
traditionnelles et modernes.
Le programme du groupe des Ateliers du
Soleil/Info-Türk se composait de danses turque, kurde, arménienne,
azerbaïdjanaise et chaldéenne.