Droits
de l'Homme / Human Rights
Le mécène Osman Kavala
maintenu en détention
Le mécène et philanthrope
turc Osman Kavala, emprisonné depuis quatre ans sans jugement, restera en
détention au moins jusqu'à une prochaine audience prévue mi-janvier, a ordonné
vendredi un tribunal d'Istanbul, au risque d'une suspension de la Turquie par
le Conseil de l'Europe.
Figure majeure de la société
civile, Osman Kavala, accusé par le régime du président Recep Tayyip Erdogan
d'avoir cherché à déstabiliser la Turquie, risque la prison à vie.
Il a refusé vendredi, comme
il l'avait annoncé, de se présenter devant les juges et d'être représenté.
"Notre droit à un
procès équitable nous a été dénié. Par conséquent, nous ne prévoyons pas de
présenter de défense aujourd'hui", a déclaré son avocat, Tolga Aytore,
devant la cour.
Le Conseil de l'Europe a
menacé en septembre Ankara de sanctions qui pourront être prises lors de sa
prochaine session qui s'ouvre mardi, si l'opposant n'était pas libéré d'ici là.
La Turquie serait alors le
deuxième pays à subir une "procédure d'infraction": jusqu'à présent,
seule la Russie a été suspendue en vertu de cette procédure, de 2017 à 2019.
"C'est malheureux, je
ne sais vraiment pas à quoi (le gouvernement) pense", a glissé à l'AFP un
diplomate présent au tribunal vendredi, sous couvert d'anonymat.
"C'est leur dernière
chance", avait-il estimé auparavant.
"La Turquie est membre
du Conseil de l'Europe et doit respecter ses décisions. Sinon ils vont se
mettre dans une situation délicate", ajoutait-il à propos des responsables
turcs.
- "Thèses
complotistes" -
Dans un entretien à l'AFP
depuis sa cellule, mi-octobre, Osman Kavala avait estimé que sa détention
permettait au pouvoir de Recep Tayyip Erdogan de justifier ses "thèses complotistes".
"Puisque je suis accusé
d'avoir pris part à un complot organisé par des puissances étrangères, me
libérer affaiblirait cette fiction et ce n'est certainement pas ce que le
gouvernement souhaite", relevait-il.
Le sort d'Osman Kavala s'est
trouvé récemment au coeur d'une crise diplomatique finalement déminée, quand
une dizaine d'ambassadeurs qui avaient réclamé sa libération ont été menacés
d'expulsion.
Cette dernière audience
vendredi, énième épisode d'une série qui l'a jusqu'à présent toujours maintenu
ou renvoyé en détention, fait suite à celle du 8 octobre, quand les juges
avaient estimé manquer "d'éléments nouveaux" pour libérer Osman Kavala.
Une foule nombreuse,
composée notamment de parlementaires de l'opposition, de diplomates occidentaux
et de proches de l'accusé, dont son épouse, étaient présents dans la salle du
tribunal, a constaté l'AFP.
Osman Kavala, devenu la bête
noire du régime de Recep Tayyip Erdogan, est notamment en ligne de mire pour
avoir soutenu en 2013 les manifestations antigouvernementales ayant visé M.
Erdogan, alors Premier ministre.
Acquitté une première fois
en février 2020, il avait été dès le lendemain placé en garde à vue puis
réincarcéré, accusé d'avoir "soutenu" la tentative de putsch contre
M. Erdogan en juillet 2016.
En décembre 2019, la Cour
européenne des droits de l'homme avait ordonné sa "libération
immédiate" - sans résultat.
Une prochaine audience a été
fixée au 17 janvier devant le tribunal d'Istanbul. (AFP, 26 nov 2021)
La police tire des gaz
lacrymogènes contre des femmes manifestantes
La police turque a tiré des
gaz lacrymogènes jeudi contre plusieurs centaines de femmes qui manifestaient à
Istanbul pour dénoncer les violences sexistes et le départ de la Turquie d'un
traité international protégeant les femmes.
Les manifestants ont déployé
des banderoles "Nous nous battrons jusqu'à ce que nous obtenions ce que
nous voulons", exhortant le gouvernement du président Recep Tayyip Erdogan
à revenir dans la Convention d'Istanbul, selon des journalistes de l'AFP.
La Turquie a officiellement
quitté en juillet ce traité international, le premier à fixer des normes
juridiquement contraignantes visant à parer les violences sexistes.
Les conservateurs du parti
AKP au pouvoir affirment que le traité encourage l'homosexualité et menace la
structure familiale traditionnelle.
D'autres banderoles, disant
"Ne soyez pas silencieux face à la violence masculine" et "Gardez
la moralité, mais rendez-nous nos vies", ont été déployées par les
manifestants, qui ont ensuite voulu marcher sur la rue Istiklal, une des
artères les plus connues d'Istanbul.
Le cortège a tenté de
franchir les barricades de la police, mais celle-ci a répondu en tirant des gaz
lacrymogènes pour disperser la foule.
Un total de 345 femmes ont
été tuées depuis le début de l'année en Turquie, selon la plateforme We Will
Stop Feminicide. Elles étaient 410 en 2020.
Plusieurs militantes de défense
des droits des femmes ont affirmé à l'AFP que les femmes se sentaient plus en
danger et moins protégées depuis que la Turquie a quitté la Convention
d'Istanbul. (AFP, 25 nov 2021)
Une manifestation à Istanbul
dispersée par la police, 30 interpellations
Des manifestants ont
brièvement a affronté la police mercredi à Istanbul, lors d'un rassemblement
pour manifester contre les conséquences de la chute brutale de la valeur de la
monnaie nationale, qui avait été interdit.
Environ 250 manifestants
sont descendus dans la rue dans le quartier de Kadikoy, sur la rive asiatique
d'Istanbul, en scandant des slogans : "Gouvernement, démission !" et
"Nous ne pouvons pas joindre les deux bouts !".
La police a dispersé la
manifestation, empêchant le groupe de se rassembler et détenant au moins trente
personnes, a constaté un photographe de l'AFP.
La monnaie a atteint un
niveau record mardi, perdant plus de 43 % de sa valeur par rapport au dollar
depuis le début de l'année.
"Chaque jour, nous nous
posons ces questions : comment vais-je payer mon loyer, comment vais-je arriver
à la fin du mois, quels seront les nouveaux prix demain dans les supermarchés
?", a déclaré à l'AFP Ayse Demirel, une enseignante. (AFP, 24 nov 2021)
"Un nouveau meurtre
chaque jour"
Pas d'explosion statistique,
au moins en apparence. Mais une vulnérabilité accrue. Les femmes de Turquie se
sentent fragilisées face aux violences depuis que leur pays a dénoncé l'unique
traité international censé les protéger.
La Turquie du président
Recep Tayyip Erdogan est sortie le 1er juillet de la Convention d'Istanbul,
premier traité international à fixer des normes juridiquement contraignantes
pour parer les violences sexistes.
Et si les agressions et
violences n'ont pas explosé de façon manifeste, les défenseurs des droits des
femmes estiment que cette décision a encouragé certains de leurs auteurs.
La dénonciation de la
Convention du Conseil de l'Europe sur la prévention et la lutte contre la
violence à l'égard des femmes et la violence domestique avait été validée en
mars par un décret du président Recep Tayyip Erdogan.
Les conservateurs du parti
AKP au pouvoir affirmaient alors que le traité encourageait l'homosexualité et
menaçait la structure familiale traditionnelle.
Depuis, les défenseurs des
droits des femmes essaient malgré tout de se faire entendre et de maintenir la
Convention en vie, même si le gouvernement assure que les lois et la
Constitution turques offrent une bien meilleure protection aux femmes.
Ce que nie Nursen Inal, de
la plateforme We Will Stop Feminicide: "Ce pays se réveille chaque jour
avec le meurtre d'une femme", dit-elle à l'AFP.
"La dénonciation par la
Turquie de la Convention d'Istanbul a encouragé les agresseurs",
assure-t-elle à la veille de la Journée internationale pour l'élimination de la
violence contre les femmes, jeudi.
Le meurtre brutal début
novembre à Istanbul de Basak Cengiz, une architecte de 28 ans tuée à coups de
sabre de samouraï, a suscité la colère et l'effarement: le suspect, Can Goktug
Boz, a expliqué à la police avoir tué parce qu'il s'ennuyait.
"Je suis sorti pour
tuer quelqu'un et j'ai choisi une femme", a-t-il déclaré, selon les propos
rapportés par les médias turcs.
- "Sorti de l'ordre du
jour" -
Au total, 345 femmes ont été
tuées depuis le début de l'année, selon la plateforme. En 2020, elles étaient
410, plus des dizaines d'autres retrouvées mortes dans des circonstances
suspectes, notamment des suicides.
Ce meurtre au sabre a
relancé les appels à revenir à la Convention d'Istanbul mais le chef de l'Etat
l'a exclu, affirmant que le traité est désormais "complètement sorti de
l'ordre du jour".
"Pour nous, les femmes
sont les plus saintes des créatures. Nous ne permettrons jamais que leur
sainteté soit entachée", a insisté M. Erdogan. "Par conséquent, pas
besoin de la Convention d'Istanbul".
Mais les défenseurs des
femmes s'étranglent. Pour Berrin Sonmez, membre de la Coalition des femmes pour
l'égalité, le retrait de la Turquie de ce traité a généré un sentiment
d'impunité chez les agresseurs masculins.
"Un homme incarcéré a
demandé à son avocat, peu de temps après la sortie de la Turquie du traité,
s'il allait être libéré", assure-t-elle à l'AFP.
Adile Dogan, de
l'Association de solidarité des femmes d'Esenyali, un quartier sur la rive
asiatique d'Istanbul, considère que l'attitude des forces de l'ordre et des
procureurs aussi a changé.
Alors que chaque poste de
police disposait de bureaux dédiés à la prise en charge des femmes victimes de
violence et qu'une ordonnance restreignant les mouvements d'un agresseur
pouvait être prise dans les 24 heures, il faut désormais au minimum deux jours,
affirme-t-elle.
Pire, ajoute-t-elle, les
femmes victimes de violences sont désormais tenues d'obtenir un rapport médical
prouvant leurs blessures: la menace n'est plus suffisante pour lancer une procédure.
- Décès suspects en hausse -
Selon Berrin Sonmez, les
commissariats sont réticents à recevoir les plaintes des plaignantes, qui
peuvent aussi peiner à avoir accès aux tribunaux.
Les militantes soulignent
aussi l'augmentation du nombre de décès suspects depuis juillet.
"Cent quatre-vingt
femmes ont été assassinées entre mars et juillet 2021 et il faut compter aussi
171 morts suspectes. C'est difficile à justifier", s'insurge Mme Sonmez,
qui précise que ces dossiers ont été classés sans enquête complémentaire, sauf
quand des médias ont fait pression.
Nursen Inal relève que les
morts suspectes atteignent presque le nombre de meurtres recensés.
"Pourquoi la mort de
ces femmes reste-t-elle suspecte?", interroge-t-elle: "Par manque d'investigations
et de poursuites adéquates".
Or, souligne-t-elle,
"c'était justement l'un des articles clés de la Convention d'Istanbul qui
demandait qu'une véritable enquête soit chaque fois conduite, pour déterminer
s'il s'agissait d'un suicide ou d'un meurtre". (AFP, 24 nov 2021)
Women of Turkey Are Not Giving Up On the İstanbul Convention
Turkey’s
top administrative court has rejected all appeals against the country’s
withdrawal from the İstanbul Convention, a Council of Europe treaty for combating violence
against women. Women and women’s organizations say they will not recognize the
decision and not give up on the Convention until it is fully implemented.
President Recep Tayyip Erdoğan on
March 20 issued a decree pulling Turkey out of the İstanbul
Convention. Turkey notified the Council of Europe of its decision on March 23.
As a reason for Turkey’s withdrawal,
the Presidency Communications Directorate said the convention “legitimizes
homosexuality.”
Since then, women have been
protesting against the government’s decision and demanding the country’s return
to the convention.
Turkey’s top administrative court
has rejected all appeals against the country’s withdrawal from the İstanbul Convention, a
Council of Europe treaty for combating violence against women.
Since President Recep Tayyip
Erdoğan’s decree pulling Turkey out of the convention, more than 220 appeals
have been filed with the Council of State. Opposition parties, women’s rights
groups and citizens were among those who objected to the president’s decision.
After the 10th Chamber of the
Council of State rejected the requests for the stay of execution of the
presidential decision, appeals were filed with the Board of the Chambers of
Administrative Cases, the highest body of the Council of State.
Handing down its verdict today
(November 18), the board rejected all appeals and the presidential decision
about the convention became final. In its verdict, the Council of State pointed
out article 80 of the convention, which allows countries’ executive organs,
which is the presidency in Turkey’s case, to annul the convention for their
countries.
“The Convention is unnecessary”
In a joint press conference with
Spanish Prime Minister Sánchez on November 17th, reporters asked the
Turkish leader if Sanchez had asked whether Turkey would return to the Istanbul
Convention on the prevention of – and fight against – machismo violence, a
central question for the Spanish government.
Erdogan answered that Turkey’s
rejoining the pact was not discussed because he believes that the international
agreement is “unnecessary.”
“We’ve completely removed the
Istanbul Convention from our agenda … Our government is very, very responsive
with regard to violence against women. We’ve taken measures with our security
forces, with the Justice Ministry, and we will take more measures,” the Turkish
leader said.
He went on to insist that “We have
eliminated the Istanbul Convention because the measures that would have been
taken with it we’ve already incorporated into our regular laws; the measures
against violence are certainly on our agenda,” adding that “Women are most
sacred for us within the concept of the family and we will not permit this to
sullied.”
The Social
Law Women’s Group have shared the findings of their report on “violations of
rights committed during the İstanbul Convention protests and impunity.” The
report has revealed the police violence against women seeking their rights. (http://esitlikadaletkadin.org,
20 Nov 2021)
No release
in Progressive Lawyers Association case
In the trial of lawyers from the Progressive
Lawyers Association (ÇHD) and People's Law Bureau (HHB), the prosecutor
pronounced his opinion as to the accusations at the hearing yesterday (November
17).
As reported by bianet a day before,
prosecutor Haluk Tunç demanded that all lawyers who stand before the judge in
the merged case be penalized on charges of "leading a [terrorist / illegal]
organization", "membership of the organization" or
"propagandizing for the organization."
At the hearing held in Silivri Penal
Institution's campus in İstanbul yesterday, the lawyers protested the
prosecutor's opinion and requested the extension of the prosecution. However,
the court board accepted the opinion and gave time to the lawyers for their
last statements of defense.
The next hearing will be held on January
5-6-7, 2022.
'Judge switched courts
together with witness'
As reported by the ÇHD Central Office, lawyer
Hasan Fehmi Demir took the floor first at the hearing and stated that there are
several indications raising suspicions that there is a "heavy
pressure" on the İstanbul 37th High Criminal Court, which gave the first
ruling:
"The
İstanbul 37th High Criminal Court's presiding judge heard the witness named
İsmet Özdemir though there is no such a request in the file and he does not
have any connection with it. Then, we understood that the presiding judge had
interrogated this person when he was on duty at the İstanbul 29th High Criminal
Court and at the Criminal Judgeship of Peace before." (BIA, 18 November 2021)
Erdoğan
crée une « Organisation des États turcs »
La Turquie
est parvenue à transformer, le 12 novembre 2021, le « Conseil de
coopération des États parlant le turc » en une « Organisation des
États turcs ».
Cette transformation intervient après la
victoire militaire turco-azerbaïdajanaise au Haut-Karabagh (Arménie).
Les membres de cette organisation sont
l’Azerbaïdjan, le Kazakhstan, le Kirghizistan, la Turquie et l’Ouzbékistan. En
outre, la Hongrie et le Turkménistan ont le statut d’observateur.
Après avoir longtemps hésité à être membre de
l’Union européenne ou à reconstruire l’Empire ottoman, la Turquie choisit
désormais une troisième voie : prendre le leadership des peuples parlant
le turc.
Cette opération est très mal vue de la Russie
et de la Chine. Les deux super-puissances ont édifié l’Organisation de
coopération de Shanghai afin de prévenir les séparatismes en Asie centrale. En
outre, la Chine comprend une région parlant de turc, le Xinjiang, mais où le
peuple ouïghour n’a aucun rapport ethnique avec le peuple turc auquel il a été
soumis par le passé.
Les combats
ont repris entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie à la suite de la création de
l’« Organisation des États turcs ».
(Réseau Voltaire, 17 novembre 2021)
1,605 ill prisoners behind
bars in Turkey, 604 seriously ill
According to the Human Rights Association (İHD), there are
1,605 ill prisoners in Turkey; 604 of them are seriously ill.
Among these ill prisoners are also the ones with chronic,
multiple diseases, those suffering from pulmonary, cardiac diseases and
cancer and the ones who are too old and ill to sustain their lives on
their own.
Yıldırım Demir, who is held in the Bolu Type F Closed
Prison,
is one of these ill prisoners. The İHD has shared information about his
medical condition, stressing that he must be fully provided with
medical examination and treatment and he must be taken to doctors'
appointments.
The İHD has noted that "there is a 95-percent vision loss
in
Demir's right eye and he was told that there was no treatment." Having
undergone a surgery for cataract in his left eye some 2 years ago,
Demir is reportedly to have a laser surgery for his ongoing problems in
his left eye.
"But when he went to a doctor's check afterwards, he was
told
by another doctor that it was not necessary. Everytime he goes to the
doctor's check, he is given synthetic tears and sent back to prison.
The vision in his left eye is now blurry. He has undergone six angios
for his eyes so far."
Sharing further details about Demir's health condition, the
İHD
has said that he also suffers from reflux, gastric ulcer and gastritis.
He had gastric bleeding two times and even though the prison's doctor
has prescribed diet food, it is inedible and very low in nutritional
value. The Association has noted that Demir also has irritable colon
syndrome and internal hemorrhoids.
'Not treated, but given temporary medication'
According to the İHD, ill prisoner Yıldırım Demir also has
meniscus tears in his two knees, suffers from prostate, has vertigo,
ringing and hearing loss in his ears and he is a chronic bronchitis
patient.
"He has cervical disc syndrome in an advanced stage and he
was
sent back to prison without having a surgery when he was referred from
Bolu to the Ankara Numune Hospital because the doctor at the Numune
Hospital said that 'he would be paralyzed after the surgery'."
The İHD has underlined that with the pandemic cited as an
excuse, Demir's illnesses are not treated and when he goes to hospital,
he is sent back to prison after he is given temporary medication.
According to the İHD, the Nevşehir Public Hospital gave him
a
41-percent disability report in 2016 and sent him to the İstanbul
Forensic Medical Institution. However, the latter issued a medical
report indicating that Yıldırım Demir was "in a state to stay in
prison."
Raising concerns that Yıldırım Demir's health condition is
deteriorating with each passing day, the İHD Freedom for Ill Prisoners
Initiative has stressed that he must be fully provided with medical
examination and treatment and taken to doctors' appointments.
Moreover, the Initiative has requested that Demir be
referred
to the Forensic Medical Institution again for his illnesses that
prevent him from sustaining his life on his own and underlined that his
release must be ensured so that his treatment will be done in more
healthy conditions. (BIA, 8 November 2021)
Un ex-agent des renseignements
condamné à plus de 23 ans de prison
Un ex-agent des renseignements turcs a été condamné lundi à vingt-trois
ans et quatre mois de prison pour "espionnage" et "appartenance à une
organisation terroriste", a rapporté l'agence de presse étatique
Anadolu.
Agé de 77 ans et possédant la double nationalité turque et allemande,
Enver Altayli est détenu depuis plus de quatre ans dans une prison près
d'Ankara.
Il avait été arrêté pour des liens présumés avec le mouvement de
Fethullah Gülen, un prédicateur turc installé aux Etats-Unis et accusé
par Ankara d'être à l'origine du coup d'Etat raté contre le président
Recep Tayyip Erdogan en 2016.
M. Altayli a été condamné à 13 ans et 4 mois de prison pour "espionnage
militaire et politique" et à dix ans de prison pour "appartenance à une
organisation terroriste armée".
Le parquet lui reprochait d'être impliqué dans une tentative de fuite
vers les Etats-Unis d'un autre ex-agent détenu.
Depuis le coup d'Etat manqué de 2016, les autorités turques ont lancé
une répression implacable contre les partisans présumés de M. Gülen,
qui s'est élargie à l'opposition pro-kurde et à la société civile.
Depuis 2016, plus de 300.000 personnes ont été interpellées dans le
cadre de la lutte contre le mouvement de M. Gülen et près de 3.000
condamnées à la prison à vie. (AFP, 8 nov 2021)
Toll of ‘İstanbul
Convention’ protests: 178 people detained
Some four months after Turkey's final withdrawal from the
İstanbul
Convention by a Presidential decision amid widespread protests, the
Social Law Women's Group has prepared a report on "violations of rights
committed during the İstanbul Convention protests and impunity."
The findings of the report were shared with the public at a press
conference in Ankara earlier today (November 5).
At the conference held at Mor Mekan (Purple Place), a banner of "We
don't give up on the İstanbul Convention, İstanbul Convention saves
lives" was hung. While several women attended the conference, lawyer
Irmak Bakır read out the statement for the press.
Bakır defined the annulment of the İstanbul Convention as "a concrete
step of the government's assault on women's struggle for freedom."
Police violence during 8 of 18 protests
Bakır shared the following information about the interventions against
the İstanbul Convention protests in Ankara:
"We see that there were a total of 18 attempted street protests in the
Ankara/ Kızılay/ Sakarya region from August 5, 2020 to July 1, 2021.
Two of these protests were the statements attempted to be held in front
of the courthouse about the court cases filed against women.
"In 8 of the 18 protest demonstrations, women and LGBTI+s were
subjected to police violence and tear gas.
"In 7 of the 8 protests demonstrations, women's freedom was restricted
as well and 106 people were detained.
"While two women were taken into custody over the banners they hung and
the tweets they posted, the total number of the detained was 108.
"Lawsuits were filed against students for joining the Pride Parades;
one investigation is still continuing
Women started marching to Barbaros Square with the slogan, 'Prevent
murders, not women'. Following the forum at the square, police detained
eight women.
"Women gathered at the Kadıköy İskele Square in İstanbul upon the call
of the Enforce the İstanbul Convention Campaign Group.
"The march to be held after the protest attempted to be prevented by
police barricades twice. While the women were dispersing, police
started detaining them by citing the slogans as the reason. One woman
was detained.
"The march attempted to be held in İzmir on August 5, 2020 was attacked
by the police.
"After 16 people were rear handcuffed, battered and detained, the other
women in the area staged a sit-in protest.
"Five more women were taken into custody after the protest. A lawsuit
was filed against the 18 people who were detained on charge of
"violating the Law no. 2911 on Meetings and Demonstrations."
What happened?
Turkey has withdrawn from the İstanbul Convention with a Presidential
decision published in the Official Gazette on March 20, 2021.
The decision in question said that "the Council of Europe Convention on
Preventing and Combating Violence Against Women and Domestic Violence,
which was signed by Turkey on May 11, 2011 and approved with the
Cabinet Decree no. 2012/2816 on February 10, 2012, shall be terminated
on the part of Turkey as per the Article 3 of the Presidential Decree
no. 9."
Following this Presidential decision published at midnight, several
social media users, women's rights defenders, lawyers and politicians,
denounced the decision, recalling that the convention was unanimously
approved at the Parliament and stressing that it is not possible for
Turkey to withdraw from an international convention with a Presidential
decision.
After the Presidential decision pulling Turkey out of the İstanbul
Convention was met with criticisms and objections in both Turkey and
around the world, the Communications Directorate of the Presidency
released a written statement about the issue on March 22.
"As known, Turkey was the first signatory to the Istanbul Convention,"
the statement noted, arguing that the "İstanbul Convention, originally
intended to promote women's rights, was hijacked by a group of people
attempting to normalize homosexuality – which is incompatible with
Turkey's social and family values. Hence the decision to withdraw."
The 10th Chamber of the Council of State finalized the court cases
demanding the stay of execution and annulment of the Presidential
decision withdrawing Turkey from the İstanbul Convention ahead of July
1, when the İstanbul Convention will no longer be in force in Turkey,
according to the Article 80 of the Convention regarding denunciation.
By a vote of three to two, the 10th Chamber of the Council of State has
rejected the requests for the stay of execution and annulment of the
Presidential decision, which has pulled Turkey out of the İstanbul
Convention, or the Council of Europe Convention on Preventing and
Combating Violence Against Women and Domestic Violence. (BIA, 5
November 2021)
La Syrie dénonce
la reconduction des opérations turques sur son territoire
La Syrie a dénoncé samedi le
renouvellement par le Parlement turc de l'autorisation donnée au
gouvernement de conduire des opérations militaires sur son territoire,
estimant que la politique d'Ankara "menace la paix et la sécurité de la
région".
Le Parlement turc avait
renouvelé
mardi pour deux ans l'autorisation donnée au gouvernement de conduire
des opérations militaires "transfrontalières" en Irak et en Syrie,
contre le groupe jihadiste Etat islamique et toute organisation
considérée par Ankara comme "terroriste".
Le mandat en cours,
régulièrement
renouvelé depuis 2013, expire samedi.
"La Syrie dénonce vivement la
décision du Parlement turc (...), la politique du chef du régime turc
constitue désormais une menace pour la paix et la sécurité de la
région", a affirmé une source du ministère syrien des Affaires
étrangères.
La source, citée par l'agence
officielle Sana, a stigmatisé la poursuite "des agressions militaires"
de la Turquie sur le territoire syrien, "en violation des résolutions
de l'ONU".
L'armée turque est déployée
depuis
2016 dans le nord-ouest de la Syrie autour d'Afrine et dans la région
d'Idleb, une des dernières poches échappant au contrôle de Damas.
Ankara a lancé, avec l'aide de
supplétifs syriens, trois opérations d'envergure ces dernières années
(2016-2017, en 2018 et en octobre 2019) le long de sa frontière, côté
syrien, où vivent de nombreux Kurdes.
L'objectif est notamment d'y
repousser le groupe Etat islamique (EI) et les combattants des Unités
de protection du peuple (YPG), principale milice kurde en Syrie,
considérée par Ankara comme l'extension en Syrie du Parti des
travailleurs du Kurdistan (PKK). Cette organisation kurde mène une
guérilla depuis 1984 contre Ankara, qui la qualifie de "terroriste".
Si les Etats-Unis considèrent
aussi
le PKK comme une organisation terroriste, ils n'en soutiennent pas
moins des milices kurdes qui y sont liées en Syrie dans le cadre de la
lutte contre l'EI. (AFP, 30 oct 2021)
Pression sur les médias / Pressure on
the Media
Stage actor
Genco Erkal appears before court in 'insulting President' case
Stage actor Genco Erkal,
83, appeared before the court today (November 25) in the case filed for
"insulting the president" because of his Twitter posts.
Erkal attended the hearing
at the İstanbul 16th Penal Court of First Instance with his daughter and
grandchild.
Main opposition Republican
People's Party (CHP) deputy Sezgin Tanrıkulu and İstanbul Provincial Chair
Canan Kaftancıoğlu, Workers' Party of Turkey (TİP) deputy Ahmet Şık and
composer Fazıl Say also followed the hearing.
The judge ordered everyone
to be removed from the courtroom except for the defendant, his attorneys and
one journalist due to the coronavirus pandemic.
Erkal's attorney Turgut
Kazan objected to the order, saying, "We demanded a big courtroom from
you, stating that [the situation] would be like this."
MP Ahmet Şık said,
"If you want to give a healthy verdict, you must acquit [Erkal] without a
trial. Law is discussed in courtrooms, not health."
The judge then ordered the
door of the courtroom to remain open for journalists and other people to follow
the hearing.
"I
can't understand"
Making his defense, Erkal
said there was no insult in his tweets. "Let me start with the post about
the Ayder Plateau. This government does not quite get on well with nature. Its
love for construction and concrete surpasses its love for nature.
"The Ayder Plateau
has lost its natural plateau characteristics. My statement that 'Everything he
touches dries up and turns into concrete' is an evaluation, not an insult.
"My post about
Erdoğan's diploma... A committee considered a request for the disclosure of the
diploma within the scope of 'privacy.' None of our presidents' diplomas had
been a subject of debate before ... I'm saying, 'Let's see this diploma.' There
is a humorous expression in this tweet. Frankly, I don't understand how it can
be considered an insult."
Also referring to the
European Court of Human Rights (ECtHR) verdict in the Vedat Şorli case, Erkal
said, "The ECtHR does not accept a crime such as 'insulting the
president'."
Erdoğan's
attorney
President Recep Tayyip
Erdoğan's attorney Emine Nur Çakır asserted that Erkal's statements exceeded
the limits of freedom of expression and dissemination of thoughts by failing to
make criticism over facts.
"It is clear that
there is an insult in the tweets in question," she said. "My client's
personal rights have been violated with the shepherd analogy."
The court ruled that the
case file should be sent to the prosecutor for the opinion as to the
accusations to be prepared.
The next hearing will take
place on March 11, 2022. (BIA, 25 November 2021)
Meurtre de Khashoggi: RSF
dénonce "l'influence politique sur la justice" turque
A la veille d'une nouvelle
audience mardi du procès par contumace de 26 accusés saoudiens pour le meurtre
de Jamal Khashoggi, à Istanbul en octobre 2018, l'organisation Reporters sans
Frontière (RSF) s'interroge sur "l'influence politique sur la justice
turque".
Dans un communiqué publié
lundi, l'organisation de défense de la presse demande aux autorités turques de
"prendre des mesures immédiates pour amener devant la justice" les
personnes impliquées dans ce meurtre, "qu'elles soient les commanditaires,
les instigateurs ou les exécutants".
Pour la cinquième audience
devant un tribunal stambouliote du procès pour meurtre de l'éditorialiste
saoudien, le box des accusés restera une nouvelle fois vide.
"Les 26 accusés par
contumace impliqués dans cette affaire, qui a débuté le 3 juillet 2020, sont
tous des citoyens saoudiens" rappelle RSF, dont aucun ne s'est jamais
présenté.
Lors des dernières
audiences, la cour a en outre refusé d'accepter, en tant que preuve, le rapport
des services de renseignement américain sur ce crime comme le lui demandait la
fiancée turque de Jamal Khashoggi, Hatice Cengiz.
Selon ce rapport, dont Joe
Biden a ordonné la publication au printemps, le prince héritier saoudien
Mohammed ben Salmane (MBS) a "validé" l'assassinat du journaliste.
Mais chaque fois, "le
juge a déclaré que le rapport +n'apporterait rien au dossier+", rappelle
lundi RSF.
Depuis l'ouverture du procès
en juillet 2020, plusieurs témoins ont été entendus, dont trois employés turcs
du consulat d'Arabie saoudite où Jamal Kashoggi a été assassiné, alors qu'il
venait chercher des papiers nécessaires à son prochain mariage.
Mais le fait que
"l'accusation et la cour n'ont toujours pas examiné les liens qui
pouvaient exister entre ce meurtre et (MBS) ne laisse pas d'inquiéter",
insiste RSF, qui se demande si la justice turque sera "capable de rendre
justice en dehors de toute influence politique".
L'organisation évoque par
ailleurs la prochaine audience, mercredi à Ankara, consacrée au meurtre de
l'éditorialiste du journal kurde Özgür Gündem, Musa Anter, en septembre 1992,
alors qu'il ne reste qu'un an, 29 ans après les faits, avant qu'ils ne soient
prescrits.
"Bien que l'Etat turc
ait reconnu son implication dans le meurtre de Musa Anter et présenté ses
excuses en 1998, justice ne sera probablement jamais rendue", regrette RSF
qui dénonce "l'influence politique exercée sur le processus judiciaire en
Turquie", pays dans lequel "près de 40 journalistes ont été tués ou
ont disparu depuis les années 1990".
"L'impunité pour les
crimes contre des journalistes demeure un problème", plaçant la Turquie au
153e rang sur 180 pays du Classement mondial de la liberté de la presse établi
par RSF en 2021. (AFP, 22 nov 2021)
Journalist
Nurcan Yalçın sentenced to 3 years, 7 months in prison
Journalist Nurcan Yalçın
has been sentenced to 3 years and 7 months in prison for "aiding an
illegal organization" and "propagandizing for a terrorist organization."
She was indicted as part
of an investigation into the Rosa Women's association. The prosecutor demanded
a prison sentence of up to 22 years for the journalist.
The Diyarbakır 9th Heavy
Penal Court today (November 22) sentenced Yalçın to 2 years 1 month in prison
for "knowingly and willingly aiding an illegal organization while not
being a member of it" and 1 year, 6 months and 22 days for
"propagandizing for a terrorist organization."
It deferred the
announcment of the verdict for the "propaganda" crime.
What
happened?
In October 2020, the
Diyarbakır Chief Public Prosecutor's Office indicted Nurcan Yalçın as part of
an investigation into the Rosa Women's Association.
The prosecutor cited
Yalçın's membership in the association and statements by anonymous witnesses as
evidence of her alleged crimes.
An anonymous witness
identified by the code "ZS35SN58UV52PG10" had told the Diyarbakır
anti-terror police that "I know this person is a journalist and works for
an agency that shares news about the [terrorist] organization in favor of the
organization."
(BIA, 22 November 2021)
Burhan Sönmez, rescapé des prisons turques, nouveau président de PEN
Véronique
Kiesel, Le Soir, 19 novembre 2021
Pen
international, association mondiale d’écrivains luttant pour la liberté
d’expression, célèbre cette année son 100e anniversaire. Une occasion en or
pour rencontrer son nouveau président, l’écrivain turco-britannique Burhan
Sönmez, auteur de magnifiques romans.
Vous êtes
Kurde, Turc, écrivain, avocat défenseur des droits humains, et vous avez été
emprisonné pour des raisons politiques : le parfait CV pour cette fonction ?
(Il rit.)
Oui ! Parfois, on n’a pas besoin de résumé de carrière : les informations sur
votre passé sont assez éclairantes. C’est comme quand on crée un personnage
pour un roman. On lui donne un nom, des caractéristiques, une personnalité, qui
débouche sur un destin. Parfois, on a soi-même l’impression d’être le
personnage d’un roman…
En tant que
président du Pen, quel sera votre principal combat ?
Au fil de
notre histoire, Pen a promu la littérature à travers le monde et défendu la
liberté d’expression. En marquant notre solidarité avec les écrivains en danger
ou en prison. Mais les menaces sur la liberté d’expression évoluent : il y a
toujours la répression menée par des Etats, la police, les prisons. Mais
désormais, il y a en plus la manipulation via les fake news, la pression des
médias sociaux, la surveillance omniprésente par caméras ou à travers votre
carte bancaire. Je ne sais pas toujours ce que je vais faire le lendemain, mais
de grosses entreprises aux Etats-Unis le savent, elles. Elles connaissent mes
déplacements, savent ce qui m’intéresse. Tout cela a changé nos vies et les
écrivains doivent écrire en gardant cela en tête.
Que
pouvez-vous faire pour ces écrivains en grand danger ?
Chaque
année, de nouvelles crises surgissent : Turquie, Nicaragua, les Ouïghours en
Chine. En 2020 s’y sont ajoutés la Birmanie, la Biélorussie, l’Afghanistan.
Chaque année, Pen met en avant une liste de 500 cas de journalistes et
écrivains en grand danger. Nous agissons en écrivant des messages de soutien sur
Twitter, en manifestant devant les prisons pour réclamer la libération de nos
amis, en rencontrant des diplomates. Tout est envisageable : nous avons une
longue expérience de ce type d’actions, depuis 1933. Pen, qui n’avait que douze
ans, a commencé à travailler sur la sauvegarde de la liberté d’expression lors
de la montée du nazisme.
Vous-même,
vous avez vécu l’oppression, en subissant la détention et la torture pour
raison politique en Turquie, avant de revenir à la vie grâce à l’ONG
britannique Feedom from Torture…
J’ai
d’abord été arrêté et torturé quand j’étais membre d’un syndicat étudiant alors
que j’étudiais le droit à Istanbul. C’était peu après le coup d’Etat de 1980 en
Turquie : tout était interdit. Et puis, douze ans plus tard, j’étais devenu avocat
spécialisé en droits humains, et il y avait une large campagne d’assassinats de
civils, une guerre civile au Kurdistan, je défendais des gens qui étaient en
prison. Et je suis moi-même devenu une cible. J’ai été très gravement blessé.
J’ai été soigné en Allemagne, en Suisse, et finalement au Royaume-Uni, où j’ai
reçu l’aide médicale de cette extraordinaire fondation qui soigne les victimes
de tortures. Il m’a fallu sept ans pour me remettre : j’avais eu le crâne
fendu, un lourd trauma crânien. Ceux qui vous infligent cela veulent vous
détruire. Mais mon histoire montre que nous pouvons reprendre le contrôle de
notre destin : ce monde nous appartient. On ne va pas laisser les puissants
nous le voler.
Votre roman
« Maudit soit l’espoir » (Gallimard) se passe dans un cachot : on y suit
plusieurs détenus qui, entre les séances de torture, se racontent des
histoires, parlent d’amour et de beauté. Indispensable pour aller de l’avant ?
Oh oui ! Ce
roman est en partie basé sur mes souvenirs personnels, ce qui m’est arrivé
quand j’avais 19 ans. Mais ce n’est pas réellement autobiographique : cela
parle de ce qui peut arriver à mon frère, mon voisin, n’importe qui. Il ne
s’agit pas de journalisme factuel. En Turquie, ceux qui lisent ce livre ont
l’impression que c’est leur propre histoire.
Amin
Maalouf a écrit « Les identités meurtrières », celles qui séparent et font du
mal. Comment vous y retrouvez-vous avec vos différentes identités ?
Cette
question me poursuit puisque ma langue maternelle, le kurde, est interdite : je
ne peux pas envoyer mon fils à l’école dans cette langue. C’est douloureux.
Mais je ne veux pas me limiter à cette identité d’homme kurde blessé. Parce que
je suis en réalité un citoyen du monde : je connais la Belgique, j’aime la
littérature française et russe, les films polonais. Je suis tout cela. Le
danger d’une seule identité, c’est qu’elle crée des murs comme ceux d’une
prison autour de nous. Il faut les abattre, nous voir, partager, échanger avec
les autres, dans le respect et l’égalité, pour créer une liberté sans limite.
Quelle est
votre relation avec la Turquie ? On sent dans vos écrits un côté amour/haine…
Un pays où
on est né, on l’aime toujours. Même quand on le quitte, il reste en vous. Je
l’aime malgré tout ce qui s’y passe politiquement. J’ai le double passeport
britannique et turc. Pendant dix ans, je n’ai pas pu y retourner mais
maintenant, je vis entre Cambridge et Istanbul et je passe mon temps dans les
tribunaux, les prisons, pour visiter mes amis. Défendre des citoyens, c’est aussi
sauver un pays des abus commis par des politiciens.
Dans «
Maudit soit l’espoir », vous évoquez un double monde, celui de la surface et
celui du dessous, où se trouvent les cachots…
Quand on
parle de la Turquie, c’est souvent pour évoquer son mauvais côté, les prisons,
le système politique, la misère. Mais c’est aussi un beau pays. Les gens sont
bons, la vie y est agréable, nous avons tant à partager avec les citoyens
d’ailleurs. Toute cette douleur empêche de voir ce côté-là. C’est la même chose
avec la question kurde. Nous sommes 20 millions en Turquie, et nous sommes
privés de nos libertés. Il y a énormément de souffrances, mais nous avons de
grands musiciens, et une nouvelle génération de merveilleuses jeunes autrices,
de réalisateurs : il faut aussi parler d’eux. Oui, il y a un niveau souterrain
dans l’obscurité mais aussi, au-dessus, un côté lumineux...
Au fond,
vous êtes d’abord un poète ?
(Il
sourit.) Merci pour cette question : oui !
Les
écrivains doivent-ils parfois s’autocensurer, éviter de franchir certaines
lignes ?
Au
contraire ! Notre devoir, c’est d’aller où c’est dangereux, de déranger les
autorités, partout, et notamment en Turquie. Tous ces nouveaux auteurs sont
bien plus courageux que nous, ils franchissent ouvertement les limites, ce qui
me rend optimiste pour notre futur.
Quelle est
la vraie responsabilité d’un auteur ?
Créer
quelque chose de beau : la beauté apporte du plaisir et de la vérité, un sens
moral. Quand j’écris, ma plume est pleine de politique et de valeurs, mais je
n’y pense pas, je me concentre sur la beauté, car sans elle, les écrits
n’intéressent personne. Ou alors, on écrit des articles, pour dire la vérité
sur la société. Un écrivain part de son imagination, de ses rêves.
La
littérature peut sauver le monde ?
Oui, elle
existe depuis des millénaires et on continue à écrire des livres, à raconter
des histoires à nos amis, à chanter des chansons. C’est la principale source de
notre vie.
Charlie
Hebdo on trial in Turkey for 'insulting the President'
The trial of three executives and one
cartoonist of Charlie Hebdo satirical magazine began in the capital city of
Ankara today (November 18).
The defendants from the France-based magazine
are charged with "insulting the President" as per the Article 299 of
the Turkish Penal Code (TCK) over a cartoon on the cover page of the
magazine.
Accordingly, the trial held by the Ankara 2nd
Criminal Court of First Instance began in the absence of General Publishing
Coordinator Julin Serignac, Managing Editor Gerard Biard, Editor-in-Chief
Laurent Sourisseau and cartoonist Alice Petit, who face 1 to 4 years in prison
each.
Hearing adjourned until
June 2022
Today's hearing was also attended by Sami
Kabadayı, the lawyer of President and ruling Justice and Development Party
(AKP) Chair Recep Tayyip Erdoğan. After the presiding judge read out the
documents in the file, lawyer Kabadayı said that they pressed charges against
the defendants and expressed their requests for intervening in the proceedings.
Handing down its interim ruling, the court
board accepted the request for intervening in the case "in the face of the
possibility that [the intervening party] was harmed by the charged
offense" in question.
The court board also ruled that the result of
the letters rogatory issued by the Ankara Chief Public Prosecutor's Office to
take the defendants' open identities, addresses and defense statements should
be questioned. In the event that their identity and address information is
obtained, the defense statements should be taken, the court board ruled
further.
The next hearing will be held on June 1,
2022.
'People become miserable
at courts'
Speaking to bianet about the trial, Reporters
Without Borders (RSF) Representative to Turkey Erol Önderoğlu has said:
If authorities wonder why the Human Rights
Action Package has remained disreputable, the problem is not so far away. While
he can seek his rights by suing for damages, like everyone else, the President,
as per this special law [TCK 299] has been making journalists and citizens
miserable at courts due to their unfavorable opinions.
Önderoğlu has underlined that following the
first conviction of Turkey before the European Court of Human Rights (ECtHR)
over the Article 299 of the TCK (insulting the President of the Republic of
Turkey), "there is no need to be insistent on this obsession and
injustice."
Önerdoğlu
has demanded that the Article be abolished. (BIA, 18 November 2021)
Attack on
Kurdish musician Ahmet Kaya’s grave in Paris
The grave of Ahmet Kaya, who died in exile in
France's capital city of Paris 21 years ago tomorrow (November 16), has been
attacked. The grave of the late musician is located in Paris' Père Lachaise
Cemetery.
The perpetrator or perpetrators have been
unknown. However, the ones who visited the grave posted a video and said that
the attack was recent.
Ahmet Kaya was a Kurdish folk singer born in
Malatya on October 28, 1957.
On February 11, 1999, during the televised
annual music awards ceremony at which he was to be named Musician of the Year,
Kaya said that he wanted to produce music in his mother language Kurdish. He
also announced that he had recorded a song in Kurdish (Karwan, released on the
Hoşçakalın Gözüm album in 2001) and intended to produce a video to accompany
it.
Following this announcement, he faced massive
opposition, even an attack with forks, from some other artists and celebrities
in the event.
First, pop singer Serdar Ortaç started
singing a song with modified lyrics to boost nationalist feelings, then, people
in the ceremony started singing 10th Year March. Later, Kaya was attacked by celebrities.
His wife Gülten Kaya describes the attack as
"All of a sudden, all of those chic women and men turned into monsters,
grabbing forks and knives and throwing them at us, insulting, booing. Imagine
the atmosphere changing in just five minutes, almost a Kafkaesque
transformation."
The incident led to a prosecution case which
made him leave Turkey. In March 2000, he was sentenced in absentia to three
years and nine months in prison on charge of "spreading separatist
propaganda."
He died from a heart attack in Paris on
November 16, 2000 at the age of 43, and is buried in Père Lachaise Cemetery in
Paris.
In late
2013, when President Abdullah Gül was the President, Kaya posthumously won the Presidential Grand Award in Music "for his
ability to bring people from different backgrounds together through his music,
his unique style and his discourse." (BIA, 15 November 2021)
Report condemns 'increasing violence, threats of security
forces against journalists’
The Progressive Journalists Association (ÇGD) has released its
42nd monthly Media Monitoring Report, in which it has recorded the
practices that hinder the work of journalists such as censorship,
threats-violence, detention-trial, loss of personal rights and
manipulations in news.
The ÇGD has presented the report
to the public in a press statement titled "You think you break us, we
come back stronger!"
"Ongoing practices of pressure and intimidation against
journalists continued in October. In recent months, access bans to
certain news have been increased," reads the press release of the
Association, briefly sharing the following observations with the public:
Fines, trials, violence
"Authorized institutions,
especially the courts, did not hesitate to take these decisions
ignoring the freedom of the press.
"Within the scope of our findings, access bans were imposed on
19 news pieces published in 37 media outlets.
"RTÜK has been acting as one of
the
important authorities in these obstacles as the media watchdog issued
an investigation on FOX TV's news program, 'Alarm Clock with İsmail
Küçükkaya' because Küçükkaya hosted former HDP Co-Chair Selahattin
Demirtaş's wife Başak Demirtaş in his show. RTÜK also issued penalties
to television channels Halk TV and Tele1.
"Last month, 30 journalists
appeared
in court in 20 cases. While the vast majority of these cases were
postponed, a journalist was sentenced to 11 months and 20 days in
prison. Journalists were subjected to physical violence during news
coverage and received death threats.
"One of the threats occurred
during
the 10 October Ankara Station Massacre commemoration. ANKA News Agency
reporter Tamer Arda Erşin was insulted and threatened to be killed by a
police officer whose job was to take security measures during the
commemoration.
On the occasion of this latest
incident that happened to our colleague, we felt obliged to emphasize
what journalists are experiencing especially while following social
events. Journalists are battered or threatened by members of the police
in all of the social events in Ankara, the capital of the Republic of
Turkey, without exception.
"It is also a fact that there
has
been an increase in the violence and threats of the security forces
after the decision signed by Mehmet Aktaş, the General Director of
Security, which prevents the recording of sounds and images during
social events. We observe that these intimidation practices are
implemented especially against members of certain media outlets and
this issue strengthens our impression that security forces take special
initiative to prevent press members from practicing their profession.
"What we say to the 'security
forces' who prevent us from doing our job by intimidation is that 'you
think you break us, but we came back stronger!'
'We will continue to record
every mistake'
"In the notes reflected in our
report in October, one of the details that should be underlined
compared to previous months was the developments in the 'Manipulations'
section.
"The difference between the
pro-government news agencies and opposition news agencies in their
understanding of journalism has become more profound in recent days.
Almost all events have been covered as an effort to justify government
actions by pro-government newspapers.
"This editorial outlook does not
hesitate to target social peace as it gives irreparable damage to
journalism. Those who trample the professional principles of journalism
under their feet every day with their publications should not forget
that the past will not be forgotten; we will continue to record
every
(BIA, 11 November 2021)
Nobel laureate Orhan Pamuk
investigated again over his book ‘Nights of Plague’
The Criminal Judgeship of Peace has accepted the appeal
against the decision of non-prosecution given for a criminal complaint
against Orhan Pamuk, a Nobel laureate in literature, over his novel
"Nights of Plague" (Veba Geceleri). With the appeal accepted by the
judgeship, the prosecutor's office has once again launched an
investigation against the novelist.
As reported by T24 news website, Tarcan Ülük, a lawyer from
the İzmir Bar Association, applied to the İzmir Chief Public
Prosecutor's Office and alleged that Orhan Pamuk, in his book "Nights
of Plague", insulted Mustafa Kemal Atatürk, the founder and first
President of the Republic of Turkey, and the flag of Turkey, thereby
provoking the public to hatred and hostility.
Ülük also cited Orhan Pamuk's remarks to a newspaper from
Switzerland in the period when he received the Nobel Prize in
Literature.
While the İzmir Chief Public Prosecutor's Office launched
an investigation, the file was sent to the İstanbul Chief Public
Prosecutor's Office as the publishing house of the book is located in
İstanbul.
In his statement at the prosecutor's office, Pamuk said
that "he did not write texts implying Veteran Mustafa Kemal Atatürk in
his book." Sharing details about the book's content, Pamuk did not
accept the charges.
Accordingly, the prosecutor's office concluded that there
was no direct insult at Atatürk in the book and the character in the
book is described as a person loved by people. The file ended in
non-prosecution.
Lawyer Ülük appealed against this decision.
Examining the appeal, the Criminal Judgeship of Peace on
Duty has said that there are some remarks in some parts of the book
that can be characterized as insulting and that Orhan Pamuk should be
put on trial as part of the file in its current form. The judgeship has
accepted Ülük's appeal. (BIA, 8 November 2021)
Poursuites contre 30
internautes après des messages sur la santé d'Erdogan
Des poursuites judiciaires ont été lancées contre trente internautes
ayant publié des messages "mensongers" et "infondés" sur l'état de
santé du président Recep Tayyip Erdogan, ont annoncé mercredi les
autorités turques.
"Il a été constaté que le hashtag #mort a été lancé sur le réseau
social Twitter, avec des références à notre président", a indiqué la
Direction générale de la Sécurité dans un communiqué.
"Sous le hashtag susmentionné, 30 personnes considérées comme ayant
partagé des contenus de désinformation (...) ont été identifiées, et
les procédures judiciaires nécessaires ont été engagées contre elles",
a-t-elle ajouté.
La santé du président Erdogan, âgé de 67 ans et au pouvoir depuis près
de deux décennies, fait l'objet de spéculations régulières en Turquie.
Plusieurs vidéos publiées ces dernières années sur les réseaux sociaux
ont montré le président turc semblant affaibli, l'une le montrant
descendre des marches avec difficultés.
En réponse à ces messages, le responsable de la communication de la
présidence turque, Fahrettin Altun, a publié mercredi sur Twitter une
vidéo de douze secondes montrant M. Erdogan déambuler calmement, une
vidéo aussitôt relayée par les soutiens du président.
L'agence de presse étatique Anadolu a également diffusé mercredi une
vidéo donnant à voir M. Erdogan debout lors d'une réception dans son
palais présidentiel. Le président turc doit y recevoir dans la journée
quatre ambassadeurs.
La précédente apparition publique de M. Erdogan remontait à dimanche,
au G20 de Rome, où le président turc a notamment rencontré le président
américain Joe Biden. M. Erdogan a annulé sa participation à la
conférence climat de l'ONU (COP26) à Glasgow (Royaume-Uni), où il était
attendu lundi, invoquant des motifs de "sécurité".
En 2011, Erdogan, alors Premier ministre, avait été opéré à l'intestin,
alimentant les spéculations sur son état de santé. Un de ses médecins
avait démenti dans la foulée que le président ait un cancer. (AFP, 3
nov 2021)
Osman Kavala’s
fourth year in prison
Held in Silivri Prison in İstanbul for 1,463 days, Osman Kavala has
sent a message in the fourth year of his imprisonment.
"On November 1, Monday, my fourth year under detention was completed,"
he has said, underlining that during this period, he was "deprived of
his capability to live his own life." Kavala's full statement is as
follows:
"On November 1, Monday, my fourth year under detention was completed.
During this period, not only was I deprived of the capability to live
my own life, but also my image was severely distorted as I was
personally targeted and pictured as a 'dark' and 'evil' person in the
public eye.
After losing four years of my life and becoming an 'issue of the
country', the only aspect I can find solace in is the possibility that
the process I experienced could contribute to confronting the crucial
problems in the judiciary of Turkey, thus, those who will be brought to
justice in the future could receive a fairer treatment. (BIA, 2
November 2021)
58 journalists faced
up to 896 years in prison in Turkey in October
The Journalists' Association has shared the results of its monthly
report on trials and violations of rights faced by journalists in
Turkey.
According to the report titled "Cost of Journalism" (Haberin Bedeli)
and issued as part of a project led by journalist Hayri Demir,
journalists were once again subjected to trials, pressure, threats and
attacks.
The report has shown that 34 separate hearings were held in nine
provinces in October and at least 58 journalists appeared before the
judge.
As part of these trials, the journalists faced a life sentence as well
as 272 years, 6 months to 896 years, 6 months 15 days in prison and
non-pecuniary damages of 200 thousand Turkish Lira (TRY).
According to the report, the journalists were faced charges as per the
Anti-Terror Law (TMK) the most: While 27 journalists faced the charge
of "being a member of a [terrorist/illegal] organization, 11
journalists were charged with "propagandizing for the organization",
seven journalists were charged with "violating the Law on Meetings and
Demonstrations" and four journalists were charged with "insulting the
President".
The report has indicated that 10 journalists were acquitted while
journalists were sentenced to 2 years, 5 months, 12 days in prison and
a fine of 16,600 TRY in total in the three trials that were finalized
in October.
Emphasizing that the pressure on journalists is not limited to the
ongoing trials, the report has underlined that new investigations were
launched against seven journalists and two journalists were taken into
custody during news follow-up in this period. Four journalists were
directly attacked and threatened in October, according to the "Cost of
Journalism" report. (BIA, 1 November 2021)
Turkish Writer Dogan Akhanli has died in exile
The writer and human rights activist Dogan Akhanli spent two and a half
years in prison in Turkey as a young man. When he had long been living
in Germany, Turkey even persecuted him with an international arrest
warrant while on vacation. Akhanli has now died.
The writer Dogan Akhanli is dead. He died after a short, serious
illness on Sunday in Berlin, as the spokesman for the German PEN center
confirmed. Akhanli had lived in Cologne for a long time and recently
lived in Berlin. He is to be buried in Cologne.
“As President I mourn the member of the German PEN, as a reader I mourn
a great writer, as a companion I mourn a campaigner for human rights,
peace and coming to terms with the crimes against the Armenians,” wrote
the incumbent German PEN President, the WELT journalist and Writer
Deniz Yücel.
Akhanli was born in Turkey in 1957 and has lived as an author in
Cologne since 1992. He had previously been arrested several times in
Turkey and had been in the Istanbul military prison for two and a half
years from 1985. In 2017 he was arrested while on vacation in Spain
because the Turkish state had searched him with an international arrest
warrant. But Spain refused to extradite him as an alleged terrorist to
Turkey. Akhanli was able to return to Germany after two months.
In his work with numerous novels and plays, Akhanli takes up the
genocide in Armenia. In 2018 he was awarded the European Tolerance
Prize for Democracy and Human Rights. In 2019 he received the Goethe
Medal from the Goethe Institute.
This honors the courage of the laureate to “assert himself with
artistic and journalistic work against political, religious or social
resistance”, it said in the laudation.
In addition to his literary work, Akhanli also campaigned for
understanding in his personal everyday life. Since 2002 he has been
organizing German-Turkish tours through a former Gestapo prison in
Cologne and giving lectures on “Anti-Semitism in the immigrant
society”, as the Goethe-Institut emphasized. (DPA, 31 october 2021)
La Grèce
refuse l'entrée sur son territoire de l'intellectuel turc Sevan Nisanyan
Les autorités grecques ferment la porte du
pays à Sevan Nisanyan. Ce linguiste turc d'origine arménienne fait
partie des très nombreux intellectuels en exil. Critique du pouvoir
turc, condamné à de la prison, il avait fuit son pays en 2017, dans la
foulée des grandes purges menées par le président Erdogan suite à un
putsch raté.
Marié à une citoyenne grecque, Sevan Nisanyan
vit depuis des années sur l'ile de Samos où il a ouvert une entreprise
et acquis de l'immobilier. Il bénéficiait du statut de réfugié en
Grèce, où il avait refait sa vie depuis quatre ans. Mais lundi dernier,
alors qu'il rentrait d'un voyage en Albanie, les autorités grecques lui
ont donc soudainement refusé l'entrée dans le pays.
« Les autorités grecques subissent probablement
des pressions de la part de la Turquie. Peut-être parce que je vis très
près de la Turquie ou peut-être est-ce à cause de mes vidéos sur
Youtube qui réunissent près de 20-25 000 personnes chaque mois ? J'y
exprime parfois des positions politiques ou culturelles qu'on pourrait
considérer risquées, se questionne le linguiste. Je ne comprend pas ce
qu'il se passe, c'est kafkaïen ».
Difficile de comprendre cette décision de la
Grèce qui pourrait être due à un cafouillage bureacratique. Mais les
raisons invoquées par Athènes sont lourdes de sens. « Quand on a
demandé des explications, on m'a dit que je représentais une "menace
pour la sécurité nationale de la Grèce", pour des raisons qui étaient
"top secrètes" », explique Sevan Nisanyan.
Sevan Nisanyan espère que ses avocats auront le
fin mot de l'histoire rapidement, pour qu'il puisse rentrer chez lui.
En attendant, la question reste ouverte : d'autres exilés turcs vivant
en Grèce - moins connus et médiatiques que lui - pourraient-ils faire
face à ce genre de difficulté ? (rfi.fr, 27 octobre 2021)
Ahmet Altan
récompensé par le prix Femina étranger
C’est une histoire d’amour et de liberté, un
magnifique roman de l’écrivain et journaliste turc qui nous avait
bouleversés avec ses textes écrits en détention et réunis sous le titre
Je ne reverrai plus le monde, prix André Malraux 2019 (à lire en
Babel), parus chez Actes Sud en 2019, tout comme ses précédents romans
Comme une blessure de sabre (2000) et L’Amour au temps des révoltes
(2008). Ses lecteurs savent à quel point Altan sait écrire sur les
femmes, et plus généralement dire la sensualité, le désir, la séduction
et l’amour. Ou le découvriront avec Madame Hayat, cette femme mûre,
espiègle, taquine, aux formes généreuses et attirantes dont le jeune
Fazil tombe éperdument amoureux. Mais un bonheur ne vient jamais seul,
et voici que paraît Sila, jeune étudiante en lettres, comme lui, et
dont il s’éprend aussi.
Ici, l’amour devient une métaphore de liberté,
c’est l’espace où, dans une société enfermée sur les interdits, chacun
peut s’évader, comme dans les livres. Son père l’aurait voulu ingénieur
agricole, mais Fazil ne rêvait que de littérature. Ce double hommage de
l’écrivain, qui fut emprisonné quatre ans pour implication présumée
dans le putsch manqué du 15 juillet 2016, et emprisonné à Istanbul
avant d’être libéré (avril 2021) sur ordre de la Cour de cassation de
Turquie, est d’autant plus fort que la liberté est en souffrance dans
son pays. Madame Hayat a déjà reçu le prix Transfuge dans la catégorie
« Meilleur roman européen » 2021, il est aussi sélectionné pour le prix
Médicis étranger et le prix Les Inrocks. (lepoint.fr, 25 octobre 2021)
Kurdish Question / Question kurde
Kobanî
trial | 'Legal defense is under grave threat'
The lawyers of the Kobanî
trial released a statement about the current state of the judicial process,
noting that "legal defense is under grave threat."
In the English version of
the statement shared with the public today (November 22), the HDP said,
"We call on all bar associations, professional organisations and colleagues
to support us, the lawyers of the case, and help us to speak out and fight
against the increasing threats and attacks perpetrated on defence lawyers and
the legal profession."
The trial over the
"October 6-8, 2014 Kobanî protests" is held at the Ankara 22nd High Criminal
Court in the capital city; there are 108 defendants, 21 of whom are arrested,
including former HDP Co-Chairs Figen Yüksekdağ and Selahattin Demirtaş,
Democratic Regions Party (DBP) former Co-Chair Sebahat Tuncel and HDP's Central
Executive Board members.
With the change of the
Presiding Judge on November 7, the lawyers requested that the periods of
hearings be rearranged and the trial be adjourned until 2 months later. The
lawyers did not attend the hearings in protest as these requests were not concluded
by the Presiding Judge.
'Constitution
is violated'
Recalling that the next
hearing of the trial will be held next Monday (November 29), the HDP made the
following statement:
"It is clear that,
with their statements and speeches, the ruling party and its partners,
spokespersons and members have created intense political pressure on the Ankara
22 High Criminal Court, which is hearing the Kobani case, and have thus
violated the Constitution.
The continuation of
proceedings without adequate breaks in order to reach a conclusion quickly, the
rejection of almost all demands made by the defence lawyers, and the sudden
change of the head of the court, all demonstrate the illegality of the
proceedings.
'Right
to a fair trial is violated'
"The Ankara 22 High
Criminal Court set a case schedule with two-week hearings and one-week breaks.
The politicians on trial, and we as their lawyers, have presented our excuses
to the court for not attending the hearings on the grounds that this scheduling
clearly violates the Right to a Fair Trial guaranteed in Article 36 of the
Turkish Constitution and Article 6 of the European Convention on Human Rights
(ECHR).
"In response, at the
hearing on 11 November 2021, the prosecution gave an opinion to file a criminal
complaint against the lawyers.
"The court gave an
interim decision, stating 'It has been
decided to reject the demand of lawyers and defendants for not attending the
hearings, and to notify for further actions the lawyers who once again did not
attend the hearings without a valid excuse'.
'No
one's freedom guaranteed where...'
"It is generally
understood that the right to a fair trial implies the freedom to seek justice.
In addition, defendants must be listened to, and their defence taken into
consideration by the court. They must be able to see all the evidence against
them and have the right to speak out against this evidence. And they must be
able to present and collect evidence for their defence.
In order to exercise these
rights, individuals have the right to choose their advocates and benefit from
the assistance of these advocates. This right is the most important part of the
right to a fair trial, and the lawyer performing the duty of defence is the
most important element in ensuring a fair trial. The defence lawyer also
performs the judicial function pursuant to Article 6 of the Turkish Penal Code.
"We would like to
reiterate that the legal profession provides the guarantee of the right to
defence, the right to a fair trial, and the freedom to seek justice. Bar
associations, as the professional organisations of lawyers, are also the
guarantee of human rights, freedoms and the rule of law.
"For this reason, no
one's freedom is guaranteed in a society where lawyers cannot be free and
effective. No person or institution should be able to prevent or threaten the
defence lawyer from performing his or her duty.
Call
to bar associations
"We call on all bar
associations, professional organisations and colleagues to support us, the
lawyers of the case, and help us to speak out and fight against the increasing
threats and attacks perpetrated on defence lawyers and the legal profession,
which are among the founding elements of the judiciary. The defence is under
grave threat.
"We, the lawyers of
the Kobani Case, reaffirm our determination to fight against these attitudes
and understandings. The public should be aware of our determination to defend
the state of law, the right to a fair trial, the possibility of defence, our
profession and the defendants.
"We invite every
defence lawyer and all Bar Associations to protect their professional honour
against these threats by the Ankara 22nd High Criminal Court and by the
prosecution and join a protest on 29 November at 10:00 in Sincan Prison
Campus." (BIA, 22 November 2021)
Omar Souleyman,
star de l'électro-folk syrienne, arrêté pour "terrorisme"
Le chanteur syrien Omar
Souleyman, qui a acquis une notoriété internationale en combinant musiques
traditionnelles syriennes et électro, a été arrêté mercredi par la police
turque pour ses liens supposés avec une organisation terroriste, a indiqué son
agent à l'AFP.
Le gouvernorat de Sianlurfa,
frontalier de la Syrie, a confirmé cette arrestation à l'AFP, sans autre
détail.
Son agent - qui a refusé d'être
nommé - a assuré que le chanteur, âgé de 55 ans, serait relâché "d'ici
quelques heures".
La star de l'électro-folk
syrienne est accusée d'"être membre de l'organisation terroriste
PKK/YPG", selon le quotidien pro-gouvernemental Yeni Safak et l'agence de
presse DHA.
Omar Souleyman, qui réside
en Turquie depuis plusieurs années, a été interpellé dans la ville de
Sanliurfa, à 50 km de la frontière syrienne.
Ankara considère les Unités
de protection du peuple (YPG), principale milice kurde en Syrie, comme une
émanation du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), classé comme
"terroriste" par la Turquie, l'Union européenne et les Etats-Unis.
Les tubes d'Omar Souleyman,
parmi lesquels "Warni Warni", qui totalise près de 100 millions de
vues sur YouTube, lui ont ouvert les portes de grands festivals internationaux,
dont le très couru South by Southwest (SXSW) au Texas.
Souleyman, qui a débuté sa
carrière en chantant dans les mariages en Syrie, apparaît dans ses clips avec
un keffieh rouge et blanc et d'épaisses lunettes de soleil noires.
Le chanteur à fui son pays
après le déclenchement de guerre civile en 2011 pour s'installer en Turquie, où
il a notamment ouvert une boulangerie. (AFP, 17 nov 2021)
Başak Demirtaş and her
doctor sentenced to prison
Başak Demirtaş, the spouse of jailed former Co-Chair of the
Peoples' Democratic Party (HDP) Selahattin Demirtaş, had been on trial
since March 3, 2018 on the grounds of "receiving a medical report
contrary to facts." The court gave its ruling yesterday (November 11).
As reported by Mezopotamya Agency (MA), the doctor who
issued
Başak Demirtaş's medical report (R.B.) and Başak Demirtaş herself were
sentenced to 2 years, 6 months each at the final hearing of the case
heard by the Diyarbakır 6th High Criminal Court.
Releasing a statement about the ruling, Başak Demirtaş's
lawyers have stated that Başak Demirtaş, having serious health problems
in the related time period, was examined and treated at the hospital on
November 4, 12, 16, 23, 25, 28 and 30 and December 7 and 9, 2015 on the
grounds of losing her unborn baby and disorders pertaining to this
incident and she underwent surgical operations on two of the
aforementioned days.
According to the statement of the lawyers, after it was
understood that the treatment would take long, Demirtaş voluntarily
took an unpaid leave in the second half of the 2015-2016 school year so
that another teacher could be assigned to her place and students would
not be aggrieved.
The lawyers shared the following information:
'The report was misdated'
"Başak Demirtaş, amid her ongoing health problems,
underwent a
medical examination at the Diyarbakır Kayapınar Family Health Center on
December 11, 2015 and a medical report foreseeing five days of leave
was issued in her name. However, the date of issue was erroneously
written as December 14, 2015 in the copy of the medical report which
was given to her and then submitted by her to the school administration.
"In order to reveal this mistake, examining the polyclinic
record book of the Family Health Center is enough. As a matter of fact,
in a copy of the polyclinic record book in the court file, it is
certain that Başak Demirtaş was examined and received the report on
December 11, 2015.
'Examining the record book would be enough'
"The court board ruled that the original version of the
polyclinic record book should be submitted to the court for examination
so that this open reality could be confirmed; however, the original
version of the polyclinic record book was not sent to the court. On top
of this, the court handed down its ruling without seeing the original
record book where the true date is written.
"While the truth is apparent, sentencing Başak Demirtaş as
a
result of such a trial is an openly unlawful and grossly unfair. That
the sentence is given in a period when Başak Demirtaş comes up and is
targeted is not a coincidence; it is the product of a mentality of
collective punishment.
"In spite of this situation, we will keep on waging our
legal
struggle. We still believe that the ruling will be overturned by the
Regional Court of Justice [appeals court] and justice will be served."
(BIA, 12 November 2021)
L'intervention de l'UE à la crise
des migrants avec le Bélarus
Restrictions de vol, proposition de rapatriement: l'Union européenne
s'est félicitée de "progrès" vendredi dans ses efforts visant à
endiguer l'afflux de migrants à sa frontière avec le Belarus, mais les
tensions sont montées d'un cran.
Soumis à la pression croissante des pays occidentaux qui l'accusent
d'orchestrer cette crise, Minsk a mené des exercices militaires
conjoints avec la Russie et prévenu qu'il riposterait "sévèrement" à
toute attaque.
Cette crise migratoire en Europe orientale suscite l'inquiétude
grandissante des pays occidentaux. Le président américain Joe Biden a
dit avoir fait part de sa "grande préoccupation à la Russie (...) et au
Belarus", quelques heures après une déclaration similaire de sa
vice-président Kamala Harris, en visite à Paris, qui a dénoncé
l'activité "très préoccupante" du président Alexandre Loukachenko.
L'UE accuse le Belarus d'avoir organisé l'afflux de milliers de
migrants à sa frontière avec la Pologne, en réponse à des sanctions
occidentales, et s'efforce depuis plusieurs jours d'enrayer ces
mouvements en stoppant des vols à destination de Minsk.
Première victoire, la Turquie, carrefour aérien majeur entre Europe et
Moyen-Orient, a annoncé vendredi que les Irakiens, Syriens et Yéménites
ne seraient plus autorisés à embarquer pour le Belarus à partir de ses
aéroports "jusqu'à nouvel ordre".
Peu après, le gouvernement irakien a indiqué qu'il s'employait à
enregistrer les migrants irakiens bloqués à la frontière entre le
Belarus et la Pologne qui voulaient rentrer "volontairement".
"Nous voyons des progrès sur tous les fronts", s'est réjoui vendredi le
vice-président de la Commission européenne, Margaritis Schinas.
La restriction sur les vols vers le Belarus montre que les initiatives
européennes "connaissent déjà un certain succès", a renchéri Berlin,
tandis que la France a appelé la Russie à intervenir auprès du Belarus
pour mettre fin au flux de migrants.
- Parachutistes russes -
Sous pression, M. Loukachenko peut pour l'instant compter sur le
soutien de son principal allié, le président russe Vladimir Poutine.
Des troupes aéroportées russes et bélarusses ont mené vendredi des
"exercices de combat" à proximité de la frontière entre le Belarus et
la Pologne. Deux soldats sont d'ailleurs décédés accidentellement, leur
parachute ne s'étant pas ouvert.
Ces manoeuvres, ainsi que le déploiement de militaires dans la zone
frontalière par Minsk et Varsovie, suscitent les craintes d'une
escalade dans un contexte plus global de lutte d'influence entre Moscou
et l'Occident en Europe orientale.
Bruxelles et Washington ont ainsi exprimé leur inquiétude vendredi au
sujet de mouvements militaires russes plus au sud, près de la frontière
russo-ukrainienne.
Après une réunion du Conseil de Sécurité de l'ONU jeudi, plusieurs
pays, dont les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni, ont accusé
Minsk de vouloir "déstabiliser" ses voisins.
L'an dernier, l'UE et les Etats-Unis avaient infligé des sanctions à
Minsk après la répression d'un mouvement de contestation déclenché par
la réélection jugée frauduleuse de M. Loukachenko, au pouvoir depuis
1994.
Bruxelles a indiqué que de nouvelles mesures punitives seraient
annoncées la semaine prochaine.
M. Loukachenko a menacé de riposter en stoppant le transit de gaz russe
vers l'Europe sur son territoire, mais le Kremlin a assuré que ses
livraisons se poursuivraient normalement.
- L'OMS "très inquiète" -
Sur le terrain, les migrants sont pris en étau entre les forces
bélarusses qui, selon Varsovie, les contraignent à avancer en tirant
parfois des coups de feu en l'air, et les gardes-frontières polonais
qui les refoulent sans ménagement.
Selon les gardes-frontières polonais, entre 3.000 et 4.000 personnes
sont coincées du côté bélarusse et "l'ampleur du problème ne diminue
pas". Avec parmi eux des femmes et des enfants, ils occupent des camps
de fortune par un froid glacial, n'ayant que des feux de bois pour se
réchauffer.
Vendredi, le directeur européen de l'OMS Hans Kluge s'est dit "très
inquiet" pour ces "milliers de personnes vulnérables qui sont bloquées
dans un no man's land (...), à la merci des intempéries, alors que
l'hiver approche vite".
Jeudi, une aide humanitaire d'urgence a pu être acheminée à certains
migrants, selon le Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR).
D'après le quotidien polonais Gazeta Wyborcza, 10 migrants sont morts
dans cette zone ces dernières semaines.
Le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki a accusé le régime de
M. Loukachenko de "terrorisme d'Etat" et estimé que son pays était la
cible d'une "guerre d'un genre nouveau", avec des civils utilisés comme
"munitions".
La Pologne, pays membre de l'UE et de l'espace Schengen, a déployé
15.000 militaires et érigé une clôture surmontée de fil de fer barbelé.
(AFP, 12 nov 2021)
Pour les migrants du
Kurdistan d'Irak, l'Europe comme bouée de sauvetage
"Notre vie est affreuse": les mots sont à la hauteur du désespoir de
Himen Gabriel qui ne voit plus aucun avenir au Kurdistan d'Irak. Il
veut rallier l'UE comme des milliers d'autres migrants massés à la
frontière du Bélarus et de la Pologne.
Longue barbe noire soignée et coupe à la mode, Himen, 28 ans, n'a que
son taxi pour survivre, faute d'horizon professionnel à Erbil, la
capitale du Kurdistan d'Irak. Il fera bientôt ses valises pour l'Europe
où il espère traverser la frontière avec la Pologne, pays membre de
l'Union européenne.
Ces derniers jours, la crise migratoire en Europe s'est focalisée sur
la frontière entre la Pologne et le Bélarus où les migrants sont au
centre d'un bras de fer entre Minsk et Varsovie.
Entre 3.000 et 4.000 d'entre eux, principalement des Kurdes, sont pris
au piège par un temps glacial à la frontière, où la présence de troupes
des deux côtés fait craindre une confrontation.
Mais, explique Himen Gabriel, l'épreuve du voyage n'est rien à côté de
la perspective de pouvoir "mener une vie tranquille" en Europe. De ses
quatre frères "tous diplômés, aucun n'a trouvé de poste dans le secteur
public parce qu'ils n'appartiennent à aucun parti politique",
affirme-t-il.
- Visa pour le Bélarus -
Le Kurdistan, région autonome du nord de l'Irak contrôlée depuis des
décennies par deux partis politiques, se présente comme un havre pour
sa stabilité et les investisseurs étrangers, mais il est régulièrement
épinglé par les défenseurs des droits humains.
Mercredi soir, le gouvernement régional a assuré vouloir s'attaquer aux
"causes profondes" de l'émigration en offrant notamment des
"perspectives professionnelles aux jeunes".
Trois mille Kurdes ont quitté la région ces trois derniers mois, et
1.600 d'entre eux ont rallié le Bélarus grâce à un visa de tourisme,
selon l'Association des réfugiés du Kurdistan.
Fouad Mamend, consul honoraire du Bélarus à Erbil, a indiqué à l'AFP
que les consulats d'Erbil et de Bagdad étaient "fermés depuis une
semaine à la demande du gouvernement irakien".
Selon lui, les Kurdes passent par des agences de voyage pour obtenir
les visas de tourisme et les billets pour les trajets indirects vers le
Bélarus, Minsk n'étant plus desservie par des vols directs depuis le
Kurdistan d'Irak.
Le Bélarus est aussi l'horizon immédiat de Hiwa Fariq
Mohammed, imprimeur à Souleimaniyeh, dans l'est du Kurdistan. Après
quatre tentatives infructueuses, il va de nouveau prendre la route de
l'Europe.
"Je veux partir à cause du manque de sécurité et de la situation
économique difficile", dit l'homme de 44 ans à l'AFP: "Je veux assurer
un avenir meilleur à mon fils et à ma fille".
- Gaz lacrymogène -
De son salon d'Erbil, Diler Ismael Mahmoud, 55 ans, n'en peut plus de
souffrir. Son fils Kilan, 25, ans est mort il y a un peu plus de dix
jours au Bélarus, alors qu'il prévoyait d'entrer en Pologne avec un
passeur.
"Il avait du diabète et une maladie de la moelle épinière", pleure M.
Mahmoud. Les conditions climatiques, le voyage, la marche ont tué Kilan
qui était parti avec deux frères, sa soeur, le mari de celle-ci ainsi
que leur enfant de cinq ans dans l'espoir d'arriver en Allemagne.
"Nous pensions que cette route était facile. Beaucoup l'ont faite et
ils disent que c'est une route sûre avec quatre heures de marche", se
remémore Diler Ismael Mahmoud. "Facile", au contraire de la route qui
passe par la Turquie, traverse la mer Egée, puis la Grèce et qui a
coûté la vie à des milliers de migrants.
Aujourd'hui, sa fille est soignée en Pologne après s'être cassée la
jambe pendant le voyage. Mais le reste de la famille est bloquée au
Bélarus. Tout comme cet homme interrogé par l'AFP au téléphone et qui a
demandé l'anonymat.
Arrivé avec sa famille à la frontière, le groupe de migrants avec
lequel il était s'est retrouvé face "aux soldats polonais" postés de
l'autre côté des barbelés. "Nous avons essayé de traverser, mais les
militaires ont tiré des gaz lacrymogènes pour nous forcer à reculer",
raconte-t-il depuis Minsk où il est retourné.
A Bagdad, le gouvernement d'Irak a dit son intention d'allouer 200.000
dollars au "ministère des Affaires étrangères (...) destinés à venir en
aide aux Irakiens bloqués au Bélarus, en Lituanie et en Pologne".
(AFP, 10 nov 2021)
Closure case | HDP submits
defense to Constitutional Court
The Peoples' Democratic Party (HDP) Law Commission held a
press conference about the preliminary defense submitted to the
Constitutional Court as part of the closure case on Friday (November 5).
The conference held on November 6 was attended by HDP Vice
Co-Chair responsible for Law and Human Rights Commission Ümit Dede, Law
Commission member - lawyer Maviş Aydın, Party Assembly member - lawyer
Doğan Erbaş and HDP MP - legist Mehmet Rüştü Tiryaki.
Lawyer Maviş Aydın indicated that they, as the HDP,
submitted a 173-page defense, except for its addendums, to the
Constitutional Court.
Aydın extended her thanks to all lawyers and academics of
law who worked together with the HDP in preparing the preliminary
defense.
The first indictment to close the HDP was returned by the
Constitutional Court to the Chief Public Prosecutor's Office of the
Court of Cassation on the anniversary of the last local elections on
March 31. The reason for returning the indictment was that "it did not
have legal characteristics."
With minor changes, the second indictment seeking the
closure of the party was submitted to the top court on June 7 and
having examined the indictment in the light of a report prepared by the
rapporteur of the case, the Constitutional Court accepted the second
indictment on June 21.
'Political ban for 451 people'
Taking the floor at the press conference, Ümit Dede
recalled that 451 people face political bans: "Their remarks and
actions have been cited as evidence for closing the party; even though
there is no request for a political ban on 69 people, the party is held
accountable for them."
Noting that the conditions for closing a political party
are indicated in the Constitution of Turkey as well as in the Law on
Political Parties, Ümit Dede underlined that the Constitutional Court
must first inspect whether these provisions are in compliance with the
Constitution. (BIA, 8 November 2021)
Call for an investigation
into "Turkey's use of chemical weapons in Kurdistan"
In a press release dated November 3, the Kurdish Friendship
Group in
the European Parliament have called for "international investigation
into Turkey's use of chemical weapons in Iraqi Kurdistan" territory.
The joint call has been signed by the Kurdish Friendship Group
Co-Chairs François Alfonsi (Greens/EFA, France), Andreas Schieder
(S&D, Austria) and Nikolaj Villumsen (LEFT, Denmark).
In their joint call, the parliamentarians have indicated that "more
than one hundred of MPs, journalists, intellectuals, women's right
activists, human rights activists and civil society members from Iraqi
Kurdistan alert the international community about the utilisation of
chemical weapons by Turkey's forces during military operations in Iraqi
territory."
Accordingly, they have called on the Secretary General of the United
Nations (UN), the Organization for the Prohibition of Chemical Weapons
and the UN office for Disarmament Affairs to "conduct investigations
and to send an independent commission."
"Turkey's policy of aggression against the Kurdish territories of Syria
(Rojava) and Iraq is increasingly brutal and systematically violates
international law," the Kurdish Friendship Group has said, adding that
"without a vigorous and urgent intervention, Turkey would be encouraged
in its practices that endanger peace in this part of the world."
"The Kurdish Friendship Group in the European Parliament support this
call and ask the international authorities to act quickly and send a
delegation to investigate," they have concluded the statement." (BIA, 5
November 2021)
"Human rights" call to Germany’s
new government by Demirtaş
In the fifth year of his imprisonment in Edirne Type F Closed
Prison
yesterday (November 4), former Co-Chair of the Peoples' Democratic
Party (HDP) Selahattin Demirtaş has answered the questions of Deutsche
Presse Agentur (dpa) of Germany via his attorneys.
Addressing the new government to be formed in Germany following the
federal elections in late September, Demirtaş has called on them to
show more interest in violations of human rights in Turkey.
"I hope that the new German government will pursue a policy holding
more onto European values and human rights," he has said.
As reported by DW Türkçe, Demirtaş has also underlined that the new
government should not see Turkey as limited to President and ruling
Justice and Development Party (AKP) Chair Recep Tayyip Erdoğan.
Noting that the closure case against the HDP is "part of the operation
of intimidation targeting the opposition", Selahattin Demirtaş has
argued that President Erdoğan "assigned judges and prosecutors for this
case" and "he keeps the judiciary under his control." Demirtaş has
said, "Seen in this light, it is impossible to hold a fair trial or
give a lawful ruling here."
Speaking about his own trial, Demirtaş has said that Erdoğan "does not
hesitate to show him his feelings of hatred and revenge."
In response to a question of the dpa, Selahattin Demirtaş has indicated
that "neither he nor his party has direct or indirect ties with the
Kurdistan Workers' Party (PKK)", emphasizing that the HDP is a
democratic political party which defends peaceful methods. (BIA, 5
November 2021)
No release in Kobanî
trial
The final session of the fifth hearing of the
Kobanî case was held at the Ankara 22nd High Criminal Court yesterday
(October 27).
In the trial over the "October 6-8, 2014 Kobanî
protests" where 108 people are facing charges, the court has rejected
all requests for release.
21 of the 108 politicians from the Peoples'
Democratic Party (HDP) facing aggravated life sentences, including its
former Co-Chair Selahattin Demirtaş and Figen Yüksekdağ, are currently
behind bars.
The fifth hearing of the trial was held in seven
sessions. The court board has announced its ruling and rejected the
requests for taking the European Court of Human Rights (ECtHR) ruling
of rights violation and immediate release for Selahattin Demirtaş as a
legal precedent.
The next hearing will be held on November 8.
'How could news be criminal evidence?'
Following the morning session of the hearing
where Selahattin Demirtaş also presented his statement, Ayla Akat Ata's
lawyer Çiğdem Kozan took the floor at the afternoon session. Kozan
recalled that her client is facing charges over her activities at the
Free Women's Congress (KJA).
Criticizing that the speeches held during the
Resolution Process for the Kurdish question, which lasted from early
2013 to mid-2015, are now cited as criminal evidence in the case file,
Kozan said, "As long as you consider what was said and done during the
Resolution Process, we will keep on expressing this from here" and
briefly added the following:
"An act of being a human shield is mentioned.
But my client, as a person who served in the Resolution Process, acted
in order to prevent conflicts as part of her responsibility. We once
again say that none of these can be cited as criminal evidence and
request their removal from the file.
"The only thing brought against the client as
part of the October 6-8 accusations is that she mentioned and shared a
tweet. It has already been clearly put forward by the ECtHR Grand
Chamber ruling that this tweet does not constitute a crime and it falls
within freedom of thought and expression. But your court looks
determined to not implement the ECtHR ruling."
Lawyer Çiğdem Kozan also criticized that news
reports published by the ANF have been added as criminal evidence to
the case file. She asked, "How could news being reported by a news
website be brought as a subject matter in a court case against the
client?"
'This is an operational case'
Taking the floor afterwards, lawyer Kazım
Bayraktar referred to the "Palace", the Presidential complex of
President and ruling Justice and Development Party (AKP) Chair Recep
Tayyip Erdoğan, as follows:
Our requests bounce back from the walls of the
Palace, but we will insistently keep making defense. We continue
indicating how operational a case this case is. They bounce back from
the walls of the Palace, but we will keep on making defense.
Lawyer Cihan Aydın also criticized the fact that
several public institutions are cited as complaints in the trial:
"The Public Prosecutor ruled that 276 people
should be involved in this case; in fact, this was executed in a police
investigation report. Do you know why the Erciş or Pertek Municipality
is involved in this case? You don't. We don't, either. Comply with the
minimum legal procedures."
'Right to make defense hindered'
Cemile Turhallı Balsak, the lawyer of Sebahat
Tuncel, Alp Altınörs and Ayşe Yağcı, took the floor and said that the
court board was acting in a way to not let the defendants exercise
their right to make defense:
"Tuncel has not yet made defense as to the
accusations against herself because this is impossible. We are talking
about a 3,530-page indictment. In reasonable conditions, it would take
months to read this indictment. The number of folders in this trial has
reached a thousand.
"The trial has been going on for six months. We
are talking about a case which started with 325 folders and multiplied
to 1,000."
Addressing the court board, the lawyer stated:
"It is you who should first know that it is impossible to examine
millions of pages of documents and who should hold the trial
accordingly. Shouldn't you first be reading them? How could a two-week
trial be held with a one-week recess in such a trial? Are there
conditions for this? No fair trial can be held in this situation.
The period of hearings has turned into
conditions of ill treatment. We demand the execution of a period of
hearings that will not be considered an interference with the right to
a fair trial.
Lawyer Şevin Kaya also said, "A one-week hearing
period is unacceptable. There are still people who have not yet made
their defense. There are politicians who have not examined the file.
You are trying to end the trial as soon as possible upon the
instructions given to you."
'Tuğluk should be released
Lawyer Serdar Çelebi, in his statement at the
hearing, raised concerns about the health of Aysel Tuğluk, the former
Vice Co-Chair of the HDP, who is currently arrested in the Kandıra
Women's Closed Prison:
"The Forensic Medicine Institution process is
still ongoing. She is not in a state to make defense in a healthy
manner, let alone staying in prison. This is also a humanitarian and
conscientious issue, apart from a technical one. [...] There is no
concrete evidence that will necessitate penalization in the file. We
request her release by considering these points." (BIA, 28 October 2021)
All events,
demonstrations banned in Dersim for 15 days
All events and demonstrations have been banned
once again in Turkey's eastern province of Dersim.
The Governor's Office of Tunceli has announced
that the ban will enter into force on October 25 at 12.01 am and
continue till 11.59 pm on November 8.
The following events to be held outdoors have
been banned in Dersim for 15 days: "Meetings and protest marches,
rallies, public meetings, protest demonstrations, sit-in protests,
hunger strikes, opening stands, petitions, concerts, festivals,
distributing leaflets and handouts, opening posters, lighting and
carrying torches, conferences, panels, cinevisions."
The ban to be in effect all across the province
"due to COVID-19" pandemic has been imposed as per the Articles 17 and
19 of the Law no. 2911 on Meetings and Demonstrations, the Articles
11/A and 11/C of the Law no. 5442 on Provincial Administration, the
provisions of the Law no. 1593 on Public Health and the decisions taken
by the Provincial Public Health Board.
All types of press statements where people
gather in groups shall take place on the condition that the local
authorities give permission, according to the statement, which has
added that only the events and demonstrations approved by the
governor's office and sub-governors offices can take place in the event
of notification 48 hours before the events. . (BIA, 26 October 2021)
Minorités / Minorities
A Istanbul, un trio de
musiciens fait chanter les déchets
Un bidon vide, une vieille
lampe et quelques cordes. A Istanbul, un trio fait chanter des objets sauvés
des décharges pour alerter sur la crise environnementale, dans un pays frappé
en 2021 par plusieurs catastrophes naturelles.
"Quand nous nous sommes
lancés, nous n'imaginions pas obtenir ce son", confie Roni Aran, l'un des
membres du groupe FungIstanbul, qui a commencé à créer des instruments à partir
de déchets en 2019.
"Nous étions tous surpris
du résultat et notre public aussi", ajoute le poly-instrumentiste dans le
studio du groupe, situé dans un quartier d'Istanbul surtout connu pour ses
garagistes.
FungIstanbul qualifie sa
musique, mélange de musique traditionnelle et de funk, de "Trash
Oriental".
Son arrivée sur la scène
musicale coïncide avec la montée des préoccupations environnementales dans la
population turque, en particulier chez les jeunes.
Une prise de conscience
accentuée en 2021 par des inondations meurtrières et des feux de forêt qui ont
réduit en cendres près de 200.000 hectares de forêts, plus de cinq fois la
moyenne annuelle.
Roni et ses deux amis, tous
musiciens professionnels, disent vouloir, à travers leur musique, promouvoir le
"upcycling", qui consiste à donner une seconde vie à des objets ou
vêtements destinés aux bennes à ordures.
"Je l'ai trouvé à côté
d'une poubelle. Heureusement, il était propre", sourit Roni en montrant un
grand bidon en plastique blanc transformé en caisse de résonance.
"Tout cela peut
paraître archaïque, mais il y a de la technologie derrière chacun de ces
instruments", fait valoir le musicien. Transformer des déchets en
instruments performants nécessite du temps et de l'imagination.
- Catastrophes en chaîne -
L'accent mis par le trio sur
le recyclage des ordures a une résonance particulière à Istanbul, monstre
urbain de 16 millions d'habitants bordé au sud par la mer de Marmara, dont des
pans entiers ont été recouverts au printemps d'une épaisse couche de mucilages,
mousse visqueuse et pestilentielle.
Selon les scientifiques, ces
mucilages, qu'il a fallu des mois à éliminer, sont la conséquence, entre
autres,d'années de négligence dans le traitement des déchets industriels.
Cette pollution, ajoutée aux
feux de forêts et aux inondations de l'été, qui ont causé près de 100 morts,
ont poussé le gouvernement du président Recep Tayyip Erdogan à ratifier début
octobre l'Accord de Paris sur le climat, que la Turquie avait signé en 2016.
Dorénavant, les Turcs
doivent demander des comptes à leur gouvernement et s'assurer que les accords
qu'il signe "ne restent pas lettre morte", juge Herman Artuc, un
autre membre du groupe.
"Le réchauffement
climatique, la pollution marine... toutes ces catastrophes nous rappellent
l'urgence à trouver une solution avant que nous n'atteignions le point de
non-retour", estime le percussionniste.
- "Une cause plus
importante" -
Spécialiste du jazz latino,
Herman Artuc a remisé ses percussions et tape désormais sur des mannequins en
plastique pour produire des sons sourds.
Le groupe, qui a enregistré
deux titres dans sa série "Trash Oriental", travaille à un troisième
pour lequel il n'utilisera que des déchets métalliques.
Les trois Stambouliotes sont
encore novices, comparés au groupe colombien Latin Latas fondé il y a dix ans,
qui transforme lui aussi des déchets en instruments pour chanter des odes à
l'environnement.
Le trio turc souffre encore
régulièrement d'incidents sur scène, sans que ses fans ne lui en tiennent
rigueur.
"Des instruments se désaccordent
parfois au milieu d'un concert", reconnaît Roni Aran.
"Mais vous pouvez
réchauffer l'ambiance en disant +attendez! je vais le ré-accorder+ et le public
l'accepte, parce que ces instruments servent une cause plus importante". (AFP,
18 nov 2021)
Motion for
parliamentary inquiry into 1942 Wealth Tax on minorities
Peoples' Democratic Party (HDP) deputy Garo Paylan
has
requested a parliamentary inquiry into the Wealth Tax, which was
introduced in 1942 mostly for the country's minorities, including
Armenians, Rums and Jews.
"The Wealth Tax, which caused many deaths,
poverty,
and ... was one of the most important practices that destroyed hope of
equal citizenship for minorities, has still not been investigated," he
said at the parliament yesterday (November 11).
Government officials who prepared and
implemented
the Wealth Tax Law and the losses of lives and property caused by it
should be determined, Paylan said in his motion.
Material and spiritual losses of the people
should be compensated so that the country can confront its past, he
said.
Turkey's parliament unanimously passed the Wealth
Tax
Law on November 11, 1942. It stipulated exorbitant capital taxes for
Christians and Jews.
It intended to create a "Turkish bourgeois,"
Paylan
said and recalled then PM Şükrü Saracoğlu's remarks as to why they
enacted the law:
This law is also a revolutionary law. We have an
opportunity that will gain us economic independence. We will completely
eliminate the foreigners that dominate our market and hand over the
Turkish market to the Turks.
This law shall be applied with all its force on
those
who refrain from fulfilling their duty towards this country in this
delicate moment even though they got wealthy by benefiting from the
hospitality shown by this country.
Eighty-seven percent of those held liable for
the
Wealth Tax were Christians and Jews, who made up three percent of the
country's population at the time, Paylan noted.
The government collected 315 million Turkish
liras of tax and Jews and Christians paid 285 million lira of them, he
added.
Also, those who failed to pay the tax were sent to
labor camps in Sivrihisar district of Eskişehir and Aşkale district of
Erzurum after January 1943.
"Thousands of our citizens, including my
grandfather,
were sent to the camps in Ankara," Paylan said, adding that at least 21
people lost their lives while working physically under hard conditions.
Among those who failed to pay the tax, only Jews
and Christians were sent to labor camps. (BIA, 12 November 2021)
The Turkish Parliament backs Erdogan's islamo-fascist expansionism in the
Caucasus
The Turkish parliament on Nov. 10 ratified a motion to extend the
deployment of Turkish troops in Azerbaijan for one more year.
All the parties in parliament, other than the Peoples' Democratic Party
(HDP), backed the motion which allows the Turkish military to carry out
cross-border operations in Azerbaijan for another year, from Nov. 17,
2021 until Nov. 17, 2022.
"Turkey, which has strongly supported Azerbaijan from the very
beginning of the process so that it can defend all its rights including
its territorial integrity on the basis of international law and
legitimate sovereign rights, is taking important initiatives for the
preservation and strengthening of peace and stability in the region and
for the construction and restoration of the economic infrastructure to
facilitate this," the motion read.
The Justice and Development Party (AKP) , Republican People's Party
(CHP), Nationalist Movement Party (MHP), and the Good Party (IYIP)
backed the motion on Wednesday.
The CHP had opposed a week ago to another motion extending the
deployment of Turkish troops in Irak et Syria for two more years.
The vote on Azerbaijan proves that the main opposition CHP keeps its
ultra nationalist stand by supporting the islamo-fascist Erdogan's
expansionist policy in the Caucasus.
Prolongation
d'un an de la présence des forces turques en Azerbaïdjan
Le Parlement turc a prolongé mercredi d'un an le déploiement des forces
de maintien de la paix turques en Azerbaïdjan, a rapporté l'agence de
presse officielle Anadolu.
La motion, votée au parlement mercredi, indique qu'un centre établi en
commun par les forces armées turques et russes pour surveiller le
cessez-le-feu entre l'Azerbaïdjan et son ennemi juré, l'Arménie,
"poursuit avec succès ses activités", selon Anadolu.
La Turquie est l'un des plus proches alliés de l'Azerbaïdjan et a
fermement défendu son droit à récupérer les terres qu'il a perdues au
profit des séparatistes arméniens pendant la guerre de 1988-1994.
L'année dernière, la Russie a contribué à la négociation d'un accord de
paix entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan, qui a mis fin à six semaines de
combats dans la région contestée du Nagorny-Karabakh.
Après le cessez-le-feu, le parlement turc a autorisé l'envoi de troupes
en Azerbaïdjan pour établir un "centre de maintien de la paix" avec la
Russie afin de surveiller la trêve.
Dans le cadre de l'accord conclu sous l'égide de la Russie, l'Arménie a
cédé à l'Azerbaïdjan des pans entiers de territoires dans l'enclave
contestée ainsi que dans les zones environnantes qu'elle contrôlait
depuis la guerre, dans les années 1990, et a autorisé le déploiement de
soldats de maintien de la paix russes dans la région. (AFP, 10 nov 2021)
Disappeared Chaldean
couple: Suspect released for second time
A suspect in the case of Hurmüz and Şimoni Diril, a Chaldean couple who
went missing in the southeastern Şırnak province in early 2020, has
been released for the second time.
Apro Diril was first remanded in custody after being detained on June
23. The court released him on September on but he was remanded in
custody again on October 2, after an appeal against his release by
prosecutors.
Apro Diril was released late yesterday once again. (October 31).
Hurmüz Diril (72) and his spouse Şimuni Diril (65), living in the
Syriac village of Mehre (Kovankaya) in Beytüşşebap district of
southeastern Şırnak province, went missing on January 11, 2020.
The deceased body of Şimuni Diril was found by her children some 800
meters away from the village on March 20, 2020, 70 days after they had
gone missing. The fate and whereabouts of Hurmüz Diril are still
unknown. (BIA, 1 November 2021)
Erdogan appelle
l'Arménie à améliorer ses liens avec Bakou avant Ankara
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a
conditionné mardi la normalisation des relations avec l'Arménie, son
rival historique, avec l'amélioration des liens entre Erevan et Bakou,
allié d'Ankara.
La Turquie et l'Arménie entretiennent des relations tendues, notamment
en raison du refus par Ankara de reconnaître comme génocide les
massacres d'Arméniens par l'Empire ottoman pendant la Première Guerre
mondiale.
La Turquie évoque une guerre civile en Anatolie doublée d'une famine,
dans laquelle 300.000 à 500.000 Arméniens et autant de Turcs auraient
trouvé la mort.
Ankara et Erevan n'ont jamais établi de relations diplomatiques et leur
frontière est fermée depuis les années 1990.
Les rapports entre les deux pays se sont encore durcis en raison du
conflit militaire qui avait opposé à l'automne 2020 l'Arménie et
l'Azerbaïdjan turcophone au Nagorny Karabakh, lors duquel Ankara avait
appuyé Bakou.
"Si l'Arménie fait preuve de la bienveillance sincère à l'égard de
l'Azerbaïdjan, alors il n'y aura pas d'obstacles à la normalisation des
liens entre la Turquie et l'Arménie", a déclaré M. Erdogan, en visite
en Azerbaïdjan.
"La Turquie va répondre de manière réciproque aux actes de l'Arménie
visant à construire une paix durable dans la région", a-t-il assuré,
lors d'une conférence de presse après avoir assisté à l'inauguration
d'un nouvel aéroport dans le district azerbaïdjanais de Fizuli.
En septembre, le Premier ministre arménien Nikol Pachinian a déclaré
que l'Arménie était "prête" à mener des pourparlers avec la Turquie
pour restaurer des relations entre les deux pays.
Lors du conflit de six semaines avec Bakou à l'automne 2020, l'Arménie
a dû céder à l'Azerbaïdjan d'importants territoires au Nagorny-Karabakh
qu'elle avait contrôlé depuis des décennies, en vertu d'un
cessez-le-feu négocié sous l'égide de Moscou qui a déployé des forces
de maintien de la paix dans la région.
Durant la guerre qui a fait quelque 6.500 morts des deux côtés,
l'Arménie a accusé la Turquie d'être impliquée directement dans les
combats, ce qu'Ankara dément.
En 2009, l'Arménie et la Turquie ont signé un accord visant à
normaliser leurs relations. Censé aboutir à l'ouverture de leur
frontière commune, le document n'a jamais été ratifié par Erevan qui a
abandonné la procédure en 2018. (AFP, 26 octobre 2021)
Politique intérieure/Interior Politics
Face à la crise le régime renie, ment et réprime
Ragip Duran, Chronique Turquie, 26 nov 2021
Le pouvoir d’Erdogan reçoit ces
dernières semaines les plus durs coups depuis sa fondation en 2002. Sur
la scène politique le Président a perdu l’initiative car desormais tout le
monde ne parle que de la période post-Erdogan: Entente entre les six
partis representés au Parlement sur le retour au système parlementaire
renforcé, le destin des anciens responsables du régime, les solutions pour
metre fin aux crises économiques, diplomatiques et sociales…
Face à la crise actuelle où la livre
turque ne cesse de perdre de la valeur, où certains produits ne sont plus sur
le marché et où les protestations de nuit des citoyens ont commencé, la réponse
des porte-paroles du pouvoir est assez bizarre et elle ne plus convaincante aux
yeux de la majorité des citoyens y compris les anciens electeurs de l’AKP:
Les représentants du Palais renient
l’existence d’une crise, inventent encore des théories de complot sur ‘’les
forces ténèbres étrangères qui veulent faire couler la Turquie’’ et
en même temps les forces de l’ordre répriment d’une façon assez violente les
manifestations improvisées des citoyens qui demandent la démission du
gouvernement.
‘’Le dollar américain est un
instrument des occidentaux qui veulent la faillite de notre chère nation’’,
‘’Au lieu d’acheter un kilo de tomate achetons juste 500 gr. D’ailleurs en
hiver le tomate n’est pas bon pour la santé’’, ‘’La montée de la valeur du
dolar américaine est superficielle et passagère vous verrez!’’ disent-t-il.
Le chef du groupuscule néo-fasciste
le Parti de la Nation, M.Dogu Perincek a une idée forte intérressante:
İnterdisons le dollar! A bas l’impérialisme US!
Erdogan parle encore de la
‘’Guerre de Libération Economique’’, slogan de l’an 2018.
Le pouvoir croit qu’il peut se sauver
des méfaits de la crise grâce à l’aide des Emirats Arabes Réunis (EAR). Le
Prince héritier de ce petit pays riche du Golfe a été reçu en grande pompe
cette semaine à Ankara et les deux partis ont signé plusieurs contrats dont les
contenus n’ont pas été révélés. SWAP entre les deux banques centrales, c’est à
dire Ankara qui reçoit des crédits ne suffirait pas en tout cas, selon les
experts à résoudre les grands problèmes financiers du régime. Le Prince peut
également acheter des terrains, des immobiliers et des grandes sociétés
publiques.
Erdogan et plusieurs de ses ministres
avaient à l’époque nommément accusé EAR de financier la Coup d’Etat du 15
juillet 2016. Aujourd’hui ils font tous l’éloge de l’Emirat.
‘’Tout cela sont bien les signes de l’effondrement de l’Etat. Le
système actuel n’est même pas capable de se défendre’’ estime le Prof. Eser
Karakas, économiste en exil.
People
protest economic crisis across Turkey, call on AKP to resign
Following the interest
rate cut of the Central Bank by 100 base points and the cabinet meeting of
President and ruling Justice and Development Party (AKP) Chair Recep Tayyip
Erdoğan the other day, the Turkish Lira (TRY) has suffered a depreciation of 15
percent at one night.
Only in November 2021, the
total depreciation of the TRY has hit 32 percent, which has also made it the
currency which has seen the highest depreciation in the world. Several people
have taken to the streets in this context and protested the economic crisis and
high cost of living.
Amid pressing demands of
the opposition for a snap election, the people have also called on the AKP
government to resign.
İstanbul
People held protest
marches and demonstrations in several districts of İstanbul yesterday evening
(November 23). The police blockaded the entrance points to Taksim Square in
case of a possible protest.
Workers' Party of Turkey
(TİP) members marched from Karaköy to the front of the Central Bank office in
İstanbul. Making a press statement there, the TİP members called on the
government to resign. (BIA, 24 November 2021)
Nouvelle initiative du chef de l’opposition turc
Ragip Duran, Chronique Turquie, 20 novembre 2021
Il
y a de plus en plus de signes qui montrent que le Président Erdogan
s’approche de la fin: La livre turque est en chute libre et l’économie
turque est au bord de la faillite. Le Parti gouvernemental n’est plus le
premier parti du pays selon tous les sondages d’opinion publique.
L’ensemble des partis de l’opposition parlementaire demandent urgemment
l’organisation des élections anticipées, alors que normalement les
élections presidentielles et générales doivent se tenir en printemps
2023. Enfin, Erdogan et ses porte parole n’ont plus de proposition
politiques, économiques ou sociales pour mieux diriger le pays. C’est
donc désormais les leaders de l’opposition qui prennent des initiatives
sur la scène politique.
Mme
Meral Aksener, Présidente de IYI parti (Le Bon Parti, droite
nationaliste, 36 députés sur 582) poursuit ses tournées en Anatolie pour
renforcer sa base électorale. M. Kemal Kilicdaroglu, Président du CHP
(Parti Républicain du Peuple, principale formation de l’opposition,
Kémaliste-nationaliste et Etatiste, 135 sièges), a de son coté lancé une
campagne basée sur le pardon et l’oubli du passé. En turc le mot
‘’Helallesmek’’ a une connotation religieuse et ne fait pas partie du
jargon politique. Ce mot désigne en même temps, ‘’guérir’’,
‘’pardonner’’, ‘’renoncer’’ et voire ‘’dire adieu’’. Citant des
événements sanglants et les groupes de citoyens réprimés par l’Etat , le
chef du CHP affirme qu’il va parler avec l’ensemble des victimes et
résoudre ainsi les conflits pour se mettre d’accord.
Cette
initiative, essentiellement pour gagner la sympathie des électeurs de
droite, n’a pas été bien accueillie par le pouvoir ni d’ailleurs par
l’opposition kurde et de gauche.
Les
responsables du pouvoir estiment que la liste énnoncée par
Kilicdaroglu est courte et insuffisante et qu’il faut ajouter
plusieurs autres événements sanglants et personnalités réprimés par le
pouvoir surtout à l’époque où le CHP était au pouvoir (1923-1950).
A gauche, il y a essentiellement deux objections:
- Ce
qu’il nous faut, c’est pas pardonner, guérir ou dire adieu mais
demander les comptes et faire face aux multiples actes illégales et
illégitimes du régime d’Erdogan. Les responsables des crimes doivent
rendre compte devant les tribunaux indépendants, disent-ils.
- Le
terme utilisé par Kilicdaroglu, est une expression religieuse qui n’a
pas sa place dans la terminologie politique d’un Etat laic. Ce terme
risque d’être conçu comme impunité.
Il
y a dans l’opposition parlementaire des personnalités qui soutiennent
l’initiative de Kilicdaroglu avec certains réserves. Mme Melda Onur,
ancienne députée du CHP, insiste sur trois dimensions, trois concepts
principaux:
1- Droit et Justice
2- Faire face aux vérités
3- Reconciliation et la paix
Certains
chroniqueurs des médias turcs croient que M.Kilicdaroglu a lancé cette
campagne pour bloquer une initiative du pouvoir dans le but d’interdire
le CHP. L’idée ou le scénario d’interdire la principale formation de
l’opposition a été exprimé par plus d’un journaliste très proche
d’Erdogan.
A
l’extrême gauche et chez les kurdes où Kilicdaroglu est considéré comme
un ‘’représentant typique de l’Etat profond turc’’, son dernier
manoeuvre est interprété comme une réconciliation sur la bas d’impunité
avec le régime d’Erdogan.
En
attendant le déroulement et les resultats de cette initiative de
M.Kilicdaroglu, tout le monde sait d’avance que ce genre de
reconciliation n’est pas du tout efficace sur le front de la lutte
contre la crise économique, sanitaire et diplomatique. (FIN/RD)
Ressemblances contradictoires
Ragip Duran, Chronique Turquie, 14 novembre 2021
· Les amis et ennemis de
Moustapha Kémal Ataturk
s’entendent au moins sur un point: Leur amour ou leur haine n’ont pas
une base rationelle. C’est l’idéologie officielle qui a crée les
partisans et opposants de Kémal.
La grande majorité de la population turque adore Moustapha
Kémal Ataturk, fondateur de la République né en 1881 à Thessaloniki et
mort le 10 decembre 1938 à Istanbul. Ses statues et ses photos sont
toujours présents surtout dans les bâtiments de l’administration. Son
nom est déjà inscrit dans la Constitution et il y a en plus une
loi
spéciale pour protéger sa mémoire. C’est donc essentiellement l’Etat
lui même et le pouvoir qui ont érigé cette culte de la personnalité.
Mais les couches populaires turques respectent également ce ‘’leader
qui a sauvé le pays’’. Une grande partie des gens de gauche apprécient
beaucoup Moustapha Kemal et le traitent comme un Grand Révolutionnaire.
Il y a quand même au moins quatre groupes qui font
l’exception dans la course pour faire l’éloge d’Ataturk:
- Les kurdes, car
il y a eu de grandes opérations (1925
et 1937) de ‘’nettoyage’’ contre les kurdes alors que Ataturk était
déjà Président de la République. De plus les kurdes d’aujourd’hui ne
sont pas du tout d’accord avec les thèses nationalistes voire racistes
de la période Kemaliste y compris la thèse et l’application de
l’Etat-Nation qui renie l’existence même des kurdes.
- Les islamistes,
car Ataturk avait lutté d’une façon
déterminé contre la réaction islamiste. Il avait interdit les foyers
des sectes, les écoles coraniques privées. Fervent defenseur et
architecte du laicisme à la turque, Ataturk faisait l’éloge de la
Science contre la propagande de la Croyance.
- Les minorités
non musulmanes de l’Empire Ottoman,
c’est à dire les arméniens, les grecs et les juifs. Moustapha
Kémal
croyait que l’Empire Ottoman était disloqué à cause des minorités non
turques et non musulmanes qui auraient agi comme la cinquième colonne
des puissances européennes. Plusieurs millions d’arménien, de grec et
de juif ont été chassés de leur pays natal, ont été massacrés ou bien
deportés.
- Enfin la gauche
radicale qui essaie de faire un bilan
équilibré estime que les défauts politiques d’Ataturk pèsent plus
lourds que ces qualités. Representant des classes dominantes, Ataturk,
selon la gauche marxiste, a fait tuer les dirigeants communistes de
l’époque, a su faire des alliances tactiques avec les puissances
étrangères et n’a pas été un fervent défenseur de la démocratie.
L’amour de la majorité pour Ataturk s’est encore renforcé
depuis 20 ans, c’est à dire depuis la prise du pouvoir par
Erdogan.
Car l’actuel Président turc désire être aussi populaire qu’Ataturk. Par
ailleurs Erdogan a plusieurs fois attaqué directement ou indirectement
l’héritage politique et la personnalité d’Ataturk. Il avait parlé de
‘’Deux ivrognes’’, référence subtile, cachée et malheurese à Ataturk et
à İnonu, son campagnon d’arme et le second Président de la République.
Aujourd’hui les opposants d’Erdogan ont l’air de présenter
Ataturk comme le leader de l’opposition actuelle. Ils comparent d’une
façon anachronique ces deux leaders qui ont très peu de point commun.
Par ailleurs les cérémonies et activités pour commémorer la mort
d’Ataturk ressemblent de plus en plus aux cérémonies religieuses du
Moyen Age. Ataturk est donc devenu un tabou, une idole presque divine.
Il serait un semi-dieu intouchable, parfait, excellent.
La raison est bien simple: Depuis 83 ans, l’Etat, la
sociète,
l’université, la classe intellectuelle turques n’ont pas su faire face
à leur propre histoire, à leur propre leader d’une façon objective. Dès
l’enfance, dès l’école primaire Ataturk est présenté comme un dieu par
l’idéologie officielle. Il serait toujours le guide suprême de la
nation turque.
Selon la loi sur les partis politiques en vigueur en
Turquie,
tous les partis sont obligés d’adopter les principes du Kémalisme. Très
vague idéologie Etatiste et nationaliste inventée après le décès
d’Ataturk par la classe militaro-politique qui a dirigé la Turquie
pendant environ 85 ans (1938-2002). Le drame politique de la Turquie,
c’est qu’aujourd’hui, les islamistes néo-liberaux, une pensée et
méthode d’action plus réactionnaire que l’opposition actuelle, désire
neutraliser le Kémalisme.
Faut-il rappeler que chez les islamistes, l’animosité
contre
Ataturk est dogmatique car irrationelle, exactement comme dans
l’adoration des pro-Kémalistes.
Enfin, Erdogan a pu rester pendant plus de 20 ans au
pouvoir
car l’opposition Kémaliste de son coté n’était pas aussi compétent
qu’Erdogan. İl y a des chroniqueurs en Turquie qui nomment le Parti
d’Erdogan comme des ‘’Kémalistes Verts’’, non pas environmentalistes,
mais verte couleur de l’Islam.
L’opposition officielle
turque dans la course pour l’anti-kurdisme
Ragip Duran, Chronique Turquie, 6 novembre 2021
L’équilibre entre les forces politiques du pays, c’est à dire le choix
des électeurs est entrain de changer au profit de l’opposition
officielle depuis au moins un an, constate presque l’ensemble des
observateurs.
En effet les résultats des sondages d’opinion publique montrent
clairement que le pouvoir du Président Erdogan s’affaiblit de jour en
jour. Par ailleurs plusieurs autres indices économiques (Chômage,
inflation, croissance, la valeur de la livre turque…etc…) sont les
signes de la crise.
Mais faut-il également observer que le front de l’opposition officielle
n’est pas très en forme depuis un certain temps. Composé de 6 partis
représentés au Parlement (CHP, İYİ, DEVA, Gelecek, Saadet et Demokrat
Parti) ce front est essentiellement une coalition anti-Erdogan. Des
Kémalistes, des socio-démocrates modérés, des libéraux, des
conservateurs, des islamistes tempérés, anciens cadres d’Erdogan et
ceux de l’extrême-droite se réunissent pour tracer une feuille de route
mais ils n’ont pas encore réussi à rédiger un programme commun. Ils
n’ont pas non plus de plan concret et détaillé pour gagner les
elections contre le Président actuel et pour reconstruire le pays après
le départ d’Erdogan.
Par ailleurs les membres de la coalition anti-Erdogan ont des idées et
positions très variées voire contradictoires sur le problème kurde.
Alors que récemment le CHP (Kémaliste nationaliste, 135 sièges sur 583,
principale formation de l’opposition Parlementaire) a voté au Parlement
contre un projet de loi qui autorise le gouvernement à réaliser une
opération militaire contre les kurdes en Syrie, les 5 autres partis de
l’opposition ont soutenu le projet. La Présidente de IYI Parti (Le Bon
Parti issu du MHP, extrême-droite, les Loups Gris, Droite nationaliste,
36 sièges, 5ème parti du Parlement) Mme Aksener a publiquement déclaré
qu’elle considérait le HDP (Parti Démocratique des Peuples, Kurdes et
gauches, 56 sièges, 3ème parti du Parlement) ‘’se positionner à coté du
PKK ‘’ (Parti des Travailleurs du Kurdistan, déclaré terroriste par
Ankara et par plusieurs capitales occidentales, est en lutte armée
contre le pouvoir central depuis 1984 pour la reconnaissance des droits
des kurdes).
M.Kemal Kilicdaroglu, Président du CHP n’a pas attendu longtemps pour
répliquer: ‘’Nous aurons notre propre système de lutte anti-terroriste.
Je vous le promets. Je vais complètement détruire ce nid qu’on apelle
Kandil (Le QG du PKK en Irak du nord). Sinon ne m’appelez plus
Kilicdaroglu. La lutte anti-terrorsite est une question de volonté, une
question de force’’ a-t-il déclaré mercredi dernier.
Cette dernière déclaration a intensifié encore plus les contradictions
entre la direction du CHP et les kurdes.
Le HDP, architecte et promoteur de la Troisième Voie depuis sa
fondation en 2012, desire être ni avec le gouvernement d’Erdogan ni
avec l’opposition officielle et veut former le front de la paix et de
la démocratie avec des organisations de gauche, des ONG et des citoyens
mécontents d’Erdogan mais également de l’opposition officielle.
Certains responsables du CHP et des partis de la droite nationaliste,
accusent le HDP de soutenir Erdogan, sans présenter aucun preuve
concret ou politique.
Le HDP n’est pas officiellement dans le front de l’opposition. Mais ce
fut grâce aux voix des électeurs kurdes que plusieurs grandes villes
ont été conquises par le CHP lors des dernières élections locales en
mars 2019. L’ensemble des spécialistes admettent que le HDP est le
parti clef du scrutin, car il représente entre 10 et 15 pc. de
l’ensemble de l’electorat.
‘’Il ne suffit pas aujourd’hui de se déclarer anti-Erdogan pour être un
vrai démocrate. De plus pour être de gauche, il faut publiquement être
du coté des kurdes et il faut lutter contre l’ensemble des politiques
de l’Etat nationaliste’’ estime Gunay Arslan, rédacteur en chef du site
d’information Nupel.
Erdogan renonce à la COP26
pour raison de "sécurité"
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a annoncé qu'il ne participerait
pas à la conférence climat de l'ONU (COP26) à Glasgow (Royaume-Uni),
invoquant des motifs de "sécurité", a rapporté lundi l'agence de presse
étatique Anadolu.
"Nous avons renoncé à nous rendre à Glasgow quand nos demandes n'ont
pas été satisfaites. Il n'en allait pas seulement de notre sécurité,
mais aussi de la réputation de notre pays", a déclaré le président turc
à des journalistes, à bord de l'avion présidentiel lors de son retour
du G20 à Rome.
"Nous avions des normes quant au protocole de sécurité (...).
Cependant, nous avons été informés au dernier moment que celles-ci ne
pouvaient pas être satisfaites", a détaillé M. Erdogan, selon des
propos rapportés par la chaîne turque NTV.
Initialement attendu lundi à Glasgow, M. Erdogan était rentré en
Turquie dans la nuit de dimanche à lundi, laissant planer un doute sur
sa participation à la COP26.
Selon plusieurs médias, dont le site Middle East Eye, le président turc
a renoncé à participer à la COP26 en raison de restrictions sur la
taille de la délégation turque et le nombre de véhicules officiels.
M. Erdogan - dont le pays est le dernier en date à avoir ratifié
l'Accord de Paris sur le climat - avait initialement prévu de
s'entretenir avec le président américain Joe Biden.
Mais les deux chefs d'Etat se sont rencontrés dimanche lors du G20 à
Rome, se promettant de mieux coopérer pour améliorer des relations
particulièrement tendues, selon Ankara et la Maison Blanche.
Le président turc s'est également entretenu à huis clos dimanche avec
la chancelière allemande Angela Merkel et le président français
Emmanuel Macron.
L'entourage d'Emine Erdogan, l'épouse du président turc, a fait savoir
lundi à l'AFP que les relations entre la Première dame turque et
Brigitte Macron étaient au beau fixe, en dépit des tensions régulières
entre leurs époux.
La Première dame française et Mme Erdogan ont échangé à plusieurs
reprises au cours du week-end, d'après l'entourage de la seconde.
Selon des photos communiquées par la présidence turque, Brigitte Macron
a également arboré à Rome, en présence de Mme Erdogan, un masque noir
orné d'une fleur brodée - cadeau que lui avait offert la Première dame
turque -, un geste interprété positivement par Ankara.s". (AFP, 1 nov
2021)
Un Président
se déclare Persona Non Grata
Ragip Duran, Chronique Turquie, 30 octobre
2021
Tout le monde le sait bien: Quand un monarque
n’arrive pas à résoudre les problèmes politique à l’intérieur de son
pays, il n’a qu’à inventer des problèmes à l’extérieur. Et faire
semblant de les résoudre. Ainsi la sacré union nationale peut se
renforcer autour de lui et le peuple qui souffre de faim, de carence de
liberté et d’abondance de répression oubliera tous ses malheurs
et soutiendra sous le drapeau national son monarque, protecteur des
intérêts nationaux!
En chute libre dans les sondages d’opinion, la
popularité du Président Erdogan accompagne la chute de valeur de la
livre turque. La crise sanitaire renforcée par la mauvaise gestion de
la pandémie de Covid-19 poursuit son chemin. Les relations
diplomatiques avec Moscou, Washington et Bruxelles sont de plus en plus
détériorées.
Les ambassadeurs de 10 pays (Etats Unis, France,
Allemagne, Danemark, Finlande, Pays Bas, Suède, Norvège, Canada et
Nouvelle Zélande) en poste à Ankara avaient publié un communiqué
conjoint le 18 octobre dernier dans lequel ils demandaient
l’application par le gouvernement turc des décisions de la Cour
Européenne des Droits de l’Homme et la libération de M.Osman Kavala,
homme d’affaire en prison depuis 4 ans.
La réaction du Président Erdogan fut
extraordinaire : ‘’J’ai donné l’ordre afin que ces dix ambassadeurs
soient déclarés le plus vite possible Persona Non Grata’’ !
Du jamais vu…Parmi ces 10 ambassadeurs 7
appartiennent aux pays de l’OTAN donc théoriquement des alliés
d’Ankara. ‘’Grande crise diplomatique !’’ ou bien ‘’Le
stade avant la déclaration de guerre !’’ titrent les quotidiens. Les
médias du gouvernement estiment que les représentants des pays
étrangers n’ont pas à intervenir sur les questions et comportements de
la justice turque. Alors que la Cour de Strasbourg avait déjà
pris la décision de la libération de M. Kavala.
Pendant au moins 72 heures il y a eu un silence
complet à Ankara. Les responsables des pays du bloc occidental
déclaraient qu’ils n’avaient reçu aucune notification officielle. ‘’Les
diplomates turcs essaient de convaincre M.Erdogan et lui expliquent les
méfaits de sa décision’’ disait-on dans les coulisses. Enfin une
solution a été trouvée. Les dix ont publié un communiqué d’une seule
phrase où ils rappellent qu’ils ‘’poursuivront à respecter les
dispositions de la Convention de Vienne’’. Le ministre turc des
affaires étrangères et les médias du gouvernement ont présenté cette
initiative comme ‘’une excuse, un retrait’’ des dix, alors que le porte
parole de la diplomatie américaine ainsi que les responsables des
9 autres pays ont clairement et nettement déclaré qu’ils
demandent encore et toujours au gouvernement turc de respecter les
règles du droit européenne et la libération de M.Osman Kavala.
Le Président Erdogan est donc devenu un leader
qui n’arrive pas a faire exécuter ses ordres.
Ce dernier élan du Président n’a pas changé
l’image d’Erdogan, affaibli, incompétent mais de plus en plus
agréssif.
‘’Cette dernière opération d’Erdogan a eu un
effet de boomerang. Maintenant c’est le Président turc qui
est devenu encore une fois Persona Non Grata aux yeux des
Européens. Il était d’ailleurs déjà exclu des cercles des leaders du
monde civilisé. Les relations entre le monde occidental et le
régime de l’Homme Unique étaient déjà mauvaises. Car il ne s’agit pas
uniquement de la crise des ambassadeurs mais les rapports politiques,
économiques, commerciales sont également au plus bas niveau. De plus,
la Turquie d’Erdogan qui a de moins en moins de rapport avec la
démocratie, s’éloigne de la mentalité, de l’idéologie, des valeurs
européennes’’ analyse un ambassadeur en retraite, en exile aux Etats
Unis. (FIN/RD)
Erdogan inaugure
un nouveau centre culturel à Istanbul
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a inauguré vendredi un nouvel
opéra dans le centre d'Istanbul qui a été édifié sur le site du Centre
culturel Atatürk dont la démolition a ému les franges laïques de la
société civile.
L'inauguration du nouvel opéra de 2.040 places a eu lieu à la date
symbolique du 98e anniversaire de la fondation de la république turque
par Mustafa Kemal Atatürk.
Le Centre culturel Atatürk, situé place Taksim, a eu une histoire
mouvementée. Ouvert en 1969, le Centre est presque aussitôt ravagé par
un incendie avant sa réouverture en 1978. Il devient alors le pôle de
la vie culturelle d'Istanbul, mais doit fermer en 2008 pour des travaux
de restauration qui n'auront jamais lieu.
M. Erdogan avait déclaré, lorsqu'il avait lancé le nouveau projet en
2017, que le nouveau bâtiment d'avant-garde donnerait une nouvelle vie
à la place Taksim, qui avait été le lieu de rassemblement phare des
manifestants protestant contre le gouvernement islamo-conservateur en
2013.
Les opposants au projet de démolition du Centre culturel Atatürk
avaient déploré la destruction d'un édifice qu'ils considéraient comme
un symbole de la République et de ses valeurs.
En mai, le président Erdogan avait inauguré la première mosquée sur la
place Taksim, consacrant ainsi une transformation du paysage urbain
dans le quartier.
Bien que la Turquie soit un pays à majorité musulmane, la construction
de la mosquée a été critiquée lorsqu'elle a commencé en 2017, certains
opposants accusant M. Erdogan de vouloir "islamiser" la société.
L'architecte du nouveau bâtiment de l'opéra, Murat Tabanlioglu, est le
fils de Hayati Tabanlioglu, l'architecte qui avait conçu l'édifice de
l'ancien Centre culturel Atatürk, signe que le gouvernement tient à
montrer qu'il ne foule pas aux pieds le passé.
La façade moderne recouverte de verre du nouvel édifice est aussi
semblable à celle de l'ancien.
Le nouveau complexe de 95.000 m2 abrite l'opéra, des salles de théâtre,
une bibliothèque de deux étages, un centre culturel pour les enfants,
des salles de cinéma et de concert, des lieux d'exposition, des cafés
et des restaurants.
Le London Philharmonic Orchestra doit se produire dimanche au nouveau
Centre, montrant que la musique occidentale figure au programme. (AFP,
30 octobre 2021)
Forces armées/Armed Forces
Le Niger va acheter du
matériel militaire dont des drones à la Turquie
Le Niger, qui combat depuis
des années les jihadistes, va acheter du matériel militaire à la Turquie, dont
des drones, des avions et des véhicules blindés, ont indiqué samedi les deux
pays.
"Le président Recep
Tayyip Erdogan a eu une conversation téléphonique avec le président du Niger
Mohammed Bazoum (...) Le président Erdogan a déclaré que le drone armé TB2,
l'avion de formation Hurkus et les véhicules blindés qui seront achetés par le
Niger à la Turquie augmenteront les capacités des forces militaires et de
sécurité de ce pays", selon un communiqué de la Radio et Télévision de
Turquie (TRT) dont une copie a été transmise samedi à la presse locale par la
présidence nigérienne.
Une source proche de la
présidence nigérienne a "confirmé" samedi à l'AFP "l'entretien
qui a eu lieu cette semaine au téléphone entre les présidents Recep Tayyip
Erdogan et Mohammed Bazoum".
Les deux présidents ont
évoqué "les prochains achats par le Niger de drones, d'avions militaires
ainsi que des blindés turcs", selon cette source.
Selon le communiqué de la
TRT, le président Erdogan "a exprimé ses condoléances" pour les
personnes tuées mardi dernier "dans les attaques armées" dans l'ouest
nigérien et "précisé que la Turquie soutenait les efforts du Niger pour
lutter contre le terrorisme".
Le président Erdogan
"s'est dit convaincu que le Niger poursuivra son étroite coopération dans
la lutte contre l'organisation terroriste guléniste (FETO)", bête noire du
régime turc, relève par ailleurs le communiqué de la TRT.
Le 16 novembre, 20 civils
ont été tués dans une attaque de jihadistes présumés dans le campement de
Bakorat dans la région de Tahoua (ouest du Niger), près du Mali, selon le
ministère nigérien de l'Intérieur.
Début novembre 2021, au
moins 69 villageois, dont le maire de la commune de Banibangou, ont été tués
par des jihadistes présumés dans la région de Tillabéri (ouest) également
proche du Mali.
Tillabéri - dans la zone
dite des trois frontières (Burkina Faso-Mali-Niger) - et Tahoua, deux régions
immenses et instables, sont le théâtre depuis 2017 d'actions meurtrières de
groupes armés liés à Al-Qaïda et au groupe Etat islamique (EI).
De plus en plus présentes au
Niger, les entreprises turques ont décroché plusieurs contrats dont un de 152
millions d'euros pour moderniser l'aéroport de Niamey, un autre de 50 millions
d'euros pour un hôtel de standing ou celui de 38 millions d'euros pour le
nouveau siège du ministère nigérien de Finances, au coeur de la capitale.
En 2019, la Turquie a
construit un hôpital de 100 millions d'euros à Maradi (centre-sud), troisième
ville du pays, proche du Nigeria. (AFP, 20 nov 2021)
Deux
organisations denoncent l'exportation des avions A400M vers la Turquie
Les organisations Vredesactie et CNAPD,
soutenues par Amnesty International in België, lancent aujourd'hui (27
octobre) une procédure auprès du Conseil d’Etat contre le gouvernement
flamand, qui exporte des armes vers la Turquie malgré les viols avérés
et répétés de deux embargos des Nations unies par l’armée de l'air
turque.
Depuis 2013, des entreprises belges d'armement
fournissent des pièces pour les avions de transport militaire A400M
notamment vendus à la Turquie. Cet avion joue un rôle central dans la
fourniture, par la Turquie, d'armes et de mercenaires pour les guerres
en Libye et en Azerbaïdjan, en violation des embargos internationaux
imposés à ces pays. Un rapport du groupe d'experts des Nations unies
publié en début d'année fait ainsi notamment état de 34 vols d'A400M
turcs vers la Libye.
Les entreprises d'armement belges Asco
Industries, Sabca, Sonaca et Safran Aero Boosters produisent des pièces
du moteur, des ailes et du train d'atterrissage des A400M turcs. Vu les
preuves qui se succèdent soulignant le viol des embargos internationaux
sur les armes, le fait que les entreprises d'armement belges continuent
à armer la Turquie est non seulement immoral mais aussi illégal.
En continuant à autoriser la fourniture de cette
technologie militaire à la Turquie, le gouvernement flamand agit en
violation du décret flamand sur le commerce des armes. Si le
gouvernement flamand ne veut pas se conformer à sa propre
réglementation et respecter les embargos des Nations unies, nous
n'avons pas d'autre choix que de lancer cette procédure au Conseil
d’Etat afin de viser la fin de ces exportations.
70 % de l’usage final des armes flamandes ne
sont pas contrôlés
Par cette procédure, Vredesactie et la CNAPD
dénoncent donc également le manque de contrôle sur l'utilisation finale
des exportations d'armes flamandes et belges. Officiellement, les
entreprises d'armement flamandes ne fournissent pas d'armes à la
Turquie, mais bien à une industrie de l'armement espagnole où les
pièces belges sont assemblées et exportées vers la Turquie. Le
gouvernement flamand accorde des licences d'exportation d'armes sans
jamais avoir pris en considération, malgré l’obligation qui lui
incombe, l'utilisateur final réel.
Ce n'est pas une exception. Des recherches
menées par l'Institut flamand pour la paix montrent que dans 70 % des
exportations d'armes flamandes, l'utilisation finale n'est pas
vérifiée. Le gouvernement flamand choisit d'exporter des armes sans
connaître l'utilisateur final réel. Ainsi, la technologie flamande en
matière d'armement aboutit dans des zones de guerre et est utilisée
pour des violations du droit international ou des droits humains. Les
considérations sur la sécurité, la paix et les droits de humains sont
oubliées au profit des seules considérations économiques.
Contacts presse: FR: Samuel Legros –
samuel.legros@cnapd.be – 0484 64 57 92
Moscou critique
l'usage d'un drone militaire turc en Ukraine
La Russie s'est indignée mercredi de l'emploi par les forces de Kiev
d'un drone d'attaque de fabrication turque contre les séparatistes
prorusses de l'Est de l'Ukraine, dénonçant un risque pour la stabilité
sur le front.
L'armée ukrainienne a publié mardi soir une vidéo montrant un tir sur
une cible au sol depuis les airs. L'explosion déclenche une panache de
fumée tandis que des individus sont visibles en train de courir autour
du site.
Selon Kiev, il s'agit "de la première utilisation de combat" d'un drone
Bayraktar TB2, un engin de conception turque qui sert également de
moyen de reconnaissance.
L'armée ukrainienne affirme avoir détruit grâce à ce tir un canon
Howitzer D-30 des rebelles prorusses, en riposte, selon Kiev, à des
tirs de cette batterie d'artillerie ayant fait un mort et un blessé
parmi les soldats ukrainiens.
Mercredi, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a affirmé que
la Russie vérifiait, y compris avec les autorités séparatistes, les
affirmations ukrainiennes.
"Aucune victime en lien avec l'usage de (drone) Bayraktar n'a été
établie mais cette histoire doit faire réfléchir ceux qui écoutent les
caprices de Kiev disant qu'il faut l'intégrer à l'Otan", a ajouté M.
Lavrov lors d'une conférence de presse.
Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a lui estimé que la
livraison de telles armes à Kiev pouvait mener à "une déstabilisation
de la situation" sur le front, tout en soulignant que Moscou
entretenait de "bonnes relations" avec Ankara.
Ces dernières années, la Turquie a livré plusieurs drones militaires à
l'Ukraine, un domaine dans lequel Ankara veut devenir l'un des
principaux producteurs mondiaux. Kiev a même annoncé début octobre la
construction sur son territoire d'une usine de drones turcs.
Cette coopération militaire irrite Moscou, qui entretient avec la
Turquie des relations solides, notamment commerciales, tout en étant en
concurrence avec elle dans plusieurs régions du globe.
L'Ukraine utilise des drones Bayraktar TB2, modèle phare de Baykar qui
a été employé dans les conflits en Syrie, en Libye et au Nagorny
Karabakh. Selon des médias, Kiev prévoit d'en acheter au total une
cinquantaine.
L'est de l'Ukraine est depuis 2014 en proie à une guerre qui a fait
plus de 13.000 morts entre les forces de Kiev et des séparatistes
prorusses, dont le Kremlin est considéré comme le parrain militaire
malgré ses dénégations.
Mercredi, l'armée ukrainienne a accusé les séparatistes prorusses
d'avoir procédé dans la journée à des tirs d'artillerie et d'avoir
lancé une attaque au drone contre les positions ukrainiennes.
Un soldat ukrainien a été tué dans cette attaque, selon la même source.
Des accords de paix conclus en 2015 ont largement fait diminuer les
violences, même si des échauffourées ont lieu périodiquement. (AFP, 27
octobre 2021)
US lawmakers
urge Biden administration not to sell F-16 fighter jets to Turkey
11 lawmakers from the US House of
Representatives, both Democrats and Republicans, have sent a letter to
US President Joe Biden and Secretary of State Anthony Blinken and urged
the Biden Administration to not sell F-16 fighter jets to Turkey amid
recent reports of sale.
"While we are confident that Congress will stand
together to block any such exports should these plans progress, the US
cannot afford to transfer any advanced military equipment to the
government of Turkey at this time," the joint letter of the lawmakers
has read.
Expressing "a profound sense of concern" amid
recent reports indicating that "Turkey may soon purchase 40 new
Lockheed Martin F-16 lighter fets and 80 F-16 modernization kits from
the US government", the lawmakers have stated the following in their
letter:
'We cannot compromise our national security'
Following President [Recep Tayyip] Erdoğan's
September announcement that Turkey will purchase an additional tranche
of Russian S-400 missile defense systems, we cannot afford to
compromise our national security by sending U.S. manufactured aircraft
to a treaty ally which continues to behave like an adversary.
"As you know, the Trump Administration
officially removed Turkey from its F-35 Joint Strike Fighter (FSJ)
program after President Erdoğan executed Turkey's first purchase of
Russian S-400 systems, a decision which prevented Turkey from
compromising the F-35 system.
"With the backing of a bipartisan coalition of
Members of Congress, this commonsense policy has continued under your
Administration.
'It will continue threatening our allies'
As Turkey reportedly paid 1.4 billion US dollars
to join the U.S.-led JSF program, President Erdoğan now seeks
compensation in the form of cash, the planned F-35 shipment, new F-16
fighter jets, and modernization kits for its existing F-16 fleet. While
we are confident that Congress will stand together to block any such
exports should these plans progress, the US cannot afford to transfer
any advanced military equipment to the government of Turkey at this
time.
"As long as President Erdoğan advances his
expansionist project in the Eastern Mediterranean, Turkey will continue
to threaten our national security and the security of our closest
allies in the region - Greece, Israel and Cyprus. We urge you to act in
our national interest and for the sake of stability in the Eastern
Mediterranean by refusing to reinforce Turkey's aging arsenal of
fighter jets, and we look forward to receiving your response." (BIA, 27
October 2021)
CHP, HDP slam
government over extended troop deployment in Iraq, Syria
The main opposition Republican People's Party
(CHP) and the Peoples' Democratic Party (HDP) were the two parties that
opposed the motion extending Turkey's troop deployment in Iraq and
Syria in yesterday's (October 26) vote in the parliament.
The CHP supported a separate motion concerning
the troops in Lebanon while its ally İYİ (Good) Party supported both
motions.
"We don't want any of our soldiers and police
officers to martyr in Syria," said CHP leader Kemal Kılıçdaroğlu,
speaking at his party's group meeting ahead of the vote. "We'll bring
peace to Syria, we'll make peace with all our neighbors."
Kılıçdaroğlu also questioned an article in the
motion about "the presence of foreign armed forces in Turkey and their
use according to principles determined by the president."
"Who are these foreign troops?.. Will you bring
the Taliban? Who will come, the Americans, the Germans or the French?"
"The people's agenda"
HDP Co-Chair Pervin Buldan also addressed her
party's parliamentary group yesterday.
"While poverty, unemployment ... and injustice
in on the people's agenda, there are again war motions on the
government's agenda," she remarked.
"You will never be able to cover up the great
economic and social collapse you have caused with battle cries," Buldan
said, adding that prolonged military operations will probably cause
prices to release even further.
"The main reason for both poverty and
unemployment is the money spent on war. While they are pointing at the
Syria operation, they'll carry out the actual operation inside the
country. They'll make the biggest raises," Buldan remarked.
Also addressing the opposition parties, Buldan
said they shouldn't be a part of the government efforts to disrupt the
peace in Syria. (BIA, 27 October 2021)
L'armée turque autorisée
à reconduire ses opérations en Syrie et en Irak pour deux ans
Le Parlement turc a renouvelé mardi l'autorisation donnée au
gouvernement de conduire des opérations militaires "transfrontalières"
en Irak et en Syrie, contre le groupe jihadiste Etat islamique et toute
organisation considérée par Ankara comme "terroriste", a constaté l'AFP.
Le mandat en cours, régulièrement renouvelé depuis 2013 pour un an,
expire samedi 30 octobre.
L'armée turque intervient régulièrement en Irak, en Syrie et, depuis
janvier 2020, en Libye pour soutenir le Gouvernement d'union nationale
(GNA), reconnu par l'ONU, à la demande de ce dernier.
L'extension de deux ans de ses opérations chez les voisins syriens et
irakiens a suscité de nombreuses questions de la part de l'opposition,
qui s'est plainte de l'absence d'explications.
"Vous dites +Maintenant c'est deux ans+ et vous nous intimez de voter.
Pourquoi?", a interrogé le chef du parti d'opposition CHP, Kemal
Kilicdaroglu - qui n'a pas obtenu de réponse. Pour la première fois
depuis 2013, son parti a voté contre la motion.
Le texte, soumis par le parti AKP du président Recep Tayyip Erdogan,
souligne que "les risques et menaces posés à la sécurité nationale par
les conflits en cours dans les régions proches des frontières
méridionales de la Turquie ne font qu'augmenter".
Par conséquent, le pays prendra toutes les mesures nécessaires, dont la
conduite "d'opérations transfrontalières".
En Irak, l'armée turque cible les rebelles kurdes du PKK (le Parti des
travailleurs du Kurdistan), classé comme organisation "terroriste" en
Turquie mais aussi par les Etats-Unis, le Canada et l'Union européenne
notamment.
L'aviation turque bombarde régulièrement les bases du PKK dans les
zones autonomes kurdes du Nord irakien.
En Syrie, elle est déployée depuis 2016 dans le nord-ouest du pays
autour d'Afrine et dans la région d'Idleb, une des dernières poches
échappant au contrôle de Damas.
Ankara a lancé, avec l'aide de supplétifs syriens, trois opérations
d'envergure ces dernières années (2016-2017, en 2018 et en octobre
2019) le long de sa frontière, côté syrien, où vivent de nombreux
Kurdes, pour chasser notamment les combattants des Unités de protection
du peuple (YPG), principale milice kurde en Syrie, considérée par
Ankara comme une émanation du PKK mais soutenue par les Etats-Unis.
En février 2020, une série d'attaques de drones a stoppé l'avancée des
forces du régime de Damas dans la province d'Idleb, les empêchant de
reprendre le contrôle de cette ultime poche rebelle. (AFP, 26 octobre
2021)
Affaires
religieuses / Religious Affairs
Syrie: des manuels turcs
avec des illustrations du prophète Mahomet retirés
Les autorités syriennes ont
décidé de retirer dans une région sous contrôle turc du nord du pays des
manuels religieux avec des illustrations représentant le prophète Mahomet, qui
ont suscité la colère des habitants, a rapporté vendredi un responsable local.
Des habitants de la ville de
Jarablos près de la frontière turque avaient brûlé jeudi toutes les copies du
manuel qu'ils ont pu trouver. Dans d'autres régions contrôlées par Ankara, dont
la ville d'Al-Bab, la population locale avait prévenu qu'elle organiserait des
manifestations vendredi si les manuels n'étaient pas retirés.
Selon Jumaa Kazkaz, le plus
haut responsable de l'Education à Al-Bab, la décision de retirer ces manuels de
plusieurs écoles a été prise en consultation avec des représentants turcs.
Bien qu'elles ne soient pas
spécifiquement interdites dans le Coran, de nombreux musulmans désapprouvent
les représentations visuelles du prophète Mahomet, considérées comme une forme
de blasphème.
Dans le manuel religieux,
conçu spécifiquement pour les enfants vivant dans les régions syriennes sous
contrôle turc, une image montre notamment un homme barbu, vêtu d'un pull rose
et d'un pantalon bordeaux, s'agenouillant pour accueillir sa fille alors
qu'elle descend d'un autobus scolaire.
"Le prophète reçoit sa
fille Fatima", peut-on lire sur la même page, bien que la phrase ne soit
pas explicitement associée à l'image.
La Turquie et ses alliés ont
pris le contrôle de territoires en Syrie lors de plusieurs offensives
militaires depuis 2016. (AFP, 26 nov 2021)
Un homme condamné
pour terrorisme en Belgique arrêté en Bulgarie
Un homme condamnée pour terrorisme en Belgique a été arrêté en Bulgarie
alors qu'il entrait dans le pays via sa frontière avec la Turquie, ont
annoncé jeudi les autorités bulgares.
Il a été interpellé mercredi au cours d'une opération spéciale menée
par les services spéciaux et la police frontalière, a indiqué dans un
communiqué le Parquet bulgare.
Selon ce communiqué, il était recherché "en lien avec une peine de 20
ans de prison pour terrorisme reçue d'un tribunal d'un pays européen"
et une autre peine de neuf ans et cinq mois reçue en Turquie.
Contactés par l'AFP, les procureurs ont refusé de donner plus de
détails.
Les médias bulgares ont présenté l'homme comme Yassine Lachiri, présumé
proche d'Abdelhamid Abaaoud, le coordinateur des attentats du
13-Novembre à Paris en 2015.
Une source proche de l'enquête a confirmé à l'AFP qu'il s'agissait bien
de M. Lachiri.
Un porte-parole du parquet fédéral belge a de son côté déclaré à l'AFP
qu'une demande d'extradition était en préparation. "Une personne a été
arrêtée dont nous demandons la remise", a-t-il indiqué à l'AFP.
Yassine Lachiri a été condamné en 2015 à 20 ans de prison par contumace
par un tribunal de Bruxelles, dans le cadre du procès d'un réseau de
recrutement jihadiste en Belgique.
Selon la presse belge, M. Lachiri possède aussi la nationalité
marocaine et a été déchu de sa nationalité belge par contumace en 2020.
(AFP, 11 nov 2021)
Socio-économique
/ Socio-economic
Nouvel effondrement de la
monnaie turque qui enfonce le pays dans la crise
La monnaie turque qui
multiplie les records à la baisse s'est de nouveau effondrée mardi à un niveau
historiquement bas, à près de 13 livres pour un dollar, enfonçant encore un peu
plus le pays dans la crise.
Dans l'après-midi, la
monnaie turque avait même connu les enfers, perdant 15% et dépassant brièvement
les 13,45 livres face au billet vert.
Il s'agit de la baisse
quotidienne la plus violente depuis le 10 août 2018.
Ce nouveau record intervient
au lendemain de déclarations du président Recep Tayyip Erdogan affirmant qu'il
ne changerait pas sa politique monétaire et continuerait de "résister aux
pressions" de ceux qui l'enjoignent à relever les taux d'intérêt.
Lundi soir, à la sortie
d'une réunion du gouvernement, il avait même dénoncé un "complot"
contre l'économie turque.
"Nous voyons bien le
jeu de certains avec le taux de change, les devises, les taux d'intérêt,
l'augmentation des prix", a-t-il lancé.
Ces nouvelles déclarations
ont enfoncé encore un peu plus la monnaie, alors que le coût de la vie est
difficilement soutenable pour une grande partie de la population qui essaie de
sauvegarder le peu qu'elle a en or, afin de contrer l'inflation qui atteint,
officiellement, près de 20% depuis le début de l'année.
Pour le salarié turc, le
salaire minimum net est passé de 380 dollars en janvier à 224 dollars, mardi au
taux du jour.
Jeudi dernier, la banque
centrale avait de nouveau abaissé son taux directeur - pour la troisième fois
en moins de deux mois - de 16% à 15%, comme le souhaitait le chef de l'Etat,
qui continue d'exprimer son hostilité aux taux d'intérêt élevés, qu'il voit -
contre toute orthodoxie financière - comme un frein à la croissance.
Pour Timothy Ash, analyste à
BlueBay Asset Management, spécialiste de la Turquie, le président "Erdogan
a perdu le contrôle. Zéro gouvernance, zéro crédibilité. Il n'y pas plus de
Banque centrale aux commandes".
Le président Erdogan, dont
la popularité est au plus bas après 19 ans au pouvoir, semble faire le pari de
la croissance économique à tout prix en vue d'une éventuelle réélection en
2023.
- manque d'indépendance -
Mais sa politique monétaire
très critiquée et le manque d'indépendance de la banque centrale font
régulièrement chuter la monnaie qui atteint presque quotidiennement de nouveaux
records à la baisse face au dollar, renchérissant le coût des importations.
"Il y a une raison pour
laquelle les banques centrales sont indépendantes et voilà ce qui se passe
lorsque le fossé est franchi. Une parfaite tempête monétaire, motivée par la
politique, un mépris total pour l'inflation et pour les autres banques
centrales adoptant une approche plus sensée", a commenté à Londres pour
l'AFP Craig Erlam, analyste pour la plateforme d'investissements Oanda.
Pour lui, "il va
falloir prendre des mesures drastiques pour changer les choses
maintenant", sous peine de les voir "empirer et la pression devenir insupportable".
"Tant que je serai à ce
poste, je continuerai mon combat contre les taux d'intérêt", avait
pourtant réaffirmé le chef de l'Etat la semaine dernière devant le Parlement,
invoquant même l'interdiction de l'usure dans le Coran, alors que certains
économistes appelaient à relever le taux d'intérêt directeur.
La hausse des taux est l'un
des principaux instruments permettant de lutter contre l'inflation.
Dans un communiqué, mardi
soir, la Banque centrale de Turquie a défendu sa position, indiquant que
"les taux de change sont déterminés par les conditions de l'offre et de la
demande selon la dynamique du marché libre. La Banque centrale ne peut
intervenir, sous certaines conditions, qu'en cas de volatilité excessive et
sans viser une direction constante".
Elle dénonce enfin,
"l'apparition, sur les marchés des changes, de formations de cours
malsaines, irréalistes et complètement détachées des fondamentaux économiques".
Depuis 2019, Recep Tayyip
Erdogan a limogé trois gouverneurs de la banque centrale qui s'opposaient à sa
vision des choses, sapant la confiance des investisseurs. (AFP, 23 nov 2021)
"On compte tout":
les Turcs éprouvés par l'effondrement de leur monnaie
Sur le marché populaire
d'Eminönü, près du grand bazar d'Istanbul, Naime sort son calepin: avec
l'effondrement de la livre turque, les étiquettes valsent d'un jour à l'autre.
"Je note les prix et je compte tout", confie la retraitée.
La monnaie nationale a passé
jeudi pour la première fois de son histoire la barre des 11 livres pour un
dollar. La livre turque, dont la dégringolade s'accélère, a vu sa valeur fondre
d'un tiers face au billet vert depuis le début de l'année.
Et les économistes
préviennent que ce n'est sûrement pas fini avec les choix baroques du président
Recep Tayyip Erdogan, vent debout contre toute hausse des taux d'intérêt au
risque d'une inflation galopante, déjà à près de 20% sur un an.
Jeudi, la Banque centrale a
de nouveau abaissé le taux directeur d'un point à 15%, provoquant le plongeon
immédiat de la monnaie.
"Je ne peux plus
acheter ce que je veux. Quand je vais au marché, d'un jour à l'autre les prix
changent", explique Naime.
Autrefois, dit-elle, elle
pouvait aisément s'offrir des vacances avec sa famille.
"C'est fini tout ça,
maintenant on arrive à peine à joindre les deux bouts."
- "nos salaires, c'est
du vent" -
Abdullah Cici et son épouse,
un autre couple de retraités, s'est infligé un long trajet jusqu'au bazar
d'Eminönü en espérant payer moins cher.
"On a trois fois rien
et on a dépensé 120 livres (9,5 euros)", se plaint l'homme de 75 ans,
désignant le cabas de son épouse.
"On aurait besoin de
beaucoup d'autres choses... Ils ont des salamis, des soudjouk (sorte de
saucisse épicée) là-bas. Je les adore, mais je ne peux plus me les
permettre", confie-t-il avec une nuance de regret en montrant l'épicerie
de ses rêves.
"Les salaires, c'est du
vent maintenant."
Hatice, son épouse,
complète: "On achète par petites quantités, une livre au lieu d'un
kilo".
Les prix flambent en Turquie
depuis l'été dernier. Le chef de l'Etat a accusé les grandes enseignes de supermarchés.
Mais le salaire minimum net
plafonne à 2.825 livres soit, au cours du jour, 224 euros. Et pour les
observateurs, il est devenu impossible de vivre en famille avec cette somme
dans les grandes villes.
Un pain vaut 2,5 livres et
un kilo de viande hachée (la plus consommée), 90 livres. Les cinq litres
d'huile ont dépassé les 100 livres.
Le taux de chômage, dans ce
pays de 83 millions d'habitants, atteignait officiellement 11,5 % en septembre
mais nombre de Turcs trouvent à s'employer dans le secteur informel,
agriculture ou construction.
Au bazar, les vendeurs
s'époumonent en criant que, chez eux, "il n'y a pas d'augmentation".
Feriye est venue acheter un
manteau à son mari en espérant tomber sur une affaire, faute de pouvoir
fréquenter les centres commerciaux qui ont fleuri partout en ville.
"J'ai une pension de
2.600 livres (200 euros). Comment voulez vous que je paye un manteau 1.600 (120
euros)?" demande-t-elle. "Je ne sais pas si je vais trouver quelque
chose d'abordable ici."
Sur le pont de Galata qui
enjambe la Corne d'Or, Hafzullah Canbay a lancé sa canne à pêche en attendant
de prendre son service comme chauffeur de minibus.
Pour lui, les politiques
actuelles ne font qu'enrichir les riches et appauvrir les plus pauvres.
"Ne me demandez pas
quelle est la solution. Je vais vous dire clairement: je n'attends rien des
politiques, quels qu'ils soient."
"Ne me demandez pas non
plus si j'ai encore de l'espoir. Je n'en ai plus. Je ne vois aucune
éclaircie", dit-il.
L'homme a même renoncé aux
pique-niques avec ses enfants le weekend. "Ce n'est plus possible, on doit
vivre en comptant tout. Voilà où on en est." (AFP, 19 nov 2021)
La livre en chute
libre après la baisse du taux directeur
La monnaie turque a franchi
pour la première fois jeudi les 11 livres pour un dollar, un plus bas
historique après une nouvelle baisse du taux d'intérêt directeur de la banque
centrale voulue par le président Recep Tayyip Erdogan.
La monnaie locale, qui a
déjà vu sa valeur fondre d'un tiers face au billet vert depuis le début de
l'année, s'échangeait à 14H00 GMT à 11,10 livres pour un dollar, en chute de
près de 4,5% sur la séance. Un dollar s'échangeait à 8,3 livres turques début
septembre.
Cette nouvelle baisse du
taux directeur - la troisième en moins de deux mois -, de 16% à 15%, a suscité
de vives réactions en Turquie et parmi les observateurs, alors que l'inflation
officielle frôle les 20% sur un an, rendant le coût de la vie difficilement
soutenable pour une grande partie de la population.
Mais le président Erdogan
continue d'exprimer son hostilité aux taux d'intérêt élevés, qu'il voit comme
un frein à la croissance.
Cette décision est
"ridicule" et "vraiment dangereuse pour la livre et pour la
Turquie", a jugé Timothy Ash, analyste à BlueBay Asset Management, spécialiste
de la Turquie.
"Les marchés ne
prennent clairement plus au sérieux la BCRT [Banque centrale de Turquie], elle
a perdu le peu de crédibilité qui lui restait. Erdogan mène la danse", a
réagi Fawad Razaqzada, analyste chez ThinkMarkets.
- "84 millions à
souffrir" -
Le président Erdogan, dont
la popularité est au plus bas après 19 ans au pouvoir, semble faire le pari de
la croissance économique à tout prix en vue d'une éventuelle réélection en
2023.
Mais sa politique monétaire
très critiquée et le manque d'indépendance de la Banque centrale font chuter la
livre turque, qui atteint presque quotidiennement de nouveaux records à la
baisse face au dollar, renchérissant le coût des importations.
"Tant que je serai à ce
poste, je continuerai mon combat contre les taux d'intérêt", a réaffirmé
mercredi le président turc devant le Parlement, invoquant même l'interdiction de
l'usure dans le Coran, alors que certains économistes appelaient à relever le
taux d'intérêt directeur.
A rebours des théories
économiques classiques, le chef de l'Etat soutient que relever les taux
alimente la hausse des prix.
La hausse des taux est pourtant
l'un des principaux instruments permettant de lutter contre l'inflation qui
est, en Turquie, l'une des plus élevées du monde.
"Erdogan ARRÊTE
maintenant!", a tweeté jeudi le chef du parti d'opposition CHP, Kemal
Kilicdaroglu, apppelant à la tenue d'élections anticipées.
"Le directeur de la
Banque centrale Erdogan a conduit le pays à la catastrophe. Nous sommes 84
millions à souffrir", avait-il déjà déploré mercredi.
"La volatilité actuelle
de la livre turque, encouragée par les inquiétudes liées à la politique
monétaire, ne risque pas d'aider à stabiliser les prix", a relevé Kelly
Roger, économiste de la Banque européenne pour la reconstruction et le
développement (BERD).
La Banque centrale turque
avait déjà abaissé de deux points son taux en octobre, et d'un point fin
septembre, provoquant à chaque fois un nouveau plongeon de la monnaie locale.
Le président Erdogan a
limogé trois gouverneurs de la Banque centrale depuis 2019, sapant la confiance
des investisseurs.
En octobre, le président a
également limogé deux gouverneurs adjoints de la Banque et un membre du comité
de politique monétaire. L'un deux avait été le seul à voter contre la baisse du
taux directeur en septembre, selon des informations de presse. (AFP, 18 nov
2021)
"C'est le pire métier": à
Istanbul, deux cents kilos à même le dos
La ruelle est plongée dans le noir. Un camion stationne, la remorque
pleine d'énormes ballots de tissus. Six hommes patientent en file
indienne, dont Bayram Yildiz, prêt à charger sur son dos un paquet que
trois hommes peinent à soulever.
Bayram, 1m85 pour 105 kilos, est un "hamal", un porteur. Dans ce
quartier de grossistes situé à deux rues du Grand bazar d'Istanbul, ils
sont plusieurs centaines, dès l'aube, à charger et décharger des
camions et grimper dans d'étroites cages d'escaliers, le dos parfois
courbé sous plus de 100 kilos de marchandises.
"Je suis mi-Hercule mi-Rambo", sourit Bayram, 40 ans, qui affirme
porter jusqu'à 200 kilos. Le père de famille, qui perpétue ce métier
ancestral depuis vingt ans, dit gagner "200, 300 livres" par jour
(entre 18 et 27 euros), parfois plus.
Derrière lui, un homme avance au ralenti. De profil, seules ses jambes
sont visibles. Son visage, son ventre et ses bras ont disparu sous
l'énorme ballot blanc qu'il transporte.
"C'est le pire métier, mais il n'y a rien d'autre", lâche Osman,
porteur depuis trente-cinq ans.
Dans le quartier, où se vendent vêtements, tissus ou rideaux en gros,
tout ou presque se transporte à dos d'hommes. Des diables à roulettes
sont visibles çà et là, mais ils sont peu pratiques pour monter dans
les étages, font valoir les porteurs.
Pour répartir le poids des charges et les stabiliser, ils enfilent des
selles de portage à bretelles faites de paille, de cuir et de tissus,
semblables à celles utilisées par les porteurs de l'Empire ottoman.
A l'époque, beaucoup étaient Arméniens. Aujourd'hui, le métier -
souvent transmis de père en fils - est tenu par des hommes
majoritairement kurdes, originaires des provinces de Malatya et
Adiyaman, situées dans le sud-est de la Turquie.
"Les [porteurs] de Malatya et Adiyaman ont su créer une confiance" avec
les commerçants "à une époque où il n'y avait pas de téléphones
portables" et où tout reposait sur l'oral et le bouche-à-oreille,
explique l'historien Necdet Sakaoglu.
Selon lui, c'est au début du 19e siècle, sous le sultan réformiste
Mahmoud II (1808-1839), qu'Istanbul - alors Constantinople - a compté
le plus grand nombre de porteurs.
Mais aujourd'hui encore, dans ces ruelles grouillantes de la vieille
ville où les ascenseurs sont rares, "les porteurs sont une nécessité",
juge-t-il.
- "Ce métier est fini" -
La plupart des porteurs travaillent en escouades, sous l'autorité d'un
chef. C'est lui qui assure la coordination avec les commerçants et
distribue la paie à la fin de la journée. Chaque escouade contrôle un
micro-quartier.
"Si j'essaie d'y aller, ils ne me laisseront pas. C'est leur quartier",
explique pudiquement Mehmet Toktas, porteur indépendant, au sujet des
rues voisines de la sienne.
Depuis trente ans, le presque quinquagénaire, physique de lutteur,
monte et descend six jours sur sept, paquets sur le dos, les marches
d'un seul et même immeuble de sept étages où s'entassent 120 grossistes
en textile.
"Ici, nous étions quatre, cinq personnes. Les plus âgés sont partis, je
suis le seul à être resté", confie-t-il, debout sous un néon qui
éclaire d'une lumière blafarde le couloir du rez-de-chaussée où il
passe une partie de ses journées.
"A l'époque, ça payait bien, on gagnait plus que le salaire minimum
[moins de 320 euros brut mensuels]. Mais maintenant, avec la quantité
de travail qui diminue, ça ne rapporte plus autant", regrette le père
de quatre enfants.
Sans assurance ni sécurité sociale, Mehmet Toktas, qui dit gagner entre
150 et 200 livres (13 et 18 euros) par jour, tâche de préserver son dos
pour travailler jusqu'à 60 ans. "Tous ceux qui sont plus vieux que moi
se sont fait opérer des genoux ou du dos", assure-t-il.
Dans le quartier, des porteurs ont l'allure de vieillards, cheveux
blancs et jambes sèches comme des échalas. Certains travaillent jusqu'à
70 ans, malgré les hernies et les genoux abîmés.
Mais pour les grossistes du quartier, les porteurs sont précieux : "Ils
sont un maillon auquel on ne peut pas renoncer", dit Kamil Beldek,
derrière le comptoir de sa boutique microscopique. "Pour nous ce qu'ils
font semble très difficile, mais pour eux c'est facile."
Mehmet Toktas se sent utile, mais "ce métier est fini", croit-il. Les
étages supérieurs de son immeuble "sont tous vides", certains
grossistes ayant préféré déménager loin du centre. "Dans 10, 15 ans, ce
travail n'existera plus." (AFP, Remi Banet, 11 nov 2021)
Un immeuble s'effondre à
Malatya, 21 personnes en réchappent
Vingt-et-une personnes ont survécu mardi à l'effondrement d'un immeuble
à Malatya, dans l'est de la Turquie, aucune victime n'étant à déplorer
au terme des opérations de recherche.
"Les opérations de recherche et de secours dans le bâtiment effondré de
Malatya ont pris fin. Dieu merci, il n'y a aucune victime", a tweeté
tôt mercredi le ministre turc de l'Intérieur Suleyman Soylu.
Peu avant, le vice-ministre turc de l'Intérieur Ismail Catakli, dépêché
sur place, avait indiqué à la presse que treize personnes avaient été
extraites vivantes des décombres par les secouristes et que huit autres
étaient parvenues à s'en extraire par elles-mêmes.
Cinq des personnes secourues étaient toujours hospitalisées dans la
nuit de mardi à mercredi, sans que leur pronostic vital ne soit engagé,
a précisé le gouverneur de la province de Malatya, Aydin Barus.
M. Barus avait indiqué plus tôt dans la soirée que deux des personnes
extraites des décombres avaient été hospitalisées en soins intensifs.
Une caméra de vidéosurveillance a enregistré l'impressionnante scène,
survenue peu avant 17H00 heure locale (14H00 GMT) dans une rue animée
du centre de Malatya: un petit immeuble, soudain, s'effondre, dégageant
un immense nuage de poussière. Une voiture stationnée devant le
bâtiment démarre en trombe, tandis que des passants accourent comme
pour venir en aide aux personnes prises au piège sous les décombres.
Un témoin oculaire a rapporté à la chaîne Haberturk avoir entendu
"d'abord un craquement" avant que l'immeuble ne s'écroule. "On aurait
dit le jour du Jugement dernier."
Plus de 260 secouristes ont été dépêchés sur place, selon l'Agence
gouvernementale de gestion des catastrophes naturelles (Afad), et
l'immeuble effondré était éclairé jusque dans la nuit pour permettre la
poursuite des opérations.
Le gouverneur de la province de Malatya avait demandé en début de
soirée à la population et aux journalistes de se tenir à distance du
site du désastre, afin de permettre aux secouristes de capter tout
potentiel signe de vie sous l'amas de béton et de métal.
Les causes de l'effondrement restent à préciser mais des travaux
étaient en cours dans l'immeuble, ont rapporté les médias et
responsables locaux.
Le gouverneur de la province de Malatya a affirmé que l'effondrement
s'était "produit à cause de cela".
Quatre personnes - le propriétaire de l'immeuble et trois personnes
ayant effectué des travaux - ont été placées en garde à vue, a annoncé
mardi soir le bureau du procureur de Malatya dans un communiqué.
Malatya est une ville de 450.000 habitants située à 500 kilomètres à
vol d'oiseau à l'est de la capitale, Ankara.
L'immeuble, situé dans le centre-ville, comportait un étage et abritait
divers commerces dont un restaurant et un café, a indiqué à l'AFP Enver
Kiraz, le président de la branche locale du parti d'opposition CHP.
(AFP, 10 nov 2021)
COVID-19 in Turkey: 197
deaths, 24,898 cases in a day
The Ministry of Health has announced that over 356 thousand
tests were conducted, 24,898 people were diagnosed with the novel
coronavirus (COVID-19) and 197 people died of the disease in Turkey in
the last 24 hours.
İstanbul - BIA News Desk 12 November 20
The Ministry of Health announced the latest figures on the
novel coronavirus (COVID-19) outbreak in Turkey yesterday (November 11).
While the daily number of new cases has been announced as
24,898, 197 people have lost their lives due to COVID-19 in Turkey in
the last 24 hours. While 24,360 people have recovered in a day, the
number of tests conducted in the last 24 hours has been announced as
356,004.
Click here for all COVID-19 updates
163,056 doses administered in a day
As of 7 pm on November 11, 163,056 vaccine doses, either
Sinovac or Pfizer/BioNTech, were administered in Turkey in the last 24
hours.
According to the vaccination data shared by Turkey's Health
Ministry, while 55,757,564 people have been vaccinated with the first
dose in Turkey so far, 49,472,726 have received the second dose and
11,546,753 people have been given the third dose. Taken together, the
total number of vaccine doses administered so far is 118,029,902 in
Turkey.
While 89.83 percent of Turkey's population over the age of
18 has been vaccinated with the first dose, this rate is 79.70 percent
for the second dose.
Click here for all COVID-19 vaccination updates
Global death toll has topped 5 million
Since December 2019, the novel coronavirus (COVID-19)
pandemic has claimed over 5 million lives in 191 countries and regions.
Over 251.9 million cases have been reported worldwide,
according to figures compiled by the US' Johns Hopkins University.
Over 7 billion doses in the world
According to the figures shared by the World Health
Organization (WHO), 7,160,396,495 doses of novel coronavirus (COVID-19)
vaccines were administered across the world as of November 10, 2021.
Over 28,000 workers killed in
occupational homicides during AKP's rule
At least 28,380 workers have lost their lives in occupational homicides
since the Justice and Development Party (AKP) took power in November
2002, according to a new report from the Health and Safety Labor Watch
(İSİG).
The İSİG pointed out many incidents of mass worker deaths in the last
19 years, including the 2014 Soma mine explosion, the deaths during the
construction of the İstanbul Airport and the 2011 explosion in an
organized industrial zone in the capital city of Ankara.
"The prevailing situation in our country is the existence of an
occupational homicide regime," said the İSİG.
"Injustice and impunity after occupational homicides became a rule.
Those who are principally responsible could not be brought to the court
and those who are secondarily responsible were given short-term prison
sentences," it said.
Occupational diseases
Worker deaths related to occupational diseases were five to six times
higher than the number of occupational homicides, according to the
report.
"Between four and 12 new cases of occupational diseases are expected
for every thousand workers annually. In other words, approximately
between 120,000 and 360,000 workers are diagnosed with an occupational
every year.
"However, the SGK [Social Security Institution] has found about 500
cases of occupational diseases and announced five to 20 deaths related
to occupational diseases annually. The state concealed occupational
diseases."
Child workers
"The state didn't even comply with its own laws, working children
haven't been protected. Aprt from being employed in banned sectors,
children below the age of 15 are also employed," İSİG noted.
It further said that 60 to 70 child workers have lost their lives
annually in the past two decades. (BIA, 2 November 2021)
Fermiers turcs contre
Ferrero: la noisette de la discorde
A perte de vue, les noisetiers déroulent leurs
feuilles à peine roussies en ce début d'automne. Mais sous les
frondaisons humides, la colère gronde contre le géant de la pâte à
tartiner.
Les producteurs de noisettes de Turquie, premier exportateur mondial,
dénoncent la mainmise sur leurs récoltes de l'italien Ferrero, accusé
de casser les prix.
"Ils ont le monopole, donc les mains libres. Mais ils achètent encore
plus bas que l'an dernier. Cette année, je ne leur vendrai rien",
prévient Aydin Simsek, 43 ans, surveillant du coin de l'oeil la
douzaine de ramasseurs kurdes accroupis qui enfournent à pleines
poignées les noisettes dans de grands sacs de toile.
Emmitouflée dans son épais gilet et son châle fleuri, Serife Koyu passe
ainsi une douzaine d'heures par jour à Akyazi (nord-est), à genoux dans
les feuillages malgré sa grossesse déjà bien visible.
Une journée de travail payée 12 euros pour cette femme venue en famille
de Diyarbakir (sud-est) pour les six semaines de récolte.
Pour Mehmet Sirin, 25 ans, la capuche relevée sur sa casquette pour se
garder de la bruine, "c'est de l'exploitation: les noisettes nous
reviennent sous forme de Nutella, mais nous, on en tire bien moins de
profit qu'eux".
"Une injustice pure", ajoute-t-il en se remettant à l'ouvrage.
Selon la FAO, le Fonds pour l'agriculture des Nations unies, la
Turquie assure environ 70% de la production mondiale et 82% des
exportations, très loin devant l'Italie (20%) et quelques pays qui se
partagent les miettes, dont l'Azerbaïdjan, la Géorgie et l'Iran.
Sur les 600 à 700.000 tonnes de noisettes ramassées, environ 300.000
partent à l'export: "Comment se fait-il que seuls les étrangers en
tirent profit?" s'insurge le président de la chambre de commerce
d'Istanbul, Omer Demir.
"Bon sang, ils nous les achètent 22 à 23 livres [environ 2 euros] le
kilo et les revendent 23 dollars [20 euros]: comment on en arrive là?
Il faut leur barrer la route."
Surtout qu'en fournissant outils et engrais aux paysans et en
pré-payant leur récolte à un prix fixé à l'avance, les principaux
grossistes, comme ceux qui fournissent le groupe italien, "ne laissent
aucune chance aux autres", regrette-t-il.
Car c'est vrai, personne ne peut s'aligner. Cabbar Saka le reconnaît,
il n'a pas eu le choix: "Que pouvais-je faire? j'avais besoin d'argent
pour le mariage de ma fille... J'ai vendu mes 1.600 kg de noisettes au
grossiste".
Il a reçu l'argent tout de suite quand le Bureau agricole (TMO,
l'autorité publique de régulation) paye lui à tempérament.
- "Pas à ce prix" -
Le district d'Akyazi compte 5.500 producteurs déclarés. Devant les
maisons, la récolte sèche en plein air sur des bâches, quelques jours
pas plus, en surveillant constamment le ciel pour éviter les pluies.
"Ferrero et les grands acteurs du marché tirent les prix à la baisse",
dénonce Sener Bayraktar, le président de la Chambre de commerce locale,
qui accuse le géant italien de gonfler les estimations de récoltes pour
peser sur les cours.
"Mais la crainte des producteurs, s'ils se plaignent, c'est de ne plus
pouvoir vendre", relève-t-il.
"Ferrero a mis en place un système qui ne laisse aucune chance" aux
acteurs locaux, assure M. Bayraktar, qui appelle les autorités à
soutenir plus franchement les acteurs indépendants et ces derniers à
relever leurs prix, pour inciter les producteurs à leur réserver leurs
noisettes.
Sollicité par l'AFP, le géant italien se défend: "Nous n'achetons pas
directement aux producteurs, nous passons par un réseau d'acheteurs et
de fournisseurs spécialisés (...) en respectant les lois du marché et
sa dynamique", explique un porte-parole du siège, qui rappelle que
Ferrero est présent en Turquie depuis plus de 35 ans.
L'approvisionnement turc en matière première étant indispensable à la
production du Nutella et des rochers, le groupe a créé en 2014 une
filiale locale, Ferrero Findik (noisettes, en turc) qui gère six usines
de traitement (lavage, décoquillage et torréfaction) et un site de
production de Nutella.
En 2014, le groupe a aussi racheté le roi de la noisette, Oltan, ce qui
a fini de lui assurer le contrôle du marché et des cours.
Pour soutenir les producteurs de noisettes - 76.500 enregistrés - le
ministère de l'Agriculture les pousse à se lancer eux-mêmes dans la
transformation du produit au lieu de vendre seulement leur matière
première, ce qui leur assurerait un meilleur revenu.
L'an dernier, Aydin Simsek avait vendu toute sa récolte à Ferrero.
Cette année, il prévoit de la réserver intégralement, 15 tonnes
espère-t-il, au TMO. "Quand Ferrero agira de bonne foi, je serai ravi
moi aussi de manger du Nutella. Mais pas à ce prix." (AFP, 26 octobre
2021)
Relations turco-européennes /
Turkey-Europe Relations
Elu président d'Interpol, le
général émirati Raisi sous le feu des projecteurs
Le nouveau président
d'Interpol a eu une vie riche en succès et en récompenses, mais rien n'a
suscité autant de controverse que sa nomination à la tête de l'organisation de
coopération policière, qui a été accompagnée d'accusations de torture.
Le général émirati Ahmed
Nasser Al-Raisi est toujours apparu comme le favori face à la Tchèque Sarka
Havrankova, seule autre candidate pour la présidence d'Interpol. Il a été élu
jeudi par les Etats membres avec une majorité des deux tiers (68,9%).
Ce n'est pas le seul succès
de cet homme devenu chef des forces de sécurité des Emirats arabes unis en
2015, et qui a occupé plusieurs postes de haut rang au sein de la police
notamment celui de directeur général des opérations centrales à Abou Dhabi.
Le site internet du général
Raisi montre un homme arborant un large sourire, portant souvent un uniforme
avec des décorations ou la longue robe traditionnelle, recevant des médailles
et des trophées de Gambie, d'Arabie saoudite, de Colombie ou d'Italie.
M. Raisi, qui a rejoint les
rangs de la police de son pays en 1980, était membre du comité exécutif
d'Interpol. Il est titulaire d'un doctorat de la London Metropolitan University
et a participé à des
avancées technologiques telle
que la reconnaissance faciale aux Emirats.
Si M. Raisi est sans doute
très connu dans les cercles de la police, son accession au poste symbolique de
président d'Interpol l'a propulsé sous le feu des projecteurs du monde entier.
En octobre 2020, dix-neuf
ONG, dont Human Rights Watch (HRW), s'inquiétaient déjà du choix possible du
général émirati, "membre d'un appareil sécuritaire qui prend
systématiquement pour cible l'opposition pacifique".
En parallèle, plusieurs
plaintes pour "torture" contre M. Al-Raisi ont été déposées ces
derniers mois en France, où siège l'organisation, et en Turquie, pays hôte de
l'Assemblée générale.
Un des plaignants, le
ressortissant britannique Matthew Hedges, a raconté avoir été détenu et torturé
entre mai et novembre 2018 aux Emirats arabes unis, après avoir été arrêté pour
de fausses accusations d'espionnage lors d'un voyage d'études.
L'ONG Gulf Centre for Human
rights (GCHR) accuse dans l'une de ces plaintes le général émirati
d'"actes de torture et de barbarie" contre l'opposant Ahmed Mansour.
- "Principe
fondamental" -
Ces plaintes n'ont abouti à
aucune poursuite contre M. Raisi qui a riposté dans la foulée de sa victoire.
"Je continuerai à
réaffirmer un principe fondamental de notre profession, que les abus ou mauvais
traitements de la police, de toute nature, sont odieux et intolérables",
a-t-il déclaré dans un communiqué.
Le général a ajouté qu'il
travaillerait "à empêcher toute influence inappropriée qui saperait ou
compromettrait la mission essentielle d'Interpol".
Selon un rapport britannique
publié en mars, les Emirats arabes unis ont détourné le système des notices
rouges - les avis de recherche internationaux - pour faire pression sur des
opposants. D'autres pays sont accusés d'en faire de même.
Selon Edward Lemon,
professeur assistant spécialisé dans la répression transnationale à
l'Université Texas A&M, les Emirats arabes unis ont fait un don de 54
millions de dollars (48 millions d'euros) à Interpol en 2017, et d'environ 10
millions d'euros en 2019.
L'élection de Raisi a été
immédiatement saluée par Anwar Gargash, conseiller du président émirati et
ancien minsitre d'Etat chargé des Affaires étrangères.
"La campagne organisée
de diffamation [contre M. Al-Raisi] a été écrasée sur le rocher de la
vérité", s'est-il félicité.
M. Raisi a déclaré être
"entièrement dévoué à rendre les communautés plus sûres".
"Au cours des 40
dernières années, d'étudiant policier à aujourd'hui en tant que président
d'Interpol, ce principe simple m'a porté et guidé" a-t-il affirmé. (AFP, 25
nov 2021)
CEDH: la Turquie condamnée
pour des purges massives dans la magistrature en 2016
Cinq ans après le coup
d'Etat manqué de 2016, suivi d'une purge massive dans l'administration, l'armée
ou les milieux intellectuels turcs, la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH)
a condamné mardi la Turquie pour la détention provisoire "arbitraire"
de 427 magistrats.
Dans cette énième affaire
portée devant la Cour depuis ces purges, les sept juges européens chargés de
statuer sur ce dossier ont considéré, à l'unanimité, qu'Ankara avait violé le
"droit à la liberté" des 427 magistrats, garanti par la Convention
européenne des droits de l'Homme.
Ces détentions provisoires,
ont-ils relevé, n'avaient pas été décidées "conformément à une procédure
prévue par la loi" et n'étaient pas "strictement requises par les
exigences de la situation".
Le CEDH a rappelé que
"les exigences de sécurité juridique" étaient "encore plus
importantes" s'agissant d'atteintes à l'indépendance des magistrats "compte
tenu de l'importance du pouvoir judiciaire dans un État démocratique".
Ces juges et procureurs
turcs, qui exerçaient dans de nombreuses juridictions, y compris la Cour de
cassation et la Cour administrative suprême, avaient été arrêtés et placés en
détention pour "suspicion d'appartenance au FETO", détaille la CEDH
dans un communiqué.
Dans la terminologie des
autorités turques, FETO est l'acronyme qui désigne l'"Organisation
terroriste des partisans de Fethullah" Gülen, accusé d'avoir ourdi la
tentative de putsch.
La Cour a condamné Ankara à
verser 5.000 euros à chacun des magistrats pour dommage moral.
-Des milliers d'opposants
arrêtés-
Le putsch manqué du 15
juillet 2016 avait été suivi de purges d'une ampleur sans précédent contre les
partisans présumés de Fethullah Gülen, bête noire du président turc Recep
Tayyip Erdogan, mais aussi contre des opposants kurdes, des militaires, des
intellectuels ou des journalistes. Des dizaines de milliers de personnes
avaient ainsi été arrêtées.
A cette occasion, un décret
avait entraîné la révocation de 2.847 magistrats, soupçonnés d'appartenance au
FETO, le pouvoir turc estimant cette position "incompatible avec le
principe d'impartialité", rappelle la CEDH. Et dans les mois suivants,
1.393 autres magistrats avaient encore été révoqués, toujours selon la Cour.
Parmi les nombreuses
affaires dont la CEDH avait été saisie, le sort réservé par la justice turque
au célèbre journaliste et écrivain Ahmet Altan, fondateur du journal
d'opposition Taraf, avait suscité un tollé à l'étranger.
Arrêté en septembre 2016, il
avait été condamné à une peine de prison pour "tentative de renversement
de l'ordre constitutionnel".
Ahmet Altan a finalement été
libéré le 14 avril 2021 à la suite d'une décision de la cour de cassation
turque, rendue au lendemain d'un arrêt de la CEDH qui condamnait Ankara pour la
détention du journaliste.
D'autres figures de la
société turque ont en revanche été maintenues en détention, également
soupçonnées d'avoir soutenu la tentative de coup d'Etat, tel l'homme d'affaires
et philanthrope Osman Kavala, dont la CEDH a réclamé en vain la
"libération immédiate" en 2019.
Le Conseil de l'Europe a
menacé Ankara de sanctions, qui pourraient être adoptées lors de sa prochaine
session (30 novembre au 2 décembre) s'il n'était pas libéré d'ici là.
La CEDH, qui siège à
Strasbourg, est l'organe chargé d'apporter une réponse judiciaire aux
violations de la Convention européenne des droits de l'homme, ratifiée par les
47 Etats membres du Conseil de l'Europe. (AFP, 23 nov 2021)
La Turquie renonce à sa taxe
numérique au profit de l'accord-cadre OCDE
La Turquie va renoncer à sa
taxe sur les géants américains du numérique au profit de l'accord-cadre de
l'OCDE qui prévoit une fiscalité minimum pour ces entreprises, a annoncé lundi
le département américain du Trésor.
En mars 2020, la Turquie
avait mis en place une taxe ad hoc de 7,5% sur les sociétés étrangères du
numérique qui généraient au moins 20 millions de livres par an (1,7 million de
dollar) de chiffre d'affaires dans le pays, un seuil très faible qui englobait
quasiment tout le secteur.
Cette taxe était équivalente
à celles introduites en Autriche, en Espagne, en Italie, au Royaume-Uni ou en
Inde pour contraindre les multinationales américaines de la tech à soumettre au
moins une partie des revenus provenant de chaque pays à la fiscalité nationale.
En octobre, 136 pays, dont
la Turquie et les États-Unis, sont parvenus à un accord fiscal cadre sous
l'égide de l'Organisation pour la coopération et le développement économique
(OCDE).
Il prévoit la taxation, dans
chaque pays d'exercice, d'une partie minimum des revenus dégagés par les géants
américains du numérique, ainsi qu'un taux minimal d'imposition mondial pour
éviter l'optimisation fiscale.
En vertu de l'accord annoncé
lundi, la Turquie renonce à sa taxe et va s'aligner sur l'accord OCDE.
Pour leur part, les
États-Unis lèvent les droits de douane imposés, début juin, à la Turquie en
réponse à son imposition spécifique des entreprises technologiques américaines.
Ces droits de douane
n'auront jamais été appliqués car ils avaient été suspendus, dès leur annonce,
pour laisser le temps aux parties d'aboutir à l'accord OCDE.
Le gouvernement américain
avait déjà retiré les droits de douane imposés, début juin également, à cinq autres
pays à taxe spécifique, dont la France, qui s'étaient engagés, dès octobre, à
adopter une fiscalité correspondant au mécanisme fixé par l'accord.
Les principes de
l'accord-cadre doivent être en place d'ici fin 2023 ou début 2024. (AFP, 22 nov
2021)
Turkey revokes accreditation of 9
honorary consuls before end of their tenure
The Turkish Foreign Ministry has revoked the accreditation of nine
honorary consuls despite the fact that their tenure was expected to end
in 2025, Deutsche Welle’s Turkish edition reported.
The honorary consuls who have lost their credentials based on a
ministry decision dated Oct. 12 are Sweden’s Antalya honorary consul
Nil Sağır, the UK’s Bodrum honorary consul Neşe Çoşkunsu,
Belgium’s
İzmir honorary consul Nezih Öztüre, Austria’s İzmir honorary consul
Mustafa Ülkü Caner, Romania’s İskenderun honorary consul Faruk Rende,
Ethiopia’s Konya honorary consul Servet Mehmet Hekimoğlu, Dominica’s
İstanbul honorary consul Emir Uyar, Belize’s İstanbul honorary consul
Mustafa Çıkrıkçıoğlu and Lithuania’s Nevşehir honorary consul Yakup
Dinler.
The ministry did not cite any reason for its decision to revoke the
accreditation of the honorary consuls.
Honorary consuls are not career officials of the represented state.
They may be locals with the nationality of the sending country, and in
smaller cities or in cities that are distant from full-time diplomatic
missions, a foreign government that feels some form of representation
is nevertheless desirable may appoint a person who has not hitherto
been part of their diplomatic service to fulfill this role.
Sweden’s honorary consul in Antalya Sağır expressed disappointment over
the Turkish Foreign Ministry’s decision and explained it in light of
the current political atmosphere in the country. She told DW she would
continue to promote democracy, human rights and the supremacy of law in
Turkey just as she has been doing, adding that the Swedish Foreign
Ministry worked hard to reverse the Turkish Foreign Ministry’s decision
about her but its efforts were to no avail.
Turkey and 10 Western countries barely avoided a diplomatic crisis
after 10 ambassadors released a statement on Oct. 18 calling for the
release of jailed businessman Osman Kavala release on the fourth
anniversary of his detention.
Turkish President Recep Tayyip Erdoğan threatened to expel the
ambassadors, accusing them of interfering in Turkey’s internal affairs;
however, he stepped back from his threats after the United States and
several of the other concerned countries issued identical statements
saying they respected a UN convention that required diplomats not to
interfere in the host country’s domestic affairs.
Kavala, 64, who has yet to be convicted by a court, has been in prison
since 2017 on politically motivated charges. (Turkish Minute, November
3, 2021)
Erdogan cancels trip to glasgow
after dispute over security
Turkish President Recep Tayyip Erdoğan has cancelled plans to attend
the COP26 climate summit in Glasgow, Scotland because of an argument
over security, Reuters said.
The United Kingdom failed to meet Turkey’s demands on security
arrangements, Reuters said on Monday citing two Turkish officials.
Erdoğan flew back to Turkey from a G20 summit in Rome early on Monday
instead of travelling to Glasgow, Turkish state-run Anadolu news agency
reported. It did not provide a reason for the change of plans.
Erdoğan said on Wednesday that he would probably meet with U.S.
President Joe Biden in Scotland, but the two leaders met on the
sidelines of the G20 summit instead.
One official, speaking on condition of anonymity, told Reuters that
there were protocol issues over Erdoğan’s planned visit to Glasgow.
Another Turkish official said that the British authorities had not met
Turkey's requests on protocol and security.
"The president took such a decision because our demands regarding the
number of vehicles for security and some other security related demands
were not fully met," the official told Reuters.
Erdoğan’s absence from the COP26 meetings comes after the Turkish
parliament ratified the Paris Agreement, the legally binding
international treaty on climate change, in early October. Turkey, one
of the biggest burners of coal in the world, was the final member of
the G20 to legislate the 2015 deal.
Turkish approval of the Paris Agreement followed an accord in principle
with France, Germany, the International Finance Corporation (IFC) and
the European Bank for Reconstruction and Development (EBRD) to provide
it with financial support to clean up its emissions, the Politico news
website said on Oct. 8 citing two sources with knowledge of the matter.
(Ahval, Nov 1, 2021)
The 10
ambassadors not invited to Republic Day ceremony at Presidency
President and ruling Justice and Development
Party (AKP) Chair Recep Tayyip Erdoğan received the greetings and
congratulations at the Presidential complex in Ankara on the occasion
of October 29 Republic Day.
The ambassadors of 10 countries, including those
of the US, Germany, France and Canada, who had made a call for jailed
businessperson Osman Kavala's release were not invited to the ceremony.
The ambassadors had been reportedly informed that they would not be
invited.
As reported by Gazete Duvar, Parliamentary
Speaker Mustafa Şentop, Parliamentary Deputy Speakers, Vice President
Fuat Oktay, Presidential cabinet members expressed their greetings
first.
What happened?
October 18, 2021 marked the fourth year since
the businessperson and rights defender Osman Kavala was detained in
Turkey.
On this occasion, the embassies of 10 countries
released a written statement calling for his release by specifically
referring to the European Court of Human Rights (ECtHR) rulings about
his case.
Shortly after this statement was shared with the
public, some ministers and ruling Justice and Development Party (AKP)
politicians denounced it. The state-run Anadolu Agency (AA) also
reported that the ambassadors of the 10 countries had been summoned to
the Ministry of Foreign Affairs of Turkey over their statement calling
for Osman Kavala's release.
President and AKP Chair Recep Tayyip Erdoğan
also slammed the ambassadors of 10 countries, including the US, Germany
and France, who had called for the release of Osman Kavala.
"Why do these 10 ambassadors make this
statement? Those who defend this leftover of [George] Soros are
striving to get him released," Erdoğan said upon his visit from Africa
and briefly added: " "I told our foreign minister that we can't have
the luxury to host those in our country. [...] Is it your place to
teach lessons to Turkey? Who are you?"
"The European Court of Human Rights (ECtHR) gave
a decision. They want to convict Turkey regarding this Soros leftover,"
Erdoğan remarked. "Do you release bandits, killers or terrorists in
your country?"
In response to these remarks, Osman Kavala sent
a message from prison and briefly said, "Under these circumstances, as
there has remained no possibility for a fair trial, I believe that my
participation in the hearings and presenting a defense would now be
meaningless."
In another speech on October 23, Erdoğan said
that "he had ordered 10 ambassadors to be declared persona non grata."
"I gave the necessary instructions to our
minister of foreign affairs. I told him what to do. I said that you
will deal with these 10 ambassadors being declared persona non grata as
soon as possible," Erdoğan said.
President and AKP Chair Erdoğan added that "the
ambassadors should leave the country if they do not understand Turkey."
After Erdoğan announced that 10 ambassadors who
called for Osman Kavala's release would be declared "personae non
gratae" in Turkey, a new development occurred on October 25.
The US Embassy in Turkey posted a brief message
on its Twitter account, saying in Turkish and English: "In response to
questions regarding the Statement of October 18, the United States
notes that it maintains compliance with Article 41 of Vienna Convention
on Diplomatic Relations."
"Without prejudice to their privileges and
immunities, it is the duty of all persons enjoying such privileges and
immunities to respect the laws and regulations of the receiving State.
They also have a duty not to interfere in the internal affairs of that
State," the Article 41/1 of the Convention says. (BIA, 29 October 2021)
Le président turc renonce
à expulser dix diplomates occidentaux
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a renoncé lundi à expulser dix
ambassadeurs occidentaux dont il avait ordonné le départ, évitant à son
pays de se trouver diplomatiquement isolé et encore plus affaibli
économiquement.
Les dix ambassadeurs - Etats-Unis, Canada, France, Finlande, Danemark,
Allemagne, Pays-Bas, Nouvelle-Zélande, Norvège et Suède - s'étaient
mobilisés en faveur du mécène et homme d'affaires Osman Kavala,
emprisonné depuis quatre ans sans jugement.
Les diplomates ont "reculé" et "seront plus prudents à l'avenir", a
déclaré le chef de l'Etat au terme d'une réunion de son gouvernement de
plusieurs heures, dont le contenu n'a pas été dévoilé.
Dans un communiqué commun diffusé le 18 octobre, les ambassadeurs
avaient réclamé un "règlement juste et rapide de l'affaire" Osman
Kavala.
Ce texte constituait une "attaque" et une "énorme insulte" contre la
justice turque, a affirmé M. Erdogan. "Notre intention n'était pas de
susciter une crise mais de protéger nos droits, notre honneur, notre
fierté et nos intérêts souverains".
Lundi, les dix chancelleries concernées avaient entamé une désescalade
par voie de communiqués, affirmant agir en "conformité avec la
Convention de Vienne et son article 41", qui encadre les relations
diplomatiques et interdit toute ingérence dans les affaires intérieures
du pays hôte.
Une déclaration "accueillie positivement" par le président turc, selon
l'agence de presse officielle Anadolu.
Cette détente a fait remonter la livre turque, qui avait ouvert la
journée par une nouvelle chute au point d'atteindre un plus bas
historique face au dollar.
Le porte-parole du département d'Etat américain, Ned Price, a déclaré à
la presse que les Etats-Unis ont "pris acte" de la "clarification" de
M. Erdogan, mais resterons "fermes dans (leur) engagement à promouvoir
l'Etat de droit, promouvoir le respect des droits humains" en Turquie.
- Collision -
Expulser dix ambassadeurs occidentaux et pour la plupart alliés, malgré
les divergences, revenait à entrer directement en collision avec deux
rendez-vous internationaux prévus en fin de semaine: le sommet samedi à
Rome du G20, le groupe des pays les plus industrialisés, puis la
conférence sur le climat de l'ONU qui s'ouvre dimanche en Écosse
(Royaume-Uni).
Or M. Erdogan espère bien rencontrer le président américain Joe Biden à
Rome.
La Turquie est notamment en froid avec Washington sur des contrats
d'avions de chasse F-35 (payés et non livrés) et une commande de pièces
pour des chasseurs F-16. Ainsi que sur l'achat d'un système de défense
antiaérienne russe S-400, malgré son appartenance à l'Otan.
Pour les observateurs, il s'agissait surtout avec ce mouvement d'humeur
de "faire diversion", la Turquie étant en proie à une crise économique,
avec un taux d'inflation frôlant les 20% et une monnaie en chute de 25%
depuis le début de l'année face au dollar.
Didier Billion, directeur adjoint de l'Institut de relations
internationales et stratégiques (IRIS), pense que M. Erdogan a sans
doute été rappelé par "son ministre des Affaires étrangères au principe
de réalité: la Turquie ne pouvait se mettre des principaux partenaires
à dos."
"Maintenant ce sera dur à gérer avec son électorat", présage-t-il: "Il
ne sort pas renforcé de la séquence".
"Cela sera perçu comme une manoeuvre assez inhabituelle en Turquie,
compte tenu de son image d'homme fort sur la scène mondiale dont il
tire profit sur le plan intérieur", relève pour sa part Soner Cagaptay,
directeur du programme sur la Turquie au Washington Institute of Near
East Policy.
L'expert évoque un "quart d'heure d'humilité" pour M. Erdogan: "Il
n'avait pas reculé face à l'Occident depuis la crise des réfugiés de
2015 avec l'Europe".
Dès le lendemain de la parution de leur communiqué sur Osman Kavala,
les dix ambassadeurs avaient été convoqués au ministère des Affaires
étrangères, les autorités jugeant "inacceptable" leur démarche.
- Un Navalny turc -
Editeur et philanthrope né à Paris, Osman Kavala a été maintenu en
détention début octobre par un tribunal d'Istanbul qui a estimé
"manquer d'éléments nouveaux pour le remettre en liberté".
L'homme, âgé de 64 ans, a toujours rejeté les charges pesant sur lui.
Il comparaîtra de nouveau le 26 novembre.
En décembre 2019, la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) avait
ordonné la "libération immédiate" du mécène, en vain.
Pour Hasni Abidi, professeur de relations internationales à
l'Université de Genève (Suisse) et directeur du Centre d'études et de
recherches sur le monde arabe et méditerranéen (CERMAM), M. Erdogan
s'adressait surtout à sa base et aux nationalistes qui "épousent les
accusations complotistes du chef de l'Etat".
"Je ne suis pas certain que Kavala ait gagné à cette médiatisation",
avance-t-il.
"Erdogan ne peut se permettre de libérer Kavala maintenant, ça le
ferait paraître faible. Il est en train d'en faire un héros à stature
internationale, un genre de Navalny turc", conclut Timur Kuran,
professeur d'économie et de sciences politiques à l'université de Duke
(Etats-Unis), en référence à l'opposant russe Alexeï Navalny. (AFP, 25
octobre 2021)
Turquie-USA-OTAN / Turkey-USA-NATO
IDEA report
labels Turkey as a 'hybrid regime'
Turkey has turned from a
backsliding democracy to a hybrid regime, according to the 2021 report of the Sweden-based Institute for Democracy and
Electoral Assistance (IDEA).
It is one of the countries
where democracy has declined the most in the past decade, along with Nicaragua,
Serbia, Poland and Brazil, according to the report.
In Turkey, there has been
a decline in all five attributes of a democracy, which are representative
government, fundamental rights, checks on government, impartial administration
and participatory engagement, the report notes.
A hybrid regime is defined
as a regime that has the characteristics of both democracy and
authoritarianism.
"Almost a third of
formerly backsliding democracies have turned into hybrid or authoritarian
regimes, including Nicaragua, Russia, Turkey and Venezuela.
"Democratic breakdown
in backsliding democracies usually occurs when levels of electoral support
diminish, and incumbent governments manipulate the electoral process to remain
in power."
Turkey's "severe
declines" in clean elections was also a factor in its status being
relegated to a hybrid regime, says the report.
Coronavirus
pandemic
Governments' undemocratic
and unnecessary steps to bring the coronavirus pandemic under control also
contributes to the backsliding of democracy, the report says.
"Data from
International IDEA's Global Monitor of Covid-19's Impact on Democracy and Human
Rights shows that in many countries, including Belarus, Egypt, Papua New
Guinea, Turkey and Venezuela, attacks have been perpetrated against scientists,
healthcare workers, activists or opposition politicians in addition to
journalists.
"These victims have
been targeted for disseminating data, research and information, as well as for
lodging complaints on the handling of the pandemic or reporting on the
virus."
Governments used
coronavirus contact tracing applications to have control over people's personal
information, says IDEA.
"Globally, 42 per
cent of countries have used either voluntary or compulsory contact tracing apps
or sharing of mobile data as part of their pandemic response.
"While these
approaches have proven effective in curbing the spread of the virus, they also
pose new challenges to personal integrity and data protection, particularly in
countries that lack adequate legislative frameworks.
"There is also a risk
that the storage of personal data can be used for political purposes after the
pandemic is over. Of particular concern are the eight non-democratic regimes
(Azerbaijan, Bahrain, China, Kazakhstan, Qatar, Singapore, Thailand and Turkey)
that have made these apps mandatory, countering good practice guidelines."
Gender
"In addition to
globally low levels of gender equality being exacerbated by pandemic effects,
gender equality is also threatened by rising authoritarianism, with political
leaders increasingly using gender as a weapon as part of their backsliding strategies.
"In March 2021,
President Recep Tayyip Erdoğan pulled Turkey out of the Istanbul Convention,
the legally binding Council of Europe treaty to tackle violence against women.
Hungary did so in 2019." (BIA, 23 November 2021)
U.S.
Allies Drive Much of World’s Democratic Decline, Data Shows
The United
States and its allies accounted for a significantly outsize share of global
democratic backsliding in the last decade, according to a new analysis.
American
allies remain, on average, more democratic than the rest of the world. But
nearly all have suffered a degree of democratic erosion since 2010, meaning
that core elements like election fairness or judicial independence have
weakened, and at rates far outpacing average declines among other countries.
With few
exceptions, U.S.-aligned countries saw almost no democratic growth in that
period, even as many beyond Washington’s orbit did.
The
findings are reflected in data recorded by V-Dem,
a Sweden-based nonprofit that tracks countries’ level of democracy across a
host of indicators, and analyzed by The New York Times.
The
revelations cast democracy’s travails, a defining trend of the current era, in
a sharp light. They suggest that much of the world’s backsliding is not imposed
on democracies by foreign powers, but rather is a rot rising within the world’s
most powerful network of mostly democratic alliances.
In many
cases, democracies like France or Slovenia saw institutions degrade, if only
slightly, amid politics of backlash and distrust. In others, dictatorships like
Bahrain curtailed already-modest freedoms. But, often, the trend was driven by
a shift toward illiberal democracy.
In that
form of government, elected leaders behave more like strongmen and political
institutions are eroded, but personal rights mostly remain (except, often, for
minorities).
U.S.
allies often led this trend. Turkey, Hungary, Israel and the Philippines are
all examples. A number of more established democracies have taken half-steps in
their direction, too, including the United States, where voting rights, the
politicization of courts, and other factors are considered cause for concern by many democracy scholars. (Max Fisher, nytimes.com, Nov. 16, 2021)
G20: Biden et Erdogan se promettent à
Rome de mieux coopérer
Le président américain Joe Biden et son homologue turc Recep Tayyip
Erdogan se sont promis dimanche à Rome de mieux coopérer pour améliorer
des relations particulièrement tendues, selon Ankara et la Maison
Blanche.
En marge du G20 à Rome, les deux hommes "ont eu une conversation très
constructive. (Biden) a exprimé clairement son désir d'avoir des
relations constructives avec la Turquie et de trouver une manière
efficace de gérer nos différends", a dit un responsable de la Maison
Blanche, sous couvert d'anonymat, à des journalistes.
La réunion "s'est déroulée dans une ambiance positive" et les deux
hommes "se sont engagés à renforcer les relations (bilatérales) et à
établir un mécanisme commun" à cet effet, a de son côté fait savoir la
présidence turque. Ils ont selon cette même source "souligné
l'importance de l'Otan."
Les relations sont actuellement tendues entre Washington et Ankara,
notamment en raison de l'acquisition par la Turquie d'un système de
défense russe malgré son appartenance à l'Otan. Le président turc vient
par ailleurs de renoncer à expulser dix ambassadeurs occidentaux, dont
celui des Etats-Unis, qui s'étaient mobilisés en faveur de la
libération du philanthrope et mécène Osman Kavala, considéré comme un
symbole de la répression en Turquie contre la société civile.
A propos de l'avion de combat américain F-16, sujet contentieux, "le
président (américain) a dit clairement qu'il y avait une procédure à
suivre" aux Etats-Unis, selon la source au sein de son administration.
Selon la presse turque, M. Erdogan veut obtenir 40 avions de combat
F-16 et quelque 80 kits de modernisation de cet appareil vieillissant.
Ankara est en froid avec Washington sur la question de missiles russes
S-400 achetés par la Turquie, mais également celle de contrats d'avions
de chasse américains F-35 payés (1,4 milliard de dollars) et non
livrés. La demande concernant les F-16 est vue côté turc comme une
compensation.
Joe Biden "a toujours dit clairement que les S-400 étaient un
problème", selon le haut responsable américain. Il a indiqué que les
deux présidents avaient aussi parlé de l'Afghanistan, sur lequel les
deux pays veulent "continuer à coopérer" en particulier pour l'aide
humanitaire, et de la Syrie, en particulier de la question des
réfugiés. Selon la Maison Blanche, Joe Biden a aussi lors de
l'entretien "soulevé la question des droits humains". (Belga, 31
octobre 2021)
Le F-16,
nouvelle pomme de discorde entre Washington et Ankara?
Après les missiles russes, la Syrie et les droits humains, le vénérable
avion de combat F-16 pourrait devenir une nouvelle pomme de discorde
entre les Etats-Unis et la Turquie, pourtant alliés au sein de l'Otan.
Après le fiasco du S-400, l'achat par la Turquie d'un système
anti-missiles russe qui a conduit les Etats-Unis à annoncer en 2019 son
exclusion du prestigieux programme du F-35, Ankara a longtemps espéré
que les Etats-Unis changeraient d'avis.
Mais le président Joe Biden n'est pas revenu sur les décisions de son
prédécesseur Donald Trump sur ce dossier, car l'armée américaine
considère le système de détection du S-400 russe comme une menace pour
le F-35, un avion de combat furtif à la pointe de la technologie, conçu
pour échapper aux radars les plus sophistiqués.
Le Pentagone a révélé mercredi que la finalisation définitive du
processus d'exclusion d'Ankara du programme de fabrication du F-35, qui
accordait à la Turquie la fabrication de 900 pièces de l'appareil le
plus cher de l'Histoire, était intervenue le 23 septembre.
- Compensations -
Les deux pays cherchent maintenant à "régler le différend" lié au F-35,
a précisé un porte-parole du Pentagone, le lieutenant-colonel Anton
Semelroth. En d'autres termes, compenser Ankara pour 1,4 milliard de
dollars payés pour les F-35 que Washington n'a jamais livrés.
Une délégation du Pentagone a eu des discussions "productives" mercredi
à Ankara, avant de nouvelles négociations dans les prochains mois, et
le ministre américain de la Défense, Lloyd Austin, a "reconnu les
besoins de modernisation de l'armée turque" au cours d'un entretien
téléphonique jeudi avec son homologue turc Hulusi Akar, selon le
Pentagone.
Les F-16 devraient également figurer au menu d'une rencontre de Joe
Biden avec le président turc Recep Tayyip Erdogan en marge la semaine
prochaine du sommet international COP26 sur le climat à Glasgow.
Selon la presse turque, M. Erdogan veut obtenir 40 avions de combat
F-16 et quelque 80 kits de modernisation de cet appareil vieillissant,
dont l'armée turque possède déjà plus de 200 exemplaires.
Le département d'Etat américain, qui négocie les ventes d'armement à
l'étranger, a confirmé implicitement avoir reçu une demande formelle
d'acquisition de la part du gouvernement turc.
"Le ministère ne confirme ni ne commente les projets de ventes
d'armement tant qu'ils n'ont pas été notifiés au Congrès", a indiqué à
l'AFP un porte-parole de la diplomatie américaine. Mais "les
responsables turcs ont fait état publiquement de leur intérêt à acheter
des F-16", a-t-il ajouté.
- Le Congrès opposé -
Il est cependant peu probable que cette demande aboutisse rapidement
face à l'opposition probable du Congrès américain.
"Nous ne pouvons nous permettre de compromettre notre sécurité
nationale en envoyant des avions américains à un allié qui continue de
se comporter comme un adversaire", ont écrit cette semaine onze élus
républicains et démocrates dans une lettre ouverte au président Joe
Biden.
Qui plus est, la Turquie est déjà frappée par des sanctions américaines
qui interdisent depuis décembre toute transaction avec l'agence
gouvernementale turque en charge des achats d'armement, le SSB.
L'administration Trump avait alors invoqué une loi américaine de 2017
dite "contrer les adversaires de l'Amérique à travers les sanctions"
(Caatsa), qui prévoit des sanctions automatiques dès lors qu'un pays
conclut une "transaction significative" avec le secteur de l'armement
russe.
Cette loi risque de faire aussi obstacle à une vente de F-16, souligne
Steven Cook, du Council on Foreign Relations.
"Les responsables turcs disent qu'il est possible de transférer les
avions à la Turquie sans passer par le SSB mais des élus du Congrès ont
fait savoir qu'ils s'opposeraient à de telles alternatives parce que ce
serait contourner la loi", ajoute cet expert.
Le président turc, qui vient de renoncer à l'expulsion de dix
ambassadeurs occidentaux, dont celui des Etats-Unis, a menacé de se
tourner vers des avions russes si Washington refusait de lui vendre ses
appareils.
Pour Aykan Erdemir, du centre de réflexion Foundation for Defense of
Democracies, "il n'y a pas de solution immédiate à cette impasse",
explique-t-il à l'AFP. "C'est pourquoi je pense que Washington et
plusieurs capitales européennes attendent les élections de 2022 (en
Turquie), en espérant que ça résolve le problème". (AFP, 29
octobre 2021)
En Europe, Biden veut rencontrer
Erdogan et consulter ses alliés sur l'Iran
Le président américain Joe Biden, qui s'est envolé pour des sommets
internationaux à Rome puis à Glasgow, veut rencontrer son homologue
turc et consulter ses alliés sur la reprise des négociations avec
l'Iran, deux dossiers chauds du moment, selon la Maison Blanche.
"Je prévois que (Joe Biden) rencontre le président de Turquie à
Glasgow", où se tient un grand sommet sur le climat la semaine
prochaine, "je n'ai pas de confirmation mais c'est ce que nous
prévoyons en ce moment", a dit le conseiller à la sécurité nationale de
la Maison Blanche.
Jake Sullivan s'exprimait depuis l'avion présidentiel américain Air
Force One, alors que Joe Biden est en route pour Rome où il assistera,
avant la COP26, au sommet du G20 samedi et dimanche.
"Il semble que nous nous rencontrerons à Glasgow plutôt qu'à Rome",
avait déjà déclaré M. Erdogan à la presse turque.
Le président turc vient de renoncer à l'expulsion de dix ambassadeurs
occidentaux, dont celui des Etats-Unis.
Les relations sont tendues entre les deux chefs d'Etat, notamment en
raison de l'acquisition par Ankara d'un système de défense russe malgré
son appartenance à l'Otan.
Joe Biden participe à deux rendez-vous internationaux majeurs en fin de
semaine, le sommet des 20 pays les plus industrialisés (G20) qui
s'ouvre samedi à Rome, puis la conférence des Nations unies sur le
changement climatique à partir de dimanche à Glasgow en Ecosse
(Royaume-Uni).
Le président américain en profitera pour sonder ses alliés sur une
reprise des négociations sur le programme nucléaire iranien.
Samedi, en marge du G20, Joe Biden "aura l'occasion de rencontrer les
chefs d'Etat et de gouvernement d'Allemagne, de France et du
Royaume-Uni à propos de l'Iran, pour faire le point sur les tentatives
de reprendre les négociations pour un retour" à l'accord sur le
nucléaire iranien, a dit Jake Sullivan.
Cette rencontre à quatre aura pour objectif de "se concentrer autour
d'une stratégie partagée" marquée par "l'unité et la solidarité" entre
Américains et Européens, a-t-il encore déclaré.
L'Iran s'est dit prêt mercredi à reprendre en novembre les négociations
pour sauver l'accord sur son programme nucléaire après cinq mois
d'impasse, suscitant pour l'instant une réaction prudente des
Occidentaux, de plus en plus impatients.
Enfin, dimanche, à Rome, le président américain entend organiser, en
plus du programme officiel du G20, une réunion sur la désorganisation
des chaînes de production et de distribution à l'échelle mondiale,
synonyme de livraisons retardées, d'usines bloquées et de ports
engorgés. (AFP, 28 octobre 2021)
Washington promet de "continuer
à promouvoir l'Etat de droit"
Les Etats-Unis ont "pris acte" lundi de la "clarification" du président
turc Recep Tayyip Erdogan, qui a renoncé à expulser dix ambassadeurs
occidentaux dont celui de Washington, mais ont promis de "continuer à
promouvoir l'Etat de droit" en Turquie.
"Nous demeurons fermes dans notre engagement à promouvoir l'Etat de
droit, promouvoir le respect des droits humains", a déclaré le
porte-parole de la diplomatie américaine Ned Price.
Le président turc avait annoncé samedi avoir ordonné l'expulsion de dix
ambassadeurs, dont ceux des Etats-Unis, de France et d'Allemagne.
En cause, leur déclaration commune du 18 octobre réclamant la
libération du mécène et homme d'affaires Osman Kavala, emprisonné
depuis quatre ans sans avoir été jugé.
Lundi, les dix ambassades concernées avaient publié de brèves mises au
point, assurant avoir agi en "conformité avec la Convention de Vienne
et son article 41" qui encadre les relations diplomatiques et interdit
toute ingérence dans les affaires intérieures du pays hôte.
"Ils ont reculé", s'est réjoui Recep Tayyip Erdogan, en renonçant à ces
expulsions.
Ned Price a assuré que la mise au point de lundi visait uniquement à
clarifier que la déclaration du 18 octobre était "conforme à l'article
41 de la Convention de Vienne", refusant de revenir sur son contenu.
Washington "veut coopérer avec la Turquie sur les priorités communes
et, comme avec tous nos alliés de l'Otan, nous allons continuer à
dialoguer pour évoquer tout désaccord", a-t-il ajouté. (AFP, 25 octobre
2021)
Relations régionales / Regional Relations
Les Emirats lancent un fonds
de 10 mds USD pour des investissements en Turquie
Les Emirats arabes unis ont
annoncé mercredi un fonds de 10 milliards de dollars (près de 9 milliards
d'euros) pour des investissements en Turquie, où se trouve en visite le prince
héritier d'Abou Dhabi, Mohammed ben Zayed Al-Nahyane.
"Les Emirats ont
annoncé l'établissement d'un fonds de 10 milliards de dollars pour soutenir les
investissements en Turquie", a indiqué l'agence de presse officielle Wam.
L'agence a évoqué un
"soutien à l'économie turque et un renforcement des relations
bilatérales", ajoutant que le fonds se concentrera sur des "investissements
stratégiques", en particulier dans les secteurs de la logistique, de
l'énergie, de la santé et l'alimentation.
Mohammed ben Zayed
Al-Nahyane, dirigeant de facto des Emirats, a été accueilli mercredi avec les
honneurs à Ankara par le président turc Recep Tayyip Erdogan, une visite qui
devrait ouvrir un nouveau chapitre des relations entre les rivaux régionaux d'hier.
Cette première visite en
Turquie d'un responsable émirati de ce rang depuis 2012 intervient au lendemain
d'un nouveau plongeon historique de la livre turque en plein marasme
économique.
La rencontre des dirigeants
émirati et turc devrait permettre de réparer la relation entre deux acteurs
majeurs de la région, opposés notamment sur le conflit en Libye ou
l'exploration gazière en Méditerranée orientale.
Les liens s'étaient encore
lors du blocus du Qatar, proche allié d'Ankara, décrété de 2017 à 2021 par
l'Arabie saoudite et les Emirats.
Et les Emirats sont
partisans d'une ligne dure à l'égard de l'islam politique, dont est issu M.
Erdogan, qu'ils considèrent comme une menace pour leur stabilité. Ils
reprochent notamment au dirigeant turc son soutien aux Frères musulmans,
classés comme un groupe "terroriste" par Abou Dhabi. (AFP, 24 nov
2021)
La Turquie réclame "une
compréhension mutuelle" avec Israël
Le président turc Recep
Tayyip Erdogan s'est entretenu jeudi avec son homologue israélien Isaac Herzog,
a annoncé la présidence turque rapportant un échange peu fréquent entre les
deux pays, dont les relations sont régulièrement tendues.
L'échange téléphonique entre
les deux leaders intervient quelques heures après la libération et le retour
dans leur pays jeudi d'un couple de touristes israéliens accusé d'espionnage et
détenu depuis une semaine en Turquie.
"Si nous agissons dans
une compréhension mutuelle des sujets bilatéraux ou régionaux, les désaccords
pourront être réduits à leur minimum", a affirmé M. Erdogan à son
homologue israélien, selon un communiqué de la présidence turque.
Le chef de l'Etat turc a
aussi souligné l'importance des relations entre les deux pays pour "la
stabilité et la sécurité" du Moyen Orient.
Mordi et Natali Oknin
avaient été arrêtés la semaine dernière après avoir visité la plus haute tour
d'Istanbul: accusés d'avoir pris une photo du domicile de M. Erdogan, ils
avaient été inculpés pour "espionnage politique et militaire".
Après la libération du
couple israélien, le Premier ministre israélien Naftali Bennett a remercié
jeudi matin "le président turc et son gouvernement pour leur
coopération", dans un communiqué.
Depuis l'incident du Mavi
Marmara en 2010, lorsque des forces israéliennes ont lancé un assaut meurtrier
sur un navire turc tentant d'acheminer de l'aide à Gaza, les relations entre
les deux pays sont crispées.
M. Erdogan s'est érigé en
défenseur de la cause palestinienne durant ses dix-huit ans au pouvoir, comme
Premier ministre ou président, et il accuse régulièrement Israël de
"terrorisme" envers les Palestiniens. (AFP, 18 nov 2021)
Assassinat du président
haïtien: un suspect interpellé à Istanbul
Un suspect dans l'assassinat
du président haïtien Jovenel Moïse, tué en juillet par un commando armé, a été
arrêté à Istanbul, a rapporté mardi l'agence de presse turque DHA.
Samir Handal, qui voyageait
avec des passeports haïtien et jordanien et un document de voyage palestinien,
a été interpellé lundi à son arrivée en provenance des Etats-Unis à l'aéroport
d'Istanbul, apparemment en transit, avant d'être incarcéré à la prison de
Maltepe dans l'est de la ville, selon l'agence de presse.
Le ministre haïtien des
Affaires étrangères, Claude Joseph, s'est félicité dans un message publié sur
Twitter de l'arrestation de Samir Handal, "l'une des personnes de grand
intérêt dans l'enquête sur l'assassinat du président Moise Jovenel".
Fin octobre, un ancien
officier militaire colombien, recherché par les autorités haïtiennes pour
l'assassinat du président Jovenel Moise, avait été arrêté en Jamaïque.
Trois mois après
l'assassinat du président, le doute plane toujours sur les commanditaires de
cette attaque, qui a plongé encore davantage Haïti dans l'incertitude.
Au moins quatre hauts gradés
des forces de l'ordre haïtiennes ont été placés en détention et plus de 40
personnes ont été arrêtées dans le cadre de l'enquête. (AFP, 16 nov 2021)
Trois réfugiés irakiens tués
dans un camp dans le nord-est
Trois réfugiés irakiens parmi lesquels une femme ont été tués au cours
des deux derniers jours par des membres du groupe Etat islamique (EI)
dans un camp du nord-est de la Syrie, a indiqué samedi l'Observatoire
syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Contrôlé par l'administration semi-autonome kurde, le camp Al-Hol, qui
accueille des proches de combattants jihadistes, abrite près de 62.000
déplacés, dont 93% sont des femmes et des enfants, la moitié venant
d'Irak.
Samedi, une réfugiée irakienne a succombé à ses blessures après avoir
été atteintes de balles tirées par des combattants jihadistes dans le
camp, indique l'OSDH qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie.
La veille, deux autres Irakiens parmi lesquels le président du Conseil
des réfugiés Irakiens ont également été tués après avoir été visés pas
des tirs de jihadistes dans un secteur du camp Al-Hol réservé aux
déplacés menacés par les cellules de l'EI, toujours selon l'ONG.
"Ces nouvelles violences pourraient entraîner une nouvelle vague
d'assassinats dans le camp", a prévenu le directeur de l'OSDH, Rami
Abdel Rahmane, dans une déclaration à l'AFP.
Depuis le début de l'année, 72 assassinats ayant coûté la vie à 78
personnes parmi lesquelles 58 réfugiés irakiens ont été répertoriés
dans le camp Al-Hol, selon un bilan de l'OSDH.
En mars, les autorités kurdes avaient lancé une vaste opération ayant
conduit à l'arrestation de 125 membres de l'EI dans le camp.
L'ONU met régulièrement en garde contre une détérioration de la
situation sécuritaire dans ce camp surpeuplé.
Malgré les exhortations répétées des Kurdes, la plupart des pays
occidentaux refusent de rapatrier leurs citoyens qui se trouvent dans
le camp, se contentant de rapatriements au compte-goutte par crainte
d'éventuels actes terroristes sur leur sol. (AFP, 13 nov 2021)
Trois morts dans une attaque
de drone de la Turquie en Syrie
Les forces kurdes ont accusé mercredi la Turquie d'avoir tué trois
civils dans une attaque de drone ayant visé une voiture dans la ville
de Qamichli, sous leur contrôle dans le nord-est de la Syrie.
Dans un communiqué, l'administration kurde du nord et de l'est de la
Syrie a affirmé que "l'Etat turc a visé, au moyen d'un drone" une
voiture à Qamichli mardi, "tuant trois personnes d'une même famille,
dont un homme de 82 ans".
Nuri Mahmoud, un porte-parole des forces kurdes, a précisé que les
victimes étaient Youssef Kello, une figure de la lutte nationale kurde,
et ses deux petits-fils.
"Cette agression qui a eu lieu au vu et au su de la coalition
internationale et de la Syrie constitue un grave développement", a
ajouté le communiqué qui a appelé les parties impliquées en Syrie à
empêcher toute escalade.
En milieu de journée, des centaines d'habitants de Qamichli ont
manifesté contre la Turquie, brandissant des les drapeaux des forces
kurdes. Le président Recep Tayyip "Erdogan est un terroriste",
scandaient les manifestants, dont un grand nombre de femmes.
"Le monde ferme les yeux" face aux attaques de la Turquie, a dénoncé un
protestataire, Sarem Ahmed.
L'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), basé au Royaume uni
et qui a un vaste réseau de sources en Syrie, a précisé que l'attaque
visait un responsable des FDS qui n'était pas dans la voiture, ajoutant
que son grand-père, un de ses frères et une troisième personne ont été
tués.
A la faveur du conflit syrien déclenché en 2011, les Kurdes ont
renforcé leur autonomie en installant leur propre administration dans
le nord et le nord-est.
L'armée turque est déployée pour sa part depuis 2016 dans le nord de la
Syrie et a lancé, avec l'aide de supplétifs syriens, trois opérations
d'envergure ces dernières années dirigées notamment contre les forces
kurdes.
Ankara considère les Unités de protection du peuple (YPG), principale
milice kurde en Syrie, comme une émanation du parti des rebelles kurdes
turcs, le PKK, qu'elle a classé comme "terroriste". (AFP, 10 nov
2021)
Syrie: un groupe proturc accusé
de bloquer une rivière dans le Nord
Un groupe de rebelles, soutenu par la Turquie, utilise
l'eau
comme une "arme de guerre" en bloquant une rivière du nord de la Syrie,
pourtant vitale pour les communautés kurdes vivant en aval, accuse une
ONG dans un rapport publié mercredi.
Selon une étude réalisée par l'ONG néerlandaise PAX pour la
paix, un regroupement de rebelles baptisé Armée nationale syrienne
(ANS) a érigé en mai trois digues bloquant les eaux de la rivière
Khabour.
L'ANS est un groupe militaire, armé et financé par la
Turquie,
qui est actif dans une région limitrophe de la zone semi-autonome kurde
dans le nord-est de la Syrie. Cette dernière est contrôlée par les
Forces démocratiques syriennes (FDS).
Or, la Turquie considère la principale milice kurde qui
fait
partie intégrante des FDS comme l'extension syrienne du Parti des
travailleurs du Kurdistan (PKK), un groupe classé comme "terroriste"
par Ankara et ses alliés occidentaux.
Selon le rapport de PAX, qui se base sur des recherches de
terrain et des analyses d'images satellitaires, le blocage de la
rivière Khabour durant les mois les plus secs de l'été représente un
"exemple clair d'utilisation de l'eau comme une arme de guerre".
L'édification des digues a accentué les impacts de la
sévère
sécheresse ayant touché la région cette année et "les agriculteurs
n'avaient pas accès à l'eau au moment où ils en avaient le plus
besoin", souligne le rapport, qui comporte des images satellitaires des
trois digues.
La rivière Khabour, longue de 320 kilomètres, est
tributaire de
l'Euphrate qui prend sa source en Turquie et traverse une grande partie
du nord-est syrien, en passant par la région de Hassaké, contrôlée par
les Kurdes.
Des milliers de familles syriennes ont été privées d'accès
à
l'eau de la rivière depuis l'édification des digues, estime PAX. L'ONG
dénonce une violation du droit humanitaire international.
"Il s'agit peut-être d'un geste calculé de l'ANS dans le
but
d'affamer la population civile et/ou forcer leur départ comme tactique
de guerre", ajoute l'ONG, appelant la communauté internationale à faire
pression sur la Turquie pour garantir l'accès des civils à l'eau. (AFP,
3 nov 2021
Pari gagnant:
Erdogan mise à fond sur les échanges avec l'Afrique
Le président Recep Tayyip Erdogan qui sort d'une nouvelle crise avec
les Occidentaux a profité d'une récente tournée africaine, à la veille
du sommet du G20 à Rome, pour renforcer les liens de la Turquie avec le
continent.
Les mines, la santé, l'énergie, les infrastructures, aucun secteur
n'échappe aux appétits des hommes d'affaires turcs qui multiplient les
partenariats, vendus comme des accords "gagnant-gagnant".
Se détournant peu à peu de ses marchés européens traditionnels, la
Turquie a déjà quintuplé ses échanges commerciaux avec l'Afrique, de
5,4 milliards de dollars en 2003, date de l'arrivée au pouvoir de M.
Erdogan, à 25,4 milliards en 2020.
De retour d'une tournée en Angola, au Togo et au Nigeria - au moment où
ses relations se tendaient une fois de plus avec les Etats-Unis, le
Canada et huit pays européens - le président turc vient d'annoncer,
lors d'un Forum économique sur l'Afrique à Istanbul la semaine
dernière, son intention de tripler encore ces échanges.
L'un des domaines aussi stratégiques que délicats de cette coopération
porte sur la défense, dans laquelle la Turquie a engrangé récemment
avec ses drones de vrais succès commerciaux et militaires, comme en
Libye.
"Les industries de défense offrent de nouvelles opportunités" souligne
Mursel Bayram, professeur à l'Université des sciences sociales d'Ankara.
"Mais la Turquie peut aussi apporter son expérience dans de nombreux
domaines tels que l'agriculture et la santé, par exemple en
construisant des hôpitaux comme au Soudan, en Somalie et en Libye",
nuance-t-il.
M. Erdogan - qui a un jour présenté la Turquie comme une nation
"afro-eurasienne", en raison d'une relative proximité avec la Libye à
travers la Méditerranée, a visité 30 des 54 pays d'Afrique.
Le nombre d'ambassades turques sur le continent est passé de 12 à 43
depuis 2002 et la compagnie nationale, Turkish airlines, y dessert
désormais plus de 60 destinations.
- Différent de la Chine -
"La principale raison de notre intérêt croissant pour l'Afrique, c'est
qu'on en voit le potentiel", confie à l'AFP le président du Conseil des
relations économiques extérieures de Turquie, Nail Olpak.
Il cite notamment le besoin pressant du continent en infrastructures,
de l'électricité aux ponts, à l'eau potable ou au traitement des
déchets, des domaines où l'industrie turque excelle.
Des entreprises turques ont déjà construit une mosquée au Ghana, un
stade couvert au Rwanda, une piscine olympique au Sénégal et
travaillent actuellement sur un aéroport au Soudan.
Par ailleurs, l'Algérie est devenue l'un des principaux fournisseurs de
gaz naturel à Ankara, lui permettant de "réduire notre dépendance à la
Russie et à l'Iran", relève M. Bayram.
Pour les responsables africains, les sociétés turques offrent des
emplois et des biens à des prix compétitifs, souvent favorablement
comparés aux concurrents chinois, les investisseurs omniprésents sur le
continent.
"La Turquie est pour nous un ami fiable qui veut investir en Afrique",
a lancé le ministre tanzanien du Commerce et de l'Industrie, Kitila
Mkumbo, lors du Forum d'Istanbul, auquel participaient une quarantaine
de ministres turcs et africains.
La patron du Bureau des investissements ougandais, Morrison Rwakakamba,
souhaite que les Turcs s'intéressent à l'agriculture et à
l'agro-industrie dans son pays.
"Avec la Turquie, la relation se fonde sur des intérêts mutuels et un
partenariat gagnant-gagnant, ce qui est déjà un bon point de départ",
déclare-t-il à l'AFP.
Et le moment est particulièrement propice avec une livre turque au plus
bas qui rend les exportations encore plus compétitives.
"Cela monte en flèche", confirme Muzaffer Suat Utku, vice-président des
relations internationales de la banque d'investissements Aktif Bank,
qui se présente comme la "banque du commerce extérieur avec l'Afrique".
"Nos exportateurs et nos investisseurs sont sans arrêt en réunion en
Afrique", indique-t-il.
Certains analystes font valoir que la Turquie a aussi beaucoup mieux
géré ses relations en Afrique que la Chine, dont les projets ont
souvent endetté les pays en développement.
"Si on compare entre la Turquie et la Chine, on voit la différence pour
les habitants", relève Federico Donelli, chercheur en relations
internationales à l'Université de Genève.
"Les populations locales sont davantage impliquées, avec aussi parfois
un échange de savoir-faire", ajoute-t-il.
La politique étrangère de M. Erdogan a régulièrement suscité des
tensions avec l'Occident, ses critiques l'accusant de manquer de
stratégie.
Mais en Afrique, les experts estiment que le président turc adopte une
approche beaucoup plus réfléchie.
"C'est un plan à long terme, pas du court terme", affirme M. Bayram en
faisant valoir les investissements dans la santé, l'éducation, la
formation et la place des femmes. (AFP, 28 octobre 2021)
Chypre et la Grèce / Cyprus and Greece
L'ONU mise
sur le nettoyage des déchets pour rapprocher les habitants chypriotes
Des vieux pneus, des boîtes en carton déchirées... Dans la zone tampon
qui divise l'île de Chypre entre le Sud chypriote-grec et le Nord
chypriote-turc, de jeunes bénévoles s'activent vendredi pour nettoyer
le banc de terre, avec l'aide de Casques bleus de l'ONU.
Non loin du village de Troulli, dans le sud-est de l'île
méditerranéenne, les bénévoles, tous de jeunes Chypriotes-grecs engagés
dans des projets bicommunautaires, chargent les sacs remplis de déchets
dans deux camionnettes des Nations unies.
Depuis son invasion par l'armée turque en 1974 en réaction à un coup
d'Etat de nationalistes chypriotes-grecs qui souhaitaient la rattacher
à la Grèce, l'île est divisée entre la République de Chypre --membre de
l'Union européenne-- qui exerce son autorité au sud, et la République
turque de Chypre-Nord (RTCN) autoproclamée en 1983, uniquement reconnue
par Ankara.
Alors que les négociations sont au point mort depuis 2017, l'ONU tente
de rassembler les habitants des deux côtés de la zone tampon qui sépare
le Sud du Nord, à travers des opérations de nettoyage périodiques,
comme l'explique le porte-parole de la Force de maintien de la paix de
l'ONU pour Chypre (UNFICYP), Aleem Siddique.
La zone tampon, qui mesure 180 kilomètres de long et 8 kilomètres de
large, abrite une variété exceptionnelle d'espèces végétales et
animales, mais s'est au fil du temps transformée en décharge à ciel
ouvert, déplore le porte-parole onusien.
"La protection de l'environnement est un intérêt commun partagé
par les deux communautés", dit-il à l'AFP.
L'opération de nettoyage s'inscrit dans le programme "Jeunes champions
pour l'environnement et la paix" de l'ONU et était organisée à
l'occasion de la dernière journée officielle de la conférence sur le
climat COP26 de Glasgow, en Ecosse.
- "Mêmes valeurs" -
Pour arriver à la décharge sauvage, les camionnettes ont emprunté un
chemin bordé d'oliviers, parsemé ici et là de détritus en polystyrène
et métal.
"Nous avons observé une hausse significative des déversements de
déchets et autres violations dans la zone", indique M. Siddique. Ces
déchargements auraient lieu surtout la nuit et sont liées aux activités
de construction dans la région, assure-t-il.
Tenant à la main un sac en plastique noir, Joya Lahoud, l'une des
jeunes bénévoles, ratisse le sol un peu plus loin et ramasse les
ordures qui y traînent.
"Nous habitons tous la même île et nous partageons les mêmes valeurs en
fin de compte", dit la jeune femme de 19 ans qui a participé en août à
un projet bicommunautaire de deux semaines dans le cadre de ce même
programme onusien.
Les jeunes Chypriotes-grecs et turcs "travaillent ensemble sans aucune
division", affirme celle qui a récemment participé à une opération de
nettoyage sur une plage de Famagouste, dans le Nord.
Mais pour Boghos Avetikian, un Chypriote d'origine arménienne de 23
ans, les occasions qui rassemblent les jeunes des deux bords sont rares.
"Les jeunes des deux communautés ne se côtoient pas assez", déplore le
jeune de 23 ans qui réside dans la partie sud de l'île. "S'ils avaient
la chance de collaborer ensemble, je pense que quelque chose de bien en
découlerait." (AFP, 12 nov 2021)
Athènes accuse Ankara d'avoir
tenté de "diriger un canot de migrants" vers la Grèce
La police portuaire grecque a diffusé mardi une vidéo montrant un canot
pneumatique chargé de migrants escorté de deux bateaux turcs qui
"tentent de le diriger dans les eaux grecques" au large de l'île de
Lesbos, ont annoncé les garde-côtes grecs.
Athènes accuse régulièrement Ankara de permettre le départ de bateaux
passeurs des côtes turques pour les faire entrer dans les eaux
grecques, en violation d'un accord de mars 2016, qui prévoit un effort
de la Turquie pour limiter les migrations vers l'Europe, en échange
d'une aide financière de l'Union européenne.
La vidéo montre les "navires des garde-côtes turcs faisant des
manoeuvres dangereuses pour diriger le canot vers les eaux grecques" au
large de l'île de Lesbos, afin de "le faire entrer illégalement" en
Grèce, affirme un communiqué des garde-côtes grecs, qui publient
rarement ce type d'images.
"Une fois de plus, la Turquie s'est comportée comme un +État pirate+ en
mer Égée, en violant ses engagements envers l'Union européenne", a
déclaré Giannis Plakiotakis, le ministre grec de la Marine marchande
cité dans le communiqué.
Quelques heures après la publication de la vidéo, le Premier ministre
grec Kyriakos Mitsotakis a de nouveau accusé la Turquie
d'"instrumentaliser" la question migratoire, à l'issue d'un entretien
avec son homologue hollandais Mark Rutte, en visite officielle à
Athènes.
"Oui, nous interceptons des bateaux (passeurs, ndlr) venant de Turquie
comme nous avons le droit de le faire selon la réglementation
européenne et nous attendons que les garde-côtes turcs viennent les
récupérer et les ramener en Turquie", a-t-il affirmé en répondant
fermement à la question d'une journaliste sur les refoulements de
migrants présumés en mer Egée, dont Athènes est accusée par certains
médias et ONG.
"Plutôt que de mettre la faute sur la Grèce, vous devriez la mettre sur
ceux qui ont systématiquement instrumentalisé la question migratoire",
a-t-il ajouté.
De son côté Mark Rutte a affirmé que "le gouvernement grec essaie de
défendre les frontières extérieures de l'UE comme l'Italie, l'Espagne,
la Hongrie, la Slovénie ou la Pologne", soulignant que "la situation
(migratoire) est extrêmement difficile".
Sur la vidéo des garde-côtes grecs, l'AFP distingue deux navires turcs
dont l'un fait une manoeuvre rapide devant le canot chargé d'au moins
une quinzaine de migrants. On y voit ensuite les bateaux turcs
rebrousser chemin ainsi que le canot pneumatique, en direction des
côtes turques à quelque 6 milles nautiques de Lesbos.
Cette vidéo est publiée cinq jours après qu'une eurodéputée en visite
sur l'île grecque de Samos, également proche des côtes turques, eut
affirmé sur Twitter que le "refoulement potentiel" de cinq Somaliens
avait été "empêché" le 3 novembre dernier.
Cornelia Ernst, eurodéputée allemande du parti de gauche Die Linke,
participait à une délégation européenne en visite à Samos pour enquêter
sur la politique migratoire en Grèce.
De nombreux médias et ONG ont publié ces derniers mois des rapports
accusant Athènes de refoulements présumés de migrants vers la Turquie,
ce qu'Athènes a toujours démenti. La Commission européenne a appelé
début octobre la Grèce à enquêter sur ces allégations.
Cornelia Ernst a tweeté avoir découvert cinq Somaliens "cachés" sur les
hauteurs de cette île, "craignant d'être repoussés en Turquie".
"Il est clair pour moi qu'en les trouvant et en les remettant
physiquement à la police grecque, un potentiel refoulement a été
empêché", a-t-elle tweeté, soulignant avoir "lu trop de rapports
documentés sur des refoulements" présumés de migrants en Grèce.
Le ministre grec des Migrations Notis Mitarachi a annoncé une enquête
sur cette affaire. (AFP, 9 nov 2021)
Quatre enfants
meurent noyés dans un naufrage, la Grèce accuse la Turquie
La Grèce a accusé mardi la Turquie après un nouveau naufrage de
migrants dans lequel quatre enfants sont morts noyés et une personne a
été portée disparue, au large de l'île grecque de Chios en mer Egée,
près des côtes turques.
"C'est tragique mais malgré tous les efforts des garde-côtes grecs, la
mort de quatre enfants, âgés de trois à 14 ans, est confirmée, une
personne est portée disparue, 22 sont sauvées et prises en charge pour
gagner la terre ferme", a déploré le ministre grec des Migrations Notis
Mitarachi sur Tweeter.
"Les autorités turques doivent agir davantage pour empêcher à la source
l'exploitation (des migrants) par des gangs criminels. Ces traversées
ne devraient même pas pouvoir avoir lieu", a-t-il ajouté.
"C'est la réalité de l'exploitation des migrants par des gangs
criminels en mer Egée -des trafiquants sans scrupule qui mettent leurs
vies en danger à bord de canots surchargés impropres à la navigation en
mer au large de Chios", a-t-il dénoncé.
Les 22 personnes sauvées par les garde-côtes grecs malgré une mer
agitée sont 14 hommes, sept femmes et un enfant.
Ils sont "tous en bon état de santé" et ont été transférés au port de
Chios, selon un nouveau communiqué du service des garde-côtes.
Selon ce texte, le bateau "surchargé" était parti de Turquie et malgré
le vent fort aucun des occupants n'avait reçu de gilet de sauvetage par
les passeurs.
De son côté le ministre grec de la Marine marchande, Yiannis
Plakiotakis, a déclaré que les passeurs avaient fait preuve d'un
"mépris criminel pour la vie humaine".
Dans un premier communiqué, les garde-côtes avaient fait savoir que 27
personnes étaient à bord du bateau qui a coulé, citant le témoignage
des survivants.
Les garde-côtes grecs ont engagé des recherches avec l'appui d'un
navire de l'Otan, de deux hélicoptères et de plusieurs autres bateaux
naviguant dans cette zone de la mer Egée.
Selon le Haut commissariat aux réfugiés (HCR), plus de 2.500 personnes
ont fait la traversée de la mer Egée cette année à partir de la Turquie
voisine, contre 9.700 en 2020, année pour laquelle le HCR a recensé
plus de 100 morts ou disparus.
Pour 2021, le HCR-Grèce a recensé jusqu'ici trois naufrages en mer Egée
entre janvier et mars ayant fait six morts dont l'un dans les eaux
territoriales grecques au large de l'île de Lesbos.
Pour sa part, l'Organisation internationale des migrations a signalé
trois autres naufrages entre avril et septembre dans la même zone ayant
fait 13 morts dont huit au large de l'île grecque de Crète. (AFP, 26
octobre 2021)
Immigration / Migration
Écolo dénonce "une gestion
hasardeuse" des finances à Saint-Josse
Entre autres problèmes : le budget pour la construction de
maison des Cultures a... quadruplé ! "Pour la maison des Cultures et la
rénovation de l'école Guy Cudell, par exemple, on a l'impression qu'il y a un
manque de transparence et de maîtrise dans les coûts. (...) On voudrait une
assistance à la maîtrise d'ouvrage, ce qui permettrait de respecter les délais
et les budgets."
"Le
Covid n'explique pas tout", c'est en tout cas ce qu'on peut lire dans le titre du
communiqué de presse publié ce mercredi par les écologistes à Saint-Josse.
"Sous chaque législature, le bas de laine diminue. C'est une tendance que
l'on observe depuis 2012", explique Zoé Genot (Écolo). Contacté, le
bourgmestre Émir Kir a réagi aux propos des écologistes : "les
autorités locales arrivent en bout de chaîne pour les budgets, mais sont en
première ligne pour l'action. On sait que quand des décisions sont prises au
niveau fédéral et aux régions, ce sont les communes en première ligne qui
doivent assumer.(...) Il y a eu des promesses de financement lancées par la
Région, elles n'ont pas été réalisées, nous n'avons aucune aide en 2020
concernant les dépenses du Covid."
La
conseillère communale pointe cependant du doigt la mauvaise gestion des
chantiers entamés par la commune. "Pour la maison des Cultures et la
rénovation de l'école Guy Cudell, par exemple, on a l'impression qu'il y a un
manque de transparence et de maîtrise dans les coûts. (...) On voudrait une
assistance à la maîtrise d'ouvrage, ce qui permettrait de respecter les délais
et les budgets." En effet, le communiqué des verts indique un budget
quadruplé par la Maison des Cultures et doublé pour le lycée Guy Cudell.
"Le
projet de la maison des cultures a été approuvé à l'unanimité par le conseil
communal devant lequel il est passé de nombreuses fois. Comme tous les
chantiers, il a un coût. Au niveau des matériaux de construction, les coûts ont
augmenté de 15 à 20%. Il y a aussi un surcoût depuis quelques semaines et
quelques mois au niveau de l'énergie. C'est une réalité pour toutes les
communes, pour qui c'est une année noire", argue le maïeur.
Une mauvaise gestion du personnel communal ?
"Saint-Josse a une administration particulièrement
importante, mais son organigramme n'est pas clair", dénonce encore Zoé Genot. Pas trop
nombreux, mais mal organisé, selon elle. "On ne sait pas dire combien
de personnes il y a dans chaque cellule de l'administration, par exemple."
Un propos que le bourgmestre contraste fermement, et montre les efforts
réalisés durant la gestion de la crise sanitaire. "C'est de la mauvaise
foi. On a été parmi les meilleurs élèves de la classe bruxelloise, voire du
royaume en termes de gestion de crise. Nous avons créé un service d'aide
alimentaire, réquisitionné un hôtel, construit des cloisons en plexiglas, et
bien d'autres projets. Pour tous ceux-ci, nous avons pu compter sur une
administration souple, réactive et professionnelle."
Émir Kir
semble donc serein vis-à-vis de la gestion financière de sa commune,
contrairement à Zoé Genot, qui espère que Saint-Josse fasse beaucoup mieux à
l'avenir, avec un budget par habitant deux fois supérieur à sa voisine :
Schaerbeek. (dhnet.be, Sylvain Anciaux, 25 nov 2021)
Les grévistes de la faim:La Ligue des droits humains et le CIRÉ attaquent l’État
Ce lundi 22 novembre 2021, la Ligue des droits humains et
le CIRÉ se joignent aux actions en justice introduites par cinq anciens
grévistes de la faim de l’Union des Sans Papiers pour la Régularisation (USPR)
devant le tribunal de première instance de Bruxelles. Nous demandons au
tribunal d’enjoindre l’État belge, en la personne de son secrétaire d’État à
l’Asile et à la Migration, de respecter ses engagements pris envers l’ensemble
des anciens grévistes de la faim.
Du 23 mai au 21 juillet
2021, 475 personnes, membres de l’USPR ont mené une grève de la faim pour
réclamer leur droit à une vie digne. Elles vivent ici, elles travaillent ici,
elles ont ici de la famille et des réseaux de proches, parfois depuis de très
nombreuses années.
Plusieurs rencontres entre
les autorités et les grévistes, tantôt formelles, tantôt informelles, se sont
succédé entre mai et juillet. Au cours de celles-ci, le secrétaire d’État et le
Directeur général de l’Office des étrangers ont énoncé aux grévistes les
éléments positifs qui seraient pris en compte dans l’examen de leurs demandes
de séjour. Le pouvoir discrétionnaire du secrétaire d’État s’est ainsi vu
éclairci par certaines lignes directrices, qui devaient être appliquées par
l’administration.
Le CIRÉ et d’autres
organisations de la société civile ont été témoins de certains de ces échanges.
Nous avons pris acte des éléments présentés par l’Office des étrangers comme
favorables dans les demandes de séjour humanitaire.
Or, les premières
décisions prises par l’Office des étrangers à l’égard des anciens grévistes
démontrent que le cadre exposé n’a pas été respecté. Nous partageons la colère
et l’indignation des membres de l’USPR face aux réponses négatives qu’ils et
elles ont reçues.
Au pouvoir discrétionnaire
contestable en la matière s’ajoute ici un irrespect manifeste de la parole
donnée. En juillet, il a été dit à plusieurs anciens grévistes qu’au vu des
éléments positifs étayant leurs dossiers, leur demande de séjour serait
acceptée. Cet élément a été déterminant dans l’arrêt de leur grève de la faim.
Trois mois plus tard, c’est un ordre de quitter le territoire qui leur est
signifié…
Nous rappelons qu’une parole donnée, même oralement, doit être respectée. Les
ex-grévistes de la faim, comme tout un chacun, doivent bénéficier du principe
de confiance légitime vis-à-vis de l’administration. Nous constatons que cette
confiance a été trahie.
Le mépris affiché envers
les anciens grévistes de la faim met en lumière, de façon plus générale, que le
mode de fonctionnement discrétionnaire de l’administration mène à toutes les dérives.
Il permet notamment
d’enfreindre sciemment une parole donnée.
En matière de délivrance des titres de séjour humanitaires, un cadre juridique
et légal clair est la seule garantie possible contre l’arbitraire.
Nous nous associons à la
démarche des cinq requérants pour défendre l’intérêt collectif de l’ensemble
des anciens grévistes de l’USPR. Nous sollicitons le pouvoir judiciaire pour
que celui, discrétionnaire celui-là, du secrétaire d’État ne l’autorise pas à
l’arbitraire et ne permette pas à son administration de manquer impunément à sa
parole.
Malgré leurs déboires au
Bélarus, des migrants irakiens rêvent de repartir
Après trois semaines dans
les forêts glaciales à la frontière entre le Bélarus et la Pologne, Hussein,
son épouse et sa mère sont rentrés en Irak dans leur camp de déplacés Yazidis.
Malgré les déconvenues, "le froid" et la "faim", Hussein
rêve de repartir.
Installée dans le nord
irakien, la famille faisait partie du vol qui a rapatrié plus de 400 personnes
jeudi dernier, des Kurdes d'Irak dans leur immense majorité.
Au Bélarus, entre les visas
et les dépenses quotidiennes, Hussein Khodr a déboursé plus de 10.000 dollars.
Sans jamais réussir à rallier l'Europe occidentale.
A la frontière avec la
Pologne, "on essayait de franchir les barbelés. Il y avait des détecteurs
qui envoyaient un signal à la police polonaise. Elle débarquait et nous
empêchait de passer", raconte le trentenaire, qui s'est réinstallé au camp
de Sharya, près de Dohouk, au Kurdistan irakien.
A la frontière, la famille a
campé une vingtaine de jours dans la forêt humide. "On avait faim, on
avait soif, on avait froid", résume Hussein, 36 ans.
Les sept camarades Yazidis
qui voyageaient avec Hussein sont arrivés en Allemagne.
Mais les rhumatismes de sa
mère Inaam, 57 ans, l'empêchaient de marcher de longues heures.
"Nous ne sommes pas
partis à la recherche du luxe, mais pour échapper à des conditions
misérables", plaide la matriarche, foulard mauve lâchement jeté sur ses
cheveux noirs.
Assise sur un matelas de
mousse dans sa tente spartiate, elle égrène une vie de tragédies, avec en
filigrane l'histoire contemporaine de l'Irak et des Yazidis. La minorité adepte
d'un monothéisme ésotérique est persécutée depuis des siècles par les
extrémistes musulmans qui les considèrent comme "satanistes".
- "On repartira" -
Veuve à 20 ans, Inaam a dû
élever seule son nouveau-né, à la mort de son mari en 1986 durant la guerre
Iran-Irak. En 2005 et 2007, son fils a miraculeusement survécu à deux
attentats.
Elle raconte aussi sa fuite
à l'été 2014 face à l'arrivée à Sinjar des jihadistes du groupe Etat islamique
(EI). Et le retour impossible après les combats, la maison détruite...
Pour quitter l'Irak, Hussein
s'est endetté. Il a vendu l'or de sa femme et de sa mère. Depuis sept ans, ils
vivent dans une tente, écrasée par la chaleur en été, inondée par les pluies
torrentielles en hiver.
"On a toujours peur
d'un court-circuit qui brûlerait la tente et ses occupants", lâche
Hussein.
Ici, il enchaînait les
petits boulots, se lançant un temps dans la réparation de portables.
"Nous n'avons plus
d'argent, mais dès qu'on en aura, on repartira", persiste-t-il. Je
n'abandonne pas l'idée d'émigrer".
Il sait que ça ne se fera
pas par le Bélarus. "Nous y sommes interdits de séjour pour les cinq
prochaines années", ajoute-t-il doctement.
- Disparités sociales -
L'Occident accuse le Bélarus
de créer artificiellement la crise en délivrant des visas pour se venger des
sanctions occidentales. Minsk a démenti cette accusation, reprochant à l'Union
européenne de ne pas accueillir les migrants.
Depuis le début de la crise
cet été, au moins 11 migrants sont morts, selon les médias polonais. Des
milliers d'entre eux, pour la plupart des Kurdes irakiens, sont toujours
bloqués dans le secteur.
Et au pied de la citadelle
d'Erbil, capitale du Kurdistan autonome, on ne comprend que trop bien leurs
motivations.
"Si j'en avais
l'opportunité, je partirais aujourd'hui, avant demain", confirme Ramadan
Hamad, un cordonnier kurde de 25 ans.
Sans atelier, c'est assis
sur un trottoir qu'il travaille une semelle, illustrant ainsi son propos:
"le manque d'avenir et une situation économique devenue très
difficile".
"Je sais qu'avec l'émigration
clandestine, j'ai 90% de chance de mourir. Mais au moins en arrivant je vivrais
dans une société qui respecte l'individu".
La crise migratoire
"entache" l'image cultivée par la région autonome qui se veut
"l'endroit le plus sécurisé d'Irak", estime Adel Bakawan, directeur
du Centre français de recherche sur l'Irak (CFRI).
Selon lui, le flux est
alimenté par les difficultés économiques, mais aussi un avenir semé
d'incertitudes géopolitiques: désengagement américain, résurgence jihadiste,
conflit entre la Turquie voisine et les insurgés du PKK.
Dans un Irak instable, le
Kurdistan a toujours promu une façade de prospérité et de stabilité, cherchant
à attirer les investisseurs étrangers. Ici on construit à tour de bras, se
targuant d'être un peu comme Dubaï: des hôtels cinq étoiles, des projets
immobiliers de luxe, des universités et écoles privées.
Mais, "il n'y a qu'une
seule classe sociale qui a accès à tout cela", résume M. Bakawan. "Un
jeune Kurde ne peut pas partir en vacances, ni acheter une maison, ni aller
dans une école privée pour faire ses études en anglais, ni avoir un emploi lui
donnant un statut social". (AFP, 23 nov 2021)
Bulgarie: transfert en
Belgique d'un homme condamné pour terrorisme
Un homme condamné pour
terrorisme à Bruxelles et arrêté le 10 novembre en Bulgarie alors qu'il entrait
clandestinement dans le pays depuis la Turquie va être transféré en Belgique, selon
une décision lundi du tribunal de Yambol (sud-est).
Yassine Lachiri,
ressortissant marocain, est présenté dans des médias comme un proche
d'Abdelhamid Abaaoud, coordinateur des commandos du 13 novembre 2015 à Paris,
tué dans un assaut policier cinq jours après les attentats.
Yassine Lachiri avait été
condamné en juillet 2015 à 20 ans de prison par contumace par un tribunal de Bruxelles,
dans le cadre du procès d'un réseau de recrutement jihadiste en Belgique.
Il faisait depuis l'objet
d'un mandat d'arrêt européen.
"Le tribunal a jugé que
le mandat pouvait être exécuté et a autorisé le transfert de la personne
concernée à l'Etat requérant", a déclaré à l'AFP le porte-parole du
parquet de Yambol, Milen Bojidarov.
"La procédure a pu être
accélérée grâce à l'accord" de Yassine Lachiri, dont la remise à la
Belgique pourrait intervenir dans un délai de dix jours.
Selon la presse belge, M.
Lachiri a été déchu de sa nationalité belge par contumace en 2020.
Il a par ailleurs été
condamné en Turquie pour terrorisme à une peine de neuf ans et cinq mois de
prison. (AFP, 22 nov 2021)
Chers amis,
L'événement "Rencontre
avec Doğan Özgüden et İnci Tuğsavul à l'occasion du 50e anniversaire de leur
exil" que nous avions annoncé pour le samedi 27 novembre, a été reporté à
une date ultérieure, indéterminée pour le moment.
Les nouvelles mesures et les
restrictions qui sont entrées en vigueur à partir du 20 novembre contre la
montée de l'épidémie de Covid-19 en Belgique, nous empêcheraient d'organiser
l'évènement tel que nous aurions voulu.
Nous annoncerons la nouvelle
date de cette précieuse rencontre dès que les conditions le permettent.
Nous vous remercions pour
votre compréhension et suggérons que cette déclaration soit publiée sur les
sites où l'annonce précédente a été partagée.
ASSOCIATION DES ARMENIENS
DEMOCRATES DE BELGIQUE
Migrants: en Irak, des
"forfaits tout compris" pour le Bélarus
Ils ont payé des milliers de
dollars pour parcourir des centaines de kilomètres dans l'espoir d'un
"avenir" en Europe: le périple aérien des migrants irakiens jusqu'à
la frontière polono-bélarusse commence souvent chez des tour-opérateurs qui
leur vendent des "forfaits tout compris".
Bakr a 28 ans et c'est une
exception parmi les milliers de migrants campant côté bélarusse dans des
conditions effroyables. Contrairement à la majorité de ses compagnons de
galère, il n'est pas kurde d'Irak mais arabe. Il vient d'Al-Anbar, dans l'ouest
du pays.
"Nous sommes exténués
et malades", dit par téléphone le jeune homme qui souhaite rallier le
Royaume-Uni pour se créer un "avenir".
"Nous sommes arrivés là
avec un visa de tourisme il y a une semaine. Comme il n'y a plus de vols entre
Bagdad et Minsk, nous sommes passés par Dubaï, puis Minsk", raconte-t-il.
"Certains ont payé 3.000 dollars, d'autres jusqu'à 25 ou 30.000 dollars, à
une agence de voyages à Bagdad".
A ses côtés, Sangar, Kurde
d'Irak, est à tel point fatigué qu'il se dit prêt "à aller dans n'importe
quel pays qui acceptera" ses trois enfants.
Avant qu'ils ne soient
fermés à la demande du gouvernement irakien il y a près de deux semaines, les
consulats bélarusses d'Erbil, au Kurdistan d'Irak, et de Bagdad délivraient des
visas de tourisme qui permettaient de se rendre à Minsk puis à la frontière
avec la Pologne, pays membre de l'Union européenne.
Les vols directs entre Minsk
et Bagdad d'Iraqi Airways ont été suspendus sur ordre du gouvernement de Bagdad
au mois d'août dernier. A l'époque, des centaines de migrants, Irakiens pour la
plupart, s'étaient massés à la frontière lituano-bélarusse dans l'espoir de
passer en Lituanie.
Depuis, le centre de gravité
de la crise s'est déplacé à la frontière avec la Pologne.
- "Visa
touristique" -
Varsovie affirme qu'entre
3.000 et 4.000 migrants, dont de nombreux Kurdes d'Irak, campent actuellement
le long de la frontière, dans cette crise qui oppose les pays occidentaux, d'un
côté, au Bélarus et son alliée la Russie, de l'autre.
A Bagdad, dans une agence de
voyages dont le patron ne souhaite pas voir le nom publié, un tour-opérateur
qui veut conserver l'anonymat explique à l'AFP: "Maintenant, tout se fait
par la Russie".
"Le visa touristique
pour la Russie coûte 700 dollars. Le passager a besoin d'une invitation et d'un
garant. Ca prend environ dix jours pour l'obtenir. Le vol coûte 500
dollars", dit-il. "Une fois en Russie, des passeurs les emmènent clandestinement
par voie terrestre jusqu'à la frontière avec le Bélarus et ça coûte 500
dollars".
Soit près de 2.000 dollars,
une somme en Irak, où le salaire moyen tourne autour de 300 dollars.
Mais les voies aériennes se ferment
les unes après les autres. Après la Turquie qui a interdit les Irakiens, les
Yéménites et les Syriens sur les liaisons avec le Bélarus la semaine dernière,
la compagnie bélarusse Belavia a prononcé une mesure similaire pour les vols
depuis Dubaï.
-Entre 3.500 et 4.000
dollars-
A en croire Mera Jassem
Bakr, chercheur irakien spécialisé dans les flux de migration des Kurdes
d'Irak, Dubaï était devenu ces derniers temps l'un des "deux points de
départ des Kurdes d'Irak vers Minsk". L'autre est Doha, avec Qatar
Airways. Les migrants "n'ont pas besoin de visa du Qatar puisqu'ils ne sont
qu'en transit à Doha".
Et Ankara "est devenu
la plateforme" qui permet d'obtenir des visas. Souvent, explique le
chercheur, les Kurdes d'Irak fournissent leur passeport aux agents de voyage
qui envoient les documents à leurs correspondants dans la capitale turque où
les visas du Bélarus leur sont délivrés.
"Ce sont des forfaits
tout compris", résume M. Bakr. "Il y a deux mois, ils coûtaient 2.500
dollars. Aujourd'hui on est entre 3.500 et 4.000 dollars", détaille-t-il.
Face à la crise, l'Irak a
annoncé la mise en place d'un premier vol de rapatriement de migrants irakiens
jeudi depuis le Bélarus "sur la base du volontariat". Quelque 571
migrants ont dit vouloir rentrer, selon le ministère des Affaires étrangères
irakien.
Dana (prénom d'emprunt)
voudrait, elle aussi, rentrer chez elle, en Syrie. Et peu importe "les
sommes considérables" qu'elle a investies. Elle est retournée à Minsk
après vingt jours à la frontière avec la Pologne, "sans eau, sans
nourriture" et avec les "coups" des soldats bélarusses.
"Malgré la guerre et
les problèmes, je me sens plus en sécurité en Syrie qu'ici", dit-elle. (AFP, 16 nov
2021)
Rencontre avec Doğan Özgüden et Inci Tuğsavul
Communiqué de l'Association des Arméniens démocrates en Belgique:
Alors que certains de nos amis nous quittent prématurément, d’autres
restent comme une consolation à l’avant de la lutte et restent
productifs malgré et envers tout. Le couple Doğan Özgüden et İnci
Tuğsavul en est le meilleur exemple.
Cette année était le 50e anniversaire de leur exil forcé de la Turquie
en raison des poursuites politiques. Les développements ultérieurs
n'ont pas permis leur retour. Ils ont été déchus de leur citoyenneté
dans les années 1980 et cette violation des droits continue à ce jour.
Dès les débuts de leur vie d'exil, en étant en relations sincères avec
les communautés immigrées arméniennes, assyriennes, grecques, alévies,
kurdes et ézidies issus de la Turquie, ressentant leurs douleurs,
faisant les leurs, ils ont pu avoir un regard critique et juste par
rapport à la politique raciste passée et présente de l’Etat Turc.
Doğan et Inci, qui se tiennent côte à côte avec leurs amis contre le
négationnisme, qui exposent au grand jour l'agression interne et
externe du régime fasciste turc, qui défendent les droits du peuple
kurde; font face de ce fait à des menaces, à des intimidations de la
part des extensions étrangères de l'État profond turc.
C'est un honneur pour nous de les rencontrer à l'occasion du 50e
anniversaire de leur exil. A cette occasion, après avoir visionné le
Documentaire Doğan Özgüden de Nazım Alpman, nous aurons un dialogue
sincère et enrichissant. L’occasion également de voir les œuvres de
Doğan, comme "Ecrits d'exil", "Journaliste Apatride" et d’autres.
Nous devons reconnaître la valeur de nos amis de leur vivant.
Nous invitons tous nos amis chez nous le samedi 27 novembre à 18h00.
La Bulgarie envoie 350 militaires à
sa frontière avec la Turquie
La Bulgarie a envoyé lundi 350 militaires à sa frontière avec la
Turquie en soutien à la police en raison d'une pression migratoire en
hausse, a annoncé le ministre de la Défense Gueorgui Panayotov.
"Il y a depuis ce lundi des militaires à la frontière bulgaro-turque
pour soutenir la police frontalière. 350 personnes avec quelques 40
unités d'équipement ont été envoyées", a-t-il déclaré dans une
interview à la télévision bTV.
Plus de 6.500 personnes entrées illégalement, notamment originaires
d'Afghanistan, ont été arrêtées de janvier à septembre en Bulgarie,
soit plus de trois fois plus que pendant la même période en 2020, selon
le ministère de l'Intérieur.
La Bulgarie se situe à la frontière terrestre extérieure de l'Union
européenne (UE), sur la voie de ceux qui veulent gagner l'Europe. Une
clôture en barbelés, endommagée par endroits, couvre la frontière
bulgaro-turque sur 259 km.
Le parlement avait décidé en août de l'envoi de 400 à 700 militaires
aux frontières de la Bulgarie avec la Turquie et la Grèce pour aider
notamment à la construction de barrières.
Membre le plus pauvre de l'UE, la Bulgarie n'a jamais accueilli de
demandeurs d'asile en grand nombre, la plupart repartant avant même
d'obtenir un réponse concernant leur statut de réfugié. (AFP, 1 nov
2021)
400 migrants arrivés dans un bateau
turc débarquent à Kos
Près de 400 migrants ont débarqué dimanche sur l'île de Kos d'un navire
battant pavillon turc que la Grèce a autorisé à accoster, même si elle
accuse la Turquie d'avoir violé un accord migratoire, selon les
autorités grecques.
La Grèce demandait depuis vendredi à la Turquie de récupérer le bateau.
Devant le refus turc, les autorités grecques ont finalement autorisé
les migrants à débarquer sur l'île de Kos, en mer Egée. Selon les
gardes-côtes, ils ont été transportés dans un centre d'accueil, où ils
vont être placés en quarantaine et testés pour le coronavirus.
Selon le ministère des Migrations, 382 personnes ont débarqué et six
d'entre elles ont été interpellées pour être interrogées.
Le ministre des Migrations, Notis Mitarachi, a précisé qu'ils
s'agissait principalement de migrants venant du Pakistan et du
Bangladesh, ainsi que de quelques Afghans.
Après avoir dénoncé un peu plus tôt sur Twitter "un autre voyage
dangereux et illégal à partir des côtes turques sans que les autorités
turques s'en soient aperçu", le ministre a annoncé dans un communiqué
avoir "notifié à l'Union européenne que la Turquie avait refusé de
reprendre ce bateau".
"La Grèce a secouru des centaines de milliers de gens depuis sept ans.
Il est temps que l'Union européenne agisse et montre une vraie
solidarité efficace et s'assure que l'accord UE-Turquie est respecté",
a-t-il ajouté.
A cause d'un problème de moteur, le navire dérivait au large de l'île
de Karpathos quand il avait émis un signal de détresse.
Selon les gardes-côtes grecs, le navire avait quitté la Turquie alors
que soufflaient des vents violents, et aucun des passagers n'avait de
gilet de sauvetage.
Samedi, la Grèce a accusé la Turquie d'avoir sciemment permis le départ
du bateau, en violation de l'accord de mars 2016 qui prévoyait un réel
effort d'Ankara pour limiter les migrations à partir de son territoire
en échange d'une aide financière de milliards d'euros de la part de
l'UE.
"La Turquie, une fois de plus, n'a pas accompli ses devoirs envers
l'Union européenne. Elle ne va pas accepter le retour du bateau battant
pavillon turc et parti d'un port turc évidemment au vu et au su des
garde-côtes turcs, et elle continue de faire fi de la vie humaine",
avait commenté samedi le ministre grec de la Marine marchande Giannis
Plakiotakis.
Selon le Haut commissariat aux réfugiés (HCR) de l'ONU, plus de 2.500
personnes ont fait la traversée de la mer Egée cette année à partir de
la Turquie voisine, contre 9.700 en 2020, année pour laquelle le HCR a
recensé plus de 100 morts ou disparus.
Les îles grecques de l'est de la mer Egée sont les premières à pouvoir
être atteintes depuis les côtes turques par les embarcations en tous
genres et de toutes tailles qu'utilisent les migrants.
Mardi dernier, quatre migrants dont deux enfants sont morts noyés
lorsque leur bateau a coulé au large de l'île de Chios. (AFP, 31 oct
2021)
La Turquie
va expulser sept Syriens accusés de se moquer
des Turcs
La Turquie a annoncé jeudi qu'elle avait arrêté et allait expulser sept
Syriens accusés de se moquer des Turcs dans une vidéo partagée sur les
réseaux sociaux où ils se filment en train de manger des bananes.
La vidéo a été considérée comme "provocante" et les Syriens, accusés de
"se moquer des Turcs", seront renvoyés dans leur pays malgré la guerre,
a prévenu la Direction des migrations, un organisme qui dépend du
ministère turc de l'Intérieur.
Tout a commencé par une vidéo diffusée le 25 octobre sur les réseaux
sociaux, montrant une altercation entre une jeune Syrienne et des
citoyens turcs, dans un quartier d'Istanbul.
Surgit un homme qui lance à la jeune femme: "Vous vivez de manière plus
aisée que nous. Moi je ne peux pas m'offrir de bananes et vous, vous en
achetez par kilos sur les marchés!".
"Exactement", renchérit une autre femme qui tente de faire taire la
Syrienne et reproche aux migrants d'aller "tous les jours chez le
coiffeur".
La jeune réfugiée syrienne tente d'expliquer que les migrants, comme
elle, achètent ce qu'ils peuvent avec leur argent. En vain. "Va-t-en en
Syrie! Va te battre là-bas. Nous, nous ne fuyons pas notre pays, vous
non plus vous ne devriez pas!", crie la femme.
Aussitôt après la diffusion de cette vidéo, des réfugiés syriens en
Turquie se sont filmés, en signe de protestation, en train de manger
des bananes, avec la vidéo de l'altercation en fond sonore.
Le mouvement, qui vise à dénoncer les clichés et les discours de haine
envers les Syriens, a suscité la controverse.
Certains comptes Twitter ont présenté ces vidéos comme "se moquant des
difficultés économiques des citoyens turcs", confrontés à une inflation
galopante et une baisse de la valeur de la monnaie nationale turque.
La Turquie accueille près de quatre millions de réfugiés syriens. Elle
a connu des épisodes de tensions xénophobes ces dernières années,
souvent déclenchés par des rumeurs propagées sur les réseaux sociaux et
les messageries instantanées.
Ces tensions sont exacerbées par la crise économique. En août, des
attaques ont visé des commerces et des logements occupés par des
Syriens à Ankara, la capitale turque, des incidents qui sont restés
limités. (AFP, 28 octobre 2021)
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