La
Turquie entre l'enclume et le marteau
DILEMME
L'actuelle polarisation oblige les
citoyens à choisir, dans des élections anticipées, le moindre de deux
maux : les islamistes ou les militaristes.
La tension créée depuis des mois par les militaires
et leurs alliés laïques, d'une part, et les islamistes et leur complice
diabolique Tansu Ciller, d'autre part, a finalement placé la Turquie
devant un dilemme: la population devra choisir entre l'enfer et
l'abîme. Suite à la démission du premier ministre turc, Necmettin
Erbakan, le président Süleyman Demirel s'attelait le 19 juin dernier à
la difficile tâche de trouver un nouveau gouvernement qui puisse mener
le pays à des élections anticipées.
Erbakan a déclaré aux reporters que, outre sa
démission, il avait remis au président une lettre signée par lui-même,
la leader du DYP et vice-premier ministre Tansu Ciller et le leader du
BBP Muhsin Yazicioglu. Dans cette lettre il est dit que les trois
partis vont soutenir Ciller dans la formation du nouveau gouvernement
de coalition. Les trois leaders affirment qu'ils détiennent la majorité
absolue à l'Assemblée nationale et que le président devrait demander à
Ciller la formation du nouveau gouvernement.
Ciller, en proie à de graves accusations de
corruption et d'irrégularités, insiste sur la formation d'une coalition
avec le parti islamiste RP qui l'avait sauvée à trois reprises d'une
comparution devant la Cour suprême.
Cependant, sous la pression des militaires, qui sont
catégoriques sur la mise à l'écart du RP de tout futur gouvernement, le
président Demirel, au lieu de désigner Ciller, a préféré charger le
leader de l'ANAP Mesut Yilmaz de former un nouveau gouvernement de
coalition.
Bien que la pression des militaires demeure le
facteur principal dans la formation du nouveau gouvernement, sans le
RP, la position de minorité du total de tous les députés d'opposition à
l'Assemblée nationale et les différences entre eux rendent très
difficile la formation d'un nouveau gouvernement sans le soutien d'un
des deux partenaires du gouvernement sortant.
Dans la crise actuelle, le président de la
République Demirel doit trouver une solution acceptable aussi bien par
les militaires que par la majorité des partis politiques suivants qui
sont représentés au parlement:
◊ Necmettin Erbakan: Son Parti du Bien-être (RP),
islamiste, constitue le groupe parlementaire le plus important avec 156
députés. Il tente de renouveler sa coalition avec le DYP sous la
direction de Tansu Ciller et pense que son parti, victime des
militaires, reprendra le pouvoir après les élections anticipées avec
davantage de sièges.
◊ Mesut Yilmaz: Leader du parti du deuxième groupe
parlementaire le plus important avec 129 sièges. Son Parti de la mère
patrie (ANAP) suit un modèle politique quasiment identique à celui du
groupe de Ciller, bien qu'une aigre rivalité personnelle a fait échouer
une courte coalition entre les deux partis en juin dernier et rend peu
probable une nouvelle alliance. Yilmaz a brièvement été premier
ministre à deux reprises mais les observateurs laïcs pensent qu'il n'a
pas le punch nécessaire pour faire face aux islamistes.
◊ Tansu Ciller: La politicienne la plus corrompue de
la République turque. Elle a choqué pas mal de personnes en juin
dernier en amenant son parti à former une coalition avec les
islamistes. Tacticienne politique rusée, elle sait très bien que si
elle est écartée du gouvernement sa carrière politique aura touché à sa
fin. Elle a réussi à convaincre Erbakan pour qu'il démissionne et lui
lègue son pouvoir afin de diminuer la tension avec l'armée. Son Parti
de la juste voie (DYP) a 116 sièges et a subi les défections de ceux
déçus par l'alliance avec les islamistes.
◊ Bülent Ecevit: En 1974, Ecevit conquit une grande
popularité en tant que premier ministre lorsqu'il ordonna aux troupes
turques d'intervenir en Chypre. Cependant il n'a pas réussi à unir
toutes les forces sociales-démocrates du pays dans un seul parti. Son
Parti de la gauche démocratique (DSP) est toutefois la formation de
gauche la plus importante et a une représentation de 67 sièges à
l'Assemblée nationale.
◊ Deniz Baykal: Son Parti du peuple républicain
(CHP) fut fondé dans les années 20 par Kemal Atatürk et dirigé ensuite
par Ismet Inönü et Bülent Ecevit. Après le coup d'état de 1980, le CHP
a perdu son monopole dans la sphère centre-gauche lorsqu'Ecevit en est
sorti pour fonder un autre parti. Le CHP a perdu ce qui lui restait de
crédibilité pendant sa coalition avec le DYP, particulièrement sous le
mandat de Ciller.
◊ Muhsin Yazicioglu: Ancien leader du mouvement
d'extrême-droite les "Loups gris", il est connu pour sa violence contre
les militants de gauche dans les années 70. Yazicioglu et ses 7 députés
du Parti de la grande unité (BBP) pourraient détenir la clef de
l'équilibre dans un vote de confiance au nouveau gouvernement. Il a
annoncé qu'il soutiendrait un effort pour ressusciter la coalition
d'Erbakan sous la direction de Ciller.
◊ Hüsamettin Cindoruk: Ancien président de
l'Assemblée nationale. Il a quitté le DYP pour protester contre les
irrégularités de Ciller. Son Parti de la Turquie démocratique (DTP) a
sept députés, transfuges de la faction Ciller contraires à son alliance
avec les islamistes.
LE DERNIER COUP DES MILITAIRES QUI A PROVOQUE LA DEMISSION D'ERBAKAN
Depuis des mois, les militaires sont brouillés avec
la coalition gouvernementale dirigée par les islamistes. Un des points
sensibles: les militaires pensent que le RP approuve et encourage la
montée des activités pro-islamistes et du népotisme fondamentaliste et
n'a pas mis en oeuvre les mesures préconisées par le Conseil de
sécurité nationale (MGK) lors de sa réunion du 28 février, en
particulier celle concernant une éducation continue obligatoire de 8
ans.
Les critiques adressées par les militaires au
gouvernement s'inscrivaient dans une nouvelle opération dont le but
était de justifier une interférence croissante de l'armée dans le monde
politique. Tout le monde sait très bien que la montée de l'islamisme en
Turquie n'est pas le fait de cette dernière année de gouvernement
islamiste mais d'un phénomène alimenté depuis des décennies par tous
les gouvernements, y compris les juntes militaires de 1971 et 1980.
Dans une ultime campagne destinée à renverser le
gouvernement, l'état-major turc a élaboré une série de briefings sur
les activités islamistes radicales en Turquie à l'adresse de hauts
bureaucrates, juges, procureurs publics, professeurs d'université,
syndicats, associations, journalistes, etc.
Dans le briefing du 11 juin, les militaires disent
que s'il s'avère nécessaire, les forces armées turques interviendraient
pour protéger le système démocratique et laïc du pays qui sépare l'Etat
de la religion et précisent que la juridiction turque et la
constitution leur assigne l'autorité pour protéger et défendre la
république. Finalement, ils considèrent que la rapide montée ces
derniers temps des activités islamistes pour changer le régime turc est
aujourd'hui aussi dangereuse que l'autre grande menace, le Parti des
travailleurs du Kurdistan (PKK).
Découlant du "Concept d'opération de sécurité
interne" pour faire face aux activités "séparatistes", le "Concept
d'opération occidentale" et le "Groupe de travail occidental" ont été
créés pour contrôler et évaluer les activités fondamentalistes
radicales. Selon les porte-paroles de l'Armée, ce concept cherche
également à régler le problème de l'Islam dans la politique turque.
Les militaires, qui ont rappelé toutes les
informations disponibles sur le mouvement islamiste, déjà reproduites
depuis des années par les médias progressistes, ont demandé à la
justice d'intenter des actions en justice contre tous ceux soupçonnés
de participer dans le mouvement islamiste.
C'est la première fois que même les grands hommes
d'affaires de confession islamique sont déclarés dangereux et qu'on
demande aux institutions publiques de bloquer leurs fonds et de refuser
tout contrat avec eux. Le chef d'état-major à ordonné aux forces armées
d'éviter l'achat de fournitures à des compagnies islamistes, affirmant
que celles-ci financent l'avance de l'islam radical.
Par ailleurs, suivant les directives des militaires,
le procureur de la cour de cassation a introduit une action en justice
auprès de la Cour constitutionnelle demandant l'interdiction du Parti
du bien-être (RP).
Dans ces circonstances, Erbakan a dû abandonner son
poste en vue de conquérir une nouvelle victoire électorale aux élection
anticipées avant que la Cour constitutionnelle n'interdise son parti.
Quelle que soit la composition du nouveau
gouvernement, la convocation d'élections anticipées semble inévitable
soit à la fin de cette année soit dans les premiers mois de 1998.
Ces élections s'apparenteront sans aucun doute à un
référendum qui place la population entre l'enclume et le marteau.
Le RP et ses alliés se présenteront en véritables
défenseurs de la loi civile démocratique et demanderont aux citoyens
leur vote pour empêcher la domination des militaires. Leur victoire
donnera lieu à l'établissement d'un régime islamique incompatible avec
les normes européennes de démocratie et de droits des hommes.
D'un autre côté, les partis anti-RP se présenteront
en tant que défenseurs du régime laïc et des valeurs occidentales et
demanderont aux citoyens leur vote afin d'exclure les islamistes de la
vie politique du pays. Etant donné que ces partis, y compris les
sociaux-démocrates DSP et CHP, n'ont pas le courage de s'opposer aux
interférences des militaires, leur victoire aboutira inévitablement a
un renforcement de la domination de ces derniers sous le couvert de la
promotion de la laïcité.
La seule chance de la Turquie serait l'apparition
d'une troisième alternative politique issue des forces civiles qui
s'opposerait aussi bien aux islamistes qu'aux militaires avec un
véritable programme politique et social conforme aux normes
démocratiques européennes.
Bien qu'on ait des indices de l'arrivée d'une telle
alternative parmi les partis progressistes comme le Parti de la
démocratie du peuple (HADEP), le Parti de la liberté et la solidarité
(ÖDP), le Parti des travailleurs (IP) et le Mouvement de la paix
démocratique (DBH) et particulièrement dans les cercles des droits de
l'homme, les syndicats et les associations, son succès dépendra du
degré de leur volonté de réunification et de l'intensité des mesures
repressives qui seront exercées contre eux par des militaristes et des
islamistes.
Furieux devant le fiasco de la dernière opération en Irak, les généraux
turcs ont déclaré "ennemis" tous les pays voisins
Juste après le début de l'opération anti-islamiste
sur le territoire national, l'armée turque lançait une nouvelle
opération militaire de grande envergure dans le nord de l'Irak sous le
prétexte "d'anéantir ce qui reste des guérillas du PKK." Bien que
l'état-major turc affirme avoir tué des milliers de guérilleros kurdes
au cours de cette opération terrestre et aérienne, selon les derniers
rapports de presse l'opération aurait été un désastre. Le porte-parole
du PKK a démenti les affirmations de l'état-major et a rapporté de
lourdes pertes dans les rangs de forces turques.
Reuters rapportait le 11 juin que "deux attaques de
missiles mortelles contre des hélicoptères turcs dans le nord de l'Irak
avaient menacé de réécrire les règles militaires et politiques de
combat dans une bataille que l'armée livre depuis 12 ans contre le
Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK)."
"La reconnaissance par les autorités que des
missiles kurdes SA-7 avaient abattu deux hélicoptères, Cougar et Cobra,
a ébranlé les forces armées d'élite turques et déclenché une
déplaisante série de reproches. Est également apparu le spectre d'un
humiliant retrait devant une confrontation directe avec le PKK,
réminiscence du retrait soviétique d'Afghanistan une fois que les
missiles Stinger de fabrication américaine ont permis aux Mujaheddin de
disputer aux Russes le contrôle aérien", soulignait Reuters
Les généraux turcs ont immédiatement accusé le
gouvernement de tendance islamiste de sous-financer l'opération en
Irak. Celle-ci fait partie d'une assignation annuelle chiffrée en
milliards de dollars pour les activités contre le PKK.
Les généraux ont également critiqué le Ministère des
affaires étrangère pour n'avoir pu empêcher le PKK de s'emparer à
l'étranger de 60 missiles SA-7 de fabrication russe.
Un haut général a déclaré qu'à cinq reprises depuis
1992 l'armée avait averti les diplomates que les séparatistes
recevaient des armes de l'Iran, la Syrie, l'Arménie, la Grèce et Chypre.
Ces pays ont immédiatement réagi contre ces
déclarations et ont accusé les militaires turcs de dégrader les bonnes
relations qui existent entre les voisins.
D'autre part, l'opération militaire turque en Irak a
provoqué de vives réactions en Iran, en Irak, en Syrie et dans d'autres
pays arabes qui ont accusé la Turquie d'essayer d'accroître sa
domination dans la région en complicité avec les Etats-Unis et Israël.
NOUVEAU RAPPORT D'AMNESTY INTERNATIONAL METTANT EN CAUSE LE REGIME TURC
Le rapport annuel d'Amnesty International, publié le
18 juin dernier, décrit la Turquie comme un des principaux pays du
continent européen où les violations des droits de l'homme demeurent
graves. Le rapport souligne que la torture est encore omniprésente dans
les postes de police et les gendarmeries du pays.
Le rapport, qui analyse les violations des droits
dans 151 pays et territoires en 1996, souligne qu'en Turquie au moins
11 personnes sont mortes en détention au cours de l'année dernière.
Le document précise également que la critique à
l'égard des politiques menées par le gouvernement dans le sud-est de la
Turquie donne lieu à la persécution d'écrivains, de journalistes et
d'activistes politiques, et ajoute que les articles 168, 169 et 312 du
Code pénal turc ont servi de base à ces persécutions.
Parmi les incidents cités comme exemples de
violations des droits de l'homme figurent les procès de 184 membres de
l'élite littéraire et culturelle pour la publication du livre Liberté
de pensée.
Selon le rapport, Seyfettin Kizilkan, président de
l'Association médicale de Diyarbakir, avait été arrêté et accusé
d'appartenir à une l'organisation illégale PKK mais par la suite il est
apparu que sa détention était due à une déclaration sur les droits de
l'homme qu'il avait faite devant une délégation de visiteurs étrangers.
L'arrestation et le procès de Sanar Yurdatapan,
porte-parole de Ensemble pour la paix, est un autre exemple de "procès
de la pensée". Le rapport d'AI explique que l'unique raison de
l'arrestation de Yurdatapan est son ouvrage pour réclamer davantage de
paix et de liberté d'expression. [Il est encore en prison cette année
suite à un complot de la police].
A propos des plaintes de torture, le rapport met
l'accent sur les victimes, y compris celles arrêtées pour des délits
communs en vertu de la Loi anti-terreur. "Parmi les victimes on trouve
des enfants et des adolescents", poursuit le rapport qui cite l'exemple
de 16 élèves d'une école supérieure qui auraient été torturés au centre
de police de Manisa.
"Des officiers de police auraient violé des détenus
hommes avec des matraques et leur auraient écrasé les testicules,
tandis que les femmes auraient été forcées de se soumettre à des tests
gynécologiques et auraient été menacées de viol", lit-on dans le
rapport sur les plaintes de torture des 16 détenus.
Le décès de Metin Göktepe fait l'objet d'une grande
attention dans le rapport, qui précise qu'il est mort en janvier 1996
lorsqu'il fut arrêté par la police parce qu'il tentait de prendre des
photos lors des funérailles de prisonniers battus à mort dans la prison
d'Istanbul.
Le rapport cite également la deuxième déclaration
publique du Comité européen pour la prévention de la torture et des
traitements et châtiments inhumains ou dégradants, qui décrit le
phénomène de la torture comme "étendu et commun en Turquie".
La décision de la Cour européenne des droits de
l'homme, qui a déclaré les forces de sécurité turques coupables de
torture envers Zeki Aksoy en novembre 1992, est également mentionnée
dans le rapport. "La CEDH a jugé les forces de sécurité turques
coupables d'incendier des maisons dans un village du sud-est de la
Turquie, causant la fuite des villageois kurdes", explique le rapport.
Selon l'organisation des droits de l'homme, 10
prisonniers ont été battus à mort par des gendarmes dans une prison de
Diyarbakir. "Les circonstances, comme il est souligné dans le rapport
élaboré par l'Association du barreau de Diyarbakir, incitent fortement
à croire que les décès ont été la conséquence d'un assaut prémédité des
forces de sécurité", souligne le rapport.
Le rapport indique que l'incident de Güclükonak, où
11 villageois ont été abattus à la mitrailleuse et le bus dans lequel
ils voyageaient incendié en janvier 1996, fut attribué par les
militaires et le gouvernement au PKK. "Cependant, une importante
délégation organisée par Sanar Yurdatapan a recueilli des preuves selon
lesquelles les villageois auraient été tués par les forces de sécurité
pour essayer, semblerait-il, de discréditer un cessez-le-feu unilatéral
déclaré par le PKK en décembre 1995", précise le rapport.
Toutefois le rapport met également en évidence la
violence des groupes armés d'opposition, tels que le PKK, le Front du
Parti de libération du peuple révolutionnaire (DHKP-C), et dénonce
qu'ils sont responsable de 40 assassinats délibérés. AI, précise le
rapport, avait condamné ces abus et avait demandé publiquement aux
groupes armés d'opposition de respecter le droit humanitaire et les
normes internationales des droits de l'homme.
Le rapport indique aussi qu'AI en avait appelé aux
autorités turques pour qu'on relâche les prisonniers de conscience et
avait sommé le gouvernement d'ouvrir une enquête impartielle sur les
plaintes de torture et les exécutions extrajudiciaires et les
"disparitions".
VIOLATIONS DES DROITS DE L'HOMME EN MARS-AVRIL-MAI 1997
Ce relevé des violations des droits de l'homme en
Turquie pendant les mois de mars, avril et mai 1997 provient de
l'Association des droits de l'homme de Turquie (IHD) :
* 33 assassinats non élucidés.
* 21 personnes ont perdu la vie suite à des
exécutions sans procès, à des tortures ou pendant leur détention.
* 718 personnes sont mortes au cours d'affrontements
armés.
* les attentats contre des civiles ont provoqué 35
morts et 24 blessés.
* 30 personnes sont "disparues" pendant leur
détention.
* 91 personnes ont été torturées ou s'en sont
plaintes.
* 5.812 personnes ont été arrêtées par la police,
dont 98 appartenaient au monde de la presse.
* 542 personnes ont été placées en détention par les
tribunaux.
* 6 villages et hameaux ont été évacués.
* 45 localités ont été bombardées.
* 25 associations, syndicats et agences de presse
ont été fermées.
* 51 associations, syndicats et agences de presse
ont souffert des perquisitions.
* 70 publications ont été confisquées.
* les tribunaux ont imposé des peines de prison de
plus de 31 ans et des amendes pour un total de 1,203 milliards de TL
pour des délits d'opinion.
* Actuellement, il y a 150 prisonniers de conscience
en prison.
LA HONTE DE LA TURQUIE : MARRAINE CILLER
Depuis son arrivée au pouvoir en tant que ministre
des Affaires économiques et sa nomination comme premier ministre en
1993, nous n'avons cessé d'informer l'opinion mondiale sur ses
intentions, préjudiciables aussi bien pour la Turquie que pour ses amis.
Malgré ces avertissements, charmées par son aspect
moderne et sa démagogie, les institutions occidentales ont soutenu
cette "dame de fer turque" aux moeurs douteuses.
Même le Parlement européen n'a pas hésité à ratifier
l'accord sur l'union douanière de manière à augmenter ses chances dans
les élections générales de 1995 sous prétexte de faire obstacle à la
puissance islamique dans le flanc sud-oriental de l'Europe.
La Turquie se trouve depuis un an sous domination
islamique grâce au soutien de Ciller, c'était là la rançon à payer pour
éviter d'avoir à répondre de ses relations occultes avec la mafia et de
la mystérieuse origine de son incroyable fortune. La Turquie, sans
entrer dans le problème des droits de l'homme, se trouve plongée dans
un chaos sans précédents résultant d'une part d'une interminable sale
guerre dans le Kurdistan turc, et d'une dangereuse querelle entre les
forces islamiques et les laïques d'autre part. L'armée, responsable de
deux coups d'Etat en 1971 et 1980, s'affirme une fois de plus comme le
véritable maître du pays.
Maintenant, au lieu de nous répéter à propos de
cette lady de la honte, nous reproduisons un récent article du New York
Times, un des quotidiens les plus influents des Etats-Unis et connu
pour avoir des liens rapprochés avec l'administration démocrate.
L'article de Steven Kinzer publié le 7 avril 1997
dit ceci:
"Aujourd'hui, Mme Ciller est ministre des Affaires
étrangères et membre élevé d'une coalition dirigée par un parti de base
musulmane. De nombreux leaders politiques turcs l'accusent d'être
entrée dans cette alliance pour éviter des investigations sur ses
finances personnelles.
"Les enquêteurs parlementaires, les principales
figures politiques, et les journaux turcs ont cherché à savoir comment
Mme Ciller et son mari, Özer Ciller, sont devenus multi-millionnaires.
Ils ont soulevé des questions concernant le prétendu héritage de plus
d'un million de dollars en liquide et en or que lui aurait laissé sa
mère, une femme que ses anciens voisins décrivent comme une pensionnée
sans ressources.
Les opposants à Mme Ciller ont également examiné
l'acquisition par une compagnie américaine dirigée par son mari de
propriétés pour une valeur de 5 millions de dollars à New Hampshire.
Ils affirment que M. et Mme Ciller se sont enrichis par l'utilisation
illicite de fonds publics à l'époque où elle était premier ministre, de
1993 à 1996.
"Selon certains chiffres de l'opposition Mme Ciller
aurait été par le passé en possession de la citoyenneté américaine. Si
c'était vrai, cela pourrait compliquer sa situation politique. Un
recours a été présenté devant une cour fédérale de New York pour
obtenir le registre de son passeport.
"Bien que les Etats-Unis n'ont confirmé ni démenti
l'existence de tels documents, ils s'opposent à l'action en justice. Le
Département d'Etat a fait savoir que la divulgation de registres de
passeports de fonctionnaires étrangers pouvait causer des dommages ou
des dangers personnels ou familiaux à l'étranger.
"Mme Ciller se défend d'avoir commis un quelconque
délit. Tim Platt, l'avocat qui la représente à New Hampshire, affirme
qu'elle n'a jamais été en possession d'un passeport américain ou de la
citoyenneté américaine. Il a ajouté que ses investissements aux
Etats-Unis sont tout point conformes à la loi américaine.
"Mais est-ce que c'est vrai ?
"Certains aspects de son ascension vers le statut de
multi-millionnaire demeurent cependant troubles. Elle a dit, par
exemple, qu'une partie de sa fortune provient de l'investissement
judicieux du million de dollars qu'elle a hérité de sa mère, décédée en
1995.
"Mais des voisins de Muazzez Ciller ont déclaré que
celle-ci avait vécu au le seuil de la pauvreté dans un vétuste
appartement d'Istanbul, et qu'ils doutaient qu'elle ait pu laisser un
telle somme.
"`Cette pauvre femme était malade et avait à peine
de quoi se nourrir', précise un résident de l'immeuble où habitait Mme
Ciller mère. `Elle avait coutume de faire ses courses, la vaisselle et
aider le cuisinier parce qu'elle ne pouvait s'offrir une femme
d'ouvrage. Elle a eu des ennuis avec le propriétaire parce qu'elle
payait toujours son loyer en retard. Si elle avait eu de
l'argent, je suis sûr qu'elle l'aurait utilisé pour rendre sa vie un
peu plus agréable'.
"Selon Platt Mme Ciller mère avait `choisi son mode
de vie' pour ne pas dépenser ses économies. Le fait qu'elle ait gardé
de l'argent à la maison ou dans un coffre-fort n'allait pas à
l'encontre des coutumes des gens dans la société d'alors.
"Les questions sur les finances de Mme Ciller
n'avaient pas grand intérêt hors de Turquie jusqu'à juin. C'est alors
qu'elle a décidé de former une coalition gouvernementale avec le Parti
du Bien-être, d'idéologie islamique. Jusqu'alors, elle avait durement
critiqué ce parti, le qualifiant de menace fondamentaliste et
s'engageant à ne jamais collaborer avec lui. En vertu de l'accord de
coalition, le leader du Parti du Bien-être, Necmettin Erbakan, est
devenu premier ministre et Mme Ciller vice-premier ministre et ministre
des Affaires étrangères.
"Une fois conclue l'alliance, les partisans
d'Erbakan au Parlement ont aidé Mme Ciller à rejeter une série de
propositions -certaines avaient été déposées par eux-mêmes lorsqu'ils
étaient dans l'opposition- pour le transfert de certaines questions sur
sa fortune à la Cour suprême.
"Ceci a amené les opposants à la conclusion qu'un
accord a été conclu en vertu duquel Mme Ciller maintient le Parti du
Bien-être au pouvoir et, en échange, celui-ci la protège contre
d'éventuelles enquêtes judiciaires".
"Des accusations de corruption et d'abus de pouvoir
ont commencé à affleurer autour de Mme Ciller une fois terminé son
mandat comme premier ministre. Au cours des derniers mois, ces
accusations sont devenues un grand thème de discussion publique. Cette
année, Mme Ciller a dû faire face à une série de votes au Parlement, où
on l'accusait d'avoir détourné illégalement des fonds de plusieurs
compagnies publiques, y compris une entreprise d'électricité, un
constructeur automobile et une chaîne hôtelière. Le vote le plus serré
n'était cependant pas le fruit de motions concernant ces accusations
mais il concernait une demande adressée à la Cour suprême pour qu'elle
enquête sur l'origine de sa fortune.
"Mme Ciller avait accepté une interview en février
dernier pour répondre des accusations qui pesaient sur elle, mais
l'annula peu après que le Parlement ait décidé par 270 voix contre 263
de ne pas renvoyer les accusations contre elle devant la Cour suprême.
Le vote a respecté la ligne des partis. Par la suite, son bureau a émis
la déclaration suivante : `La Commission parlementaire a mené une
investigation en profondeur sur les finances de Mme Ciller, publié des
déclarations fiscales confidentielles et des documents financiers
qu'elle avait fourni volontairement. La Commission a émis un rapport de
plus de 300 pages et l'a déclarée libre de charges. Le Parlement a
confirmé ces conclusions et l'affaire est à présent
conclue'.
"Des enquêtes parlementaires sur deux autres
allégations, clairement de nature politique, sont également arrivées à
la conclusion qu'elle avait oeuvré dans la légalité. Elle est
totalement libre de charges. Il n'y a pas d'autres enquêtes concernant
Mme Ciller en suspens".
"En vertu de la loi turque, le Parlement ne peut
rouvrir une enquête endéans l'an de sa fermeture. Mais certains turcs
pensent que les accusations contre Mme Ciller persisteront.
"`Ces dossiers seront rouverts tôt ou tard et portés
devant une instance judiciaire indépendante', prévoit Mehmet Kececiler,
vice-président du Parti de la Mère-patrie, dans l'opposition.
"Nombreux anciens alliés de Mme Ciller se disent
furieux parce qu'elle a formé une coalition avec le parti islamique
qu'elle avait combattu si vigoureusement. Parmi eux il faut citer
Hüsamettin Cindoruk, un des patriarches de la politique turque, ancien
président du Parti de la Juste Voie et président du Parlement de 1991 à
1995.
"`C'est Tansu Ciller qui a permis au Parti du
Bien-être d'accéder au pouvoir', souligne Cindoruk. `Elle a accepté de
former une coalition avec le Parti du Bien-être car ce denier lui a
promis de la protéger contre les investigations. Cette situation a
amené de grands problèmes à la Turquie.
"Les reportages de presse sur les propriétés de
Ciller en Turquie, faites de maisons, blocs d'appartements, et grands
lotissements de terrains, chiffrent leur valeur totale à des dizaines
de millions de dollars. Selon Mme Ciller, elle et son mari ont bâti
leur fortune principalement à partir de l'héritage de sa mère et de
quelques milliers de dollars laissés par son père.
"Parmi les investissement de la famille Ciller
figure l'achat au début des années 90 d'une auberge de vacances à
Salem, N.H., et le Granite State Business Center, à Hooksett, N.H. La
propriété fut achetée par GCD, une compagnie de New Hampshire. Ciller
et sa famille ont une participation de contrôle dans la compagnie,
affirme Platt, son avocat à New Hampshire.
"L'acquisition pour une valeur d'un million de
dollars fut réglée avec cinq chèques du trésor émis en faveur de la
Banque de New Hampshire, ainsi que l'a démontré l'opposition turque en
apportant cinq copies des chèques. Platt n'a pas révélé comment cet
argent avait été réuni, ou s'il avait été emprunté".
"Mme Ciller a fréquenté des universités et enseigné
pendant un certain temps aux Etats-Unis, mais a fermement démenti les
rapports selon lesquels elle ait détenu un passeport américain à
une certaine époque. Son avocat, Platt, soutient qu'elle n'a pas pu en
avoir un car elle n'a pas vécu pendant les cinq ans requis aux
Etats-Unis".
"Un avocat de New York qui représente un membre de
la commission parlementaire turque qui enquête sur Mme Ciller, Jerrold
Morgulas, a introduit une requête auprès d'une cour fédérale pour que
soient remis les documents sur le passeport et l'immigration de Mme
Ciller. Un juge fédéral qui auditionne l'affaire s'est montré sceptique
à propos de cette requête au cours d'une récente audience".
"Outre l'accusation de délit financier, Mme Ciller
s'est trouvée impliquée dans un des plus graves scandales de l'histoire
récente de la Turquie. Celui-ci a commencé à affleurer lorsqu'un
officier de police est décédé dans un accident de circulation en
compagnie d'un trafiquant d'héroïne condamné et recherché par Interpol.
"Dans la voiture se trouvait également un influent
parlementaire du parti de Tansu Ciller. Les questions soulevées autour
de cet incident ont vite provoqué la démission du ministre de
l'Intérieur, un proche allié de Mme Ciller, et ont suscité une série de
révélations sur l'appui fourni par le gouvernement aux escadrons de la
mort au cours des 20 dernières années.
"Plusieurs des `assassinats mystérieux' les plus
spectaculaires se sont produits alors que Mme Ciller était premier
ministre, et divers hommes politiques soupçonnent des fonctionnaires de
son gouvernement de les avoir commandités et approuvés. De nombreuses
victimes étaient soupçonnées d'avoir des liens avec la guérilla du PKK.
"Des faits mis en lumière depuis novembre semblent
indiquer que des hauts fonctionnaires gouvernementaux ont approuvé ces
assassinats. Il n'y a aucune preuve de l'implication de Mme Ciller,
mais plusieurs figures politiques l'ont accusée publiquement.
"`En novembre 1993, Mme Ciller déclarait au cours
d'une conférence de presse qu'elle possédait une liste d'hommes
d'affaires, d'artistes et d'autres personnes qui aidaient le PKK',
déclarait Esat Canan, membre du Parlement à l'époque. `Elle a dit
qu'elle allait résoudre ce problème. Suite à cela, se sont produits une
série d'assassinats. Je pense qu'il y a là un lien. Si elle connaissait
les noms des personnes coupables d'actes illégaux, pourquoi ne les
a-t-elle pas fait juger ?
"Cette année, des fonctionnaires de plusieurs
gouvernements européens ont laissé entendre que les trafiquants de
drogue turcs semblaient jouir d'une protection officielle. `Il découle
de plusieurs incidents que des informations ont été fournies aux
trafiquants de drogue', soulignait Tom Sackville, membre du Ministère
britannique de l'Intérieur.
"Un juge allemand qui instruisait une affaire contre
trois trafiquants d'héroïne turcs déclarait aux journalistes en janvier
dernier qu'il croyait que les trafiquants avaient des `contacts
personnels' avec Mme Ciller".
PERINCEK, LEADER DU IP : "CILLER TRAVAILLE POUR LA CIA"
Le leader du Parti ouvrier (IP), Dogu Perincek,
déclarait lors d'une conférence de presse le 2 mai dernier à Istanbul
que la vice-premier ministre et ministre des Affaires étrangères, Tansu
Ciller, travaille pour la CIA depuis 1967. Selon Perincek, tout a
commencé lors de son voyage aux Etats-Unis en 1967 pour compléter
ses études après l'obtention de son diplôme au Département économique
de l'Université d'Istanbul. Ciller a également déposé sa candidature
auprès de l'Ambassade et s'est déclarée disposée à "entrer en service"
dans l'intérêt des Etats-Unis, pays qui lui a permis d'obtenir une
bourse pour aller compléter ses études sur territoire américain.
Perincek a également déclaré :
- Elle a pu entrer aux Etats-Unis grâce à un visa
spécial délivré par l'ambassadeur à des personnes particulières et dans
des conditions extraordinaires. Elle s'est vu délivrer une carte verte
portant le numéro A 149 33 25 N 95 le 10 août 1970, année où elle a
terminé ses études post-universitaires à l'Université du Connecticut.
- Ciller a reçu une formation spéciale de la CIA à
Camp Peary, en Virginie, où elle est passée maître dans l'art du
mensonge.
- Elle a été enregistrée parmi le personnel "walk
in" (entrant) de la CIA, qui comprend les candidatures de volontaires,
et est considérée comme un "asset" (atout), nom donné à certains agents
de la CIA qui serviront l'organisation dans leur propre pays.
- Ciller fut assignée à la section du Proche-Orient
et de l'Afrique du Nord du Ministère américain des Affaires étrangères
en tant que "personnel invité" une fois terminés son doctorat et sa
formation à Camp Peary. Pendant l'hiver de 1973 Ciller avait dit à ses
amis qu'elle allait skier alors qu'elle s'était rendue en Libye pour y
effectuer une mission spéciale de la CIA. Celle-ci se déroulait sous la
couverture d'un projet de marketing agricole.
- Dans un passé récent Kaddafi avait déclaré que son
amitié avec Ciller remontait à des années. Après ce premier voyage en
Libye, Ciller s'est rendue dans d'autres pays du nord de l'Afrique en
tant que personnel du Ministère américain des Affaires étrangères. Elle
a visité Kaddafi dans sa tente en 1992 alors qu'elle faisait office de
secrétaire d'Etat chargée d'économie. Cette visite débordait le cadre
du Ministère dont elle était responsable.
- Ciller a demandé la citoyenneté américaine le 23
avril 1973. Sa demande fut acceptée le 3 mai 1973. Ses références
provenaient du Département d'information sur les étrangers de la CIA,
du FBI et du Bureau de recherche et investigation du Ministère des
affaires étrangères. La citoyenneté lui fut finalement accordée en 1979
avec le numéro Ph 195 000 318. Le chemin vers la citoyenneté américaine
est parsemé d'embûches. Elle les a surmontées grâce à une lettre
spéciale du président de la CIA. Les autorités judiciaires compétentes
permettent au président de la CIA de demander la citoyenneté
directement au Ministère de la justice.
- Elle a remis des rapports périodiques à la CIA sur
les activités anti-américaines en Turquie. Ces rapports ont été
imprimés dans la presse.
- Le Consul américain à Adana, Elizabeth Shelton,
était collègue de Ciller et un personnage très important dans sa vie.
Leur amitié date de 1971 lorsqu'elles se sont connues au Ministère
américain des affaires étrangères. Shelton fait également partie du
personnel de la CIA et a participé dans l'organisation de l'assassinat
du général Esref Bitlis en 1994. On sait que le consulat d'Adana est le
bureau kurde des Etats-Unis.
Perincek a tiré la conclusion que les liens de
Ciller avec la CIA ne peuvent plus être dissimulés et qu'il est une
grande responsabilité et vraiment honteux pour la Turquie que la CIA
puisse assister aux réunions du Conseil de sécurité nationale et du
cabinet par l'intermédiaire de Ciller.
LES LEADERS DE HADEP CONDAMNES A DE LOURDES PEINES DE PRISON
Le 4 juin dernier, la Cour de la sûreté de l'Etat
d'Ankara condamnait les leaders du Parti de la démocratie du peuple
(HADEP) à de lourdes peines de prison. Ils sont accusés d'"entretenir
des liens avec l'illégal Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Par
ailleurs, la CSE a annoncé l'envoi d'une mise en accusation à la cour
de cassation pour la fermeture du HADEP comme conséquence de connexions
présumées.
L'affaire fait suite aux incidents qui se sont
produits au cours du deuxième congrès général de HADEP le 23 juin
dernier, au cours duquel un individu a déchiré le drapeau turc.
Yusuf Alatas, avocat de HADEP, a déclaré que l'issue
du procès était prévisible vu que l'affaire était totalement politique.
Il a ajouté qu'ils présenteraient un recours devant la Cour européenne
des droits de l'homme.
Près de 30 membres de HADEP ont été condamnés à
quatre ans de prison pour "assistance à des terroristes". Le président
du parti, Murat Bozlak, et Hikmet Fidan ont été tous deux condamnées à
six ans de prison. Bozlak se trouverait à l'étranger pour un certain
temps.
Faysal Akcan, accusé d'avoir baissé le drapeau turc
pendant le congrès, a été condamné à 22 ans de prison. Des agents de la
sécurité présents dans la salle seront également mis en accusation
parce qu'ils n'ont émis aucune objection à ce que soit baissé le
drapeau, c'est ce qu'ont annoncé des représentants de la cour.
La police a procédé à l'arrestation des principaux
membres du parti peu après le congrès célébré l'année dernière et le
procureur a formulé des charges contre eux.
HADEP était fondé en 1994 suite à la fermeture du
Parti de la démocratie (DEP) par la Cour constitutionnelle sous
présomption de séparatisme et l'expulsion du Parlement de 13 de ses
députés. Quatre membres du DEP accusés d'avoir des liens avec le PKK se
trouvent encore en prison.
LE CONGRES DU MHP INTERROMPU PAR LA VIOLENCE DES LOUPS GRIS
Quelques semaines après la mort d'Alparslan Türkes,
le mouvement ultra-nationaliste des Loups gris a dévoilé son vrai
visage et rétabli le climat de violence au sein de ses propres rangs.
La tension dans laquelle s'est déroulé le congrès du Parti d'action
nationaliste (MHP) le 18 mai dernier, organisé pour désigner le
prochain président du parti, s'est transformée en combats de boxe et le
congrès a finalement dû être ajourné. Les disputes ont surgi après que
cinq candidats au poste -Devlet Bahceli, Ramiz Ongun, Muharrem Semsek,
Enis Öksüz et Ibrahim Ciftci- se soient unis contre le candidat
restant, Tugrul Türkes, fils de l'ancien leader du MHP.
Le deuxième tour d'élection fut remis après que la
violence, des coups de feu se sont même produits, ait gagné la
convention. Le congrès sera convoqué à nouveau dans deux mois.
La tension avait déjà augmenté suite à une disputé
entre délégués pour décider qui devait présider le congrès. Le maire
d'Erzincan, Talip Kaban, qui avait le soutien de tous les candidats
sauf de Türkes, fut finalement choisi.
Après le premier tour du vote pour l'élection du
leader du parti, Türkes recueillit 412 votes, Bahceli 359, Ongun 231,
Öksüz 104, Semsek 80 et Ciftci 13. Une fois les résultats annoncés les
quatre autres candidats se sont désistés en faveur de Bahceli. Mais
Tugrul Türkes les a accusés de craindre la force de Bahceli et s'est
engagé à poursuivre lui-même la course à l'élection.
Il semblerait qu'un groupe comprenant Azmi
Karamahmutoglu, ancien chef des jeunesses du MHP, est alors entré en
scène et a commencé à détruire les chaises et les bureaux.
Karamahmutoglu s'est emparé de force du micro et a annoncé que lui et
son groupe n'abandonneraient pas le parti aux "traîtres" et qu'à
l'avenir il agirait en dehors de la loi.
Les partisans de Karamahmutoglu ont alors commencé à
se battre avec ceux de Bahceli et on a pu entendre cinq coups de feu.
Les forces de sécurité éprouvaient des difficultés pour contrôler la
situation. Plusieurs reporters de télévision auraient été blessés et
dans certains cas leurs caméras auraient été endommagées. Finalement,
les autorités ont ajourné le congrès.
Après le premier vote, Türkes n'aurait aucune chance
d'être élu étant donné que les voix recueillies équivalait au tiers du
nombre de délégués alors que la victoire requiert la majorité absolue.
Bahceli semblait en mesure de pouvoir remporter le deuxième tour (sur
trois possibles) puisque les autres candidats lui prêtaient leur
soutien. Mais une déclaration du groupe Ülkücü (idéalistes) selon
laquelle ils ne reconnaîtraient pas les résultats du prochain congrès,
laisse présager la possibilité d'affrontements durs et peut-être encore
plus sanglants au sein du MHP.
LES SUSPECTS DE SUSURLU SAUVES UNE NOUVELLE FOIS PAR LA MAJORITE
PARLEMENTAIRE
Le 20 mai, une commission parlementaire différait
une nouvelle fois sa décision de lever l'immunité parlementaire de deux
députés du DYP, Mehmet Agar et Sedat Bucak, impliqués dans le scandale
de Susurluk, jusqu'à ce que soit acceptée une modification de la
constitution qui limite la portée de l'immunité parlementaire.
La commission conjointe sur la constitution et la
justice a ajourné les délibérations sur les 62 cas qui requièrent la
levée de l'immunité parlementaire, dont ceux de Sedat Bucak et Mehmet
Agar, jusqu'à ce que soit modifié l'article 83 de la Constitution.
Le Parti de la juste voie (DYP), malgré la
résistance de son partenaire de coalition islamiste, était arrivé à un
accord avec les partis de l'opposition pour limiter la portée de
l'immunité législative. Cependant, depuis lors, les partis du
gouvernement ont bloqué le vote au Parlement de la proposition
d'amendement et les observateurs pensent qu'il y a peu de chances pour
que l'amendement soit approuvé.
La commission parlementaire a également approuvé la
formation d'une sous-commission chargée spécifiquement d'examiner les
cas Bucak et Agar. On a appris que les députés de la coalition, ainsi
que Metin Emiroglu du Parti de la mère patrie (ANAP), ont voté pour que
soit postposée une décision concernant Agar et Bucak.
La présidente du groupe d'opposition du Parti du
peuple républicain (CHP), Oya Arasli, a déclaré que la décision de
postposer la levée de l'immunité des deux députés était une nouvelle
tentative d'étouffer l'affaire. Arasli a ajouté que la décision allait
à l'encontre de la Constitution et du règlement du Parlement.
Le RP est le parti dont les membres ont subi le plus
de demandes de levée de l'immunité parlementaire. Ses députés ont font
l'objet de 29 demandes, dont celle concernant le premier ministre
Necmettin Erbakan. Le DYP est concerné par 7 demandes, le CHP par 6 et
l'ANAP par 16.
L'USAGE D'AUTRES LANGUES QUE LE TURC SERA INTERDIT
Au début de cette année, un projet de loi concernant
l'usage correct de la langue turque était soumis au gouvernement. S'il
est accepté par l'Assemblée nationale, les inscriptions dans les
entreprises, les magasins, les produits, les biens et les services
devront être exclusivement en turc.
Le dictionnaire de l'Institut la langue turque (TDK)
servira de référence pour les noms turcs.
Les institutions publiques et privées devront
utiliser la langue turque dans tous leurs accords, documents, réunions
et annonces.
Les médias sont également concernés par la nouvelle
loi et ceux qui ne s'y plient pas seront sanctionnés par des amendes.
Les présentateurs de télévisions et leurs invités devront suivre
certaines règles sur l'usage de la langue.
Il sera créé un comité général de contrôle de la
langue et des sous-comités dans les villes pour suivre l'usage du turc
dans les publicités et les annonces.
La nouvelle réglementation dit ceci:
* Les entreprises qui utilisent une deuxième langue
dans leurs logos devront écrire la version étrangère après la turque et
cette dernière prendra le double d'espace par rapport à la première.
Les entreprises et magasins qui toutefois utilisent des noms étrangers
devront payer des taxes quatre fois plus élevées que pour les enseignes
en turc.
* Des noms turcs seront également obligatoires pour
les produits, les biens et les services, leur introduction, affichage
et promotion. Le dictionnaire turc TDK servira de référence pour les
marques, les noms de produits, de biens et de services.
* Toutes les publicités, les réclames et les
promotions seront en langue turque. Dans le cas contraire, les auteurs
s'exposent à de lourdes amendes. Toutes les institutions publiques et
privées devront utiliser le turc dans leurs activités et leurs
documents.
* Les comités de controle de la langue devront
vérifier toutes les publications du point de vue de la grammaire, de la
ponctuation et de la prononciation.
* En cas d'usage incorrect de la langue la
publication et l'organisation médiatique seront sanctionnées d'une
amende et la persistance de l'infraction donnera lieu à l'interdiction
de la publication ou de la diffusion pendant une période comprise entre
un et quinze jours.
* Les présentateurs de radio et de télévision
devront se munir d'un certificat délivré par le "Comité de
certification des présentateurs".
* Les organisations de publications et de médias
visuels devront employer entre un et dix experts de la langue turque.
Le leader de l'Association des jeunes entrepreneurs
turcs (TUGIAD), Murat Bedik, a expliqué que l'usage correct du turc ne
pouvait être encouragé via l'application de lois. Il a souligné que le
problème se situait au niveau du système éducatif et a ajouté: "Les
sociétés possèdent un niveau de langue parallèle à celui de leur
développement. Si nous considérons que le turc n'est pas employé de
manière correcte, nous devrions augmenter le niveau de développement.
La solution au problème ne réside pas dans l'application de la loi mais
dans la réforme du système éducatif".
LE PREMIER MINISTRE TURC: UN DES PRINCIPAUX ENNEMIS DE LA PRESSE
Le premier ministre turc Necmettin Erbakan était
déclaré, début mai, un des dix principaux ennemis de la presse dans le
monde par le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) aux
Etats-Unis. Sur le même thème, Freedom House, qui est une autre
organisation sans but lucratif visant la surveillance des droits
politiques et des libertés civiles dans le monde entier, a décrit la
Turquie dans sa récente étude mondiale sur les libertés de la presse
comme un pays où il n'y a pas de liberté de presse".
La liste des dix "ennemis majeurs de la liberté de
presse" sont les suivants:
1. Antar Zouabri d'Algérie. 2. le président chinois
Jiang Zemin. 3. le président cubain Fidel Castro. 4. le général
nigérien Sani Abacha. 5. le premier ministre turc Necmettin Erbakan. 6.
le président biélorusse Alexander Lukashenko. 7. le premier ministre
éthiopien Meles Znawi. 8. le président indonésien Suharto. 9. le haut
général de Birmanie Than Shwe. 10. le président albanais Sali Berisha.
Le CJP expliquait de la manière suivant pourquoi il
incluait Erbakan dans cette liste:
"Erbakan maintient en Turquie la répression contre
les journalistes indépendants. La presse demeure sous la menace des
dispositions répressives de la loi anti-terreur et du code pénal, qui
permettent l'arrestation et la persécution de journalistes auteurs de
reportages critiques à l'encontre du conflit que mène le gouvernement
contre les insurgés kurdes".
"Il intensifie les agressions contre les
journalistes, qu'il soumet a des détentions et des procès arbitraires
lorsqu'ils expriment des opinions politiques contraires aux siennes.
Sous le régime d'Erbakan, 78 journalistes ont été emprisonnés depuis le
début de 1997, plus que dans n'importe quel autre pays", précise le
rapport du CPJ.
Freedom House a inclus la Turquie dans la catégorie
de pays dans lesquels la presse ne jouit pas de liberté. Le rapport sur
la "Liberté de la presse en 1997: Épidémie de lois" place la Turquie
parmi des pays où il n'y a pas de liberté de presse tels que l'Arabie
Saoudite, la République Centrafricaine, le Yémen, Sierra Leone,
Singapour, la Syrie, la Zambie, le Togo, Oman, Nigeria, Laos, etc.
Selon FH, le journalisme audiovisuel ainsi que de
presse ont particulièrement souffert des "lois et réglementations ayant
une influence sur le contenu des médias" ainsi que des "pressions
politiques et les contrôles sur le contenu des médias".
CILLER DECLARE LA GUERRE AUX GROUPES MEDIATIQUES LES PLUS IMPORTANTS
La vice-premier ministre Ciller, brouillée depuis
longtemps avec la presse, a effectivement lancé une aigre guerre contre
les deux principaux groupes médiatiques de Turquie. S'adressant à une
foule de supporters le 10 mai dernier à Istanbul, Ciller a accusé le
"cartel des médias" d'essayer d'"accaparer le pouvoir public" en
exigeant "le départ de tel ou tel gouvernement et l'arrivée de tel ou
tel autre".
Le leader du DYP a également eu des paroles
désobligeantes à l'égard du Holding KOC, un des plus grands holdings de
Turquie qui regroupe des compagnies allant d'entreprises de
construction de voitures à celles produisant des systèmes
électroniques, du linge blanc et autres appareils électroménagers.
"Vous en remettriez-vous à gouvernement formé par un
capital monopolistique et un cartel de médias ?", demandait Ciller à
une foule de 6.000 à 10.000 supporters.
Ciller révéla alors des chiffres qui prétendument
représenteraient des centaines de millions de dollars en crédits
d'encouragement concédés au groupe Aydin Dogan -qui possède les
quotidiens Hürriyet et Milliyet- et le groupe Dinc Bilgin -qui
représente le quotidien Sabah.
Ciller soutient que le groupe Dogan a reçu 424,8
millions de dollars et le groupe Bilgin 200,4 millions de dollars en
crédits d'encouragement concédés par l'Etat.
Selon elle ces crédits représentent près de 90 pour
cent de tous les crédits concédés aux médias en général en Turquie.
Elle a également affirmé que le groupe Koc, dont
elle assure qu'il est derrière les groupes Dogan et Bilgin, avait
lui-même reçu de l'Etat 311 millions de dollars au titre de crédits
d'encouragement à l'exportation.
Les deux groupes médiatiques, qui possèdent une
série de publications subsidiaires, n'ont pas tardé à répondre aux
déclarations de Ciller, l'accusant de "mentir" et donnant leur propre
version sur ses allégations.
"Elle n'en a jamais assez de mentir" soulignait la
manchette de Hürriyet. "Le mensonge de Ciller", lisait-on dans
Milliyet. "Elle ment", écrivait Sabah.
Le groupe Dogan, dans sa réponse officielle à
Ciller, publiée le 11 mai dernier, ajoutait qu'il présenterait une
plainte en justice contre elle pour "avoir trompé le public et porté
préjudice au nom du groupe par une fausse déclaration".
FLASH TV ATTAQUEE PAR DES PARTISANS DE CILLER
Le 2 mai 1997, un groupe de quelque 50 assaillants
armés non identifiés ont pénétré dans le bureau d'Istanbul de Flash TV
et ont ouvert le feu, tirant au hasard. Après l'attaque, qui selon les
témoins a duré approximativement cinq minutes, les hommes armés ont
quitté les lieux. Bien que personne n'ait été blessé pendant
l'incident, le bureau a subi d'importants dommages.
Selon plusieurs reportages, l'acte des assaillants,
qui ont proféré des menaces aux employés de la chaîne pendant
l'attaque, serait motivée par une interview téléphonique en direct avec
Alaattin Cakici, personnage du crime organisé en fuite, diffusée la
veille sur Flash TV. Dans cette interview, Cakici impliquait le mari de
la ministre des Affaires étrangères Tansu Ciller dans des opérations
financières illicites et l'accusait de maintenir des contacts avec le
monde du crime.
Fait également inquiétant, le lendemain la police
turque scellait les locaux de Flash TV à Bursa, obligeant la chaîne à
interrompre ses émissions. Pour justifier son acte elle invoquait une
licence des connexions satellites non conformes. Actuellement, Flash TV
a pu reprendre ses émissions par des systèmes de diffusion alternatifs,
mais s'est vu interdire l'utilisation de ses connexions satellites,
réduisant considérablement son niveau d'audience.
TENTATIVE D'ATTENTAT CONTRE LE BUREAU D'HÜRRIYET
Le matin du 12 mai 1977, Hüseyin Vuran, un étudiant
en théologie à l'Université de Marmara, pénétrait dans le bâtiment qui
abrite les locaux du quotidien Hürriyet et, armé d'un couteau, menaçait
le garde et s'emparait de son arme. Vuran se dirigea alors vers le
cinquième étage et tira une balle dans la jambe d'un travailleur chargé
de l'entretien après que celui-ci ait refusé de lui dire où se
trouvaient les locaux de Hürriyet. Vuran devait ensuite se rendre à la
police qui l'a emmené à la section anti-terroriste d'Istanbul.
Le 20 mai 1977, trois individus non identifiés sont
arrivés à pied au bâtiment qui abrite les locaux du quotidien Sabah et
de la chaîne de télévision privée ATV, deux médias appartenant au
groupe médiatique basé à Istanbul Sabah. Les individus étaient armés et
ont ouvert le feu sur les fenêtres du bâtiment sans toutefois provoquer
des blessés. Ils ont alors pris la fuite à pied. La police a ouvert une
enquête sur l'incident.
LA CSE D'ISTANBUL FERME LE JOURNAL DEMOKRASI
Le journal Demokrasi, qui traite surtout des droits
de l'homme et du problème kurde, fut fermé le 3 mai dernier pour une
période d'un mois suite à une décision de la Cour de la sûreté de
l'Etat d'Istanbul.
Dans un communiqué, le journal a condamné la
décision de la manière suivante :
"L'Etat, dans sa lutte pour réduire au silence toute
forme d'opposition, a fermé notre journal au moment même où on
célébrait la Journée internationale de la liberté de la presse et ce
pour avoir publié un article intitulé "Direnisin Sonrasi" (Après la
résistance).
Depuis 1992, les quotidiens pro-kurdes Özgür Gündem,
Özgür Ülke et Yeni Politika ont également été fermés suite à des
décisions de la CSE.
HUIT JOURNALISTES INCULPES PAR LE GOUVERNEMENT
Le Ministère de la Justice a intenté des actions en
justice contre huit journalistes auteurs d'articles publiés en avril et
considérés comme des "appels à l'insurrection et au coup d'Etat". Les
journalistes en question sont Ertugrul Kürkcü, du quotidien Radikal,
Necati Dogru, Fatih Cekirge et le caricaturiste Salih Memecan, de Yeni
Yüzyil, Ömer Tarkan, de Posta, et Mustafa Basoglu, de Son Cagri, auteur
d'un article publié le 28 avril dans le quotidien Yeni Asir.
Les actions en justice contre ces journalistes font
suite aux commentaires du premier ministre Necmettin Erbakan dans
lesquelles il accusait publiquement les médias de "publier des
mensonges" et de créer de "fausses crises" par leur attitude critique à
l'égard des événements politiques concernant la coalition
gouvernementale.
Le 6 mai, s'adressant aux membres du Parlement,
Erbakan exprimait son intention de présenter une nouvelle loi contre la
diffamation afin de mettre un frein juridique aux journalistes
commettant des excès verbaux. Cette proposition avait déjà été débattue
fin 1996 mais était restée sans suite en raison des protestation de
plusieurs journaux.
INQUIETUDE POUR LA SANTE DE L'EDITEUR MARASLI EN PRISON
L'éditeur Recep Marasli, en détention depuis le 6
mars 1997, est actuellement en plein procès. En fuite depuis 1995, il
était arrêté à l'aéroport d'Istanbul alors qu'il tentait de quitter le
pays. Il avait été condamné pour au moins trois inculpations en vertu
de la loi anti-terreur suite à des déclarations publiées dans Sterka
Rizgari, une publication qui selon les autorités soutient le terrorisme.
Marasli se trouve actuellement en détention pour
avoir utilisé le passeport de quelqu'un d'autre lors de sa tentative
frustrée de quitter le pays. Le titulaire du passeport fut brièvement
détenu le 6 mars et se trouve actuellement en liberté. Le procès pour
détention de faux passeport suit son cours, ainsi que les actions en
justice concernant ses écrits. Détenu suite à des
accusations d'ordre politique entre 1982 et 1991, Marasli aurait été
sévèrement torturé pendant ces années, ce qui lui aurait causé de
graves troubles neurologiques. Il serait extrêmement malade. La raison
première de sa tentative de fuite du pays aurait été la nécessité de
recevoir un traitement médical.
LA PRESSE N'A PU ACCEDER A LA QUATRIEME AUDIENCE DU CAS GÖKTEPE
Le 28 mai 1997, a eu lieu à Afyon la quatrième
audience du procès des officiers de police accusés du meurtre du
journaliste Metin Göktepe. Dès le début, la cour a décidé de faire
abandonner la salle aux journalistes, en dépit même des objections de
ceux impliqués dans l'affaire et des avocats plaignants. Certains des
juristes ont quitté la salle pour laisser de la place aux journalistes,
mais la cour n'a pas cédé.
En réponse aux requêtes des avocats de la famille de
Göktepe, le juge qui instruit l'affaire a ordonné l'arrestation de cinq
des onze policiers accusés. Il s'agit de Seydi Battal Köse (un des
chefs de police du district d'Eyüp), Selcuk Bayraktaroglu, Saffet
Hizarci, Suayip Mutluer et Ilhan Sarioglu. Ces hommes doivent être
recherchés, vu qu'après la première audience, célébrée le 18 octobre
1996, ont circulé des rumeurs contradictoires quant à l'endroit où se
trouveraient les onze accusés. RSF espère que, pour la première fois,
certains des officiers inculpés seront présents dans la salle
d'audience lors de la prochaine audience, prévue pour le 26 juin 1997.
LE DEFICIT COMMERCIAL DE LA TURQUIE A AUGMENTE EN 1996
Après des mois d'attente, les chiffres sur le
commerce extérieur ont finalement été révélés et les nouvelles ne sont
pas bonnes pour la Turquie, dont le déficit commercial s'élève à 19,382
milliards de dollars, augmentant de 37,7 pour cent par rapport à 1995.
Les chiffres n'ont été révélés avant en raison de
l'introduction de nouveaux systèmes pour quantifier le commerce après
l'entrée en vigueur au 1er janvier 1996 d'une union douanière entre
l'UE et la Turquie.
Selon les chiffres publiés par l'Institut des
statistiques de l'Etat le 27 mai dernier, les importations ont atteint
42,464 milliards de dollars en 1996, elles atteignaient 35,709
milliards en 1995, alors que la Turquie n'a exporté que pour une valeur
de 23,082 milliards de dollars, accumulant un déficit commercial pour
cette période de 19,382 milliards de dollars.
Si on compare ces chiffres avec ceux de décembre
1995, on constate que les exportations durant ce mois-là ont diminué de
0,1 pour cent, tandis que les exportations ont augmenté de 5,2 pour
cent. Le déficit mensuel est passé de 1,921 milliards de dollars en
décembre 1995 à 2,150 milliards en décembre 1996.
Les exportations agricoles turques ont augmenté de
16,9% et les exportation industrielles de 5,7% tandis que les
exportations minières ont diminué de 5,9%.
Pas moins de 53,4% des importations turques en 1996
étaient des matières premières, 31% étaient des biens d'équipement et
15,6% des biens de consommation.
L'Union douanière entre la Turquie et l'UE, entrée
en vigueur le 1er janvier 1996, pourrait avoir eu une grande influence
sur ces chiffres. Début 1996 les chiffres de l'importation étaient
grossis car fin 1995 les importateurs turcs ont préféré attendre
jusqu'à ce que les tarifs diminuent ou soient abolis avec l'entrée en
vigueur de l'union douanière. Mais cela n'explique pas la forte
augmentation du déficit pendant les derniers mois de l'année.
L'UE semble avoir tiré le plus grand profit de
l'union douanière. En 1996, les importations turques en provenance des
pays de l'Union ont augmenté de 32,5% par rapport à 1995, alors que les
exportations n'ont augmenté que de 3,7%. Les produits de l'UE
représentent 52,6% de toutes les importations turques et 49,8% de
toutes les exportations turques étaient destinées à l'UE.
L'Allemagne demeure le plus grand partenaire
commercial de la Turquie. Celle-ci y a exporté pour 5,168 milliards de
dollars et en a importé pour 7,464 milliards.
L'Italie figurait en deuxième position sur la liste
des meilleurs marchés d'exportation de la Turquie en 1996. Cette
dernière y a vendu pour une valeur de 1,616 milliards de dollars.
L'Italie est suivie de la Russie, des Etats-Unis et de la
Grande-Bretagne.
L'Italie est également le deuxième plus grand
exportateur vers la Turquie, avec un volume de 4,175 milliards de
dollars. Viennent ensuite les Etats-Unis, la France et Grande-Bretagne.
45.000 KURDES SE SONT MANIFESTES EN ALLEMAGNE POUR QU'ON METTE FIN AU
CONFLIT DANS LE SUD-EST
Quelque 45.000 Kurdes se sont manifestés dans la
ville allemande de Düsseldorf le 27 avril dernier en faveur d'une
solution pacifique au conflit entre les Turcs et les Kurdes dans le
sud-est de la Turquie.
Les manifestants demandaient à l'Allemagne qu'elle
fasse pression sur la Turquie pour qu'elle établisse des négociations
avec les groupes kurdes y compris le Parti des travailleurs du
Kurdistan (PKK), qui opposent une résistance armée aux forces turques.
En Allemagne vivent quelque 400.000 Kurdes. Les
militants kurdes y ont fréquemment organisé des actions de protestation
pour essayer d'attirer l'attention sur leur cause. Ceci a finalement
provoqué l'interdiction du PKK en Allemagne.
Selon la police cette dernière manifestation avait
été pacifique, et elle a évité de confisquer les bannières et insignes
du PKK, interdites, pour éviter la confrontation.
Mais auparavant, ce même jour, une autoroute proche
de l'endroit était bloquée pendant 90 minutes alors que la police des
douanes arrêtait sept autocars qui transportaient les manifestants vers
l'endroit de rassemblement, confisquant les bannières et les drapeaux
et arrêtant une personne recherchée.
LES ETATS-UNIS ACCUSENT LA TURQUIE D'EMPOCHER L'OR PILLE PAR LES NAZIS
A Washington, Stuart Eizenstat, sous-secrétaire du
commerce pour le commerce international et représentant spécial du
Département d'Etat, déclarait le 7 mai que les pays neutres comme la
Suisse ou la Turquie avaient gardé une grande parti de l'or qu'ils
avaient reçu de l'Allemagne nazie pendant la deuxième guerre mondiale.
Dans un rapport du Département d'Etat intitulé "Les
efforts des Etats-Unis et des alliés pour récupérer et restaurer l'or
et les autres biens volés ou dissimulés par l'Allemagne pendant la
deuxième guerre mondiale" on affirme que les nations neutres avaient
"coopéré avec l'Allemagne nazie pour leur propre profit".
L'Argentine, le Portugal, l'Espagne, la Suède, la
Suisse et la Turquie sont parmi les pays étudiés dans le rapport.
"Il existe assez de preuves qui nous permettent de
croire que les nazis ont caché des richesses en Turquie et qu'ils ont
utilisé ce pays comme centre d'espionnage pendant la guerre pour
s'assurer des contrôles portuaires sûrs", précise le rapport. "Par
ailleurs, les Etats-Unis pensent que l'ambassadeur nazi en Turquie,
Franz von Papen, avait dissimulé en Turquie, à la fin de son mandat,
des pièces d'or, d'autres objets de valeur, et des documents qui
pourraient porter sur les procès de Nuremberg".
A partir du 25 janvier 1945, le gouvernement
américain, au travers de l'ambassade américaine à Ankara, aurait fait
plusieurs tentatives pour "prévenir" et "convaincre" les Turcs "pour
qu'ils cèdent les biens allemands en accord avec la politique des
alliés". La Turquie n'a pas donné de réponse satisfaisante aux alliés.
En 1946, le Département d'Etat américain calculait
qu'il y avait entre 28 et 44 millions de dollars en biens privés, et 23
millions de dollars en biens d'Etat, desquels la Turquie demandait un
total de 15,5 millions de dollars de compensation" pour ses propres
revendications vis-à-vis de l'Allemagne.
TERRORISME D'ETAT EN AVRIL-MAI 1997
Le 1.3, à Istanbul, les professeurs Mahmut Öktem et
Memnune Öktem seraient en détention policière depuis le 27 février.
Le 3.3, le président du Parti de la démocratie et de
la paix (DBP), Refik Karakoc, est arrêté par la police à l'aéroport de
Diyarbakir. Quatre-vingts étudiants universitaires sont expulsés du
campus universitaire. Ils sont accusés d'avoir participé à une action
de protestation.
Le 4.3, à Istanbul, deux enfants de 12 et 13 ans
accusés de vol, sont torturés et harcelés sexuellement après leur
détention. 16 paysans kurdes du district de Refahiye sont traduits
devant la CSE d'Erzincan pour avoir aidé le PKK.
Le 5.3, sept personnes sont traduites devant la CSE
d'Istanbul. Elles sont accusées d'appartenir au DHKP-C et d'avoir
préparé un attentat contre l'ancien chef de la junte militaire, le
général Kenan Evren. Trois des défendeurs risquent la peine capitale.
Le maire de Dicle, à Diyarbakir, Behrun Aygörun (RP), est arrêté pour
avoir collaboré avec le PKK. A Adana, les Loups gris attaquent un
groupe de citoyens qui dénonçaient les liens Etat-mafia. La CSE
d'Istanbul condamne Özlem Erbek à trois ans et neuf mois de prison pour
avoir aidé le DHKP-C. La CSE de Malatya condamne Davut Avci à la
prison à vie pour avoir aidé le PKK. A Adana, les enseignants Günay
Resit Sertasar et Sevgi Sertasar sont placés en détention par un
tribunal pour avoir entretenu des relations avec le Parti
révolutionnaire communiste de Turquie (TDKP). Les forces de sécurité
abattent deux enfants de la famille Adsiz alors qu'ils jouaient dans un
pont près du village d'Arican, à Urfa.
Le 6.3, le président de l'Association anti-guerre
d'Izmir (ISKD), Osman Murat Ülke, est à nouveau condamné à cinq ans de
prison par une cour militaire d'Eskisehir pour avoir refusé de porter
l'uniforme militaire dans le Régiment de formation n° 9 de la
gendarmerie de Birecik où il avait été assigné par décision de la cour
militaire de l'Etat major pour y effectuer le service militaire
obligatoire. Le bureau d'Avcilar de l'HADEP à Istanbul subit une
descente des forces de sécurité et son président, Mehmet Toguc, est
arrêté en compagnie de six autres membres du parti.
Le 7.3, vingt prisonniers politiques appartenant au
PKK et au MLKP s'évadent de la prison spéciale d'Iskenderun par un
tunnel qu'ils avaient creusé. L'ancien député du DEP, Mahmut Alinak,
est condamné à Sirnak par une cour pénale à six mois de prison et à
payer une amende de 60.000 TL pour avoir prononcé un discours en kurde
lors de la campagne électorale de 1991. La peine de prison a ensuite
été commuée en une amende de 900.000 TL.
Le 9.3, le maire des quartiers Esendere à Hakkari,
Tahir Akarsu, est arrêté par la police à Ankara en compagnie de son
frère.
Le 10.3, à Istanbul, Osman Gültekin affirme avoir
été torturé pendant douze jours après sa détention le 20 août 1996.
Suite à cela, il est toujours incapable de se servir de ses bras. Le
président de l'IHD à Aydin, Abdurrahman Saran, et le président de
l'Association des chefs, Hikmet Ersoy, sont inculpés en raison d'un
communiqué de presse concernant le procès d'agents de police accusés de
l'assassinat de Metin Göktepe.
Le 11.3, à Istanbul, six personnes sont placées en
détention pour activités en faveur du PKK. Egalement à Istanbul,
Nesin Celik, de 19 ans, est retrouvé assassiné. A Izmit, le président
local du Syndicat des employés municipaux (Belediye-Is), Remzi Polat,
est arrêté en compagnie de dix autres personnes accusées d'appartenir
au DHKP/C.
Le 12.3, à Ankara, le bureau de Gaziosmanpasa du
HADEP est détruit à l'aide d'un cocktail molotov par des assaillants
inconnus. A Izmir, les représentants du HADEP, Lezgin Aiyan et Ismail
Kaya, sont arrêtés par la police. A Malatya, le président provincial
du HADEP, Mustafa Türk, est arrêté par la police en compagnie de 12
activistes des droits de l'homme en raison d'un communiqué de presse
émis le 8 mars à l'occasion de la Journée mondiale de la femme. Les
Loups gris attaquent des étudiants de gauche à l'Université Hacettepe à
Ankara et un groupe d'étudiantes à Kirklareli. Deux personnes à
Diyarbakir et deux autres à Istanbul sont retrouvées assassinées.
Le 14.3, la CSE d'Istanbul place en détention six
personnes pour appartenance à l'Union des communistes révolutionnaires
de Turquie (TIKB). Une cour pénale d'Istanbul ouvre le procès de 433
étudiants de l'enseignement supérieur pour une conférence de presse à
l'air libre organisée en 1996 pour protester contre le Conseil
d'éducation supérieure (YÖK).
Le 15.3, à Savur (Mardin), une femme de trente ans,
Hatice Güler, est abattue en pleine rue par une patrouille militaire.
Le 16.3, les forces de sécurité ouvrent le feu sur
une voiture à Antalya, tuent Ibrahim Etli, de 37 ans, et blessent une
autre femme. • Un ancien dirigeant de l'IHD, Mustafa Tüm, est arrêté
par la police et battu au cours de l'interrogatoire.
Le 17.3, à Isparta, l'étudiant universitaire Ertan
Dag affirme avoir été torturé par des agents de police qui l'ont forcé
à devenir un informateur. La CSE d'Erzurum condamne cinq membres du
Parti révolutionnaire de Turquie (TDP) à des peines de prison allant
jusqu'à 12 ans et 4 mois. Cette même peine de prison, appliquée à trois
autres défendeurs, est augmentée jusqu'à 8 ans et 4 mois parce qu'ils
ont moins de 18 ans. La CSE de Malatya place en détention 10
étudiants universitaires pour avoir organisé un rassemblement pour
commémorer l'anniversaire du massacre de Halapja. La CSE de
Diyarbakir place en détention 2 membres présumés du Hezbollah.
Le 19.3, le bureau d'Adana du IHD subit une
perquisition policière. La CSE d'Istanbul condamne Cumali Karsu et
Enver Özek à la peine capitale pour un attentat à la bombe qui a coûté
la vie à cinq cadets militaires. Un autre défendeur est condamné à 12
ans et 6 mois de prison. La CSE d'Izmir condamne les membres du PKK
Fatma Tunc et Nuri Akbulut à la peine capitale et 21 autres défendeurs
à des peines de prison allant jusqu'à 18 ans. La CSE de Malatya
condamne un membre du DHKP/C à la prison à vie. La Cour
constitutionnelle décide de fermer le Parti de la renaissance (DP) pour
avoir omis de participé à deux élections législatives.
Le 20.3, à Adana, le représentant de HADEP, Sait
Eren, est condamné à un an de prison et à payer une amende de 100
millions de TL pour avoir utilisé le mot Kurdistan dans un meeting en
1993. A Istanbul, le jeune O.K., de 17 ans, affirme avoir été torturé
le 18 mars pendant sa détention policière.
Le 21.3, au village de Kocan à Erzurum, Nuri Kaplan
est abattu par des soldats. Le président local de HADEP, Lezgin
Biyan, et cinq autres membres du parti sont jugés par une cour pénale
de Söke. A Saray, des tireurs inconnus attaquent la maison du
président local de HADEP, Kadir Ayyildiz. A Sirvan, le représentant
de HADEP, Sükrü Öngülü, doit quitter son village contraint par les
forces de sécurité.
Le 22.3, après un acte de protestation dans tout le
pays par la Confédération des syndicats des fonctionnaires publics
(KESK), les forces de sécurité arrêtent quelque 100 manifestants à
Bursa et trois syndicalistes à Ankara.
Le 24.3, le village d'Üzümlü à Eruh est bombardé
pendant deux heures par l'artillerie turque, causant la mort d'Hamime
Turhan de 45 ans. A Mersin, Besir Gaman, de 55 ans, arrêté pour vol,
meurt sous la torture au poste de police.
Le 25.3, à Corlu, cinq membres du Parti du travail
(EMEP) sont arrêtés. La CSE d'Ankara condamne trois membres de
l'Union des communistes révolutionnaires de Turquie (TIKB) à des peines
de prison allant jusqu'à 21 ans et 8 mois. Une cour pénale d'Ankara
condamne 125 membres d'Aczmendi à deux mois de prison et à payer chacun
une amende de 300.000 TL pour avoir insulté Atatürk au cours d'une
manifestation le 20 octobre 1996 à Ankara.
Le 26.3, à Suruc, le dirigeant de l'IHD Sevket
Binici est arrêté en compagnie de 21 personnes. A Mersin, le
président local de EMEP, Abdurrahman Cakmak, et d'autres militants du
parti sont condamnés pour avoir insulté la police dans une campagne de
collage de posters contre la montée des prix. A Istanbul, le bureau
de HADEP de Güngören est détruit par un attentat à la bombe.
Le 27.3, la CSE de Diyarbakir place en détention
cinq personnes arrêtées pendant les célébrations du Newroz à
Diyarbakir. La CSE d'Izmir place en détention deux militants présumés
du PKK.
Le 28.3, le procureur de la CSE d'Istanbul ouvre le
procès contre onze membres présumés de DHKP-C accusés d'avoir participé
dans une tentative d'assassinat de l'homme d'affaires Özdemir Sabanci
et sa secrétaire Nilgün Hasefe le 9 janvier 1996. Le procureur demande
la peine capitale pour quatre des défendeurs tandis que les autres, y
compris un avocat, risquent des peines de prison allant jusqu'à 7 ans
et 6 mois. Deux prisonniers politiques, Yasin Islek et Turhan Gecgel,
affirment avoir été torturés après avoir échoué dans leur tentative
d'évasion de la prison d'Iskenderun.
Le 29.3, après les actes de protestation du KESK,
les forces de sécurité arrêtent quelque 200 fonctionnaires publics à
Istanbul. Les autorités interdisent deux actions similaires à Malatya
et Diyarbakir. A Istanbul, 20 membres de EMEP sont arrêtés.
Le 30.3, le IHD avertit les autorités judiciaires
que deux prisonniers de la prison d'Ankara, Mehmet Salih Celikpence et
Resit Kayran, ainsi qu'un autre de la prison de Siirt, Selami Celik,
risquent de mourir pour mauvais traitements. Le président d'EMEP de
Mardin, Mahmut Kilinc, est arrêté après avoir été battu dans son propre
domicile devant son épouse et ses enfants. A Samandag, vingt
personnes, dont des dirigeants de l'IHD et de HADEP, sont arrêtées par
la police alors qu'elles se recueillaient devant la tombe d'une victime
de la répression décédée deux ans auparavant.
Le 1.4, une cour pénale de Manisa place en détention
deux membres présumés de DHKP-C. A Istanbul, la police arrête le
président local de EMEP, Kemal Cicek, et quatre autres personnes au
cours d'un acte de protestation estudiantine. La CSE de Kayseri
condamne quatre membres du PKK à la prison à vie.
Le 2.4, la CSE d'Izmir condamne deux militants du
PKK à la peine capitale, un autre à la prison à vie et deux autres
encore à des peines de prison allant jusqu'à 12 ans et 6 mois. Les
forces de sécurité empêchent l'IHD de placer une couronne noire devant
le ministère de l'Intérieur à Ankara. A Kilyos, Mustafa Sami est
battu par une patrouille militaire après un accident de la route. La
CSE d'Izmir condamne 20 membres du Parti communiste révolutionnaire de
Turquie/Union des jeunes communistes (TSKP/GKB) à différentes peines de
prison allant jusqu'à 30 ans.
Le 3.4, Demokrasi rapporte que le prisonnier
politique Mehmet Sirin Önen, évadé de la prison d'Iskenderun le 7 mars
dernier, mourait sous la torture après son arrestation le 14 mars. Le
procureur de la CSE de Diyarbakir introduit une action en justice
contre les dirigeants de l'IHD Mahmut Sakar et Cemil Aydogan pour
propagande séparatiste faite dans des discours prononcés lors d'un
meeting. A Istanbul, des parents de prisonniers politiques son
agressés au cours d'une manifestation et 17 d'entre eux sont arrêtés.
Le bureau d'EMEP à Sincan est fermé par le gouverneur du district.
Le 4.4, à Igdir, les forces de sécurité tirent sur
un groupe de paysans kurdes et tuent Halis et Ali Karatas. A Kozluk,
une personne inconnue est retrouvée assassinée.
Le 5.4, à Sason, quatre paysans kurdes sont arrêtés
parce qu'ils avaient dénoncé que les forces de sécurité les avaient
obligés à marcher sur un champ de mines en décembre 1996. Deux
personnes sont retrouvées brûlées sur l'autoroute Bitlis-Batman. A
Ankara, un bus de propagande d'EMEP subit une attaque des Loups gris et
deux membres du parti sont blessés.
Le 7.4, cinq étudiants universitaires sont arrêtés à
Istanbul alors qu'ils protestaient contre la visite en Turquie du
ministre israélien des Affaires étrangères. Une cour pénale d'Antalya
ouvre un procès contre trois personnes pour s'être opposées aux forces
de sécurité au cours d'un meeting. Le dirigeant du HADEP à Antep,
Ismail Polat, est arrêté par la police. A Bursa, 24 étudiants
universitaires sont arrêtés au cours d'une manifestation contre les
connexions entre l'Etat et la mafia.
Le 8.4, Demokrasi rapporte que le prisonnier Haluk
Duran est devenu aveugle parce qu'il n'a pas été traité à temps malgré
les avertissements d'autres prisonniers. Le prisonnier politique
Besir Gün se plaint d'avoir été torturé après avoir échoué dans une
tentative d'évasion de la prison d'Iskenderun. A Menemen, après une
manifestation contre les connexions entre l'Etat et la mafia, vingt
enseignants et cinq autres personnes sont arrêtés par la police.
Le 9.4, la CSE d'Ankara condamne six membre de TDKP
à des peines de prison allant jusqu'à 12 ans et 6 mois. A Mardin, le
dirigeant de HADEP, Ramazan Kalkan, et trois autres personnes sont
arrêtés par la police.
Le 10.4, la CSE d'Ankara ouvre le procès contre le
maire de Sincan, Bekir Yildiz, et dix islamistes, en relation avec la
Soirée Jérusalem célébrée le 31 janvier, et après laquelle les tanks
ont fait une démonstration de force dans les rues de la ville. Accusés
de tenter de créer un Etat religieux en Turquie, chacun d'eux risque
une peine de prison allant jusqu'à 12 ans. Les Loups gris attaquent
des étudiants de gauche a l'Université Gazi d'Ankara et blessent trois
personnes. Le même jour ils blessent six étudiants à l'Université
d'Hacettepe. A Tokat, le maire de Yagmur (DYP), Hasan Utku, est
abattu par des inconnus.
Le 11.4, Mehmet Salih Celikpence, de 46 ans,
condamné pour activités en faveur du PKK, meurt à l'hôpital des suites
d'une maladie du foie incorrectement traitée malgré de nombreux
avertissements. Le IHD a émis des protestations contre l'attitude des
autorités pénitentiaires et contre le président de la République pour
sa non intervention. Une cour pénale de Sakarya condamne six
dirigeants syndicalistes à 15 mois de prison et à payer 575.000 TL
d'amende pour avoir convoqué une manifestation non autorisée. La CSE
d'Istanbul condamne trois membres de TIKB à des peines de prison allant
jusqu'à 12 ans et 6 mois. Commence à la CSE d'Istanbul le procès
contre 13 membres présumés de DHKP-C. La CSE de Diyarbakir poursuit
le procès de 27 membres du Hezbollah.
Le 12.4, à Mardin, Hikmet Duman et Veysel Bertan
dénoncent avoir été torturés après leur détention le 5 avril par des
soldats et des protecteurs de village. A Istanbul, les bureaux
d'Umraniye et de Kartal du Syndicat des travailleurs de la presse
(Basin-Is) sont fermés par ordre du gouverneur.
Le 13.4, à Kayseri, le dirigeant de HADEP, Vedat
Gürbüz, est arrêté et torturé au poste de police.
Le 14.4, la cour de Cassation ratifie la peine
capitale prononcée contre le militant de DHKP-C Erol Özbolat et une
peine de prison de dix ans pour un autre militant. Le dirigeant de
HADEP à Ankara, Babür Pinar, est inculpé pour avoir demandé
l'établissement du dialogue avec le PKK.
Le 15.4, une cour pénale d'Ankara condamne 22
étudiants universitaires à 20 mois de prison chacun pour avoir mené un
acte de protestation contre la visite de Gorbatchov le 28 avril 1995.
Les dirigeants d'EMEP à Malatya, Tacettin Yasar, Cihat Kinik et Azmi
Öztürk, sont arrêtés par la police et obligés de suspendre leurs
activités au sein du parti.
Le 16.4, à Istanbul, la police charge contre une
manifestation qui dénonçait les connexions entre l'Etat et la mafia et
arrête plus de 20 étudiants universitaires.
Le 17.4, Emek rapporte qu'une femme, Zeki Iscan,
arrêtée par la police le 15 avril à Izmir, meurt au poste de police.
Le 18.4, à Adiyaman, l'enseignant Enis Sahin est
arrêté et torturé par les forces de sécurité. A Izmir, l'avocat
Zeynep Sedef Özdogan déclare que les prisonniers politiques Salahattin
Bagci, Selahattin Güven et Faruk Güven ont été brutalement battus
pendant leur transfert vers une autre prison.
Le 19.4, le procureur de la CSE d'Istanbul ouvre un
procès contre cinq membres du PKK et demande la peine capitale pour
quatre d'entre eux. A Bursa, cinq travailleurs sont arrêtés au cours
d'une action de protestation.
Le 20.4, à Istanbul, une manifestation dénonçant les
connexions entre l'Etat et la mafia est dissoute par les forces de
sécurité et six personnes sont arrêtées. Le dirigeant de HADEP, Kadir
Dogan, est placé en détention par une cour pénale d'Osmaniye. A
Diyarbakir, la police a fait une descente dans plusieurs maisons et
arrêté le dirigeant de HADEP, Ziya Okcu, et de nombreuses personnes.
A Van, Cevdet Isik, de 10 ans, meurt suite à l'explosion d'une grenade
laissée par les forces de sécurité. Le dirigeant de EMEP, Bilal
Bilgic, est arrêté à Antalya.
Le 23.4, à Istanbul, Tuncay Topyildiz est abattu par
des gendarmes sous prétexte qu'il avait ignoré l'ordre de s'arrêter.
A Diyarbakir, Mehmet Akgül se plaint d'avoir été torturé suite à sa
détention début avril. A Mardin, une voiture blindée de la police
écrase Mehmet Serif Özcelik, de 12 ans, et lui cause la mort pendant la
célébration de la Journée des enfants.
Le 24.4, à Erzurum, deux enfants, Muhammed Kulcur et
Gökhan Kulcur, meurent suite à l'explosion d'une mine placée par les
soldats. A Istanbul, la police tue une personne inconnue alors
qu'elle tentait d'empêcher une action de protestation.
Le 30.4, la CSE d'Ankara condamne 122 membres
d'Aczmendi à des peines de prison allant jusqu'à quatre ans et à payer
une amende de 100 millions de TL pour avoir insulté Atatürk au cours
d'une manifestation convoquée à Ankara le 20 octobre 1996. Le
président de HADEP à Tunceli, Serafettin Halis, est arrêté par la
police. A Adana, le docteur Tufan Köse est condamné par une cour
pénale à payer une amende de 18,7 millions de TL pour avoir traité des
victimes de la torture au centre de réhabilitation de la Fondation des
droits de l'homme de Turquie (TIHV) sans autorisation officielle.
Le 1.5, les détenus de la prison de Ceyhan annoncent
qu'un groupe de prisonniers politiques ont été torturés pendant leur
transfert vers une autre prison.
Le 2.5, à Kiziltepe, une femme de 70 ans, Emine Can,
se plaint d'avoir été torturée au poste de police après avoir été
arrêtée en compagnie de sa soeur et de son fils.
Le 4.5, une conférence internationale sur la
question de la presse locale, organisée par l'Union des chambres
d'architectes et d'ingénieurs de Turquie (TMMOB) et la Fondation de
communication (IPS) est soumise à des interférences de la police sous
prétexte qu'elle n'a pas la permission de faire participer des
intervenants étrangers.
Le 5.5, à Istanbul, les Loups gris attaquent un
groupe de membres de EMEP et en blessent deux à l'arme blanche. A
Istanbul, Kadir Gül, de 17 ans, affirme avoir été forcé par la police à
devenir un informateur.
Le 6.5, une cour d'Ankara introduit une action en
justice destinée à fermer l'Association des droits de l'homme de
Turquie (IHD). Selon le procureur d'Ankara un des articles des statuts
de l'IHD qui reconnaît le droit de refuser des affiliations est
incompatible avec l'Acte sur les associations. Le même jour, une
conférence organisée par l'IHD sur le thème de la peine capitale et le
droit à la vie est interdite par le gouverneur. Une conférence
similaire tenue à Elazig subit l'intervention de la police. A Adana,
le président local du Syndicat de l'éducation (Egitim Sen), Gülabi
Köseoglu, est inculpé pour une conférence de presse où il dénonce les
pratiques anti-démocratiques de la police. Il risque une peine de
prison de six ans pour insultes à la police.
Le 7.5, à Mersin, Aydin Gök affirme avoir été
torturé après sa détention pendant les célébrations du premier mai.
Le 8.5, à Ankara, un étudiant de 16 ans d'une école
supérieure, I.C., dit avoir été enlevé et battu par des hommes en tenue
civile dans une zone déserte. A Eregli, 19 personnes sont jugées par
une cour pénale pour avoir pris part à une manifestation de
protestation contre les connexions Etat-mafia. Un ancien dirigeant de
HEP, l'avocat Hasan Dogan, est placé en détention par la CSE de Malatya
qui l'accuse de maintenir des relations avec le PKK. A Pasinler,
Fedai Ögürce, de 4 ans, est tué par l'explosion d'une bombe posée par
les forces de sécurité et quatre autres enfants sont blessés.
Le 9.5, à Ankara, le Ministère de l'intérieur
interdit l'Association pour la solidarité et l'amitié avec la Palestine.
Le 10.5, à Ankara, Ismail Cengiz Mumcu affirme avoir
été torturé par la police après sa détention le 6 mai dernier.
Le 11.5, à Diyarbakir, les forces de sécurité
abattent deux personnes pendant une descente dans une maison.
Le 12.5, la CSE d'Istanbul ouvre le procès de la
présidente de l'IHD d'Istanbul, Nimet Tanrikulu, et de six autres
dirigeants sous prétexte qu'une cassette confisquée lors d'une descente
de police dans les locaux de l'IHD le 26 novembre 1996 contient de la
propagande séparatiste. Chacun d'eux risque une peine de prison allant
jusqu'à dix ans. Le président du Syndicat des transporteurs
(Nakliyat-Is), Ali Riza Kücükosmanoglu, est arrêté à Bursa en compagnie
de 12 travailleurs en grève.
Le 13.5, à Izmir, Hüseyin Uludag se plaint d'avoir
reçu des menaces des agents du MIT pour avoir accepté de devenir un
informateur du MIT. A Istanbul, un groupe de Loups gris attaque des
étudiants de gauche à l'Université Mimar Sinan et blessent deux d'entre
eux. A Istanbul, la police arrête sept personnes accusées
d'enfreindre la loi qui interdit le port d'habits religieux.
L'opération est menée sous la direction du Conseil de sécurité
nationale. Les forces de sécurité arrêtent trois enseignants à Adana
et Gaziantep.
Le 14.5, à Istanbul, Fethullah Kaya, de 23 ans,
meurt dans un poste de police où il avait été emmené après son
arrestation. A Gaziantep, l'avocat Burhan Veli Torun est abattu par
des inconnus. A Istanbul, la police arrête 28 personnes accusées de
violer la loi qui interdit le port d'habits religieux.
Le 15.5, à Istanbul, le nombre de personnes arrêtées
pour avoir enfreint la loi sur le port d'habits religieux s'élève à 81.
A Izmir, les dirigeants d'HADEP Bedriye Celil et Osman Bor sont
arrêtés. A Ankara, huit personnes sont arrêtées pour avoir dénoncé la
pression exercée sur les travailleurs de la construction qui
s'affilient à un syndicat. A Nigde, 20 membres d'Aczmendi, déjà en
prison, sont à nouveau inculpés pour avoir insulté Atatürk. A Izmir,
le gouverneur interdit un meeting de EMEP en faveur des droits
syndicaux.
Le 16.5, au village d'Asmaköy, à Bingöl, les enfants
Hatice Turan et Mesut Demir meurent suite à l'explosion d'une mine
posée par les forces de sécurité.
Le 17.5, à Antalya, l'étudiant universitaire Hakan
Günaslan se plaint d'avoir été torturé après son arrestation le 15 mai.
A Ankara, la police disperse un groupe d'étudiants qui protestaient
contre la privatisation des services sanitaires et blesse neuf d'entre
eux.
Le 18.5, à Tunceli, le gouverneur interdit un
festival d'EMEP.
Le 19.5, à Diyarbakir, la police arrête trois
membres présumés du Hezbollah.
Le 20.5, une nouvelle cour de la sûreté de l'Etat
est ouverte à Adana pour traiter les "délits" politiques commis dans
les provices d'Adana, Aksaray, Gaziantep, Hatay, Icel, Karaman, Kilis,
Konya et Nidge. Au même moment, la CSE de Kayseri est fermée et les
affaires qu'elle traitait sont transférées à la CSE d'Ankara.
Le 21.5, à Kilis, un jeune de 17 ans, Yahya Polatli,
décède suite à l'explosion d'une mine placée par les forces de sécurité.
Le 22.5, les forces de sécurité font une descente
dans une maison d'Istanbul, abattent le militant du PKK Selahattin
Ückardes et arrêtent deux autres personnes. A Diyarbakir, le
président local du IHD, Mahmut Sakar, et le secrétaire Sinan Tanrikulu,
sont arrêtés par la police. Plus tard, des équipes de police faisaient
des descentes dans les locaux de l'IHD et de Egitim-Sen à Diyarbakir,
confisquaient de nombreuses publications et arrêtaient une dizaine de
personnes. A l'Université d'Istanbul, les Loups gris agressaient des
étudiants de gauche et causaient des blessures à des dizaines d'entre
eux.
Le 23.5, une cour pénale d'Izmir ouvre le procès du
dirigeant de l'IHD, Alp Ayan, et de trois autres activistes des droits
de l'homme. Ils sont accusés d'avoir insulté l'Etat au cours des
funérailles d'une personnes décédée suite à une grève de la faim en
prison en juillet 1996. Chacun d'eux risque une peine de prison de six
mois. La police agresse des étudiants qui tenaient une conférence de
presse pour expliquer l'attaque des Loups gris de la veille: vingt
étudiants sont blessés et 159 sont arrêtés. La CSE d'Istanbul
condamne cinq membres de IBDA-C à 15 ans de prison chacun pour
activités religieuses radicales. La CSE d'Izmir place en détention 13
membres présumés de DHKP-C et MLKP.
Le 24.5, le gouverneur ferme le bureau de l'IHD à
Diyarbakir qu'il accuse de mener des activités contre la sécurité de
l'Etat. A Istanbul, un membre de l'Initiative des jeunes avocats
(GAG), Ilknur Yüksek, est arrêté par la police.
Le 25.5, à Adana, un dirigeant du Syndicat des
travailleurs unis du transport (BTS), Ilker Önal, affirme avoir été
enlevé et torturé par la police le 24 mai dernier. A Hozat, l'enfant
Engin Singin est tué par l'explosion d'une mine posée par les forces de
sécurité.
Le 26.5, un procureur d'Istanbul intente une action
en justice contre le président du Parti démocrate libéral (LDP), Besim
Tibuk, qu'il accuse d'avoir insulté l'armée au cours d'un programme de
télévision. Tibuk risque une peine de prison de six ans. Un procureur
d'Ankara inculpe le président du Parti de la paix (BP), Ali Haydar
Veziroglu, pour insultes au premier ministre Erbakan. Veziroglu risque
une peine de prison de quatre ans. La CSE d'Istanbul condamne trois
membres du Parti révolutionnaire de Turquie (TDP) à douze ans et six
mois de prison. A Silvan, Nimet Mecin est abattu par des inconnus.
Le 27.5, à Izmir, les forces de sécurité font une
descente dans une maison du dirigeant de l'IHD, Dervis Altun, arrêté au
cours d'une conférence de presse où il dénonçait l'opération militaire
turque en Irak. La CSE d'Ankara condamne 13 membres présumés de
DHKP-C à des peines de prison allant jusqu'à 26 ans. A Suruc, des
inconnus abattent Ümit Sahin.
Le 28.5, les forces de sécurité arrêtent quatre
membres du PKK à Istanbul.
Le 29.5, dans un tribunal militaire d'Eskisehir,
débute le procès contre Osman Murat Ülke, président de l'Association
anti-guerre d'Izmir (ISKD) pour avoir refusé de porter l'uniforme
militaire. Il risque une peine de prison de dix ans. Les Loups gris
attaquent des étudiants de gauche à Ankara et Denizli et blessent sept
d'entre eux. A Istanbul, la police arrête six personnes au cours d'un
meeting de protestation contre le licenciement de 13 fonctionnaires
publics. A Ankara, la police fait une descente dans les bureaux de la
Fondation de Vahdet pour la solidarité et l'amitié dans l'enseignement
et arrête cinq dirigeants.
Le 30.5, le procureur de la CSE d'Ankara inculpe le
président de l'IHD, Akin Birdal, ainsi que quatre autres activistes des
droits de l'homme. Il met en cause les discours prononcés lors de la
Semaine des droits de l'homme en décembre 1996. Chacun d'eux risque une
peine de prison de trois ans.
Le 30.5, un procureur d'Istanbul intente une action
en justice contre 35 personnes pour les incidents survenus lors des
manifestations du premier mai de cette année à Istanbul.
Le 31.5, une cour pénale inflige au président de
EMEP à Mersin, Abdurrahman Cakmak, une amende de 528.000 TL pour ne pas
avoir hissé le drapeau turc sur le devant du bâtiment du parti.
PRESSIONS SUR LES MEDIAS EN AVRIL-MAI 1997
Le 3.3, le président du Parti des travailleurs (IP),
Dogu Perincek, et le directeur de la Maison d'édition Belge, Ayse Nur
Zarakolu, sont condamnés par la CSE d'Ankara à un an de prison et à
payer chacun d'eux une amende de 100 millions de TL en raison des
discours qu'ils ont prononcés pendant le congrès de l'IHD en 1994.
Le 4.3, la CSE d'Istanbul condamne le directeur de
la Maison d'édition Akis, Ertürk Aksun, à un an de prison et à payer
une amende de 850 millions de TL pour avoir publié le livre En marche
de Yalcin Kücük. La police arrête le rédacteur en chef de la revue
culturelle Evrensel, Aydin Cubukcu. Commence à la CSE d'Ankara le
procès contre trois journalistes du périodique Kizil Bayrak, Erol
Malkoc, Gönül Sayginer et Bahri Colak. Ils sont accusés d'appartenir à
l'organisation illégale Ekim. A Gaziantep, un correspondant du
journal Antep Kurtulus, Mehmet Balci, est arrêté par la police et
aurait subi des tortures.
Le 5.3, le procureur public de la province d'Urfa,
Ömer Kocarslan, est inculpé pour avoir écrit un livre intitulé
l'Honnêteté du gouvernement et sera jugé par une cour pénale pour avoir
insulté le gouvernement et le président de la République. Publié sous
le pseudonyme Ferit Ergül, le livre a déjà été confisqué par la CSE
d'Istanbul.
Le 6.3, la CSE d'Ankara condamne l'écrivain-poète
Odabasi à un an et six mois de prison et à payer une amende de 933
millions de TL pour son livre Rêve et vie. L'éditeur du livre, Niyazi
Kocak, a également écopé d'une amende de 67 millions de TL. A l'annonce
du verdict, Odabasi crie aux juges : "J'ai honte de vivre avec vous
dans le même pays". Après quoi il a immédiatement été placé en
détention. L'écrivain de Nu Roj, Zeynel Abidin Kizilyaprak, arrêté
par la police le 27 février, est mis en détention par la CSE
d'Istanbul. Cette même cour confisque le livre d'Hidir Yesil
Enseignement sur la construction d'un parti bolchevique. A Izmir, les
correspondants de Kizil Bayrak, Ahmet Subasi et Bülent Taskin, sont
arrêtés par la police.
Le 7.3, la CSE d'Istanbul place en détention 11
journalistes et délégués syndicalistes arrêtés par le police le 21
février. Parmi eux figurent le rédacteur en chef d'Özgür Atilim, Bayram
Namaz, et les correspondants Sedat Senogul, Sultan Secik, Zabit Iltemur
et Mukaddes Celik. Le rédacteur en chef du journal disparu Newroz,
Hüseyin Alatas, est condamné par la CSE d'Istanbul à un an, onze mois
et dix jours de prison et à payer une amende de 111 millions de TL.
Le 8.3, les forces de sécurité arrêtent le
correspondant de Kurtulus, Mehmet Kargilar, et le correspondant de
Tavir, Ayfer Yildiz, à Adana, et le rédacteur de Mücadele, Cafer
Cakmak, à Istanbul. A Aydin, les correspondants de Demokrasi, Ferit
Sever et Derya Bektas, sont arrêtés alors qu'ils couvraient la
célébration de la Journée mondiale de la femme. Mme Bektas aurait été
victime de harcèlement sexuel au quartier central de la police.
Le 10.3, deux musiciens du groupe Yorum, Hakan Alak
et Ufuk Ülker, le correspondant de Tavir, Aynur Cihan, et le
correspondant de Partizan Sesi, Haydar Sürgec, sont arrêtés par
la police à Istanbul. Le bureau d'Izmir de Kizil Bayrak subit une
descente de police. Le n° 62 d'Özgür Gelecek et le n° 62 d'Odak sont
confisqués par décision judiciaire.
Le 11.3, l'acteur de cinéma Mahir Günsiray est jugé
par une cour pénale d'Istanbul pour avoir insulté la CSE d'Istanbul en
lisant un passage du livre Le Procès de Kafka pendant son témoignage
dans le procès contre un groupe d'intellectuels. Il risque une peine de
prison de trois ans. Le correspondant de Demokrasi, Düzgün Akbaba est
arrêté à Erzincan. Un des parrains ultra-nationalistes de la mafia,
Ali Yasak (Drej Ali) agressait deux journalistes de l'agence de presse
UBA, Cengiz Aldemir et Ahmet Ergen, à Ankara et s'emparait du film qui
documentait sont entretien secret dans un hôtel avec un agent de MIT,
Korkut Eken.
Le 12.3, le bureau de Kizil Bayrak à Zonguldak subit
une descente de police et le correspondant Orhan Kavci est arrêté. La
CSE d'Istanbul confisque l'édition spéciale du 12 mars de Kizil Bayrak.
A Malatya, les correspondants de Demokrasi Ali Kemal Sel, Ayse Oyman
et Cem Dogan et les correspondants d'Özgür Halk, Erdal Söylemez et
Serpil Kilic, sont arrêtés par la police pour un communiqué de presse
émis le 8 mars à l'occasion de la Journée mondiale de la femme.
Le 14.3, Mme Nadire Mater, représentante en Turquie
de Reporters sans frontières est arrêtée à Diyarbakir en compagnie de
deux journalistes finlandais. Le correspondant de Kizil Bayrak à
Zonguldak, Orhan Kavci, est placé en détention par une cour pénale.
Le correspondant de Kurtulus à Kocaeli, Sincan Demir, et deux autres
correspondants du même journal, Gülay Yücel et Nihat Özcan, sont placés
en détention par décision d'une cour pénale.
Le 15.3, à Istanbul, le correspondant de Proleter
Halkin Birligi, Hatun Temizalp, affirme avoir été torturé après sa
détention le 7 mars. Le bureau de Devrimci Genclik à Istanbul subit
une descente de police et 32 personnes sont arrêtées. Le rédacteur de
Kizil Bayrak, Gonca Dönmezer, est arrêté à Istanbul. Le n° 14 de
Sterka Rizgari est confisqué par la CSE d'Istanbul pour propagande
séparatiste.
Le 17.3, l'avocat et écrivain Ahmet Zeki Okcuoglu
est jugé par la CSE d'Istanbul pour avoir traduit un livre intitulé Le
Kurdistan et les Kurdes, écrit par Vlademir Minorsky, Thomas Boysand
D.N. MacKenzy. Le procureur chef d'Istanbul, Erdal Gökcen, interdit
la présence de caméras de télévision pendant le procès de délits
politiques. Selon une décision préalable, seuls les journalistes
porteurs d'une carte officielle délivrée par le gouvernement son
autorisés à couvrir les procès.
Le 18.3, le procureur de la CSE de Diyarbakir
interdit la présence de journalistes dans la salle d'audience pendant
les procès politiques. A Istanbul, le bureau de Devrimci Genclik
subit une nouvelle descente de police et deux employés, Bünyamin Bicer
et Nilüfer Altinkaya, sont arrêtés. La CSE d'Istanbul confisque le n°
65 d'Hedef et le n° 50 d'Özgür Atilim. L'ancien correspondant à Adana
du périodique Alinteri, Hatice Gül, est placé en détention par décision
judiciaire. Une cour pénale d'Istanbul condamne la magazine satirique
Leman à payer une amende d'un montant de 12,6 milliards de TL pour une
caricature de Galip Tekin.
Le 20.3, le rédacteur du journal aujourd'hui disparu
Özgür Ülke, Veysi Harman, est condamné par la CSE d'Istanbul à 2 ans et
4 mois de prison et à payer une amende de 770 millions de TL,
l'écrivain Ali Riza Yurtsever écope d'une peine de prison de 16 mois et
d'une amende de 133 millions de TL et l'éditeur Hasan Kücükoba reçoit
une amende de 704 millions de TL. La CSE d'Istanbul interdit la
parution de la traduction en turc d'une thèse de doctorat d'un étudiant
de l'Université de Toronto, Emir Hasanpur, intitulée Politiques d'Etat
à propos de la langue kurde et des droits à la langue. A Istanbul, le
distributeur de Demokrasi Hüseyin Yilmaz est arrêté.
Le 21.3, à Ankara, le correspondant d'Özgür Halk,
Tanju Kuruözü, est arrêté pendant des célébrations non officielles du
Newroz et est torturé au poste de police. Le rédacteur de Milliyet,
Mehmet Murat Sabuncu, et le correspondant Eren Güvener sont jugés par
la CSE d'Istanbul pour un reportage fait avec le leader d'Aczmendi,
Müslüm Gündüz. Les deux journalistes et Gündüz risquent une peine de
prison de six ans chacun.
Le 22.3, à Kayseri, le correspondant d'Atilim, Ali
Nihat Eroglu, et le dirigeant de l'IHD, Salahattin Ünsal, sont arrêtés
en compagnie de 21 personnes.
Le 24.3, commence à la CSE d'Istanbul le procès
contre l'éditeur du quotidien Radikal, Aydin Dogan, et l'ancien
rédacteur responsable, Yesim Denizel Bedük, pour la publication d'une
déclaration du leader du PKK, Öcalan. Chacun d'eux risque une amende de
pas moins de 50 millions de TL.
Le 25.3, un procureur d'une CSE d'Istanbul, Mete
Göktürk, est inculpé par le procureur public principal sur ordre du
ministre de la Justice pour une déclaration faite au quotidien Yeni
Yüzyil sur l'autonomie de la justice. Accusé d'insulte à la justice,
Göktürk risque une peine de prison de douze ans.
Le 26.3, la cour de cassation ratifie un total de 4
ans et 4 mois de prison et 333 millions de TL d'amende infligés au
sociologue Besikci pour avoir fait de la propagande séparatiste dans
ses 15 livres.
Le 27.3, la CSE d'Istanbul condamne la rédactrice
responsable d'Özgür Halk, Cavidan Dogan, à 1 an et 4 mois de prison et
à payer une amende de 133 millions de TL pour un article qu'elle a
publié. La cour a également décidé de fermer la revue pendant un mois.
Le procureur d'Istanbul confisque le livre de Gerald Messadi Ma vie
d'amour et de crime avec Martin Heidegger qu'il qualifie de publication
obscène. A Istanbul, le Centre culturel de la Mésopotamie supérieure
(MKM) subit une descente de police et 27 membres sont arrêtés.
Le 29.3, la cour de cassation ratifie une peine de
prison de six mois contre le journaliste du journal d'Adana Bölge,
Erhan Ünal, pour avoir insulté le corps des fonctionnaires de l'Etat.
Le 30.3, une journée culturelle organisée à Antep
par HADEP est interdite par les autorités. Le correspondant de Kizil
Bayrak, Ahmet Subasi, arrêté le 6 mars à Izmir, affirme avoir été
torturé au centre de police.
Le 1.4, la cour militaire de l'état-major poursuit
le procès contre 12 membres de l'IHD et de l'Association anti-guerre
d'Izmir (ISKD) pour avoir publié un livre intitulé Panorama sur les
droits de l'homme en Turquie. Chacun d'eux risque une peine de prison
de deux ans. Les dernières éditions d'Özgürlüge Yürüyüs sont
confisquées par la CSE d'Istanbul pour propagande séparatiste. A
Urfa, le correspondant de Cumhuriyet, Özcan Günes, est arrêté. Le
correspondant de Kurtulus, Hatice Köngec, est arrêté à Adana. Le
correspondant du journal Hatay, Hülya Döver, est agressé et battu par
des inconnus à Iskenderun.
Le 2.4, les membres de la troupe de théâtre
Cansenligi Players sont inculpés par le procureur militaire pour avoir
incité les spectateurs à ne pas faire le service militaire dans
une de leurs pièces. Ils seront jugés par le tribunal militaire de
l'état-major en vertu de l'article 155 du CPT. RTÜK interdit la
diffusion des programmes de Kanal D pendant trois jours. Deux procès
différents contre 86 et 98 intellectuels pour avoir assumé la
responsabilité du livre Liberté d'expression sont repris par la CSE
d'Istanbul. La CSE d'Istanbul condamne deux réalisateurs de la radio
privée Cevre, Seyit Soydan et Nese Tükenmez, à un an et huit mois de
prison et à payer 500.000 TL d'amende pour un programme sur
l'assassinat de 11 paysans par les forces de sécurité le 15 janvier
1996 à Güclükonak. Le président de l'Institut kurde d'Istanbul, Sefik
Beyaz, écope d'une amende de 84 millions de TL pour avoir prononcé un
discours lors du meeting "Nationalisme et racisme en Europe", organisé
par le groupe des verts du PE à Istanbul en mai 1994. A Istanbul, les
Loups gris attaquent et battent un garçon qui distribuait le journal
Emek.
Le 3.4, a Istanbul, la voiture du journaliste de
Show TV, Kadir Celik, est attaquée devant son domicile par des tireurs
inconnus.
Le 4.4, le correspondant de Kurtulus, Cenk Aksan,
est arrêté à Sivas en compagnie de trois autres personnes.
Le 5.4, RTÜK interdit la diffusion des programmes de
Show TV pendant un jour.
Le 6.4, le procureur militaire introduit trois
actions en justice différentes contre Osman Murat Ülke, président de
l'Association anti-guerre d'Izmir (ISKD), pour ses déclarations contre
le service militaire. Ülke, qui sera jugé une nouvelle fois par le
tribunal militaire de l'état-major, risque un total de 14 ans de
prison. Le président local du Centre culturel Mésopotamie (MKM),
Servet Özkan, est arrêté.
Le 7.4, le n° 24 de Kurtulus est confisqué par la
CSE d'Istanbul pour propagande séparatiste. A Adana, le correspondant
de Kurtulus, Mehmet Kargilar, est arrêté par la police.
Le 8.4, l'édition d'avril de la revue Uzun Yürüyüs
est confisquée par la CSE d'Istanbul pour propagande en faveur d'une
organisation illégale.
Le 9.4, la CSE de Diyarbakir condamne le
représentant, Salih Tekin, le correspondant, Cemal Dag, et le
distributeur d'Özgür Gündem, Ihsan Erdem, à trois ans et six mois de
prison chacun. Une cour pénale d'Ankara condamne le rédacteur
responsable du magazine satirique Leman, Kutlu Esendemir, à 3 mois et
15 jours de prison et à payer une amende de 2,3 millions de TL pour
avoir insulté le premier ministre Erbakan dans une caricature. Le
correspondant de Selam, Burhan Kavuncu et celui de Haksöz, Ridvan Kaya,
sont arrêtés par la police après une manifestation de protestation
contre Israël.
Le 10.4, le procureur d'Istanbul ouvre deux procès
contre le rédacteur de Atik, Abdurrahman Dilipak, et demande 12 ans de
prison. Nurettin Sirin, rédacteur en chef du journal islamiste Selam
inculpé en même temps que le maire de Sincan, risque une peine de
prison de 31 ans. Il est accusé d'avoir tenté de créer un Etat
religieux. Le bureau de Kurtulus à Ankara subit une descente de
police; les correspondants de ce journal, Volkan Aydin et Halil Aksu,
sont arrêtés en même temps qu'Enis Colak et Gönül Sayginer,
correspondants de Kizil Bayrak, et huit autres personnes.
Le 11.4, à Istanbul, le bureau d'Hedef est détruit
par l'explosion d'une bombe.
Le 13.4, la campagne de l'IHD pour la liberté
d'opinion et la mise en liberté d'Ismail Besikci est interdite par le
gouverneur de Mus.
Le 14.4, le n° 25 de Kurtulus est confisqué par la
CSE d'Istanbul pour propagande séparatiste et apologie d'une
organisation illégale.
Le 16.4, le correspondant de Demokrasi Zülfikar Ali
Aydin est harcelé par la police à Istanbul alors qu'il couvrait une
manifestation d'étudiants. Il est ensuite torturé pendant sa détention
policière. Le correspondant de Kurtulus, Murat Kuyumcu est arrêté à
Istanbul. La police arrête le représentant à Iskenderun d'Atilim,
Altan Koman, alors qu'elle fait une descente dans son bureau.
Le 17.4, le distributeur de Kurtulus, Mehmet Öztürk,
est arrêté à Antalya.
Le 19.4, une demande de la Fondation kurde pour la
culture et la recherche (Kürt-Kav) afin d'organiser des cours de kurde
est rejetée par la Direction nationale de l'éducation. Les
correspondants de Kurtulus Sinan Gürz et Baris Karatepe sont arrêtés à
Malatya.
Le 20.4, les correspondants de Kurtulus, Banu
Gündogdu, Mehmet Yildiz, Ibrahim Caglar et Nilüfer Günes ainsi que
celui de Devrimci Genclik, Bülent Özpolat, sont arrêtés à Istanbul.
Le 21.4, le rédacteur de Devrimci Genclik, Cem
Duman, et le correspondant Yalcin Hafci, ainsi que les distributeurs
d'Atilim, Özgül Itmec et Gülay Coban, sont arrêtés à Istanbul.
Le 22.4, à Istanbul, la police arrête le
correspondant de Kurtulus, Ali Ihsan Kilic, après l'avoir blessé en
tirant sur lui.
Le 23.4, la gendarmerie fait une descente dans le
bureau de Tuzla du journal Dayanisma et arrête les journalistes Mahsuni
Yilmaz, Zafer Dolu et Nail Bozdemir.
Le 24.4, le n° 8 de et le n° 3, une édition
spéciale, de Partizan Sesi sont confisqués par la CSE d'Istanbul pour
propagande séparatiste. Trois membres du Théâtre Fetih d'Izmir,
Mehmet Vahi Yazar, Memet Elmas et Ahmet Cakir, sont arrêtés à Izmir
pour avoir insulté Atatürk dans une pièce qu'ils représentaient. Le
procureur de la CSE d'Ankara ordonne également l'arrestation d'autres
membres de la troupe.
Le 25.4, des fondamentalistes islamiques attaquent
un groupe de journalistes qui tentaient d'interviewer des religieux et
battent brutalement un cameraman de HBB TV. La CSE d'Istanbul inflige
au rédacteur d'Özgür Halk, Ismail Cim, 6 mois de prison et une amende
de 50 millions de TL et au rédacteur Mehmet Can Yüce 2 ans de prison et
une amende de 400 millions de TL. La cour a également décidé
d'interdire la publication du journal pendant un mois. A Adana, le
rédacteur du local Güney Uyanis, Hamdi Batman, est arrêté par la
police. Quinze personnes sont arrêtées à Amasya, Izmir, Eskisehir et
Balikesir en relation avec l'affaire du Théâtre Fetih d'Izmir.
Le 26.4, le correspondant de Demokrasi, Temel
Demirer, est arrêté par la police à son domicile d'Ankara. A Adana,
la police fait une descente dans les bureaux de Kurtulus et Tavir.
Pendant l'opération, un membre du groupe musical Nisan Günesi, Selcuk
Eroglu, est arrêté avec d'autres personnes.
Le 27.4, la CSE d'Istanbul confisque les dernières
éditions de Devrimci Emek, Direnis, Alinteri, Kurtulus et Hedef pour
propagande séparatiste et apologie d'organisations illégales.
Le 28.4, RTÜK interdit les émissions de Show TV et
Radio D pendant un jour. Ayse Kavci, l'épouse du correspondant de
Kizil Bayrak, Orhan Kavci, affirme avoir été obligée de devenir une
informatrice de la police après la détention de son mari le 11 mars.
Le directeur de la maison d'édition Belge, Ayse Nur Zarakolu, est
condamné une nouvelle fois par la CSE d'Istanbul à six mois de prison
pour avoir édité le livre d'Yves Ternon sur le génocide arménien
intitulé Le Tabou arménien. La peine de prison a ensuite été commuée en
une amende de 101 millions de TL. Pour ce même livre, Zarakolu avait
été condamné à deux ans de prison mais la cour de cassation avait
demandé à la CSE de revoir la sentence. Le poète-écrivain Yilmaz
Odabasi avait également été condamné pour ce livre à un an de prison et
à payer une amende de 933 millions de TL pour propagande séparatiste.
Dans le nouveau procès, le procureur demande une peine de prison allant
jusqu'à 7 ans et 6 mois.
Le 29.4, RTÜK interdit les émissions de Kanal D
pendant un jour. La police fait une descente de police dans les
bureaux de Partizan Sesi à Adana et confisque des posters sur le
premier mai.
Le 30.4, la CSE d'Istanbul impose au rédacteur de
Sterka Rizgari, Mete Demirkol, six mois de prison et une amende de 75
millions de TL et à l'éditeur Riza Dinc une amende de 150 millions de
TL pour propagande séparatiste. La cour a également décidé d'interdire
la publication de la revue pendant un mois. A Tuzla, le
correspondant de Dayanisma, Mahsuni Yilmaz, affirme avoir été torturé
pendant quatre jours suite à sa détention le 23 avril.
Le 2.5, la publication de l'hebdomadaire Aydinlik
est interdite pendant un mois en accord avec une décision de la CSE
d'Istanbul ratifiée par la cour de cassation. Cette dernière a
également ratifié une amende de 105 millions de TL contre le rédacteur
d'Aydinlik, Serhan Bolluk.
Le 4.5, à Ankara, 25 membres du Parti du pouvoir
socialiste (SIP) sont arrêtés alors qu'ils vendaient leur revue,
Sosyalist Iktidar.
Le 5.5, le gouverneur d'Ankara interdit une campagne
d'affichage de posters de EMEP pour commémorer les leaders de la
jeunesse révolutionnaire des années 60, Deniz Gezmis, Yusuf Arslan et
Hüseyin Inan.
Le 6.5, l'édition spéciale pour le premier mai de
Proleter Halkin Birligi est confisquée par la CSE d'Istanbul pour
propagande séparatiste. Le correspondant d'Atilim à Iskenderun,
Mikail Vayic, est jugé par la CSE de Malatya pour appartenance à une
organisation illégale.
Le 7.5, le gouverneur de Yozgat interdit au Théâtre
Birikim la mise en scène de deux pièces de théâtre sous prétexte
qu'elles ridiculisent un général.
Le 9.5, le livre d'Hasim Kutlu Discussion sur
l'identité Alévi, publié par Belge Yayinlari, est interdit par la CSE
d'Istanbul qui l'accuse d'inciter les Alévis à l'hostilité. La
présentation de la pièce Histoires du pays par le Théâtre Ekin est
interdite par les gouverneurs de Diyarbakir, Batman et Adiyaman.
Le 10.5, un concert du groupe Kizilirmak, organisé à
Sivas par le Parti de la liberté et la solidarité (ÖDP) est interdit
par le gouverneur.
Le 12.5, le siège principal du quotidien Hürriyet à
Istanbul est attaqué par un fanatique islamique armé suite aux
provocantes déclarations de Ciller contre ce média.
Le 13.5, à Batman, les émissions de la télévision
locale Kanal 72 sont interdites par ordre du maire suite à un programme
sur la question de l'eau dans la ville. Le n° 64 d'Odak est confisqué
par la CSE d'Istanbul pour propagande séparatiste.
Le 14.5, à Gaziantep, le coordinateur général du
journal Metropol, Burhan Veli Torun, est abattu par des tireurs
inconnus. Dans un programma de télévision il avait accusé les chefs de
la sûreté d'avoir kidnappé le propriétaire de Yaprak TV le 25 avril
1996.
Le 15.5, les bureaux d'Adana de Kurtulus et Tavir
subissent des descentes de police et plusieurs personnes sont arrêtées.
Le 17.5, le procureur de la CSE d'Istanbul introduit
une action en justice contre Emin Karaca, secrétaire général de l'Union
des écrivains de Turquie (TYS) et l'éditeur Muzaffer Erdogdu pour avoir
traduit et publié le livre de l'écrivain allemand Leo Müller intitulé
Gladio Kontrgerilla.
Le 20.5, les sièges principaux du quotidien Sabah et
de la télévision ATV sont attaqués par trois tireurs inconnus. A
Gaziantep, le propriétaire de Yaprak TV, Mehmet Ali Yaprak, est arrêté
en relation avec l'assassinat de Burhan Veli Torun le 14 mai.
L'éditeur responsable de Hedef, Celal Dönmez est arrêté à Istanbul.
Le 21.5, le procureur de Sisli à Istanbul, ordonne
la confiscation de toutes les éditions publiées de l'hebdomadaire
Devrimci Aydinlik sous prétexte qu'il s'agit d'une continuation
d'Aydinlik, fermé récemment par décision judiciaire. A Edirne, le
gouverneur interdit les posters d'EMEP contre la hausse des prix, le
chômage, les agressions fascistes et la contre-guérilla.
Le 22.5, la CSE d'Ankara impose au directeur de Yurt
Yayinlari, Ünsal Öztürk, une amende de 220,6 millions de TL pour avoir
publié quinze livres d'Ismail Besikci. Il est accusé de propagande
séparatiste. Au cours d'une attaque des Loups gris contre
l'Université d'Istanbul, le cameraman de Kanal E, Deniz Dursun, le
correspondant de Demokrasi, Cengiz Cinar, et le correspondant de
Radikal, Sebnem Aksoy, sont blessés par les assaillants et les
policiers.
Le 23.5, le rédacteur de la revue islamiste disparue
Taraf, Kazim Albayrak, est condamné par la CSE d'Izmir à 15 ans de
prison pour avoir pris part aux activités de IBDA-C. Le périodique Nu
Roj est interdit pour une période indéfinie pour ne pas avoir déclaré à
temps son changement d'adresse.
Le 28.5, Bulent Balta, chimiste diplôme de 27 ans,
est arrêté pour purger une peine de prison de deux ans et demi en vertu
de la loi anti-terreur pour des articles publiés fin 1993 dans le
journal, aujourd'hui interdit, Özgür Gündem. Balta n'a travaillé
que 12 jours comme rédacteur de ce journal avant d'être arrêté en
novembre 1993.
Le 30.5, le procureur de la CSE d'Ankara inculpe le
rédacteur de Cumhuriyet Mustafa Ekmekci, décédé une semaine auparavant,
avec quatre autres activistes des droits de l'homme pour un discours
prononcé pendant la Semaine des droits de l'homme en décembre 1996.
Le procureur chef de la cour de cassation a demandé au procureur
d'Ankara d'intenter des actions en justice contre huit journalistes de
Milli Gazete, Akit et Yeni Safak pour avoir critiqué le procès intenté
par lui-même pour demander la fermeture du RP.
Le 31.5, la CSE d'Ankara interdit deux posters
édités par le Syndicat des travailleurs de l'enseignement (Egitim Sen)
pour propagande séparatiste.