SOMBRE PANORAMA POUR LES DROITS DE L'HOMME
•
1.038 personnes ont perdu la vie dans des circonstances violentes
• Les forces de sécurité turques ont
abattu 204 personnes
• 131 personnes furent victimes
"d'assassins non identifiés"
• 179 autres ont déclaré avoir subi
des tortures pendant leur interrogatoire
• 9 journalistes ont été assassinés
• 31 journalistes furent harcelés et
attaqués par les forces de sécurité
• 53 publications furent confisquées
par ordre judiciaire
Dans un rapport portant sur six mois, jusqu'au 30
juin, la Fondation des Droits de l'Homme de Turquie (TIHV) reproche une
nouvelle fois au gouvernement de permettre aux forces de sécurité de
terroriser la population, de ne pas respecter les droits de l'homme et
d'être responsable de la sombre situation des droits de l'homme dans le
pays.
Selon le rapport de la TIHV, daté du 7 juillet 1992,
un total de 1.038 personnes ont perdu la vie dans des circonstances
violentes depuis le début de l'année. Les forces de sécurité turques
ont abattu 204 personnes et au moins 179 autres ont déclaré avoir subi
des tortures pendant leur interrogatoire.
Plus de 30 journalistes furent harcelés et attaqués
par les forces de sécurité et un total de 53 publications parmi
lesquelles des journaux, des revues et des livres furent confisqués par
ordre judiciaire.
Le rapport de la fondation affirme que les droits de
plusieurs individus, y compris celui à la vie, furent violés en Turquie.
Selon ce rapport, au cours des six premiers mois de
l'année "se sont produites de nombreuses violations de droits de
l'homme", la population fut terrorisée et ses droits bafoués aussi
scandaleusement que par le passé.
"Aucune attention ne fut prêtée aux accusations de
torture. Des livres, des revues et des journaux furent confisqués. Ceux
qui ont osé parler ou écrire furent réduits au silence et jetés en
prison. Au nom de la lutte antiterroriste, des méthodes illégales ont
été adoptées et la population reçut une seule version des événements où
la vérité était travestie", souligne le rapport.
Celui-ci affirme également que la tension est montée
dans le pays en raison de l'absence de solutions à la question kurde,
tandis que les forces de sécurité matraquent les manifestants ou tirent
sur eux.
Au cours de la période susmentionnée, un total de 11
personnes sont mortes pendant leur période de détention "dans des
circonstances suspectes", indique le rapport, tandis que 16 autres sont
tombées sous les balles que les forces de sécurité tiraient en
direction des manifestants. 35 personnes son mortes au cours des
descentes menées dans leurs maisons par les forces de sécurité et 51
autres perdirent la vie dans divers incidents, dont des exécutions
illégales et des coups de feu au hasard.
Le nombre total de morts causés par ces incidents
s'élève à 102, auxquels il faut ajouter les 92 manifestants assassinés
et 341 blessés par les soldats dans le sud-est de la Turquie pendant
les festivités du Nouvel An kurde ou Newroz, en mars. Outre les 205
personnes tuées par les forces de sécurité, un total de 549 officiers
de la sécurité, civils et militants furent assassinés au cours de cette
période et 131 personnes furent victimes "d'assassins non identifiés",
ce qui en général veut dire qu'elles furent tuées par des forces
clandestines.
Trois personnes sont disparues sans laisser de
traces.
La plupart des assassinats se sont produits dans la
turbulente région du sud-est où 85 personnes ont été tuées et 45
autres, identifiées comme faisant partie de l'organisation radicale
Hezbollah, furent abattues.
Des attentats contre des centres commerciaux, des
véhicules et autres endroits similaires ont coûté la vie à 44
personnes, y compris des enfants, tandis que 83 autres personnes furent
blessées.
Pendant ce temps les attentats contre les membres de
la sécurité et des institutions judiciaires se sont également
poursuivis avec la même intensité, causant la mort à 39 agents de
police, 21 gardiens de village, six soldats, quatre officiers des
services de renseignement, deux gardiens de nuit, deux chauffeurs, un
procureur d'une Cour de la Sûreté de l'Etat et 32 autres officiers.
Au cours des affrontements armés survenus dans la
région soumise à l'état d'urgence, le rapport comptabilise la mort d'un
total de 287 militants de diverses organisations de gauche kurdes et
turques et de 224 personnes parmi lesquelles figurent des membres des
forces de sécurité et des civils.
Le rapport souligne qu'au cours de cette période-là
il n'y a pas eu de nette amélioration du point de vue démocratique et
les mesures de répression contre les personnes travaillant dans les
médias sont restées d'application. Au cours de 12 incidents différents,
un total de 31 journalistes reçurent des coups de bâtons et de bottes
et firent l'objet d'insultes de la part des forces de sécurité de
l'Etat. Des attaques contre les journalistes, avec des armes à feu et
des bombes, se sont également poursuivies.
Tout au long de ses 53 pages, le rapport donne des
exemples de diverses formes de violations des droits de l'homme
observées en Turquie au cours des six derniers mois, allant de
l'assassinat de manifestants aux décès par torture aux attaques contre
les foules.
Au cours de cette période, six fois les forces de
sécurité ont ouvert le feu sur des manifestations et à neuf reprises
des soldats ont investi des maisons "suspectes" et tué leurs habitants.
Dans 29 cas, des personnes ont perdu la vie pour
avoir désobéi à la police lorsque celle-ci leur ordonnait de s'arrêter,
ou simplement parce que quelqu'un muni d'un titre officiel tira des
coups de feu au hasard. Dans un des cas, des avions turques
bombardèrent un village dans la région soumise à l'état d'urgence et
dans un autre, on tira à la mitrailleuse sur un paysan depuis un
hélicoptère.
Dans un chapitre consacré à la torture en Turquie,
le rapport donne des informations spécifiques à propos d'un certain
nombre de cas de torture, parmi lesquels se trouvent onze personnes
mortes ou simplement "disparues" alors qu'elles se trouvaient en
détention.
Le rapport explique également que des pressions sont
exercées sur les partis politiques turcs et cite en qualité d'exemples
le procès introduit contre le Parti Travailliste du Peuple (HEP), ainsi
que les efforts déployés par le bureau des procureurs de la Cour de la
Sûreté de l'Etat pour lever l'immunité de 22 parlementaires afin
d'essayer de les traduire en justice où leur exécution sera demandée.
LES ACTIVISTES DES DROITS DE L'HOMME DECUS
Un mois plus tard, dans leur évaluation réalisée
pour le Quotidien Turkish Daily News, le 3 août 1992, les principaux
activistes des droits de l'homme de Turquie ont indiqué que la plupart
des promesses faites dans le protocole de coalition et le programme du
gouvernement n'ont même pas été débattues. Ils soutiennent que la
torture n'a pas cessé et que les violations des droits de l'homme se
sont même intensifiées.
Le président de l'Association des Droits de l'Homme
(IHD), Nevzat Helvaci, souligna que le gouvernement ne faisait preuve
d'aucune efficacité, ni dans sa politique de démocratisation et
ouverture, ni dans l'application de cette politique. Il ajouta que les
améliorations apportées au cours des 250 derniers jours étaient
vraiment minimes. Le président déplora qu'on n'ait même pas adopté des
mesures qui ne requièrent pas une modification de la loi et ajouta, "La
torture, par exemple, pourrait être évitée, mais rien n'a été fait et
elle sévit encore. Je perds progressivement espoir. Si dorénavant ils
obtiennent de grandes choses, il va de soi que nous prêterons notre
appui."
Il manifesta également qu'il considérait nécessaire
une démocratisation de tout le pays et que l'Etat devait agir dans le
cadre de la loi et n'avait pas le droit de se comporter comme une
organisation terroriste mais devait plutôt prendre des mesures contre
les personnes armées. Cependant, il devrait trouver la manière de les
prendre vivants, déclara-t-il.
Le président de la Fondation des Droits de l'Homme
de Turquie (TIHV), Yavuz Önen, déclara que le fait que le gouvernement
se montre incapable d'inclure la démocratisation dans son programme
avait causé une grande déception et ajouta, "Le gouvernement a trop
tardé à adopter des mesures en faveur de la démocratisation et du
respect des droits de l'homme. On a même l'impression qu'on essaye de
détourner l'attention du peuple."
Önen, qui demanda au gouvernement de tenir ses
promesses, affirma que dorénavant il espérait l'établissement d'une
démocratie où prévaudraient les droits civils. Il ajouta que les
violations des droits de l'homme sont maintenant plus graves qu'avant:
la torture persiste, les citoyens sont toujours privés des droits et
libertés d'une démocratie, le droit de réunion est limité, et l'article
de la loi anti-terreur qui protège les tortionnaires est toujours en
vigueur. Il dit également que cette période de 250 jours était d'une
importance historique pour la Turquie. Pour finir il conclut que les
promesses de démocratisation devraient à présent être tenues sans
détourner l'attention du public. "Sinon, le coup-d'Etat du 12 septembre
pourrait se prolonger avec toutes ses organisations et ses lois."
Ercan Kanar, chef de la section d'Istanbul de l'IHD,
déclara que le gouvernement n'avait pas encore tenu une seule des
promesses faites séparément par les deux partis de la coalition avant
les élections et inclues dans le protocole de la coalition.
Lorsqu'on lui demanda de comparer l'approche du
gouvernement en ce qui concerne les droits de l'homme avec celle du
Parti de la Mère Patrie (ANAP), Kanar répondit que le gouvernement
actuel maintenait la même approche négative de son prédécesseur. "Le
pire c'est que l'actuel gouvernement de coalition poursuit la même
approche négative tandis qu'il emploie des termes comme 'démocratie'.
Avec cette démagogie le gouvernement tente d'apaiser l'opposition
publique et la réaction contre la violation des droits de l'homme."
Tandis que le gouvernement répète qu'il veut encourager un public
pluraliste, participant et réagissant, l'Etat lui-même est devenu
réactionnaire, remarque Kanar.
PROLONGEMENT DE L'ETAT D'URGENCE
Malgré la promesse du gouvernement de lever l'état
d'urgence, le 26 juin, l'Assemblée Nationale décida une fois de plus de
le prolonger pour quatre mois dans les dix provinces du Sud-est
habitées par les Kurdes.
Mis en colère par le style de la "décision de
principe" du gouvernement de prolonger l'état d'urgence ainsi que le
mandat des forces de coalition stationnées en Turquie pour protéger les
Kurdes irakiens, les députés du principal parti de l'opposition, le
Parti de la Mère Patrie (ANAP) et du Parti du Bien-être (RP) quittèrent
l'hémicycle au moment du vote.
Seuls 260 des 450 députés étaient présents lors du
vote. Le prolongement de l'état d'urgence fut acceptée par 223 votes
pour et 37 contre.
Les députés du Parti Travailliste du Peuple (HEP) et
une petite partie de ceux du Parti Populiste Social Démocrate (SHP) ont
voté contre, tandis que la majorité des députés du SHP, du Parti de la
Juste Voie (DYP) et du Parti Travailliste Nationaliste (MCP)
acceptaient le prolongement.
ÖZAL OPPOSA SON VETO A LA REFORME JUDICIAIRE
Le 8 juin, le président Özal renvoyait au Parlement
la loi qui apportait des changements significatifs au Code de Procédure
de Jugement pour y être révisée.
Ladite loi exigeait la présence obligatoire des
avocats de la défense pendant les interrogatoires; refusait les aveux
réalisés sous la contrainte de la torture ou de mauvais traitements et
interdisait la détention de personnes soupçonnées d'avoir commis des
délits sanctionnés par des peines inférieures à six mois. Elle
réduisait également la période de détention à quatre jours au lieu des
15 actuels.
Le président Özal opposa son veto à ces réformes
sous prétexte qu'elles entraveraient la lutte contre le terrorisme et
que certains des articles prévus dans la loi étaient contraires à
l'opinion du Conseil National de Sécurité.
Le veto du président démontre une fois de plus que
le Conseil National de Sécurité, composé par des généraux de l'armée et
certains ministres, conserve ses pouvoirs et impose des politiques
antidémocratiques à l'Assemblée Nationale et au Gouvernement.
PROSCRIPTION DU PARTI SOCIALISTE
Le 10 juillet, la Cour Constitutionnelle ordonnait
la fermeture du Parti Socialiste (SP), l'accusant d'agir contre
l'intégrité du pays. Le verdict, qui prévoit également le transfert de
tous les biens du PS au Trésor de l'Etat, fut perçu comme un nouveau
coup dur pour la démocratisation de la Turquie et il tend à indiquer
que certains cercles au sein des autorités politiques du pays ne sont
pas disposés à accepter des solutions politiques au problème kurde.
La Cour Constitutionnelle, plus grand organe
judiciaire du pays, prit sa décision à l'issue d'un vote où le résultat
fut de neuf pour et un contre.
Le 11 juillet, le président, Dogu Perincek, et les
membres du conseil d'administration du défunt PS ont organisé une
conférence de presse devant le palais du Premier Ministre pour
protester contre la décision. Ils soulignèrent que leur lutte se
poursuivrait dans le cadre du Parti Ouvrier (IP) récemment fondé.
Perincek, qui attribue la fermeture du PS au fait
qu'il s'agit "d'un parti qui mettait en évidence la réalité kurde",
qualifia le verdict de "bombardement contre le lien affectif qui unit
les peuples kurde et turc."
Avant que la décision affectant le PS ne soit prise,
l'hebdomadaire 2000e Dogru avait rapportait que le parti serait fermé
par ordre de l'armée, accusant les membres du tribunal de collaborer
avec les commandants turcs.
La revue publia également les lettres envoyées par
le président du tribunal Yekta Güngör Özden à d'importants officiers du
régime militaire instauré après le coup-d'Etat de 1980, dans lesquelles
il leur exprimait sa "gratitude et reconnaissance" pour leur conduite
après le coup-d'Etat du 12 septembre.
Dans une autre manoeuvre contre la liberté
d'association, le Procureur Principal de la Cour de Cassation turque
demanda récemment à la Cour Constitutionnelle d'interdire le Parti
Travailliste du Peuple (HEP) pour des raisons similaires.
Les observateurs pensent que la Cour
Constitutionnelle pourrait prendre la même décision à l'égard du HEP
dans les semaines à venir. Le HEP passe pour être plus radical que le
SP dans son programme et ses activités sur la question kurde.
La Cour Constitutionnelle avait déjà proscrit un
autre parti de gauche: le Parti Communiste Uni de Turquie (TBKP).
ASSASSINATS DE JOURNALISTES
Le nombre des journalistes abattus cette année
s'élève à neuf avec cinq autres meurtres commis au cours des derniers
mois. A l'exception de deux d'entre eux, tous ces journalistes
travaillaient pour des journaux de gauche ou pro-kurdes qui couvraient
la guérilla qui oppose le PKK aux forces de sécurité dans le Sud-est.
Quatre des reporters assassinés travaillaient pour Özgür Gündem, un
quotidien paru pour la première fois le 30 mai 1992.
Ces meurtres révèlent l'existence d'une campagne
pour réduire au silence la presse dissidente dans le Sud-est.
Malgré la promesse du gouvernement d'arrêter les
meurtriers, ceux-ci sont toujours en liberté. De plus, selon Helsinki
Watch, il est peu probable qu'une enquête sérieuse soit en cours.
L'attitude du gouvernement fut mise en évidence dans un commentaire du
Premier Ministre Süleyman Demirel, qui le 11 août déclarait, "Les
personnes tuées n'étaient pas des véritables journalistes. Il
s'agissait de militants déguisés. Et ils s'entre-tuent."
Après le dernier assassinat, celui du journaliste
Hüseyin Deniz, survenu le 10 août, le président du Conseil de la Presse
Turque, Oktay Eksi, critiqua le gouvernement dans un télégramme envoyé
au Premier Ministre Demirel, pour avoir failli à ses promesses de paix
et de stabilité pour la Turquie et souligna que jamais dans l'histoire
du pays, les journalistes n'avaient subi tant d'attaques.
Voici les journalistes assassinés pendant l'ère du
gouvernement de coalition et la date de leur décès:
HALIT GÜNGEN, de 22 ans, était journaliste de
l'hebdomadaire de gauche 2000e Dogru. Il fut tué dans le bureau de la
revue à Diyarbakir, le 18 février 1992 à 8 heures du soir. Juste avant
l'assassinat, Güngen avait écrit un article pour l'édition du 16
février à propos du lien entre le Hezbollah (Parti de Dieu), un groupe
terroriste islamique et l'Organisation Contre-Guérilla.
CENGIZ ALTUN, de 24 ans, était correspondant à
Batman de l'hebdomadaire Yeni Ülke. Il fut abattu le 24 février de six
balles dans le dos alors qu'il se rendait à son travail. Un rédacteur
de Yeni Ülke déclara qu'Altun avait reçu des menaces de mort au Poste
de Gendarmerie de Gercus. Altun avait écrit des articles sur les
activités supposées de la Contre-Guérilla; le dernier avait été publié
dans l'édition du 2-8 février.
IZZET KEZER, journaliste du quotidien Sabah, fut
abattu le 23 mars par les forces de sécurité à Cizre, au cours des
événements violents qui suivirent les festivités de la Nouvelle Année
kurde, Newroz. Pendant un couvre-feu imposé par l'Etat, Kezer et
d'autres journalistes sortirent de leur hôtel en brandissant des
drapeaux blancs: les coups de feu avaient cessé à ce moment-là. Kezer,
qui se trouvait à la tête du groupe, arriva à un croisement et fut
abattu par les forces de sécurité qui firent feu depuis un véhicule de
transport des troupes blindé.
BÜLENT ÜLKÜ, correspondant d'un journal local à
Bursa, fut tué le 1er avril.
MACIT AKGÜN, un reporter de Yeni Ülke, fut trouvé le
2 juin pendu à un pilon de téléphone près du village de Cölova, à
Nusaybin. Akgün était porté disparu depuis trois semaines et avait été
aperçu pour la dernière fois à Nusaybin. Selon l'Agence de Presse
Anatolie, une autopsie démontra qu'Akgün avait été étranglé dix jours
auparavant. Une déclaration trouvée dans sa dépouille où l'on pouvait
lire "qu'il avait été puni parce qu'il était un traître" aurait porté
la signature du PKK.
HAFIZ AKDEMIR, un reporter qui travaillait à la
rédaction de Diyarbakir du quotidien Özgür Gündem fut tué le 8 juin
d'une seule balle dans la nuque. Le meurtre fut commis à 8 heures du
matin, à cinq mètres de sa maison à Diyarbakir. Les reporters d'Özgür
Gündem déclarèrent que pendant plusieurs jours ils avaient fait l'objet
de menaces par téléphone. Akdemir avait récemment interviewé des
délégations des droits de l'homme qui visitaient la région et avait
écrit des articles à leur sujet, il en avait également écrit sur les
activités des forces contre-guérilla dans la zone.
CETIN ABABAY, correspondant à Batman pour le journal
Özgür Halk, reçut une balle dans la tête le 29 juillet à 7.30 du soir.
L'attentat fut commis par trois hommes non identifiés lorsqu'il
rentrait chez lui; Cetin mourut le 30 juillet à l'Hôpital Universitaire
de Diyarbakir.
YAHYA ORHAN, de 30 ans, était correspondant à Gercüs
(province de Batman) d'Özgür Gündem. Il fut abattu le 31 juillet par
des personnes inconnues à 10.30 du soir. Selon Özgür Gündem, Orhan
avait été menacé en rue. Sa famille affirme que le 31 juillet il reçut
un appel chez lui où on lui disait, "Nous avons éliminé tous les
journalistes et maintenant c'est ton tour." On entendit alors des coups
de feu au téléphone.
HÜSEYIN DENIZ, de 36 ans, était correspondant
d'Özgür Gündem à Ceylanpinar (province d'Urfa). Il fut gravement blessé
au cou par une balle alors qu'il se rendait à son travail le 9 août
dernier. Il est décédé le 10 août. Deniz était également le
correspondant régional du quotidien Cumhuriyet.
BURHAN KARADENIZ, de 19 ans et correspondant d'Özgür
Gündem à Diyarbakir, fut gravement blessé au cou par une balle tirée
par des personnes inconnues le 5 août à Diyarbakir; il souffre d'une
paralysie de la partie inférieure du corps jusqu'à la taille. Karadeniz
avait subi une détention policière de cinq jours après que plusieurs
députés du HEP se soient rendus à Diyarbakir le 10 juillet dernier, à
l'occasion de l'anniversaire de la mort de Vedat Aydin, activiste des
droits de l'homme et membre du HEP.
Selon l'opinion générale, des forces secrètes de
l'Etat sont derrière ces meurtres et les autorités locales préfèrent
fermer les yeux parce que ceux-ci touchent toujours des personnes
controversées du monde des médias. La plupart des assassinats sont
perpétrés de manière très professionnelle. La victime est suivie et
abattue à l'aide d'une seule balle ou plusieurs balles provenant d'une
seule arme. Puis les assassins disparaissent.
Helsinki Watch, dans son communiqué de presse d'août
1992, manifesta: "HW est très préoccupé par ce qui semble être une
campagne systématique pour empêcher la presse de parler des événements
qui se produisent dans le sud-est de la Turquie. Nous prions le
gouvernement de prendre des mesures immédiates pour enquêter sur ces
assassinats et poursuivre les responsables."
Le 9 septembre, la Fédération Internationale des
Journalistes condamna l'incapacité du gouvernement turc à mener une
profonde enquête sur l'assassinat des journalistes.
Au cours d'une journée coordonnée d'action
internationale, qui vit des journalistes allant de l'Argentine au
Danemark adresser leurs protestations aux ambassades turques, le
Secrétaire Général de la FIJ, Aidan White, rencontra l'ambassadeur turc
en Belgique, Yildirim Keskin, et lui soumit un ensemble de cas
réclamant l'attention des autorités turques.
"La Turquie prétend être une démocratie respectant
la liberté de la presse, mais le monde du journalisme n'en est pas
convaincu," déclara M. White. "Le gouvernement doit étudier chaque
attentat contre les médias et chaque acte de violence visant des
journalistes et publier des rapports."
La majorité des 81 syndicats nationaux de la FIJ
répartis dans 64 pays se sont également joints à la protestation, aussi
bien au niveau national que régional.
En France, Reporters Sans Frontières (RSF) condamna
la Turquie le 20 juillet dernier pour avoir violé la liberté de la
presse, déplorant notamment la mort de journalistes dans des
circonstances suspectes, l'emprisonnement de reporters et la censure.
RSP déclara que la répression allait à l'encontre
des promesses faites par le Premier Ministre Demirel, qui prévoyait
l'adoption d'une nouvelle loi sur la presse garantissant sa liberté et
avait prié les membres de la Communauté Européenne d'en tenir compte
lors de l'examen de la demande d'adhésion de la Turquie.
Selon RSP, 10 journalistes se trouvaient en prison
pour "avoir photographié une manifestation interdite ou avoir insulté
le président dans une revue satirique." A ce stade de l'année, les
autorités ont saisi 21 éditions de 12 journaux et revues, affirme RSP.
ASSASSINATS D'ACTIVISTES DES DROITS DE L'HOMME
Outre des journalistes, un certain nombre
d'activistes des droits de l'homme ont également été victimes de la
violence des forces de sécurité et des organisations
pro-gouvernementales subversives.
L'activiste des droits de l'homme, Siddik Tan, fut
assassiné le 20 juin dans une maison à Batman, dans le sud-est de la
Turquie. Selon les rapports provenant de sources fiables, le meurtre
fut commis par trois terroristes armés non identifiés. M. Tan était un
membre actif du conseil d'administration de la section de Batman de
l'Association des Droits de l'Homme de Turquie (IHD).
Tan avait été blessé dans un autre attentat le 2
juillet 1991 suite à l'explosion d'une bombe placée dans sa voiture.
Son fils, de dix ans, et un ami avaient également été blessés par
l'explosion; la voiture fut totalement détruite.
Helsinki Watch incrimine le gouvernement
Après la mort de Tan, Helsinki Watch exigea au
gouvernement turc de mener une enquête immédiate et profonde sur cet
attentat; de mettre fin aux perquisitions dans les bureaux de
l'Association des Droits de l'Homme (IHD); de cesser la détention, la
torture et le jugement des membres de l'IHD; et d'enquêter sur les
menaces de mort adressées aux représentants et membres de cette
association. Helsinki Watch demanda également au gouvernement de
traduire en justice les responsables de la mort de l'activiste des
droits de l'homme Vedat Aydin, assassiné en juillet 1991 à Diyarbakir.
En juillet 1992, dans un communiqué de presse,
Helsinki Watch rapportait ces cas concernant des activistes des droits
de l'homme:
"L'explosion d'une bombe dans la voiture de Siddik
Tan en juillet 1992 constitue l'un des quatre attentats dirigés contre
l'IHD en l'espace d'une courte période de temps en 1991. Le 18 juin
1991 un engin explosa dans la voiture de l'avocat et membre de l'IHD,
Mustafa Ozer. Le 25 juin 1991, une bombe explosa dans le bureau de
l'IHD à Diyarbakir causant d'importants dégâts.
L'attentat le plus grave pendant les mois de juin et
juillet, fut l'assassinat de Vedat Aydin, de 39 ans. Aydin était l'un
des fondateurs de la section de Diyarbakir de l'IHD. Le 5 juillet 1991,
M. Aydin fut emmené de son domicile par plusieurs hommes armés qui
prétendaient être des officiers de police. Son corps fut retrouvé le 8
juillet hors de Diyarbakir; son crâne avait été fracturé, ses deux
jambes étaient brisées et son corps portait 15 ou 16 blessures par
balles. Personne n'a encore été inculpé du meurtre d'Aydin ou des
autres actes de violence dirigés contre les membres de l'IHD.
Menaces de Mort
Au début du mois de mai, un tract contenant des
menaces de mort contre 28 personnes fut distribué dans le sud-est de la
Turquie. Les 28 personnes sont kurdes; toutes sont membres du Parlement
ou se sont exprimées au nom des Kurdes; certaines ont enquêté sur les
violations des droits de l'homme contre les Kurdes. Quatre de ces
personnes sont membres de l'Association des Droits de l'Homme:
Yavuz Binbay, président, IHD de Van,
Sekvan Aytug, président, IHD de Sirnak,
Faik Tunefan, membre, IHD d'Istanbul, et
Ömer Hazar, membre, IHD d'Istanbul.
Le tract fut signé par Islami Cihad-B - Islami
Yumruk (Guerre Sainte Islamique-B - Poing de l'Islam). Selon Amnesty
International, nombreux son ceux qui pensent que les forces de sécurité
turques en sont responsables.
Ercan Kanar, président de la section d'Istanbul de
l'IHD, avait fait savoir que les leaders de l'association recevaient
des menaces de mort (Cumhuriyet, 14 février 1992). En mai 1992, le
Bureau Principal de l'IHD rapportait que ses départements faisaient
l'objet de menaces (Cumhuriyet, 14 mai 1992).
Arrestations et Tortures
Sekvan Aytug, président de l'IHD de Sirnak, fut
arrêté à son retour d'un voyage à Ankara le 14 mai 1992. La police ne
communiqua pas la raison de sa détention, mais il avait récemment
fourni de l'information aux délégations des droits de l'homme et à la
presse à propos des violations des droits de l'homme qui s'étaient
produites en mars 1992 à Sirnak durant le Newroz, Nouvel An kurde. Son
nom figurait parmi les 28 personnes menacées de mort. Le 29 mai, Aytug
était arrêté de manière officielle. Les membres de l'IHD de Sirnak qui
l'on visité en prison ont déclaré: "Lors de notre visite nous avons
remarqué des hématomes et des blessures à l'arcade sourcilière gauche,
aux pieds et aux genoux. Ses déclarations aussi bien que tout ce que
nous avons pu observer indiquaient que M. Aytug avait été torturé
pendant sa détention."
Perquisitions dans les locaux de l'IHD
La section d'Istanbul de l'IHD fut perquisitionnée
par la police le 21 mars 1992; celle-ci confisqua des documents et des
avis. La même section fut perquisitionnée une nouvelle fois le 24
avril; des listes des membres et d'autres documents furent confisqués.
Le 14 mai, le bureau principal de l'Association des
Droits de l'Homme faisait savoir que ses départements avaient fait
l'objet de descentes, perquisitions et fermetures au cours de dernières
semaines (Cumhuriyet, 14 mai). A la fin du mois de mai, la section de
l'IHD de Bursa fut également perquisitionnée par la police.
Jugements contre les représentants de l'IHD
Le 4 février 1992 fut ouvert à la Cour de la Sûreté
de l'Etat un procès contre Esber Yagmurdereli, Ragip Duran et Atila
Aycin en raison des discours qu'ils ont prononcés le 18 septembre 1991
lors d'un meeting organisé par la section d'Istanbul de l'IHD. Les
défendeurs son inculpés de "propagande séparatiste" en vertu de
l'Article 8 de la Loi Anti-Terreur. Chacun d'eux risque une peine de
prison pouvant aller de deux à cinq ans.
Le 29 novembre 1991, six leaders de la section
d'Istanbul de l'IHD étaient traduits devant la Cour de la Sûreté de
l'Etat d'Istanbul et accusés d'avoir organisé une soirée de solidarité
envers les Kurdes d'Irak. Le procureur demanda que soit fermée
l'association et des peines de prison pour ses leaders.
Refus de la Liberté d'Expression
Le 21 mars 1992, la police empêcha des membres de la
section d'Ankara de l'IHD de placer une couronne dans la rue Yüksel
d'Ankara à l'occasion du Newroz. La police détruisit la couronne,
frappa le membre du conseil de l'IHD, Alpaslan Erturk et arrêta le
membre de cette même association, Yildiz Sik.
(Pour d'autres cas de violence contre les activistes
des droits de l'homme, voir Terreur d'Etat en juin-juillet)
LES FORCES DE SECURITE RESPONSABLES DU BAIN DE SANG
DU NEWROZ
Un rapport détaillé de la Fondation des Droits de
l'Homme de Turquie (TIHV) à propos du bain de sang qui entacha les
festivités du Nouvel An kurde ou Newroz en mars 1992, soutien que les
forces de sécurité ont été les premières à tirer sur les manifestants -
causant la mort à 92 personnes.
Le rapport fait remarquer qu'une déclaration
réalisée par le président Turgut Özal le 31 janvier, promettant une
opération massive dans le sud-est de la Turquie, n'avait fait
qu'augmenter la tension dans la région, bien que le Premier Ministre
Demirel annonçait le 9 mars que le Newroz serait célébré en toute
liberté.
Contrairement à toutes les promesses officielles,
poursuit le rapport, le bureau des gouverneurs des régions soumises à
l'état d'urgence décréta une série d'interdictions avant les festivités
du Newroz et les envoya sous forme de décrets aux autres gouverneurs.
"Un des décrets", indique le rapport, "interdit le transport entre
villages après 5 heures de l'après-midi, le travail dans les montagnes
ou les champs et le lâcher d'animaux." Dans le cadre des mesures
destinées à empêcher les festivités du Newroz, même les malades
devaient demander des documents et des permis spéciaux aux forces de
gendarmerie pour pouvoir se rendre dans les hôpitaux.
Bien que Demirel ait fait une petite déclaration
avant le 21 mars, précisant que tout le monde pouvait se réunir pour
célébrer le Newroz à condition de ne pas provoquer des actes de
violence, le rapport affirme que les forces de sécurité ont ouvert le
feu sur les manifestants civils au début des festivités, provoquant
d'autres affrontements. Selon la fondation, le premier incident est
survenu le 20 mars dans la municipalité de Gercus à Batman, où les
forces de sécurité ont ouvert le feu sur un groupe de près de 250
personnes qui avaient allumé un feu dans le cadre des festivités
traditionnelles du Newroz. Deux jeunes de 20 et 16 ans sont morts et
huit autres personnes ont été blessées.
A Sirnak, où un total de 38 personnes sont mortes et
120 autres ont été blessées le 21 mars dernier, les forces de sécurité
ont ouvert le feu sur un groupe de civils qui refusaient de se laisser
fouiller par la police tandis qu'ils marchaient en direction de la
Place de la République. Comme les affrontements se poursuivaient, et le
clandestin Parti des Travailleurs Kurdes (PKK) entra également en
action, le couvre-feu fut décrété dans la province. Cependant, les
affrontement se sont poursuivis les 22 et 23 mars avec des attentats du
PKK contre les baraquements militaires et les bâtiments officiels.
Selon le rapport, au milieu de la confusion, les
forces de sécurité ont tiré sur bon nombre de maisons qu'elles
croyaient occupées par des militants du PKK et en représailles contre
les événements, un groupe lyncha l'officier de police Osman Catana chez
lui.
Parmi les personnes identifiées comme victimes des
terroristes, six avaient entre 30 et 40 ans et quatre autres avaient
entre 45 et 70 ans. Le rapport, qui identifiait les blessés par leur
nom, révéla l'existence de deux jeunes victimes: une fille de cinq ans
et un garçon de neuf. La plupart des autres victimes avaient moins de
18 ans. Près de Cizre, où des milliers de personnes s'étaient donné
rendez-vous pour célébrer le Newroz, les forces de sécurité ont tiré
sur les manifestants. L'attaque fut accompagnée de marches militaires
amplifiées par les haut-parleurs de la police.
"La tension monta d'un cran lorsque de nombreuses
personnes sont tombées foudroyées par les balles", précise le rapport
qui ajoute que le reporter Izzet Kezer du quotidien Sabah est également
mort sous les balles provenant d'un véhicule blindé de la police alors
qu'il portait un drapeau blanc. Au cours des affrontements survenus à
Cizre entre le 21 et le 25 mars, le rapport souligne que 24 personnes
sont mortes et 60 autres ont été blessées. Le rapport des Droits de
l'Homme ajoute que la violence ne s'est produite que dans les régions
où sont intervenues les forces de sécurité et cite Van et Adana comme
exemple.
A Van, les affrontements se sont produits après une
intervention qui donna lieu au décret d'un couvre-feu. Une fois
celui-ci décrété, indique le rapport, "les forces de sécurité ont semé
la terreur dans la ville" et ont perquisitionné la section de Van de la
Fondation des Droits de l'Homme ainsi que le bureau provincial du Parti
Travailliste du Peuple (HEP). Ces perquisitions ont occasionné de
nombreux dégâts. Bien que les manifestations dans les districts de
Narlica et Daglioglu, à Adana, se sont déroulés sans incidents majeurs,
le rapport indique que les forces de sécurité tirèrent sur les
manifestants durant la nuit provoquant l'affrontement. Un jeune de 20
ans est mort et huit personnes, parmi elles un enfant et un agent de
police, ont été blessés. Necmettin Ekici, de 30 ans, est mort dans une
autre partie de la ville dans un incident similaire où six autres
personnes ont été blessées.
A Nusaybin, où des gardiens de village
paramilitaires auraient tiré sur des villageois qui marchaient vers le
centre de la ville le jour du Newroz, une personne est morte et deux
autres ont été blessées, cependant on n'a pas rapporté d'autres cas de
violence. Toutefois, le 22 mars, la police ouvrit le feu lorsque
quelque 8.000 personnes se dirigeaient vers le centre de la ville,
affirme le rapport.
Un total de 19 personnes furent tuées et 52 autres
blessées au cours des affrontements qui s'en suivirent.
Dans la municipalité de Yuksekova, à Hakkari, on
enregistra des incidents similaires après une première attaque des
équipes spéciales contre les manifestants, au cimetière, et une autre à
l'arme à feu dans la ville. Dans l'incident, un enfant de 14 ans fut
tué et six autres blessés. Au cours de la matinée, les forces de
sécurité ont tiré sur un groupe de 3.000 personnes réunies devant le
bâtiment du gouverneur. En tout, quatre personnes sont mortes et 38
autres ont été blessées au cours de quatre jours de violence.
Selon le rapport, bien que les autorités soutiennent
que les affrontements se sont produits entre le PKK et les forces de
sécurité, deux agents de police seulement sont morts pendant cette
vague de violence, ce qui met sérieusement en doute la véracité de la
version officielle.
Le rapport conclut que si le PKK était vraiment
intervenu dans ce sens, le nombre des victimes aurait été plus élevé.
TERREUR D'ETAT EN JUIN ET JUILLET
Le 2.6, à Ankara, près de 50 membres du service
sanitaire ont placé une couronne noire devant le bâtiment du Ministère
de l'Intérieur pour protester contre les tortures infligées à
l'infirmière, enceinte de trois mois, Nazli Top, au Centre de la Police
Politique à Istanbul entre le 27 avril et le 7 mai. La police a
immédiatement dissout la manifestation et arrêté huit personnes.
Le 2.6, dans la province de Rize, les forces de
sécurité ont arrêté treize personnes.
Le 2.6, dans la ville de Salihli (province de
Manisa), le leader local du HEP, Ali Kacan, fut arrêté par la police.
Le 2.6, la CSE de Diyarbakir condamna un membre
présumé du PKK à 22 ans et six mois de prison et un autre à trois ans
et neuf mois.
Le 4.6, à Elazig, les forces de sécurité fouillèrent
de nombreuses maisons. Au cours de l'opération trois personnes ont été
abattues et 25 autres arrêtées.
Le 4.6, dans la ville de Kiziltepe (province de
Mardin), l'enseignant Seydos Aydogan fut assassiné par le Hezbollah.
le 4.6, dans la ville de Kulp (province de
Diyarbakir), les forces de sécurité ont ouvert le feu contre la foule
rassemblée pour les funérailles d'un militant du PKK et blessèrent cinq
personnes.
Le 5.6, un meeting organisé par le Parti Ecologique
dans le cadre de la Journée Mondiale de l'Environnement fut interdit
par le gouverneur d'Izmir.
Le 5.6, à Kiziltepe, au cours des funérailles de
Seydos Aydogan, les forces de sécurité tirèrent sur la foule et tuèrent
une personne, en blessèrent trois et arrêtèrent 20 autres.
Le 5.6, le Hezbollah arrêta un minibus sur la route
Midyat-Dargecit (province de Mardin) et assassina Fevzi Anik et Ahmet
Yesilmen.
Le 7.6, dans le district de Bismil (province de
Diyarbakir) l'étudiant universitaire Aziz Biber fut poignardé par le
Hezbollah et son corps fut abandonné au cimetière.
Le 7.6, la cour pénale n_ 18 d'Ankara condamna 17
étudiants universitaires à des peines de prison allant jusqu'à six ans
pour avoir pris part à une manifestation non autorisé en décembre 1989
à la Faculté Pédagogique de l'Université Gazi à Ankara.
Le 10.6, un meeting sur les droits syndicaux des
fonctionnaires publics fut interdit par le gouverneur d'Istanbul.
Le 10.6, dans le district de Tatvan (province de
Bitlis), un minibus fut stoppé et treize voyageurs furent abattus par
des personnes non identifiées.
Le 10.6, le gouverneur d'Hakkari n'autorisa pas
l'ouverture d'une section du Syndicat de l'Education et la Science
(EGIT-SEN) dans la province.
Le 11.6, dans le district de Silvan (province de
Diyarbakir), le docteur Mehmet Emin Ayhan fut assassiné par le
Hezbollah.
Le 11.6, les forces de sécurité arrêtèrent sept
personnes dans le district de Mutki (province de Bitlis).
Le 13.6, à Izmir, le leader local du HEP,
Abdurrahman Dayan et 96 autres personnes furent arrêtés pour avoir
chanté des chansons kurdes pendant une cérémonie de mariage.
Le 13.6, dans le district de Kiziltepe (province de
Mardin), le forgeron Seymuz Ibrahimoglu et son frère, Hasan
Ibrahimoglu, furent assassinés par des tireurs inconnus.
Le 14.6, à Mardin, le leader local du HEP, Veysi
Parilti et un autre représentant du parti, Hasan Güler, furent arrêtés.
Le 16.6, au cours de leur procès à la CSE d'Izmir,
cinq étudiants du secondaire accusés d'appartenir à une organisation
illégale, furent battus pendant l'audience pour avoir crié des slogans
politiques.
Le 16.6, le leader de l'IHD d'Antalya, Mustafa
Sahin, déclarait qu'au cours des vingt derniers jours trois personnes
avaient subi des tortures. Un garçon de 15 fut également torturé le 8
juin au poste de police du Port Maritime.
Le 16.6, à Gaziantep, cinq personnes ont déclaré au
cours d'une conférence de presse dans le Bureau Local de l'IHD que la
police politique les avait torturées au cours de leur détention, entre
le 18 et le 27 mai.
Le 16.6, à Izmir, le gouverneur n'autorisa pas un
meeting sur le thème de l'unité des socialistes.
Le 16.6, à Izmir, trois personnes furent condamnées
en vertu de l'Article 146 du CPT pour avoir attaqué une voiture de
police. Chacune d'elles risque la peine capitale.
Le 16.6, à Malatya, l'Association d'Education
Folklorique (MFED) fut fermée par ordre du gouverneur.
Le 16.6, les forces de sécurité arrêtèrent cinq
villageois dans le district de Cinar (province de Diyarbakir) et cinq
autres dans le district d'Ergani.
Le 17.6, sept personnes furent condamnées par la CSE
de Malatya à des peines de prison allant jusqu'à 3 ans et 9 mois pour
avoir aidé le PKK.
Le 17.6, la Fondation des Droits de l'Homme (TIHV)
rapportait qu'il était possible qu'un détenu politique, Hasan Güldal,
ait été torturé jusqu'à la mort au Poste de Gendarmerie d'Artvin. Selon
des témoins oculaires, Güdal avait été arrêté le 23 mai et avait subi
des tortures. Personne ne sait où il se trouve depuis le 28 mai.
Le 18.6, les forces de sécurité arrêtèrent 21
villageois dans les districts de Nusaybin et Mazidag (province de
Mardin).
Le 19.6, dans la ville de Silvan (province de
Diyarbakir), les forces de sécurité tuèrent quatre personnes et en
blessèrent trois autres alors qu'elles effectuaient une descente dans
une maison. Parmi les victimes figure un représentant du HEP, Felemez
Günes.
Le 19.6, deux enfants, un de 14 ans et un autre de
17, accusés d'avoir pris part à des actions du PKK, furent condamnés à
de lourdes peines de prison par la CSE de Diyarbakir. Dans un premier
temps ils furent condamnés à la peine capitale en vertu de l'Article 25
du CPT, mais elle fut commuée en une peine de prison de 12 ans et 6
mois pour le plus jeune et de 16 ans et 8 mois pour l'autre.
Le 20.6, à Batman, le représentant de l'IHD, Siddik
Tan, fut abattu au cours d'une descente dans une maison. Il avait déjà
été blessé l'année dernière, le 2 juillet, suite à l'explosion d'une
bombe placée dans sa voiture.
Le 20.6, à Istanbul, la police fit une descente dans
les bas quartiers de Kücükarmutlu et fouilla toutes les maison une par
une. 31 personnes auraient été arrêtées.
Le 21.6, s'ouvrait à la Cour Criminelle n_ 3 de
Bursa le procès contre 21 étudiants qui avaient participé à une bagarre
entre groupes de gauche à l'Université d'Uludag trois mois auparavant.
Le procureur demande des peines de prison supérieures à trois ans pour
chacun d'eux.
Le 22.6, à Batman et Nusaybin, trois personnes
furent abattues par des inconnus.
Le 22.6, des milliers de fonctionnaires publics qui
participaient à une marche de protestation depuis Istanbul furent
stoppés par la police à l'entrée d'Ankara. Pendant l'intervention
policière, des centaines de manifestants furent brutalement battus et
30 d'entre eux furent arrêtés.
Le 23.6, à Adana, treize militants supposés de la
TIKKO (Armée de Libération des Travailleurs-Paysans de Turquie) furent
arrêtés.
Le 23.6, à Gaziantep, huit personnes furent arrêtées
pour avoir scandé des slogans au cours d'une soirée en faveur de la
solidarité turco-kurde.
Le 24.6, une femme enceinte de 22 ans, Menice
Kirtay, fut victime de tortures et d'harcèlements sexuels au Poste de
Police de Silvan. Elle avait été arrêtée le 19 juin suite à une
descente de police au cours de laquelle son mari, Ali Kirtay, fut
abattu. Elle perdit son enfant après qu'on lui ait introduit une
matraque dans son vagin.
Le 26.6, à Ankara, la police politique arrêta neuf
militants supposés du PKK.
Le 26.6, dans le district d'Idil (province de
Sirnak), des gardiens de village tuèrent deux travailleurs municipaux.
Le 26.6, le congrès du Syndicat des Travailleurs des
Chemins de Fer fut interdit par le gouverneur d'Ankara sous prétexte
que les fonctionnaires publics n'ont pas de droits syndicaux.
Le 26.6, la CSE de Malatya condamna six militants
présumés du PKK à des peines de prison allant jusqu'à 12 ans et six
mois.
Le 27.6, à Bitlis, neuf personnes furent placées en
détention par un tribunal pour avoir pris part aux activités du PKK.
Le 27.6, à Diyarbakir, Abdullah Aksoy fut abattu par
le Hezbollah.
Le 27.6, à Gaziantep, douze personnes furent
arrêtées pour avoir chanté des chansons kurdes au cours d'une cérémonie
de mariage.
Le 29.6, commençait à la CSE d'Izmir le procès
contre 34 personnes accusées d'avoir participé aux actes du 1e Mai
alors qu'ils étaient interdits. Chacun d'eux risque une peine de prison
de cinq ans.
Le 30.6, à Silvan, trois personnes, Halim Yasar, son
fils Adil Yasar et son frère Nazim Yasar furent abattus par le
Hezbollah.
Le 30.6, dans la ville de Nusaybin (province de
Mardin), plus 3.000 personnes prirent part à une manifestation pour
protester contre les opérations et les arrestations policières dans la
région. Les forces de sécurité, appuyées par des tanks et des blindés
arrêtèrent plus de 200 manifestants.
Le 1.7, dans le district de Silvan (province de
Diyarbakir), Mehmet Bugdayci et Recep Alparslan auraient été torturés
jusqu'à la mort par le Hezbollah.
Le 2.7, à Cizre, une opération policière de trois
jours donna lieu à l'arrestation de plus de 100 personnes.
Le 2.7, à Van, les forces de sécurité arrêtèrent six
personnes.
Le 2.7, la CSE d'Izmir condamna trois membres
présumés du PKK à des peines individuelles de 12 ans et 6 mois de
prison.
Le 2.7, commença à la CSE d'Istanbul le procès
contre 17 étudiants universitaires de gauche, arrêtés après un conflit
avec des étudiants de droite à Bursa.
Le 2.7, s'ouvrait à la CSE d'Istanbul le procès
contre six membres présumés de Dev-Sol (Gauche Révolutionnaire). Chacun
d'eux risque une peine de prison de 22 ans et 6 mois. Les défendeurs
manifestèrent que leurs dépositions avaient été obtenues sous la
contrainte de la torture et présentèrent des certificats médicaux qui
attestaient des traces de torture.
Le 3.7, à Urfa, Ramazan Sat, de 38 ans, fut abattu
par le Hezbollah.
Le 5.7, la CSE d'Izmir interdit la distribution d'un
tract intitulé "Mettons fin au terrorisme d'Etat et à la Guerre
Spéciale", rédigé par le HEP. En outre, les représentants du HEP furent
condamnés pour ce tract en vertu de la Loi Anti-Terreur.
Le 7.7, un réfugié politique, Ali Ekber Basaran, fut
arrêté à l'aéroport d'Ankara lorsqu'il rentrait de France après un long
exil volontaire.
Le 8.7, dans le district de Bismil (province de
Diyarbakir), 15 villageois furent arrêtés par les forces de sécurité.
Deux des détenus sont âgés de 12 ans.
Le 8.7, commençait à la Cour Pénale n_ 15 d'Ankara
le procès contre les leaders de TURK-IS (Confédération des Syndicats
Turcs) pour avoir incité des travailleurs à la grève. Chacun d'eux
risque une peine de prison de trois mois.
Le 9.7, à Izmir, l'avocat Kemal Kirlangic déclarait
que son client Rahmi Akbulak, ainsi que ses deux enfants, Sahbender et
Muzaffer Akbulak, avaient été torturés le 4 juillet après une
discussion avec des agents de police.
Le 9.7, à Izmir, la police annonça l'arrestation de
50 militants présumés du PKK.
Le 11.7, à Ankara, la police tua deux personnes
alors qu'elle faisait une descente dans une maison. Les autorités
policières soutiennent qu'elles se sont suicidées.
Le 12.7, à Istanbul, la police fit une descente dans
le Centre Culturel Ortaköy sans mandat judiciaire et arrêta 20
personnes.
Le 12.7, trois personnes furent abattues par des
inconnus alors qu'elles se rendaient en voiture de Sirnak à Uludere.
Le 13.7, à Ankara, une série d'actions contre le PKK
donna lieu à l'arrestation de 30 personnes.
Le 13.7, à Istanbul, la police tua deux personnes au
cours d'une descente dans une maison.
Le 14.7, à Istanbul, le tenancier d'une maison de
café Numan Akcal déclara avoir été torturé dans un poste de police.
Le 15.7, la CSE de Malatya condamna trois membres du
TDKP (Pari Communiste Révolutionnaire de Turquie) à des peines
individuelles de prison de 15 ans.
Le 16.7, à Bursa, un transitaire, Muammer Evren,
affirmait que lui et sa femme avaient été torturés dans un poste de
police où ils s'étaient rendus afin de déposer plainte pour
vol.
Le 16.7, à Istanbul, dix personnes furent arrêtées
par la police au cours des funérailles de Nurten Demir, abattu par la
police le 13 juillet.
Le 17.7, à Istanbul, le représentant du HEP, Cihan
Sahkat, fut arrêté par la police qui effectuait une descente chez lui.
Le 17.7, à Istanbul, la police dispersa de force une
manifestation de travailleurs et en blessa huit.
Le 17.7, dans la ville de Viransehir (province
d'Urfa), une opération policière donna lieu à l'arrestation de cinq
personnes, dont le président du HEP Cecen Topcu.
Le 17.7, l'IHD annonçait que 50 personnes détenues
au Centre de la Police Politique d'Izmir avaient été torturées.
Le 18.7, à Batman, un vendeur ambulant, Mustafa
Saltikap, fut abattu par des inconnus.
Le 19.7, à Adana, 12 membres présumés du PKK furent
arrêtés par la police politique.
Le 19.7, à Batman, une opération contre le PKK donna
lieu à l'arrestation de 20 personnes.
Le 19.7, à Istanbul, alors que la police effectuait
une descente dans une maison, trois personnes furent abattues sur
place. Une autre personne qui avait pris la fuite subit le même sort
dans une maison voisine. La police les accusait d'avoir participé aux
activités du TIKKO. L'Association pour la Liberté et le Droit
(Ögdür-Der) accuse la police d'exécuter des innocents sans procès.
Le 19.7, à Istanbul, dix personnes furent arrêtés
alors qu'elles honoraient la mémoire d'une victime de la terreur
policière.
Le 19.7, dans le district de Dogubeyazit (province
d'Agri), les forces de sécurité arrêtèrent plus de 50 personnes au
cours d'une opération de trois jours menée contre le PKK.
Le 19.7, dans la ville de Nusaybin (province de
Mardin), un commerçant de 35 ans, Mehmet Dagdelen, fut assassiné par
des inconnus.
Le 20.7, à Istanbul, un vendeur ambulant, Abdulbaki
Kara, déclara qu'il avait été torturé pendant ses trois jours de
détention policière, du 11 au 14 juillet.
Le 20.7, à Tatvan, le chef du village de Düzcealan
et neuf autres villageois furent arrêtés au cours d'une descente de
police. Un des détenus, Hayat Oral, avait 16 ans.
Le 22.7, neuf des 12 membres présumés du PKK arrêtés
la semaine précédente par la police à Adana furent placés en détention
par un tribunal.
Le 23.7, une personne de 55 ans, Nurettin Aslan,
aurait été tuée par la police au cours de son interrogatoire à
Istanbul. Les autorités policières affirmèrent qu'Aslan se jeta du
huitième étage du bâtiment.
Le 23.7, à Aydin, le président local du HEP, Lezgin
Culduz, et trois autres membres du parti, furent arrêtés par la police.
Le 23.7, les forces de sécurité effectuèrent une
série d'arrestations à Adana.
Le 24.7, à Batman, Seyfettin Özdemir fut assassiné
par le Hezbollah.
Le 24.7, à Diyarbakir, Seyhmuz Güneyli et Salih
Güneyli furent assassinés par des inconnus.
Le 24.7, dans la ville de Ceylanpinar (province
d'Urfa), 15 commerçants furent arrêtés pour avoir fermé leurs magasins
dans un acte de protestation.
Le 25.7, dans la ville de Kiziltepe (province de
Mardin), un dentiste d'origine assyrienne, Yakup Yöndem, fut abattu par
le Hezbollah.
Le 26.7, à Batman, trois personnes, Cevdet Tasan,
Mim Nesim Orman et Masum Erol furent assassinés par des inconnus.
Le 26.7, dans la ville d'Uludere (province
d'Hakkari), douze personnes furent arrêtées par la police.
Le 27.7, un groupe de fonctionnaires publics fut
attaqué par des équipes de police qui manifestait devant le Ministère
de la Santé contre l'insuffisance des augmentations salariales. Sept
des manifestants furent sérieusement blessés.
Le 27.7, une femme kurde de 26 ans arrêtée au cours
d'une opération contre le PKK à Izmir déclara qu'elle avait été battue
par des agents de police devant ses enfants et qu'ensuite elle avait
été torturée au poste de police.
Le 28.7, à Antalya, des équipes de police firent une
descente dans les quartiers d'Habibler et Sinan habités par des Kurdes
et neuf personnes y furent arrêtées.
Le 28.7, deux membres du Comité des Droits de
l'Homme de l'Assemblée Nationale, le député d'Urfa, Halil Ibrahim Celik
et le député d'Istanbul, Halit Dumankaya, ne furent pas autorisés à
visiter les Quartiers de la Police Politique d'Ankara afin de vérifier
les conditions de détention pratiquées là-bas.
Le 28.7, des personnes armées non identifiées
stoppèrent un bus à Hakkari et tuèrent une femme enceinte de huit mois,
Naciye Özer, et une fille de 2 ans, Nurcan Özatak.
Le 29.7, dans la ville de Nusaybin (province de
Mardin), l'imprimeur Eyüp Aktas fut abattu par des inconnus.
Le 30.7, à Nusaybin, Bedirhan Günes qui avait été
victime d'un attentat des militants du Hezbollah est mort à l'hôpital.
PRESSIONS SUR LES MEDIAS EN JUIN ET JUILLET
Le 2.6, l'administration de la Prison Centrale
d'Ankara interdit aux détenus la lecture d'une série de publications
comme Yeni Ülke, Yeni Demokrasi, Halk Demokrasisi, Kristal-Is Bulteni,
Wellat, Secme Yazilar, Mücadele, Ekimler, Cagdas Hukuk Bülteni.
Le 3.6, le rédacteur de la revue politique Ak-Dogus,
Sinami Orhan, fut arrêté pour purger une peine de prison de 18 mois
dont il avait écopé pour avoir insulté Atatürk dans un article.
Le 9.6, la Cour de Cassation confirma une peine de
prison d'un an et quatre mois pour le caricaturiste Ismail Pehlivan,
rédacteur de l'hebdomadaire Girgir. Il avait été condamné par une cour
pénale d'Istanbul en vertu de l'Article 158 du CPT pour avoir insulté
le président Özal dans une caricature.
Le 9.6, l'édition n_ 34 de l'hebdomadaire Yeni Ülke
fut confisquée par la CSE d'Istanbul pour propagande séparatiste.
Le 16.6, l'édition n_ 35 de l'hebdomadaire Yeni Ülke
fut confisquée par la CSE d'Istanbul pour avoir critiqué le Procureur
de la CSE d'Ankara.
Le 16.6, l'édition n_ 18 du mensuel Komün fut
confisquée par la CSE d'Istanbul.
Le 17.6, l'éditeur Hikmet Kicak fut condamné par la
CSE d'Ankara à payer une amende de 150 millions de LT (20.000$) pour
avoir publié un livre d'Edit Polat intitulé Nous avons transformé la
pénombre en Newroz [Nouvel An kurde], et ce en vertu de la Loi
Anti-Terreur. Le livre avait déjà été confisqué.
Le 17.6, le journaliste Adnan Gerger fut condamné en
vertu de la Loi Anti-Terreur pour son livre A qui appartient l'arrière
des montagnes ? Il sera jugé par la CSE d'Ankara.
Le 18.6, l'ancien président du HEP à Aydin, Lezgin
Culduz, et Ismet Dag furent condamnés par la CSE d'Izmir à des peines
de prison de 20 mois et à payer des amendes de 41,6 millions de LT
(6.000$) pour avoir publié un calendrier "contenant de la propagande
séparatiste."
Le 19.6, le correspondant à Nusaybin du journal
Özgür Gündem, Vahap Aslan, fut arrêté par la police alors qu'elle
faisait une descente chez lui.
Le 24.6, un livre intitulé Ma vie en bref, écrit il
y a 70 ans par Ekrem Cemil Pasa, fut confisqué à Ankara parce qu'il
contient quelques photos critiques à l'égard d'Atatürk.
Le 24.6, deux correspondants du journal Özgür
Gündem, Mehmet Senol et Rauf Yildiz, furent arrêtés à Diyarbakir.
Le 28.6, le correspondant à Nusaybin du journal
Özgür Gündem, Vahap Aslan, déclara avoir été torturé pendant la semaine
de détention policière dont il avait subie.
Le 29.6, la dernière édition de l'hebdomadaire Azadi
fut confisquée par la CSE d'Istanbul pour propagande séparatiste.
Le 1.7, l'édition n_ 37 de l'hebdomadaire Yeni Ülke
fut confisquée pour propagande séparatiste.
Le 3.7, une collection de poèmes publiés par Cemsid
Mar, Légendes kurdes contemporaines, fut confisquée par la CSE d'Ankara
en vertu de la LAT. L'éditeur du livre, Mehmet Bayrak fut condamné à
payer une amende de 100 millions de LT (13.500$).
Le 3.7, le journaliste Kadir Misirlioglu fut jeté en
prison pour y purger une peine de 20 mois dont il avait écopé pour un
article qu'il avait écrit en 1977.
Le 9.7, la CSE d'Ankara confisqua le livre du Dr
Ismail Besikci La loi de Tunceli-1935 et le génocide de Dersim pour
propagande séparatiste. Le livre avait déjà été confisqué il y a deux
ans en vertu de l'Article 142 du Code Pénal Turc. Mais la décision
avait été annulée après la suppression de cet article.
Le 12.7, le gouverneur d'Istanbul interdit des
posters réalisés par le Parti de l'Union Socialiste (SBP) préconisant
une solution pacifique à la question chypriote.
Le 12.7, la revue politique Emegin Bayragi fut
confisquée par la CSE d'Istanbul en vertu de la Loi Anti-Terreur.
Le 12.7, la CSE d'Istanbul confisqua la nouvelle
édition de l'hebdomadaire Mücadele l'accusant de faire l'apologie d'une
organisation illégale.
Le 13.7, à Ankara, le journaliste Medeni Ayhan,
représentant de la revue Özgür Halk, fut arrêté en compagnie de 29
autres personnes au cours d'une série d'opérations contre le PKK.
Le 13.7, à Istanbul, la police arrêta une voiture du
journal Özgür Gündem, frappa les journalistes Gökhan Kürüm et
Cafer Yildiz et détruisit tous les journaux qu'ils transportaient dans
le véhicule.
Le 18.7, le concert du groupe Kizilirmak à Antakya
fut interdit par le gouverneur d'Hatay.
Le 19.7, l'édition n_ 39 de l'hebdomadaire Yeni Ülke
fut confisquée par la CSE d'Istanbul parce qu'elle contenait un rapport
de l'Internationale des Démocrates Chrétiens à propos de la question
kurde.
Le 21.7, le correspondant du quotidien Özgür Gündem,
Ali Dogan, fut arrêté par la police à Tunceli.
Le 22.7, à Istanbul, deux correspondants de
l'hebdomadaire Gercek, Ilkay Demir et Metin Göktepe, furent arrêtés et
frappés par la police alors qu'ils couvraient un acte de protestation
des travailleurs municipaux.
Le 23.7, dans la ville d'Ergani (province de
Diyarbakir), la librairie Arkadas fut perquisitionnée et son libraire,
Ümit Özgür, fut frappé et blessé au visage.
Le 25.7, deux correspondants du quotidien Özgür
Gündem, Bahatin Özen et Ayten Aydin, furent arrêtés par la police alors
qu'ils couvraient la visite des députés du HEP à Mardin.
Le 26.7, un livre intitulé Notre drapeau flottera
sur tout le pays, publié par la maison d'édition Haziran, fut confisqué
par la CSE d'Istanbul pour propagande en faveur d'une organisation
illégale.
Le 26.7, un poster sur les Kurdes, réalisé par le
Parti de l'Union Socialiste (SBP) fut interdit par le gouverneur
d'Izmir. Par ailleurs, la CSE d'Izmir décréta sa confiscation.
Le 27.7, les autorités policières refusèrent de
délivrer un passeport à Yasar Kaya, éditeur du journal Özgür Gündem.
Le 27.7, deux correspondants du quotidien Özgür
Gündem, Abdullah Arisoy et Ali Komak, déclarèrent qu'au cours des 15
jours de détention qu'ils avaient passés à Cizre, entre le 1 et le 16
juillet, ils avaient été torturés. Bien qu'ils ont été relâchés, un
tribunal vient de délivrer un mandat d'arrestation contre eux.
Le 28.7, l'édition n_ 4 du mensuel Mücadele fut
confisquée par la CSE d'Istanbul parce qu'elle contenait des articles
en faveur de Dev-Sol.
Le 28.7, le représentant d'Ankara du mensuel Özgür
Halk, Medeni Ayhan, déclara une fois en liberté qu'il avait subi des
mauvais traitements durant ses 15 jours de détention policière et qu'il
avait été témoin des tortures infligées aux autres détenus.
Le 30.7, le président local du HEP dans la province
d'Aydin, Lezgin Culduz, fut arrêté sur ordre de la CSE d'Izmir pour
avoir appuyé le PKK.
Le 30.7, un livre intitulé Mon étude sur la lutte
nationale kurde à Dersim, rédigé par le journaliste Mehmet Bayrak à
partir des travaux de Nuri Dersimli, fut confisqué par la CSE d'Ankara
pour propagande séparatiste. Un action en justice fut également
introduite contre Mehmet Baykara.
Le 30.7, un livre intitulé La question de la femme
et la famille, qui contient des articles du leader du PKK Öcalan, fut
confisque en vertu de la LAT.
LE 31.7, dans le district de Kiziltepe (province de
Mardin) l'éditeur et rédacteur en chef de l'hebdomadaire Mezopotamya,
Cemil Aydogan, fut jugé à la CSE de Diyarbakir pour propagande
séparatiste. Le procureur demande une peine de prison de 5 ans et une
amende de 50 millions de LT (7.000$) en vertu de la Loi Anti-Terreur.
Le 31.7, le procureur introduisit une action en
justice à la CSE d'Istanbul contre l'éditeur Yasar Kaya et le rédacteur
responsable, Selcuk Gür, du quotidien Özgür Gündem pour avoir publié
une interview du leader du PKK, Öcalan.