L'Association des Droits de l'Homme de
Turquie, Amnesty International, Helsinki Watch
et le Conseil de l'Europe critiquent vivement la situation des droits
de l'homme en Turquie.
1992: ANNUS
HORRIBILIS
Le président de l'Association des Droits de l'Homme
(IHD), Akin Birdal, déclarait le dernier jour de l'année que 1992 avait
été un fiasco pour les droits de l'homme en Turquie et qu'aucun
changement n'avait été observé quant au nombre des violations de ces
droits depuis que le gouvernement de coalition était arrivé au
pouvoir après les élections générales du 20 octobre 1991.
Selon Birdal, au cours de l'année 1992, 43 personnes
sont mortes ou ont disparu alors qu'elles se trouvaient en détention
policière, et le nombre de "décès suspects" atteint le chiffre de 171.
Au cours d'une conférence de presse à Ankara, Birdal
qualifia 1992 d'annus horribilis pour la déjà déplorable situation des
droits de l'homme en Turquie et rappela qu'aucune amélioration, aussi
minime soit-elle, n'était intervenue.
Birdal lança un appel au Premier Ministre Süleyman
Demirel et au Vice-premier Ministre Erdal Inönü pour qu'ils se décident
à punir sévèrement les tortionnaires, et ajouta que cela mettrait un
frein définitif à l'énorme incidence de la torture dans le pays.
En novembre, Amnesty International publiait un
rapport de 20 pages intitulé Murs de Verre, faisant allusion à la
promesse faite par Demirel en octobre 1991 dans "Nouvelle Turquie - les
murs de tous les postes de police seront en verre."
Le rapport attire l'attention sur les continuelles
plaintes de torture et l'inquiétante augmentation des exécutions
extrajudiciaires.
A propos des exécutions, le rapport affirme qu'il
"existe une surprenante coïncidence entre les cibles de ces
mystérieuses exécutions attribuées au Hezbollah, et les victimes des
harcèlements de la police, des détentions arbitraires, des mauvais
traitements et des tortures, et qu'une grande partie de la population
soupçonne les forces de sécurité d'être complices dans ces assassinats,
et d'en être même les instigatrices."
En décembre, Helsinki Watch publiait un rapport de
78 pages intitulé Promesses rompues: la torture et les assassinats sont
toujours d'actualité en Turquie.
En 1992, ce même organisme faisait la déclaration
suivante: "Pendant les années 1992, les forces de sécurité turques ont
abattu 74 personnes au cours de descentes opérées dans diverses
maisons, et tout porte à croire que ces assassinats étaient en fait des
exécutions délibérées. Les forces de sécurité ont également abattu plus
de 100 manifestants pacifiques. Par ailleurs, pendant cette même
période, 165 leaders de communautés ont été assassinés dans le sud-est
de la Turquie par des agresseurs inconnus, et les autorités turques ont
totalement omis d'enquêter sur ces crimes et de poursuivre les
responsables."
En outre, le 21 décembre 1992, le Comité du Conseil
de l'Europe pour la Prévention de la Torture émit un rapport très
critique à l'égard de la torture policière en Turquie.
Le rapport, particulièrement embarrassant pour le
gouvernement turc après six mois à la présidence du Conseil, concluait
que "la torture, et autres formes de mauvais traitements infligés à des
personnes en détention policière, étaient toujours largement
d'actualité en Turquie et que ces méthodes sont appliquées aussi bien à
des délinquants ordinaires qu'à des personnes détenues en vertu des
dispositions de lutte contre le terrorisme." (Les extraits de la
déclaration publique seront reproduits dans la prochaine édition
d'Info-Türk).
Les militants kurdes et les intellectuels qui
demandent qu'on reconnaisse leurs droits nationaux, ont été sans aucun
doute la cible principale du terrorisme d'Etat en Turquie.
Le 31 décembre, la semi-officielle agence de presse
Anatolienne rapportait qu'au cours des opérations menées par les forces
de sécurité dans l'est de la Turquie, 162 "terroristes" furent tués
tandis que 150 militants du PKK étaient capturés vivants. La police
arrêta 204 personnes résidant dans la région, accusées de soutenir les
activités du PKK.
Cependant, ces chiffres son totalement
contradictoires avec ceux avancés par les autorités. Le Gouverneur de
la région soumise à l'état d'urgence, Ünal Erkan, affirmait le 30
décembre dernier que les forces de sécurité turques avaient tué un
total de 3.000 "terroristes séparatistes" en 1992. 2.000 d'entre eux
l'ont été au cours d'une récente opération menée dans le nord de
l'Irak, les autres ont été victimes des opérations dans le sud-est de
la Turquie.
Le Gouverneur précisa qu'un total de 1.650
"terroristes" ont soit été tués, blessés ou capturés dans le sud-est de
la Turquie et que 8.136 suspects ont été arrêtés et accusés d'avoir
aidé le PKK.
Erkan ajouta que 3.290 personnes parmi les suspects
ont été arrêtés alors qu'étaient en cours les enquêtes concernant 4.846
autres suspects.
Selon le Gouverneur, un total de 467 soldats, 113
gardiens de village et 552 civils ont été tués par des "terroristes" au
cours de la même période.
Pour illustrer clairement la situation, nous
recueillons ci-dessous une liste des violations des droits de l'homme
perpétrées soit directement par les forces de l'Etat o par d'obscures
forces soutenues et protégées par l'Etat au cours des trois derniers
mois de 1992.
TROIS MOIS DE TERRORISME D'ETAT
Le 1.10, à Silvan, Medeni Bucak (22 ans) et Ihsan
Bucak (20) auraient été abattus par le Hezbollah.
Le 1.10, dans la province de Kocaeli, 18 militants
présumés du Parti Communiste Révolutionnaire de Turquie (TDKP) étaient
arrêtés dans plusieurs opérations policières.
Le 1.10, à Adana, deux frères étaient arrêtés pour
propagande en faveur du PKK.
Le 1.10, à Fethiye, un groupe de 200 personnes
s'attaquait à des voitures et des magasins appartenant à des Kurdes et
blessaient trois personnes. Le président local du HEP fut placé sous
protection policière.
Le 2.10, à Mazidagi (Mardin), deux hommes armés
abattaient l'épicier Davud Acar. Le même jour, à Midyat, Ferit Cakar,
de 50 ans, était abattu par trois personnes.
Le 2.10, à Ankara, un membre du Parlement, Ömer
Faruk Ekinci (RP), était battu par la police alors qu'il prenait part à
une manifestation contre l'augmentation des accidents de circulation.
Le 2.10, à Istanbul, la police annonçait
l'arrestation de 18 personnes accusées de mener de activités pro-PKK.
Le 2.10, à Istanbul, la CSE condamnait Soner
Kardaslar à 7 ans, 3 mois et 15 jours de prison, et Eylem Pamukcu à 4
ans, 10 mois et 10 jours de prison pour appartenance à une organisation
illégale.
Le 3.10, à Diyarbakir, dix avocats d'origine kurde
étaient arrêtés pour avoir chanté des chansons kurdes au cours d'une
cérémonie de mariage.
Le 4.10, le premier congrès du Syndicat des
Fonctionnaires des Forêts (Orkam-Sen) était interdit par le Gouverneur
d'Ankara sous prétexte que les fonctionnaires publics n'ont pas le
droit de constituer des organisations.
Le 4.10, à Caylanpinar (Urfa), Seydo Korkmaz, de 52
ans, et sa femme Zübeyde Korkmaz, de 50 ans, étaient abattus par des
inconnus.
Le 4.10, à Fethiye, plusieurs magasins appartenant à
des Kurdes étaient attaqués une nouvelle fois. Vingt personnes furent
arrêtées pour avoir tenté de mettre le feu à un restaurant kurde. Dix
familles kurdes se seraient vues obligées de quitter Fethiye de peur
d'être assassinées.
Le 5.10, à Silvan (Diyarbakir), Mehmet Sait Isci, de
40 ans, était abattu par le Hezbollah.
Le 5.10, deux membres du HEP, étaient traduits
devant la CSE d'Ankara pour les déclaration faites au cours de la
convention du parti qui eut lieu à Ankara le 13 septembre.
Le 5.10, à Eskisehir, l'Association pour les Droits
et les Libertés (Özgür-Der) fut fermée par ordre du gouverneur sous
prétexte que les représentants de l'association étaient inculpés par la
CSE de Konya.
Le 5.10, à Istanbul, durant les funérailles de trois
jeunes tués lors des raids effectués par la police le 28 septembre, les
forces de sécurité faisaient feu pour empêcher une marche et 60
personnes étaient arrêtées.
Le 5.10, la CSE d'Istanbul condamnait quatre
personnes accusées d'avoir participé aux actes du PKK à des peines de
prison allant jusqu'à 8 ans et 4 mois. Une autre inculpée, Mme Hakime
Esmeray, qui avait déclaré avoir été torturée et harcelée sexuellement
au cours de son interrogatoire par la police, fut acquittée.
Le 5.10, à Batman, Fahrettin Celik, de 32 ans, était
abattu par des inconnus.
Le 7.10, à Istanbul, neuf personnes accusées d'avoir
pris part aux activités du PKK étaient placées en état d'arrestation
par un tribunal.
Le 8.10, à Bursa, trois étudiants universitaires
arrêtés quelques jours auparavant, déclaraient une fois en liberté,
avoir subi des torturés pendant leur interrogatoire.
Le 8.10, à Adana, la police arrêtait neuf membres
présumés du PKK. Le même jour, Dervis Yün, de 70 ans, et quatre autres
Kurdes étaient placés en détention par la CSE pour activités
séparatistes.
Le 9.10, la police annonçait l'arrestation de 17
membres présumés du Dev-Sol à Istanbul.
Le 9.10, à Diyarbakir, un commando du Hezbollah
assassinait le professeur Zülküf Sani, de 32 ans, et blessait un autre
professeur, Necati Günes.
Le 10.10, au cours d'une descente dans une maison
qui aurait servi d'abri au Dev-Sol, à Istanbul, la police tuait la
jeune femme Sultan Cenik, de 23 ans.
Le 10.10, à Batman, le commerçant Mehmet Emin
Basaran, de 27 ans, était assassiné par le Hezbollah.
Le 10.10, le bureau d'Istanbul de l'Association des
Droits de l'Homme (IHD) était perquisitionné par la police et de
nombreux documents y furent confisqués.
Le 11.10, à Izmir, un meeting de fonctionnaires
publics syndicalisés subit une descente de police. Le président de
l'Association des Droits de l'Homme (IHD), Yesim Islegen, et quatre
autres personnes furent blessés durant l'opération.
Le 11.10, la police annonçait l'arrestation de 23
militants présumés du Dev-Sol dans les provinces d'Izmir, Denizli et
Aydin.
Le 11.10, à Batman, Besir Aslan était assassiné par
le Hezbollah.
Le 12.10, à Batman, Mehmet Siddik Öztekin, de 24
ans, était abattu par le Hezbollah.
Le 12.10, à Istanbul, l'Association pour la Lutte
contre la Cherté et le Chômage (IPSD) était fermée par le Gouverneur
sous prétexte qu'un tel nom pourrait nuire aux intérêts publics.
Le 13.10, un meeting estudiantin organisé pour
l'ouverture de la nouvelle année académique dans l'Université de Dicle
à Diyarbakir, subissait une descente de police et quelque 80 étudiants
furent arrêtés.
Le 13.10, à Batman, le Hezbollah assassinait le
commerçant Mehmet Sah Tangünes, de 32 ans.
Le 14.10, la CSE d'Istanbul décrétait la détention
de dix personnes arrêtées peu avant par la police pour avoir pris part
aux activités du Dev-Sol.
Le 14.10, à Istanbul, au cours des funérailles de
Sultan Cenik, assassiné par la police le 10 octobre, la police arrêtait
neuf personnes.
Le 14.10, la CSE d'Istanbul condamnait cinq
personnes à des peines de prison allant jusqu'à 12 ans et 6 mois, pour
appartenance au PKK.
Le 15.10, à Istanbul, une jeune femme placée en
détention, déclarait avoir été torturée pendant son interrogatoire par
la police. Un rapport médical certifia les traces de torture.
Le 15.10, à Zara (Sivas), un tribunal ordonnait la
détention de six personnes accusées d'avoir aidé le Dev-Sol.
Le 15.10, à Nusaybin (Mardin), Mahmut Turan, de 19
ans, était assassiné par le Hezbollah.
Le 15.10, le Ministère de l'Education Nationale
annonçait que 622 écoles primaires et secondaires avaient été fermées
dans la région soumise à l'état d'urgence. Parmi les écoles frappés par
la mesure, 201 se trouvent à Elazig, 188 à Mardin, 127 à Siirt, 59 à
Sirnak, 35 à Van et 12 à Diyarbakir.
Le 16.10, le député du HEP de Diyarbakir, Sedat
Yurttas, révélait que le Kurde, Mehmet Ertak, avait disparu depuis sa
détention le 22 août.
Le 16.10, à Mardin, Kadri Elmas affirmait avoir été
torturé après sa détention le 4 octobre dernier.
Le 16.10, débutait à la CSE de Diyarbakir le procès
de 35 personnes arrêtées après les incidents du Newroz à Sirnak.
Accusées d'activités séparatistes, 16 des défendeurs risquent la peine
capitale. La cour décida que le procès aurait lieu à huis clos parce
que certains des défendeurs ont moins de 18 ans. Parmi les accusés
risquant des peines de 15 ans de prison, figurent également le
président local du IHD, Sekvan Aytu, le Maire de Sirnak, Ahmet Hamdi
Yildirim, le président provincial du HEP, Feyzullah Demir et le député
de Siirt, Kemal Birlik.
Le 16.10, à Silvan, deux travailleurs étaient
assassinés le matin par des inconnus alors qu'ils se rendaient à leur
travail. A Siirt, le chauffeur de taxi Kasim Efe, enlevé trois ans
auparavant, était retrouvé mort.
Le 17.10, sur la route Midyat-Nuasybin, une équipe
de protecteurs de village abattait Cumhur Göktürk, de 47 ans, et son
fils Cemal Göktürk de 27 ans. Le même jour, à Batman, le chauffeur de
taxi Izzettin Akgül, de 37 ans, était assassiné par des inconnus à
Kiziltepe et le Hezbollah réservait le même sort au commerçant Serif
Basci.
Le 18.10, le détenu politique Bahayettin El, de la
Prison de Type E de Malatya, affirmait avoir été témoin de la mort sous
la torture d'Agit Salman, le 27 avril, dans le quartier général de la
police à Adana.
Le 18.10, à Istanbul, 59 personnes étaient placées
en détention pour avoir assisté aux funérailles de deux personnes
assassinées par la police le 28 septembre dernier au cours d'un raid.
Le 19.10, à Batman, Metin Tan, de 22 ans, était
assassiné par le Hezbollah. Metin était le fils de Siddik Tan, un
représentant du IHD assassiné en juillet. A Nusaybin, l'électricien
Abdulkadir Demirbag, de 32 ans, était assassiné par le Hezbollah.
Le 20.10, le Hezbollah assassinait Necmettin Keles,
âgé de 20 ans, à Batman, et le chauffeur de taxi Sinan Demirtas, de 18
ans, à Nusaybin.
Le 20.10, à Istanbul, la police arrêtait dix
personnes au cours d'une opération contre le Dev-Sol. Le même jour,
cinq personnes étaient arrêtées à Izmir.
Le 21.10, était interrompue la grève de la faim
initiée le 14 septembre par 100 détenus politiques dans la prison de
Buca, à Izmir, après que la majorité de leurs demandes aient été
acceptées. Trois des grévistes ont été emmenés à l'hôpital.
Le 21.10, à Ankara, la police arrêtait huit
personnes à l'issue de plusieurs raids dans diverses maisons.
Le 21.10, le militant du PKK Mahmud Muhammed était
condamné à la prison à vie par la CSE de Kayseri.
Le 21.10, le procureur de la CSE d'Ankara inculpait
24 personnes pour avoir participé aux activités du PKK. Les défendeurs
risquent des peines de prison allant jusqu'à 20 ans pour séparatisme.
Le 21.10, l'Association du Barreau de Diyarbakir
annonçait que l'avocat Cuma Yakut avait été torturé et blessé au
quartier général de la gendarmerie d'Ergani, où il avait été amené dans
le cadre d'une enquête.
Le 22.10, le candidat aux élections municipales
d'Izmir, Hüseyin Aslan, était arrêté par la CSE d'Izmir pour propagande
séparatiste.
Le 22.10, à Nusaybin, le soudeur Hasan Cetin était
assassiné par le Hezbollah. Le même jour, Zeyni Dag, de 17 ans, qui
avait été blessé par le Hezbollah, est mort à l'hôpital.
Le 23.10, s'ouvrait à la CSE d'Istanbul, le procès
de deux membres présumés du Dev-Sol, Yasemin Okuyucu et Metin Dikme.
Ils risquent tous deux la peine capitale. Les défendeurs affirment
avoir été obligés de signer leurs dépositions sous la contrainte de la
torture.
Le 23.10, s'ouvrait à la cour pénale N_ 16 d'Ankara
le procès de 32 représentants syndicalistes accusés d'exercer des
activités illégales. Le procureur demande des peines de prison de trois
ans pour chacun d'eux.
Le 23.10, un jeune détenu nommé Remzi Basalak serait
décédé suite à une hémorragie cérébrale survenu pendant son
interrogatoire dans le quartier général de la police à Adana.
Le 24.10, trois personnes étaient assassinées par
des inconnus: Mehmet Yigit, de 67 ans, à Midyat, Zülküf Kacmaz, de 38
ans, à Hani et le professeur Mehmet Sirin Kaya, de 36 ans, à Diyarbakir.
Le 25.10, des personnes non identifiées
assassinaient le propriétaire d'une auto-école, Mehmet Beser, de 42
ans, à Nusaybin, Seyhmuz Kursun, de 32 ans, à Batman et la jeune femme
Birgül Eken, de 21 ans, à Hazro.
Le 25.10, le chef du village Sugeldi, Tahir Saday,
de 65 ans, mourait sous la torture au quartier général de la
gendarmerie à Van. Il était détenu depuis le 20 octobre.
Le 26.10, deux travailleurs de la construction,
Anter Yalcin, de 40 ans, et Sükrü Kilic, de 56 ans, étaient abattus par
des inconnus à Batman.
Le 26.10, à Savur (Mardin), 15 personnes étaient
arrêtées en relation avec l'attaque du PKK contre la ville de Sürgücü.
Le 27.10, débutait à la CSE de Diyarbakir le procès
de 23 personnes arrêtées suite aux incidents survenus en août 92 à
Sirnak. 22 des défendeurs risquent la peine capitale en vertu de
l'Article 125 du Code Pénal Turc.
Le 27.10, la CSE d'Istanbul condamnait 21 membres du
Parti Islamique du Kurdistan (PIK) à des peines de prison diverses,
dont la perpétuité.
Le 27.10, à Istanbul, la police annonçait
l'arrestation de 26 membres présumés du PKK au cours du dernier mois
d'opérations.
Le 27.10, un chauffeur de taxi, Hadi Baltaci, de 24
ans, était abattu à Kiziltepe.
Le 28.10, des personnes non identifiées
assassinaient le commerçant Zeki Aslan, de 38 ans, à Nusaybin.
Le 28.10, à Izmir, la jeune femme Nihal Aslantürk
était blessée et arrêtée par la police pour avoir affiché un poster de
l'Union des Communistes Révolutionnaires de Turquie (TIKB).
Le 28.10, à Tatvan, Hüsnü Özer, de 25 ans, disparu
depuis le 12 octobre, était trouvé mort et portait des traces de coups
sur son corps.
Le 29.10, au cours des funérailles d'un soldat mort
pendant les opérations menées dans le nord de l'Irak, plusieurs groupes
attaquaient des magasins appartenant à des Kurdes et essayaient d'en
lyncher deux. Le même jour, d'autres attaques contre les Kurdes se
produisaient à Kusadasi, Bursa et Erzurum.
Le 30.10, à Diyarbakir, l'entrepreneur Sevki Kaya,
de 43 ans, était assassiné par des inconnus.
Le 31.10, à Batman, le cadavre de Ramazan Altunses,
arrêté le 21 octobre, était rendu à sa famille. Selon les autorités
policières, il serait mort de maladie. Cependant, les membres de sa
famille nient la version de la police et soutiennent que son corps
portait des traces de torture.
Le 31.10, à Alanya, des groupes anti-kurdes
attaquaient une nouvelle fois des magasins kurdes et frappaient
violemment deux Kurdes, Ali Nergiz et Ali Asik.
Le 31.10, à Batman, le chauffeur de taxi Ali Teymur,
de 39 ans, était assassiné par des inconnus.
Le 31.10, au cours des funérailles de six militants
du TKP-ML tués dans un affrontement armé, la police arrêtait 13
personnes.
Le 31.10, Birol Savas, de 23 ans, était assassiné au
poste de gendarmerie de Bismil où il s'était rendu pour toucher la
cotisation mensuelle d'un journal
Le 1.11, à Istanbul, Abdullah Tanriverdi, arrêté en
tant que suspect d'un vol, déclarait à la cour qu'après son
arrestation, il avait été torturé pendant quatre jours.
Le 1.11, à Gebze, la police perquisitionnait
plusieurs maisons et arrêtait 14 personnes, principalement des membres
du HEP.
Le 2.11, la CSE de Diyarbakir condamnait neuf
personnes à des peines de prison allant jusqu'à 12 ans pour avoir
participé aux activités du PKK.
Le 2.11, à Cizre, le président local du Parti des
Travailleurs (IP), Resul Sakar, de 45 ans, était retrouvé pendu à un
pylône électrique. Il avait été enlevé lors d'une attaque perpétrée
contre sa maison par vingt personnes.
Le 3.11, à Nusaybin, le chauffeur de taxi Bülent
Daglar, de 25 ans, était assassiné par des inconnus.
Le 4.11, le Hezbollah assassinait le travailleur
Sultan Erol, de 30 ans, à Nusaybin.
Le 4.11, à Istanbul, la police faisait une descente
dans les locaux de Aksaray de l'Association pour les Droits et les
Libertés (Özgur-Der). D'autre part, une association culturelle dans les
Quartiers d'Esenler (EYKAD) était fermée par ordre du gouverneur.
Le 5.11, à Izmir, la police politique arrêtait huit
personnes pour activités illégales.
Le 5.11, le président du HEP de Kovancilar (Elazig),
Rodi Demirkapi, était assassiné par des inconnus. Le même jour, à
Diyarbakir, le Hezbollah assassinait le travailleur Abdülbaki Kisin.
Son frère, Nizamettin Kisin, était également assassiné le 23 janvier
1992 par le Hezbollah.
Le 6.11, la section d'Adana de l'IHD était fermée
par le gouverneur. La police perquisitionna les bureaux de l'IHD,
confisqua tous les documents et arrêta trois membres.
Le 6.11, la police arrêtait six personnes à Izmir,
trois à Batman et trois autres à Ankara pour activités illégales.
Le 6.11, le président d'Icel du HEP, Heybet Keskin,
aurait été torturé après son arrestation le 31 octobre.
Le 7.11, à Ankara, l'étudiant universitaire Hatun
Özcelik déclarait avoir été torturé par la police après son arrestation
le 4 novembre.
Le 7.11, deux canadiens, Wilf Gray et Bromley
Robert, étaient arrêtés à Istanbul pour propagande chrétienne.
Le 9.11, la CSE de Diyarbakir condamnait huit
membres du PKK à la prison à vie. Quatre autres défendeurs furent
condamnés à des peines de prison allant jusqu'à 12 ans.
Le 9.11, à Istanbul, la police annonçait
l'arrestation de 20 personnes pour avoir participé aux activités du
Parti Communiste de Turquie/Marxiste-léniniste (TKP/ML).
Le 9.11, à Tatvan, le Hezbollah plaçait une bombe
dans la voiture de Sabri Coskun, de 33 ans, ce qui causa sa mort.
Le 10.11, les familles de huit suspects disparus
lançaient une campagne à la section du IHD d'Ankara pour qu'on leur
révèle ce qui est advenu des personnes disparues. Les manifestants
portaient des pancartes avec l'inscription "disparus" sur les photos de
leurs proches.
Le 10.11, à Elazig, 34 personnes étaient arrêtées
pour avoir exercé des activités en faveur de la secte islamique
Aczmendi.
Le 10.11, un berger de 70 ans, Mehmet Akkan, était
abattu à Dargecit (Mardin) alors qu'il faisait paître son troupeau.
Le 12.11, la police annonçait l'arrestation de 20
personnes à Ankara et deux universitaires à Afyon.
Le 12.11, le maire de Diyarbakir, Turgut Atalay,
était blessé au cours d'une attaque armée devant son domicile.
Le 13.11, la grève de la faim de 180 prisonniers
entrait dans son 41e jour consécutif. Les grèves de la faim se sont
poursuivies pour l'obtention de meilleures conditions carcérales et le
respect des droits de l'homme dans les prisons de Malatya, Gaziantep et
Sagmalcilar.
Le 15.11, à Batman, le commerçant Suphi Aslan, de 27
ans, était assassiné par des inconnus.
Le 16.11, à Aydin, huit personnes étaient arrêtées
pour avoir exercé des activités pour le compte du PKK.
Le 16.11, à Diyarbakir, le chauffeur de taxi, Menaf
Tohumeker était assassiné par des personnes non identifiées.
Le 17.11, à Batman, le photographe Semdin Turan, de
48 ans, était assassiné par le Hezbollah.
Le 17.11, à Dogubeyazit, deux personnes, Semsettin
Güner et Menderes Bayram, étaient assassinées. A Silvan, Kamil
Yalciner, de 40 ans, était abattu par le Hezbollah.
Le 17.11, la police annonçait l'arrestation de neuf
personnes à Kocaeli et Gebze pour avoir exercé des activités pour le
compte l'Armée de Libération des Travailleurs-Paysans de Turquie
(TIKKO).
Le 18.11, à Bulanik (Mus), la police arrêtait
dix-huit personnes au cours d'une série de descentes dans diverses
maisons.
Le 19.11, le IHD faisait savoir que trois personnes,
Hasan Akdemir, Yusuf Gündür et Tahir Yalcin, avaient subi des tortures
au cours de leur interrogatoire, suite à leur arrestation le 15
novembre à Izmir.
Le 20.11, l'universitaire Filiz Cinar, de 21 ans,
arrêté le 18 novembre pour avoir collé des poster sur un des murs de
l'université, déclarait une fois mis en liberté qu'il avait subi des
tortures pendant son interrogatoire. Les traces de torture furent
certifiées par un rapport médical.
Le 20.11, la police annonçait l'arrestation de 16
personnes à Bursa et Balikesir pour activités pro-Dev-Sol, de six
étudiants universitaires à Balikesir pour activités pro-TDKP et de 13
personnes à Istanbul pour activités pro-PKK.
Le 20.11, à Izmir, 52 personnes étaient arrêtées
pour avoir participé aux manifestations convoquées pour célébrer
l'anniversaire de la fondation du PKK.
Le 20.11, la grève de la faim de 261 détenus de la
prison d'Elazig touchait à sa fin après qu'un accord avec
l'administration de la prison soit intervenu.
Le 20.11, l'étudiante universitaire Nurhayat Varol,
arrêtée le 18 novembre, déclarait une fois en liberté qu'elle avait été
torturée pendant son interrogatoire de police.
Le 20.11, à Karakoyunlu, le paysan Nurettin
Serhayat, de 32 ans, était abattu par des inconnus.
Le 21.11, l'Association Üsküdar pour la Culture et
les Arts (ÜKSD), à Istanbul, était fermée par le gouverneur pour
activités illégales.
Le 21.11, le président d'Eleskirt du HEP, Ibrahim
Gümüstekin, était arrêté par la police.
Le 22.11, à Silvan, le photographe Mehmet Firat
Gecmez, de 22 ans, et le professeur Mehdi Sanli, de 37, étaient abattus
par des inconnus.
Le 22.11, Alkan Demirci déclarait au cours d'une
conférence de presse au bureau d'Istanbul de l'IHD, qu'il avait été
torturé au centre de police après son arrestation.
Le 22.11, la section de Van du IHD annonçait que des
étudiants de la Faculté de Médecine de Van avaient été battus et
obligés de suivre une éducation religieuse. 13 étudiants auraient été
hospitalisés au cours de l'année dernière.
Le 23.11, à Malatya, l'Association pour les Droits
et les Libertés (Özgür-Der) était fermée par le gouverneur pour
activités non autorisées.
Le 23.11, la police annonçait l'arrestation de 24
membres présumés du PKK à Erzurum.
Le 23.11, le Hezbollah assassinait Mehmet Emin
Gezer, de 45 ans, à Batman.
Le 25.11, la police annonçait l'arrestation de 21
personnes à Mersin.
Le 25.11, la CSE de Malatya condamnait deux membre
présumés du PKK à des peines de prison allant jusqu'à 12 ans et 6 mois.
Le 26.11, à Izmir, sept personnes étaient arrêtées
par la police pour activités pro-PKK. A Viransehir, 50 personnes
auraient été arrêtées dans diverses opérations policières.
Le 27.11, à Istanbul, onze personnes étaient
arrêtées pour avoir exercé des activités pour une organisation
islamiste nommée IBDA-C.
Le 27.11, débutait à la CSE d'Istanbul le procès de
36 personnes accusées d'avoir pris part le 15 août à une manifestation
illégale.
Le 28.11, à Izmir, 17 des 40 personnes arrêtées en
novembre pour avoir exercé des activités pour le compte du PKK,
soutenaient avoir été torturées au cours de leur interrogatoire de
police. Leurs déclarations furent confirmées par des rapports médicaux.
Le 29.11, les forces de sécurité arrêtaient
240 personnes dans le village de Basdegirmen, Mardin, pour avoir
organisé une manifestation illégale. Par ailleurs, 470 personnes
étaient arrêtées à Kiziltepe, Malazgirt et Mazidagi.
Le 29.11, à Istanbul, 40 étudiants qui participaient
à des festivités à l'université de Bogazici, étaient arrêtés par la
police.
Le 30.11, la police annonçait l'arrestation de 25
personnes à Siverek et 20 à Diyarbakir, Van, Tunceli et Mardin à la fin
du mois de novembre pour avoir exercé des activités pro-PKK.
Le 1.12, le représentant du HEP à Antalya Idris
Celik, de 40 ans, était assassiné par des personnes non identifiées
devant son domicile.
Le 2.12, quatre personnes étaient arrêtées à Urla
pour avoir insulté Mustafa Kemal Atatürk.
Le 3.12, s'ouvrait à la CSE d'Istanbul le procès de
25 membres présumés du PKK. Le procureur demanda des peines de prison
supérieures à dix ans pour chacun d'eux. Le défendeur, Baran Bingöl
déclara lors de son interrogatoire qu'il avait été torturé pendant sa
détention policière. Les traces de torture furent confirmées par un
rapport médical.
Le 3.12, le Hezbollah abattait le gardien de prison
Tacettin Yilmaz, de 31 ans, à Diyarbakir.
Le 3.12, à Midyat, Mehmet Isler, de 18 ans, était
assassiné par des inconnus. A Dargecit, l'explosion d'une bombe causait
la mort de la jeune fille Melek Bora.
Le 4.12, un représentant du HEP à Antalya, Yusuf
Solmaz, était assassiné par des inconnus.
Le 4.12, à Istanbul, un membre du SHP de 58 ans,
Sadettin Köse, arrêté le 28 novembre, déclarait dans un conférence de
presse après sa mise en liberté qu'il avait subi des tortures pendant
son interrogatoire.
Le 5.12, à Batman, Mehmet Salih Kaplan, de 33 ans,
et Nuri Kaya, de 38 ans, étaient abattus par des inconnus.
Le 5.12, la police frappait un certain nombre de
manifestants et arrêtait 60 personnes pour avoir scandé des slogans en
faveur des Kurdes, après un meeting célébré sous les auspices de 11
syndicats et du Parti Socialiste de Turquie (STP).
Le 5.12, le suspect Attila Aksu rapportait avoir été
torturé pendant cinq heures sous détention policière. Un rapport
médical confirma ses accusations.
Le 5.12, un meeting organisé par les syndicats des
fonctionnaires publics à Adana était interdit par le gouverneur.
Lorsque plusieurs groupes tentèrent de mettre sur pied une
manifestation non autorisée, la police arrêta une vingtaine de
personnes.
Le 5.12, l'Association des Nouvelles Femmes
Démocratiques (YDKD) était fermée par le gouverneur d'Istanbul. Pendant
l'opération, la police confisqua certains documentes dans le bureau de
l'association.
Le 7.12, la police annonçait l'arrestation de 15
militants présumés du PKK, à Aydin et Nazilli.
Le 8.12, à Söke, Hüseyin Iskeceli, de 23 ans,
déclarait avoir été torturé pendant sa détention policière. Un rapport
médical corrobora ses révélations. A Istanbul, un fonctionnaire public,
Adem Tunali, affirmait également avoir été torturé après sa détention
le 29 novembre.
Le 8.12, à Istanbul, 30 personnes étaient arrêtées
pour avoir exercé des activités pour le compte du Dev-Sol.
Le 8.12, la CSE de Diyarbakir condamnait quatre
personnes à des peines de prison allant jusqu'à 15 ans pour des
activités pro-PKK.
Le 9.12, la police arrêtait six représentants du HEP
à Fethiye et le président local du HEP, Eyüp Karagecili, à Urfa.
Le 10.12, à Siverek, une équipe de police faisait
une descente dans une maison et tuait deux personnes.
Le 10.12, à Gebze, une unité de gendarmerie blessait
trois personnes parmi des travailleurs en grève.
Le 10.12, à Diyarbakir, Nezir Aklar était assassiné
par des inconnus.
Le 10.12, la section de Samsun de l'IHD, était
fermée par ordre du gouverneur. La célébration du Jour des Droits de
l'Homme fut également interdite.
Le 10.12, à Tatvan, le chauffeur de taxi Mehmet Emin
Orak était abattu par un tireur non identifié.
Le 10.12, le maire de Beytüssebap, Mustafa Dursun,
était arrêté par la police en compagnie de deux autres officiels.
Le 11.12, le maire de Silopi, Levent Taysun, était
arrêté et accusé d'avoir aidé le PKK.
Le 11.12, les forces de sécurité arrêtaient 50
personnes au cours d'une série d'opérations contre le PKK à Batman,
Siirt, Mardin et Diyarbakir. 50 autres personnes étaient arrêtées à
Siverek et Ceylanpinar.
Le 11.12, s'ouvrait à la CSE d'Istanbul, le procès
de six personnes accusées d'appartenir au TIKKO. Les défendeurs furent
battus et renvoyés du tribunal lorsqu'ils commencèrent à scander des
slogans à l'adresse des tortionnaires.
Le 12.12, le DR. Tayfun Gönül, membre de
l'Association contre la Guerre, était arrêté à Izmir après avoir
prononcé un discours dans un meeting du IHD. Mme Gülay Toraman, épouse
d'un membre disparu du IHD, était également arrêtée à Izmir.
Le 13.12, à Nusaybin, le Hezbollah assassinait Sinan
Yilmaz, âgé de 19 ans.
Le 14.12, Selahattin Behcet, de 22 ans, révélait
qu'il avait été torturé par la police au cours d'une détention de 20
heures à Istanbul.
Le 14.12, le maire de Patnos, Ihsan Celik, était
démis de son poste et accusé d'avoir aidé le PKK.
Le 15.12, à Batman, des tireurs inconnus
assassinaient Mehmet Yilmaz, âgé de 30 ans.
Le 15.12, Sevim Pinar était condamnée à 20 mois de
prison et une amende de 42 millions de LT (5.250 dollars) pour avoir
scandé des slogans pendant les célébrations du Newroz à Antalya.
Le 16.12, à Istanbul, un meeting organisé par les
étudiants de l'Université de Bogazici pour protester contre les
violations des droits de l'homme en Turquie était interdit par la
police et 15 étudiants étaient arrêtés.
Le 16.12, des membres du Hezbollah assassinaient
Sait Yildiz, de 28 ans, à Batman, ainsi qu'Ali Tuac, de 26 ans, et
Bedrettin Kilic, de 26 ans, à Nusaybin.
Le 16.12, le vice-président du HEP, Mahmut Kilic,
déclarait que les forces de sécurité avaient violé des femmes et
bombardé des villages dans le Sud-est, causant la mort de plusieurs
civils. Il ajouta que plusieurs attaques terroristes imputées au PKK
étaient en fait dues menées par la contre-guérilla.
Le 16.12, Hüseyin Aslan, un candidat à la mairie de
Narlibahce (Izmir) était condamné à 18 mois de prison et 83 millions de
LT d'amende (10.375 dollars) en raison de ses discours électoraux.
Le 16.12, des tireurs non identifiés abattaient
Garibe Karasakal, âgé de 18 ans, à Nusyabin et Mustafa Ucakan, de 41
ans, à Diyarbakir.
Le 17.12, l'avocat Fethiye Peksen était condamné à 3
ans et 9 mois de prison par la CSE d'Izmir pour avoir aidé le Dev-Sol.
Le 17.12, le président d'Igdir du HEP, Abdullah
Ipek, était arrêté en compagnie de trois autres personnes.
Le 17.12, la CSE d'Izmir condamnait trois membres du
Dev-Sol à des peines de prison allant jusqu'à 4 ans et 2 mois.
Le 18.12, à Viransehir, 13 détenus affirmaient une
fois en liberté avoir été torturés pendant 15 jours.
Le 19.12, à Istanbul, l'universitaire Sabahat Varol
faisait savoir à Istanbul qu'elle avait été torturée après son
arrestation le 12 décembre.
Le 19.12, débutait un nouveau procès contre 26
membre présumés du PKK à la CSE d'Istanbul. Trois des défendeurs
risquent la peine capitale.
Le 20.12, le gouverneur interdisait un meeting du
Centre Culturel Mesopotamia.
Le 21.12, le Ministère de l'Intérieur ordonnait à
tous les gouverneurs de prendre des dispositions administratives contre
les fonctionnaires publics participant à des activités syndicales. A
Ankara, 6.000 fonctionnaires publics organisaient un rassemblement pour
revendiquer leurs droits syndicaux.
Le 21.12, Abdulselam Tunc, enlevé deux jours
auparavant par des gardiens de village était retrouvé mort à Midyat.
Le 21.12, à Cinar (Diyarbakir), Mehmet Atli et
Süleyman Atli étaient retrouvés assassinés.
Le 21.12, à Midyat, deux personnes enlevées
auparavant, Hüseyin Eser et Seyfettin Kardes, étaient retrouvés
assassinées.
Le 22.12, à Istanbul, le commerçant Mehmet Baltas
faisait savoir qu'il avait été torturé après sa détention le 15
décembre et que les tortionnaires lui avaient ravi un total de 20
millions de LT.
Le 22.12, la police annonçait l'arrestation de 30
militants présumés du PKK à Izmir.
Le 22.12, à Diyarbakir, Ubeydullah Dallar, âgé de 40
ans, était assassiné par le Hezbollah.
Le 22.12 à Edirne, 157 étudiants universitaires
étaient arrêtés par la police pour avoir scandé des slogans en faveur
du PKK.
Le 23.12, à Konya, le professeur Halit Cigal était
condamné à 18 mois de prison pour propagande contre le caractère
séculaire d'Atatürk. Il fut également démis de son poste.
Le 23.12, à Batman, Faik Öztas, de 28 ans, était
assassiné par le Hezbollah. A Midyat, Abdülselam Tunc était retrouvé
assassiné.
Le 24.12, à Suruc (Urfa), les forces de sécurité
faisaient une descente dans une maison et tuaient sept personnes qu'ils
accusaient d'exercer des activités pour le compte du PKK.
Le 24.12, à Ankara, un étudiant de l'enseignement
secondaire, Rahsan Eran, aurait été torturé après avoir été arrêté par
une équipe de police le 20 décembre.
Le 24.12, la police annonçait l'arrestation de 30
personnes à Antalya pour activités pro-PKK.
Le 24.12, à Batman, un ancien détenu politique,
Mehmet Sirin Özbek, âgé de 34 ans, était assassiné par des inconnus. Il
était resté en prison pendant dix ans suite au coup-d'Etat de 1980.
Le 24.12, à Nusaybin, le Hezbollah assassinait Ali
Aslan.
Le 24.12, à Istanbul, six militants présumés du PKK
étaient arrêtés dans diverses opérations policières.
Le 24.12, trois personnes étaient condamnées par la
CSE de Malatya à des peines allant jusqu'à la prison à perpétuité pour
avoir pris part aux activités du PKK.
Le 24.12, à Bismil, Ihsan Icer, enlevé onze jours
auparavant, était retrouvé assassiné.
Le 25.12, à Istanbul, 13 personnes arrêtées en
novembre pour avoir exercé des activités islamistes, déclaraient avoir
subi des tortures. Les traces de torture furent confirmées par un
rapport médical. Egalement à Istanbul, 23 personnes arrêtées en
novembre pour activités pro-PKK soutenaient avoir été torturées par la
police.
Le 25.12, s'ouvrait à la CSE d'Ankara le procès de
15 représentants du HEP accusés d'avoir fait des déclarations
séparatistes lors du congrès du parti, célèbre le 19 septembre. En
vertu de l'Article 125 du CPT, chacun d'eux risque la peine capitale.
Le 25.12, le Hezbollah assassinait le chef d'un
village, Naif Keles, de 45 ans, et le commerçant Alptekin Sevim, de 24
ans, à Batman.
Le 26.12, s'ouvrait à la CSE d'Istanbul le procès de
Nilgun Gök et Bülent Yildirim, arrêtés en novembre pour avoir affiché
des posters contre la guerre. Ceux-ci déclarèrent avoir subi des
tortures pendant leur interrogatoire.
Le 26.12, à Mugla, le président de Yatagan du HEP,
Nuri Ermis et 29 autres personnes étaient arrêtés dans une série
d'opérations de police menées dans plusieurs maisons et magasins.
Le 28.12, débutait à la CSE d'Istanbul le procès de
12 personnes accusés d'avoir participé aux activités du Dev-Sol. Trois
des défendeurs risquent la peine capitale.
Le 28.12, à Diyarbakir, Mehmet Salih Eksi était
assassiné par des personnes non identifiées.
Le 29.12, à Diyarbakir, Abdulkadir Cesur était
retrouvé assassiné.
Le 31.12, dernier jour de l'année, le IHD révélait
qu'un total de 32 personnes avaient été abattues par des tireurs
inconnus en décembre et qu'un total de 22 journaux et revues avaient
été saisis.
TROIS MOIS DE PRESSIONS SUR LES MEDIAS
Le 1.10, un nouveau livre intitulé "La logique de la
Révolution et la Question du Pouvoir", de Salih Ilter, était confisqué
par la CSE d'Istanbul sous prétexte d'inciter les gens à la révolte.
Le 3.10, le bureau de Gaziantep du mensuel Newroz
subissait une descente de police et deux personnes, Sait Yildirim et
Halil Türkmen, y étaient arrêtées.
Le 4.10, à Adana, quelque 300 personnes étaient
arrêtées par la police pour avoir participé à un pique-nique organisé
par la revue mensuelle Devrimci Proletarya.
Le 5.10, les éditions d'octobre de deux revues,
Newroz Atesi et Imza étaient confisquées par la CSE d'Istanbul pour
propagande séparatiste.
Le 6.10, l'édition N_ 20 de la revue islamiste Taraf
était confisquée par la CSE d'Istanbul pour propagande séparatiste.
Le 6.10, un nouveau livre publié par Yurt Yayinlari
intitulé Les Cas d'Ismail Besikci 5 était confisqué par une cour pénale
d'Ankara.
Le 7.10, le procureur de la CSE d'Istanbul
introduisait deux actions en justice contre l'éditeur kurde Recep
Marasli. Celui-ci risque un total de 10 ans de prison pour avoir publié
un livre intitulé Défense Politique qui contient des documents sur le
procès dont il fut victime après le coup-d'Etat de 1980, ainsi que pour
le discours qu'il prononça lors d'un meeting organisé par l'Association
des Droits de l'Homme en mars 1992.
Le 7.10, les éditions récentes de quatre revues
Partizan, Newroz, Devrimci Yurtsever Genclik et Mücadele, étaient
confisquées par la CSE d'Istanbul.
Le 7.10, le bureau d'Istanbul du mensuel Hedef était
perquisitionné par la police. Après l'opération, le rédacteur en chef
de la revue, Günnur Ilhan, était condamné à 20 mois de prison et à
payer une amende de 41 millions de LT (4.125 dollars). Le rédacteur
Cetin Uygur écopa également d'une amende de 835 millions de LT (10.438
dollars). Par ailleurs, l'édition d'octobre de la même revue était
confisquée par la cour.
Le 8.10, à Istanbul, la police faisait une descente
dans la maison du correspondant d'Özgür Gündem, Mehmet Aktas. Pour ce
faire elle força la porta et arrêta le journaliste en compagnie de sa
soeur et de deux frères. Une fois remis en liberté, Aktas s'est plaint
d'avoir été torturé pendant son interrogatoire.
Le 11.10, cinq numéros du mois d'octobre du
quotidien Özgür Gündem étaient confisqués par la CSE d'Istanbul car ils
contenaient une série d'interviews du leader du PKK, Öcalan.
Le 12.10, l'éditeur responsable du mensuel Deng,
Kamil Ermis, était condamnait par la CSE d'Istanbul à cinq ans de
prison et à payer une amende de 41 millions de LT (5.125 dollars). Le
propriétaire de la revue, Hikmet Cetin, fut également condamné à payer
une amende de 92 millions de LT (10.250 dollars) en vertu de la Loi
Anti-Terreur.
Le 13.10, l'édition d'octobre du mensuel Toplumsal
Kurtulus était confisqué par la CSE d'Istanbul pour propagande
séparatiste. Une revue mensuelle islamiste, Ak-Zuhur était confisquée à
son tour pour la même raison.
Le 13.10, à Agri, trois correspondants de
l'hebdomadaire Azadi, Mustafa Isik, Cengiz Taskin et Fatih Yalvac
étaient arrêtés par la police.
Le 14.10, le correspondant à Diyarbakir de
l'hebdomadaire 2000e Dogru, Ahmet Sümbül, était arrêté en compagnie de
son frère Mehmet Sümbül, pour détention d'une arme à feu. Victime de
menaces de mort, il avait demandé à plusieurs reprises une autorisation
de port d'armes à feu, mais toutes ses demandes étaient restées sans
réponse.
Le 15.10, le journaliste Zekeriya Özdinc,
propriétaire et rédacteur en chef du mensuel Barikat, était condamné
dans deux procès différent à 10 mois de prison et à payer un total
1.024 millions de LT (128.000 dollars) pour propagande séparatiste.
Le 15.10, le correspondant à Batman du quotidien
Özgür Gündem, Hayrettin Celik, et sa femme Sebahat Celik, enceinte de 4
mois, étaient arrêtés par la police.
Le 19.10, de récentes éditions des hebdomadaires
Yeni Ülke et Gercek, ainsi que de l'hebdomadaire Medya Günesi étaient
confisquées par la CSE d'Istanbul pour propagande séparatiste.
Le 20.10, l'écrivain Edip Polat était inculpé par le
procureur de la CSE d'Ankara pour son dernier livre intitulé Les Kurdes
et le Kurdistan en Langage Scientifique - Une réponse de la Biologie à
l'Idéologie Officielle. Polat risque d'écoper d'une peine de prison de
cinq ans et d'une amende de 50 millions de LT (6.250 dollars), en vertu
de la Loi Anti-Terreur. L'éditeur du livre, Vedat Yeniceri, ainsi que
le Dr Ismail Besikci, qui écrivit une préface pour le livre, seront
jugés en même temps que l'auteur.
Le 20.10, l'édition N_ 24 du mensuel Özgür Halk
était confisquée par la CSE d'Istanbul pour propagande séparatiste.
Le 20.10, trois correspondants locaux de la revue
politique Mücadele, Devrim Demir à Izmir, Enver Inan à Kars et Ahmet
Kiral à Elbistan, auraient été arrêtés par la police.
Le 25.10, on rapportait que 54 des 75 éditions du
bimensuel Emegin Bayragi, publiées sur cinq ans, avaient été
confisquées pour des raisons diverses. Le nombre de copies saisies
s'élève à 300.000. En outre, 23 membres de la rédaction de la revue
furent arrêtés pour des périodes diverses.
Le 26.10, l'édition N_ 5 du mensuel Iscinin Yolu
était confisquée par la CSE d'Istanbul pour propagande séparatiste.
Le 27.10, à Istanbul, quatre journalistes du
quotidien Meydan, Sinan Doker, Ergun Güven, Bekir Sen et Eyüp
Karasakal, étaient battus et blessés par des policiers alors qu'ils
couvraient un incendie.
Le 27.10, l'édition N_ 16 de l'hebdomadaire
Mücadele, était confisquée parce qu'elle contenait une interview de
plusieurs représentants du Dev-Sol.
Le 28.10, le correspondant à Cizre du quotidien
Sabah, Ramazan Imrag était inculpé pour avoir pris et distribué une
photo dans laquelle on peut voir un blindé de l'armé tirer le corps
sans vie d'un militant Kurde. Le journaliste est accusé d'avoir insulté
l'Etat et les forces de sécurité en distribuant cette photo en vertu de
l'Article 159 du Code Pénal Turc.
Le 28.10, les éditions du 27 et 28 octobre du
quotidien Özgür Gündem étaient confisquées pour propagande séparatiste.
Le 28.10, le correspondant à Kars du quotidien Özgür
Gündem, Birkan Celik, était arrêté par la police.
Le 29.10, le correspondant du quotidien Türkiye,
Metin Akyürek, était battu par la police alors qu'il couvrait les
incidents survenus lors des célébrations du Jour de la République à
Korgan (Ordu).
Le 29.10, le correspondant à Trabzon de
l'hebdomadaire Mücadele, Fatma Dagli, était arrêté par une équipe de
police qui fouillait sa maison.
Le 31.10, le quotidien Özgür Gündem était confisqué
par la CSE d'Istanbul en raison d'une interview du leader du PKK,
Öcalan.
Le 2.11, le correspondant à Eskisehir de
l'hebdomadaire Mücadele, Fatma Dagli, était arrêté par la police.
Le 3.11, l'édition N_ 15 des bimensuels Medya Günesi
et Devrimci Emek étaient confisqués par la CSE d'Istanbul pour
propagande séparatiste.
Le 4.11, l'édition N_ 4 du mensuel Genclik ve
Gelecek était confisquée par la CSE d'Istanbul pour propagande
séparatiste.
Le 5.11, les correspondants de l'hebdomadaire
Mücadele, Rifat Özgündür et Sevinc Kaymak, étaient arrêtés à Sivas.
Le 6.11, la Turquie et 14 autres pays refusaient de
signer un accord sur la protection et la promotion des minorités et des
langues régionales au Conseil de l'Europe.
Le 7.11, l'édition N_ 77 du bimensuel Emegin Bayragi
était confisqué par la CSE d'Istanbul pour propagande séparatiste. Par
ailleurs, le correspondant de la revue, Naci Uzun, et sa femme, Hülya
Uzun, étaient arrêtés à Istanbul.
Le 9.11, le procureur de la CSE d'Istanbul inculpait
deux journaliste de l'hebdomadaire Azadi, l'éditeur responsable Sedat
Karakas et le journaliste Salih Özcelik, en vertu de l'Article 159 du
CPT. Tous deux risquent une peine de prison de cinq ans.
Le 10.11, l'édition N_ 26 de l'hebdomadaire Azadi
était confisquée par la CSE d'Istanbul pour propagande séparatiste.
Le 11.11, l'édition N_ 19 de l'hebdomadaire Mücadele
était confisquée par la CSE d'Istanbul pour propagande en faveur d'une
organisation illégale.
Le 13.11, les éditions du 10 et 11 novembre du
quotidien Özgür Gündem, étaient confisquées par la CSE d'Istanbul pour
avoir enfreint la Loi Anti-Terreur. On rapporte que la distribution du
quotidien fut interrompue à Diyarbakir en raison des menaces reçues par
le distributeur.
Le 13.11, le bureau de Samsun de l'hebdomadaire
Mücadele faisait l'objet d'une descente de police et de nombreux
documents y étaient confisqués. Le représentant de la revue à Samsun,
Pervin Tuggan, fut arrêté.
Le 13.11, la revue islamiste Taraf annonçait
l'interruption de ses publications en raison des pressions de plus en
plus fortes qu'elle subissait. Juste après cette déclaration, la police
arrêtait l'éditeur de la revue, Kazim Albayrak, et le journaliste Ünsal
Zor.
Le 15.11, l'Institut Kurde à Istanbul subissait une
descente de police par ordre de la CSE d'Istanbul. Plusieurs livres,
publications, films, photos et disquettes informatiques étaient
confisques et cinq personnes étaient arrêtées.
Le 16.11, l'édition N_ 7 du mensuel Newroz Atesi
était confisqué par la CSE d'Istanbul pour propagande séparatiste.
Le 16.11, le correspondant à Tunceli du quotidien
Özgür Gündem, Ali Dogan était arrêté.
Le 17.11, des éditions récentes de l'hebdomadaire
Azadi et du mensuel Devrim étaient confisqués par par la CSE d'Istanbul
en vertu de la Loi Anti-Terreur.
Le 18.11, l'éditeur responsable du mensuel Kurtulus,
Cemil Turan était condamné par la CSE d'Istanbul à 6 mois de prison et
à payer une amende de 50 millions de LT (6.250 dollars) pour des
articles publiés dans les cinq éditions spéciales de la revue. En vertu
de la Loi Anti-Terreur, le propriétaire de la revue, Irfan Cüre, fut
également condamné à payer une amende de 100 millions de LT (12.500
dollars).
Le 18.11, le représentant d'Izmir du mensuel Özgür
Halk, Mehmet Bayraktar, était condamné à payer une amende de 300.000 LT
(375 dollars) pour avoir gardé plusieurs publications interdites dans
son bureau.
Le 18.11, le correspondant à Malatya du quotidien
Özgür Gündem, Mahmut Dogan, était arrêté par la CSE de Malatya pour
avoir fait l'éloge d'actes considérés délictifs par la loi.
Le 21.11, à Batman, le chauffeur du quotidien Özgür
Gündem, Halil Adanir, âgé de 32 ans, était assassiné par des personnes
inconnues. Il avait reçu plusieurs menaces pour qu'il cesse de
distribuer le journal.
Le 22.11, des éditions récentes du bimensuel Emegin
Bayragi et du mensuel Devrimci Proletarya étaient confisquées par la
CSE d'Istanbul pour propagande séparatiste.
Le 23.11, un reporter de télévision allemand,
Michael Wilhelm Erger, et son traducteur turc, Yavuz Fersoglu, étaient
détenus pendant un bref moment au passage frontalier avec l'Irak
d'Habur pour comportement suspect.
Le 24.11, à Istanbul, la police faisait une descente
dans le bureau de l'hebdomadaire Gercek et arrêtait quatre personnes.
Le 25.11, l'édition N_ 14 du mensuel Kurtulus était
confisqué par la CSE d'Istanbul pour un article anti-militariste.
Le 25.11, la CSE d'Ankara infligeait une amende de
100 millions de LT (12.500 dollars) à l'écrivain Mehmet Bayrak à cause
du livre Mes mémoires sur Dersim et la Question Nationale Kurde.
Le 26.11, les dernières éditions des hebdomadaires
Azadi, Toplumsal Kurtulus et Medya Günesi étaient confisquées par la
CSE d'Istanbul en vertu de la Loi Anti-Terreur.
Le 26.11, à Istanbul, une équipe de police faisait
une descente dans le campus de Fikirtepe, confisquait 200 livres et
arrêtait 11 étudiants.
Le 28.11, le procureur d'Ankara introduisait une
action en justice contre la Maison d'Edition Yurt mettant en cause son
livre L'occupation du Bosphore. Accusé d'inciter le gens à commettre
des actes délictueux, l'éditeur Ünsal Öztürk subit un interrogatoire.
Le 30.11, à Diyarbakir, 87 marchands de journaux
annonçaient dans une conférence de presse qu'ils faisaient l'objet de
menaces leur exigeant de cesser la vente de publications de gauche
comme Özgür Gündem, 2000e Dogru, Yeni Ülke, Azadi et Gercek.
Le 30.11, le procureur de la CSE d'Istanbul
inculpait deux journalistes du quotidien Özgür Gündem, le propriétaire
Yasar Kaya et l'éditeur Selcuk Gür, pour propagande séparatiste. Il
demanda pour chacun d'eux une peine de prison de 5 ans et une amende de
100 millions de LT (12.500 dollars). D'autre part, l'édition du 24
novembre du même quotidien était confisquée par la CSE d'Istanbul.
Le 1.12, l'édition N_ 29 de l'hebdomadaire Azadi
était confisquée pour avoir informé sur un meeting célébré à Cologne
contre le service militaire obligatoire.
Le 1.12, la CSE d'Istanbul intentait un procès
contre le propriétaire des publications Melsa, Murat Ilyas Burak, pour
avoir enfreint la Loi Anti-Terreur au travers de son livre Le Petit
Peshmerga.
Le 2.12, l'édition N_ 3 du mensuel Halkin Gücü était
confisquée par la CSE d'Istanbul pour propagande séparatiste. A cette
date 28 des 187 ont fait l'objet d'une confiscation.
Le 3.12, l'éditeur du bimensuel Emegin Bayragi,
Nazim Taban était condamné par la CSE d'Istanbul à purger une peine 5
mois de prison et à payer une amende de 100 millions de LT (12.500
dollars) en vertu de la Loi Anti-Terreur. Auparavant, Taban avait écopé
d'une peine de prison de 18 mois et d'une amende de 123 millions de LT
(15.375 dollars) dans trois autres affaires.
Le 3.12, l'édition de novembre du mensuel Penthouse
était confisquée.
Le 5.12, au cours d'un rassemblement de protestation
organisé par les syndicats des fonctionnaires publics, la police
arrêtait 60 personnes et blessait à coups de matraque deux journalistes
qui couvraient l'incident: Erkan Avcilar de Milliyet et Nezahat Alkan
de Sabah.
Le 7.12, l'édition N_ 30 de l'hebdomadaire Azadi, la
N_ 4 du mensuel Genc Kurtulus et la N_ 23 de l'hebdomadaire Mücadele
étaient confisquées par la CSE d'Istanbul.
Le 7.12, la CSE d'Istanbul condamnait le journaliste
Hüseyin Durmaz, propriétaire et éditeur du mensuel Devrimci Emek, à une
peine de prison de 5 mois et 15 jours et à payer une amende de 83
millions de LT (10.375 dollars) en vertu de la Loi Anti-Terreur. Le
procureur de la CSE ouvrit un autre procès contre Durmaz et Ugur
Gündüz, auteur d'un article sur la lutte des classes en Turquie.
Le 9.12, l'édition N_ 4 du bulletin mensuel du
bureau de recherche de la Confédération des Syndicats Progressistes
(DISK) était interdit par l'administrateur de cette même confédération
parce qu'il contenait une carte indiquant les régions kurdes en Turquie.
Le 11.12, le correspondant d'Özgür Gündem, Irfan
Ucar, et celui de Türkiye, Ferhat Gülver, étaient arrêtés alors qu'ils
couvraient les incidents survenus pendant le procès des défendeurs du
TIKKO à la CSE d'Istanbul.
Le 12.12, les dernières éditions du bimensuel Emegin
Bayragi et du mensuel Partizan étaient confisquées par la CSE
d'Istanbul.
Le 12.12, un nouveau livre contenant des textes de
la Conférence Internationale sur la Question Kurde, célébrée en 1989 à
Paris, était confisqué.
Le 13.12, l'édition N_ 12 du mensuel Newroz était
confisqué pour propagande séparatiste.
Le 14.12, l'éditeur du mensuel Deng, Hikmet Cetin,
était condamné par la CSE d'Istanbul à 16 mois de prison et à payer une
amende de 41 millions de LT (5.125 dollars) pour un discours prononcé
le 10 janvier 1992 à Izmir.
Le 15.12, le propriétaire d'un kiosque à journaux de
Diyarbakir, Kemal Ekinci, était assassiné par des inconnus. Il avait
reçu des menaces pour qu'il cesse de vendre des publications de gauche.
Le 15.12, l'édition du 11 novembre du quotidien
Özgür Gündem était confisquée par la CSE d'Istanbul.
Le 18.12, l'édition N_ 17 du mensuel Odak était
confisquée par la CSE pour propagande anti-militariste.
Le 22.12, l'édition N_ 32 de l'hebdomadaire Azadi
était confisquée par la CSE parce qu'elle contenait un reportage sur
les grèves de la faim dans les prisons.
Le 23.12, les dernières éditions de l'hebdomadaire
Yeni Ülke et des mensuels Emegin Bayragi, Yeni Demokrat Genclik et
Newroz Atesi étaient confisquées par la CSE d'Istanbul.
Le 25.12, le professeur Yalcin Kücük était arrêté à
l'aéroport d'Istanbul alors qu'il rentrait en Turquie en provenance de
Damas. Toutes ses notes, photographies et vidéos sur l'entrevue d'une
semaine qu'il avait maintenue avec le leader du PKK, Abdullah Öcalan,
furent confisquées.
Le 25.12, la dernière édition du mensuel Özgür Halk
était confisquée par la CSE d'Istanbul.
Le 27.12, la Fédération Internationale des
Journalistes (FIJ) précisait dans son rapport de 1992 que la Turquie et
la Bosnie-Herzegovine étaient les deux pays les plus dangereux du monde
pour les journalistes.
Le 28.12, les dernières éditions des hebdomadaires
Yeni Ülke, Azadi et Mücadele étaient confisquées par la CSE d'Istanbul
pour propagande séparatiste.
Le 31.12, un distributeur du quotidien Özgür Gündem,
Lokman Gündüz, âgé de 20 ans, était assassiné par des inconnus. A
Istanbul, l'édition du 30 décembre de ce quotidien était confisquée par
la CSE.
UNE AMENDE DE 222.250 $ POUR UN LIVRE
Une nouvelle amende record contre la presse était
établi le 24 décembre en Turquie avec un total de 222.250 dollars.
L'auteur, Edip Polat, était condamné par la CSE
d'Ankara à deux ans de prison et à payer une amende de 50 millions de
LT -6.250 dollars) pour son livre Nous avons transformé les aubes en
Newroz sous prétexte que le livre "faisait de la propagande
séparatiste".
Lors du même procès, Hikmet Kocak, propriétaire de
la Maison d'Editions Basak, et éditeur du livre, recevait également une
amende de 1.728.000.000 LT (216.000 dollars).
"BASIC INSTINCT" REPRIME
La projection du film "Basic Instinct" du directeur
hollandais, Verhoeven, fut interdite en Turquie suite à une série
d'actions en justice introduites par les procureurs publics d'Ankara et
d'Istanbul. Les actions judiciaires s'appuient sur un rapport du
célèbre Conseil de Censure qui dépend directement du cabinet du Premier
Ministre.
Peu après la première projection du film en Turquie,
un groupe de députés du Parti du Bien-être (RP), fondamentalistes
islamiques, introduisirent une plainte contre "Basic Instinct" auprès
du bureau du Procureur de la République d'Ankara, affirmant que ce film
aurait un effet néfaste sur la société turque et devait donc être
banni. Sur ce, le Conseil de Censure émit un rapport dans ce sens et
fut suivi par les Procureurs Publics.
Le Procureur d'Ankara Hayri Tayhan déclarait le 23
décembre que les propriétaires de cinémas qui projetteraient le film
recevraient une amende d'au moins 20 millions de LT. Et si l'amende
n'était pas payée, celle-ci pourrait être portée jusqu'à 50 millions de
LT. Selon le Procureur, ceux qui ne paieraient toujours pas pourraient
se voir infliger une peine de prison.
L'ARMEE DEMANDE QUE LA TV SOIT POURSUIVIE EN JUSTICE
Le Chef de l'Etat-Major des Forces Armées Turques,
le Général Dogan Güres, demanda le 19 novembre dernier que le Ministère
de Justice introduise une action en justice contre le journaliste
Mehmet Ali Birand pour une interview qu'il fit du Chef des Guérillas
Kurdes, Osman Öcalan, frère du leader du PKK Abdullah Öcalan, et
diffusée le 16 novembre sur une chaîne privée.
Dans cette interview, Öcalan nie les affirmations de
l'Armée Turque concernant les pertes subies par le PKK durant la
dernière opération anti-PKK en Irak.
Selon Güres, qui affirme qu'ils ne l'ont "ni
rencontré ni interviewé, mais que le film es composé de coupures
d'apparitions antérieures", s'est plaint du fait que le film donne
l'impression que le PKK n'a subi aucune perte lors de la récente
opération militaire turque contre les camps du PKK dans le nord de
l'Irak.
Cependant, juste après l'intervention, Birant
présentait à la presse les bandes originales filmés par son équipe de
télévision lors de l'entretien avec Osman Öcalan et qui prouvaient que
le Général Güres avait été induit en erreur par ses services de
renseignement.
UN REPORTER ALLEMAND ARRETE
Un journaliste indépendant allemand, Stefan
Waldberg, était arrêté le 21 octobre dernier à la frontière de Habur
alors qu'il rentrait en Turquie après une mission de 25 jours en Irak.
Les autorités douanières l'accusaient de tenter d'introduire en Turquie
du matériel de propagande en faveur du PKK.
Après une semaine d'interrogatoire à Silopi,
Waldberg était placé en détention le 29 octobre pour être jugé à la CSE
de Diyarbakir.
Le 4 décembre, la cour ouvrait l'audition de
l'affaire de Waldberg. Accusé d'agir comme messager pour le PKK, acte
pour lequel il risque d'écoper d'une peine de prison de cinq ans,
Waldberg nia les faits et déclara: "Je suis venu en Turquie pour mener
des investigations générales et les diffuser sur Radio Dreyeckland. Je
ne connais pas les gens du PKK en Allemagne. Dans le nord de l'Irak,
mon but était de vérifier si l'aide fournie par plusieurs organisations
était bien utilisée sur place.
ÖZAL OPPOSE SON VETO AUX ACCORDS ILO
Bien que le Parlement turc ait adopté sept accords
ILO le 25 novembre dernier, un des accords, l'Article 158, subissait le
veto du Président Turgut Özal sous prétexte que les hommes d'affaires
turcs ne pouvaient se le permettre. L'Article 158 de l'ILO régit les
droits des employés lorsque prennent fin leurs contrats de travail, et
préserve leurs droits d'aller en justice.
Le Ministre du Travail, Mehmet Mogultay, dénonça le
veto et le qualifia d'acte "contre la volonté de la nation", tandis que
la Confédération des Syndicats des Employeurs Turcs (TISK) s'y est
montré favorable.
LA TERREUR NEO-NAZI CONTRE LES TURCS
Les citoyens turcs sont non seulement victimes de la
répression exercée par l'Etat dans leur propre pays, mais aussi la
cible principale de la terreur de l'extrême-droite dans les pays
européens, et principalement en Allemagne.
Trois turcs, une fille de 10 ans et deux femmes de
51 et 20 ans sont mortes après que le 23 novembre 1992, des néo-nazis
aient mis le feu à deux maisons dans la ville de Moelln, près de
Hambourg.
Ce crime a soulevé partout en Europe des
protestations contre le danger de l'extrême-droite en Allemagne. Des
milliers d'Allemands, main dans la main avec les étrangers, ont
convoqué des manifestations massives pour exprimer à quel point ils
sont déterminés à barrer la route au néo-nazisme. Les autorités
allemandes à leur tour ont dû se résoudre à condamner les attaques
racistes et à promettre des mesures pour protéger les minorités vivant
dans le pays.
En fait, les attaques de l'extrême-droite contre les
citoyens turcs à l'intérieur de leurs propres maisons, magasins ou
mosquées, en Allemagne ainsi que dans d'autres pays européens comme la
France, la Belgique, la Hollande, l'Autriche et la Suisse se produisent
depuis dix ans. Mais aucune mesure sérieuse n'a été prise, jusqu'à ce
que se produise cet incident, pour juguler la montée du racisme et de
la xénophobie. Rien que cette année, en Allemagne, les extrémistes de
droite ont perpétré 1.900 agressions contre les étrangers, avec un
bilan de 17 morts et 452 blessés.
Dans un message écrit sur une couronne déposée à
l'ambassade allemande à Ankara, après l'incident, les journalistes
turcs rappelèrent une autre attaque raciste contre une famille turque
en décembre 1988. Quatre personnes, dont une allemande, avaient perdu
la vie. Le message des journalistes disait: "Si les autorités
allemandes n'avaient pas gardé le silence à ce moment-là, Vahide
Arslan, Yeliz Arslan et Ayse Yilmaz [trois victimes mortes durant
l'attaque] seraient encore vivants aujourd'hui."
Dans le quotidien Sabah du 25 novembre, Mehmet Altan
déclare: "Les mouvements néo-nazis allemands semblent plutôt une
campagne de terreur soutenue par l'Etat pour accélérer le retour chez
eux de deux millions de Turcs. Le manque de résultats dans la capture
des membres des gangs néo-nazis, la rapidité avec laquelle ceux
appréhendés sont relâchés, les accusations qui soutiennent que ces
gangs comprennent des officiels du gouvernement et l'impossibilité
d'isoler ces groupes malgré l'appui d'une technologie des plus
sophistiquées, soulèvent quelques doutes. C'est comme si les Allemands
avaient orchestré une manoeuvre peu louable pour obliger la population
turque résidant chez eux à quitter le pays".
Tandis que les actes de protestation et les
manifestations contre le racisme ne cessaient de s'intensifier, les
autorités turques et les cercles nationalistes ont fait tout ce qui
était dans leur pouvoir pour présenter l'incident comme une preuve bien
actuelle de la menace que font peser sur la nation turque ses multiples
ennemis. Alors que toutes les minorités ethniques, y compris les Kurdes
et les chrétiens de l'Anatolie, qui constituent un tiers de la
population turque en Europe, étaient également exposés aux attaques des
néo-nazis, les manifestations contre le racisme convoquées après le
drame de Moelln furent considérées par les médias turques comme un
geste d'excuse dirigé uniquement à la nation turque.
Pire encore, les autorités turques ont essayé
d'exploiter l'événement pour tenter de discréditer les critiques
européennes envers la violation des droits de l'homme en Turquie. Le
Premier Ministre Demirel, par exemple, déclara: "Ceux qui mettent le
feu aux poudres et s'indignent devant le moindre petit incident survenu
en Turquie, devraient avant tout regarder chez eux."
Quelques jours plus tard, dans son édition du 17
décembre, le Quotidien d'Information Turc rapportait le texte suivant:
"Dans des régions comme Antalya, Alanya, Bodrum et
Izmir [dans l'ouest de la Turquie], les travaux de construction pendant
l'hiver dépendent quasi exclusivement de la main-d'oeuvre d'origine
kurde. Il y a deux semaines, des dizaines de citoyens d'origine kurde
ont pris des bus et ont abandonné Antalya par crainte des attaques
turques. Maintenant, à Alanya, Side et Antalya, les propriétaires
refusent catégoriquement de louer des appartements ou des maisons à des
personnes provenant du Sud-est. Quelque 3.000 Kurdes habitant dans ces
régions risquent de mourir de faim parce que les commerçants refusent
de leur vendre quoi que ce soit et leurs patrons ne veulent plus leur
donner du travail".
C'est sous l'influence de cette atmosphère de
xénophobie et de racisme qui règne dans leur pays, et alors que se
produisaient des manifestations contre le nazisme en Allemagne, que des
groupes défilant sous des drapeaux turcs s'attaquèrent aux immigrants
kurdes.