PROVOCATION
PAR L'ETAT
Porte principale de la ville de Sirnak... A
l'arrière-plan, une entrée hantée par les coups de feu porte la fameuse
phrase de Mustafa Kemal Atatürk: "Comme je suis fier de dire que je
suis turc!" Imaginez le résultat si un Etat imposait une bannière aussi
provocante dans une ville quelconque d'un pays démocratique où se
côtoient plusieurs nationalités? Par exemple, "Comme je suis fier de
dire que je suis flamand!" à Namur, ou "Comme je suis fier de dire que
je suis wallon!" à Anvers.
SIRNAK RUINEE PAR L'ETAT
En août, le Kurdistan turc fut victime d'une
nouvelle provocation du régime turc visant à justifier le terrorisme
d'Etat dont souffre tout le pays. Suite à cette provocation, la ville
kurde de Sirnak fut complètement dévastée par les forces de sécurité et
la quasi totalité de la population dut fuir pour échapper au massacre.
Selon les communiqués officiels, "une force de 700 à
1.500 guérilleros lança une attaque massive contre les installations
gouvernementales et militaires de Sirnak, le soir du 18 août. Après la
riposte de forces de sécurité, les affrontements se sont poursuivis
pendant trois jours." Le Ministre de l'Intérieur, Ismet Sezgin, affirme
que "les assaillants semblaient faire partie d'une équipe suicidaire"
et soutient que pas moins de 100 guérilleros furent tués alors que les
forces de sécurité ne déplorent que cinq morts et 13 blessés.
En fait, la dévastation de Sirnak survient trois
jours après le huitième anniversaire du début de la campagne armée du
PKK contre les forces de sécurité dans la région kurde du sud-est. Deux
mille manifestants ont commémoré l'événement par un rassemblement dans
la ville d'Adana et d'autres événements similaires à Istanbul et
plusieurs villes du Sud-est. La plupart des magasins sont restés fermés
à Diyarbakir, Batman, Tunceli, Nusaybin et Kulp. Une personne aurait
été tuée et la police arrêta 488 autres.
Auparavant, à la mi-juillet, le commerce turc avec
le nord de l'Irak avait été pratiquement paralysé lorsque les militants
du PKK décrétèrent la fermeture de la frontière.
A première vue, la version officielle des incidents
de Sirnak semblait acceptable pour bien des observateurs et nombreux
furent ceux qui ont pensé à une nouvelle campagne du PKK.
Cependant, lorsqu'au terme des trois jours de
tragédie les armes se sont tues, de nombreuses questions sont restées
sans réponses. Ni les députés, ni les journalistes ne furent autorisés
à examiner les faits sur place.
Le journaliste Mehmet Ali Birant du Sabah, par
exemple, écrit dans un article: "Selon la version officielle parue dans
les journaux, des centaines de guérilleros du PKK ont effectué un raid
dans la ville et ont causé d'importantes destructions avec leur énorme
arsenal. Pourquoi le PKK détruirait-il les maisons et forcerait les
gens à fuir? A Sirnak, la majorité des habitants sympathise avec le
PKK. Pourquoi cette organisation punirait-elle ses sympathisants?"
Le seul fait visible fut une fuite sans précédents
de la population de Sirnak. La quasi totalité de la population dut
quitter la ville pour échapper au massacre. Quelque 5.000 Kurdes furent
placés dans des camps de fortune à environ 20 km de Sirnak. 15.000
autres sont partis chez des amis ou des parents dans le Sud-est et même
au-delà.
Au cours de cette période de "black-out", les
autorités turques, profitant de la désinformation, ont encore renforcé
le terrorisme d'Etat.
Le Conseil de Sécurité Nationale, composé par des
commandants de l'Armée et quelques ministres, fut immédiatement
convoqué en séance extraordinaire par le Président Özal pour examiner
la situation. Cette réunion, célébrée le 27 août dans des baraquements
militaires à Diyarbakir, principale ville du Kurdistan turc, fut suivie
sur place d'une réunion du Conseil des Ministres et les directives de
généraux furent présentées au gouvernement.
Le Conseil National de Sécurité explique dans une
déclaration extrêmement élaborée: "Afin de protéger l'intégrité et
unité de l'Etat, la lutte contre le terrorisme se poursuivra dans le
cadre de la loi et aura recours à toutes les mesures nécessaires. Des
coups seront certainement portés à l'organisation terroriste, qui sera
traquée dans les montagnes, les zones rurales et les villes, aussi bien
à l'intérieur qu'à l'extérieur du pays. Nul n'a le droit d'encourager
une organisation terroriste qui assassine d'innocents citoyens et
martyrise des soldats et des policiers."
Les directives du CNS, immédiatement adoptées par le
gouvernement, furent commentées dans l'édition du 28 août du journal
Hürriyet en les termes suivants: "La décision adoptée lors de la
réunion fut interprétée comme un ordre pour tuer APO [Abdullah Öcalan,
leader du PKK] et tous les autres leaders du PKK dès qu'ils seront
trouvés, appliquant ainsi la méthode israélienne. Jusqu'à présent, la
Turquie n'a lancé aucune attaque contre les terroristes du PKK à
l'étranger excepté des bombardements aériens des camps de
l'organisation dans le nord de l'Irak. Après la décision de Diyarbakir,
on peut également s'attendre à des opérations terrestres contre les
camps situés à l'étranger."
En fait, le 29 août les avions turcs ont lancé une
opération aérienne de grande envergure contre la partie turque et nord
irakienne des monts Cudi et Gabar, où sont localisés les camps du PKK.
Pendant que les avions bombardaient une grande zone, utilisant la
célèbre méthode du "tapis de bombes", des commandos turcs lançaient une
opération terrestre plus limitée.
Le 30 août, cette opération était suivie d'une
intervention militaire en Iran. Les autorités de Téhéran ont protesté
contre cette première incursion militaire turque en territoire iranien.
C'est au milieu de cette hystérie anti-kurde,
savamment orchestrée, que les réformes judiciaires visant à réduire la
période de détention et à imposer la présence d'avocats durant les
interrogatoires furent retirées de l'agenda de l'Assemblée Nationale et
que le président de la Cour de Cassation réclama le renforcement des
mesures de répression.
Points inexpliqués
Ce n'est qu'après avoir appliqué les directives du
CNS que les journalistes furent autorisés à se rendre à Sirnak et à
converser avec la population. Voici ce que le journaliste Ismet G.
Imset publia dans The Turkish Daily News de 5 septembre:
"A Sirnak, tout ce que l'on peut voir c'est une
ville dévastée. Chaque bâtiment du centre provincial porte des traces
de coups de feu. La quasi totalité des fenêtres sont cassées. Les
volets et les rideaux de fer qui protègent les magasins ont été pliés
ou défoncés, prouvant qu'on a essayé de les ouvrir de force.
"Des dizaines de maisons ont été brûlées pendant la
violence. D'autres ont vraisemblablement été touchées par des
projectiles tirés par des tanks.
"D'après les témoins, immédiatement après le début
des hostilités, quatre tanks ont été introduits dans la ville et ont
commencé à tirer sur un ensemble de bâtiments.
"Le gouverneur Mustafa Malay déclara que, sans aide
extérieure, un mois serait nécessaire pour réparer les bâtiments
publics. Les dégâts sont estimés à plus de 500 milliards de LT (70
millions de $).
"Jusqu'à présent, en l'absence de preuves, la
version selon laquelle des unités du PKK venant des montagnes ont
attaqué Sirnak n'est malheureusement qu'une insinuation et les versions
des témoins oculaires, qui la contredisent, ont tout naturellement
concentré l'attention aussi bien dans la région qu'en Occident.
"Le premier jour d'affrontements, des hautes
autorités ont annoncé à Ankara que Sirnak était encerclée par les
forces de sécurité. Après le cessez-le-feu, le Ministre de l'Intérieur,
Ismet Sezgin, annonçait que les terroristes avaient quitté la ville
emmenant leurs morts avec eux.
"Si le PKK attaqua la ville de l'intérieur, où sont
toutes les douilles utilisées, où sont tous les terroristes, plus de
1.000, qui auraient participé à l'attaque? Si des terroristes ont été
affrontés pendant deux jours, comment expliquer que le nombre de
victimes se réduise à 14 civils, dont des enfants, après l'affrontement
initial le 18 août?
"Si la ville était encerclée comment sont partis les
terroristes? Si la ville n'était encerclée alors qu'elle était assiégée
par les terroristes, pourquoi ne pas avoir pris cette mesure?
"Après les combats, au milieu des questions à propos
des armes du PKK, les explications concernant les cartouches utilisées
attira également l'attention de l'Occident.
"On sait que dans certaines attaques urbaines, où
les milices du PKK peuvent être suivies grâce à une étude balistique
des armes, les séparatistes préfèrent garder les douilles avec eux.
"Dans les assassinats, la même méthode serait
maintenant utilisée dans la région par 'd'autres forces clandestines'
dans le cadre d'une campagne destinée à 'liquider' les activistes
pro-kurdes.
"Mais dans la majorité des cas, des sacs spéciaux
adaptés aux Kalashnikovs recueillent l'équivalent de deux magazines
remplis de douilles vides et dans las attaques programmées cela suffit.
"Les autorités soutiennent maintenant que les
terroristes, même les unités camouflées dans les montagnes, utilisent
ces sacs dans leurs actions et cela explique qu'aucune douille de
Kalashnikov n'ait été trouvée dans les rues de Sirnak.
"Dans le cas de Sirnak, cependant, une réplique
s'est produite.
"Si la version officielle est acceptée, comme l'a
fait une grande partie des autorités d'Ankara, les séparatistes ont
maintenu une lutte pendant 46 à 48 heures, ont tiré des dizaines de
milliers de balles, ont accumulé toutes les douilles dans des sacs
spéciaux adaptés à leurs fusils, ont placé ces sacs dans d'autres plus
grands et puis ont simplement quitté la ville.
"En outre, selon le Ministre de l'Intérieur, Sezgin,
ils ont emmené avec eux des dizaines de corps.
"On peut tenir le même raisonnement pour tous les
mortiers et lance-roquettes qu'on aurait utilisés à l'intérieur de la
ville et que les terroristes auraient réussi à faire sortir alors que
Sirnak était non seulement encerclée par l'armée mais un couvre-feu
avait été décrété deux jours auparavant, empêchant quiconque de sortir
dans les rues.
"Selon une dernière déclaration faite par les
autorités d'Ankara une fois confrontées à toutes ces questions, après
l'attaque les terroristes auraient profité de la nuit pour prendre la
fuite avec leurs morts, leurs armes et leurs douilles.
"Même dans ce cas, se demande-t-on dans les milieux
étrangers, contre qui ont lutté les forces de sécurité pendant deux
jours?
"D'autre part, si le PKK attaqua avec ses mortiers
et ses roquettes, non depuis la ville mais depuis les collines
environnantes et seules les milices ont participé aux affrontements,
comment justifier touts les dégâts dont souffre la ville?
"Où sont toutes les armes utilisées par les milices?
Et où sont les terroristes si seuls 144 suspects ont été arrêtés?
"Un autre point assez trouble et qui semble soulever
de sérieuses questions de la part des diplomates et journalistes
étrangers est la révision constante du nombre de militants du PKK qui
auraient participé à l'attaque de Sirnak.
"Le nombre initial, environ 1.500 terroristes, fut
revu trois fois pour être ramené à quelque 500 (selon Malay, qui
affirme que l'attaque s'est produite depuis l'extérieur) et celui-ci
semble encore diminuer.
"La première question qui se pose est comment le
nombre a pu être aussi mal évalué. Si pour justifier l'opération de
Sirnak on avançait le chiffre initial de 1.500 terroristes attaquant la
ville et des militants séparatistes contrôlant chacune des maisons, une
telle confusion et les raisons qui l'ont motivée apparaissent décisives.
"Qui donc avertit Ankara en premier et lui fit
savoir que 1.500 terroristes attaquaient Sirnak?
"Qui rapporta aux autorités civiles de l'Etat que le
PKK tirait depuis chaque maison?
"Qui confirma cette information?
"On peut se demander si cette information initiale,
fournie à Ankara depuis Sirnak, n'était en réalité qu'un prétexte
donnant à celle-ci le feu vert pour lancer une attaque tous azimuts
contre la ville.
"Autrement dit, est-ce que cette information ne fut
pas déterminante dans la décision d'Ankara de lancer une opération
contre Sirnak? D'autres questions furent soulevées.
"Qu'est-il advenu des plus des 300 'terroristes
présumés' qui auraient pénétré dans la ville se faisant passer pour des
étudiants allant présenter leurs examens dans les lycées? - Déclaration
faite depuis le Ministère de l'Intérieur.
"Furent-ils arrêtés?
"Si tel fut le cas, comment ont-ils été relâchés?
"Qui révéla qu'en réalité ces étudiants étaient des
terroristes?
"S'ils ont été relâchés, et s'ils n'étaient pas des
terroristes, a-t-on pris des mesures judiciaires contre les auteurs
d'une telle information?
"Est-il vrai qu'un régiment de gendarmerie fut
dépêché en état d'alerte deux heures avant l'attaque et que des grandes
quantités de munitions ont été distribuées?
"Est-il vrai que la police ne fut pas informée de
l'alerte (comme l'affirment certains officiers) et que certains
policiers furent surpris chez eux lorsque les premiers coups de feu ont
retenti?
"Est-il vrai que les membres de la sécurité des
régions en état d'urgence ont reçu l'ordre de tirer sur tout ce qui
bougait pendant les nuits en état d'alerte?
"Et même si une attaque du PKK s'est réellement
produite, est-ce qu'elle justifie une réplique aussi féroce dans toute
la ville?
"Est-ce que tous les habitants de Sirnak, y compris
les hommes politiques locaux et autorités civiles se plaignant d'un
abus de force, appartiennent aux milices du PKK et se sont donc plaints
d'un abus de force?
"Est-ce que tout le monde a été influencé par la
campagne de désinformation du PKK?
"La population locale apporte des témoignages
atroces qui ne manqueront pas de trouver un écho la presse étrangère
dans un futur proche. Selon des témoignages, après l'opération, toutes
les maisons furent fouillées, des bâtiments entiers furent arrosés
d'essence et brûlés, on tira sur les jambes d'individus suspects pour
les empêcher de fuir et les forces de sécurité ont détruit des maisons,
des magasins, des voitures et tout ce qu'elles trouvaient sur leur
passage pour punir la population locale. L'agence Reuters a déjà donné
sa version sur base de ces témoignages.
"Qu'elles soient ou non le résultat d'une bonne
campagne de désinformation de la part du PKK, ces témoignages se font
encore entendre et méritent une attention immédiate, ne fut-ce que pour
démontrer leur non fondement.
"D'après ce que nous a raconté la population,
personne ne leur a encore demandé ce qui était arrivé à leurs biens au
cours des incidents de Sirnak, du moins pas dans le cadre d'une
enquête. Nous, qui appartenons à une génération de jeunes journalistes,
sommes abordés dans les rues par des gens qui pourraient être nos
parents et nous confient que des soldats ont brûlé leurs magasins et
leurs maisons. Personne ne les a interrogés.
"Dans les camps abritant ceux qui ont fui Sirnak,
les gens affirment avoir été battus et torturés. Personne, à part les
journalistes, ne leur a demandé leur opinion à propos de ce qui était
arrivé.
"Ankara soutient maintenant que les incidents de
Sirnak sont mal perçus en raison de la désinformation du PKK et que les
questions posées ne sont qu'une campagne séparatiste pour jeter le
doute sur le succès remporté par l'armée dans la région.
"Qu'en est-il?
"Personnellement, je dirais aux autorités qu'en tant
que chercheur et écrivain sur le thème du terrorisme depuis dix ans,
cité à ce propos par de nombreux académiciens et experts en terreur
étrangers, que si l'on s'en tient à cet argument il reviendrait à
qualifier de terroristes potentiels -- ou de victimes de la
désinformation terroriste -- bon nombre de diplomates, journalistes
étrangers, agences, journaux et ne parlons pas des personnes qui comme
moi rapportent l'évolution d'un fait social à des milliers de lecteurs.
"Ce serait une grave erreur et pourrait donner lieu
à une sérieuse confusion qui ne ferait que désigner de `nouvelles
cibles' pour une autre sorte de `terrorisme.'
"Ankara prétend également que les incidents de
Sirnak étaient liés à l'unité nationale. En quelque sorte, c'est vrai.
Cependant, il est de son devoir de ne pas prendre chaque explication
pour un fait accompli mais d'examiner tous les témoignages et d'en
dégager la vérité.
"Nous aussi nous donnons priorité aux intérêts de la
Turquie, et nous pensons que seule la vérité peut servir ses intérêts
en ce moment.
"Si des réponses ne viennent pas très vite
satisfaire les questions auxquelles se trouve confrontée la Turquie,
les révélations du PKK et des cercles pro-kurdes paraîtront évidentes
et cela portera un nouveau coup à la crédibilité d'Ankara."
SUSPENSION DES REFORMES JUDICIAIRES
Le 26 août, les partis de la coalition n'ont pas
réussi à se mettre d'accord sur un ensemble de réformes qui
promettaient la restauration de la démocratie et des droits de l'homme
dans le pays.
Le projet de loi imposait la présence obligatoire
des avocats de la défense pendant l'interrogatoire; refusait comme
preuve les témoignages obtenus sous la contrainte de la torture ou les
mauvais traitements; excluait la détention de personnes soupçonnées de
délits sanctionnés par des peines de prison inférieures à six mois. Ces
réformes devaient empêcher la torture partout en Turquie. Lors du
premier débat, le projet fut adopté par la majorité du Parlement.
Cependant, devant la réaction du Conseil National de
Sécurité, dominé par les commandants militaires, le Président Özal y
avait tout d'abord opposé son veto et le 8 juin il renvoyait la loi au
Parlement pour y être revue.
Lors du second débat au Parlement, l'intransigeance
du DYP, principal parti de la coalition, s'allia avec les députés de
droite de l'opposition pour s'assurer que ceux inculpés en vertu de la
Loi Anti-Terreur ne bénéficient pas des réformes. Ils ont également
demandé que la loi ne soit appliquée que dans les provinces disposant
d'une Cour de la Sûreté de l'Etat.
En raison du manque de consensus entre les deux
formations de la coalition, le projet de loi fut retiré du Parlement.
Devant cet échec, le député de Sirnak du HEP, Mahmut
Alniak, qualifia la coalition DYP-SHP de "gouvernement de l'Etat-major."
Le 28 août, dans une conférence de presse,
l'Association des Droits de l'Homme (IHD) critiqua durement le
gouvernement pour avoir bloqué le projet de loi sur les réformes
judiciaires.
"En retirant du Parlement le projet de loi sur la
procédure pénale, le gouvernement a dévoilé ses véritables intentions à
l'égard des droits de l'homme et de la démocratisation. A son arrivée
au pouvoir, celui-ci avait promis de débarrasser le pays des
institutions créées après le coup-d'Etat de 1980, de mettre fin à la
torture systématique et de réduire les périodes de détention. Ce projet
de loi était perçu comme le premier pas vers le droit chemin. Mais, le
système ne put l'admettre. Dorénavant, les déclarations du gouvernement
affirmant leur opposition à la torture ne convaincront plus personne
que ce soit en Turquie ou à l'étranger. Bien au contraire, l'Etat aura
une fois de plus encouragé la torture," déclara l'IHD.
LE PRESIDENT DE LA COUR DE CASSATION FAVORISE LE TERRORISME D'ETAT
Le 7 septembre, le président de la cour de cassation
turque, au cours de la cérémonie d'ouverture de l'année judiciaire,
attaqua durement les réformes judiciaires et le programme de
démocratisation du gouvernement, exigeant des mesures et des lois
anti-terroristes plus sévères.
Ismet Ocakcioglu déclara que les réformes
judiciaires ajournées par le gouvernement étaient préoccupantes pour la
défense de l'intégrité et la souveraineté turques. Il ajouta qu'il
était tout à fait légitime pour un Etat de combattre les terroristes
avec leurs propres "instruments et méthodes."
Ces opinions, publiées également dans une brochure
de 27 pages, constitue une vive critique contre la position initiale du
gouvernement sur la démocratisation. "Considérer ou présenter la
position de l'Etat comme hostile aux droits de l'homme, aussi bien en
Turquie qu'à l'étranger, constitue une approche malveillante et
directement contraire à la République Turque et ses citoyens. Une telle
approche ne mérité pas la protection de la loi," précisa Ocakcioglu.
Constatant que des modifications de la Constitution
figuraient également au programme de la Turquie, Ocakcioglu indiqua que
l'élaboration de la nouvelle Constitution ne devrait pas être soumise à
la "relation action-réaction." Il souligna que certaines clauses de la
Constitution ne pouvaient être modifiées, notamment les articles qui
stipulent qu'il ne peut y avoir qu'un Etat, une république, une nation.
Ocakcioglu ajouta que la nation turque n'était pas
composée de plusieurs peuples, mais d'un seul peuple avec des
caractéristiques et des valeurs communes. Il nia l'existence du peuple
et de la langue kurdes en les termes suivants: "Il n'y a pas de
minorité musulmane en Turquie, indépendamment de leur origine, les
citoyens jouissent des droits et libertés fondamentaux. Aucune autre
langue que le turc ne peut être enseignée, en tant que langue
maternelle, aux citoyens turcs par les organisations de formation et
éducatives," précisa-t-il.
Le Premier Ministre Demirel, qui assistait à la
cérémonie, répondit aux questions des reporters à propos des
déclarations d'Ocakcioglu, que le gouvernement était ouvert à toute
critique et qu'il trouvait très utiles les remarques du président de la
cour de cassation.
LE HEP JUGE PAR LA COUR CONSTITUTIONNELLE
Le 8 septembre, après un mois et demi de vacances,
la Cour Constitutionnelle reprenait la discussion des cas qui
figuraient dans son agenda.
Un des cas les plus importants est le procès pour la
fermeture du Parti Travailliste du Peuple (HEP).
Le procès pour la fermeture du HEP fut intenté par
le bureau du Procureur principal qui inculpa ce parti "d'exercer des
activités contraires à l'unité du pays et de la population". Cette
accusation est devenue "le point essentiel des activités illégales." Le
procès se trouve actuellement au stade de la défense préliminaire par
l'avocat du HEP.
La Cour Constitutionnelle avait déjà ordonné la
fermeture de deux autres partis de gauche: Le Parti Communiste Uni de
Turquie (TBKP) et le Parti Socialiste (SP), celle de ce dernier s'est
produite durant le mandat du nouveau gouvernement.
SUSPENSION D'UNE GREVE
Le 12 août, le Conseil des Ministres, ajournait pour
60 jours la grève des travailleurs municipaux qui sévissait depuis 14
jours dans les centres urbains du pays. Le gouvernement précisa qu'un
prolongement de la grève supposerait un grand risque pour la santé en
raison des ordures qui s'accumulent dans les rues.
La Confédération des Syndicats Turcs (TURK-IS) et le
Syndicat des Travailleurs Municipaux (BELEDIYE-IS) sollicita du Conseil
d'Etat l'annulation immédiate de la décision du gouvernement.
Soulignant que les salaires des employés varient
entre 1,2 et 1,5 millions de LT (170 à 214 $), les représentants des
syndicats ont demandé que les travailleurs ne soient pas privés de
leurs droits constitutionnels.
Par ailleurs, le 1e août, le salaire mensuel minimal
pour toute la Turquie fut fixé à 1 million de LT (143 $) par une
commission tripartite. Avec ce salaire, la Turquie arrive en queue de
peloton des pays européens, dont le salaire mensuel minimal est de
1.025$.
LA TURQUIE ACCUSEE DE TORTURE
La Fédération Internationale Helsinki pour les
Droits de l'Homme (IHF), dont le siège est à Vienne, a accusé la
Turquie de torturer les prisonniers politiques.
Dans un rapport publié le 29 juillet, la IHF affirme
qu'entre 80 et 90 pour cent des personnes détenues pour des raisons
politiques sont torturées ou soumises à des mauvais traitements. Les
méthodes le plus souvent dénoncées font état de traitements où les
détenus sont frappés avec des matraques, sont pendus par les pieds
pendant que leurs bras sont tendus derrière le dos, subissent des chocs
électriques dans les parties les plus sensibles de leur corps, sont
frappés dans la plante des pieds, sont soumis à des jets à pression
d'eau froide, etc.
"En outre, il a été rapporté à IHF que la quasi
totalité des femmes torturées sont sexuellement harcelées," affirme le
rapport.
DES MEDECINS COMPLICES DE LA TORTURE
L'Association Médicale Britannique soutient dans un
nouveau rapport publié à Londres que certains médecins turcs sont
complices de la torture.
"Le problème de la complicité médicale, le
consentement ou dissimulation de la torture est permanent dans certains
pays et occasionnel dans d'autres. Le nombre des médecins impliqués est
impossible à déterminer en raison de la nature secrète et illégale de
l'abus," explique le rapport.
Le comité cite des rapports remontant à 1989 où des
médecins sont complices d'actes de torture au Salvador, au Chili, au
Koweit et en Yougoslavie.
"Nous avons découvert que des médecins prenaient
part au processus de torture. Ceux-ci certifient l'aptitude du
prisonnier à subir le traitement, le raniment après l'évanouissement,
contrôlent son état pendant le processus et prodiguent des soins
inadéquats à la personne torturée," précise le rapport. "Tout aussi
important, nous avons trouvé que des médecins qui savent que des
tortures et autres abus se produisent ne font rien pour l'empêcher."
TERRORISME D'ETAT EN AOUT
Le 2.8, à Sirnak, des gendarmes ont tiré sur des
paysans qui faisaient de la contrebande de charbon causant la mort à
trois d'entre eux.
Le 2.8, sept personnes accusés d'avoir pris part à
des actes politiques violents furent amenés devant la CSE de Malatya.
Un des défendeurs risque la peine capitale et les six autres des peines
de prison allant jusqu'à 15 ans.
Le 2.8, trois personnes sont mortes victimes de la
terreur du Hezbollah: le commerçant Celal Pekgul, de 24 ans, à Batman,
l'employé municipal Mehdi Kaydu, de 27 ans, à Silvan et Zeki Korkmaz,
de 70 ans, à Nusaybin.
Le 2.8, deux membres du Comité des Droits de l'Homme
de l'Assemblée Nationale, le député d'Urfa, Halil Ibrahim Celik et
celui d'Istanbul, Halil Dumankaya, ne furent pas autorisés à visiter la
Prison de type E de Diyarbakir pour y avoir conversé avec des
prisonniers politiques.
Le 3.8, deux officiers de gendarmerie et 23 soldats
accusés d'avoir tiré sur des villageois à Mardin furent disculpés sans
avoir été traduits devant un tribunal.
Le 4.8, à Diyarbakir, Abdülkadir Dindar, de 23 ans,
fut abattu par un inconnu.
Le 4.8, à Istanbul, douze personnes furent arrêtées
pour avoir pris part aux activités du PKK.
Le 4.8, commençait à la CSE d'Istanbul le procès
contre, Murat Gül, militant présumé du Dev-Sol. Le défendeur, qui
risque la peine capitale pour avoir participé à des actes politiques
violents, rejeta l'accusation et ajouta que la police l'avait torturé
pour qu'il l'admette.
Le 5.8, à Ankara, dix membres de Parti des
Travailleurs (IP), fondé après que le Tribunal Constitutionnel ait
ordonné la fermeture du Parti Socialiste (PS), furent arrêtés alors
qu'ils distribuaient des tracts concernant la grève des travailleurs
municipaux.
Le 5.8, à Diyarbakir, Ibrahim Ergen, de 50 ans, fut
abattu par des inconnus.
Le 5.8, à Istanbul, huit personnes qui avaient été
arrêtées le 2 août au cours d'une descente policière dans un club
culturel, déclarèrent une fois en liberté avoir été torturés au poste.
Le 5.8, à Siirt, une équipe spéciale qui effectuait
une descente dans une maison arrêta deux personnes.
Le 5.8, les présidents du HEP et du défunt PS,
respectivement Feridun Yazar et Dogu Perincek, furent jugés à la CSE
d'Ankara pour la conférence de presse qu'ils ont donnée à propos des
événements du Newroz.
Le 6.8, le gouverneur de la province d'Usak
introduisit un recours administratif contre 300 fonctionnaires publics
pour s'être affiliés à des syndicats.
Le 7.8, à Istanbul, une jeune fille, Nermin Alkan,
fut condamnée à une peine de prison de huit mois et 20 jours pour avoir
affiché des posters contre la guerre à l'école supérieure de Pendik en
1990. A l'époque, Alkan avait 16 ans et son inculpation avait soulevé
des protestations dans le monde entier.
Le 7.8, dans un village de Temat (province de
Diyarbakir), un paysan kurde de 50 ans, Rifat Cetiner, fut assassiné
par des inconnus.
Le 7.8, le Conseil Central du Syndicat de Médecins
Turcs (TTB) fit savoir que deux de ses membres, Hüseyin Usta et Nesrin
Usta, avaient été torturés à Kocaeli et accusa le gouverneur et le chef
de police d'avoir ordonné la torture.
Le 9.8, à Diyarbakir, Muhittin Senol, de 28 ans et
Nurettin Gizli, de 38 ans, furent abattus par des inconnus.
Le 9.8, à Kocaeli, 13 personnes arrêtées en juillet
et accusées d'appartenir à une organisation illégale déclarèrent une
fois en liberté avoir subi des tortures pendant leur détention de 15
jours. Les traces de torture furent certifiées par un médecin.
Le 10.8, pour empêcher des groupes de Kurdes de se
réunir autour de la tombe du militant du PKK Sehmuz Kaya, tué par les
forces de sécurité le 6 août à Lice, le gouverneur de la région en état
d'urgence interdit l'accès et la sortie de la ville de Diyarbakir. A
cette occasion, les forces de sécurité arrêtèrent plus de 100 personnes
dont quatre membres du HEP. Le même jour, également à Diyarbakir,
Nezihi Erkan était abattu par des inconnus.
Le 10.8, le corps d'une femme de 32 ans, Ayten
Öztürk, enlevée le 27 juillet à Mazgirt, fut trouvé dans le cimetière
d'Elazig et portait des traces de torture.
Le 12.8, à Batman, la police fit une descente dans
une maison et arrêta Mediha Yavuz, une femme enceinte de neuf mois. Son
mari et trois autres membres de sa famille avaient été arrêtés
auparavant.
Le 12.8, dans la ville de Bismil (province de
Diyarbakir), Mahmut Ceylan, de 50 ans, arrêté à deux reprises les 6 et
7 août, déclara avoir été torturé au poste de police. Selon les
rapports, il avait plusieurs côtes cassées.
Le 12.8, la section d'Istanbul de l'Association des
Droits de l'Homme (IHD) subit une descente de police ordonnée par le
gouverneur.
Le 13.8, les forces de sécurité arrêtèrent 50
personnes à Adana et huit autres à Batman. Parmi les personnes arrêtées
à Adana figurait la petite fille Fatma Adigüzel.
Le 16.8, à Izmir, la police fit une descente dans
une cérémonie de mariage kurde et arrêta 12 personnes. Le même jour, à
Edirne, la police annonçait l'arrestation de quatre membres présumés du
PKK.
Le 16.8, dans le district de Midyat (province de
Mardin), le tailleur Nazim Demir fut assassiné par des inconnus.
Le 17.8, commençait à la CSE d'Istanbul le procès
contre 19 personnes accusées de faire partie des Guerriers de l'Est
Islamique (IBDA-C). Chacun d'eux risque une peine de prison de 10 ans.
Certains défendeurs déclarèrent avoir été torturés pendant leur
interrogatoire, mais le tribunal refusa de retenir ces plaintes. Plus
d'une centaine de personnes se sont rassemblées devant le tribunal pour
dénoncer cette attitude. La police eut recours à la force et arrêta 30
manifestants.
Le 18.8, Dogan Baygürler, blessé le 15 août par la
police pendant une manifestation pro-kurde, est décédé dans un hôpital
d'Antalya. Deux autres blessés sont toujours sous traitement.
Le 18.8, à Istanbul, Birsen Gülünay annonçait
qu'elle était sans nouvelles de son mari, l'agent d'Etat Hasan Gülünay,
depuis le 20 juillet. Des témoins ont déclaré l'avoir vu ce jour-là au
département de la Police Politique.
Le 18.8, les soldats ont arrêté neuf villageois dans
le village d'Elmabahce (province de Mardin).
Le 19.8, Seyithan Kardas, de 20 ans, fut abattu par
des inconnus dans le district de Nusaybin (province de Mardin).
Le 20.8, à Corlu, deux représentants du Syndicat des
Travailleurs de l'Alimentation (Gida-Is), Mustafa Pacal et Agah Kafkas,
furent arrêtés pour avoir incité les travailleurs à se manifester.
Le 20.8, à Istanbul, les forces de sécurité ont
arrêté 38 personnes au cours des funérailles de deux individus tués
pendant une opération policière menée le 13 août à Ankara.
Le 21.8, à Van, la section locale du Syndicat des
Travailleurs du secteur Educatif et Scientifique (Egit-Sen) fut fermée
par ordre du gouverneur.
Le 21.8, la CSE de Kayseri commençait à interroger
les 80 commerçants accusés d'avoir fermé leurs magasins les 15 et 17
août dans le cadre d'un acte pro-kurde dans les districts de Kars, Agri
et Igdir. En outre, 27 commerçants arrêtés pour le même motif dans le
district de Digor furent interrogés à la division de la police de Kars.
Le 21.8, douze personnes furent arrêtés dans le
district de Pazarcik (province de Mars), six dans celui de Nizip
(province de Gaziantep) et trois autres dans celui d'Erzin (province
d'Hatay).
Le 22.8, à Istanbul, 83 personnes furent arrêtées
alors qu'elles manifestaient contre la campagne "Dénoncez les
suspects!" lancée par la police. Parmi ces personnes figuraient
également plusieurs membres de l'IHD.
Le 23.8, à Antalya, 43 personnes furent placées en
détention pour avoir participé à une manifestation pro-kurde le 15
août. Onze membres présumés du PKK furent également placés en détention
par les tribunaux.
Le 23.8, dans le district de Siverek (province
d'Urfa), les enfants Murat et Orhan Dagkeser furent victimes de
l'explosion d'une bombe placée chez le commerçant Murat Dagkeser. Le
même jour, dans ce même district, une autre bombe fit explosion chez un
directeur d'école, Ahmet Nasanli, et ôta la vie à sa fille de dix ans.
Sa mère, Ayse, sa femme, Selime et trois autres enfants furent
gravement blessés.
Le 24.8, dans le village de Tekebasi, province de
Diyarbakir, 27 gardiens de village furent arrêtés par la police après
avoir démissionné de leurs postes.
Le 24.8, au cours d'un raid mené dans le village de
Yolac, situé dans le district de Silvan (province de Diyarbakir), des
personnes inconnues ont abattu trois villageois. A Batman, le
commerçant Ekrem Göynü fut également assassiné. Cette dernière victime
est le fils d'un représentant local du HEP.
Le 24.8, à Izmir, 86 fonctionnaires publics qui
participaient à une grève de la faim pour marquer leur désaccord avec
l'opération de Sirnak furent arrêtés. 14 d'entre eux auraient été
blessés par la police.
Le 24.8, à Kayseri, l'avocate Meryem Erdal annonça
que son client, Yemeni Karabulut, avait subi des tortures dans un poste
de police après son arrestation dans le village de Karaözü pour avoir
soutenu une organisation illégale.
Le 24.8, dans le district de Karatas (province
d'Adana), dix personnes, dont des membres de l'Association pour les
Droits et la Liberté (Özgür-Der), furent arrêtés parce qu'ils avaient
plusieurs publications politiques interdites en leur possession.
Le 24.8, dans le district de Savur (province de
Mardin) deux personnes furent trouvées assassinées.
Le 25.8, à Istanbul, Baki Gökce et Cafer Kilinc
affirmèrent, lors d'une conférence de presse, avoir subi des tortures
dans un commissariat de police après avoir été arrêtés en compagnie de
81 personnes qui manifestaient contre la campagne "Dénoncez les
suspects!" lancée par la police.
Le 25.8, dans le district de Gercus (province de
Batman), Mehmet Sait Keskin, de 34 ans, fut abattu par des inconnus.
Le 27.8, à Adana, la police annonça l'arrestation de
35 membres présumés du PKK.
Le 27.8, à Istanbul, la police arrêta neuf militants
présumés du Dev-Sol.
Le 27.8, à Izmir, un médecin légal certifia que 12
personnes, arrêtées lors d'une manifestation illégale contre
l'opération de Sirnak, avaient été torturées au commissariat de police.
Une des victimes, Ümmühan Caliskan, enceinte de trois mois, aurait fait
une fausse couche après avoir été battue.
Le 27.8, dans le district de Viransehir (province
d'Urfa), six personnes furent placées en détention par un tribunal pour
avoir fermé leurs magasins le 15 août dans le cadre d'un acte pro-kurde.
Le 27.8, la CSE d'Istanbul plaça 63 personnes en
détention pour avoir participé le 15 août à une manifestation pro-PKK.
Le 28.8, dans une lettre adressée au Premier
Ministre, huit députés des partis de la coalition manifestèrent que les
déclarations officielles à propos de l'opération de Sirnak ne
correspondaient pas à la réalité et exigèrent du gouvernement
l'ouverture d'une enquête pour déterminer des responsabilités. "Si les
témoignages sont vrais, des villages ont souffert des bombardements
aériens et des gens sans défense ont servi de cible aux roquettes des
tanks pendant trois jours. Le nombre de victimes innocentes n'est pas
encore connu," précisèrent-ils.
Le 28.8, à Adana, le professeur d'école primaire
Abdurrahman Tamer et le colporteur ambulant Musa Yücedag furent abattus
par des inconnus dans deux incidents séparés. A Midyat, Ibrahim Kardes,
qui avait été blessé par le Hezbollah le 20 août, est mort à l'hôpital.
Le 28.8, à Istanbul, le jeune Coskun Kücükaslan
déclara avoir subi des tortures au poste de police de Sehremini après
avoir été arrêté pour un délit non politique. Les traces de torture
furent certifiées dans un rapport de la médecine légale.
Le 28.8, la CSE d'Istanbul plaça 15 personnes en
détention pour activités pro-PKK.
Le 29.8, à Diyarbakir, des personnes non identifiées
assassinèrent Ahmet Siddik Turhalli, frère aîné du président local du
HEP.
Le 29.8, à Hekimhan (province de Malatya), l'ancien
prisonnier de gauche Haci Osman Sungur fut abattu par des inconnus.
Le 29.8, les présidents et représentants de 49
sections locales de l'IHD commencèrent une grève de la faim de 24
heures pour protester contre la croissante violation des droits de
l'homme. Le Secrétaire Général de l'IHD, Akin Birdal précisa que la
région soumise à l'état d'urgence dans le Sud-est était devenue la
scène d'une guerre voilée et demanda l'intervention des Nations Unies.
"Cette zone est à la merci de l'armée, la police et les forces
subversives. Au lieu de chercher une solution démocratique et pacifique
au problème, ils ont recours à des méthodes répressives basées sur la
violence et les opérations armées. Les civils de cette région sont les
otages de cette guerre non déclarée," dit-il.
Le 30.8, à Batman, le fonctionnaire public Ömer
Aslan fut abattu par des inconnus.
Le 30.8, le journal Özgur Gündem rapportait qu'une
femme enceinte de 8 mois, Nurcan Özatak, et une fille de deux ans,
Nurcan Özatak, avaient été abattues le 28 juillet alors qu'elles se
rendaient du village de Caylica à celui de Üzümlü, dans la province
d'Hakkari.
Le 31.8, cinq employés de la Municipalité de Fethiye
(province de Mugla) furent inculpés pour avoir participé à un sit-in.
Chacun d'eux risque une peine de prison de 3 ans. Le
31.8, à Batman, le restaurateur Ali Basak fut abattu par des inconnus.
Le 31.8, à Istanbul, 20 femmes furent arrêtées pour
avoir organisé une manifestation contre l'opération de Sirnak.
Le 31.8, dans le district de Malazgirt (province de
Mus), les forces de sécurité arrêtèrent le président local du HEP,
Celalettin Yayla, et six autres représentants du parti.
Le 31.8, le député du SHP, Mustafa Kul, déclara que
les cinq personnes tuées durant une descente effectuée le 13 août dans
une maison auraient pu être capturées vivants. "Ce matin-là, quelqu'un
me téléphona pour me dire que leur maison était encerclée par des
policiers armés et qu'ils étaient prêts à se rendre si la police
cessait le feu," rapporta-t-il.
ASSASSINAT D'UN JOURNALISTE KURDE DE 75 ANS
Après l'assassinat de neuf journalistes, le 20
septembre 1992, l'éminent journaliste et écrivain kurde de 75 ans Musa
Anter fut abattu à Diyarbakir. Le tireur inconnu blessa également un
autre journaliste kurde de 42 ans, Orhan Miroglu, qui se trouvait avec
Anter.
Anter avait écrit tout particulièrement sur la
question kurde dans le quotidien Özgür Gündem et l'hebdomadaire Yeni
Ülke.
Il était l'auteur de quatre livres, dont trois en kurde.
En tant que grand défenseur des droits du peuple
kurde, Anter avait été arrêté pour ses opinions en 1959, 1963, 1971, et
1980.
Il aurait reçu des appels téléphoniques lui
annonçant qu'il serait bientôt assassiné à son tour.
Les funérailles de Musa Anter furent célébrées dans
sa ville natale de Nusaybin en présence de plus de 5.000 personnes.
L'assassinat d'un dixième journaliste a soulevé une
vague de protestations aussi bien chez les Kurdes que les Turcs.
Le député du HEP de Sirnak, Mahmut Alniak, affirma
que cet assassinat, tout comme les autres, était l'oeuvre de
l'Organisation Contre-Guérilla. Le président du HEP, Ahmet Türk,
déclara que le déclenchement de cette série d'assassinats qui frappe
les journalistes est imputable aux déclarations du président de la Cour
de Cassation qui demandait un renforcement des mesures de répression
contre le mouvement national kurde.
Suite à ces directives, la justice turque, au lieu
de trouver les tueurs persécute les médias d'opposition.
L'édition du 22 septembre du journal Özgür Gündem,
dont Anter était un des rédacteurs, fut confisquée par la Cour de la
Sûreté de l'Etat d'Istanbul en vertu de l'Article 8 de la Loi
Anti-Terreur. La cour qualifia de propagande séparatiste une annonce
parue dans cette édition intitulée "Oncle Musa [Anter] est immortel!"
signée par le leader du PKK, Abdullah Öcalan.
RÉACTIONS INTERNATIONALES CONTRE LES ASSASSINATS
Les assassinats de neuf journalistes en Turquie
continue à préoccuper les organisations internationales. Dans ce
numéro, nous avons fait part des réactions de la Fédération
Internationale des Journalistes, Helsinki Watch et l'organisation
française Reporters Sans Frontières.
Le 8 septembre, au cours d'une conférence de presse
à Istanbul suite à une enquête de trois jours en Turquie, le président
de l'Institut International de Presse (IPI), Peter Galliner, et le
président du Conseil d'Administration, Crushrow Irani, firent part de
la consternation que leur produisait l'assassinat de journalistes.
Galliner et Irani déclarèrent:
"Le IPI est très préoccupé par la mort dans des
conditions violentes de huit journalistes et nous ne pensons pas que
des discussions académiques pour savoir si à ce moment-là ils avaient
leur carte de presse accréditive ou travaillaient à plein temps pour
des organisations d'information soient primordiales."
A propos d'un commentaire de Demirel selon lequel la
majorité des journalistes tués étaient en fait des militants
terroristes, Irani précisa que le gouvernement turc ne leur avait
fourni aucune preuve le confirmant. Il ajouta qu'en l'absence de toute
preuve établissant que les journalistes tués étaient impliqués dans des
activités terroristes, le IPI craignait que le sort d'autres
journalistes ne suive le même chemin que celui de leurs collègues morts.
D'autre part, le Comité de Protection des
Journalistes, basé à New York, annonça le 9 septembre l'existence de
certaines preuves démontrant la responsabilité des forces de sécurité
dans la mort de journalistes turcs qui informaient sur la résistance
kurde dans le Sud-est.
Andrew Yurkovsky, représentant du comité, communiqua
à la presse, après ses inspections à Istanbul, Diyarbakir et Ankara,
que les assassinats s'étaient produits dans des zones soumises à une
présence massive des forces de sécurité et qu'aucun des meurtriers
n'avait été arrêté. Il ajouta que les articles des victimes
dérangeaient l'armée et la police et que cette dernière leur avait
adressé des menaces avant leur mort.
Durant la conférence de presse, le Ministre de
l'Intérieur Ismet Sezgin lui fit remarquer que les journalistes étaient
des membres du PKK ou d'autres groupes "terroristes."
M. Yurkovsky rétorqua: "Fournir des preuves et
accusations d'anciens délits et infractions présumés, c'est oublier
l'essentiel. S'il existe des preuves que ces journalistes étaient des
criminels, le gouvernement aurait dû les traduire en justice."
PERSECUTION DES MEDIAS EN AOUT
Le 4.8, l'édition N° 42 de l'hebdomadaire Yeni Ülke
fut confisquée par la CSE d'Istanbul parce qu'elle contenait un article
du Dr. Ismail Besikci où il critiquait le Président du Tribunal
Constitutionnel.
Le 6.8, l'édition d'août du magazine Penthouse
Turquie fut déclarée "nocive" par le Conseil de Censure pour avoir
publié des articles et des photos qualifiés "d'obscènes". Si un
tribunal approuve la décision, toutes les copies du mois d'août seront
détruites.
Le 6.8, la CSE d'Ankara décida de confisquer le
livre La Dernière Lutte Internationaliste publié par la maison
d'édition Ortadogu.
Le 8.8, la CSE d'Istanbul punissait trois
journalistes pour des articles publiés dans le mensuel Toplumsal
Kurtulus. Le rédacteur responsable Necdet Kanbir fut condamné à 12 mois
de prison et à payer une amende de 100 millions de LT (14.000$). Deux
coéditeurs de la revue, Ahmet Zengin et Sevki Omeroglu, furent
également condamnés à payer l'amende.
Le 11.8, le N°13 de l'hebdomadaire Azadi fut
confisqué pour propagande séparatiste en vertu de la Loi Anti-Terreur.
Le 11.8, le procureur de la CSE d'Istanbul intenta
une action en justice contre le Dr. Ismail Besikci en raison d'une
interview qu'il concéda au mensuel Yurtsever Genclik.
Le 12.8, le N° 43 de l'hebdomadaire Yeni Ülke fut
confisqué par la CSE d'Istanbul en vertu de la Loi Anti-Terreur.
Le 15.8, le correspondant à Tatvan du mensuel Özgür
Halk, Seyhmus Günuc, était arrêté. Après sa mise en liberté, le 17
août, il déclara avoir été torturé au commissariat de police.
Le 16.8, à Istanbul, le procureur de la CSE
d'Istanbul intenta une action en justice contre 18 journalistes de 18
publications différentes. Accusés d'avoir publié un communiqué de
presse intitulé "Non à l'Offensive du Printemps!", chacun d'eux risque
une peine de prison de cinq ans pour propagande séparatiste. Les
journalistes condamnés sont Nazim Taban (Emegin Bayragi), Mehmet Cangi
(Devrimci Mücadele), Erdal Cinar (Kurtulus), Salih Bal (Medya Günesi),
Seyit Nusret Öztürk (Ekimler), Haydar Üc (Parti Yolunda), Zekeriya
Özdinc (Barikat), Asli Günes (Hedef), Ertugrul Karatas (Yeni
Demokrasi), Özer Degistirici (Direnis), Süleyman Altun (Özgür Halk),
Zeynep Yengil (Haziran), Naile Tuncer (Devrimci Proletarya), Fatma
Karabacak (Newroz), Sadik Gülec (Özgürlük Dünyasi), Fethi Özdemir
(Komün), Garip Töre (Emek).
Le 17.8, à Istanbul, trois journalistes, Nuray Kalci
et Naki Erikli du journal Özgür Gündem et Murat Özdemir de Mücadele,
furent arrêtés alors qu'ils couvraient un acte de protestation dans les
quartiers pauvres de Kücük Armutlu.
Le 18.8, deux hebdomadaires, Azadi et Yeni Ülke, et
le mensuel Özgür Halk, furent confisqués par la CSE d'Istanbul pour
propagande séparatiste. Des 96 éditions de la revue Yeni Ülke parues à
nos jours, 38 d'entre elles firent l'objet d'une confiscation.
Le 18.8, le livre La Révolte de la Montagne Ararat
d'Ihsan Nuri Pasha fut confisqué par la CSE d'Istanbul pour propagande
séparatiste.
LE 24.4, le N° 14 du bihebdomadaire Devrimci
Proletarya et le N° 9 de la publication trimestrielle Secenek furent
confisqués par la CSE d'Istanbul pour propagande séparatiste.
Le 26.8, un correspondant du quotidien Sabah,
Ramazan Imrag, fut frappé après son arrestation par les forces de
sécurité alors qu'il couvrait l'opération de Sirnak. Sérieusement
blessé, Imrag fut soigné à l'Hôpital Universitaire de Diyarbakir.
Le 27.8, commençait le procès contre le Dr. Ismail
Besikci pour son livre Réflexions sur le PKK, confisqué en janvier
1992. Le procureur demanda une peine de prison de cinq ans. En outre,
Besikci et l'éditeur du livre, Murat Ilyas Burak, risquent d'écoper
d'une amende de 100 millions de LT (14.000 $).
PAS DE PROGRES DANS LES RELATIONS TURQUIE-CE
La réunion exceptionnelle du 7 septembre à Londres
pour marquer l'accès de la Grande Bretagne à la présidence de la
Communauté Européenne, et qui bénéficia d'une grande publicité, laissa
bien clair que la demande d'adhésion de la Turquie ne figurait pas dans
le programme immédiat de la Communauté.
De toute la journée, pas un des orateurs ne prononça
une seule fois le nom de la "Turquie" dans une conférence qui rassembla
plus de 600 grands délégués du monde entier.
Cependant, il a beaucoup été question d'un
élargissement de la Communauté qui admettrait des pays comme la Suède,
l'Autriche, la Suisse et la Finlande dans un premier temps et d'autres
comme la Hongrie, la Tchécoslovaquie et la Pologne par la suite.
D'autre part, lors de l'assemblée à huis-clos
célébrée le 12 septembre dans la ville de Welwyn, les ministres de la
Communauté Européenne ont décidé d'ajourner, à la demande de la Grèce,
le renforcement des liens entre la Turquie et la CE.
Les ministres de la CE, qui se sont rencontrés au
début du mois de septembre dans le cadre d'une assemblée informelle
dans les proximités de Londres, ont discuté "sur un ton général" du
rôle croissant de la Turquie et de la nécessité de renforcer ses liens
avec la CE.
Cependant, les ministres ont concédé à la Grèce
qu'une déclaration en faveur d'une intensification des relations
politiques avec la Turquie avant la troisième ronde des pourparlers sur
Chypre à New York donnerait à Ankara "des fausses idées."
La prochaine étape sera la réunion du Conseil de
l'Association Turquie-CE le 6 novembre prochain, où il sera possible de
donner quelques indications quant à l'état des relations entre Ankara
et la Communauté.
Selon une analyse du commentateur Semih Idiz parue
le 11 septembre dans le Turkish Daily News, "le futur immédiat des
relations entre la Turquie et la CE, en ce qui concerne la demande
d'adhésion d'Ankara, semble condamné à la routine. En d'autres termes,
il n'est pas très rose."
LA TURQUIE ATTAQUE LE PARLEMENT EUROPEEN
Lors de la réunion de la Commission
Parlementaire mixte de la Turquie et la Communauté Européenne les 29 et
30 juin à Istanbul, le Parlement Européen fut sévèrement attaqué par le
co-président turc du comité, Tunc Bilget, membre du DYP, formation
principale de l'actuelle coalition.
Faisant allusion à la résolution du Parlement
Européen sur les droits du peuple kurde (voir Info-Türk, juin 1992),
Bilget dit du PE qu'il était si peu informé ou si mal informé que cela
finissait par devenir suspect. Dans presque tous les thèmes de
politique étrangère le PE apparaît maintenant comme le refuge de
l'extrémisme." Par la suite il exhorta le PE à pondérer ses opinions
sur la question kurde et à prêter moins d'attention aux agents qui
s'appliquent à provoquer la confusion et un peu plus à ses propres
émissaires.
Ses déclarations trouvèrent un écho favorable chez
le Ministre de l'Intérieur Ismet Sezgin qui, au terme de la première
journée d'assemblée, déclara que les membres du Parlement Européen ne
se montraient pas objectifs et se contentaient de regarder les
événements à travers les "vitres de la CE."
Cette attitude agressive de la part de la Turquie à
l'égard des représentants européens constitue une preuve supplémentaire
de l'intolérance d'Ankara, notamment à propos de la question kurde.
LE CONSEIL DE L'EUROPE CRITIQUE LA TURQUIE
Lors de sa session du 30 juin à Budapest,
l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe adopta une résolution
exigeant de la Turquie qu'elle mette fin à la torture, analyse les
rapports sur les violations des droits de l'homme plus attentivement et
exerce un contrôle plus étroit sur les forces de sécurité.
"Malgré les bonnes intentions du gouvernement, des
violations très sérieuses des droits de l'homme, y compris des tortures
et des disparitions, sont toujours d'actualité en Turquie," indique la
résolution.
Bien que la délégation turque déploya d'énormes
efforts pour empêcher le vote et finit même par le boycotter, la
résolution et le rapports préparés par Baarveld Schlaman (Hollande) et
Lentz Cornette (Luxembourg) furent approuvés par une large majorité.
(Pour le texte intégral du rapport, reportez-vous à Info-Türk, février
1992).
"Malheureusement, nous constatons que le rapport
approuvé est partial, exagéré, incompétent et donc inacceptable; il
n'aidera certainement pas la Turquie dans ses efforts," déclara le
président de la délégation turque, Engin Güner, avant de quitter
l'assemblée.
Les députés socio-démocrates turcs qualifièrent même
l'adoption de la résolution de complot allemand contre les intérêts
turcs. Le député du SHP, Istemihan Talay, déclara après le vote: "Le
rapport est très néfaste. Tous les préjudices sont apparus parce que la
Turquie est devenue une grande puissance dans le Moyen Orient, et
l'Allemagne n'a pas une bonne opinion de la Turquie. Les Allemands
considèrent la Turquie comme un obstacle à leurs relations avec l'Asie
centrale et se sentent incommodés par l'amélioration des relations
entre notre pays et les E.U.
CONDAMNATION DE LA TURQUIE PAR LES PARLEMENTAIRES
Le Syndicat Parlementaire International, qui
représente 118 parlements à travers le monde, établit une liste où
figurent la Turquie et huit autres pays, tous accusés d'avoir violé les
droits de l'homme des actuels ou anciens membres du parlement.
Outre la Turquie, le SPI condamna la Bulgarie, la
Birmanie, le Chili, la Colombie, Haiti, le Honduras, l'Indonésie et le
Togo pour un total de 106 cas de violations présumées des droits de
l'homme.
Le 13 septembre, le SPI se déclara préoccupé par les
inculpations prononcées contre le Parti Travailliste du Peuple (HEP) au
Parlement turc. Les députés du HEP risquent d'être poursuivis pour
atteinte à la souveraineté ou l'unité de l'état turc, délit sanctionné
par la peine de mort.
LES GENERAUX TURCS EN ASIE CENTRALE
Des rapports de presse récents attribuent les
derniers succès de l'Azerbaïdjan, qui affronte l'Arménie dans l'enclave
Azéri du Nagorno-Karabakh à la présence dans la zone d'experts
militaires turcs.
Bien que ces rumeurs ont été démenties par le
Ministère des Affaires Extérieures turc, le 14 juillet, le Service de
Presse de l'Etat-Major turc communiquait au Quotidien des Nouvelles
Turques qu'un attaché militaire, général en grade, était en service à
l'ambassade turque en Azerbaïdjan, tandis que deux autres attachés
assignés dans les ambassades d'Uzbekistan et Kazakhstan étaient
colonels.
Plus important encore, après l'élection d'Elcibey,
admirateur du mouvement turc néo-fasciste les Loups Gris, à la
présidence de la République d'Azerbaïdjan, le Parti du Travail
Nationaliste (MCP) assigna à d'anciens officiers de l'armée la mission
d'organiser l'armée de ce pays.
COOPERATION ENTRE LA TURQUIE ET LES NAZIS
A la fin du mois de juin, l'hebdomadaire Nokta fit
des révélations à propos de la collaboration entre la Turquie et
l'Allemagne nazi durant la Deuxième Guerre Mondiale.
"Des turcs furent massacrés dans les camps de
concentration destinés aux juifs. Ces personnes furent capturées en
Turquie et envoyées en Allemagne." déclara Monika Herzog, historienne
allemande et directrice du Musée Ravensbruck qui durant la guerre fut
utilisé comme camp de concentration pour femmes.
Selon les documents auxquels eut accès un reporter
de Nokta dans le musée, 71 personnes d'origine juive et citoyens de la
République Turque furent transférés en Allemagne via Bruxelles pour des
raisons politiques.
Selon l'hebdomadaire, 86 autres Turcs d'origine
juive furent envoyés à partir de la Turquie vers un autre camp de
concentration à Dachau.