Droits
de l'Homme / Human Rights
Highest number of applications to ECTHR was from
Türkiye in 2022
The highest number of applications to the European Court of Human
Rights (ECtHR) was made from Türkiye last year, according to the
figures released by the court.
Out of about 45,500 applications to the court, 26.9 percent were from
Türkiye, 22.4 percent were from Russia, and 13.9 percent were from
Ukraine, the figures showed.
The European court gave 80 decisions about Türkiye in 2022, finding at
least one rights violation in 73 of them. No violations were found in
five decisions.
Right to freedom and security (27), right to property (20) and right to
a fair trial (16) were the most violated rights, according to the
European court verdicts.
There were 74,650 cases pending at the court, and 74 percent of them
were from five countries — Türkiye, Russia, Ukraine, Italy and Romania
— at the end of the year. Over 20,000 cases against Türkiye are pending
at the court.
The Committee of Ministers of the Council of Europe in February 2022
launched infringement proceedings against Türkiye because of its
failure to release Osman Kavala, a businessperson and a rights
defender, despite an ECtHR Grand Chamber verdict.
In 2022, the Council established a contact group with Türkiye for the
implementation of the decision. (BIA, 27 January 2023)
No sentence for police officer who
shot student dead during Newroz celebrations
The police officer who killed a university student during the 2017
Newroz celebrations in the mostly Kurdish-populated southeastern
province of Diyarbakır has been cleared of "wilful murder" charges.
The officer, identified with the initials Y.K., shot Kemal Kurkut, 23,
near a security checkpoint at the celebration area. The man was killed
on the scene. During the trial, the officer said he had shot Kurkut on
suspicion of carrying a bomb even though his upper body was naked.
Previously, the Diyarbakır Regional Court of Justice, the appeals
court, overturned a decision of acquittal, and concluded a decision
should be given that there was "no room for punishment."
The Diyarbakır 7th Heavy Penal Court, which retried the case, yesterday
(January 17) ruled that there was no room for punishment, concluding
that the conditions had arisen for the officer to use a weapon.
Y.K. and the brother of Kurkut attended the hearing via video
conference while the attorneys of the parties were present in the
courtroom.
The prosecutor demanded no sentence be given to the officer, in line
with the appeals court decision.
"Impunity"
Serdar Çelebi, attorney of the Kurkut family, pointed out impunity in
his statement.
"An ordinary trial where the perpetrator is a police officer and the
slain person is a Kurd," he said, adding questioning why the crime
scene had not been reconstructed.
"The police officer closest to the victim, Onur Mete, says, 'I didn't
hear the victim saying 'I'll blow myself up.' But those who were
further away from the victim say, 'We heard.'
"From the beginning, when the governor made the 'suicide bombing'
statement, the purpose was to close the case with impunity."
Mehmet Emin Aktar, another attorney of the family, also said it was a
typical practice of impunity.
Citing the reports in the case file, he noted that about 20 police
officers had fired in the air while Y.K. directly opened fire against
Kurkut. (BIA, 18 January 2023)
La présidente de l'Union des médecins Fincanci
libérée mais condamnée
La présidente de l'Union des médecins de Turquie (TTB), Sebnem Korur
Fincanci, a été condamnée mercredi à deux ans et huit mois de prison
pour "propagande terroriste", mais libérée par un tribunal d'Istanbul.
Mme Fincanci, reconnue internationalement pour sa dénonciation des
crimes de guerre, avait été arrêtée le 26 octobre pour avoir réclamé
une enquête sur des accusations d'emploi d'armes chimiques par l'armée
turque dans le nord de l'Irak contre des combattants du Parti des
Travailleurs du Kurdistan (PKK).
La médecin, âgée de 63 ans, dénonçait depuis le début un procès
"politique". Elle encourait jusqu'à sept ans et demi de prison.
Son avocate, Meric Eyuboglu, a exprimé sa "surprise" et sa "joie" à
l'issue du verdict, affirmant s'être préparée "au pire".
Elle a également annoncé que sa cliente se pourvoirait en appel.
En fin de journée, Mme Fincanci a quitté tout sourire la prison
pour
femmes de Bakirkoy, à Istanbul, accueillie par les embrassades émues
d'une cinquantaine de ses soutiens et un bouquet de fleurs, a constaté
l'AFP.
Médecin légiste de formation, elle avait été arrêtée puis détenue à
Ankara, avant d'être transférée à Istanbul.
Selon l'association d'avocats MLSA, présente au procès, elle sera
également privée du droit d'exercer sa profession pendant la durée de
sa peine si celle-ci est confirmée.
Les accusations d'emploi d'armes chimiques par l'armée turque dans le
nord de l'Irak, relayées par des médias prokurdes et des élus de
l'opposition, avaient suscité l'ire des autorités turques, qui ont
dénoncé une campagne de "désinformation".
- "Affaire politique" -
Le PKK est considéré comme une organisation "terroriste" par Ankara et
ses alliés occidentaux.
Devant la cour, Meric Eyuboglu a dénoncé un réquisitoire préparé "avant
même la première audience et répété" depuis par le procureur, preuve
"que les droits à un procès équitable ont été constamment bafoués".
Une dizaine de pays occidentaux, dont la France et les Etats-Unis,
comme l'Union européenne, avaient dépêché des représentants à
l'audience, dans une salle bondée, a rapporté l'un d'eux à l'AFP.
Ardente défenseure des droits, très engagée dans la lutte contre la
torture et les crimes de guerre, Mme Fincanci a été notamment associée
aux enquêtes des Nations unies sur les crimes commis en ex-Yougoslavie.
De très nombreux soutiens de Mme Fincanci - représentants
d'organisations médicales et de défense des droits, universitaires -
ont assisté à l'audience dans la matinée.
L'un d'eux, Ole Johan Bakke, vice-président du Comité permanent des
médecins européens (CPME), s'est réjoui de sa libération tout en
annonçant que son organisation allait "se battre aux côtés des
(médecins) turcs pour gagner en appel" et obtenir son acquittement.
Sebnem Korur Fincanci, qui comparaissait pour la troisième fois devant
la Haute Cour criminelle d'Istanbul, a dénoncé "une affaire à
motivation politique visant le TTB, les valeurs démocratiques et la
liberté d'expression".
- "Abus de justice" -
Accusant ses juges de "trahir leur pays et son peuple pour leur propre
bénéfice", Mme Fincanci a cité devant la cour le poète français René
Char: "Obéissez à vos porcs qui existent/ Je me soumets à mes dieux qui
n'existent pas/ Nous restons gens d'inclémence".
Des poursuites séparées ont été engagées par le même procureur contre
les 11 membres du comité exécutif de l'Union des médecins pour
"appartenance à une organisation terroriste". Leur procès a été renvoyé
au 8 février.
L'Union des médecins a dénoncé, dans un communiqué, la condamnation
"illégale" de sa présidente et prévenu: "Nous continuerons à nous
battre".
Mme Fincanci avait expliqué lors de ses précédentes comparutions
refuser de préparer sa défense. "Car ce que j'ai fait n'est pas un
crime et fait partie de mon travail de médecin", a-t-elle dit.
Son arrestation fin octobre avait déclenché des manifestations à
Istanbul.
Pour Amnesty International Turquie, "les poursuites et la condamnation
de Sebnem Korur Fincanci (...) constituent clairement un abus de
justice", indique l'organisation sur Twitter.
Avec Human Rights Watch et d'autres organisations de défense des
droits humains, Amnesty avait réclamé à plusieurs reprises
"l'acquittement et la libération immédiate" de Mme Fincanci. (AFP, 11
jan 2023)
L’assassinat
politique d’Ankara met en cause l’allié
d’Erdogan
Ragip Duran, tvxs.gr, 9 janvier 2023
Le meurtre en plein centre de la capitale de Sinan Ates, ancien
dirigeant des Loups Gris a mis le parti de l’extrême-droite MHP et le
pouvoir dans une position difficile. Ils préfèrent garder le silence,
mais…
Le 30 décembre dernier, Sinan Ates (38), l’ancien (2019-2020) Président
de la Fondation de l’Éducation et de Culture des Foyers de l’Idéal
(Loups Gris) a été abattu en plein centre d’Ankara de six balles.
L’auteur de cet attentat a pu s’échapper aidé par un motocycliste.
Ates, historien, était en même temps universitaire, mais il était
plutôt connu comme le potentiel leader du MHP (Parti d’Action
Nationaliste, extrême-droite, allié d’Erdogan, 48 sièges sur 579 au
Parlement). Très actif dans les milieux nationalistes, Ates était
depuis au moins deux ans en campagne permanente: il publiait sur les
réseaux sociaux ses multiples visites et contacts aux quatre coins de
l’Anatolie.
Le silence du MHP et du parti du Président sur cet assassinat a révélé
des malaises au sein de l’extrême-droite. Aucun dirigeant des deux
parti n’a pas participé aux cérémonies funéraires, n’a pas non plus
publié un message de condoléances.
Qui avait tué Ates? Et pourquoi ?
La police et la justice d’Ankara, dominées en grande partie par les
cadres proches du MHP restent pour le moment muets concernant les
motivations et les commanditaires de ce meurtre. 11 personnes dont deux
policiers du Département des Opérations Spéciales ont été arretés, mais
le tireur est toujours en fuite. Un suspect a été arrêté dans la maison
d’un député du MHP. Et il y a également un dirigeant local du MHP parmi
les accusés. Un autre dirigeant du MHP est accusé d’envoyer de l’argent
aux assaillants.
Les médias du gouvernement mettent en avance l’identité universitaire
d’Ates et parlent des activités de ce dernier quand il était à la tête
de la Fondation: Publication des bulletins, des brochures et des livres
de propagande, création d’ateliers de théâtre enfin popularisation du
slogan ‘’L’écologie, c’est nationalisme’’(!).
Le silence officiel du MHP a provoqué la démission de plusieurs
dizaines de membres de ce parti.
Deux scénarios circulent sur les réseaux sociaux :
- Ates pouvait renverser la direction de Devlet Bahceli et devenir le
nouveau leader de ce courant ultra-nationaliste voire raciste. Donc, la
direction actuelle du MHP aurait bien désiré la neutralisation d’Ates.
- Ates s’opposait, selon ses proches, contre les manœuvres de plusieurs
dirigeants du MHP qui étaient actifs dans les milieux narcos. Il
fallait donc se débarrasser d’Ates pour poursuivre les affaires qui
rapportent beaucoup.
Les Loups Gris, actifs depuis les années 1970, étaient une sorte de
branche de jeunesse du MHP. Force de frappe, ils étaient armés et en
conflit contre les militants de gauche et d’extrême-gauche jusqu’au
coup d’Etat du 12 septembre 1980. ‘’Nos idées sont au pouvoir, mais
nous sommes en prison’’ disait Alparslan Turkes (1917-1997) fondateur
du MHP. Ce colonel putschiste du Coup d’Etat du 27 mai 1960 était
arreté, jugé et condamné avec plusieurs dizaines d’autres dirigeants du
MHP et des Loups Gris à la suite du coup d’Etat de 1980 du Général
Evren. Plusieurs anciens membres des Loups Gris de l’époque sont
devenus aujourd’hui des députés du MHP. Mais une partie des militants
de Loups Gris avaient crée des cellules de Mafia qui s’occupaient de
trafic de drogue. De plus, braquages, extorsions et enlèvements étaient
leurs pratiques régulières.
Il y a depuis maintenant au moins 15 ans, un conflit entre la direction
du MHP et les Loups Gris. Ces derniers sont mécontents du Président
actuel du MHP Devlet Bahceli et n’approuvent pas la coalition avec le
Président Erdogan. D’ailleurs en 2017 presque la moitié des membres du
MHP ont quitté le Parti pour joindre le İYİ Parti (Le Bon Parti, dirigé
par Mme Meral Aksener, ancienne dirigeante du MHP et ancien ministre de
l’İntérieur, 37 députés au Parlement et en opposition contre Erdogan).
Sinan Ates, a été également critiqué par les milieux proches de Bahceli
d’avoir des relations avec le IYI Parti voire avec les Gulenistes,
ancien allié nouvel ennemi du pouvoir.
Les assassinats politiques ont une place importante dans l’histoire
politique récente du pays. La première fois, c’était en 1909 qu’un
journaliste de l’opposition a été tué à l’époque du Comité d’Union et
de Progrès. Depuis cette date, plusieurs dizaines de journalistes,
d’universitaires, de syndicalistes, d’activistes et d’intellectuels
surtout chez les kurdes ont été tués par balle, la plupart du temps par
des assassins anonymes (?!).
Appel de l'Assemblée européenne des
exilés (ASM) à commémorer les assassinats à Paris
La politique d'anéantissement, de négation et de massacre à l'encontre
de la nation et du peuple kurdes, menée depuis cent ans, a maintenant
été mise en pratique en dehors des frontières de la Turquie.
Avec l'aide de leurs maîtres impérialistes et le soutien de leurs
collaborateurs, les dirigeants du pays commettent des crimes contre
l'humanité tels que des bombardements et utilisation d'armes chimiques
en Irak, en Syrie et au Rojava, tandis que des attaques fascistes
étaient portées en France.
L'État turc est le maître des crimes organisés depuis sa fondation. Son
histoire est jalonnée de massacres, de tortures et d'exécutions, sans
compter la répression et l'emprisonnement de tous ceux qui s'y
opposent. Tout en exécutant ses meurtres directement avec ses forces de
l'ordre, il a également mis en action des forces obscures appelées
gang, gladio, commando, contre-guérilla, etc., qui varient selon les
périodes, mais dont la fonction est l'assassinat et le massacre. Ces
forces travaillent directement avec les services de renseignement et
les unités spéciales de l'État et sont dirigées par ceux-ci. De Topal
Osman à Ogün Samast, d'Abdullah Çatlı à Ömer Güney, tous font partie de
cette organisation.
Lors du massacre perpétré il y a 10 ans, le 9 janvier 2013, par Ömer
Güney, lié à l’Organisation nationale de renseignements (MIT), trois
femmes kurdes, Sakine Cansız, une pionnière du Mouvement des femmes
kurdes, ainsi que Fidan Doğan et Leyla Saylemez, ont été assassinées à
Paris.
Toujours le 23 décembre 2022, lors d'une attaque armée contre le Centre
culturel kurde Ahmet Kaya à Paris, menée par un raciste fiché, Emine
Kara (Evin Goya), militante du Mouvement des femmes du Kurdistan en
Europe (TJK-E), l'artiste kurde Mir Perwer et le patriote kurde
Abdurrahman Kızıl ont été brutalement assassinés.
Le silence des États de l'UE sur les massacres et les tueries perpétrés
en relation avec l'État turc, et l'adoption d'attitudes politiques
approbatrices en raison de leurs intérêts militaires et économiques,
encouragent la persécution, l'agression et la témérité du fascisme en
Turquie.
L'attentat et le massacre du 23 décembre 2022 à Paris s'inscrivent dans
la continuité du massacre du 9 janvier 2013.
N’ayant pas adopté une position politique exposant et condamnant
l'attaque et les liens des meurtriers avec la République turque, l'État
français a préparé le terrain pour le dernier massacre.
À l'occasion du 10e anniversaire de leur assassinat en exil, nous
commémorons tous les assassinés en la personne de Sakine Cansız, Fidan
Doğan et Leyla Şaylemez et maudissons les meurtriers !
En tant que l’Assemblée des exilés européens (ASM), nous appelons tous
les exilés et les forces progressistes à participer aux commémorations,
nous appelons également l’opinion publique démocratique et les
organisations de défense des droits humains à élever leur voix contre
toute sorte d'attaques fascistes, à s'opposer et à lutter contre les
arrestations, les massacres et les attaques en exil !
Top Turkish court finds withdrawal from Istanbul
Convention 'lawful'
The Council of State (Danıştay), Turkey's highest administrative body,
found President Recep Tayyip Erdoğan’s withdrawal from the Istanbul
Convention “lawful.”
Political parties and women organizations filed lawsuits against the
presidential decree that pulled the country in March 2021 out of the
Council of Europe’s Convention on Preventing and Combating Violence
against Women and Domestic Violence, also known as the Istanbul
Convention.
In their petition, they said that the convention was approved by the
consent of all parties in parliament in 2011 and that the Constitution
alone does not give the President the power to annul it.
Previously, 10th Chamber of the Council of State rejected the appeal
demanding the annulment of the presidential decree in a 3-2 vote.
Council of State Administrative Litigation Chambers ratified the
Chamber’s decision. The plaintiffs now can apply to the Constitutional
Court (AYM) regarding the issue.
Iconic chairwoman of the Turkish Federation of Women’s Associations
(TKDF), Canan Güllü, criticized the decision and said if the AYM
decides the same, they will apply to the European Court of Human Rights
(ECHR).
“Withdrawing from the Convention is unlawful and this decision is the
proof of one-man rule,” Güllü stated, according to reporting by ANKA
News Agency on Jan. 2.
President Recep Tayyip Erdoğan signed the presidential decree on March
20, 2021, quitting the landmark treaty aimed at protecting women from
violence. On July 1, 2021, the country formally left the convention,
triggering massive protests and anger from women’s rights groups, who
believed the agreement was essential.
Turkey, the first country to ratify the treaty in 2011, suffers from
high rates of femicide. (Duvar, 2 January 2023)
Trial of 89 politicians begins in second Kobanî case
The first hearing of the second case concerning the 2014 Kobanî
protests was held today (January 2) at the Ankara 18th Heavy Penal
Court.
The 89 defendants, including 19 in prison, are charged with financing
the protests that erupted during the ISIS siege on Kobanî, a Kurdish
town in northern Syria.
Forty-two people were killed and at least 682 people were wounded after
the protests turned violent in early October 2014, according to the
Human Rights Association (İHD).
In a case filed in 2021, some 108 Peoples' Democratic Party (HDP)
members, including former MPs, are charged with organizing an
insurrection upon orders of the outlawed Kurdistan Workers' Party
(PKK). HDP politicians had called for protests during the siege.
Charged with 29 separate crimes ranging from "attempted murder" to
"disseminating terrorist propaganda," the defendants are facing
aggravated life imprisonment. The second case is focused on the
financial aspect of the protests.
Ahmet Altun, the same prosecutor of the Kobanî trials, conducted the
investigation of the second case as well.
During the investigation, 48 people were detained in house raids on
April 12, 2022. The detainees are mainly HDP members from Istanbul,
Izmir, Mersin, Adana, Batman and Diyarbakir, who were former deputy
mayors, city council members, and members of the Party Assembly.
According to the Mezopotamya Agency (MA), in the 773-page indictment,
the 89 suspects are charged with "propagandizing for a terrorist
organization" and "establishing or leading an armed terrorist
organization."
With witness testimonies, both confidential and non-confidential,
reports and phone recordings are cited as evidence. (BIA, 2 January
2023)
Ex-Grey Wolves leader shot dead in Ankara
Sinan Ateş, the ex-president of Grey Wolves, a far-right paramilitary
organization and political movement affiliated with the Nationalist
Movement Party (MHP), was killed in Ankara on Friday (December 30).
Ateş and his friend Selman Bozkurt were leaving an apartment building
when two men on motorcycles fired shots at them.
Ateş was seriously injured by a bullet to the head, while Bozkurt was
wounded in the shoulder. Transported to a hospital, Ateş was pronounced
dead after arrival.
Thousands attended the funeral in Bursa, Great Mosque on Saturday,
including Bursa Mayor Alinur Aktaş, İYİ (Good) Party group deputy
chairperson Müsavat Dervişoğlu, İYİ Party Bursa chairperson Selçuk
Türkoğlu, and Justice and Development Party (AKP) MP Refik Özen.
Many claimed that Ateş had resigned from MHP and was establishing
connections with İYİ (Good) Party, a splinter movement from the MHP,
and that this disturbed the MHP circles.
MHP did not express condolence and did not make any announcements on
such claims. No officials from the party attended the funeral.
"Meth-addicted gunman"
Yeniçağ daily columnist Yavuz Selim Demirağ made another claim on the
killing of Ateş; he wrote that the gunmen had come from İstanbul.
Demirağ wrote that there was someone called "Dado" leading the team of
gunmen and that E.Ö. who made the shooting was now a fugitive. Demirağ
also claimed that the policemen investigating the murder were under
pressure.
Demirağ wrote on Saturday (December 31) "I learned who the murderers of
Sinan Ateş are. Those who are involved should be afraid. It will be
your turn next... It is not Ankara-centered, as people think. [They
are] coming from İstanbul, Maltepe, Gülsuyu. I will be disclosing who
are those giving instructions to the meth-addicted gunman who ran away
and how the "ducks" were caught tomorrow afternoon."
"Great pressure on the police"
Demirağ then wrote on Sunday, "The murder of Sinan Ateş is a political
murder. Those who instigated it used a criminal gang as a jobber. They
may try to show this as a "judicial case." We have to take the claims
that there is great pressure on the police seriously.
Demirağ also named the gunman as E.Ö. and wrote that H.S and two others
named Suat and Zekeriya were detained but that the gunman (E.Ö) has run
away. He also added that it was difficult to reach to political
connections at the moment but that it should be possible with the means
at hand.
Reactions from politicians
Reactions came to the murder of Ateş from the opposition while those
from the ruling alliance kept silent until this moment.
The main opposition Republican People's Party (CHP) leader Kemal
Kılıçdaroğlu expressed his condolences and wrote on Friday "the state
should shed light on this murder. We should not be taken in by those
who want to stir up the streets."
İYİ Party leader Meral Akşener did not make a separate statement yet
but she retweeted the condolences of the party speaker on Friday.
Gelecek (Future) Party leader and ex-prime minister and AKP member
Ahmet Davutoğlu said, "A politician, Sinan Ateş was murdered at the
center of Ankara. 48 hours have passed. Nothing from the President, or
Bahçeli, or the Interior Minister, or the Minister of Justice. Are some
people getting prepared for political murders on the streets of the
country? Or do some want to go to elections in a tense atmosphere?"
About Sinan Ateş
Sinan Ateş was married and the father of two daughters.
He became the leader of the Grey Wolves in 2019 following the
instruction of MHP leader Devlet Bahçeli. In the period when İYİ Party
was founded, Ateş came out in favor of MHP leadership and criticized
those leaving MHP in order to join the İYİ Party.
On April 2, 2020, Ateş resigned as the president of the Grey Wolves and
started to work in the Hacettepe University History department.
Sinan Ateş was born in Dursunbey, Balıkesir in 1984 and he studied in
Bursa until graduating from high school. He then went to the Gazi
University Education Department in Ankara in 2002.
He completed his postgraduate studies at Hacettepe University in Ankara
between 2010-2018. Ateş was the high school leader of the Grey Wolves
in Bursa between 2000-2002 and in the boards of the Ankara branch and
headquarters of Grey Wolves between 2002-2006.
About Grey Wolves
The Grey Wolves are seen as the paramilitary wing of the MHP, the
political party supporting President Erdoğan's government and making up
the People's Alliance together with his AKP.
In 2020 France officially banned the Grey Wolves after a center
dedicated to the memory of those who died in the mass killings of
Armenians during World War I was defaced with graffiti, including the
name of the Grey Wolves.
Earlier last year, the European Parliament called on the European Union
and its member states to examine the possibility of adding the Grey
Wolves to the EU terrorist list.
In its 2019-2020 report prepared by Turkey rapporteur Nacho Sanchez
Amor, the EP voiced concerns about the group, saying it was expanding
to worrying levels not only in Turkey but also in EU countries. (BIA, 2
January 2023)
Pression
sur les médias / Pressure on the Media
Murder of Uğur Mumcu: Some bricks removed but thick
walls not collapsed
Journalist-writer Uğur Mumcu was commemorated on Karlı Street in
Çankaya, Ankara where he was killed at the age of 51 in front of his
house 30 years ago in an explosion caused by a bomb placed under his
car.
Many citizens came to the street starting in the morning and met in
front of the Monument for the Victims of Unidentified Murders.
Besides the Mumcu family, the Republican People's Party (CHP) leader
Kemal Kılıçdaroğlu, Ankara Mayor Mansur Yavaş, Yenimahalle Mayor Fethi
Yaşar, and CHP MPs participated in the commemoration.
He was a journalist reporting on allegations of corruption, illegal
organizations and their connections. He was silenced.
When he was killed Mehmet Ağar, the then-Interior Minister told Mumcu's
wife Güldal Mumcu, "The wall will collapse if I remove one brick."
30 years have passed since Mumcu was killed. Some bricks were pulled
but the thick walls did not collapse. Question marks related to the
murder remain in place despite 30 years having passed.
His life
Uğur Mumcu was born in August 1942 as the third child of a family with
four children in Kırşehir.
He started studying at the Faculty of Law at Ankara University in 1957.
He received the Yunus Nadi award with his article called "Turkish
Socialism" that he wrote while he was a student.
He worked in Yön, Kim, Akşam, Türk Solu, Ant, Cumhuriyet, Devrim,
Ortam, Milliyet newspapers and magazines, and Anka Agency. He wrote 25
books and carried out tens of research studies.
Following the coup on March 12, he was detained on May 17, 1971. He was
released one month later.
He reported what the leaders of the youth movement lived before and
after the March 12, 1971 coup, making interviews with them.
He criticized the politicians who could not find a solution to
terrorist actions in the article he wrote after ex-Prime Minister Nihat
Erim was killed on July 19, 1980.
He wrote about religious sects, mafia-state relations, and corruption.
He studied the issues related to Hizbullah, PKK, and counterguerilla
issues. He focused on the Kurdish problem. Before he was killed he was
working on the Kurdish problem, with a point of view distinguishing PKK
and the Kurdish problem.
He married Güldal Homan in 1976 and they had two children, Özge and
Özgür Mumcu.
The murder
Uğur Mumcu was a well-known journalist. He was receiving threats
because of his journalism. He had spoken out about these threats before
he was killed. However, he was not provided any guard by the officials
to protect him.
He was assassinated on January 24, 1993, Sunday with a C-4-type plastic
bomb placed under his car.
Süleyman Demirel, the Prime Minister, Erdal İnönü, the Deputy Prime
Minister and İsmet Sezgin, the Interior Minister of the time visited
the Mumcu family and promised to solve the murder saying "solving this
murder is "a debt of honor for the state."
Investigation
Ankara State Security Court (DGM) Prosecutor's Office investigated the
case from the very beginning. The file was given to military prosecutor
Ülkü Coşkun however the investigation was not completed until July 11,
2000, despite seven years have passed.
Prosecutor Coşkun did not even ask for the list of people who called
Mumcu's house from the post and telephone institution. Güldal Mumcu did
everything she could in order for the investigation to advance. She
visited the Ministry of Justice. Prosecutor Coşkun was also
investigated, and inspectors concluded that Coşkun had delayed the
completion of the investigation and ruled for a disciplinary penalty.
However since Coşkun was a military prosecutor, approval of the
Ministry of Defense was necessary in order for the penalty to be
imposed which was never given.
Gürdal Mumcu brought a lawsuit at the Military Administrative Court
which ruled that the penalties will not be imposed. The justification
was not declared on the grounds that it was a state secret.
Coşkun had said, "It is the state that has done this, it can be solved
if the political power wants," which he rejected later.
Second stage in investigation
The Uğur Mumcu Murder Investigation Commission was established in the
parliament on January 14, 1997. The commission completed its work in
June 1997 which revealed that Mumcu was not protected despite the
threats he received and that the prosecutors had not done their job.
The commission requested that investigations should be made for DGM
Chief Prosecutor Nusret Demiral and former DGM prosecutor Ülkü Coşkun
and also Erdoğan Şahinoğlu, the Governor of Ankara who did not provide
protection to Mumcu and the other officials concerned. However such
investigations were never made.
Later a letter from the DGM Chief Prosecutor Demiral was leaked
instructing that no documents should be submitted to the parliamentary
commission. However, no action was taken for this either.
Only the Interior Ministry instructed the crime scene investigation
team in the aftermath of the murder to review the investigation again
in line with the views of the commission. However, this did not bring
about anything new.
"Hope case"
On January 17, 2000, the police raided the house of Hizbullah leader
Velioğlu in Beykoz, İstanbul.
Velioğlu was killed, and two other managers of the organization were
nabbed. An illegal organization called Tevhit - Selam / Al-Quds Army
was revealed in the hard discs found in the raid. The organization was
suspected to be carrying out attacks in connection with Iran.
Operations continued and a new group, allegedly led by Ferhan Özmen was
detained and remanded in custody. Arms, grenades, and explosives were
also found in the operations.
The "Hope Case" followed these operations. 17 suspects started to stand
trial in July 2000 in Ankara DGM no.2, 15 of whom were in custody. 18
events were included in the case file including the Uğur Mumcu, Muammer
Aksoy, and Bahriye Üçok murders.
The indictment claimed that the bomb placed under Mumcu's car was made
by Ferhan Özmen and placed under the car by Oğuz Demir with Necdet
Yüksel serving as a watchman.
Necdet Yüksel, Rüştü Aytufan andFerhan Özmen were sentenced to
aggravated life imprisonment for "trying to change constitutional
regime by force." The files of Ali Akbulut, Selahattin Eş, Ahmet
Cansız, Aydın Koral, and Oğuz Demir who were accused of providing the
links of the organization with Iran were separated. In 2002, the Court
of Cassation upheld the prison sentences given to Necdet Yüksel and
Rüştü Aytufan and reversed the sentence for Ferhan Özmen.
In a second trial held in 2005, Ferhan Özmen was sentenced to
aggravated life imprisonment and Ekrem Baytap to 15 years imprisonment.
Abdulhamit Çelik, Hasan Kılıç, Mehmet Ali Tekin, Mehmet Şahin, Fatih
Aydın, Muzaffer Dağdeviren and Yusuf Karakuş were sentenced to up to 6
years of imprisonment. The file of fugitive Oğuz Demir was separated
and kept open.
The Court of Cassation upheld the last rulings in March 2014. In the
decision of approval, the supreme court stated that Tevhit - Selam /
Al-Quds Army had realized 18 attacks between the years 1988-1999
including murders of Muammer Aksoy, Bahriye Üçok, Uğur Mumcu, Ahmet
Taner Kışlalı.
Today no one is left in prison, in this case, other than Ferhan Özmen
and Necdet Yüksel who were sentenced to aggravated life imprisonment.
Oğuz Demir who placed the bomb under Mumcu's car is missing for 28
years and is being searched with a red notice by the Ministry of
Interior.
In public opinion, the prevailing view is that Uğur Mumcu's murder has
not been brought to light.
Mumcu family is therefore saying, "This file will not close until the
real perpetrators behind this event are brought to light." (BIA, 24
January 2023)
Academic suspended over law exam regarding
pro-Kurdish party
A Turkish university suspended Turkish academic Bulent Yucel for three
months after he asked law students a question regarding the closure
case against the HDP (Peoples’ Democratic Party,) Mezopotamya Agency
reported, adding that the rectorate also canceled the examination.
Yucel asked the students taking the constitutional law course to make
an assessment of the authorization of military force given by the
national assembly to the government, in light of several developments
in Turkey, including the closure case against the HDP, the continental
shelf dispute with Greece, the censorship law, the trustee regime to
HDP municipalities, journalist Mehmed Kizmaz said on Twitter, sharing a
copy of the exam paper prepared by Yucel.
Kizmaz said Yucel was also prevented from conducting a course two years
ago by the administration without any reasons.
After Yucel’s suspension Anadolu University students started a social
campaign with the hashtag #BulentyuceleADALET (Justice for Bulent Yucel)
The University administration made no statement about the suspension.
(gerceknews, 14 January 2023)
Kurdish
journalist Abdurrahman Gok's sentence
confirmed
A Turkish appeal court upheld a decision against a Kurdish journalist,
who had been sentenced to over one and a half year in prison for taking
and posting images of Kurdish fighters who fought against the Islamic
State (ISIS) in Syria's Kurdish town of Kobani in 2014.
Journalist Abdurrahman Gok had earlier been found guilty by a
Diyarbakir court on 30 June of "spreading propaganda for a terrorist
organization."
He had told Mezoptamya News Agency that the prosecution accuse him over
an image showing civilians who fought in the defense of Kobani, and
another image that shows a middle-aged man with children in Kobani,
holding a handful of soil and saying, "This is Kobani, and it's sacred
soil for us. We won't abandon it."
Both images were taken while the town was under the siege and
continuous attacks of ISIS, Gok had noted.
Gok had also been accused for sharing on social media an article titled
"Wound" by artist Yesim Sahin; an article on Kemal Kurkut who was
killed by the police in Diyarbakır on 21 March 2017, during Newroz
celebrations.
Kurkut was shot near a checkpoint, and a statement by the governors's
office followed, claiming that the police had "intervened" upon
suspicion that the man could be a "suicide bomber." It was claimed that
Kurkut ran towards the celebration area knife in hand, crying, "I’ve
got a bomb in my bag, I’m going to kill you all."
However, on the following day, photographs taken by Gok emerged, which
showed clearly that the governor’s claims were unfounded, that not only
was the young man carrying no more than a bottle of water in his hands,
but also he was fully naked on top and there was apparently nothing
fastened to his body. (gerceknews, 13 January 2023)
Journalist Sezgin Kartal arrested
Journalist Sezgin Kartal has been remanded in custody for "being a
member of an illegal organization," the Media and Law Studies
Association (MLSA) reported.
Kartal was detained on January 10 during a police raid on his home in
İstanbul.
This morning (January 13), he was brought to the İstanbul Courthouse.
In line with the prosecutors' demand, a penal judgeship of peace
ordered the arrest of the journalist.
Alevi and journalism organizations gathered outside of the courthouse
to protest against Kartal's arrest. Peoples' Democratic Party (HDP)
Deputy Serpil Kemalbay also attended the gathering.
Atakan Sönmez of the Solidarity Network for Journalists (GDS) said,
"Journalists and Kartal have been doing their jobs, to tell the truth
for years. They face pressure because of doing that. He is wanted to be
arrested because of that. The truth will prevail in the country."
Cuma Erçe, head of the Pir Sultan Abdal Cultural Association, noted
that Kartal is an Alevi, a religious minority in Türkiye, and described
him as the "voice of the Alevis."
"We should grow this struggle shoulder to shoulder," he said. (BIA, 13
jan 2023)
Et même si tu es déclaré "traître à la
patrie" en tant que journaliste...
Doğan Özgüden
(Artı Gerçek, 8 Janvier 2023
J'écris
l'article de
cette semaine un jour à l'avance... Dimanche, une manifestation
intitulée "Le
journalisme n'est pas un crime" sera organisée par
l'Union européenne des journalistes turcs (ATGB) sur la place Schuman à
Bruxelles, où se trouvent les institutions européennes... Au cours de
mes 71 années de vie journalistique, en tant que journaliste qui fut
déclaré "coupable" par tous les régimes qui se sont succédé en Turquie,
j'estime qu'il est de mon devoir d'être aux côtés de mes jeunes
collègues qui
crieront sous les murs de l'Union européenne "La presse libre ne peut
être réduite au silence !", "Fin de la censure en Turquie, liberté pour
les journalistes !".
İnci et moi travaillons comme journalistes à Bruxelles, la capitale de
l'Europe, depuis 51 ans. Les deux premières années de cette période,
après le coup d'État de 1971, nous étions recherchés en vertu de la loi
martiale. Nous risquions des procès avec des centaines d'années
d’emprisonnement. Ces années ont été consacrées à la publication de
livres (File
on Turkey, Man Hunts in Turkey, Turkey on Torture) et de
bulletins d'information en anglais à l'intention des institutions
européennes au nom du Mouvement de Résistance
Démocratique en Europe,
où nous étions des "clandestins" écrivant sous pseudonymes.
Il n'a pas fallu longtemps pour que nous soyons qualifiés de
"criminels" en Europe en raison de ces activités... En 1972, Turhan
Feyzioğlu, le chef de la délégation parlementaire turque, a donné nos
vrais noms du haut de la tribune de l'Assemblée parlementaire du
Conseil de l'Europe et a exigé notre arrestation par la police
européenne au motif que nous menions "des activités subversives à
l'étranger"... Puis, dans un Livre blanc publié en plusieurs langues
par le premier ministre à la demande de l'État-major, il a été annoncé
aux puissances mondiales que nous étions des "criminels" recherchés par
la loi martiale.
En 1973, après la publication dans la revue britannique Index d'un de
mes articles décrivant comment la liberté de la presse était bafouée en
Turquie et la publication d'un de mes livres, "Turquie,
Fascisme et
Résistance”, sous mon vrai nom aux Pays-Bas, les attaques
"accusatrices” n'ont pas cessé.
Après que nous ayons fondé l'agence Info-Türk à
Bruxelles en 1974, qui
publie des informations en cinq langues, l'ambassade de Turquie n'a pas
tardé à agir : bien que nous ayons été reconnus comme réfugiés des
Nations unies aux Pays-Bas, j'ai été expulsé de Belgique à
l'instigation de l'ambassade et cela nous a empêché d'obtenir des
permis de travail et de séjour dans ce pays pendant trois années... De
plus, le dernier jour de 1977, alors que nous nous rendions en
Allemagne en train, nous avons été arrêtés à Aix-la-Chapelle et
expulsés vers la Belgique...
Après deux courts voyages en Turquie en 1978, alors que je préparais
mon retour définitif, un livre que j'avais traduit sur le militarisme
fut publié à Istanbul. En raison de ce livre, le bureau du Procureur
militaire de la Marine m'a de nouveau jugé "coupable" et a envoyé un
mandat d’arrêt à tous les postes frontaliers du pays...
Après le coup d'État du 12 septembre 1980, tout comme nos amis
dissidents exilés, nous avons été accusés par Kenan Evren d'être
"dépourvus de sang turc" et avons été privés de la citoyenneté turque
en 1983 par un décret signé également par le vice-premier ministre
Turgut Özal.
En 1986, nous avons publié un document volumineux sur la répression
fasciste en Turquie: Black
Book on the Militarist Democracy in Turkey.
La même année, l'administration Mitterrand m'a interdit l'entrée en
France sous la pression du gouvernement turc parce que j'avais parlé de
l'oppression des Kurdes, des Arméniens et des Assyriens en Turquie dans
une émission de la télévision française A2...
En 1988, en réponse à nos questions sur la situation des droits de
l'homme en Turquie lors d'une conférence de presse à Bruxelles, le
Premier ministre de l'époque, Turgut Özal, une fois de plus convaincu
que nous étions des "criminels", a fait rééditer le décret de
"dénaturalisation" de cinq ans plus tôt, portant sa signature, par
l'intermédiaire du Consulat turc à Bruxelles.
Notre demande de citoyenneté belge afin de pouvoir circuler librement
dans les pays européens après avoir été rendus "apatrides" a été
bloquée pendant des années par le parquet royal belge, toujours en
raison des pressions exercées par l'État turc.
Le 27 septembre 2002, un tribunal d'Istanbul m'a de nouveau déclaré
"coupable" d'avoir insulté l'armée turque dans un article que j'avais
écrit pour la revue Yazın à l'occasion des trente ans du coup d'État du
12 mars 1971. Un mandat d'arrêt a été envoyé immédiat à tous les postes
frontaliers du pays au cas où je retournerais en Turquie.
Des attaques incessantes également durant l'ère du pouvoir AKP
La perception que l'État turc a de nous comme des "criminels", ses
incitations à la haine à notre encontre via les médias turcophones de
Bruxelles au service du régime et ses accusations de "trahison" n'ont
pas pris fin sous le gouvernement AKP... À un tel point que
l'ambassadeur turc Fuat Tanlay nous a attaqués dans Hürriyet le 21
avril 2007 en désignant Info-Turk comme étant "connu pour son
opposition à la République de Turquie et menant des activités
anti-Turquie en Belgique depuis des années" après que l'agence de
presse belge Belga ait partagé nos informations...
En 2008, une campagne de lynchage a été lancée contre moi, par le biais
de certains sites web turcs en Belgique et d'un quotidien en Turquie,
parce que nous avons contribué à l'organisation d'une conférence au
Parlement européen sur le génocide de Dersim de 1938.
En 2015, en raison de mon soutien à la reconnaissance du génocide
arménien, j'ai été pris pour cible sur un site web en langue turque. On
y publiait une photo de moi prenant la parole devant le Mémorial du
génocide arménien à Ixelles, avec la mention "Retenez le visage de cet
homme !".
En 2016, le même site web m'a de nouveau pris pour cible en déclarant
"Ceux qui soutiennent à chaque occasion les organisations terroristes
et les séparatistes en Belgique sont actifs dans les frontières de la
commune de Saint-Josse ! Doğan Özgüden, le fondateur d'Info-Türk, un
des vieux fusils de la gauche, est le parrain des réseaux
anti-Turquie..."
Grâce à la campagne de solidarité menée en ma faveur en Turquie et en
Europe suite à ces menaces ouvertes, l’État belge se trouva contraint
de me prendre sous sa protection officielle.
Mais de quelle protection parle-t-on dans un quartier écumé par les
islamistes et les fascistes proches d'Ankara, eux-mêmes courtisés par
tous les partis belges afin de gagner les votes des électeurs d'origine
turque ?
Malgré tout cela, nous nous efforçons de contribuer à la lutte pour la
démocratisation de la Turquie. Nous l'avons commencée dès le premier
jour de notre exil avec le Mouvement de Résistance Démocratique. Nous
l'avons poursuivie avec Info-Türk, avec les Ateliers du Soleil et avec
l'Union pour la Démocratie pendant la période suivant le coup d'État du
12 septembre 1980 et la poursuivons toujours avec la même détermination
malgré notre âge avancé...
C'est tout ?
Tout en menant la lutte pour les droits de l'homme et les libertés,
nous avons, tout au long de notre exil, publié des dizaines de livres
et de bulletins d'information dans différentes langues. Nous avons
organisé divers événements socioculturels pour refléter la richesse
culturelle de la Turquie.
Il y a 46 ans, en 1977, à l'occasion du 75e anniversaire de Nazım
Hikmet, nous avons organisé une soirée au siège des syndicats
socialistes belges, publié un livre en français sur notre grand poète
et diffusé sa propre voix enregistrée sur une cassette.
Après le coup d'État du 12 septembre, nous avons organisé une
conférence internationale à Bruxelles le 14 février 1981 pour protester
contre le pouvoir de la junte. Outre les discours de Behice Boran et
des dirigeants de l'Union pour la Démocratie, Melike Demirağ, qui était
alors en exil, et l'équipe folklorique de l'organisation kurde Tekoşer
ont enrichi la soirée sur le plan culturel.
Plus important encore, ce ne sont pas les représentants de l'État turc
et les associations sous leurs ordres, mais Info-Türk et les Ateliers
du Soleil qui ont fait découvrir pour la première fois dans la capitale
européenne trois exemples de la richesse culturelle de la Turquie...
Des représentations du théâtre d'ombre Karagöz dans quatre communes
différentes de Bruxelles en 1982, une grande exposition d'œuvres de
dessinateurs issus de pays de migration, dont la Turquie, au Centre
international de la presse (IPC) en 1983, un théâtre de marionnettes
représentant Nasreddin Hodja au Botanique en 1985, suivi d'une
représentation du théâtre de jeunes des Ateliers du Soleil inspirée de
"Gidiyorum gündüz gece" (Je m'en vais, jour et nuit) d'Aşık Veysel,
sont des événements qui ne nécessitaient probablement pas que l'on nous
qualifie de "traîtres à la patrie"...
En 2006, les événements multiculturels que nous avons organisés avec
l'Institut kurde de Bruxelles, l'Institut assyrien de Bruxelles et
l'Association des Arméniens démocratiques de Belgique à l'occasion des
35 ans du coup d'État du 12 mars 1971 ont eux aussi reflété les
richesses culturelles des terres anatoliennes.
Une voix démocratique au sein des médias turcophones de Bruxelles...
Heureusement, il existe de précieux collègues dans les médias
turcophones de Bruxelles qui ne considèrent pas les réalités de l'exil
à travers le prisme imposé par le régime d'Ankara...
Erdinç Utku, qui dirige depuis des années le site d'actualités Binfikir
et le théâtre Binfikir avec sa femme Serpil Aygün, a écrit dans son
article intitulé "Doğan Özgüden continue sa ‘trahison à la patrie'!"
publié dans Cumhuriyet le 27 juillet 2014.
"Ces derniers jours, j'ai partagé des moments très agréables avec le
'traître à la patrie' et ‘apatride' Doğan Özgüden à Bruxelles. J'ai été
heureux d'avoir le privilège de bénéficier de la présence d'un des
géants du journalisme.
"J'ai reçu des conseils utiles d'un journaliste révolutionnaire, Doğan
Özgüden, le légendaire rédacteur en chef qui a transformé Akşam, l'un
des grands journaux des années 1960, en un organe de publication du
mouvement ouvrier et démocratique, et le fondateur de la revue et
maison d'édition Ant, qui a ouvert de nombreuses voies. J'ai constaté
une fois de plus que l'on 'monte en descendant' face à l'humilité de ce
géant du journalisme. Je ne comprends pas que nous ayons commis
l'erreur d'ignorer des individus d'une si grande valeur alors qu'ils
étaient à Bruxelles, juste à côté de nous ! À quoi bon découvrir la
valeur d'un révolutionnaire de 78 ans qui a enduré des procès, l'exil
et des menaces au cours de ses 60 années de lutte honorable ; qui a été
ignoré, privé de citoyenneté, qualifié de traître, lynché et abandonné
au silence ?
"Doğan Özgüden et sa femme İnci Tuğsavul ont quitté la Turquie après le
coup d'État militaire de 1971 et se sont installés en Belgique.
Özgüden, qui travaille depuis lors à Bruxelles avec sa femme et publie
des informations sur la Turquie en plusieurs langues avec l'agence
Info-Turk qu'ils ont fondée ensemble, poursuit depuis 40 ans des
activités socio-culturelles dans le centre de formation multiculturel
des 'Ateliers du Soleil'. Özgüden a publié l'histoire de sa vie
exceptionnelle et de ses années d'exil en deux volumes sous le titre
'Le journaliste apatride'. Nous pourrons profiter de son témoignage
pour mieux comprendre et évaluer non seulement l'histoire récente de la
Turquie, mais comprendre également 'la Turquie hors de la Turquie.'
"Il y a trois semaines, les Ateliers du Soleil ont fêté leur 40e
anniversaire avec un événement multiculturel. Doğan Özgüden et İnci
Tuğsavul, les actuels présidents honoraires des Ateliers du Soleil, ont
fondé l'organisation Info-Türk avec leurs amis en Europe avec lesquels
ils avaient lutté contre le régime militaire en Turquie dans la
première moitié des années 70. Après la crise pétrolière de 1974, alors
que la migration de main-d'œuvre vers l'Europe était interdite et que
les attaques racistes à l'encontre des personnes d'origine étrangère se
multipliaient, ils ont d'abord eu pour mission d'informer constamment
l'opinion publique européenne des pratiques antidémocratiques tant en
Turquie que dans les pays employant des travailleurs migrants, et
d'aider les migrants de Turquie à s'organiser au sein de syndicats et
d'institutions démocratiques. En effet, ceux qui déclarent Info-Türk,
qui a participé activement aux campagnes contre le racisme et pour la
reconnaissance du droit de vote et d'éligibilité des citoyens d'origine
étrangère, comme un ennemi de la Turquie, savent-ils qu'Info-Türk a été
la première organisation à faire découvrir les caricatures turques, le
théâtre Karagöz et Nasreddin Hodja en Belgique dans les années 80 ?
"Écoutons ce que dit le couple Özgüden-Tuğsavul : Entre-temps, à la
demande persistante des immigrés de Turquie, nous avons élargi notre
action en ouvrant des cours de langue et d'intégration pour adultes,
des cours de soutien à l'apprentissage pour les jeunes et les enfants,
ainsi que des ateliers créatifs. Si, au départ, ces activités ne
s'adressaient qu'aux ressortissants de Turquie de diverses origines,
notre association s'est rapidement transformée en un 'carrefour de
citoyens du monde' avec la participation de plus de 50 nationalités
venues du monde entier. C'est pourquoi, à partir de 1985, nous avons
appelé notre association 'Les Ateliers du Soleil'. Aujourd'hui, tant la
direction que les formateurs des ateliers sont composés d'amis
assyriens, belges, algériens, arméniens, marocains, espagnols,
italiens, kurdes, latino-américains, rwandais, turcs et grecs'.
"N'avons-nous pas également qualifié Nazim Hikmet de ‘traître' et ne
lui avons-nous pas fait rédiger le poème 'Traître à la patrie' en 1962
? Énervé, n'a t-il pas écrit: Oui, je suis un traître à la patrie, vous
êtes de patriotes, je suis un traître au pays/'Si la patrie est vos
larges propriétés foncières/ Si la patrie est vos caisses
enregistreuses et vos cahiers de chèque/Si la patrie c'est mourir de
faim au bord des chaussées/ Si la patrie c'est trembler de froid comme
un chien en hiver et se tordre de paludisme en été/ Si c'est boire
notre sang dans vos usines la patrie, si ce sont vos propriétaires
terriens la patrie/ Si la patrie ce sont les livres religieux, les
matraques des policiers/ Si la patrie ce sont vos rémunérations et vos
salaires/ Si ce sont les bases militaires américaines, la bombe
américaine, la patrie, les canons de la marine américaine/ Si la
patrie, ce n’est pas nous délivrer de ces ténèbres putrescentes/ Alors
moi je suis traître à la patrie/ Écrivez sur trois colonnes en
caractères bien noirs et gras: 'Nâzım Hikmet est traître à la patrie,
et il continue.'
"A Bruxelles, Doğan Özgüden et İnci Özgüden Tuğsavul continuent encore
d'être des 'traîtres à la patrie'."
Merci cher Erdinç... On se retrouve aujourd'hui à la place Schuman…
Manifestation
à Bruxelles contre les
violations de la liberté de presse en Turquie
Le dimanche 8 janvier 2023, l'Union européenne des journalistes turcs
(ATGB) a organisé une manifestation contre les violations de la liberté
de la presse et des droits humains en Turquie sur la place Schuman à
Bruxelles où se trouvent les institutions européennes.
Des banderoles "Le journalisme n'est pas un crime !", "La presse libre
ne peut être réduite au silence !", "Fin de la censure en Turquie,
liberté pour les journalistes !", "Les journalistes en Turquie ne sont
pas seuls !" ont été déployées lors de la réunion où le président de
l'ATGB, Recai Aksu, a fait la déclaration suivante, attirant
l'attention sur les violations de la liberté de la presse en Turquie et
la nouvelle loi sur la censure :
"En tant qu’Association européenne des journalistes turcs (ATGB), nous
nous sommes réunis ici le 8 janvier, avant la Journée des journalistes
en activité du 10 janvier, sur la place Schuman, derrière le bâtiment
de la Commission européenne et au milieu des bâtiments de l'UE, pour
réagir aux 'violations de la liberté de la presse en Turquie et à la
nouvelle loi sur la censure'. En tant qu'ATGB, association active dans
toute l'Europe depuis 2002, nous crions au monde entier que 'le
journalisme n'est pas un crime' et voulons que chacun sache que les
journalistes en Turquie ne sont pas seuls.
"Nous ne pouvions pas rester silencieux dans un environnement où les
médias en Turquie sont sous le contrôle du gouvernement et où les
journalistes indépendants et libres sont réduits au silence par la
nouvelle loi sur la censure.
"L'AKP est au pouvoir depuis 20 ans. Au cours de ces 20 années, les
institutions ont été détruites, les attaques contre la laïcité ont
augmenté, l'économie a fait faillite et les médias ont été assiégés.
Malgré les pratiques arbitraires du gouvernement et la loi sur la
censure, nous, les ‘journalistes', qui avons subi les pressions les
plus fortes, nous n'avons pas renoncé et ne renoncerons pas à écrire la
vérité.
"Bien que le gouvernement affirme à chaque occasion que les libertés
ont augmenté en Turquie, en réalité, c’est le contraire qui se produit.
"Selon le rapport 2021-2022 de l'Union des journalistes de Turquie,
parmi les personnes enregistrées dans le secteur 'Presse,
radiodiffusion et journalisme', 23 907 sont actifs en tant que
journalistes.
"Selon les données de TUIK, l’institut turc des statistiques, en 2021
le taux de chômage des diplômés en journalisme était de 18,3 %, alors
que le taux de chômage général était de 12 %. Bien que le nombre de
journalistes titulaires d'une carte de presse officielle ait bien
augmenté par rapport à l'année dernière, seuls 68,72 % des journalistes
inscrits en disposent. Cette proportion est encore plus faible pour les
journalistes non assurés ou indépendants. L’état des droits économiques
et sociaux des journalistes est alarmant, de même que les obstacles à
l'indépendance éditoriale.
"Ainsi, 26 journalistes sont en prison à cause de leurs activités
journalistiques. Bien que les mesures de lutte contre la pandémie aient
été assouplies, les droits des journalistes emprisonnés sont violés par
les administrations pénitentiaires.
"Les demandes de transfert des journalistes sont rejetées, leur droit à
la probation est refusé en vertu de décisions administratives
arbitraires. Les journalistes ne peuvent communiquer avec leur famille,
socialiser, recevoir des nouvelles de l'extérieur, ni ne peuvent
accéder aux services de santé et sont maintenus en prison dans de
mauvaises conditions d’hygiène.
"Les journalistes sont le plus souvent accusés d'appartenance à une
organisation armée et de propagande terroriste.
"Le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) a indiqué que le
nombre de journalistes emprisonnés en 2022 a atteint un nouveau record.
Les cinq pays ayant emprisonné le plus de journalistes cette année sont
l'Iran, la Chine, le Myanmar, la Turquie et le Belarus.
"Selon le CPJ, 363 journalistes étaient emprisonnés au 1er décembre
2022. Ce chiffre est supérieur de 20 % à celui de l'année dernière.
"Selon le rapport, le nombre de journalistes emprisonnés en Turquie est
passé de 18 en 2021 à 40 en 2022. Au cours du premier semestre de
l'année, 25 journalistes kurdes ont été arrêtés.
"Un avocat des journalistes a déclaré au CPJ que tous les prévenus ont
été emprisonnés pour suspicion de terrorisme dans le cadre des efforts
du gouvernement pour faire taire toutes les personnes qui seraient en
lien avec le PKK.
"'Bien que moins de journalistes aient été emprisonnés cette année
qu'au lendemain de la tentative de coup d'État de 2016, les médias
indépendants en Turquie ont beaucoup souffert des fermetures et de la
prise de contrôle du gouvernement, ainsi que de l'exil forcé ou du
licenciement d'un grand nombre de journalistes", indique le rapport.
"Les rapports et les données concrètes collectées par les syndicats et
les organisations internationales révèlent la pression exercée sur les
journalistes en Turquie.
"En outre, le gouvernement exerce une pression économique sur toutes
les organisations médiatiques ne lui étant pas favorables par
l'intermédiaire du RTÜK. Il impose des amendes aux organisations
médiatiques d'opposition telles que Tele 1, Halk Tv, KRT et Fox pour
des motifs fallacieux.
"Annonçant les amendes imposées par le RTÜK sur son compte de médias
sociaux, İlhan Taşçı, membre du RTÜK, a déclaré que l'émission 'Medya
Mahallesi' diffusée sur Halk TV a été interdite 3 fois sous le prétexte
que le 'terrorisme y aurait été approuvé par des mimiques'.
"Taşçı a déclaré : 'Le RTÜK a battu son propre record en infligeant une
amende de 3% à deux diffusions distinctes du même programme à des dates
différentes !’
"Taşçı a annoncé que TELE1 a également reçu une amende de 3% en raison
des interventions du Prof. Dr. Emre Kongar et du rédacteur en chef de
TELE1, Merdan Yanardağ, qui ont qualifié la peine de prison infligée au
maire d'Istanbul, Ekrem İmamoğlu, comme un 'coup d'État contre la
volonté du peuple’.
"Taşçı a déclaré qu’il a été décidé à la majorité des voix d'imposer
une amende administrative de 3 % à l’émission d’Ilker Karagoz sur Fox
TV suite à la remarque de la députée du Parti des Travailleurs de
Turquie Sera Kadıgil concernant les propos du président Erdoğan sur
l'économie : si le président Erdoğan 'allait au marché un seul jour, il
aurait honte de prononcer cette phrase’.
"En tant qu’Association européenne des journalistes turcs, nous
déclarons que nous sommes aux côtés de nos collègues en Turquie et que
nous serons solidaires avec eux jusqu'au bout et insistons sur le fait
que le journalisme n'est pas un crime.
"Nous soulignons une fois de plus que la loi de censure du gouvernement
ne nous arrêtera pas, que nous continuerons à faire notre métier avec
honneur, et nous appelons le Parlement européen à prendre position
contre l'AKP, qui déclare la guerre contre la liberté des gens à
recevoir des informations.
"Le journalisme n'est pas un crime !"
La solidarité de la Fédération européenne des journalistes (FEJ)
Lors de la manifestation, Ricardo Gutierrez, secrétaire général de la
Fédération européenne des journalistes (FEJ) a fait la déclaration
suivante au nom des 300.000 journalistes européens représentés par son
organisation :
"Je suis ici pour dire que la communauté des journalistes en Europe n'a
pas oublié les journalistes en Turquie. Depuis 2015, nous avons signalé
215 violations graves de la liberté de la presse en Turquie à la
Plateforme pour la protection du journalisme du Conseil de l'Europe.
C'est le plus grand nombre d'avertissements en Europe : plus que la
Russie, plus que l'Ukraine. Il y a 6 cas d'impunité pour le meurtre de
journalistes en Turquie. Il y a actuellement 53 journalistes en prison
en Turquie. Et en octobre, le régime d'Erdoğan a légalisé la censure en
adoptant la loi dite de désinformation. La Turquie est l'un des régimes
les plus répressifs au monde en matière de liberté de la presse. Nous
demandons aux Etats membres de l'Union européenne de ne plus être
complices de cette répression. Nous demandons à l'Europe de cesser de
coopérer avec le régime turc. Et nous demandons à l'Europe de ne pas
oublier le sort des journalistes en Turquie.”
87
journalists in Turkey welcome 2023 in prison
DFG’s Hakki Boltan slammed Turkey’s mainstream media of “remaining
persistently silent about the pressure and violence against Kurdish
journalists”
A total of 87 journalists are welcoming the new year in prison in
Turkey, Hakki Boltan from the Dicle Fırat Journalists Association (DFG)
said.
“Turkish authorities who do not want a ‘Free Press’ that reports on
democracy and human rights, deepened the pressure on journalist within
the last year,” Boltan said in a statement, Mezopotamya news agency
reported on Friday.
“Journalists' homes were raided, they were arrested even though there
was no evidence against them. With this method, it is aimed to
intimidate the journalists who expose the crimes of the government,"
Boltan said, blaming Turkey’s mainstream media of “remaining
persistently silent about the pressure and violence against Kurdish
journalists.”
Since 2015, when the “peace process” with the outlawed Kurdistan
Workers’ Party (PKK) has collapsed, Turkey under the rule of President
Recep Tayyip Erdogan has intensified a crackdown on Kurdish groups,
including the country’s second largest opposition HDP, Kurdish
activists and journalists, who frequently find themselves under
investigation related to terrorism charges.
“The biggest support we can give to imprisoned journalists is to reveal
the truth,” Boltan said.
“A media working day and night to reveal the truth will be the biggest
support to imprisoned journalists and a big response to the
government,” he said.
Turkey has been listed among the "worst offenders" of press freedom in
the world in 2022 in a report by the US-based Committee to Protect
Journalists (CPJ). It has been ranked fourth in terms of the number of
journalists in prison, following Iran, China and Myanmar, the report
showed.
(gerceknews, 30 December 2022)
Journalist Can Dundar included in Turkish ministry's "grey list"
Turkish Interior Ministry included self-exiled journalist Can Dundar in
its "grey list" of wanted persons.
The ministry provides a reward of up to 500,000 TL (approximately
$26,600) for those who contribute to the capture of the persons listed
in the grey list.
Under Dundar's photo in the ministry's web page it read, "FETO/PDY
Terror Organization."
"FETO" is the abbreviation used by Turkish authorities to refer to the
Gulen movement, which has been labeled as "Fetullahist Terror
Organization" after the movement came into conflict with its long time
ally, the ruling Justice and Development Party (AKP). "PDY" is another
official label, an abbreviation for "Paralel Devlet Yapilanmasi," which
means "Parallel State Structure" in English, an implication that Gulen
movement was organized within the state structure during its alliance
with AKP without the knowledge of the government.
Dundar commented on Twitter, saying:
"This is better than being included in 'the list of journalists on
Erdogan's jet.' This is the address that everyone opposing [him] will
sooner or later arrive at."
Background
Dundar was sentenced to a prison term of 27 years and his property was
confiscated by a court ruling in December 2020 over charges of
"political and military espionage," and "aiding a terrorist
organization," because of a news report on the role of Turkish National
Intelligence Agency (MIT) in supplying weapons to armed factions in
Syria during the Syrian Civil War.
On 29 May 2015, independent daily Cumhuriyet had published footage of a
search, conducted by Turkish troops on a number of lorries on 19
January 2015, confirming that the lorries were in fact carrying
weapons. The report was presented under the headline, "Here are the
weapons Erdogan denied," and a criminal investigation was subsequently
launched into the report.
On 2 June 2015 Turkish President Recep Tayyip Erdogan filed criminal
charges against Can Dundar, the editor-in-chief of Cumhuriyet. Dundar
and Cumhuriyet's Ankara representative Erdem Gul were arrested on 26
November 2015, and after three months in custody they were released on
26 February 2016 when the Constitutional Court decided that their
detention constituted "unjust deprivation of freedom."
On 6 May 2016, Dundar was sentenced to a prison term of 5 years and 10
months for "leaking classified information." He subsequently fled to
Germany in June 2016 to avoid imprisonment.
On 23 December 2020, he was sentenced in absentia to 27 years and 6
months in prison for espionage and aiding a terrorist organization.
Dundar is currently a political refugee living in Germany. (gerceknews,
30 December 2022)
Kurdish
Question / Question kurde
Le
leader kurde emprisonné Demirtas appelle à
l'unité contre Erdogan
Le responsable kurde emprisonné Selahattin Demirtas a estimé que le
parti pro-kurde HDP devait soutenir le candidat unique de l'opposition
face au président Recep Tayyip Erdogan à la présidentielle de mai en
Turquie, dans un entretien à l'AFP.
Interrogé par écrit, Selahattin Demirtas, détenu pour "terrorisme" à
Edirne (nord-ouest), estime aussi que la "Table des Six", coalition de
six formations d'opposition, devra tendre la main au Parti démocratique
des Peuples (HDP) qu'il a contribué à fonder et dont il fut le
co-président.
Les six partis veulent renverser le chef de l'Etat, au pouvoir depuis
2003, d'abord comme Premier ministre puis comme président.
Le HDP, troisième parti au Parlement, est maintenu à l'écart de
l'alliance de l'opposition de par la présence en son sein du Bon Parti
(Iyi), formation nationaliste.
La coprésidente du HDP et députée d'Istanbul, Pervin Buldan, a annoncé
début janvier l'intention du parti de présenter un candidat face au
président sortant.
Mais M. Demirtas, deux fois candidat à la présidence contre M. Erdogan
- la dernière fois en 2018 depuis sa cellule-, soutient l'idée d'une
candidature unie et unique, bien qu'"à ce stade il semble probable que
le HDP désigne son propre candidat", relève-t-il.
"Je suis en faveur d'un candidat commun", confie-t-il à l'AFP, si "le
candidat choisi par la Table des Six parvient à un compromis avec le
HDP".
"Mais ça ne dépend ni de moi ni du HDP", poursuit cet avocat, qui aura
50 ans en avril. "On ne peut y parvenir que si la Table des Six fait
des pas" dans cette direction.
- "Pardonner Erdogan" -
Le HDP fait actuellement l'objet d'une menace d'interdiction pour
"terrorisme", accusé d'être lié "de façon organique" au Parti des
travailleurs du Kurdistan (PKK), groupe armé qualifié de "terroriste"
par Ankara et ses alliés occidentaux - ce qu'il dément.
Si tel était le cas, Selahattin Demirtas affirme que "les électeurs du
HDP ne seraient pas laissés sans option ni parti".
"Nous sommes prêts", assure-t-il.
La justice a déjà décidé début janvier de priver le parti d'aides
publiques.
Par le passé, d'autres formations pro-kurdes ont été interdites.
Le HDP a remporté 12% des suffrages lors des élections législatives de
2018 et détient 56 sièges sur 579 au parlement.
Des milliers de ses partisans et des dizaines de ses élus, en
particulier dans le sud-est à majorité kurde du pays, sont emprisonnés,
accusés de soutien au terrorisme ou de menaces à la sécurité. Ce que
tous démentent en dénonçant des inculpations politiques.
Selahattin Demirtas a été arrêté en 2016 et détenu depuis malgré les
appels de la Cour européenne des droits de l'Homme en faveur de sa
libération.
Déjà condamné en 2018, il fait face à de multiples accusations qui
pourraient lui valoir jusqu'à 142 ans de prison si les charges de
terrorisme sont retenues contre lui.
Il se refuse pour autant à miser sur une possible amnistie: "je ne suis
coupable de rien, donc je n'ai pas à demander pardon".
"Je n'ai jamais espéré le pardon de quiconque et encore moins celui
d'Erdogan. C'est plutôt à moi de lui pardonner, c'est lui le coupable",
écrit-il à l'AFP.
Et il en est convaincu: "Erdogan et la poignée de gens qui l'entourent
vont perdre".
"La démocratie, c'est certain, l'emportera: cette mentalité de l'homme
fort, raciste, discriminante, nationaliste, va disparaître". (AFP, 26
jan 2023)
L'nterdiction
possible du parti pro-kurde HDP avant les
élections
La Cour constitutionnelle turque a rejeté jeudi une demande de la
formation pro-kurde HDP de repousser sa décision sur une possible
interdiction du parti pour "terrorisme" après les élections
présidentielle et législatives prévues le 14 mai.
Une interdiction du Parti démocratique des peuples (HDP) pourrait
empêcher la troisième formation politique au Parlement de participer
aux élections sous son étiquette actuelle.
Le gouvernement du président Recep Tayyip Erdogan accuse le HDP d'être
lié au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), groupe armé qualifié
de "terroriste" par Ankara et ses alliés occidentaux.
Le HDP, qui dément cette affirmation, devrait présenter une défense
orale devant la Cour constitutionnelle le 14 mars, a expliqué à l'AFP
un porte-parole du parti.
La Cour devra ensuite attendre les observations d'un rapporteur avant
de rendre son arrêt, selon la procédure d'interdiction lancée en mars
2021.
Le HDP "opère presque comme un bureau de recrutement" du PKK, avait
affirmé début janvier le procureur Bekir Sahin, chargé du dossier.
Une majorité des deux tiers des 15 membres de la Cour constitutionnelle
est nécessaire pour acter la fermeture du principal parti pro-kurde.
Début janvier, la Cour constitutionnelle turque avait déjà décidé, par
huit voix contre sept, de suspendre les aides publiques au HDP.
Le parti, qui a remporté 12% des suffrages aux dernières élections
législatives, est considéré par certains analystes comme le "faiseur de
rois" de la prochaine élection présidentielle.
Bête noire du président turc Recep Tayyip Erdogan depuis qu'il a
contribué à le priver de sa majorité parlementaire en 2015, le HDP a
fait l'objet d'une répression implacable depuis 2016, année où son chef
de file Selahattin Demirtas a été arrêté et emprisonné. (AFP, 26 jan
2023)
Displaced people of Afrin rally in protest
against occupiers
Hundereds of
thousands of
Kurdish residents of the city of Afrin have been displaced and farm
lands seized after the seizure of the city by the Turkish military in
2018.
Thousands of people
rallied on Friday in the city of Tell Rifaat in Northern Syria in
protest against the continuing Turkish occupation in the
Kurdish-majority city of Afrin, Syrian Observatory for Human Rights
(SOHR) reported.
The protest was held
on
the occasion of the fifth anniversary of the Turkish invasion, and the
demonstrators - most of them displaced people of Afrin - carried photos
of the victims of the military incursion, and chanted, "Afrin is ours
and will remain ours,"
The Turkish military
campaign - ironically dubbed "Operation Olive Branch" - was launched on
20 January 2018, and concluded on 24 March with the seizure of Afrin,
resulting in hundreds of civilian deaths caused by indiscriminate
shelling.
Days after the
seizure of
the city, a video was released showing Turkish-backed fighters abusing
the mutilated body of a woman Kurdish fighter.
300,000 Kurdish
residents
of the city were displaced in an apparent attempt at demographic change
by occupying forces, and at least 75% of the olive groves were seized
by armed factions operating under the command of the Turkish military,
according to a SOHR report dated September 2018.
United Nations war
crimes
investigators said in mid September 2020 that "in Afrin, Ras al Ain and
the surrounding areas, the Turkey-backed Syrian National Army may have
committed the war crimes of hostage-taking, cruel treatment, torture
and rape."
Afrin was effectively
handed over to Al Qaeda offshoot Hayat Tahrir al-Sham (HTS) in mid
October 2022 with the support of some Turkish-backed factions. HTS
reportedly withdrew later, leaving only a police force in the city.
(gerceknews, 21 January 2023)
Four
members of Iraqi Kurdish family killed in
Turkey's Mardin province
Unknown assailants shot and killed four members of a Kurdish family
coming from Iraq on the Artuklu-Nusaybin highway in Turkey's
southeastern province of Mardin.
Four citizens of Kurdistan Region of Iraq (KRI) were killed and one
injured in an armed attack on a jeep coming from Duhok province on
Thursday, new agencies reported.
One or more unknown persons started opening fire on the vehicle at
01:00 a.m. local time on the Artuklu-Nusaybin highway in the Yenikoy
district of Mardin, Turkey's state news agency said, adding that police
and medics were immediately dispatched to the scene.
The victims of the attack were Abdullah Salih Mustafa Mamisi (69), his
wife Cimen Sahin Halid (75) and their daughters Hindirin Abdullah Salih
(39) and Wahide Haydar Casim (63), KRI's official Rudaw news agency
reported.
Wahide Haydar's son Ahmed Celaleddin Ibrahim Bezelî (45) was injured in
the attack and is currently receiving treatment at Nusaybin Public
Hospital, Rudaw said.
A witness told Rudaw the victims were killed by gunshots to the head.
A relative of the victims said he last spoke to them around 11 p.m. in
the evening when they were staying at a restaurant.
"The vehicle was stopped, they were taken out and killed. Three other
people died at the scene. My brother and mother were also
hospitalized," Dr. Faris Celaleddin İbrahim Bezeli said.
Bezeli said his mother was on her way to an eye examination and his
brother was studying at Dicle University in Diyarbakir province.
"How this incident happened should be clarified," he demanded.
(gerceknews, 19 January 2023)
US
official: "SDF is the only combat credible, capable
partner in Northeast Syria"
"Turkish officials are clear that they do not support the US approach
to prosecuting the D-ISIS mission in Syria," Dana Stroul has said.
In a virtual roundtable held by US officials on Thursday, the officials
were repeatedly asked questions by Pentagon correspondents regarding
Washington's stance on the partnership with Kurdish-led Syrian
Democratic Forces (SDF) in Northern Syria, particularly in the face of
Turkey's reactions.
Dana Stroul, Deputy Assistant Secretary of Defense for the Middle East,
and General Matthew McFarlane, Commander of Combined Joint Task Force,
stressed in response that they remain committed to the partnership with
SDF in the fight against the Islamic State (ISIS).
The roundtable was attended by CNN's Oren Liebermann, Al Monitor's
Jared Szuba, NBC's Courtney Kube, and Washington Post's Dan Lamothe.
Noting that the mission in Syria is carried out "with, and through our
local partners," Dana Stroul underlined the crucial role played by SDF,
saying:
"Not only are US forces continuing to prosecute unilateral operations
against ISIS, but we maintain a robust pace of partnered operations
with the SDF who are the only combat credible, capable, and committed
partner present in Northeast Syria today willing to join us in this
fight."
Asked by CNN's correspondent whether or not the mission has become
harder as Syria is "under pressure from Turkey," McFarlane responded by
reiterating that SDF is a "lead partner" of US forces. He said:
"Certainly, we continue to emphasize the importance of deescalating any
aggression in Northern Syria, as we remain focused on the de-ISIS
mission and supporting the SDF as they conduct that."
Referring to Turkey's intensive air raids that recently targeted SDF
and even caused patrols to halt in December, Washington Post's Dan
Lamothe asked the officials to comment.
Stroul said:
"Any activity that detracts the SDF from that mission, where they would
be forced to focus on their own force protection or protecting their
communities, is an opportunity for ISIS to reconstitute that we should
not be giving them. So what we are very consistent with our Turkish
allies is we understand and recognize that they have legitimate
security concerns and we continue to work with them to address those
security concerns, but any sort of large scale incursion that would
detract from our core focus on the defeat, the sustainable defeat of
ISIS is not a risk that we can afford to take at this point in time."
She stressed:
"Large scale incursions or activities in this area that detract from
this focus on defeat ISIS is a risk that the global community cannot
afford to take."
Al Monitor's Jared Szuba asked:
"Regarding Turkey's threats to launch an incursion against the SDF, is
there any effort to revive previous years' commitments to Turkey to
pull back from certain border areas? And is there any serious
discussion ongoing with our Turkish allies on compromising on the
security structures in the northeast?"
Stroul said:
"I do want to emphasize that there is no change to current U.S. policy
in Syria. When it comes to the military arm of that broader policy, it
is to maintain our force presence in Syria, to support enduring and
sustainable defeat of ISIS, and in order to achieve that objective, we
remain committed to working with the SDF."
Asked by Courtney if there is still "a potential for a real incursion
by the Turkish military," Stroul replied:
"I'm not going to use adjectives to assess Turkish rhetoric, but what I
do want to be clear on is that Turkish officials are clear that they do
not support the US approach to prosecuting the D-ISIS mission in Syria.
However, we both agree that ISIS still remains a threat." (gerceknews,
13 January 2023)
76
organizations and 2,393 people object to blocking of HDP's Treasury aid
The decision to block Türkiye's third-largest parliamentary group on
January 5, came after a request from Chief Public Prosecutor's Office
of the Court of Cassation, which suspects links between the HDP and the
outlawed Kurdistan Workers' Party (PKK). A closure case against the
party is still going on.
In the statement published yesterday (January 11), 2.393 citizens and
76 organizations expressed their concern about the decision to deprive
the party of their funds. They remark that the closure case is opened
due to public pressure from the ruling AKP-MHP coalition.
Furthermore, they address that it will create a disadvantage for the
HDP in the upcoming elections and is a severe intervention in the
electoral process. The group demands that the decision will be revoked
and that they stand by the side of democracy.
Despite the HDP being deprived of receiving 539 million lira (29.7
million US dollars) from the Treasury this year, the party announced
that it will field its own candidate in this year's presidential
election scheduled for June 18.
The third largest opposition party is not part of the main opposition
bloc known as the 'Nation Alliance'. However, the party is widely
perceived to be the kingmaker in the upcoming elections, accounting for
around 10 to 12 percent of the national vote.
HDP closure case
The Court of Cassation launched an inquiry against the Peoples'
Democratic Party (HDP) on March 2, 2021, and the Chief Public
Prosecutor of the Court of Cassation, Bekir Şahin applied to the
Constitutional Court on March 17, 2021, demanding the closure of HDP
and many of members banned from politics.
A two-thirds majority, or votes of 10 of the 15 Constitutional Court
members, are necessary to close the party or to impose other sanctions
on the party, such as wholly or partially depriving it of public aid.
Those who have been imposed a political ban in Türkiye are not able to
be founders, members, executives, or supervisors of any other political
party for five years. (BIA, 12 January 2023)
Un procureur réclame l'interdiction du parti
prokurde HDP
Un procureur a réclamé mardi devant la Cour constitutionnelle turque
l'interdiction du parti prokurde HDP pour "terrorisme", à quelques mois
des élections présidentielle et législatives.
Le procureur général de la Cour de cassation accuse le Parti
démocratique des peuples (HDP), troisième formation politique au
Parlement turc, d'être lié "de façon organique" au Parti des
travailleurs du Kurdistan (PKK), groupe armé qualifié de "terroriste"
par Ankara et ses alliés occidentaux.
"Ils opèrent presque comme un bureau de recrutement" du PKK, a affirmé
le procureur Bekir Sahin à la presse à sa sortie de la Cour
constitutionnelle, selon l'agence de presse étatique Anadolu.
Le HDP, qui dément être lié au PKK, dispose d'un délai minimal d'un
mois pour présenter une défense orale, a expliqué à l'AFP un
porte-parole du parti.
Une majorité des deux tiers des 15 membres de la Cour constitutionnelle
est nécessaire pour acter la fermeture du principal parti pro-kurde.
Jeudi, la Cour constitutionnelle turque avait déjà décidé, par huit
voix contre sept, de suspendre les aides publiques au HDP.
539 millions de livres turques (28,7 millions de dollars) devaient être
accordés par l'Etat turc au HDP cette année, dont un tiers avant le 10
janvier.
Le parti dispose là encore d'un délai minimal d'un mois pour préparer
sa défense. Il a qualifié cette décision de "détournement du droit".
Le HDP, qui a remporté 12% des suffrages aux dernières élections
générales, est considéré par certains analystes comme le "faiseur de
rois" de la prochaine présidentielle, prévue au printemps.
Bête noire du président turc Recep Tayyip Erdogan depuis qu'il a
contribué à le priver de sa majorité parlementaire en 2015, le HDP a
fait l'objet d'une répression implacable depuis 2016, année où son chef
de file Selahattin Demirtas a été arrêté et reste emprisonné.
Nombre de responsables et de sympathisants du HDP ont été également
arrêtés, et des dizaines de maires HDP élus dans le sud-est
majoritairement kurde de la Turquie ont été remplacés par des
administrateurs nommés par le gouvernement.
La procédure d'interdiction du parti avait été lancée en mars 2021. Les
critiques contre le HDP avaient redoublé d'intensité le mois précédent,
après une intervention militaire turque avortée visant à secourir 13
otages aux mains du PKK en Irak, qui s'était soldée par la mort de tous
les prisonniers. (AFP, 10 jan 2023)
Tens of thousands in Paris demand France
to act for justice
Tens of thousands of people demand that the murderers of Sakine Cansız,
Fidan Doğan and Leyla Şaylemez, who were killed on 9 January 2013 in
Paris, and Evîn Goyî, Mir Perwer and Abdurrahman Kızıl, who were
murdered also in the French capital, on 23 December 2022, to be
uncovered, and the decision of confidentiality in the case files to be
lifted. People gathered in Gare du Nord from the early hours of the
morning and walked up to the République square.
The rally was the result of 5 different branches that all reached
République square.
CDK-F Co-Chair Xane Akdoğan said: “I respectfully commemorate our
martyrs of the Kurdistan Freedom Struggle in the persons of Evîn Goyî,
Mir Perwer and Apê Abdurrahman. No matter how much pain we have, we are
getting stronger. No matter what they do, we will win, they will lose."
CDK-F Co-Chair Abdullah Ülmez thanked those who attended the march and
rally and said: “Dear friends, we are going through a historical
process. A herd of barbarians and murderers is attacking us. With your
participation in this march and rally today, you have shown that no
barbarian power can stand in the way of the Kurdistan freedom struggle.
We commemorate Evîn Goyî, Apê Abdurrahman and Mir Perwer. At the same
time, we commemorate Sakine Cansız, Fidan Doğan and Leyla Şaylemez who
were murdered on 9 January 2013. We will continue their lawsuit. As
CDK-F, our struggle will not end until these two massacres are
revealed. Our greatest revenge will be to keep their struggle alive.”
CDK-F Foreign Relations Spokesperson Agit Polat criticized
France-Turkey relations in his speech and said that “the invading
Turkish state is not an ally but an enemy for France.” Polat, who
demanded the removal of the state secret on the first Paris Massacre
file said: “You have to remove this state secret, you have no choice.
Is it normal that justice has not been done after 10 years? The Kurds
in Paris should be under the protection of the government. How long
will your silent consent last? How long will your cooperation with
Turkey last? The Turkish state is not your ally. If 9 January had been
clarified, today's massacre would not have occurred. Today is the time;
It is time to get to the bottom of all massacres. This is the honor of
France. We are living in difficult times. Now is the time to remove the
PKK from the list of terrorist organizations. If the PKK had not been
on the list of terrorist organizations, the 9 January massacre would
not have happened, the 23 December massacre would not have happened.
Mr. Macron, you have to understand why the Kurdish people are so angry.
You are the only authority to lift the state secret order. The Kurdish
people will never kneel, we will insist on the demand for justice!”
Speaking on behalf of Sakine Cansız's family, her brother Metin said:
"You are all Sakine's family." Evîn Goyî's cousin Zeynep Kara said: "As
the family of Evîn Goyî, I welcome all who come. We were supposed to
meet here. Although we are sad, we bow respectfully before her memory.
Our pain is great; our hearts are bleeding. No matter how much the
Turkish state and its partners try to kill us or destroy us, we will
never kneel before it. If the French state is a friend of the Kurds, it
should bring justice for Heval Sara, Rojbîn and Ronahî and Heval Evîn,
Mir Perwer and Abdurrahman Kızıl.”
Speaking on behalf of the family of Martyr Abdurrahman Kızıl, Cemal
Turan said: “The history of our enemy is barbarism. It wants to
slaughter us. You are resisting these massacres.”
Speaking on behalf of Martyr Mir Perwer's family, Musa Alan said: "10
years ago, Sara, Rojbin and Ronahî were murdered in Paris. On 23
December, Mir Perwer, Heval Evîn and Abdurrahman Kızıl were murdered,
in Paris. The force against us is barbaric. But we will never bow down.
Just as Mir Perwer followed the path of Hozan Serhad and fought for the
development and spread of Kurdistan art, we will follow the path of
Hozan Serhads and Mir Perwer.” Musa Alan read a song written by Mir
Perwer.
Cemile Renkçay took the floor on behalf of TJK-E and said: “The martyrs
were leading figures of the Kurdish struggle. Ömer Güney was a member
of the MIT, he died in prison under suspicion. We did not give up on
this struggle. France brought a state secret decision to prevent the
prosecution of Turkish state officials. Our struggle will continue. We
do not believe that Evîn Goyî was murdered by a racist. This is a
political murder. As the Kurdish Women's movement, we will continue our
struggle. The state secret decision on the 2013 file should be lifted.”
KCK Executive Council member Zübeyir Aydar said: “Today, tens of
thousands of Kurds, have gathered here for justice. We know the
killers. Maybe the shooters were here, but those who ordered the
killings were in Ankara. In 2013, our friends Sakine Cansız, Fidan
Doğan and Leyla Şaylemez were murdered in Paris. This file has not been
clarified. That's why the Turkish state planned the second massacre. We
are determined; we will achieve freedom; we will liberate our Leader.
We will liberate Kurdistan. Our martyrs are not only Kurds, we also
have martyrs from other peoples. Two days ago, two MLKP members fell as
martyrs in Hesekê. Ahmet Şoreş (Zeki Gürbüz) and Fırat Newal (Özgür
Namoğlu) fell as martyrs in an invading Turkish state attack.”
KCDK-E Co-chair Fatoş Göksungur emphasized that the French state was
responsible for revealing these massacres and said: “The people of
France should hold their state accountable for the two massacres
carried out in their own country. The Women's Revolution will be our
biggest response to the Turkish state."
Mayor of Paris 10 Arrondissement, Alexandra Cordebard, expressed her
sorrow for the massacres and emphasized that they stand with the Kurds
as elected officials.
Cordebard said: “Let the 9 January and 23 December Massacres be
clarified and justice provided. This massacre was committed not only on
the Kurds, but also on Paris, the people of Paris and all France. I
would like to tell you that we owe a lot to the Kurds. We are brothers
and sisters. Kurds fought against ISIS for democracy and freedom. We
exist because of you. Know that the elected representatives here are
with you.”
Jacques Martial, deputy of Paris Mayor Anne Hidalgo, said: “We
commemorate the Kurds who were massacred in France 10 years ago. We are
with the Kurds. The Mayor of Paris, Anne Hidalgo, is always with the
Kurdish people. We know that the Kurds are fighting for their rights,
fighting for humanity. That's why we are with the Kurds. France must
protect those who fight for humanity.”
Mathilde Panot from the La France Insoummise (LFI) party said: “We are
here with you today. On behalf of Mélenchon, I share your pain. There
was a massacre 10 years ago. Again, on 23 December another massacre
took place in Paris. We do not accept the media's claim that the
murderer was a lone shooter. The PKK should be removed from the list of
terrorist organizations. As long as the PKK is on the terrorist list,
it will be exposed to attacks. Long live Sara, Rojbin, Ronahi. France
must protect the Kurds. Every Kurdish person in our country should know
that we are with them. Let me end with the slogan of Iranian women for
women's liberation: Jin Jiyan Azadi!”
Jocelyne Dubois, National Secretary of the French Left Party said: “We
want truth and justice. France must protect its allies and stand
against Erdogan. There should be no attack on Rojava, the PKK should be
removed from the list of terrorist organisations and Rêber Apo should
be freed."
Pierre Laurent, Vice President of the Senate of the French Communist
Party, asked Macron to take responsibility in his speech. “On behalf of
all Communist Party members and elected officials, we would like to
express our solidarity with you here. We will always be with you for
truth and justice. Macron must take responsibility in this matter and
must disclose all the documents. If France does not clarify this
massacre, it will be a great crime. If this is not clarified, it will
mean a partnership with Erdogan. There should be an investigation into
the massacre. In addition, the PKK should be removed from the list of
terrorist organizations. This decision continues at the request of
Erdogan. France should stop its relations with Erdogan.”
Speaking afterwards, Communist Party Senator Laurence Cohen said: “This
massacre targeted women, Kurdish women and resistance fighters. We have
been with you for 10 years. Currently, 100 parliamentarians from all
political parties have asked Erdogan to stop his attacks in Kurdistan.
We will go to Kurdistan in February to show solidarity with the Kurdish
people.” (ANF, 7 Jan
2023)
Obsèques
en Irak d'une Kurde assassinée à Paris
Les obsèques d'une Kurde tuée avec deux autres militants en décembre à
Paris se sont déroulées jeudi au Kurdistan d'Irak, une cérémonie aux
accents politiques organisée en présence du PKK, un groupe considéré
comme terroriste par Ankara et l'Union européenne (UE).
La dépouille d'Emine Kara, une kurde turque proche des indépendantistes
du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), est arrivée à l'aube par
avion à Souleimaniyeh, deuxième ville du Kurdistan irakien, région
autonome du nord de l'Irak.
Selon un correspondant de l'AFP, le cercueil a ensuite été transféré à
la mosquée Hajj Sour, où il était enveloppé du drapeau de la branche
politique du PKK, qui dispose de bases arrières au Kurdistan irakien
régulièrement ciblées par des raids de l'armée turque.
Dans la foule à l'extérieur de la mosquée, des proches d'Emine Kara ont
scandé des slogans à la gloire de "la martyre Evin Goyi", nom de guerre
de la militante de la cause kurde. Certains ont agité des drapeaux
frappés du portrait d'Abdullah Öcalan, le chef historique du PKK
emprisonné en Turquie.
Le 23 décembre, Abdurrahman Kizil, Mir Perwer, un chanteur kurde
réfugié politique et Emine Kara, responsable du Mouvement des femmes
kurdes en France, militante depuis plus de 30 ans et ayant combattu le
groupe jihadiste Etat islamique en Syrie, ont été tués à Paris devant
un centre culturel de leur communauté.
Le tireur présumé a dit avoir voulu "assassiner des migrants".
Selon des proches de la militante kurde qui vivait en France,
l'inhumation devait avoir lieu dans la journée dans les monts Qandil,
une région du Kurdistan d'Irak proche de l'Iran.
Emine Kara "avait été blessée au dos dans les combats à Kobané (nord
syrien)" contre les jihadistes, a affirmé son frère Ismaël al-Hajj à
l'AFP lors des obsèques. "Elle s'était rendue en France en 2020 pour se
faire soigner."
Comme de nombreux Kurdes -à Paris et au Kurdistan- il refuse de croire
aux seuls motifs racistes du tireur.
Selon lui, l'attaque à Paris est un acte "terroriste perpétré par les
services de renseignement turcs avec l'aide de leurs homologues
français" en raison du "militantisme" de sa soeur et de son "combat
contre l'injustice subie" par les Kurdes, un peuple sans Etat de 25 à
35 millions de personnes éparpillé entre l'Irak, l'Iran, la Syrie et la
Turquie. (AFP, 5 jan 2023)
Funérailles sous tension pour un des trois
Kurdes tués à Paris
Les funérailles de Mir Perwer, chanteur kurde tué fin décembre à Paris,
ont eu lieu sous tension jeudi dans l'est de la Turquie, a constaté un
correspondant de l'AFP.
L'artiste, réfugié politique, a été inhumé en présence de membres de sa
famille dans la province de Mus.
Les routes menant au village où se déroulaient les obsèques avaient été
bloquées par des gendarmes, empêchant plusieurs groupes de personnes -
dont des élus du parti pro-kurde HDP et des personnes se présentant
comme des proches - d'assister aux obsèques.
Des vidéos publiées sur les réseaux sociaux et par des médias en langue
kurde montraient un de ces groupes bloqué par des gendarmes.
Des gaz lacrymogènes ainsi que des balles en caoutchouc ont été tirés
par les forces de l'ordre afin de disperser ces groupes, selon le
correspondant de l'AFP et des vidéos tournées sur place.
Un canon à eau a également été utilisé par les gendarmes, tandis que
des hommes mécontents de ne pouvoir assister aux obsèques ont répondu
par des jets de pierres.
Les funérailles d'Abdurrahman Kizil, autre Kurde tué à Paris fin
décembre, ont également eu lieu jeudi, dans un village de la province
de Kars, dans le nord-est de la Turquie, ont rapporté des médias locaux.
Une partie du convoi accompagnant sa dépouille a été bloquée à
l'approche du lieu des obsèques, selon le média proche du mouvement
kurde Yeni Yasam et une députée du parti pro-kurde DBP, Saliha Aydeniz.
Emine Kara, troisième victime de l'attaque de Paris, a elle été
enterrée au Kurdistan d'Irak au cours d'une cérémonie aux accents
politiques organisée en présence de membres du Parti des travailleurs
du Kurdistan (PKK), un groupe considéré comme terroriste par Ankara et
ses alliés occidentaux.
Mardi, des milliers de membres de la communauté kurde de France et
d'autres pays européens s'étaient rassemblés en région parisienne pour
leur rendre hommage.
Ces trois Kurdes ont été tués le 23 décembre devant un centre culturel
de leur communauté à Paris. Le tireur, William Malet, un Français de 69
ans déjà connu de la justice pour des faits de violence, a justifié son
geste par sa "haine pathologique des étrangers". (AFP, 5 jan 2023)
Les funérailles de Mir Perwer, chanteur kurde tué fin décembre à Paris,
ont eu lieu sous tension jeudi dans l'est de la Turquie, a constaté un
correspondant de l'AFP.
L'artiste, réfugié politique, a été inhumé en présence de membres de sa
famille dans la province de Mus.
Les routes menant au village où se déroulaient les obsèques avaient été
bloquées par des gendarmes, empêchant plusieurs groupes de personnes -
dont des élus du parti pro-kurde HDP et des personnes se présentant
comme des proches - d'assister aux obsèques.
Des vidéos publiées sur les réseaux sociaux et par des médias en langue
kurde montraient un de ces groupes bloqué par des gendarmes.
Des gaz lacrymogènes ainsi que des balles en caoutchouc ont été tirés
par les forces de l'ordre afin de disperser ces groupes, selon le
correspondant de l'AFP et des vidéos tournées sur place.
Un canon à eau a également été utilisé par les gendarmes, tandis que
des hommes mécontents de ne pouvoir assister aux obsèques ont répondu
par des jets de pierres.
Les funérailles d'Abdurrahman Kizil, autre Kurde tué à Paris fin
décembre, ont également eu lieu jeudi, dans un village de la province
de Kars, dans le nord-est de la Turquie, ont rapporté des médias locaux.
Une partie du convoi accompagnant sa dépouille a été bloquée à
l'approche du lieu des obsèques, selon le média proche du mouvement
kurde Yeni Yasam et une députée du parti pro-kurde DBP, Saliha Aydeniz.
Emine Kara, troisième victime de l'attaque de Paris, a elle été
enterrée au Kurdistan d'Irak au cours d'une cérémonie aux accents
politiques organisée en présence de membres du Parti des travailleurs
du Kurdistan (PKK), un groupe considéré comme terroriste par Ankara et
ses alliés occidentaux.
Mardi, des milliers de membres de la communauté kurde de France et
d'autres pays européens s'étaient rassemblés en région parisienne pour
leur rendre hommage.
Ces trois Kurdes ont été tués le 23 décembre devant un centre culturel
de leur communauté à Paris. Le tireur, William Malet, un Français de 69
ans déjà connu de la justice pour des faits de violence, a justifié son
geste par sa "haine pathologique des étrangers". (AFP, 5 jan 2023)
Départ
d'une marche en hommage aux militantes kurdes assassinées il y a 10 ans
à Paris
Une marche blanche en hommage à trois militantes kurdes assassinées à
Paris en janvier 2013 a débuté mercredi dans la capitale française, les
manifestants, principalement des femmes, étant encore sous le choc de
la toute récente tuerie raciste de fin décembre.
Dans la nuit du 9 au 10 janvier 2013, trois militantes du Parti des
travailleurs du Kurdistan (PKK) - Sakine Cansiz, 54 ans, Fidan Dogan,
28 ans et Leyla Saylemez, 24 ans - ont été tuées de plusieurs balles
dans la tête dans l'enceinte du Centre d'information du Kurdistan (CIK)
situé dans le Xe arrondissement de Paris.
En tête du cortège de quelques centaines de personnes, dont beaucoup de
femmes portant des oeillets rouges, six femmes aux visages émus et
fermés portent de grandes photos portraits encadrées des six Kurdes
assassinés en 2013 et fin décembre.
Sous la pluie, la marche a débuté par le dépôt de trois gerbes de
fleurs en hommage aux trois victimes du 23 décembre.
L'auteur présumé de cette attaque, un Français de 69 ans interpellé
dans la foulée, a dit aux enquêteurs avoir agi parce qu'il était
"raciste". Il a été inculpé pour assassinat et tentative d'assassinat
en raison de la race, l'ethnie, la nation ou la religion et incarcéré.
Conernant l'assassinat de 2013, le CDK-F - qui dit fédérer 26
associations de la diaspora kurde en France - demande aux autorités
françaises de lever le secret défense protégeant "des informations
détenues par les différents services du renseignement français".
Le CDK-F accuse depuis des années le service de renseignement turc
(MIT) et le président Recep Tayyip Erdogan d'être derrière cet
assassinat, perpétré, selon le CDK-F, par un agent du MIT.
L'enquête en France avait pointé "l'implication" d'agents turcs dans ce
triple assassinat mais sans désigner de commanditaires.
Des médias turcs avaient notamment diffusé un document présenté comme
un "ordre de mission" du MIT pour Omer Güney. Seul suspect, cet homme
de nationalité turque, arrêté en France, est mort fin 2016 en prison
quelques semaines avant la tenue de son procès, éteignant l'action
publique à son encontre.
Mais en mai 2019, un juge antiterroriste français a été chargé de
reprendre l'enquête sur des complicités dans l'assassinat. Une
information judiciaire a été ouverte pour "complicité d'assassinats en
relation avec une entreprise terroriste" et "association de malfaiteurs
terroriste criminelle".
Le MIT avait officiellement démenti toute implication en janvier 2014.
Au micro, dans la manifestation, Melike Yasar, représentante du
mouvement des femmes kurdes en Europe a lancé "notre réponse, ce sera
la continuité du combat de ces femmes, nous allons continuer la lutte
et les rêves de toutes celles qui ont donné leur vie". (AFP, 4 jan 2023)
Les Kurdes rendent
hommage aux morts de la fusillade à Paris
"Les martyrs sont éternels": des milliers de membres de la communauté
kurde se sont rassemblés mardi à Villiers-le-Bel (Val-d'Oise) pour les
funérailles hautement politiques des trois Kurdes tués avant Noël dans
une fusillade à caractère raciste en plein coeur de Paris.
À la mi-journée, les dépouilles d'Abdurrahman Kizil, Mir Perwer, un
chanteur kurde réfugié politique, et Emine Kara, responsable du
Mouvement des femmes kurdes en France, ont fendu une foule dense pour
faire leur entrée dans une salle des fêtes louée pour l'occasion.
Enveloppés dans les drapeaux du Parti des travailleurs du Kurdistan
(PKK) et du Rojava, territoire kurde de Syrie, les cercueils sont
entrés encadrés par une haie d'honneur, accueillis par des larmes et
aux cris de "les martyrs sont éternels !".
De nombreux Kurdes refusent de croire à la version d'un tireur isolé
aux motivations racistes et dénoncent un acte "terroriste", mettant en
cause la Turquie.
Cette tuerie ravive le souvenir du triple assassinat, il y a dix ans
presque jour pour jour, de trois militantes kurdes, déjà dans le Xe
arrondissement de Paris, affaire dans laquelle les services de
renseignements d'Ankara sont soupçonnés.
Ne pouvant entrer dans la salle où les corps sont exposés au milieu des
couronnes funéraires sous un portrait d'Abdullah Öcalan, le chef
historique du PKK emprisonné en Turquie, des milliers de personnes
suivaient la cérémonie sur des écrans géants installés sur un parking.
"On est là parce que c'est notre devoir, c'est une lutte que nos
parents ont menée pendant de nombreuses années et que nous devons
continuer", a déclaré à l'AFP Celik, une femme de 30 ans qui n'a pas
souhaité que son patronyme soit cité pour des raisons de sécurité.
"On a l'impression qu'ils font tout pour nous écraser, que ce soit ici
ou en Turquie", a regretté cette habitante de Villiers-le-Bel, venue
aux funérailles en famille.
Série de manifestations
Des Kurdes ont fait le voyage de toute la France et même depuis des
pays européens pour assister à ces funérailles, venus avec des bus
spécialement affrétés par la communauté. Les organisateurs ont mis en
place un important service d'ordre, en plus des forces de l'ordre
déployées à l'extérieur.
Les trois défunts ont été assassinés par balles le 23 décembre devant
le centre culturel Ahmet-Kaya de la rue d'Enghien (Xe). Le tireur,
William Malet, a été désarmé et arrêté dans la foulée.
Devant les enquêteurs, l'homme de 69 ans, déjà connu de la justice pour
des faits de violence et qui sortait tout juste de détention provisoire
pour une autre affaire, a fait part d'une "haine des étrangers
pathologique" et dit avoir voulu "assassiner des migrants", selon le
parquet de Paris.
Mis en examen le 26 décembre notamment pour assassinat et tentative
d'assassinat en raison de la race, l'ethnie, la nation ou la religion,
ce conducteur de train à la retraite a été écroué dans la foulée.
Dans ce même lieu de Villiers-le-Bel, choisi du fait de la présence
d'une importante communauté kurde dans le Val-d'Oise et de sa facilité
d'accès, s'étaient déjà tenues les funérailles des trois militantes
kurdes liées au PKK et assassinées par balles dans l'enceinte du Centre
d'information du Kurdistan en janvier 2013.
Le suspect de ce triple assassinat, un ressortissant turc soupçonné
d'avoir agi en lien avec les services de renseignements d'Ankara, est
mort d'un cancer en détention en 2016, avant sa comparution devant les
assises.
Une marche blanche se tiendra par ailleurs mercredi rue d'Enghien sur
les lieux du drame de fin décembre. Et une "grande marche" de la
communauté kurde, initialement prévue pour les dix ans de la mort des
militantes du PKK, partira samedi de la gare du Nord à Paris. ". (AFP,
3 jan 2023)
Qui a peur des Kurdes ?
Chris Den Hond, contretemps.eu, 29 décembre 2022
Un nouveau massacre de personnes kurdes a été commis en plein Paris il
y a quelques jours. Comme il y a exactement dix ans, trois kurdes ont
été tués par un individu armé, dont une responsable de mouvement des
femmes kurdes. On sait que l’individu en question avait déjà attaqué un
camp d’exilé·es mais on ne connaît pour l’instant pas grand-chose des
conditions dans lesquelles il en est venu à cibler le Conseil
démocratique kurde de France, précisément à l’heure où devait se tenir
une réunion importante du mouvement des femmes kurdes.
Cette nouvelle attaque terroriste visant la minorité kurde doit nous
amener à redoubler notre solidarité avec leur combat mais aussi à
examiner le projet politique qui est porté par les organisations kurdes
qui sont ciblées sans cesse par le régime d’Erdoğan, l’extrême droite
turque et des courants intégristes armés présents notamment en Syrie,
ainsi que la tentative de mise en oeuvre de ce projet au Rojava.
***
L’assassin raciste qui a tué trois Kurdes à Paris le 23 décembre 2022 a
précisé qu’il leur en voulait d’avoir « constitué des prisonniers lors
de leur combat contre Daesh au lieu de les tuer« . Quelques semaines
auparavant, le 13 novembre, un attentat à Istanbul avait fait 6 morts
et 81 blessés. Le président turc Recep Tayyip Erdoğan a immédiatement
accusé le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) et les Unités de
défense du peuple (YPG), d’avoir ordonné l’attentat « à partir de
Kobane« . Un prétexte idéal pour lancer une nouvelle opération
militaire dans le nord de la Syrie. La suite est connue : des
bombardements intensifs sur le Rojava et la menace d’une opération
terrestre. Erdoğan est prêt à tout pour se faire réélire au printemps
prochain.
Le PKK, les YPG et les Forces Démocratiques Syriennes(FDS) nient toute
implication dans cet attentat et révèlent que la personne arrêtée est
une Syrienne arabe mariée trois fois avec des membres de Daesh et dont
le frère est commandant de l’Armée syrienne libre (ASL), opérant à
Afrin, main dans la main avec l’armée turque. De plus, son portable
comportait le numéro de téléphone du responsable fasciste du parti
d’action nationaliste (MHP) de Sirnak en Turquie. Tout cela ressemble à
une mise en scène. Comme lors de l’assassinat de nos trois camarades
kurdes, en plein Paris en janvier 2013, attribué « à une dissidence du
PKK« . Victimes les Kurdes ? Certes. Mais n’est-ce pas parce qu’ils
proposent un projet politique très novateur qu’ils se font attaquer par
les nationalistes turcs, arabes et autres ?
(Texte complet)
Dix ans après, le persistant mystère autour du triple
meurtre de militantes kurdes à Paris
Même quartier de Paris et même cible: le meurtre de trois Kurdes
vendredi a ravivé le souvenir du triple assassinat qui a frappé cette
communauté il y a tout juste dix ans et reste encore aujourd'hui
entouré de mystères.
Dans la nuit du 9 au 10 janvier 2013, trois militantes du Parti des
travailleurs du Kurdistan (PKK) - Sakine Cansiz, 54 ans, Fidan Dogan,
28 ans et Leyla Saylemez, 24 ans - avaient été tuées par balles dans
l'enceinte du Centre d'information du Kurdistan (CIK) situé dans le Xe
arrondissement, à moins de dix minutes à pied du Centre culturel kurde
(CCK) pris pour cible vendredi.
Lors d'une marche blanche organisée lundi à Paris, le parallèle était
dans tous les esprits.
Au milieu des pancartes à l'effigie des trois activistes tuées il y a
dix ans résonnaient, chez les manifestants, la même mise en accusation
du régime turc et une même défiance alimentée par l'issue judiciaire du
triple crime de 2013.
Les investigations avaient alors pourtant vite progressé: aidés
notamment par la vidéosurveillance, les enquêteurs avaient rapidement
identifié un suspect, Omer Güney, arrêté huit jours après les faits et
mis en examen pour "assassinats en relation avec une entreprise
terroriste".
Le trouble profil de ce ressortissant turc, agent d'entretien à
l'aéroport de Roissy, avait ensuite compliqué la donne.
D'abord présenté comme un proche du PKK, ennemi juré d'Ankara, M. Güney
a été ensuite soupçonné d'être proche des milieux ultranationalistes
turcs et d'avoir infiltré la communauté kurde en France à partir de la
fin 2011.
Des éléments du dossier suggèrent qu'il aurait pu agir pour le compte
des services de renseignement turc (MIT) avec lesquels il était en lien.
Des médias turcs avaient ainsi diffusé l'enregistrement d'une
conversation entre un homme présenté comme Omer Güney et deux agents
turcs, ainsi qu'un document s'apparentant à un "ordre de mission".
"Ses liens avec les services turcs étaient démontrés par de nombreux
éléments du dossier", assure aujourd'hui à l'AFP Me Antoine Comte,
l'avocat de la famille d'une des trois victimes.
- Zones d'ombre -
L'enquête, close en mai 2015, avait pointé "l'implication" d'agents
turcs mais sans désigner de commanditaires.
Restait ainsi ouverte la question de savoir si ces agents
éventuellement impliqués avaient "participé à ces faits de façon
officielle" et "avec l'aval de leur hiérarchie", avait alors confié à
l'AFP une source proche du dossier.
Omer Güney "était suspecté d'être un ultranationaliste turc et il y
avait assez peu de doutes sur l'existence de liens avec les services
secrets turcs", indique à l'AFP son ancien avocat Xavier Nogueras.
"Mais la question que se posaient les juges était de savoir si un ordre
était venu du MIT ou si c'est lui qui s'était manifesté auprès du MIT
pour savoir s'il pouvait (leur) servir à quelque chose", a ajouté Me
Nogueras.
Un procès aurait peut-être permis d'en savoir plus mais il n'aura
jamais lieu: un mois avant l'ouverture des débats devant la cour
d'assises, Omer Güney est mort le 17 décembre 2016 à l'âge de 34 ans
d'un cancer du cerveau, à la "consternation" des parties civiles.
Leur espoir d'établir l'implication d'Ankara dans ce triple assassinat
n'est toutefois pas totalement éteint.
En 2017, les familles des victimes avaient déposé une première plainte
accompagnée de nouveaux documents étayant, selon elles, la thèse d'une
"opération mûrement planifiée par les services secrets" turcs.
Le parquet de Paris avait classé la procédure mais une nouvelle plainte
a débouché sur la désignation en 2019 de juges d'instruction
antiterroristes chargés de reprendre l'enquête en explorant
d'éventuelles complicités.
Et début décembre, le Conseil démocratique kurde en France (CDK-F) a
exhorté les autorités françaises à lever le secret défense entourant
cette enquête pour mettre fin à "l'impunité".
"Il y a encore beaucoup d'investigations à mener", observe Me Comte. Et
de noter que les juges d'instruction en charge de l'assassinat de 2013
avaient ainsi reçu les familles des victimes le 20 décembre dernier...
soit trois jours avant l'attaque de vendredi. "Vous imaginez la
violence des choses", soupire l'avocat. (AFP, 27 déc 2022)
Derrière un
acte raciste, coup de projecteur sur la question
kurde
Il se dit mu par une "haine pathologique" des étrangers, mais le
retraité français qui a reconnu avoir tué trois Kurdes vendredi à Paris
a mis en lumière les revendications de tout un peuple éparpillé, au
coeur d'enjeux géopolitiques.
La marche en hommage aux victimes lundi a témoigné d'une douleur qui
dépasse le fait-divers sanglant: les manifestants scandaient en kurde
"Les martyrs ne meurent pas". Et en français "Femmes, vie, liberté" -
le slogan des femmes iraniennes.
Ils réclamaient aussi "vérité et justice", beaucoup évoquant
l'assassinat en 2013 à Paris de trois militantes du Parti des
travailleurs du Kurdistan (PKK), ennemi juré de la Turquie considéré
comme "terroriste" par Ankara comme par l'Union européenne.
Coup de projecteur sur ce peuple sans Etat de 25 à 35 millions de
personnes, éparpillé entre Irak, Iran, Syrie et Turquie.
- Sans Etat, divisés -
En majorité musulmans sunnites, avec des minorités non musulmanes et
des formations politiques souvent laïques, les Kurdes sont établis sur
près d'un demi-million de kilomètres carrés.
L'effondrement de l'Empire ottoman à l'issue de la Première Guerre
mondiale avait ouvert la voie à la création d'un Etat kurde. Mais après
la victoire de Mustafa Kemal en Turquie, les Alliés étaient revenus sur
leur décision.
En 1923, le traité de Lausanne avait consacré la domination de la
Turquie, de l'Iran, de la Grande-Bretagne (pour l'Irak) et de la France
(pour la Syrie) sur les populations kurdes.
Revendiquant la création d'un Kurdistan unifié, les Kurdes demeurent
depuis, au gré des soubresauts de l'actualité internationale, perçus
comme une menace de l'intégrité territoriale des pays où ils sont
installés. Mais aussi parfois comme des alliés temporaires de certaines
puissances.
Les Kurdes, qui n'ont jamais vécu sous un pouvoir centralisé, sont en
outre divisés en une myriade de partis et factions. Parfois
transfrontaliers, ces mouvements sont souvent antagonistes, en fonction
notamment des jeux d'alliances conclues avec les régimes voisins.
- Face au groupe Etat islamique -
En Syrie, les Kurdes ont adopté une position de neutralité au début de
la guerre civile en 2011, avant de bénéficier du chaos et d'installer
une administration autonome dans des régions du Nord.
Les combattants kurdes dominent ensuite l'alliance des Forces
démocratiques syriennes (FDS) face au groupe jihadiste Etat islamique
(EI), avec l'appui de la coalition internationale dirigée par les
Etats-Unis.
Les FDS contrôlent aujourd'hui une zone dans laquelle sont notamment
détenus des dizaines de milliers de jihadistes et leurs familles, dont
ils réclament, sans grand résultat, le rapatriement dans leurs pays
d'origine.
Mais alors qu'ils estiment avoir combattu l'EI au Levant pour le reste
du monde, ils sont pourchassés par la Turquie.
Ankara a lancé le 20 novembre une série de raids aériens sur des
positions de combattants kurdes dans le nord de la Syrie. Et le
président turc Recep Tayyip Erdogan menace d'y lancer une opération
militaire terrestre.
- Les Kurdes entre Paris et Ankara -
Le dossier kurde est un des nombreux axes de crispation dans les
relations bilatérales entre Paris et Ankara.
Des éléments de l'enquête sur les trois militantes du PKK tuées en 2013
à Paris suggèrent que le suspect aurait pu agir pour le compte des
services de renseignement turc (MIT). Il est depuis décédé mais des
juges antiterroristes ont repris l'enquête.
Quatre hommes d'origine kurde avaient par ailleurs été attaqués en
avril 2021 à coups de barre de fer dans un local associatif de Lyon,
dans le centre-est de la France, au cours d'une agression que les
victimes ont imputé au groupe ultranationaliste turc des Loups Gris,
récemment dissous.
Logiquement, le drame de vendredi a réveillé les craintes des quelque
150.000 Kurdes de France.
"Il y a des menaces directes, les représentations politiques,
culturelles et diplomatiques des Kurdes en France ont raison d'avoir
peur", a relevé pour le Journal du Dimanche Adel Bakawan, directeur du
Centre français de recherche sur l'Irak, craignant pourtant que les
débordements en marge des manifestations "entachent la grande
solidarité de l'opinion publique française".
La communauté refuse la thèse du crime raciste par un homme isolé. "Le
régime fasciste d'Erdogan a encore frappé", martelait lundi Agit Polat,
le jeune président du Conseil démocratique kurde en France (CDK-F).
Ankara, de son côté, a convoqué l'ambassadeur de France en Turquie pour
exprimer son "mécontentement face à la propagande lancée par les
cercles du PKK", a indiqué à l'AFP une source diplomatique turque.
(AFP, 27 déc 2022)
Minorités
/ Minorities
Hommage des enfants des Ateliers du Soleil à la
mémoire des victimes de la Shoah
Chaque année le 27 janvier, les institutions internationales rendent
hommage à la mémoire des victimes de la Shoah et réaffirment leur
engagement à lutter contre l’antisémitisme, le racisme et les autres
formes d’intolérance qui peuvent conduire à la violence ciblée sur un
groupe.
La date marque l’anniversaire de la libération du camp de concentration
et d’extermination nazi d’Auschwitz-Birkenau par les troupes
soviétiques.
Le mercredi 25 janvier à Bruxelles, un groupe d’adolescents des
Ateliers du Soleil ont participé à l'activité "polissage de pavés de la
mémoire" en hommage à la mémoire des victimes de la Shoah.
http://www.ateliersdusoleil.be
Garo Paylan on Turkey-Armenia border: "Why doesn't
this border open?"
People's Democratic Party (HDP) Diyarbakır MP Garo Paylan yesterday
(January 25) called on President Recep Tayyip Erdoğan from the closed
border between Turkey and Armenia. "What prevents this border to be
opened?" Paylan asked Erdoğan.
Paylan suggested that the border gate to be opened should be named
Hrant Dink gate after the editor-in-chief of Agos newspaper who was the
victim of a political murder on January 19, 2007.
"Now it is time for people to hug one another"
Paylan said, "We are at the Turkey-Armenia border and unfortunately
this border is closed since 30 years ago. Azeris, Armenians, Turks, and
Kurds are the peoples of this region but unfortunately, they were
separated due to traumas of the past century.
"Now it is time for the Turks, Armenians, and Kurds to hug one another.
There was a war between Azerbaijan and Armenia two years ago.
"After this war ended, both the Turkey-Armenia normalization process
and the Azerbaijan-Armenia peace process started. Türkiye and Armenia
appointed special envoys and started negotiations."
Garo Paylan recalled that one year ago President Erdoğan said that the
border could be opened first to third-country citizens and then the
citizens of Turkey and Armenia.
"Why doesn't this border open? I am asking President Erdoğan why this
border does not open. What prevents you from opening this border?"
asked Paylan.
"Both Armenia is losing and the people of the region are losing. Kars
is losing, Iğdır is losing, Ardahan, Ağrı, and Doğubeyazıt are losing.
The provinces of the area and the people living in these provinces are
losing," said Paylan.
"Let's name border gate Hrant Dink"
Paylan said, "If this border is opened, there will be trade and tourism
between these countries. People will share and they will hug each other.
"Turks, Kurds, Azeris, and Armenians cannot be enemies of each other.
These are the people who lived together for thousands of years and now
is the time to hug one another.
"Hrant Dink was one of the persons who made the greatest efforts to
open the Türkiye-Armenia border. His biggest dream was the opening of
this border and that Turkish, Kurdish, Azeri, and Armenian people would
dance halay together.
Turkey-Armeni̇a relations
Türkiye was the first country to recognize Armeni̇a's independence in
1991.
Relations between the former Soviet republics of Azerbaijan and Armenia
have been tense since 1991, especially because of Nagorno-Karabakh.
Alican Gate, the only border gate allowing road transport between
Türkiye and Armenia was closed by Turkey in 1993 during the first
Nagorno Karabagh War between Armenia and Azerbaijan.
A "Protocol on the Development of Bilateral Relations" was signed by
Türkiye's then-Foreign Minister Ahmet Davutoğlu and Armeni̇a's
then-Foreign Minister Eduard Nalbantyan on October 11, 2009.
Signed in Zurich in Switzerland, the "Protocol on the Establishment of
Diplomatic Relations" foresaw that the two states would recognize each
other's borders. But no progress was made and protocols became invalid.
New clashes erupted on September 27, 2020, and during the six-week war,
Azerbaijan retook several cities and 300 settlements and villages.
The conflict ended in November 2020 in a Russia-brokered deal that saw
Armenia cede swathes of territory it had occupied for decades.
In January 2021, the leaders of the three countries agreed to develop
economic ties and infrastructure for the benefit of the entire Caucasus
region. (BIA, 26 January 2023)
New
policies for Turkey's Roma population met
with skepticism
President Erdoğan opened the 2023 Roma Gathering held in Kasımpaşa,
İstanbul, on January 20, hailing his ties with the Roma community,
calling them his 'brother and sisters'.
"We grew up together on the same streets, shared and ate the same
bread, experienced the same joys and shared the same sorrows," he
stated.
The AKP chair himself was born in Kasımpaşa, a conservative
working-class neighborhood that is home to the historical Roma
district, Çürüklük meaning "rottenness" or "garbage dump" as the area
supposedly used to be a Byzantine landfill.
"Some people only call your name politically, some greet you just to
give off an image, and some knock on your door just to ask for your
vote. But we have a friendship lasting from the past to the present and
will hopefully last until our last breath," he continued.
The reason for President Erdoğan to return to his home turf was to
herald "good news" with the signing of a circular that intends to
continue Türkiye's endeavors for the country's estimated 2.5 million to
5 million Roma people.
He promised the establishment of a museum that will 'keep the Roma
culture alive' and development, support, and educational programs such
as financial opportunities for Roma to start their own businesses and
grants for Roma women cooperatives.
Debt and Poverty
A welcome initiative as many of Turkey's
Roma people suffer from poverty and are deeply in debt, with an average
household income of one-third of the minimum wage, according to a study
conducted last year by the Social Democracy Foundation (SODEV),
İstanbul Planning Agency (IPA), and the Zero Discrimination Foundation.
77.5 percent of the interviewees suffered from unemployment. Those
working primarily did cleaning and waste picking jobs or were municipal
employees. Others sold water, flowers, or begged on the street. The
pandemic exacerbated their situation, with 55.7 percent losing
virtually their entire income. In addition, 65 percent of the Roma did
not get government support. Those who did, mostly received coal to heat
their homes.
These struggles leave many Romas feeling unhappy and excluded by the
state. "We do odd jobs. We collect paper and garbage. We live in
shacks. No one, including the state, remembers us," explains Gökhan Y.
in daily Birgün, who lives in the East Thracian city Tekirdağ.
"They leave us in tents. We didn't even have sewerage, we built this
ourselves. Don't apologize to us. We need action. I want to raise my
children in a comfortable healthy environment," a 24-year-old mother of
2 children adds.
Inclusion of the Romas
The inclusion of Romas has been on the political agenda for over a
decade. In 2010, then-Prime Minister Erdoğan met with Roma NGOs
representatives and apologized for the state's past policies, admitting
that:
"Romani citizens are my citizens, and they could not benefit from
citizenship rights for decades in Turkey. If somebody should be
apologized to, those are Roma citizens, and I apologize to them in the
name of the state."
After the meeting, the fee for acquiring an identity card was
abolished, with the aim of enabling Romas, who could not pay the fee,
to obtain an identity card and thus access social policies, such as
education.
In the following years, action plans and initiatives were set up to
improve the living conditions of one of Europe's largest Roma
populations, such as the 2016–2021 Roma Strategy Document that focused
on education, housing, employment, health, and social services, and
social aids.
Organizations working with Roma people, however, criticize that these
strategy and action plans only remain on paper.
"The AKP has been in power for 20 years, and the President has been
ruling the country alone for the last five years. If they were sincere,
they could solve at least one of the problems of the Roma," Sinan
Karaca Öztürk, President of the Marmara Region Roma Associations
Federation says in Birgün.
"Roma people are only remembered during election time"
The new policy misses the views and demands of NGOs working with Roma
and only promotes government-backed organizations, Elmas Arus argues,
the President of the Zero Discrimination Association and Coordinator of
the Roma Dialogue Network, states in an interview with Bianet.
"It is difficult to make comprehensive comments as the full text has
not been disclosed yet. However, there is no opinion of NGOs other than
AKP associations in these documents," says Arus, who grew up in a Roma
community herself.
"As a Roma citizen who has been working with Roma in 34 regions for
many years, these documents do not solve our problems but do advertise
a few associations from the AKP."
"While preparing these documents and plans, the needs of the
institutions are not taken into account because they have no idea about
the needs of the Roma. Since they do not meet with NGOs, they do not
what their needs are and consequently, they do not have a strategy",
Arus states, claiming that Roma people are only remembered during
election time.
Five days prior to the gathering in Kaşımpasa, the CHP, Türkiye's
largest opposition party, held a similar meeting in Izmir. It invited
organizations working with Roma people and 50 mayors from CHP local
governments.
The meetings seem to leave Öztürk cold. "The Roma complain about all
local governments. No mayor takes initiative," he states.
'A home for every Roma'
Besides the new circular, The Ministry of Environment, Urbanization,
and Climate Change declared that 5,133 houses had been handed over to
the Roma. And on January 21, Murat Kurum, the head of the ministry,
tweeted that they are busy with "'A Home for Every Roma', modern,
spacious and safe houses."
"Erdoğan said that 5,133 houses were delivered. So, you handed over
these houses, but do these families have the social and economic
position to live there?" Arus questions, admitting that housing is one
of the most urgent needs for Romas.
'The Home for Every Roma' urban renewal program is carried out by the
often criticized Turkey's
Mass Housing Administration (TOKİ). The public housing organization is
known for its property-led redevelopment and widescale urban and social
re-engineering, leaving many displaced.
A high-profile TOKİ case was the Urban Regeneration Project in
Sulukule, approved in 2007. Sulukule was one of the oldest residences
of İstanbul's Roma people, lying adjacent to the old historic
Theodosian walls and within İstanbul's UNESCO world heritage site.
The urban transformation project was promoted as an opportunity to
"finally assimilate into Turkish society, to live in a proper house
finally and to have a proper job." The place was razed to newly built
"luxury residences." When the demolition was finished in November 2009,
around five hundred families were displaced. (BIA, 24 January 2023)
Commemoration for Dink: 'Your determination
is with us, your hope is with us'
The Editor-in-chief of Agos newspaper Hrant Dink was commemorated today
in front of Sebat Apartment in Osmanbey, İstanbul where he was murdered
16 years ago.
The program started with Bülent Aydın from Hrant's Friends speaking.
Aydın said, "Your determination is with us, your hope is with us"
"Those who were born that day, are with us today [in 2007 when Hrant
Dink was killed]. We saw that all those who are different can be
together in your inner conscience We are with you ahparig*, and your
determination is with us, your hope is with us...
"They want to close this case once again. Let us shout from here again
"this case will not close until we say closed." This square has become
the square for justice for Hrant's friends since 16 years ago.
People who gathered in the commemoration chanted "No emancipation
alone, either all of us, or none of us," "We are all Hrant, we are all
Armenians," and "Those who protect the murderers are partners to the
killing."
Following Aydın, the message from Shaharzad Akbar was read out.
Akbar who is fighting to end the gender discrimination prevailing in
Afghanistan has received the 14th International Hrant Dink award this
year.
"Let us crown Hrant Dink's heritage with solidarity"
Shaharzad Akbar's message was read out by Feride Eralp.
It said, "Hrant Dink's life and work is inspiring activists everywhere
in the world. I would like take this opportunity to draw your attention
to the struggle women wage in Iran and in Afghanistan. The women of
Afghanistan feel they are being buried alive, but still they are
fighting the Taliban. There are secret activities of women's struggles
but they are not giving up. Let us crown Hrant Dink's heritage with
solidarity."
"Hrant's friends under arrest"
Bircan Yorulmaz from Hrant's Friends, who was arrested in the Kobani
case for two years and was released in November spoke next:
Yorulmaz said in her message, "I could not be there with you for the
last two years. But I know that my voice and the voices of all friends
who cannot be in that square were also heard there. We will be in that
square, with all friends of Hrant, with Selahattin, Osman, Gültan,
Sebahat and we will chant "We are here ahparig."
The message of film producer Çiğdem Mater arrested in the Gezi Park
case was also read out.
The crowd chanted "We are proud of Gezi prisoners."
Bülent Aydın took his turn again after Mater's message and he
commemorated Tahir Elçi. He said "Tahir Elçi was as peace dove such as
Hrant was."
At 03:00 p.m. the hour when he was shot, Hrant Dink's voice was heard
in the square.
"We Armenians have our eyes on this land. Because our roots are here.
However do not worry, not in order to take away these lands, in order
to come and go deep in these lands."
"Our friend is lying down here on the sidewalk since 16 years ago"
Director Emin Alper made the 16th-year speech. Alper said, "We again
have a heavy heart. We see that the dark creating these murderers does
not go away, it even gets darker. Our friend is lying down here on the
sidewalk since 16 years ago."
"We are here to remember our word given to Hrant. We are here to take
the pen from the hands of those murderers who write history."
The commemoration ceremony ended with the Sarı Gelin song (Armenian:
Սարի աղջիկ) being played. (BIA, 19 January 2023)
Turkish
parliament rejects inquiry into Hrant Dink’s
murder
HDP’s proposal submitted on the 16th anniversary of Dink’s
assassination was voted down by Erdogan’s ruling AKP-MHP alliance
Turkish parliament on Wednesday has voted against a proposal to launch
a new investigation into the killing of Hrant Dink, an Armenian
journalist in Turkey who was shot dead in Istanbul on Jan.19, 2007.
The proposal submitted by pro-Kurdish HDP on the 16th anniversary of
Dink’s assassination was rejected by the votes of Turkish President
Recep Tayyip Erdogan’s ruling AKP-MHP alliance, Diken news website
reported.
Hrant Dink, the editor-in-chief of Istanbul’s bilingual Agos newspaper
was gunned down in broad daylight in front of his office by Ogun
Samast, a Turkish ultranationalist teenager. Samast who shot Dink in
the head at close range, was sentenced to 22 years in prison in 2011.
An Istanbul court in 2021 also convicted 26 defendants including
government security officials over their involvement in Dink’s
assassination. Despite four defendants were sentenced to life
imprisonment and two to aggravated life imprisonment, the links between
the deep state officials and the gunman have left the ruling
unsatisfactory in terms of justice.
“Not the evil itself, but its leakage was punished,” Dink’s family said
in a written statement released after the court’s decision. It was “far
from the truth,” according to them.
Dink, advocating a reconciliation between Turkey and the Armenians,
faced several lawsuits on the charges of “insulting Turkishness” over
his articles and received numerous death threats from Turkish
nationalists until his assassination.
”I feel like a pigeon,” Hrant Dink wrote in his last article.
“Like a pigeon I wander uneasily amidst this city, watching my back
constantly, so timid and yet, so free.”
More than 100,000 people gathered to say farewell to the Armenian
journalist in his funeral. (gerceknews, 18 January 2023)
How
President Aliyev Became The Corrupt Despot of
Azerbaijan
Harut Sassounian, The California Courrier, Jan 16, 2023
Journalist Fin Depencier wrote a lengthy exposé in the San
Francisco-based Palladium Magazine, titled: “Ilham Aliyev and the
Making of Azerbaijan.”
The article starts with Ilham Aliyev’s early years in Moscow when his
father, Heydar Aliyev, was a member of the ruling Politburo of the
Soviet Union.
At the young age of 16, Ilham Aliyev “was admitted into Russia’s most
prestigious university, the Moscow Institute of International
Relations,” through his father’s KGB connections. He graduated with a
PhD in history and taught at the university from 1985 to 1990. He
learned fluent English and specialized in British history.
In 1987, Soviet leader Mikhail Gorbachev dismissed Heydar Aliyev from
the Politburo. His son, Ilham, was fired from the University after
“Heydar criticized Gorbachev’s government for the killing of
Azerbaijani civilians in Baku.” Ilham was blacklisted and could not get
a job. “He ended up in the clothing business, purchasing a factory on
the outskirts of Moscow…. He then briefly relocated to Istanbul.”
In 1993, after Heydar became the president of the Republic of
Azerbaijan, he recalled his son to Baku and appointed him vice
president of SOCAR, Azerbaijan’s state oil company. When Heydar was
involved in a dispute with Western oil companies over Caspian oil
rights, he spoke with the newly-inaugurated Pres. Bill Clinton who
pressured the companies to accept Aliyev’s conditions. Ilham flew to
Houston and signed the agreement which gave SOCAR 20% share in the new
oil consortium. The remainder was divided among British Petroleum,
Aramco, Russia’s Lukoil, Pennzoil, and others.
After his father’s death, Ilham became President of Azerbaijan in a
controversial election in 2003. He purged the old guard of oligarchs
and officials and jailed “hundreds of functionaries belonging to the
main opposition party, the Popular Front of Azerbaijan.” Among those
jailed were “hundreds of journalists, activists, and other opponents of
the government from the last two decades. As of 2015, Azerbaijan had
more than twice the number of political prisoners as Belarus and Russia
combined.” Nevertheless, “Aliyev expected most corruption to flow
through him and his family.”
In 1983, “Ilham married Mehriban Pashayeva, whose grandfather was a
famous Azerbaijani writer that already had amassed enormous wealth. He
expanded the already-large Pashayev fortune by giving family members
positions in government, which they have exploited for personal gain.”
Here are several examples: “Nargiz Pashayeva, Aliyev’s sister-in-law,
is the rector of Moscow State University’s Baku branch. His
father-in-law, Arif Pashayev, runs the national aviation academy.
Arif’s brother, Hafiz Pashayev, is a deputy minister of foreign affairs
and served as U.S. ambassador for over 13 years. And so on it goes—the
Pashayevs are now Azerbaijan’s most wealthy family by far. Their
conglomerate, PASHA Holdings, owns seven of the ten largest banks in
Azerbaijan, along with interests in tourism and insurance.” In 2017,
Pres. Aliyev appointed his wife as vice president of Azerbaijan to be
his successor.
Aliyev has successfully silenced his foreign detractors “through
intimidation and bribery. Azerbaijan manages a network of institutions
whose purpose is to distribute funds throughout the West and ensure
positive coverage in the media, allies in the business world, and
defenders in politics. The network has been most active in Europe: in
2012, the European Sustainability Initiative used the term “caviar
diplomacy” to describe Azerbaijan’s practice of bribing EU politicians.
Doing state business in Azerbaijan is comfortable. The regime spends
lavishly on hotel suites and dinners for its guests. Friendly
journalists are offered access to Nagorno-Karabakh and other select
locations. In 2017, Aliyev decided to give 255 loyal Azerbaijani
journalists free apartments for their service to the regime.”
In 2017, the Global Anti-Corruption Consortium “revealed a scheme in
which the Azerbaijani government laundered $2.9 billion through four
shell companies in the UK…. According to the Organized Crime and
Corruption Reporting Project, other recipients included “at least three
European politicians, a journalist who wrote stories friendly to the
regime, and businessmen who praised the government…. In some cases,
these prominent individuals were able to mobilize important
international organizations, such as UNESCO and the Parliamentary
Assembly of the Council of Europe, to score [public relations]
victories for the regime.” The European Sustainability Initiative
described the scheme as the ‘biggest corruption scandal in the history
of the Council of Europe.’”
Journalist Depencier reported that British Petroleum “won the contract
to operate the Baku-Tbilisi-Ceyhan pipeline. British mining giant Anglo
American PLC has large investments in Azerbaijan and has benefited
enormously from Azerbaijan’s victory in Nagorno-Karabakh, as mining
sites were seized from the Armenians…. In 2021, it was revealed that
Aliyev and his family had a secret real estate portfolio in London
worth an astounding $694 million.” British politicians were also
coopted. “British Member of Parliament Bob Blackman has taken seven
free trips to Azerbaijan since 2011 worth tens of thousands of pounds.”
Azerbaijan has also cultivated a close relationship with Israel. “A
2012 Wikileaks report showed that Israel has secret bases in southern
Azerbaijan near the Iranian border. The strengthening of ties between
Israel and Azerbaijan was encouraged by the United States.” U.S.
officials theorized that “the Israel-Turkey-Georgia-Azerbaijan axis,
supported by the U.S., would be a counterweight to the
Syria-Iran-Armenia-Russia axis. Israel supplies Azerbaijan with 69% of
its imported weaponry, and Azerbaijan supplies Israel with 40% of its
energy needs in return.”
Depencier concluded: “Aliyev rules like a de-facto monarch with
unquestionable power. He “isn’t afraid of being called corrupt,
tyrannical, or malevolent.”
Despite its military alliance with Armenia, Russia did not defend
Armenia from Azerbaijan’s repeated attacks. Meanwhile, the West,
seduced by Azerbaijan’s oil and gas, turned a deaf ear to Armenia’s
plight.
Crimes against Yazidis to be recognized as genocide
in Germany
The Social Democratic Party (SPD), the Greens and the Free Democratic
Party (FDP) from the German coalition with a joint initiative with the
opposition Union parties, are preparing to accept the crimes committed
by ISIS (Islamic State) against Yazidis as genocide in the German
federal assembly (Bundestag,) Deutsche Welle Turkish reported, citing
an exclusive report by the Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ)
newspaper.
The parliamentary groups of these parties will present a joint proposal
to the Bundestag in this direction next week, FAZ said.
The draft law said:
"The German Bundestag bows to the victims of the crimes of the
so-called Islamic State (IS) in Iraq and Syria. Yazidis, Christians and
members of other religious and ethnic minorities and Muslims who
resisted IS were victims of war crimes and crimes against humanity."
More than 5,000 Yazidis were tortured and brutally murdered by the IS,
especially in 2014, as the IS aimed the "complete annihilation" of the
Yazidi community.
Many international organisations, governments and parliaments, as well
as groups have already classified IS’ treatment of the Yazidis as
genocide, and condemned it as such. The genocide of Yazidis has been
officially recognized by several bodies of the United Nationsand the
European Parliament. Some states have recognized it as well, including
the National Assembly of Armenia, the Australian parliament, the
British Parliament, the Canadian parliament, and the United States
House of Representatives.
"By recognizing these Islamist crimes as genocide, we give the
survivors a voice and support them in their fight for historical
justice. But one can only speak of justice when the whereabouts of the
missing people are clear, the victims are buried and the murderers are
punished,” Derya Turk-Nachbaur, the SPD member of the Bundestag, told
the newspaper.
Michael Brand, a deputy from the Christian Democratic Unionsaid that it
was important that Germany not only recognizes the genocide as such,
but also advances the historical investigation and legal prosecution of
the crimes and the protection of the culture and religion of the
Yazidis at national and international level.
Germany’s Bundestag had signaled last summer that it would recognize
crimes against Yazidis as genocide, when a resolution was passed by a
relative commission. (gerceknews, 13 January 2023)
Islamized
Christians of Turkey
Orhan KemalCengiz, gerceknews, 27 December 2022
In order to remain whole, to survive, or even to simply exist in
Turkey, minority members had to assume other identities.
In Turkey, the survivors of the 1915 Armenian Genocide and their
descendants are sometimes called “remnants of the sword.” The use of
this phrase admits that a mass killing has occurred with some survivors
having escaped the genocide. Besides this phrase, which has been used
for many years, other phrases describing descendants of Armenian
Genocide survivors have proliferated in the last two decades.
In her book “The Story of the Armenians in Purgatory,” Vercihan
Ziflioglu notes that phrases such as “Crypto-Armenians,” “Muslim
Armenians,” and “Islamized Armenians” are also in use. These terms all
refer to the same social phenomenon: The genocide caused some Christian
Armenian citizens of Turkey to hide their religious identity, with the
result being that their descendants have continued to conceal this
identity, may know very little about it, or may even have become
unaware of their religious and ethnic heritage.
A similar phenomenon, though not as well known, has occurred among the
survivors of the 1914—1923 massacres targeting the Greek community, and
among those Greeks who remained in Anatolia after the 1923
Turkish-Greek population exchange. Gercek News recently published a
piece about a parallel of this phenomenon experienced by Alevized
Armenians in the Dersim region. The Gercek News article shows that the
Armenians living in Dersim and the ones who escaped the genocide and
took refuge in this region became Alevis to protect their lives and
their integrity.
In order to remain whole, to survive, or even to simply exist in
Turkey, these minority members had to assume another identity. Some
adopted their new Muslim identity with sincere belief, becoming Muslims
even to themselves. Others saw their former identity as the true one
and never abandoned it, but hid it carefully. Some who secretly
remained Christian passed on this “inner knowledge” to the next
generations, while others avoided telling their children about their
family origins to protect them.
In the Turkish nationalist narrative, the prefix “crypto,” attached to
a religious identity, is used as a pejorative. It insults the holder of
the identity, implying that he or she is unreliable. This use of
“crypto” implies that though the identity holder had the choice to live
openly and honestly as a member of a particular religion, he or she
deliberately chose to deceive others instead.
On the one hand, the concept of “secret Christians” can be viewed as a
component or a subtopic of Turkey’s failure to face its past. The
burden of horrific events in Turkish history is displaced from the
perpetrators and their heirs to the victims and their descendants.
Instead of confronting the sins of our grandfathers and grandmothers,
we point the finger at the victims of those sins and accuse them of
freely choosing secrecy and deception.
On the other hand, this great tragedy of forced hidden religious
identity merits an analysis of its own as a unique problem that cannot
be fully addressed under another topic. This problem is the denial of a
right to identity. I frame the concept in this way because when these
hidden Christians became known, neither the wider Muslim community nor
the representatives of Turkey’s minorities accepted them.
These individuals’ right to identity and Turkey’s need to confront its
past intersect and overlap. If Turkey had confronted its past, its
relationship with all its minorities would have undergone a profound
change. If we imagine an atmosphere in which the Armenian Genocide has
been fully confronted, we see that Armenians in Istanbul would be
regarded as the grandchildren of genocide victims. However, the
identity of “hidden Armenians” is more nuanced and complex than simply
being the grandchildren of genocide victims. “Hidden Armenians” are
victims not only of the genocide but also of another grave violation of
rights that is not included in the acknowledgement of 1915. Their
identities—whether destroyed or merely hidden—have been denied them.
They lost family members to the genocide and somehow survived
themselves, but this survival came at the cost of all ties to their
ancient culture and identity.
The right to identity is recognized under international human rights
law as an autonomous, independent right that includes the right to
one’s name, family, and culture. From this perspective, it is evident
that the right of Islamized (or Alevized) Armenians and Greeks to their
own names, families, and cultural identities is subject to severe,
ongoing violation. For had these Islamized minorities not found
themselves forced to convert, had they had an uninterrupted connection
with their ancestry and heritage, they would have had different names
and different family histories, and would have inherited a different
culture. Although it can be said that such losses occur during any
assimilation, the word “assimilation” is inadequate to describe the
intensity and destruction of the loss at play in Turkey where there has
been a complete erasure of identity.
We do not know exactly how many Armenians remained in Anatolia after
the Armenian Genocide or how many Greeks remained in Turkey after the
population exchange. However, some estimates have been made using
existing data. According to estimates by the Armenian Patriarchate, an
estimated 100,000 Armenian women and children remained in Anatolia
following the genocide. No such comparable data exists regarding the
Greek minority.
The Greeks and Armenians who remained in Anatolia after the massacres,
population exchanges, and genocide experienced further social
fracturing. Taking Armenian families as an example, we see that some
remained Christian, some truly became Muslim, and some split, with part
of the family maintaining a Christian identity and the other part
becoming devout Muslims. It is also known that some Armenian families
adopted a Kurdish-Alawite identity, especially in the Dersim region.
Still others, though they converted to Islam, intermarried only with
other Islamized Armenian families, and saw themselves as Muslims of
Armenian ethnicity.
These Anatolian Christians were, in a way, absorbed by the social
structures surrounding them. On the one hand, they produced new forms
of existence within the wider Muslim community, while on the other
hand, they kept alive the beliefs and cultures they carried from the
past in various forms. For example, as researcher Mert Kaya points out
in “The Islamization of Anatolian Greeks between the years 1919-1925: A
study of memory,” the Christian tradition of egg painting continued
until recently in these Islamized families. And although Islam
generally forbids the consumption of alcohol, among these families were
liquor and wine producers. Likewise, many traditions unrelated to
Islam, mostly in accordance with the Christian faith, continue to live
on in Turkey’s Black Sea region. These include customs such as using
coffins to bury the dead and participating in activities that reflect
the church calendar.
The stories of Islamized Greeks and Armenians learning their true
identities differ greatly. For some, this identity is something they
had always intuited from clues in their environment. For example, some
secret Armenians living in southeastern Turkey say they were referred
to by their neighbors as “Mıslimeni.” This Kurdish word literally means
“Muslim,” but according to Ziflioglu, was used to denote converts to
Islam. In other cases, older family members were aware of their past
and origins, but kept this knowledge from other individuals within the
family.
When it comes to this knowledge of identity, the state is undoubtedly
in the greatest position to recognize Islamized Christians who are
unaware of their own background. Turkey has kept detailed demographic
statistics of the family histories of its citizens and thus has access
to everyone’s genealogy, including those of so-called “secret” Greeks
and Armenians.
In the upcoming part, we will discuss the developments that helped
these “Islamized Christians” reclaim their identities.
Politique
intérieure/Interior Politics
Erdogan confirme la date du 14 mai pour la présidentielle
Recep Tayyip Erdogan, à la tête de la Turquie depuis 2003 et qui espère
le rester encore cinq ans, a confirmé dimanche la date du 14 mai pour
la tenue des élections présidentielle et législatives.
"Je ferai usage de mon autorité pour avancer l'élection au 14 mai", a
déclaré le président lors d'une rencontre vidéo diffusée avec la
jeunesse à Bursa, la grande ville industrielle de l'Ouest.
"Il ne s'agit pas d'élections anticipées (...) mais d'un ajustement
pour tenir compte de (la date) des examens", a-t-il justifié alors que
la date initial du scrutin était prévue le 18 juin.
D'une longévité politique exceptionnelle en Turquie et plus largement
en Europe, M. Erdogan, d'abord Premier ministre depuis 2003, a modifié
la Constitution afin de devenir en 2014 président, directement élu au
suffrage universel et sera, à 69 ans (le mois prochain), candidat à sa
propre succession.
Ce rendez-vous électoral sera crucial pour son avenir et pour celui du
pays, en proie à une grave crise économique mais pièce maîtresse de
l'échiquier géopolitique de la région: Ankara a proposé sa médiation
entre l'Ukraine et la Russie, les deux belligérants à ses portes avec
lesquels elle partage les rives de la Mer noire.
M. Erdogan avait déjà avancé cette semaine la date du 14 mai, jour
anniversaire du triomphe électoral du Parti démocrate (conservateur) en
1950: sans annoncer clairement le jour du scrutin, il avait indiqué
mercredi qu'il se tiendrait "73 ans" après cette victoire.
"Notre nation adressera sa réponse à la Table des Six (plateforme de
l'opposition, ndlr) le même jour qu'il y a 73 ans", avait-il lancé
devant les élus de son parti au parlement, l'AKP, Parti de la Justice
et du Développement qui domine l vie politique turque depuis 2002.
L'opposition, qui entend présenter un front uni des six principaux
partis - moins le HDP (gauche démocratique pro-kurde), troisième force
au Parlement - et surtout un candidat unique, doit annoncer le nom de
celui-ci dans le courant du mois de février.
- deux décennies au sommet -
La campagne électorale débutera donc 60 jours avant, soit le "10 mars",
a également indiqué le président.
Le 14 mai 1950 marque la victoire d'Adnan Menderes, figure emblématique
pour la droite conservatrice turque, qui a mis fin au règne du parti de
Mustafa Kemal "Atatürk", père de la Turquie moderne.
Menderes, fondateur en 1946 du Parti démocrate, avait été renversé par
un coup d'Etat militaire en 1960 puis exécuté un an après et son parti
a été dissous.
Le choix du 14 mai envoie ainsi un signal clair à la frange
conservatrice de l'électorat.
De haute stature - il domine fréquemment ses interlocuteurs - Recep
Tayyiup Erdogan, ancien joueur de football qui rêvait d'une carrière
pro, règne sur la Turquie depuis deux décennies, pratiquement sans
partage même s'il réfute le terme de "dictateur" dont l'a affublé cette
semaine l'hebdomadaire britannique The Economist.
Elu maire d'Istanbul en 1994, tremplin idéal à une carrière nationale,
il avait été condamné en 1998 pour avoir récité un poème aux tonalités
islamistes - un épisode qui n'avait que renforcé son aura.
Libéré après quatre mois de détention, M. Erdogan avait fondé peu après
l'AKP, devenu l'instrument de son ascencion.
Son accession en 2003 au poste de Premier ministre avait ouvert une
décennie de croissance économique et de stabilité politique inédite
dans la Turquie moderne.
Mais à partir de 2013, confronté à un mouvement de contestation sans
précédent de la jeunesse à travers la Turquie, peu réceptive au modèle
islamo-conservateur que promeut l'AKP, M. Erdogan répond par une
répression implacable.
La dérive autoritaire de son pouvoir amorcée cette année-là s'accentue
après la première défaite électorale de l'AKP aux législatives de 2015,
puis avec la tentative de coup d'Etat de juillet 2016.
L'inoxydable "Reis" qui a vu sa popularité chuter ces dernières années
va néanmoins tenter de convaincre une fois encore ses concitoyens qu'il
est l'homme incontournable. (AFP, 22 jan 2023)
Doutes, espoirs, peurs et chaos sont à
la une!
Ragip Duran, tvxs.gr, 23 jan 2023
· De plus en plus
isolé et faible, le Président a décidé d’organiser des élections
anticipées pour sauver son pouvoir. A-t-il des chances?
Les élections
présidentielles et générales devraient normalement avoir lieu le 18
juin, mais le Président turc a déclaré cette semaine que le scrutin
sera organisé le 14 mai prochain.
Pourquoi donc a-t-il
avancé la date? Et est-il, en effet, possible d’organiser le scrutin le
14 mai 2023? Et quelle est donc la signification/l’importance de cette
date symbolique?
Dans un pays où le
droit et la judiciaire n’existent presque pas, il n’est pas facile de
trouver des réponses exactes à ces questions. Car le pouvoir du Palais
n’est pas transparent et il n’obéit qu’à ses propres règles au lieu de
la Constitution et les lois. Les intérêts du pouvoir et ceux d’Erdogan
sont supérieurs à ceux du droit.
* Erdogan a commencé
à observer que l’ensemble de ses initiatives sur le plan économique et
financier, - augmentation du SMIC, certains avantages accordés aux
jeunes retraités, baisse du prix de certains biens, construction de
nouvelles HLM…etc… - n’ont pas du tout atteint ses expectations à cause
du taux rampant de l’inflation. Le SMIC a été augmenté de 65 %, mais
comme l’inflation est officiellement de 90 %, les Smicards perdent
encore 25 % de leur pouvoir d’achat. Plus le temps passe plus la crise
économique frappe durement presque l’ensemble de la population du pays.
* Le Président a
besoin de réaliser un coup sur le plan de la politique étrangère pour
gagner plus de vote des nationalistes. Le Président des Forces
Démocratiques de Syrie (Kurdes) le commandant Mazlum Abdi a déclaré
qu’ils veulent bien s’entendre avec Ankara, mais qu’Erdogan planifie
une attaque contre le nord de la Syrie en février. Washington, Moscou,
Bruxelles ainsi que Téhéran, Bagdad et bien entendu Damas s’opposent
contre cette opération. Le Président Erdogan n’a ni le temps suffisant
ni autres options pour remporter ‘’une victoire militaire ou
diplomatique’’. Et la situation peut devenir encore plus compliquée
d’ici au mois de juin.
* L’opposition
officielle organisée sous la forme de ‘’La Table des Six’’ essaie de
résoudre ses problèmes internes. Elle n’a pas pu encore désigner
officiellement son candidat présidentiel. De plus, elle n’admet
toujours pas une alliance avec les kurdes, qui ont un potentiel entre
10 et 15 % de vote, donc un rôle stratégique et clef pour une victoire
électorale. Erdogan désire profiter des difficultés de son rival.
* Presque l’ensemble
des professeurs de droit constitutionnel déclarent qu’Erdogan ne peut
pas se présenter comme candidat aux élections de 2023. Car un article
de la Constitution stipule nettement ‘’qu’une personne ne peut être élu
président de la République que seulement deux fois’’. Erdogan a été
déjà élu deux fois. Le Président de l'Assemblée nationale ainsi que le
ministre de la Justice ont déjà annoncé que le Président Erdogan peut
se présenter comme candidat.
* C’est l'Assemblée
nationale qui peut décider de l’organisation des élections anticipées.
Mais actuellement, le parti du Président n’a pas la majorité nécessaire
pour prendre cette décision. Dans ce cas, le Président doit dissoudre
l'Assemblée nationale afin d’organiser les deux élections, générales et
présidentielles.
* Enfin le choix de
la date de 14 mai par Erdogan est très symbolique, mais en temps très
catastrophique. Le 14 mai 1950, le Parti démocrate (DP), conservateur,
avait gagné les élections pour mettre fin à 27 ans de domination des
Kémalistes du CHP. A l’époque, le DP s’était servi du slogan ‘’Ça
suffit! La parole à la Nation!’’ pour combattre le régime autoritaire
et élitiste du CHP.
Erdogan, au pouvoir
depuis 21 ans, a dit: ‘’Aujourd’hui, 73 ans après, nous disons -Ça
suffit! La parole à la Nation!-’’. Ce slogan était celui de
l’opposition de l'époque. De plus, le rival actuel d’Erdogan, la Table
des 6, s’appelle officiellement l’Alliance de la Nation!
"Erdogan, se croit-il
le leader de l’opposition? Mais il n’a plus d’histoire ou de fable à
raconter au public, aux électeurs. Il se contente alors de répéter les
slogans du passé sans être au courant que ces slogans servent
aujourd’hui l’opposition" commente un chroniqueur.
Faut-il enfin
rappeler que d’ici à mi-mai, l’ambiance politique et la campagne
électorale en Turquie est pleine de doutes, d’espoirs, de peur et de
chaos ? Erdogan fera tout pour ne pas perdre son trône. Des attentats,
des meurtres politiques, des opérations militaires contre les voisins
sont à l’ordre du jour ainsi que l’espoir de voir Erdogan partir pour
de bon.
The Economist: Turkey is on the
brink of a disaster under Erdogan
“Erdogan’s behaviour could tip Turkey over the edge into a full-blown
dictatorship”
Turkey is on the brink of a disaster under its increasingly “erratic”
president, the Economist said on Wednesday.
Featuring a Turkey file on its weekly edition’s cover, the UK’s leading
magazine said “A flawed democracy could tip into full-blown
dictatorship”, under President Recep Tayyip Erdogan.
The report immediately slammed by Erdogan’s adviser Fahrettin Altun as
of being a “cheap propaganda”.
The Economist titled the file as “Turkey’s looming dictatorship; A
special report on Erdogan’s empire,” and projected Erdogan's silhouette
onto the crescent on the Turkish flag on its cover photo.
Turkey who has the NATO’s second-biggest armed forces, plays a crucial
role in a turbulent neighbourhood, especially in war-torned Syria, the
magazine said.
According to the Economist, it exerts growing influence in the Western
Balkans, in the Eastern Mediterranean and more recently in Africa.
Above all, it is important in the Black Sea and in Russia’s war in
Ukraine, it said.
Taking all into account, the “outsiders” should pay attention to
Turkey’s upcoming presidential and parliamentary elections, the
Economist said.
“All the more so since, under its increasingly erratic president, the
country is on the brink of disaster. Mr Erdogan’s behaviour as the
election approaches could push what is today a deeply flawed democracy
over the edge into a full-blown dictatorship,” it said.
Immediately after its publication, the Economist’s Turkey report
slammed by Erdogan’s adviser Fahrettin Altun.
“Here we go again! The Economist recycles its intellectually lazy,
dull, and purposefully ignorant depiction of Türkiye. It seems like
they feel obligated to announce the end of Turkish democracy through
regurgitating cliches, misinformation and blatant propaganda,” Altun
said.
According to Altun, this is largely due to the “inexplicable and
ongoing hatred” against Erdogan.
“Outrageous headlines and provocative imagery might help them sell
their so-called journal, so we congratulate them on their ingenious
marketing techniques! But we must remind audiences that this is
sensationalist journalism based on cheap propaganda and
disinformation,” he said. (gerceknews, 20 January 2023)
Erdogan évoque la tenue d'élections générales le 14 mai
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a laissé entendre mercredi qu'il
souhaitait organiser des élections présidentielle et législatives en
Turquie le 14 mai, un mois plus tôt que prévu.
Sans annoncer clairement le jour de ce scrutin très attendu, le chef de
l'Etat a évoqué sa tenue "73 ans" jour pour jour après le triomphe
électoral du Parti démocrate (conservateur) en 1950 lors des premières
élections libres de la Turquie contemporaine.
Les élections étaient initialement prévues le 18 juin prochain mais de
nombreux observateurs s'attendaient à un scrutin anticipé.
Plusieurs raisons étaient invoquées par des éditorialistes turcs pour
ce choix, dont l'économie en berne mais aussi les dates des vacances
scolaires et de l'examen d'entrée à l'université, prévus en juin.
Le 14 mai 1950 marque la victoire d'Adnan Menderes, figure emblématique
pour la droite conservatrice turque, qui a mis fin au règne du parti de
Mustafa Kemal "Atatürk", père de la Turquie moderne.
Menderes, fondateur en 1946 du Parti démocrate, a été renversé par un
coup d'Etat militaire en 1960 puis exécuté un an après et son parti a
été dissous.
M. Erdogan, lui-même destitué et brièvement emprisonné quand il était
maire d'Istanbul dans les années 1990, s'est souvent comparé à Adnan
Menderes.
Le choix de la date du 14 mai pour les élections générales envoie ainsi
un signal à la frange conservatrice de l'électorat.
Menderes "a dit le 14 mai 1950 +assez, le peuple aura son mot à dire+
et est sorti victorieux des urnes", a lancé mercredi M. Erdogan lors
d'une réunion des élus de son parti islamo-conservateur, l'AKP (Parti
de la justice et du développement), au pouvoir depuis 2002.
"Notre nation adressera sa réponse à la Table des Six (plateforme de
l'opposition, ndlr) le même jour qu'il y a 73 ans", a ajouté M. Erdogan
dont les propos étaient télévisés.
M. Erdogan, candidat à sa propre succession, a accédé au poste de
Premier ministre en 2003, avant de modifier la Constitution et de
devenir président, directement élu au suffrage universel, en 2014.
L'opposition a annoncé son intention de revenir à un régime
parlementaire en cas de victoire.
La Table des Six est une alliance électorale des six partis
d'opposition dont le principal, le CHP (Parti républicain du peuple,
social-démocrate), a été créé par Mustafa Kemal.
Seul le HDP (gauche-démocratique, pro-Kurde), troisième force
parlementaire, n'a pas rejoint cette alliance.
- Crise économique -
A l'approche des élections, la popularité du président turc est entamée
par la crise économique et l'inflation qui a dépassé 85% l'année
dernière avant de revenir à plus de 60%.
Mais l'alliance de l'opposition n'a toujours pas annoncé son candidat
commun malgré un an de consultations internes, ni fait part de son
programme.
Le maire d'Istanbul, Ekrem Imamoglu, 52 ans, est considéré comme un
candidat sérieux pour l'opposition, après avoir ravi la plus riche et
la principale ville de Turquie à l'AKP en mai 2019.
Mais sa condamnation récente à plus de deux de ans de prison et la
suspension des activités politiques a réduit ses chances, estiment de
nombreux observateurs. Il a fait appel après avoir été condamné pour
"insulte" envers les membres du collège électoral qui avaient
initialement invalidé sa victoire ensuite confirmée par un nouveau
scrutin.
Kemal Kilicdaroglu, 74 ans, patron du CHP, est désormais
vu comme le probable candidat commun de l'opposition.
Mais il est encore loin de convaincre ses partenaires dans l'alliance
qu'il sera le candidat idéal pour vaincre M. Erdogan.
"La Table des Six n'a plus d'autre choix que de désigner le plus tôt
possible son candidat commun et d'être derrière celui-ci avec
l'ensemble de leur organisation et de leur capacité de leadership", a
estimé le journaliste et chroniqueur Kadri Gursel sur Twitter.
"Les sondages montrent l'opposition en tête, mais Erdogan semble avoir
retrouvé un élan" - en particulier depuis le début de la guerre russe
en Ukraine pour laquelle il entend jouer les médiateurs-, écrit de son
côté Timothy Ash, économiste des marchés émergents, dans une note aux
clients.
"Je n'écarterais jamais (la possibilité d'une victoire de, NDLR) M.
Erdogan lors d'une élection", prévient-il. (AFP, 18 jan 2023)
The six-party bloc takes the stage in Istanbul
"We are coming for change, and we will make sure that the struggle
grows in all spheres of life in the course of the election campaign,"
HDP co-chair Sancar has said.
Thousands of people gathered in Istanbul on Sunday for the first
election rally of the Labor and Freedom Alliance, a bloc of six parties.
The police set check points on the routes from subway stations to the
demonstration area, with armored water cannon trucks and detainee
transfer vehicles parked on the way.
In her address to the crowd, the co-chair of the pro-Kurdish Peoples'
Democratic Party (HDP) Pervin Buldan said that they have "gathered in
Istanbul, the beautiful city of democracy, to say stop to the AKP-MHP
regime who try to turn the city into the seat of darkness."
Commemorating revolutionaries Mahir Cayan, Ibrahim Kaypakkaya, Mazlum
Dogan, Kurdish writer and intellectual Musa Anter who was killed in an
extrajudicial execution in 1992, and Berkin Elvan who was fatally shot
by the police during 2013 Gezi protests, Buldan stressed that the
voters will choose in the coming elections "between the light and the
dark, between democracy and fascism."
She promised that they will reinstate the human rights treaty Istanbul
Convention, which had been declared invalid by Turkish President Recep
Tayyip Erdogan.
HDP co-chair Mithat Sancar said:
"We are coming for change. We will make sure that the struggle grows in
all spheres of life in the course of the election campaign. We will
broaden this alliance, make it pivotal for democracy. This alliance has
set off for democracy."
Ercument Akdeniz, the chair of the Labor Party (EMEP) that is part of
the bloc, called for a broader election alliance for the sake of
democracy, saying:
"The officials of the government plan to implement the same policy in
Istanbul that they earlier did elsewhere by replacing elected HDP
mayors with appointed trustees. This siege on Istanbul cannot be broken
without the support of the Labor and Freedom Alliance, without
Diyarbakir's support. Let us unite and make this country free. It is we
ourselves, all of us in solidarity, that will dispose of this one man
rule, this mafia order.
Spokeswoman for the Social Freedom Party (TOP) Juliana Gozen said that
a government who has waged a war against the people and who acts in
alliance with the mafia and gangs tries to equate itself with the law,
and dares talk about banning HDP.
Addressing government officials, she said:
"The people have not submitted to you in your 20 years of power, do you
think it will now?" (gerceknews, 15 January 2023)
Erdogan, peut-il
encore gagner?
Ragip Duran, tvxs.gr, 14 jan 2023
A l’approche des élections, les avantages et les désavantages du
Président sont devenus sujets de débats. ‘’Ce n’est pas lui qui va
gagner, mais ce sera l’opposition qui va perdre’’ estime une partie des
observateurs
Alors que le candidat de l’opposition n’est toujours pas officiellement
connu, dans les médias et dans les coulisses et un peu partout, on ne
parle que du destin du Président Erdogan. Peut-il rester au pouvoir? Ou
qu’est-ce qu’il fera en cas de défaite ?
L’ensemble des partisans d’Erdogan et une partie des observateurs
politiques indépendants croient que le Président a encore des chances
de gagner. Ils citent les atouts de celui qui est au pouvoir depuis
2002:
+ Le Président a récemment pu trouver des crédits en provenance des
Pays du Golfe et de l’Arabie Saoudite pour ralentir ou tout au moins
ajourner la faillite complète de l’économie turque. Malgré cela, le
taux d’inflation dépasse les 150 % selon des spécialistes indépendants
et la livre turque est encore très faible devant le dollar US et l’euro.
+ Le régime a beaucoup augmenté le salaire minimum et le salaire des
retraités. Mais cette augmentation est tout de suite évaporée par
l’augmentation en flèche des prix.
+ Déjà en campagne électorale Erdogan fait des promesses incroyables
comme envoyer un astronaute à la lune, exploiter les ressources
potentielles (?) de gaz naturel en Mer Noire, construire et vendre ‘’la
voiture nationale et locale’’ (La TOGG). Il maintient toujours son
discours religieux.
+ Il se présente encore comme un grand leader régional, voire
international alors qu'en-dehors de deux pays (L’Azerbaïdjan et le
Qatar) la très grande majorité des nations n’adore pas beaucoup l’Homme
Unique de la Turquie.
+ Washington et Bruxelles n’osent pas s’opposer de front contre les
actes et politiques illégales et illégitimes d’Erdogan. Ces deux
capitales sont même accusées de mener une politique d’apaisement.
+ Moscou soutien encore Erdogan même si ce soutien est essentiellement
conjoncturel.
Cependant, le vrai problème est du côté de l’opposition officielle:
+ Elle est médiocre car la table des 6 est un mécanisme des leaders des
5 partis de droite et des Kémalistes du CHP. Elle s’occupe du programme
du prochain gouvernement comme si elle a déjà gagné les élections. Elle
n’a aucun plan de restauration ni un programme pour la récréation d’un
système parlementaire renforcé.
+ Cette opposition suit les mêmes lignes politiques avec Erdogan sur
les sujets les plus importants du pays: Le Problème Kurde, la Question
Arménienne, l’armée turque, la politique extérieure d’Ankara, les
LGBTI+, les relations avec Bruxelles…
+ La Table des 6 refuse d’être en contact avec le HDP, parti des kurdes
et des gauches qui a un potentiel de vote entre 10 et 15 %. Elle
s’entend très bien avec les tout petit partis de la droite
conservatrice qui n’ont même pas en total 3% d’intention de vote.
+ La Table des 6 et les politiques du CHP sont sévèrement critiquées
même par les chroniqueurs du quotidien Cumhuriyet, kémaliste et proche
du CHP.
+ L’opposition officielle croit qu’avec le départ d’Erdogan la Turquie
deviendra tout d’un coup un jardin de rose alors qu’il s’agit déjà de
graves entorses sociétales, économiques et culturelles difficiles à
résoudre même à long terme.
Enfin, personne ne parle des risques d’annulation des élections. De
plus, personne n’a pas la garantie de voir la tenue des élections
justes et équitables.
Erdogan et son parti sont toujours en position perdant dans les
sondages d’opinion, mais il y a encore un grand risque : Erdogan a
gagné, à l’exception d’une seule (juin 2015), toutes les élections
depuis 2002. Le CHP a perdu, à l’exception d’une seule (juin 2019),
toutes les élections depuis 2002.
‘’La Turquie risque de se vider si Erdogan gagne encore une fois’’
croit un professeur d’économie en exil.
Un
nouveau sale coup à l'opposition: HDP
privé d'aides publiques
Nouveau coup dur pour l'opposition au président Erdogan: la Cour
constitutionnelle turque a décidé jeudi de priver d'aides publiques le
troisième parti du pays, le HDP pro-kurde, accusé par les autorités de
liens avec le "terrorisme".
Le Parti démocratique des peuples (HDP), qui rejette ces accusations,
est également sous le coup d'une menace de fermeture, à moins de six
mois des élections présidentielle et législatives.
Une décision pourrait intervenir mardi.
Selon la chaîne privée NTV, 539 millions de livres turques (28,7
millions de dollars) devaient être accordés par l'Etat turc au HDP
cette année, dont un tiers avant le 10 janvier.
La décision de priver de financements publics le HDP - troisième
formation politique au Parlement - a été adoptée par 8 voix pour et 7
contre, ont rapporté plusieurs médias turcs.
Le parti, considéré par certains analystes comme le "faiseur de rois"
de la prochaine élection présidentielle prévue en juin, a aussitôt
qualifié la décision de "détournement du droit", remettant en cause
l'indépendance de la Cour constitutionnelle.
"Cette décision (...) vise à empêcher un processus électoral juste et
démocratique et à ignorer la volonté des électeurs", a réagi le HDP sur
Twitter.
"Un nouveau coup a été porté à la démocratie aujourd'hui", a lancé Ebru
Günay, députée et porte-parole du HDP lors d'une conférence de presse
organisée jeudi à Istanbul.
- "Mépris pour les électeurs" -
"Voler au HDP les fonds auxquels il a droit à l'approche des élections,
en parallèle de la demande de fermeture [du parti], montre un mépris
total pour les règles démocratiques et les droits de millions
d'électeurs", a réagi sur Twitter Emma Sinclair-Webb, représentante de
l'ONG Human Rights Watch (HRW) en Turquie.
Cette décision est une "nouvelle preuve que le gouvernement d'Erdogan
utilise les tribunaux pour désavantager, éliminer et punir l'opposition
politique", a-t-elle ajouté.
Mi-décembre, un tribunal turc avait déjà condamné le populaire maire
d'Istanbul, Ekrem Imamoglu, candidat potentiel à la présidentielle de
juin, à plus de deux ans et demi de prison et à une interdiction
d'activité politique pour avoir qualifié d'"idiots" ceux qui avaient
invalidé son élection à la mairie d'Istanbul en 2019.
L'édile, opposant médiatique, peut pour l'heure conserver ses
fonctions, l'appel déposé par ses avocats étant suspensif, mais une
enquête distincte pour des accusations de "terrorisme" contre la
municipalité d'Istanbul pèse également sur lui, rendant son avenir
politique incertain.
- Répression implacable -
Dans son acte d'accusation, le procureur général en charge du dossier
du HDP a affirmé que la principale formation pro-kurde est liée "de
façon organique" au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), groupe
armé qualifié de "terroriste" par Ankara et ses alliés occidentaux.
L'armée turque a lancé fin novembre une série de raids aériens contre
des positions du PKK et d'autres combattants kurdes dans le nord de
l'Irak et de la Syrie.
Le HDP fait l'objet d'une répression implacable depuis 2016, année où
son chef de file Selahattin Demirtas a été arrêté.
M. Demirtas a été condamné deux ans plus tard à quatre ans et demi de
prison, et nombre de responsables et de sympathisants du HDP ont été
également arrêtés.
En parallèle, des dizaines de maires HDP élus dans le sud-est
majoritairement kurde de la Turquie ont été remplacés ces dernières
années par des administrateurs nommés par le gouvernement.
Depuis les années 1990, près d'une dizaine de partis pro-kurdes ont été
interdits ou se sont auto-dissous avant leur suspension.
Le HDP avait obtenu 12% des suffrages aux élections législatives de
2018, faisant élire près de 60 députés sur 579.
Le premier tour de la prochaine élection présidentielle est programmé
pour le 18 juin, mais le président Erdogan - au pouvoir depuis 2003,
comme Premier ministre puis comme président - a affirmé jeudi que cette
date pourrait être "avancée un peu". (AFP, 5 jan 2023)
Face à
Erdogan, la course d'obstacles de l'opposition
turque
Le moment semble parfait, tant le président Recep Tayyip Erdogan peine
à se défaire d'une inflation assommante et d'une popularité en berne.
Mais pour l'opposition turque, la course vers la présidentielle de juin
prochain est plus que jamais semée d'embûches.
"L'opposition semble très désorganisée. Quel est leur programme ?",
s'interroge sous couvert d'anonymat un diplomate occidental au sujet de
la "Table des Six", nom donné à l'alliance de six partis d'opposition
décidés à faire barrage au chef de l'Etat.
Kemal Kirisci, du think tank américain Brookings Institution, s'étonne
de voir une opposition aussi "abstraite et distante des électeurs,
surtout dans un pays où les médias sont fortement contrôlés par le
gouvernement et ne permettent pas un débat ouvert".
Les succès d'Erdogan, au pouvoir depuis 2003 comme Premier ministre
puis comme président, reposaient jusqu'ici sur sa capacité à rassembler
suffisamment large parmi les électeurs - qu'ils se revendiquent laïques
ou religieux, Turcs ou Kurdes, nationalistes ou libéraux.
L'économie, en plein essor lors de sa première décennie à la tête du
pays, a aidé.
Mais la colère née de la répression consécutive au coup d'État raté de
2016, et la crise économique qui a suivi, ont brisé son l'élan.
En 2019, l'opposition, en joignant ses forces, a repris les mairies
d'Ankara et d'Istanbul, mettant fin au mythe de l'invincibilité du
parti présidentiel, l'AKP.
- Batailles judiciaires -
Une nouvelle victoire est-elle possible au printemps ? Le destin
chahuté du populaire maire d'Istanbul, Ekrem Imamoglu, un des opposants
les plus médiatiques à Erdogan, illustre les obstacles de taille
rencontrés par l'opposition.
Mi-décembre, un tribunal l'a condamné à plus de deux ans et demi de
prison et à une interdiction de politique pour avoir qualifié
d'"idiots" ceux qui avaient invalidé son élection à la mairie
d'Istanbul au printemps 2019, en réponse à pareille insulte à son égard
de la bouche du ministre de l'Intérieur.
L'édile, finalement investi à l'été 2019 à l'issue d'un second scrutin,
peut pour l'heure conserver son poste, l'appel déposé par ses avocats
étant suspensif.
Mais une enquête distincte pour des accusations de "terrorisme" contre
la municipalité d'Istanbul pèse également sur lui.
Ces deux affaires rendent une candidature de M. Imamoglu extrêmement
risquée pour l'opposition, malgré les sondages qui le donnent vainqueur
d'un second tour face au président Erdogan.
Elles illustrent aussi "jusqu'où Erdogan est prêt à aller pour
s'assurer qu'il ne perdra pas", juge l'analyste Aaron Stein.
En outre, les batailles judiciaires lancées contre M. Imamoglu - membre
du CHP, principal parti de l'opposition - ont mis en évidence les
rivalités qui déchirent la Table des Six.
Le jour de son jugement pour "insulte", Kemal Kilicdaroglu, le chef du
CHP, se trouvait à Berlin, où il tentait de rallier des soutiens à sa
candidature.
Pris de court, ce dernier - qui peine à unir l'opposition derrière lui
- a dû écourter son séjour pour venir appuyer le maire d'Istanbul.
Entretemps, Meral Aksener, cheffe du parti nationaliste Iyi et autre
grande figure de la Table des Six, s'était largement affichée aux côtés
de M. Imamoglu lors d'un rassemblement de soutien improvisé, allant
jusqu'à lever la main du maire en signe de victoire.
- "Temps perdu" -
Cette séquence "a brièvement dynamisé l'opposition", estime Berk Esen,
maître de conférence à l'université Sabanci d'Istanbul.
Mais pour une courte durée, juge-t-il.
Le soutien affiché de Meral Aksener au maire d'Istanbul a irrité Kemal
Kilicdaroglu, qui a organisé une rencontre en tête-à-tête avec elle
deux semaines plus tard afin d'aplanir leurs divergences.
"L'opposition a perdu un temps précieux en repoussant l'annonce de son
candidat commun", affirme Berk Esen.
D'autant que des voix, jusque dans la majorité, évoquent la possibilité
d'élections anticipées.
M. Kilicdaroglu a fait savoir que les six partis annonceront leur
candidat commun une fois la date des élections officiellement fixée.
Enis Berberoglu, député CHP d'Istanbul, craint que cela ne laisse
suffisamment de temps à l'opposition pour faire passer son message.
"Malheureusement, seule une infime partie de ce que nous disons
parvient jusqu'au public", affirme-t-il à l'AFP, faisant référence à la
mainmise du gouvernement sur les médias.
"Nous pouvons passer par quelques chaînes de télévision, mais c'est
tout". (AFP, 5 jan 2023)
The Most “Erdogan” Moments of 2022
Recep Tayyip Erdogan is not a run-of-the-mill politician. He has always
managed to stay in the spotlight with his unruly personality, never
backing down. Erdogan, who is capable of targeting anyone and taking a
step back from what he had said before depending on the conditions and
his political interests, continued this approach in 2022, as well.
Erdogan said things that no other politician can get away with saying
in 2022.
Here are the most Erdogan moments of 2022:
Is Demirtas Kurdish?
Former co-chair of the HDP (Peoples’ Democratic Party) Selahattin
Demirtas has been imprisoned since 2016. In a speech he made in
Diyarbakir, a predominantly Kurdish area, Erdogan claimed that Demirtas
was not Kurdish.
“Does the character who is now at the Edirne Prison have anything to do
with being Kurdish? No, this man is not Kurdish. Bur he exploit my
Kurdish brothers. Do they have a single co-chair who is Kurdish now?
No. They are also exploiting my Kurdish brothers. We shall not be
fooled by their schemes.”
Slut
President Erdogan targeted the 2013 Gezi Park protesters in the
National Assembly group meeting on 1 June. He accused the protesters of
causing chaos, and insulted them by calling them “sluts.”
“These terrorists, plunderers had urinated inside the mosque, with beer
bottles in their hands. They are rotten, they are sluts. History writes
what the powers behind the Gezi incidents were, where public buildings,
police vehicles, businesses, buses, and streets were destroyed. No good
can come of them to this nation. They are always on the side of the
terrorism-lovers.”
Travel the World
With purchasing power that has been declining due to high inflation on
the one hand, and the difficulty of getting visas from European
countries, it is not easy for young people to travel the world. But
President Erdogan decided to offer advice on traveling the world during
his 1 April speech:
“We want our young people to hold on to real life while they utilize
the internet and social media. Do not eliminate printed books from your
bags and tables. Allocate regular time for sports. Do not forget about
a chat accompanied by tea or coffee. Try to do your best in order to
visit the cities of our country, as well as the world and get to know
different cultures.”
Winter in Europe
European countries are experiencing a difficult winter as Russia has
cut off the gas following its invasion of Ukraine. Erdogan kept
bringing up this subject and accused the West.
“Europe is reaping what it has sowed. Europe’s attitude toward Mr.
Putin has inevitably led him to say, ‘If this is how you act, I shall
respond in kind.’ I believe Europe will have serious difficulties this
winter. We have no such problems.”
On 7 September, Erdogan empathized with Russia while in Serbia.
“I say this to those who underestimate Russia: you are making a
mistake. Russia is not a country to be underestimated. What happened?
Russia has cut off the natural gas. Prices have suddenly increased in
Europe. Now everyone is thinking desperate thoughts: ‘How will we
survive this winter?’ Why didn’t you think about this beforehand?
Russia has such a valuable resource, you should have thought about it
earlier. Now there are discussions about stockpiles. Of course Russia
will use its capabilities and weapons when everyone attacks it. It’s as
simple as that.”
Striking Athens
The tensions between Greece and Turkey continued all year. Erdogan
never insisted on using a diplomatic language on this subject. During a
meeting with young people in Samsun on 11 December, Erdogan said he
would strike Athens if necessary.
“Now we have started to produce our own missiles. Of course this
production scares the Greek. You say ‘Tayfun’ and the Greek gets
scared, says ‘It could hit Athens.’ Well of course it will. If you do
not behave, if you try to but things for the islands from the US or
here and there, a country like Turkey will not stand by idly, it has to
do something.”
Cornering the West
Erdogan visited Nagorno-Karabakh on 20 October and said that the West
had to be cornered in a non-diplomatic language.
“I look around me now; what they have done to Jabrayil during the
occupation. I asked my brother if AGIT and the EU have come to see
these places. No, they won’t. Why? Because they will see their shame,
they will see what the West has done, they will see what was done to
Jabrayil and all of Karabakh by supporting the occupation. Of course
they don’t want to see all this. They know what was done, in fact. They
must be cornered by demanding reparations.”
Supported by Soros
When Aliyev called the Azadliq radio reporter “supported by Soros” on 7
October, Erdogan said, “Don’t you do such a thing.” Turkish Ambassador
in Prague Egemen Bagis, who was with the duo, said “They give a Green
Card for those who work for 5 years there, and a US passport for those
who work for 10 years.” Erdogan later told Aliyev, “Soros keeps buying
journalists all the time, anyway.”
You Will do Whatever is Necessary
Answering a pro-government journalist’s question on 28 September,
Erdogan mentioned another pro-government journalist, Ahmet Hakan, and
said “Well, Abdulkadir Bey, you have to do whatever is necessary in
your column. Ahmet Bey does it.”
Erdogan’s directives to journalists once again displayed the level of
freedom of press in Turkey.
We Pity Them
Turkey has become a difficult country for young people and increasing
numbers migrate to the West. On 28 September, Erdogan accused these
young people.
“Those who still praise other countries, societies, and ways of life
are tying to destroy our social fabric. We pity those who knock on
other countries’ doors in order to satisfy superficial desires like a
better car or a better new phone. We can foresee the regret such people
will experience when they will be unable to find the state mechanisms
of mercy and affection they need tomorrow.”
Soros of Turkey
Businessman Osman Kavala has been jailed for over five years. The
accusations aimed at him and the legal process have become a comedy for
most observers. Even though the Europen Court of Human Rights has a
decision for his release, he is still in jail. Meanwhile, Erdogan
continued to accuse him in 2022.
“The Osman Kavala decision has annoyed certain circles. This guy was
the Soros of Turkey. He was the coordinator of the Gezi incidents
behind the scenes. There is the rule of law in this country, there is a
judiciary. And this judiciary has made this decision based on its
beliefs and view of justice. People need to abide by it. Our judiciary
has not only eased the conscience regarding the Gezi incidents with
this decision but is has also given a lesson in law and justice to
those who have similar intentions.” (Can Burgaz, gerceknews, 30
December 2022)
Forces
armées/Armed Forces
"Une opération militaire en Syrie possible à
tout moment", prévient Ankara
"Une opération militaire terrestre en Syrie est possible à tout
moment", a affirmé samedi Ibrahim Kalin, proche conseiller du président
Recep Tayyip Erdogan.
"Nous continuons de soutenir le processus politique" initié fin
décembre par la rencontre entre les ministres turc et syrien de la
Défense à Moscou, a-t-il assuré.
"Mais une opération terrestre reste possible à tout moment, en fonction
du niveau de menaces reçu", a insisté M. Kalin devant des journalistes
de plusieurs médias étrangers, dont l'AFP.
Il a annoncé une possible nouvelle rencontre des ministres de la
Défense des deux pays avant celle, prévue mi-février, des ministres
turc et syrien des Affaires étrangères.
"Nous voulons la sécurité à nos frontières", a-t-il justifié, arguant
de la présence des forces kurdes en territoire syrien.
"Nous ne visons jamais les (intérêts) de l'Etat Syrien ni les civils
syriens", a-t-il affirmé.
Mais les garanties se sécurité promises par la Russie et par les
Etats-Unis après la dernière offensive turque en Syrie en 2019 "n'ont
pas été tenues" et les combattants kurdes ne se sont pas retirés à 30
km de la frontière comme promis, a-t-il indiqué.
Pour sa part, le président syrien Bachar al-Assad a prévenu jeudi que
tout rapprochement avec son homologue turc devrait avoir pour condition
préalable "la fin de l'occupation" turque dans le nord de la Syrie.
La Turquie a lancé depuis 2016 trois offensives sur le sol syrien
contre les forces kurdes dans le nord, qui lui ont permis de contrôler
une bande frontalière côté syrien.
Ankara s'était imposé depuis 2011 comme le principal soutien des
rebelles combattant le régime de Damas.
M. Kalin a par ailleurs précisé que la prochaine élection
présidentielle turque aurait lieu courant mai et non en juin comme
prévu initialement, précisant que la date n'avait pas encore été fixée.
(AFP, 14 jan 2023)
Dans
le nord-est de la Syrie, les Kurdes s’inquiètent
des conséquences des attaques turques
Les bombardements turcs sur le nord de la Syrie sont moins intensifs
que le mois dernier, mais il y a toujours des attaques sporadiques.
Hier, mercredi 11 janvier par exemple sur une route fréquentée entre
Qamichli et Hassake sur laquelle nous sommes passés, une voiture venait
d’être ciblée par un drone turc. C’est en tout cas ce que nous ont
raconté des témoins. Nous avons vu effectivement la carcasse fumante du
véhicule et l’impact sur la route. Il y a eu deux blessés dont un grave.
Près de la ligne de front entre les Turcs et les forces kurdes qui
dirigent cette région du nord-est syrien, nous avons pu visiter une
ville à moitié détruite. Beaucoup d’infrastructures civiles étaient
touchées. Nous avons rencontré des habitants qui ont fui à quelques
kilomètres, dans une école, et entendu des bombardements au loin.
Les familles réfugiées dans l’établissement sont traumatisées,
démunies. Elles se plaignent de ne pas avoir beaucoup d’aide, alors
qu’on est en plein hiver. Certaines familles sont même là depuis
plusieurs mois, car les opérations turques sont récurrentes sur le nord
de la Syrie.
J'étais en train de travailler dans ma ferme, là, quand j'ai entendu «
ssssshhh », le son d'un missile. Puis l'explosion. Je suis allé voir et
j'ai vu une voiture explosée sur la route. Des gens se sont rassemblés,
et on est allé porter secours pour emmener les victimes à l'hôpital. Un
homme a été gravement blessé, je pense que sa jambe était pratiquement
coupée. Sa femme, ça va, elle a pu nous aider à le porter....
Pourquoi cette opération turque ?
L’élément déclencheur de l’opération militaire de la Turquie sur le
nord syrien a été l’attentat d’Istanbul du 13 novembre qui a fait six
morts et qui a été attribué aux Kurdes, ce qu’ils démentent. Il y a
donc des raisons sécuritaires.
Mais il y a aussi des raisons plus politiques. Le président Erdogan est
en campagne électorale, il joue sur la corde nationaliste. Selon des
responsables politiques et militaires que nous avons interrogés, « se
débarrasser des ennemis kurdes » dans le nord-est syrien, pour y
reloger des réfugiés syriens qui sont très nombreux sur le territoire
turc, près de 4 millions, pourrait être un argument payant. C’est en
tout cas l’analyse que livrent des responsables politiques et
militaires kurdes ici.
Vers une offensive terrestre ?
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a menacé à plusieurs reprises
d’une offensive terrestre, mais pour l’instant ce n’est pas le cas. En
revanche, il y existe une autre source d’inquiétude : c’est un
rapprochement possible entre la Turquie et le régime syrien de Bachar
el-Assad. Des discussions de haut niveau ont eu lieu récemment entre
les deux parties qui ont en commun d’avoir des relations conflictuelles
avec les Kurdes. « Notre projet démocratique déplaît à ces dictateurs
», martèlent les responsables kurdes que nous avons rencontrés.
Il faut rappeler aussi que Bachar el-Assad souhaiterait à terme
récupérer cette région du nord-est du pays sous administration autonome
kurde, région qui lui échappe pour l’instant.
Si cette alliance entre les Turcs et le régime syrien prenait forme,
les Kurdes affirment qu’ils seraient pourchassés et cela pourrait créer
de nouveaux flux migratoires, notamment vers l’Europe.
Par ailleurs, les bombardements turcs détournent les forces kurdes de
leur lutte contre l’organisation État islamique. On l’a vu d’ailleurs
ces dernières semaines, les attaques de jihadistes se sont multipliées
dans le nord-est syrien. L’EI en profite. Les Kurdes avertissent donc
les Occidentaux : « il faut faire pression sur la Turquie, il faut nous
soutenir, sinon tout le monde en paiera les conséquences ». (rfi.fr/fr,
12 jan 2023)
Affaires
religieuses / Religious Affairs
Coran brûlé: mise en garde de pays occidentaux à
leurs ressortissants en Turquie
Plusieurs pays occidentaux dont la France, l'Allemagne et les
Etats-Unis ont appelé vendredi leurs ressortissants en Turquie à faire
preuve de "vigilance" face au risque d'attentats, en représailles aux
exemplaires du Coran brûlés en Suède et au Danemark lors de
manifestations anti-turques.
"A la lumière des récents incidents de Corans brûlés en Europe, le
Gouvernement américain met en garde ses citoyens contre de possibles
attentats terroristes visant des lieux de culte par mesure de
représailles en Turquie", indique l'ambassade américaine à Ankara.
"Les terroristes pourraient attaquer sans prévenir et viser des lieux
de culte fréquentés par les Occidentaux", estime-t-elle.
La représentation américaine recommande de rester "vigilant, d'éviter
les foules et de faire profil bas".
Simultanément, la représentation française à Ankara a adressé par
courriel un message similaire à ses ressortissants présents dans le
pays en se référant à l'alerte des Etats-Unis.
"Le risque d'attentat terroriste en Turquie restant élevé, comme le
rappelle l'alerte sécuritaire émise par l'ambassade des Etats-Unis le
27 janvier 2023, les Français résidant ou de passage en Turquie sont
appelés à faire preuve de vigilance maximale, tout particulièrement
dans les lieux de rassemblement susceptibles d'être fréquentés par des
ressortissants étrangers, y compris les lieux de culte", indique-t-elle.
Ce communiqué devait être mis en ligne dans la soirée sur le site du
ministère des Affaires étrangères et celui de l'ambassade de France à
Ankara, a précisé un diplomate à l'AFP.
L'Allemagne et l'Italie ont également mis en garde leurs ressortissants.
Plusieurs manifestations ont eu lieu la semaine dernière à Stockholm et
vendredi à Copenhague, durant lesquelles des exemplaires du Coran, le
livre sacré des Musulmans, ont été brûlés par un extrémiste qui prétend
ainsi protester contre le véto de la Turquie à l'entrée de la Suède
dans l'Otan.
Ankara bloque depuis mai l'élargissement de l'Alliance atlantique à ce
pays, ainsi qu'à la Finlande, exigeant de Stockholm l'extradition de
réfugiés kurdes qu'elle considère comme des "terroristes".
Ces incidents ont été dénoncés et condamnés par les gouvernements
concernés et par les capitales occidentales, notamment Washington.
Mais le président turc Recep Tayyip Erdogan a prévenu que la Suède ne
pouvait plus compter sur le "soutien" de la Turquie pour rejoindre
l'Otan et les négociations sont officiellement suspendues. (AFP, 27 jan
2023)
Coran profané: la Turquie convoque
l'ambassadeur néerlandais
L'ambassadeur des Pays-Bas à Ankara a été convoqué mardi par le
ministre turc des Affaires étrangères, après qu'un militant islamophobe
a profané un exemplaire du Coran à La Haye, a annoncé le ministère turc.
"Notre ministère a exprimé avec force notre condamnation et notre
protestation contre cet acte odieux et ignoble et a exigé que les
Pays-Bas n'autorisent pas de tels actes de provocation", détaille le
communiqué.
Un responsable néerlandais du mouvement islamophobe Pegida avait été
filmé dimanche, seul, en train de déchirer à proximité du siège de la
chambre basse du Parlement néerlandais des pages d'un exemplaire du
Coran, avant de les piétiner.
D'après la télévision publique néerlandaise NOS, la police locale l'a
toutefois empêché de brûler le livre saint des musulmans.
Samedi, l'autodafé d'un Coran par un autre extrémiste anti-islam lors
d'une manifestation --autorisée par la police-- près de l'ambassade de
Turquie à Stockholm avait déjà suscité de vives protestations d'Ankara.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a affirmé lundi que la Suède,
candidate à l'adhésion à l'Otan, ne pouvait plus compter sur le
"soutien" d'Ankara après cet incident. (AFP, 24 jan 2023)
Religious attack against the Church of St George in Edirnekapi
Unidentified attackers wrote “The only way is Islam” on the outside
wall of the Church of St George in Istanbul’s Edirnekapi
A Greek church in Istanbul has been the latest target of the religious
attacks against the properties and places of worship of non-Muslims in
Turkey.
Unidentified attackers wrote “The only way is Islam” on the outside
wall of the Church of St George in Edirnekapi district, Mezopotamya
news agency reported on Tuesday.
The Greek Orthodox church that was built in 1836 was re-opened for
worship in 2017 after three years of restoration work. (gerceknews, 18
January 2023)
Istanbul
Mayor goes on Umrah pilgrimage amid race for
presidential candidacy
Several photos have emerged on social media showing Istanbul Mayor
Ekrem Imamoglu in Saudi Arabia’s Mecca making an Umrah pilgrimage away
from accusations back home.
Istanbul Mayor Ekrem Imamoglu on Friday fitted in with his parents a
quick Umrah - an Islamic pilgrimage to Mecca that can be undertaken at
any time of the year, in contrast to the Ḥajj which has specific dates
- amidst a tight race for candidacy ahead of the presidential elections
and relentless efforts to defend himself against the accusations by the
Interior Ministry of current and past wrongdoings.
Turks who saw Imamoglu walking around the Ka’aba posted images on
social media which showed an airy peace on his face away from the
turbulence back home.
A strong potential to be designated as the joint opposition candidate
of Turkey’s opposition bloc made up of six parties - a.k.a Table of Six
- Imamoglu recently was sentenced to over two years of jail sentence
which raised his profile among other potentials to run against
President Tayyip Erdogan who has been ruling the country for over 20
years.
A member of the main opposition Republican People’s Party, Imamoglu has
succeeded in appealing to more conservative voters beyond the party's
secularist grassroots.
But his latest visit to Umrah was labeled as political by the
government media who accused him of showing off.
“[Imamoglu] believes that ends justify means, and he never hesitates to
go to the farthest points in pragmatism,” Milliyet’s columnist Zafer
Sahin said.
After being sentenced to over two years of jail sentence over his
remarks concerning the election committee, Istanbul Mayor Ekrem
Imamoglu was also accused last week of bid rigging during his term as
mayor of Beylikduzu district.
The first hearing of the case will be held on June 15, Turkey’s
Haberturk TV reported, saying that the investigation started with a
review by the Ministry of Interior regarding Imamoğlu's term as the
Mayor of Beylikduzu. (gerceknews, 14 January 2023)
Syrie: une centaine de jihadistes
arrêtés par les forces kurdes
Les forces kurdes en Syrie ont annoncé vendredi avoir arrêté une
centaine de jihadistes au cours d'une opération qui a duré une semaine
contre des cellules du groupe Etat islamique, après une attaque
meurtrière dans le nord du pays.
Six membres des forces de sécurité kurdes et un jihadiste avaient été
tués le 26 décembre lors d'un assaut raté revendiqué par l'EI contre le
quartier général des forces kurdes à Raqa, qui visait une prison où
sont détenus des jihadistes.
Les Forces démocratiques syriennes (FDS, dominées par les Kurdes)
avaient par la suite proclamé l'état d'alerte dans les régions sous
leur contrôle dans le nord de la Syrie et lancé une opération pour
"pourchasser les cellules" de l'EI.
Dans un communiqué vendredi, elles ont précisé avoir ratissé 55
villages et fermes ainsi que de "vastes portions de la frontière
syro-irakienne".
L'opération a permis "l'arrestation de 154 terroristes recherchés et
des criminels", dont 102 membres de l'EI, et de déjouer des attaques
que le groupe jihadiste prévoyait de lancer contre les villes de
Qamichli et Hassaké durant les fêtes de fin d'année, selon le
communiqué.
Les FDS ont indiqué que la coalition internationale antijihadistes
dirigée par les Etats-Unis avait participé à l'opération, ce que la
coalition n'a pas confirmé.
Appuyées par cette coalition, les FDS ont été le fer de lance de la
lutte contre l'EI qui a été défait sous le coup d'offensives
successives, en 2017 en Irak et en 2019 en Syrie voisine.
Mais malgré la perte de ses fiefs dans ces deux pays, l'EI continue d'y
revendiquer des attaques.
Le 30 décembre, douze employés d'un champ pétrolier dans une zone sous
contrôle du régime syrien ont été tués dans une attaque imputée à l'EI.
Un combattant kurde a péri le même jour lors d'une embuscade attribuée
également au groupe jihadiste.
La Syrie est morcelée par la guerre déclenchée en 2011. Le régime de
Bachar al-Assad a repris la majorité du territoire mais les forces
kurdes syriennes contrôlent de vastes régions du nord et nord-est du
pays. (AFP, 6 jan 2023)
Washington et
Ankara sanctionnent un réseau de
financement du groupe Etat islamique
Les Etats-Unis et la Turquie ont conjointement annoncé jeudi des
sanctions économiques à l'encontre d'un réseau accusé d'avoir aidé le
groupe Etat islamique à se financer.
Ce réseau "comprenait quatre personnes et deux entités en Turquie" et a
"permis le recrutement et les transferts financiers du groupe
terroriste vers et depuis l'Irak et la Syrie", a indiqué le département
américain au Trésor dans un communiqué de presse.
"Ce réseau a joué un rôle clé dans la gestion, le transfert et la
distribution de fonds pour l'EI dans la région", a ajouté le ministère.
Par ailleurs, précise Washington, "le ministère turc du Trésor et des
Finances, en collaboration avec le ministère de l'Intérieur, a mis en
place un gel des avoirs à l'encontre des membres de ce réseau"
jihadiste.
"L'action d'aujourd'hui réaffirme l'engagement du Trésor à dégrader la
capacité de l'EI à opérer à l'échelle mondiale", a déclaré
"Ces désignations et les gels d'avoirs qui les accompagnent sont le
résultat d'une coordination et d'une collaboration étroites avec nos
partenaires turcs pour cibler l'activité de l'EI dans la région", a
déclaré le sous-secrétaire au Trésor chargé du terrorisme et du
renseignement financier, Brian Nelson, cité dans le communiqué. (AFP, 5
jan 2023)
Turkey’s
top imam gives peace message to the world with
sword in hand
The head of Turkey’s top religious authority once again held a sword in
his hand during a Friday prayer in Hagia Sophia Mosque. He also gave a
peace message to the world in English language saying “let there be no
wars,” while still holding the sword
The President of Turkey’s Diyanet (state religious authority) Ali Erbas
stepped up the stairs of the Hagia Sophia mosque on Friday with an
Ottoman sword in his hand, in an act of determination against the
westernized groups of Turkish society which earlier said the act failed
to comply with a secular state.
Erbas also shared a video on Twitter showing him with the sword.
When Erbas first delivered a sermon with a sword in hand after the
first Friday prayer when Hagia Sophia was converted into a mosque in
July 2020, he came under heavy criticism for threatening secularism and
laicism in Turkey. But he defended himself saying giving sermons with
swords in hand was an Ottomon tradition in cities which were conquered
by war.
Last year in May, during the first Eid al Fitr prayer in Hagia Sophia,
he showed up again with his sword, sparking reactions from inside and
outside Turkey.
At the end of the prayer, although he continued to hold the sword in
his hand, Erbas gave a message of peace to the world in English
language:
“I would like to address all of humanity, from this place, from
Ayasofya. All people, we are leaving another Gregorian year behind, an
event that occurs anywhere in the world. (...) All people, we are all
children of the prophet Adam (...) We are all either brothers or
sisters (..) Let there be no wars,” he said. (gerceknews, 30 December
2022)
Great Alevi
Convention: "New Constitution should be
made including equal citizenship"
The "Great Alevi Convention" was organized jointly by the Alevi
Bektashi Federation (ABF), the Federation of Alevi Associations (ADFE),
the European Alevi Unions Confederation (AABK), the Hacı Bektaş Veli
Anatolian Culture Foundation (HBVAKV), Alevi Cultural Associations
(AKD), the Pir Sultan Abdal Cultural Foundation (PSAKD) and Democratic
Alevi Associations (DAD) with the slogan "For a secular and democratic
Türkiye" on Sunday (December 25) in İstanbul, in Yenikapı Performance
Center.
"Equal citizenship" was emphasized in the final declaration of the
convention.
The final declaration of the Great Alevi Convention says that the
demands are being announced once again, and lists them in eleven
articles:
* Place of warship status should be given to djemevis, and all
associated rights granted, seized dervish lodges and venues should be
returned and legal regulations made against us repealed.
* The compulsory religion classes which are like a straitjacket on a
whole range of sections of society should be made voluntary and
religionizing of education should be stopped.
* The initiatives of the Directorate of Religious Affairs aiming at
dominating the whole society should be stopped at once, it should be
removed from being an authority for reference on all our basic
political issues and steps should be taken in order to liquidate it in
the end.
* Both public sources and public positions should be distributed based
on merit, and according to principles of justice and equality, the
discrimination against all sections of society that are marginalized
and first of all Alevis should at once be stopped.
* That Madımak in Sivas is made a museum of shame.
* The hate crimes against Alevis to be brought to life and the
necessary legal measures in order to prevent such hate crimes to be
taken.
* That the massacres, killings, and assimilation against Alevis should
be confronted.
* That plunder, looting, and seizure of our religious venues and our
geography be stopped.
* Changing the names of the Allevi settlements is stopped and the old
names are returned to use.
* That the days that have a special in Alevi belief be declared an
official holiday.
* That public broadcasting is rid of discrimination. So in short that a
new constitution is made including equal citizenship. (BIA, 26 December
2022)
La Diyanet: "Les festivités du nouvel an sont une
atteinte à l'identité turque"
La direction des affaires religieuses, la Diyanet, dont le budget
supérieur à celui de plusieurs ministères régaliens fait jaser
l'opposition, dénonce les festivités du Nouvel An dans un sermon lu
vendredi 23 décembre dans les mosquées. "Une atteinte à la culture et à
l'identité turque", est-il écrit. Sous l’influence de cultures
étrangères, les musulmans se seraient éloignés de leurs propres
croyances.
Cette petite musique sur un Occident pervers et corrupteur, on l’entend
de plus en plus, notamment dans les discours présidentiels.
Vendredi encore, Recep Tayyip Erdogan estimait que les pays de
l’organisation de coopération islamique étaient bien mieux placés que
les pays occidentaux en matière de démocratie et de droits… Se prenant
à rêver qu’un jour "leur vieux système s’écroule pour qu’émerge un
ordre mondial plus respectueux de l’humanité."
C’est vrai que la Turquie dénonce régulièrement le racisme de l’Europe
envers les migrants. Et à l'approche des élections prévues au plus tard
dans six mois, la liste des ennemis à l'intérieur ou à l'extérieur
risque fort de s'allonger. (18 décembre 2022)
Socio-économique
/ Socio-economic
Greta Thunberg vient soutenir le camp anti-charbon de
Lützerath, presque démantelé
Les derniers irréductibles du camp de Lützerath, qui tentent d'empêcher
l'extension d'une mine de charbon dans l'ouest de l'Allemagne, vont
recevoir samedi le soutien de l'activiste suédoise Greta Thunberg.
Après l'opération d'évacuation du hameau lancée cette semaine par des
centaines de policiers assistés de machines, entre 20 et 40 militants
occupaient encore vendredi soir le hameau, selon une porte-parole de
leur mouvement à l'AFP.
Les policiers disaient être en passe d'évacuer les derniers militants
perchés dans les arbres.
En quelques jours, l'essentiel du site qui avait été transformé en camp
retranché a donc été démantelé et les plupart des occupants évacués.
L'ancien village, situé dans le bassin rhénan, entre Düsseldorf et
Cologne, doit disparaître pour permettre l'extension d'une immense mine
de lignite à ciel ouvert, l'une des plus grandes d'Europe, exploitée
par l'énergéticien allemand RWE.
Sur ce lieu devenu le point de ralliement des opposants aux énergies
fossiles de toute l'Europe, plusieurs milliers de manifestants sont
attendus samedi, menés par l'activiste suédoise Greta Thunberg qui
s'est déjà rendue sur place ces deux dernières années.
Mot d'ordre des manifestants : "Empêcher l'évacuation ! Pour la justice
climatique".
Les heures du camp de Lüzterath semblent cependant comptées. Son
périmètre a été grillagé par la police qui s'emploie à en faire sortir
les militants dont certains s'étaient encordés à plusieurs mètres de
hauteur, tandis que d'autres s'étaient attachés à des blocs de béton ou
collés les mains.
Les manifestants, attendus samedi à partir de 12h00 (11h00 GMT), seront
cantonnés dans un hameau voisin.
- Tunnel -
L'opération d'évacuation a mobilisé des renforts de police venus de
toute l'Allemagne, a constaté l'AFP sur place, et s'est à ce stade
déroulée sans incident notable. Onze policiers ont été blessés, dont
deux avec des interruptions de travail. Quelques poursuites pénales ont
été engagées pour avoir résisté aux forces de l'ordre et endommagé des
biens.
Deux militants se sont retranchés dans un tunnel sous terre, prêts à
"s'enchaîner dans des blocs de béton pour retarder l'évacuation",
d'après un communiqué du mouvement.
"Notre tunnel est sûr, seule une action policière négligente peut nous
mettre en danger ici", témoigne l'une des activistes présentes à
l'intérieur.
Diverses opérations de désobéissance civile en soutien au mouvement ont
été rapportées dans toute l'Allemagne au cours des derniers jours
Vendredi à Berlin, des activistes encagoulés ont mis le feu à des
poubelles et peint des slogans sur la façade de bureaux des Verts.
Le parti politique fait partie de la coalition du gouvernement du
social-démocrate Olaf Scholz, accusé par les militants de les avoir
trahis en signant un compromis avec RWE, permettant la destruction de
Lützerath, dont les habitants ont été expropriés il y a plusieurs
années.
Le gouvernement juge nécessaire l'extension de la mine pour la sécurité
énergétique de l'Allemagne qui doit compenser l'interruption des
livraisons de gaz russe, un motif impérieux que contestent les
opposants selon lesquels les réserves de lignite sont suffisantes.
(AFP, 14 jan 2023)
İSİG: 1,843 workers killed on the job in Türkiye in 2022
At least 1,843 workers were killed on the job in Türkiye, according to
the Health and Safety LAbor Watch (İSİG).
In December, at least 181 workers were killed on the job according to
data compiled by the İSİG from the media and its own sources.
Since the Justice and Development Party (AKP) came to power in 2022, at
least 30,546 workers have been killed.
Among the workers killed in 2022, only 5 percent (92) were unionized.
Eighty-seven percent were wage workers and 13 percent were working on
their own behalf.
1,735 of the killed workers were men and 108 were women.
In terms of age groups, 30-49 were the group with the highest number of
work-related deaths with 756. 428 workers were killed in the 50-64 age
group and 390 workers were killed in the 18-29 age group.
Ninety of the killed workers were refugees, including 39 workers from
Syria and 20 from Afghanistan.
Among the killed workers, 374 were in the construction-road sector, 359
were in the forestry-agriculture sector, and 2020 were in the
transportation sector.
The most common causes of death were traffic/shuttler accidents (422),
crush-collapse (347), falling from a height (295) and heart
attack-brain hemorrhage (201). (BIA, 6 January 2023)
Les Turcs
dans la spirale de
l'endettement
Ali Golpinar ne sait plus où mettre les dizaines de lettres envoyées
chaque jour à ses administrés et qui finissent, lorsque non remises,
dans son bureau de "muhtar", maire de quartier en banlieue d'Ankara, la
capitale turque.
Notifications d'impayés, mises en demeure ou convocations devant la
justice: le nombre de ces courriers, dont une grande partie concerne le
recouvrement de créances, a doublé en deux ans pour atteindre une
quarantaine par jour dans ce quartier modeste de près de 25.000
habitants.
"Ce ne sont que les courriers non remis. Imaginez donc le nombre total.
Les gens n'arrivent plus à payer leurs dettes", assure le muhtar.
Selon la presse turque, 24 millions de dossiers de recouvrement
attendaient en août devant les tribunaux du pays.
Le montant des crédits impayés par des particuliers est passé de 17 à
29 milliards de livres turques (1,55 milliard de dollars) entre mars et
septembre, d'après l'Agence turque de régulation bancaire.
- Courses à crédit -
La hausse de l'endettement est l'une des conséquences de la très forte
inflation qui frappe la Turquie, à plus de 84% sur un an.
Plus de 40% des actifs doivent se contenter du salaire minimum, qui
sera relevé de 300 à 450 dollars au 1er janvier.
Mais avec la hausse des loyers (+163% sur un an à Ankara, +144% à
Istanbul), les dépenses de logement continueront d'engloutir la
quasi-totalité des bas salaires, souligne Hacer Foggo, chargée de la
lutte contre la pauvreté au CHP, principal parti de l'opposition turque.
Dans ce contexte, une vieille pratique est redevenue populaire: les
courses à crédit dans les commerces de quartier.
"Demander un prêt bancaire est risqué. Mais l'épicier du coin vous
connaît, il ne vous refusera pas", analyse M. Golpinar.
Basés sur la confiance, sans signature de document ni taux d'intérêt,
ces achats à crédit sont la dernière option pour certaines familles
surendettées.
"De plus en plus de clients demandent à payer à crédit", confirme
Yuksel Kurt, épicier dans le quartier de Keçioren, en banlieue nord
d'Ankara.
"Je suis obligé de refuser certains car je sais que je ne serai jamais
remboursé. Si une dette n'est pas payée au bout de six mois, on sait
qu'il faut l'oublier", affirme-t-il en montrant les pages déchirées de
son cahier où il note les créances.
Pain, biscuits, huile... les achats à crédit concernent souvent les
produits de première nécessité, mais s'ajoutent à des listes de dettes
déjà longues.
"Beaucoup remboursent leurs dettes en empruntant ailleurs", avance M.
Kurt.
Gênée, une jeune femme entrée pour acheter des cigarettes à crédit
refuse de parler.
Dans la boulangerie voisine, Cemal Aygun rappelle que les commerçants
sont eux-mêmes souvent endettés.
"Je dois 10.000 livres turques (535 dollars) à mon fournisseur de
farine (...) Tous les mois, je demande à des amis de m'épauler",
confie-t-il.
- "Dilemmes" -
Jusqu'en 2021, le gouvernement turc a encouragé cette spirale
d'endettement, affirme l'économiste Erinç Yeldan.
"L'accès aux crédits bancaires a été facilité (...) pour favoriser une
croissance virtuelle", explique-t-il.
Conséquence: des particuliers sans emploi stable ou aux revenus
insuffisants ont obtenu des prêts qu'ils échouent désormais à
rembourser, affirme Hacer Foggo.
"Ils font face à des dilemmes: payer leur loyer, emmener leur enfant
chez le médecin ou rembourser leur prêt", déplore-t-elle.
Dans des mairies dirigées par l'opposition turque, comme Istanbul et
Ankara, un site internet permet de régler les factures d'eau et de gaz
des plus nécessiteux.
Mais aucun organisme n'est chargé spécifiquement du surendettement.
"Il y a des actions ponctuelles, réduites à des actes de charité, sans
que cela ne soit institutionnalisé", regrette M. Yeldan.
Des aides du gouvernement aux plus démunis existent mais sont
insuffisantes, juge Mme Foggo.
A l'approche des élections présidentielle et législatives de juin 2023,
le gouvernement multiplie pourtant les initiatives.
Le président Recep Tayyip Erdogan a ainsi annoncé début novembre
l'effacement des dettes de moins de 2.000 livres turques (105 dollars),
à condition que le créancier donne son accord.
M. Golpinar reste cependant sceptique: "Je ne connais personne qui a pu
en bénéficier", dit-il. (AFP, 30 déc 2022)
Relations
turco-européennes / Turkey-Europe Relations
A Strasbourg, les mêmes manoeuvres depuis 50 ans...
Doğan Özgüden, Artı Gerçek, 23 janvier 2023
Depuis des semaines, les murs du Parlement européen à Bruxelles, fondé
il y a 70 ans avec 78 membres représentant seulement 6 pays et qui
compte aujourd'hui 705 membres représentant une population de 450
millions de personnes de 26 pays, sont secoués par un scandale de
corruption sans précédent.
Le député italien Antonio Panzeri et la députée grecque Eva Kaili, tous
deux membres du groupe socialiste, ont été arrêtés pour avoir
prétendument accepté d'importants pots-de-vin pour couvrir les crimes
du Maroc et du Qatar, où les droits de l'homme sont constamment violés,
tandis que le député belge Marc Tarabella et le député italien Andrea
Cozzolino ont été exclus du groupe socialiste pour leur implication
dans la même corruption et font l'objet d'une enquête.
Il ne serait pas surprenant que d'autres députés européens rejoignent
les rangs des accusés après que le détenu Antonio Panzeri ait accepté
de devenir '"repenti" afin de raccourcir sa possible peine de prison.
Après l'éclatement du scandale et de l'annonce par la présidente
maltaise Roberta Metsola d'un train de réformes en 14 points pour
restaurer la réputation de l'institution, la session plénière du
Parlement Européen à Strasbourg a adopté le 19 janvier, par 356 voix
contre 32 et 42 abstentions, une résolution appelant le Maroc à
"respecter la liberté d'expression et la liberté des médias et à
garantir des procès équitables aux journalistes détenus" afin de sauver
la face.
Je doute que cet appel ait un quelconque pouvoir de sanction à
l'encontre du Royaume du Maroc, dont toute l'histoire est jalonnée de
violations des droits de l'homme, y compris l'assassinat de l'opposant
Ben Barka au centre de Paris en 1965.
Exemple ? La Turquie... Depuis le 1er septembre 1964, partenaire de la
Communauté économique européenne, et depuis le 11 décembre 1999,
candidat officiel à l'adhésion à l'Union européenne... Plus important
encore, elle est membre du Conseil de l'Europe depuis 1949... Depuis 74
ans, les violations des droits de l'homme, les arrestations, la
torture, les emprisonnements, les exécutions, la fermeture de partis
politiques, associations et journaux d'opposition n'ont jamais cessé
dans ce pays... Nous n'avons pas vu de sanctions permanentes prises
contre l'État turc par le Parlement Européen ou l'Assemblée
Parlementaire du Conseil de l'Europe, même si la Cour Européenne des
Droits de l'Homme a accordé des compensations dans des cas individuels
de citoyens lésés.
En regardant sur l'écran de mon ordinateur les réunions du Parlement
européen à Strasbourg, je me souviens des débats sur la Turquie, il y a
50 ans, à l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe, qui tenait
ses réunions dans le même bâtiment.
Les manœuvres au sein du Conseil de l'Europe après les coups d'État de
1971 et 1980
Après la condamnation à mort de Deniz Gezmiş et de ses camarades en
1971, la campagne d'information que nous avons lancée au nom de la
Résistance Démocratique auprès des institutions européennes a pris une
nouvelle dimension, notamment après que nous ayons transmis le
volumineux dossier File On Turkey aux députés européens et aux
organisations de défense des droits humains.
Le 22 janvier 1973, l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe
s'est réunie à Strasbourg et, sur proposition de 20 députés de
différents pays, a décidé de créer une commission spéciale chargée de
surveiller la loi martiale et les procès politiques en Turquie. C'était
un premier pas concret vers l'exclusion de la Turquie du Conseil de
l'Europe, tout comme la Grèce, à moins que la situation ne change.
Piet Dankert, un député européen socialiste néerlandais qui allait
devenir président du Parlement européen dans les années 80, a joué un
rôle majeur dans l'obtention de ce résultat, en entrant en Turquie sous
une autre identité, en parlant en tête-à-tête avec des défenseurs des
droits de l'homme et des personnes qui avaient été torturées par la
junte, et en préparant un rapport détaillé...
1973 fut également une année importante dans notre vie en exil… A
Strasbourg, nous fêtions notre régularisation en tant que réfugiés
politiques avec Piet Dankert et ses amis, qui nous avaient aidé dans ce
processus après que le chef de la délégation turque, Turhan
Feyzioğlu,
nous a dénoncé comme “terroristes" à la tribune de l'Assemblée
parlementaire du Conseil de l'Europe. C'est alors que les agences de
presse ont commencé à rapporter d'Ankara la déclaration suivante du
Premier ministre de l'époque, Ferit Melen, en réponse à cette décision,
invoquant le "danger du communisme", une arme valide de la période de
la guerre froide : "L'avenir de la Turquie ne peut pas dépendre de la
volonté de quelques députés socialistes... Nous ne pouvons pas
abandonner notre pays au communisme en craignant la réaction de ces
députés socialistes. La loi martiale est le fruit du réflexe de notre
régime démocratique pour se protéger. Ceux qui disent se battre pour la
liberté s'efforcent en réalité de détruire nos institutions
démocratiques. Chacun doit savoir que les forces obscures
internationales n'ont jamais renoncé à leur objectif de détruire notre
pays."
Parallèlement à ce chantage exercé par le gouvernement de droite, le
chef du principal parti d'opposition, Bülent Ecevit, avait mobilisé les
députés du CHP à l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe pour
empêcher l'adoption de sanctions contre le régime de la junte au motif
que des élections étaient proches en Turquie.
Bien que le CHP soit arrivé en tête des élections du 14 octobre 1973 et
ait formé une coalition avec le parti islamiste MSP, les violations des
droits de l'homme en Turquie ne cesseraient jamais.
Après le coup d'État fasciste du 12 septembre 1980, bien que le
Parlement ait été dissous par la junte militaire, des députés du AP et
du CHP ont continué à défendre le régime militaire fasciste à
l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe...
Suite à la réaction de l'opposition en exil, l'Assemblée parlementaire
fut contrainte d'interdire aux parlementaires turcs de participer à la
réunion du 15 mai 1981.
Suite à cela, le 1er juillet 1982, cinq États membres du Conseil de
l'Europe, la France, les Pays-Bas, la Suède, la Norvège et le Danemark,
ont intenté une action en justice contre la Turquie devant la Cour
européenne des droits de l'homme pour violation des droits de l'homme.
Toutefois, après les élections de 1983, les députés turcs nouvellement
élus ont été autorisés à rejoindre l'Assemblée parlementaire et les
cinq pays ont retiré la plainte qu'ils avaient déposée auprès de la
Cour européenne des droits de l'homme.
Qu'attend donc Strasbourg pour agir contre le régime d'Erdoğan?
Après la chute du mur de Berlin, l'effondrement de l'Union soviétique,
la désintégration du système socialiste et du Pacte de Varsovie, la
structure du Conseil de l'Europe a connu un changement majeur. Tous les
pays d'Europe de l'Est et du Caucase, y compris la Fédération de
Russie, ont rejoint le Conseil de l'Europe, portant le nombre de ses
membres à 47.
Cependant, après le déclenchement de la crise ukrainienne, afin de
renforcer l'hégémonie des États-Unis sur le continent européen, on
assista à un rapide retour aux conditions de la guerre froide. La Suède
et la Finlande, qui avaient maintenu leur neutralité à cette époque,
ont été intégrées à l'OTAN, tandis que la Fédération de Russie, le plus
grand membre du Conseil de l'Europe en termes de population, a été
exclue de l'organisation par une décision unanime de l'Assemblée
parlementaire du Conseil de l'Europe.
En revanche, il n'existe aucune sanction à l'encontre du régime
d'Ankara, qui continue de violer de manière flagrante presque tous les
articles de la Convention européenne des droits de l'homme.
Des milliers de procédures sont en cours devant la Cour européenne des
droits de l'homme pour des injustices à l'encontre de opposants,
notamment le dirigeant du HDP Selahattin Demirtaş et le défenseur des
droits de l'homme Osman Kavala...
La procédure en manquement initiée par le Comité des Ministres du
Conseil de l'Europe concernant l'injustice dont est victime le
défenseur des droits de l'homme Osman Kavala est parvenue à la Cour
européenne des droits de l'homme le 21 février 2022....
Suite à cela, presque une année s’est écoulée...
Un rapport et le projet de résolution qui l'accompagne, intitulés
"Engagements et obligations de la Turquie découlant de son appartenance
au Conseil de l'Europe", préparés par la Commission pour le respect des
obligations et engagements des Etats membres du Conseil de l’Europe ont
été adoptés à la majorité de 94 voix contre 16 lors de la réunion
plénière à Strasbourg le 12 octobre 2022. En outre, une motion soumise
lors du vote a ajouté un paragraphe sur les cas d'Osman Kavala et de
Selahattin Demirtaş au texte de la résolution.
Le paragraphe sur Kavala appelait à "des contacts étroits entre les
présidents de l'APCE et du Comité des Ministres du Conseil de l'Europe,
et à l'utilisation de tous les moyens disponibles si la Turquie
persiste à ne pas honorer l'arrêt de la Cour européenne des droits de
l'homme sur Kavala", et demandait instamment que la requête de
Selahattin Demirtaş auprès de la Cour constitutionnelle soit examinée
d'urgence à la lumière de l'arrêt de la Cour européenne des droits de
l'homme.
Trois mois après ce jugement, Selahattin Demirtaş et Osman Kavala sont
toujours en prison, comme des milliers d'autres prisonniers et détenus
politiques...
John Howell et Boriss Cilevičs, rapporteurs de suivi pour la Turquie de
l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe, ont rendu visite à
Osman Kavala en prison le 13 janvier 2023… Dans leur déclaration aux
médias après la visite, ils parlent encore dans l'attente d'un miracle
de la dictature de Tayyip Erdoğan :
"Nous appelons les autorités turques à poursuivre leur dialogue de haut
niveau avec le Conseil de l'Europe, y compris par la voie
parlementaire, et à jouer leur rôle dans la sauvegarde de notre système
commun de protection des droits de l'homme, que la Turquie, en tant que
membre-fondateur du Conseil, a contribué à mettre en place". Nous avons
assuré M. Kavala de notre ferme engagement et de notre soutien pour
trouver une solution à son incarcération et de notre détermination à
continuer de suivre son cas de près avec le Comité des Ministres, qui
est le principal responsable de la mise en œuvre des résolutions."
L'avocat Ercan Demir, membre du conseil d'administration de l'Union des
barreaux de Turquie (TBB) et coordinateur du Centre des droits de
l'homme, explique pourquoi aucune sanction n'a été prise malgré les
décisions de l'APCE et de la CEDH :
"Il y a une procédure en manquement de la CEDH concernant Osman Kavala.
Après la décision de violation, il a été décidé de le libérer. Mais
avant qu'il n'ait pu atteindre la porte de la prison, un autre mandat
d'arrêt a été émis, cette fois dans le cadre d'une autre enquête. Le
gouvernement et le ministère de la justice font valoir que Kavala a été
libéré de l'affaire dans laquelle une procédure en manquement a été
rendue, mais qu'il est en état d'arrestation pour une autre affaire.
Sur le terrain du droit, un simple jeu juridique est en train de se
jouer, ce qui est extrêmement dommageable pour la réputation du pays.
Le Comité des Ministres du Conseil de l'Europe pense que l'engagement
de la procédure d'expulsion de la Turquie pourrait être utilisé en tant
que propagande par le gouvernement en politique à l'intérieur de la
Turquie. Afin d'éviter que cela ne soit utilisé en tant que tel, il
préfère ne pas avancer à ce stade." (Duvar, 13 janvier 2023)
Oui, la Turquie est entrée dans une phase électorale avec l'année 2023,
tout comme il y a 50 ans, toutes sortes de sanctions ont été suspendues
sous prétexte des élections de 1973, allons-nous continuer à fermer les
yeux aujourd'hui aussi sur les violations des droits de l'homme et
l'emprisonnement de Demirtaş et Kavala sous prétexte des élections ?
Combien de temps ceux qui ont expulsé d'un seul coup la Fédération de
Russie du Conseil de l'Europe attendront-ils pour porter un jugement
sur le régime d'Ankara, qui est au moins aussi coupable que la
Fédération de Russie dans sa répression à l'intérieur du pays et son
agression armée contre d'autres pays ?
Coran brûlé
à Copenhague: l'ambassadeur du Danemark
convoqué à Ankara
L'ambassadeur du Danemark à Ankara a été convoqué vendredi au ministère
des Affaires étrangères, qui a protesté contre des manifestations
devant l'ambassade de Turquie et une mosquée de Copenhague, durant
lesquelles un extrémiste anti-islam a brûlé des Corans.
Cette convocation a été décidée quand "nous avons appris qu'une attaque
contre notre livre sacré, le Coran, a été autorisée au Danemark
aujourd'hui", a précisé une source diplomatique turque à la presse.
"Il a été stipulé à l'ambassadeur que nous condamnons fermement
l'autorisation de cet acte provocateur, qui constitue clairement un
crime haineux", a indiqué cette source.
Le week-end dernier, le même extrémiste suédo-danois, Rasmus Paludan,
avait déjà brûlé un Coran devant l'ambassade de Turquie à Stockholm, en
présence de la police, suscitant de nombreuses condamnations dans le
monde musulman.
Cet habitué des autodafés anti-islam entendait ainsi protester contre
le véto de la Turquie à l'entrée de la Suède et de la Finlande dans
l'Otan.
Rasmus Paludan a réitéré son geste vendredi en brûlant un exemplaire du
Coran devant une mosquée de la capitale danoise, puis devant
l'ambassade de Turquie, selon des journalistes de l'AFP à Copenhague.
L'extrémiste a assuré qu'il continuerait ses manifestations
"chaque
semaine" jusqu'à ce que la Turquie laisse la Suède rejoindre l'Otan.
Un important cordon policier a été déployé devant les lieux visés, a
constaté l'AFP.
La diplomatie danoise a confirmé que son ambassadeur avait été convoqué.
"Le Danemark entretient de bonnes relations avec la Turquie, et cette
affaire n'y change rien", a assuré le ministre danois des Affaires
étrangères Lars Løkke Rasmussen à la télévision TV2.
"Notre tâche consiste maintenant à expliquer à la Turquie les
conditions qui règnent au Danemark, avec notre démocratie ouverte, et à
lui faire comprendre qu'il existe une différence entre le Danemark en
tant que pays - et notre peuple en tant que tel - et des personnes
individuelles qui ont des opinions très différentes", a-t-il dit.
Après les premiers incidents de Stockholm samedi dernier, qui ont
suscité des réactions hostiles dans le monde musulman, le président
turc Recep Tayyip Erdogan avait prévenu que la Suède ne pouvait plus
compter sur le "soutien" de la Turquie pour rejoindre l'Alliance
atlantique.
Les négociations sont officiellement suspendues. (AFP, 27 jan 2023)
Otan: le chef de l'extrême droite suédoise qualifie Erdogan de
"dictateur islamiste"
Le chef de l'extrême droite suédoise, première formation de la majorité
parlementaire, a qualifié mercredi le président turc Erdogan de
"dictateur islamiste", sur fond d'impasse sur les négociations avec
Ankara autour de l'entrée de la Suède dans l'Otan.
Jimmie Åkesson et son parti des Démocrates de Suède (SD) ne sont pas au
gouvernement, mais constituent la première force de soutien du Premier
ministre conservateur Ulf Kristersson au Parlement.
Le leader du parti d'extrême droite a appelé à ne pas trop céder au
président turc sur l'Otan.
"On ne peut pas aller trop loin. Parce que c'est avant tout un système
antidémocratique et un dictateur avec lesquels nous devons composer",
a-t-il déclaré dans une interview au quotidien Dagens Nyheter.
"Je suis chef d'un parti du parti anti-islamiste SD, et j'ai de fortes
opinions concernant un dictateur islamiste comme Erdogan. Il est élu
par le peuple, oui. Mais c'est aussi le cas de Poutine", affirme le
dirigeant de la formation d'extrême droite suédoise.
Ces déclarations interviennent alors que les négociations suédo-turques
concernant l'entrée de la Suède dans l'Otan apparaissent dans l'impasse.
Début janvier, M. Kristersson avait estimé qu'Ankara réclamait des
choses que Stockholm ne pouvait pas et ne voulait pas lui donner.
La Turquie n'est "pas en situation" de ratifier l'adhésion de la Suède
à l'Otan en l'état, a affirmé samedi Ibrahim Kalin, proche conseiller
du président Recep Tayyip Erdogan, après un nouvel incident
diplomatique.
La semaine dernière, un groupe prokurde avait pendu par les pieds un
mannequin à l'effigie de M. Erdogan devant l'hôtel de ville de
Stockholm, en dénonçant un "dictateur".
Tant les gouvernements turcs que suédois avaient vivement condamné
l'opération, suscitant un débat en Suède sur le besoin de ne pas
sacrifier les libertés d'expression et de manifestation.
La Turquie bloque depuis mai l'entrée de la Suède - ainsi que de la
Finlande - dans l'Otan, l'accusant d'héberger sur son territoire des
membres du PKK et d'organisations alliées à celui-ci, qu'elle considère
comme étant terroristes.
Malgré un mémorandum d'accord signé fin juin, Ankara juge ses demandes
toujours insatisfaites, notamment pour des extraditions de citoyens
turcs que la Turquie veut poursuivre pour "terrorisme".
Le gouvernement suédois souligne que la justice suédoise a le dernier
mot dans ces dossiers et que les tribunaux sont indépendants. (AFP, 18
jan 2023)
En Suède,
les "bourreaux" d'un mannequin d'Erdogan
revendiquent la liberté d'expression
Leur action a compliqué un peu plus un feu vert de la Turquie pour
faire entrer la Suède dans l'Otan: des militants pro-kurdes ayant pendu
la semaine dernière une effigie du président turc Erdogan à Stockholm
revendiquent une "provocation" et même un "sabotage" au nom de la
liberté d'expression.
Andreas, un Suédois de 39 ans qui témoigne à condition de ne pas
dévoiler son nom de famille, ouvre la porte latérale de son van gris,
garé sur un quai de la capitale suédoise.
Dans le coffre, il est toujours là, montre-t-il à une équipe de l'AFP:
un faux Recep Tayyip Erdogan en costume, corde liée aux chevilles,
objet du courroux d'Ankara mais aussi du gouvernement suédois.
Avec quatre autres militants du groupe prokurde du "comité suédois
Rojava", l'homme a pendu mercredi dernier l'effigie par les pieds façon
Mussolini à son croc de boucher en 1945, pour selon lui illustrer le
sort de tous les "dictateurs".
Le tout filmé devant l'hôtel de ville de Stockholm, emblème de la
capitale suédoise et de ses prix Nobel.
La provocation fait mouche: l'ambassadeur suédois à Ankara est
convoqué. La Turquie, où toute attaque contre le président est vue
comme une attaque contre l'Etat, dénonce une "action terroriste".
Le Premier ministre suédois Ulf Kristersson parle lui d'un "sabotage"
de la candidature de son pays à l'Otan, d'un "simulacre d'exécution
d'un dirigeant démocratiquement élu".
"On ne s'attendait pas à ce que ça devienne si gros", reconnaît
Andreas. "Mais évidemment c'est bien qu'on en parle. Toutes ces actions
que nous faisons montrent juste de plus en plus à quel point la Turquie
est anti-démocratique".
"Dans un pays normal, dans une démocratie normale, personne n'aurait
réagi à ce point. Donc on espère montrer à de plus en plus de gens que
ce n'est pas un partenaire pour la Suède".
Lui se décrit comme un sympathisant "socialiste" s'étant passionné pour
la cause kurde du fait de la guerre en Syrie. Et assume un "sabotage"
politique pour tenter de convaincre que l'Otan n'en vaut pas la
chandelle.
- "Petit groupe" -
"Pour moi le sabotage ce n'est pas un mauvais mot, car on peut
atteindre beaucoup d'objectifs politiques par le sabotage", plaide le
trentenaire.
Le comité Rojava, assure-t-il, n'est qu'un "petit groupe" de moins de
100 sympathisants, "sans soutien financier ou rien. Donc on utilise les
moyens qu'on a".
En Suède, l'adhésion à l'Otan a longtemps été un tabou, notamment à
gauche. L'invasion de l'Ukraine a précipité les choses, ainsi que la
perspective d'une adhésion de la Finlande voisine.
Les sondages montrent une inversion brutale en faveur de l'Otan, mais
plusieurs jugent le débat politique escamoté avant l'annonce de la
candidature, mi-mai.
Les négociations poussives avec Ankara ont aussi installé la crainte
que le pays nordique, qui s'est longtemps proclamé "superpuissance
morale", soit prêt à trop de sacrifices au nom de la "realpolitik", y
compris sur la liberté d'expression.
La Turquie exige de la Suède qu'elle durcisse drastiquement son
attitude vis à vis de militants jugés proches du PKK, y compris via des
extraditions pourtant bloquées par la justice.
Si la plupart des médias suédois ont estimé que l'opération du
mannequin relevait d'une forme de mauvais goût, plusieurs d'entre eux
ont souligné qu'elle rentrait dans la tradition constitutionnelle de
liberté d'expression en Suède.
Un petit journal marqué à la gauche de la gauche, Flamman, a dans la
foulée lancé un concours de caricatures du président Erdogan, doté
d'une récompense de 10.000 couronnes (environ 900 euros).
La justice, saisie d'une plainte en diffamation, l'a elle classée sans
suite lundi, ne voyant pas de quoi déclencher une enquête.
"On savait que ce n'était pas un délit, on a des juristes dans notre
groupe", raconte Andreas. "Nous ne violons aucune loi et faisons ce que
nous pouvons pour protester."
Preuve que leur acte était assez anodin pour la Suède, il a eu lieu en
plein jour, à la vue des passants.
"Les gens s'en fichaient. Des gens sont venus en demandant: +Qu'est ce
que c'est?+ ou +est-ce que c'est Erdogan?+. Ils posaient des questions
mais ce n'est pas comme si c'était important".
Le groupe organise une manifestation contre le régime turc samedi à
Stockholm. (AFP, 17 jan 2023)
Effigie
pendue d'Erdogan: la justice suédoise classe l'affaire sans suite
La justice suédoise a annoncé lundi ne pas donner de suite judiciaire
après qu'un groupe de militants ont pendu une effigie du président turc
Recep Tayyip Erdogan à Stockholm la semaine dernière, une protestation
qui a indigné Ankara.
Cet incident, en pleine négociation de la Suède pour obtenir le feu
vert de la Turquie à l'Otan, avait également été condamné par le
gouvernement suédois comme un "acte de sabotage" contre la candidature
suédoise.
Après une plainte pour "diffamation", "une décision a été prise de ne
pas lancer d'enquête préliminaire", a déclaré à l'AFP une porte-parole
du parquet.
"Je ne pense pas que cela peut relever de la diffamation", a expliqué
le procureur chargé du dossier, Lucas Eriksson, au quotidien
Aftonbladet.
L'action du mannequin déguisé en Erdogan avait été revendiquée par le
Comité Rojava en Suède, un groupe proche des groupes armés kurdes en
Syrie et selon la Turquie du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK).
L'effigie apparaissait pendue la tête en bas avec une allusion directe
à Mussolini lors de son exécution en 1945, en qualifiant le président
turc de "dictateur".
L'ambassadeur de Suède à Ankara avait été convoqué jeudi par le
ministère des Affaires étrangères turc.
"Si ce genre d'incidents continuent, cela ralentira le processus" pour
l'adhésion suédoise à l'Otan, a affirmé samedi Ibrahim Kalin, proche
conseiller du président Erdogan.
La Turquie bloque depuis mai l'entrée de la Suède - ainsi que de la
Finlande - dans l'Otan, l'accusant d'héberger sur son territoire des
membres du PKK et d'organisations alliées, qu'elle considère comme
terroristes.
Les trois pays ont signé un mémorandum d'accord en juin mais Ankara
réclame notamment davantage d'efforts contre les militants du PKK en
Suède.
Le point le plus difficile concerne des dizaines d'extraditions
réclamées par la Turquie. Stockholm souligne que celles-ci sont
étudiées par une justice indépendante de l'exécutif. (AFP, 16 jan 2023)
Germany investigates Turkish deputy over
ultranationalist statement
German prosecutors in Dusseldorf started an investigation into AKP
deputy Mustafa Acikgoz over his speech addressing MHP supporters in
German city of Neuss, where he urged them to "not tolerate" members and
sympathizers of the PKK and Gulen movement.
The Duesseldorf prosecutor's office has launched an investigation into
Turkish deputy Mustafa Acikgoz over a hate speech he delivered during a
meeting of an ultranationalist group in the German city of Neuss,
Deutsche Welle Turkish reported.
Acikgoz, a deputy for Turkey's ruling Justice and Development Party
(AKP),) posted a video on Twitter on January 13 showing his address to
supporters of the far-right Nationalist Movement Party (MHP) in
Germany, urging them to "be vigilant" and "not tolerate" members and
sympathizers of the Kurdistan Workers' Party (PKK) and Gulenist
movement-which he referred to as the "FETO," or "Fetullahist Terrorist
Organization"
The spokesman for the Duesseldorf public prosecutor's office said they
had begun investigating whether Acikgoz's words constituted a criminal
offense after officials from the Neuss city police said four criminal
charges had been filed against the AKP politician following his speech.
In the video, Acikgoz can be seen saying:
"We will not let them survive in Turkey. We actually finished them off
there. God willing, we will find them in their holes wherever they hide
in the world, and we will destroy them. You do not need to doubt that.
The only thing we need is our unity."
Following strong protests against the statement, the German Foreign
Ministry summoned the Turkish ambassador to Berlin on Monday and
strongly condemned the MP's speech in Neuss.
Acikgoz's speech came days after Germany's Federal Office for the
Protection of the Constitution ( BfV) warned that the Turkish
nationalist movement in Germany posed one of the biggest threats to the
country's democratic order. (gerceknews, 12 January 2023)
Ankara dénonce un montage vidéo en Suède contre
Erdogan
La Turquie a dénoncé jeudi un montage vidéo réalisé par un groupe kurde
en Suède, montrant le
président Recep Tayyip Erdogan en pendu et traité de "dictateur".
L'ambassadeur de Suède à Ankara a été convoqué par le ministère des
Affaires étrangères, a annoncé en fin de journée une source
diplomatique.
Ce nouvel incident intervient sur fond de blocage depuis mai par la
Turquie de l'entrée de la Suède -ainsi que de la Finlande- dans l'Otan,
l'accusant d'héberger sur son territoire des membres du PKK et
d'organisations alliées à celui-ci, qu'elle considère comme étant
terroristes.
La vidéo, postée sur Twitter par le Comité du Rojava (le nom des
territoires kurdes dans le nord de la Syrie), montre l'exécution du
dictateur italien Benito Mussolini en 1945, puis un mannequin qui
pourrait vaguement figurer M. Erdogan pendu au bout d'une corde.
"L'Histoire a montré que c'est ainsi que finissent les dictateurs",
est-il écrit dans un texte en surimpression. "Il est temps qu'Erdogan
démissionne avant de finir pendu sur Taksim", la grande place
emblématique d'Istanbul.
Pour le ministère turc des Affaires étrangères, "il s'agit d'une claire
violation des promesses de la Suède dans le cadre du protocole d'accord
(signé à Madrid en juin, ndlr). Nous exigeons que ce type d'actions
terroristes ne soient plus autorisées".
Ankara "insiste pour que les auteurs" de ce montage vidéo soient
"identifiés et retrouvés et que les mesures nécessaires soient prises"
a ajouté le ministère.
Pour le porte-parole de la présidence turque Fahrettin Altun, "que le
PKK défie les autorités suédoises au coeur de Stockholm prouve qu'elles
n'ont pas pris les mesures nécessaires contre le terrorisme,
contrairement à ce qu'elles ont assuré récemment".
"La Suède doit tenir ses promesses", martèle-t-il dans une série de
messages sur Twitter.
M. Altun prévient que, dans ces conditions, "il serait futile
d'attendre de la part de la Turquie qu'elle fasse des concessions" et
rappelle qu'elle est "membre de l'Otan depuis 70 ans".
Depuis sa demande d'adhésion à l'Alliance atlantique au printemps, la
Suède a multiplié les gestes de bonne volonté envers Ankara : dès son
accession au poste de Premier ministre dans ce royaume scandinave, Ulf
Kristersson s'est rendu à Ankara, suivi de son ministre des Affaires
étrangères, et la Constitution a été amendée pour durcir les lois
antiterroristes.
Début décembre, la Suède a expulsé un membre du PKK vers la Turquie.
Mais le gouvernement turc continue d'en réclamer d'autres.
M. Kristersson a estimé le week-end dernier que la Turquie demandait
"des choses qu'on ne peut lui donner", avant d'assurer que ses propos
avaient été mal compris.
A l'heure actuelle, seuls les parlements hongrois et turc ont refusé de
ratifier l'entrée de la Suède et de la Finlande dans l'Alliance
atlantique. (AFP, 12 jan 2023)
Eren Keskin, Marta Chumalo et Narges Mohammadi ont
remporté le prix Olof Palme
Trois femmes venues d'Ukraine, d'Iran et de Turquie ont remporté lundi
le prix Olof Palme 2023 pour leurs actions en faveur des droits humains
et des libertés dans leurs pays respectifs.
L'Ukrainienne Marta Chumalo, l'Iranienne Narges Mohammadi et la Turque
Eren Keskin ont été récompensées pour "leurs efforts dans le combat
pour la liberté des femmes, à une époque où les droits humains sont
menacés par la guerre, la violence et l'oppression", a affirmé le Fonds
à la mémoire d'Olof Palme dans un communiqué.
Mme Chumalo, psychologue et féministe, a été distinguée comme étant
l'une des fondatrices de "Women's Perspectives", une ONG soutenant les
droits des femmes et combattant la violence à leur égard.
"Depuis 2014, et en particulier depuis l'invasion russe de l'Ukraine en
2022, Marta Chumalo a été très active dans la sensibilisation aux
effets de la guerre et dans la réponse aux besoins des victimes", a
poursuivi le Fonds.
La journaliste et activiste des droits humains Narges Mohammadi "a été
un personnage central dans la lutte pour le droit des femmes et la
liberté d'expression en Iran", a ajouté le jury.
Ses prises de position lui ont valu d'être arrêtée de multiples fois
depuis 1998. Elle avait été libérée en octobre 2020 puis arrêtée à
nouveau en novembre 2021 à l'extérieur de Téhéran, alors qu'elle
assistait à une cérémonie d'hommage à un homme tué lors des
manifestations de 2019.
L'avocate des droits humains Eren Keskin a été récompensée pour
plusieurs décennies passées à défendre les victimes de discriminations
dans son pays, dont "des minorités ethniques, LGBTQI+ et des réfugiés".
Le jury a souligné qu'elle a été la cible à la fois de menaces de mort
et de poursuites judiciaires et "a aussi été emprisonnée pour ses
croyances", Amnesty International la qualifiant de "prisonnière de
conscience".
Une cérémonie de remise des prix se tiendra le 1er février à Stockholm.
Le Fonds à la mémoire d'Olof Palme, du nom de l'ancien Premier ministre
suédois assassiné en février 1986, honore chaque année des
personnalités engagées pour la paix et le désarmement ou dans la lutte
contre le racisme et la xénophobie. Le prix annuel est de 100.000
dollars. (AFP, 9 jan 2023)
La gauche demande "d'accorder aux
Kurdes la protection qu'ils méritent"
Plusieurs dirigeants de gauche ont exhorté jeudi à "accorder aux Kurdes
la protection qu'ils méritent", après l'assassinat de trois
ressortissants à Paris le 23 décembre.
Même si le suspect, William Malet, a reconnu sa "haine des étrangers
pathologique", "cet acte est bien plus qu'un crime raciste commis par
un raciste", estiment les signataires d'une tribune parue dans Le
Monde, parmi lesquels Mathilde Panot (LFI), Olivier Faure (PS), Marine
Tondelier (EELV) et Fabien Roussel (PCF).
Ce texte - également signé par Agit Polat, porte-parole du Conseil
démocratique Kurde de France, et d'autres associatifs - pointe le rôle
de la Turquie dans la "persécution" de ce peuple sans Etat.
"Les services de renseignement turcs (MIT), avec l'aide des Loups gris
(mouvement ultranationaliste turc, ndlr), déploient des moyens
puissants pour déstabiliser, traquer et tenter de faire taire tous
leurs opposants politiques".
"Après avoir lâchement abandonné les Kurdes aux mains de la Turquie et
de la Russie en Syrie, alors même qu'ils et elles venaient de livrer
une bataille sans merci contre Daech", les Etats européens les traitent
comme une "variable d'ajustement des relations diplomatiques avec la
Turquie", critiquent ces responsables de gauche.
Ils pointent en particulier la coopération des services secrets
européens avec leurs homologues turcs, en vertu de laquelle "des
opposants kurdes sont régulièrement livrés à la Turquie".
"Cela suffit ! Il est urgent d'assurer enfin aux Kurdes la justice et
la protection qu'elles et ils méritent".
Ils demandent "d'assurer une protection renforcée des lieux de
militantisme du peuple kurde" ou encore "de sortir le PKK (Parti des
travailleurs du Kurdistan) de la liste des organisations terroristes".
(AFP, 29 déc 2022)
Turquie-USA-OTAN /
Turkey-USA-NATO
Otan:
la Finlande autorise la première exportation
militaire vers la Turquie depuis 2019
La Finlande a accordé une autorisation d'exportation de matériel
militaire vers la Turquie, a annoncé mercredi le ministère finlandais
de la Défense, levant une suspension effective depuis l'automne 2019 à
cause d'une opération militaire turque en Syrie.
La reprise de ces autorisations d'armement était une des conditions
fixées par la Turquie auprès de la Finlande et de la Suède pour donner
son feu vert à leur entrée dans l'Otan. Stockholm avait déjà franchi le
pas fin septembre.
La licence d'exportation a été accordée mardi pour vendre de l'acier
blindé à une entreprise turque, a expliqué à l'AFP Riikka Pitkänen,
conseillère spéciale au ministère de la défense.
"Depuis octobre 2019, aucune licence d'exportation commerciale n'avait
été accordée pour la Turquie", a-t-elle confirmé.
L'annonce intervient alors que les négociations autour de l'entrée de
la Suède et de la Finlande dans l'Otan sont au point mort avec Ankara
depuis des manifestations antiturques à Stockholm ce week-end, dont
l'autodafé d'un Coran.
La reprise de ces exportations figure dans un protocole d'accord signé
en juin dernier entre les trois pays.
La décision du ministre de la Défense a immédiatement été critiquée par
un des partis de la coalition gouvernementale de la Première ministre
Sanna Marin.
"L'Alliance de gauche ne soutient pas l'exportation de matériel de
défense à des pays en guerre ou qui violent les droits humains. Nous
pensons que la Finlande ne doit pas autoriser l'exportation d'acier
blindé à la Turquie", a réagi la cheffe du parti, Li Andersson, sur
Twitter.
Comme les 29 autres membres de l'Otan, Ankara doit ratifier l'entrée de
tout nouveau membre et dispose de fait d'un droit de veto.
Seules la Turquie et la Hongrie, qui affirme ne pas vouloir les
bloquer, doivent encore ratifier ces deux adhésions. (AFP, 25 jan 2023)
Otan: la
Suède veut revenir "au dialogue" avec la Turquie
La Suède veut revenir au "dialogue" avec la Turquie pour permettre
l'adhésion "vitale" du pays nordique à l'Otan, a affirmé son Premier
ministre mardi après le coup d'arrêt des négociations avec Ankara du
fait de manifestations antiturques en Suède, dont un Coran brûlé.
"Je veux renouer un dialogue de travail avec la Turquie", a affirmé Ulf
Kristersson lors d'une conférence de presse, critiquant les
"provocateurs" qui tentent de déstabiliser la candidature suédoise et
appelant au "calme" face à une situation "grave".
"Notre message est que nous voulons appeler au calme, appeler à la
raison, pour que nous puissions revenir à une discussion entre la
Suède, la Finlande et la Turquie pour que nous puissions parler de
notre adhésion commune à l'Otan", a-t-il affirmé après la rapide
dégradation des perspectives d'entrée de son pays dans l'Otan.
Il a exprimé "l'inquiétude" du gouvernement suédois pour "les pays qui
se retrouveraient hors des alliances si la Russie gagne cette guerre"
en Ukraine.
La Turquie a donné un coup d'arrêt mardi à l'adhésion de la Suède et de
la Finlande à l'Otan, en reportant sine die une rencontre tripartite
initialement prévue début février et destinée à lever les objections
d'Ankara à leur candidature.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan avait prévenu lundi que la
Suède, déjà accusée par la Turquie d'héberger des "terroristes" kurdes,
ne pouvait plus compter sur le "soutien" d'Ankara, après qu'un militant
d'extrême droite a brûlé un exemplaire du Coran, samedi à Stockholm.
Face à la mise en garde de M. Erdogan, la Finlande a pour la première
fois entrouvert la porte mardi à une adhésion à l'Otan sans la Suède,
tout en affirmant qu'une adhésion conjointe restait la seule envisagée
à ce stade.
"Nous comprenons la frustration que beaucoup ressentent actuellement en
Finlande de ne pas être encore membre de l'Otan", a affirmé M.
Kristersson mardi soir, "mais nous nous concentrons sur le message très
clair que la Finlande continue à vouloir adhérer en même temps que la
Suède".
Le ministre finlandais des Affaires étrangères a reconnu mardi qu'une
adhésion était désormais peu probable avant les élections turques en
mai.
En mai, les deux pays nordiques avaient déposé leur candidature le même
jour au siège de l'Otan à Bruxelles, en conséquence directe de
l'invasion russe de l'Ukraine, mettant un terme à des décennies hors
des alliances militaires.
Mais la Turquie freine leur adhésion, reprochant principalement à la
Suède d'être un havre pour des "terroristes" kurdes. (AFP, 24 jan 2023)
Otan: Ankara donne un coup d'arrêt à
l'adhésion de la Suède et de la Finlande
La Turquie a donné un coup d'arrêt mardi à l'adhésion de la Suède et de
la Finlande à l'Otan, en reportant sine die une rencontre tripartite
initialement prévue début février et destinée à lever les objections
d'Ankara à leur candidature.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan avait prévenu lundi que la
Suède, déjà accusée par la Turquie d'héberger des "terroristes" kurdes,
ne pouvait plus compter sur le "soutien" d'Ankara, après qu'un militant
d'extrême droite a brûlé un exemplaire du Coran à Stockholm.
Une source diplomatique à Ankara a cependant bien précisé qu'il ne
s'agissait que d'un "report à une date ultérieure" de la réunion.
Face à la mise en garde de M. Erdogan, la Finlande a pour la première
fois entrouvert la porte mardi à une adhésion à l'Otan sans la Suède.
Une adhésion conjointe des deux pays nordiques reste "la première
option" mais "nous devons évidemment évaluer la situation, si quelque
chose s'est produit qui fait qu'à long terme la Suède ne peut plus
avancer", a affirmé le chef de la diplomatie finlandaise Pekka Haavisto
à la télévision publique Yle.
L'autodafé d'un Coran par un extrémiste de droite anti-islam samedi
près de l'ambassade de Turquie en Suède a suscité de vives
protestations d'Ankara -- et de plusieurs capitales du monde musulman
-- qui avait déjà annulé samedi une visite annoncée du ministre suédois
de la Défense.
Stockholm a déploré un acte "profondément irrespectueux" et exprimé sa
"sympathie" aux musulmans en soulignant que la Constitution suédoise
empêchait d'interdire ce type d'agissements, sans toutefois éteindre la
colère turque.
Ces protestations sont une "entrave" aux candidatures à l'Otan et les
"manifestants jouent avec la sécurité de la Finlande et de la Suède", a
déploré M. Haavisto mardi.
"Ma propre conclusion est qu'il y aura un retard (pour un feu vert
turc), qui durera certainement jusqu'aux élections turques mi-mai",
a-t-il reconnu.
Une manifestation prokurde, avec de nombreux drapeaux du Parti
des
travailleurs du Kurdistan (PKK) honni d'Ankara, avait également eu lieu
samedi dans le centre de Stockholm.
Mi-janvier, un groupe de soutien aux groupes armés kurdes en Syrie, le
comité Rojava, avait pendu un mannequin à l'effigie de Recep Tayyip
Erdogan devant l'hôtel de ville de Stockholm, suscitant l'indignation
d'Ankara malgré des condamnations du gouvernement suédois.
- "Plan B" -
Contrairement au cas de la Suède, la Turquie a dit ces derniers mois
qu'elle n'avait pas d'objection majeure à l'entrée de la Finlande dans
l'Otan.
Comme les 30 membres de l'alliance, Ankara doit ratifier l'entrée de
tout nouveau membre et dispose de fait d'un droit de veto.
Seules la Turquie et la Hongrie --qui affirme ne pas vouloir les
bloquer-- doivent encore ratifier ces deux adhésions.
Helsinki avait jusqu'ici refusé de spéculer sur une entrée sans la
Suède, soulignant les avantages d'une adhésion conjointe avec son très
proche voisin.
"Il y a un changement: désormais les plans B sont exprimés à voix
haute", souligne à l'AFP Matti Pesu, expert des questions de défense à
l'Institut finlandais des Affaires internationales (FIIA).
"Je pense que les chefs du gouvernement ont envisagé plusieurs
scénarios, mais que jusqu'ici on estimait important de maintenir une
ligne unie et qu'il n'était pas nécessairement sage de dire que la
Finlande envisageait d'y aller sans la Suède", analyse-t-il.
Le ministre suédois des Affaires étrangères Tobias Billström a fait
savoir mardi aux médias suédois qu'il était "en contact avec la
Finlande pour savoir ce que cela signifie réellement".
En mai, les deux pays nordiques avaient déposé leur candidature le même
jour au siège de l'Otan à Bruxelles, en conséquence directe de
l'invasion russe de l'Ukraine, mettant un terme à des décennies hors
des alliances militaires.
La Finlande, contrainte par Moscou à une neutralité forcée durant la
Guerre froide, partage une frontière de plus de 1.300 kilomètres avec
la Russie, qui étendrait d'autant la ligne de contact entre l'Otan et
Moscou.
Un protocole d'accord avec la Turquie avait été signé en juin à Madrid
mais Ankara juge insuffisants les efforts suédois pour le respecter.
(AFP, 24 jan 2023)
Coran
brûlé: Stoltenberg appelle Ankara à ne pas
bloquer l'adhésion de la Suède à l'Otan
Le secrétaire général de l'Otan a fustigé lundi l'attitude du président
turc, qui menace de bloquer l'adhésion à l'Otan de la Suède après qu'un
extrémiste a brûlé un exemplaire du Coran samedi à Stockholm.
Dans un entretien à la télévision allemande Die Welt, retranscrit dans
un communiqué en allemand par la chaîne, le Norvégien Jens Stoltenberg
a condamné la position de Recep Tayyip Erdogan à propos de la Suède.
"La liberté d'expression, la liberté d'opinion est un bien précieux, en
Suède et dans tous les autres pays de l'OTAN. Et c'est pourquoi ces
actes inappropriés ne sont pas automatiquement illégaux", a-t-il
déclaré.
Samedi après-midi, dans le cadre d'une manifestation autorisée par la
police suédoise à proximité de l'ambassade de Turquie, l'extrémiste de
droite suédo-danois Rasmus Paludan avait brûlé un exemplaire du Coran,
un acte visant à dénoncer les négociations suédoises avec Ankara sur
l'Otan.
"Le gouvernement suédois a condamné (cette manifestation) en des termes
très clairs", a rappelé M. Stoltenberg dans son entretien à die Welt.
Lundi, le président turc Recep Tayyip Erdogan a vivement réagi,
déclarant que la Suède, candidate à l'adhésion à l'Otan, ne pouvait
plus compter sur le "soutien" d'Ankara après cet autodafé.
M. Stoltenberg a affirmé être "absolument contre ce genre d'insultes
envers d'autres personnes", et "être absolument contre ce comportement
que nous avons vu dans les rues de Stockholm".
La Turquie bloque depuis mai l'entrée de la Suède - et celle de la
Finlande - dans l'Otan en leur reprochant d'héberger des militants et
sympathisants kurdes qu'elle traite de "terroristes", notamment ceux du
PKK et ses alliés dans le nord de la Syrie et en Irak.
Pour Ankara, tout progrès éventuel dépend des initiatives suédoises
pour extrader des personnes accusées de terrorisme par la Turquie ou
d'avoir pris part à la tentative de coup d'Etat de 2016 contre M.
Erdogan.
M. Stoltenberg a malgré ce contexte estimé que la Turquie s'était
jusqu'à présent montrée assez coopérative dans le débat sur l'adhésion
à l'OTAN.
La ratification des protocoles d'adhésion ne doit maintenant pas
échouer dans les derniers mètres. "Je suis en contact étroit avec la
Finlande et la Suède, et bien sûr aussi avec notre allié, la Turquie",
a-t-il ajouté.
Selon lui, 28 des 30 pays de l'OTAN ont déjà donné leur accord dans
leurs parlements nationaux. "Et je demande bien sûr aussi aux alliés
restants - la Hongrie et la Turquie - d'accélérer ces procédures dans
leurs parlements", a-t-il conclu. (AFP, 23 jan 2023)
Ankara
réclame à Washington des
avions de combat F-16
Le chef de la diplomatie turque Mevlut Cavusoglu a exprimé l'espoir
mercredi que les Etats-Unis approuveraient la vente d'avions de combat
F-16 à la Turquie, un dossier sensible qui suscite l'opposition d'élus
américains au moment où Ankara bloque l'élargissement de l'Otan à la
Suède et à la Finlande.
"Bien entendu, nous allons aussi aborder des sujets liés à notre
coopération bilatérale en matière de défense et tout particulièrement
notre demande de F-16", a-t-il dit en s'adressant à son homologue
américain Antony Blinken, qui le recevait au siège du département
d'Etat.
"Comme nous l'avons déjà dit, ce n'est pas seulement pour la Turquie,
mais c'est aussi important pour l'Otan et les Etats-Unis. Nous nous
attendons donc qu'elle soit approuvée en lien avec nos intérêts
stratégiques conjoints", a-t-il affirmé.
La Turquie souhaite acquérir 40 avions de combat F-16 ainsi que les
pièces détachées nécessaires à la maintenance et à la modernisation des
F-16 qu'elle possède déjà.
Le président américain Joe Biden a affirmé qu'il soutenait cette
livraison de F-16 à la Turquie, lors d'une rencontre avec son homologue
turc Recep Tayyip Erdogan, en marge du sommet de l'Otan à Madrid en
juin.
La livraison d'avions de combat F-16 à la Turquie -- et parallèlement
d'avions furtifs F-35 à la Grèce - est un sujet délicat pour le
gouvernement américain qui y est favorable, mais qui fait l'objet de
l'opposition d'élus américains, dont le puissant chef de la Commission
des Affaires étrangères du Sénat, le démocrate Bob Menendez.
Dans un discours fin décembre, ce dernier avait dit qu'il s'opposerait
à cette vente, fustigeant notamment le bilan de la Turquie en matière
de droits de l'homme et sa "campagne d'agression à travers toute la
région", en faisant référence à la Syrie.
Le Congrès américain doit être notifié de toute vente d'armements à
l'étranger et donner son accord.
En 2019, Washington a exclu la Turquie de son programme d'avions
furtifs F-35, en représailles à la décision d'Ankara d'acheter aux
Russes leur système anti-missile S-400.
Les sujets de contentieux entre Washington et Ankara sont multiples
mais les Etats-Unis reconnaissent à leur allié turc "un rôle
constructif" s'agissant de la guerre en Ukraine, a indiqué le chef de
la diplomatie américaine.
La Turquie bloque depuis mai l'entrée de la Suède et de la Finlande
dans l'Otan, l'accusant d'héberger sur son territoire des membres du
Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) et d'organisations alliées à
celui-ci, qu'elle considère comme étant terroristes.
Malgré un mémorandum d'accord signé fin juin, Ankara juge ses demandes
toujours insatisfaites, notamment pour des extraditions de citoyens
turcs que la Turquie veut poursuivre pour "terrorisme".
Interrogé à ce sujet mercredi, le porte-parole du département d'Etat,
Ned Price, a souligné que les Etats-Unis continuaient à soutenir la
livraison de F-16 tout en reconnaissant les préoccupations du Congrès
citant par exemple les tentatives de rapprochement entre Ankara et
Damas.
"Nous restons très préoccupés par le harcèlement judiciaire continu en
Turquie de membres de la société civile, des médias et de dirigeants
politiques et d'entrepreneurs", a-t-il encore dit. (AFP, 18 jan 2023)
Finland
says Turkey should know that its extradition requests are not possible
to meet
Turkish President Recep Tayyip Erdogan’s latest remarks over the number
of “terror suspects” Ankara expects to be handed over by Sweden and
Finland, raised questions in Finnish capital.
While Foreign Minister Pekka Haavisto said they have not received such
an updated list from Turkey, Jussi Halla-aho, the Chairman of the
Foreign Relations Committee of the Finnish Parliament said "This number
is like a guess out of the hat", Kronos reported on Tuesday.
Finnish Parliament’s spokesperson Matti Vanhanen on the other hand, has
said that Turkey should know that these extraditions are not possible.
“We are surprised by Erdogan's continuous demands,” he said.
Erdogan on Sunday said Turkey is expecting Sweden and Finland to
extradite around 130 people, in order to let the two Scandinavian
countries to join NATO.
“Unfortunately, they failed to do it,” Erdogan said.
Commenting over Erdogan’s remarks, Finnish Foreign Minister Haavisto
said they have not received an updated extradition request list from
Turkey.
Talking to Finland’s public radio Yle, Haavisto said Erdogan’s remarks
were definitely looking like a reaction to the recent demonstrations
held in Stockholm.
Last week, a life size effigy resembling the Turkish President was hung
on a pole during a protest in front of the City Hall in Stockholm,
immediately meeting strong condemnations from Turkey. Erdogan also
filed a criminal complaint with the Ankara Chief Public Prosecutor's
Office demanding an investigation against the perpetrators, which his
lawyer deemed to be the PKK.
Jussi Halla-aho, the Chairman of the Foreign Relations Committee of the
Finnish Parliament said the latest figure [130 people] mentioned by
Erdogan was like a guess out of the hat.
"After this number was revealed, us, the officials here have discussed
it among ourselves and we have no idea who are these terrorists,” he
said.
Finnish Parliament’s spokesperson Matti Vanhanen also said that they
are surprised by Erdogan's continuous demands.
“ Turkey should know that these extraditions are not possible,”
Vanhanen said, adding that Finland has met all the criteria for NATO
membership. (gerceknews, 17 January 2023)
La Cour suprême des Etats-Unis examine la légalité des
poursuites contre la banque turque Halkbank
La Cour suprême des Etats-Unis examine mardi un recours de la banque
publique turque Halkbank qui conteste son inculpation par la justice
américaine pour contournement des sanctions contre l'Iran.
La banque, majoritairement détenue par l'Etat turc, est accusée d'avoir
permis à l'Iran d'accéder entre 2012 et 2016 à des milliards de dollars
de fonds, via la vente de pétrole et de gaz, tout en trompant le
régulateur américain sur ces opérations.
Elle a été inculpée en 2019 pour fraude, blanchiment d'argent, et
entraves aux sanctions américaines contre l'Iran.
Elle a contesté les poursuites au nom d'une loi de 1976 qui accorde une
certaine immunité aux nations étrangères devant les tribunaux
américaines (FSIA). Halkbank, dont l'Etat turc est actionnaire
majoritaire, assure jouir de cette immunité.
Une cour d'appel lui a donné tort en 2021. "Même si nous considérions
que (la loi) FSIA confère l'immunité dans le contexte pénal, les
charges pesant sur (la banque) relèveraient de l'exception prévues pour
les activités commerciales par la loi", a-t-elle jugé.
La banque s'était alors tournée vers la Cour suprême, qui après
l'audience ce mardi, doit rendre sa décision au printemps.
Ankara, qui rejette les accusations, redoute l'exclusion de
Halkbank
du système bancaire international et l'imposition d'une lourde amende,
qui saperaient une économie turque déjà fragilisée.
Le dossier fait partie des sujets difficiles régulièrement abordés
entre Ankara et Washington.
Avant l'inculpation de la banque en 2019, le président Recep
Tayyip
Erdogan avait plaidé auprès de l'administration du président
républicain Donald Trump pour que la banque ne soit pas poursuivie.
Les accusations portées contre Halkbank, en tant qu'institution, sont
les mêmes qui avaient valu à un ex-directeur adjoint de la banque,
Mehmet Hakan Atilla, d'être condamné à une peine de prison à New York
en janvier 2018 dans ce dossier.
Libéré en juillet 2019, il était rentré en héros en Turquie où il a été
nommé en octobre de la même année à la tête de la Bourse d'Istanbul. Il
a toutefois démissionné de ce poste en mars 2021. (AFP, 17 jan 2023)
Otan: la Turquie
n'est pas en situation de ratifier l'adhésion
de la Suède en l'état
La Turquie n'est "pas en situation" de ratifier l'adhésion de la Suède
à l'Otan en l'état, a estimé samedi Ibrahim Kalin, proche conseiller du
président Recep Tayyip Erdogan, après un nouvel incident survenu cette
semaine.
"Nous ne sommes pas en situation d'envoyer la loi (pour ratification)
au Parlement, nous avons un vrai problème à ce sujet" a-t-il assuré
affirmant que les députés risqueraient de la rejeter.
Ankara a dénoncé jeudi un montage vidéo réalisé par un groupe proche du
Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) en Suède, montrant le
président Erdogan en pendu et traité de "dictateur".
L'ambassadeur de Suède à Ankara a été convoqué par le ministère des
Affaires étrangères.
Ce nouvel incident intervient alors que la Turquie bloque depuis mai
l'entrée de la Suède -ainsi que de la Finlande- dans l'Otan, l'accusant
d'héberger sur son territoire des membres du PKK et d'organisations
alliées à celui-ci, qu'elle considère comme étant terroristes.
"Nous sommes engagés dans ce processus depuis six ou sept mois et ce
n'est pas bon pour la Suède d'apparaitre sous ce jour", a insisté M.
Kalin devant des journalistes de plusieurs médias internationaux dont
l'AFP.
"Nous voulons avancer et progresser mais si ce genre d'incidents
continuent, cela ralentira le processus."
Pour M. Kalin, la Suède doit envoyer "un message clair" concernant
l'attitude des membres du PKK sur son sol.
"Ils doivent (...) par exemple garantir que (les membres du PKK) ne
peuvent plus recruter ni collecter d'argent" sur le sol suédois.
Il a reconnu néanmoins que le nouveau gouvernement suédois avait
réalisé plusieurs pas importants dont la visite, "très appréciée", du
Premier ministre suédois à Ankara peu après son accession au pouvoir
ainsi que "l'amendement de la Constitution, une avancée positive".
Mais il faudra encore attendre "six mois" avant que les nouvelles lois
afférentes ne soient écrites et validées par le Parlement, a-t-il
remarqué.
Par ailleurs, M. Kalin a affirmé que la Turquie "ne demande rien à la
Suède ou à la Finlande qui ne soit conforme à leur loi: nous sommes
très réalistes".
Le gouvernement turc a notamment réclamé l'expulsion de plusieurs
membres du PKK et du mouvement Fetö (acronyme utilisé par Ankara pour
désigner le mouvement du prédicateur Fethullah Gülen, NDLR) accusé
d'avoir fomenté la tentative de coup d'Etat de 2016.
A ce stade un membre du PKK a été renvoyé par Stockholm début décembre
- et aussitôt emprisonné en Turquie. (AFP, 14 jan 2023)
Human
Rights Watch critique le rapprochement de la Suède
avec la Turquie
« Si la Suède est prête à fermer les yeux sur les violations des droits
humains commises par la Turquie pour servir ses propres intérêts
politiques, cela constitue l’une des tendances les plus inquiétantes
auxquelles nous avons assisté ces dernières années », a déclaré la
directrice de Human Rights Watch (HRW) Tirana Hassan à Radio Ekot.
[Shutterstock/monticello]
Jeudi, la directrice de Human Rights Watch (HRW) Tirana Hassan a
vivement critiqué la Suède pour son rapprochement avec les positions
turques dans le cadre des négociations en vue de l’adhésion du pays à
l’OTAN.
La Suède a déposé sa candidature à l’OTAN en mai 2022, mais son
adhésion à l’alliance est bloquée principalement par la Turquie. Ankara
a en effet imposé des conditions strictes auxquelles elle refuse tout
compromis, malgré les demandes du secrétaire général de l’OTAN et la
tenue de plusieurs réunions de haut niveau avec des responsables turcs.
Le gouvernement turc accuse Stockholm d’avoir soutenu la milice kurde
YPG dans sa lutte contre l’État islamique, Ankara la considérant comme
l’équivalent de l’organisation terroriste kurde PKK. En novembre, le
nouveau gouvernement suédois de centre droit a annoncé son intention de
se dissocier du groupe YPG.
La directrice de HRW a critiqué cette décision. « Si la Suède est prête
à fermer les yeux sur les violations des droits humains commises par la
Turquie pour servir ses propres intérêts politiques, cela constitue
l’une des tendances les plus inquiétantes auxquelles nous avons assisté
ces dernières années », a déclaré Mme Hassan à Radio Ekot.
Mme Hassan a souligné qu’il est problématique qu’un pays démocratique
comme la Suède choisisse de coopérer avec des pays comme la Turquie. En
effet, le rapport annuel de l’organisation indique, entre outres, que
la Turquie manque de liberté d’expression et de liberté de la presse.
Le rapport a également mis en doute l’État de droit en Turquie et ses
interdictions de manifester.
« Si la Suède veut maintenir sa réputation au niveau international, il
ne suffit pas de juger la manière dont les droits humains sont
respectés dans le pays, mais il faut également tenir compte des pays
avec lesquels la Suède choisit de négocier », a déclaré Mme Hassan.
Le Premier ministre Ulf Kristersson a récemment déclaré que la Suède ne
peut ni ne veut répondre à toutes les demandes de la Turquie, notamment
celle d’expulser plusieurs opposants politiques que la Turquie
considère comme des « terroristes ».
« De temps en temps, la Turquie évoque des particuliers qu’elle veut
voir extrader de Suède. J’ai affirmé que la législation suédoise était
chargée de traiter de ces questions. Les citoyens suédois ne seront
jamais extradés vers un autre pays, point», a déclaré M. Kristersson
dimanche (8 janvier).
Cette déclaration a toutefois provoqué la colère d’Ankara qui a
rétorqué que la Turquie avait « demandé que des mesures soient
effectuées conformément à l’accord multilatéral avec la Suède et la
Finlande. C’est maintenant à la Suède et à la Finlande de tenir leurs
engagements », a déclaré mercredi (11 janvier) au quotidien suédois
Aftonbladet Ahmet Berat Conkar, qui est considéré comme une figure
majeure du parti conservateur turc AKP (Adalet ve Kalkınma Partisi) du
président actuel Recep Tayyip Erdoğan.
La semaine dernière, un sondage DN/Ipsos a montré que les citoyens
suédois soutiennent de manière importante l’idée que la Suède ne cède
pas aux demandes turques. Parmi eux, 79 % ont déclaré que la Suède
devait défendre ses lois et ses principes en tant qu’État de droit,
même si cela retardait son adhésion à l’OTAN. En revanche, 10 % ont
estimé que la Suède devait essayer de rejoindre l’OTAN le plus
rapidement possible, même si cela impliquait de compromettre les lois
suédoises. (euractiv.fr, 13 Jan 2023)
Le PM suédois: "La Turquie "veut des choses qu'on ne peut
pas leur donner"
La Turquie, qui bloque depuis mai l'entrée de la Suède et de la
Finlande dans l'OTAN, a des exigences que la Suède ne peut ni ne veut
atteindre, a dit dimanche le Premier ministre suédois.
"La Turquie confirme aussi bien que nous avons fait ce que nous avions
dit que nous ferions, mais elle dit aussi qu'elle veut des choses que
nous ne pouvons et ne voulons pas lui donner", a affirmé Ulf
Kristersson évoquant le processus d'adhésion de son pays à l'Alliance
atlantique lors d'une conférence sur la défense et la sécurité en
présence du secrétaire-général de l'OTAN, Jens Stoltenberg.
"Nous sommes convaincus que la Turquie va prendre une décision, nous ne
savons juste pas quand", a-t-il dit avant d'ajouter: "La décision est
dans le camp de la Turquie". Cette décision dépend notamment de
plusieurs facteurs de politique intérieure turque.
Fin décembre, Ankara avait relevé des "mesures positives" prises par
Stockholm, mais réclamait "d'autres pas importants" pour lever ses
objections à l'entrée de la Suède dans l'OTAN, avait alors indiqué le
ministre turc des Affaires étrangères Mevlut Cavusoglu.
Ces déclarations intervenaient quelques jours après le refus de la Cour
Suprême suédoise d'extrader le journaliste Bülent Kenes, réclamé par le
président turque Recep Tayyip Erdogan. Seuls les parlements turc et
hongrois n'ont pas ratifié l'entrée de la Suède et de la Finlande dans
l'OTAN.
En marge de la conférence de dimanche, le chef de la diplomatie
finlandaise a réaffirmé que son pays entrerait en même temps que son
voisin dans l'Alliance Atlantique."La Finlande n'est pas si pressée de
rentrer dans l'OTAN qu'on ne peut pas attendre que la Suède obtienne le
feu vert", a dit Pekka Haavisto à la presse. Le Premier ministre
suédois Ulf Kristersson avait effectué l'un de ses tout premiers
déplacement internationaux à Ankara, début novembre, pour tenter de
lever le véto turc. (AFP, 8 jan 2023)
La diplomatie américaine adopte le nom turc
"Türkiye" pour désigner la Turquie
La diplomatie américaine désignera désormais la Turquie par le nom
"Türkiye", et non plus "Turkey", qui signifie aussi "dinde" en anglais,
a annoncé jeudi le département d'Etat, accédant à une demande du
gouvernement turc.
Washington a ainsi écrit "Türkiye" jeudi dans un communiqué annonçant
des sanctions économiques conjointes avec Ankara à l'encontre d'un
réseau accusé d'avoir aidé le groupe jihadiste Etat islamique (EI) à se
financer.
"L'ambassade turque a demandé à ce que nous utilisions cette
orthographe dans nos communications", a expliqué le porte-parole de la
diplomatie américaine, Ned Price, précisant qu'elle serait employée
dans les contextes diplomatiques officiels et bilatéraux.
Mais l'usage du mot "Turkey" n'est pas proscrit, selon M. Price, car il
est "mieux compris par le public américain".
Le Pentagone utilise déjà l'appellation "Türkiye" depuis août et les
Nations unies depuis juin.
Dans une lettre adressée à l'ONU, le ministre turc des Affaires
étrangères avait en effet demandé à ce que son pays ne soit plus appelé
"Turquie" en français et surtout "Turkey" en anglais, qui veut aussi
dire "dinde" et pouvait donc revêtir une connotation négative.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan avait, lui, requis dès 2021
l'usage de "Türkiye" dans les langues qui utilisent l'écriture latine.
"Certains peuvent trouver ce changement de nom idiot, mais cela place
Erdogan dans le rôle du protecteur et de la sauvegarde du respect
international à l'égard du pays", avait analysé cet été Mustafa
Aksakal, professeur d'histoire à l'université Georgetown de Washington,
cité par le New York Times. (AFP, 5 jan 2023)
Swedes reject legal compromises to win Turkey’s NATO
A vast majority of Swedish voters reject any concessions on the
country’s legal principles to win Turkey’s approval for their NATO
accession, a recent survey by Ipsos showed.
A total of 79 percent of those surveyed said Sweden should continue to
abide by its laws in the face of Turkish demands even if it means
delaying its joining to the military alliance, while only 10 percent
said the country should seek to join asap regardless of whether that
involves legal concessions, Lebanon-based Al Mayadeen TV reported on
Tuesday.
The online survey was conducted of 1,248 participants and commissioned
by Dagens Nyhthe newspaper, it said.
Following Russia’s invasion of Ukraine on Feb.24, Sweden, alongside
with Finland officially applied for NATO membership. The final approval
of the two Scandinavian countries’ NATO bids depends on the current 30
member states’ parliaments, where Ankara says it will not approve the
accession documents if Stockholm and Helsinki fail to fulfil Turkey’s
extradition requests of terror suspects.
According to Swedish media, Turkey expects Sweden to extradite to 42
people, mostly accused by Ankara of being a member of a “terrorist”
organization. (gerceknews, 4 January 2023)
Washington s'oppose à une normalisation des
relations avec Bachar al-Assad
Washington a appelé mardi toutes les nations à réfléchir à deux fois
avant toute normalisation des relations avec le "brutal" président
syrien Bachar al-Assad, dont un de ses ministres a récemment rencontré
son homologue turc en Russie.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan, un soutien clé des rebelles
cherchant à renverser Bachar al-Assad depuis 2011, s'est dit dorénavant
ouvert à une rencontre avec le dirigeant de Damas.
Leurs ministres de la Défense se sont rencontrés à Moscou fin décembre,
première rencontre officielle à ce niveau entre les deux pays depuis le
début de la guerre.
"Nous ne soutenons pas les pays qui intensifient leurs relations ou
expriment leur soutien à la réhabilitation de Bachar al-Assad, un
dictateur brutal", a déclaré à la presse le porte-parole de la
diplomatie américaine Ned Price.
"Nous exhortons les Etats à soigneusement examiner le bilan atroce du
régime Assad en matière de droits humains au cours des douze dernière
années, alors qu'il continue d'infliger des atrocités au peuple syrien
et de refuser l'accès à une aide humanitaire vitale", a t-il ajouté.
Bachar al-Assad, appuyé par la Russie, a repris le contrôle de la
majorité du territoire syrien au cours d'un conflit qui a tué un
demi-million de personnes, fait déplacer la moitié de la population du
pays d'avant-guerre et vu la montée du groupe Etat islamique (EI).
L'année dernière ayant enregistré le plus faible nombre de morts depuis
le début du conflit, un nombre croissant de pays considèrent M. Assad
comme le vainqueur. En mars 2022, le dirigeant s'est rendu aux Emirats
arabes unis, un allié des Etats-Unis, pour son premier voyage dans un
autre Etat arabe depuis la guerre.
A la suite de la rencontre ministérielle à Moscou, la Turquie a
accueilli mardi les principales figures de l'opposition pour les
rassurer et a réitéré son soutien à la résolution du Conseil de
Sécurité de l'ONU en faveur d'un règlement politique en Syrie.
Les Etats-Unis autorisent depuis 2020 l'application de sanctions contre
Bachar al-Assad tant que le régime n'a pas rendu de comptes pour les
atrocités commises. (AFP, 3 jan 2023)
Relations
régionales / Regional Relations
L'Iran
"très content" du dialogue entre la Turquie et
la Syrie
L'Iran est "très content" du dialogue entre la Turquie et la Syrie, a
affirmé mardi le ministre iranien des Affaires étrangères Hossein Amir
Abdollahian.
"Nous sommes très contents de voir que les relations entre Damas et
Ankara sont en train de changer", a affirmé le ministre en visite mardi
en Turquie lors d'une conférence de presse avec son homologue turc
Mevlut Cavusoglu à Ankara.
"Nous pensons qu'un quelconque développement positif entre les deux
pays sera bénéfique pour notre région et nos pays", a ajouté M.
Abdollahian.
La Turquie et la Syrie ont récemment entrepris une normalisation de
leurs relations tendues depuis plusieurs années.
Une rencontre tripartite a déjà eu lieu en décembre à Moscou entre les
ministres turc, syrien et russe de la Défense, la première depuis le
début de la guerre en Syrie en 2011, qui a fortement tendu les rapports
entre Ankara et Damas.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a de son côté indiqué qu'il
pourrait rencontrer son homologue syrien Bachar al-Assad après des
rencontres au niveau des ministres de la Défense puis des Affaires
étrangères.
Ankara soutient depuis 12 ans les rebelles syriens qui tentent de
renverser le régime du président Bachar el-Assad.
M. Cavusoglu a précédemment déclaré qu'il comptait rencontrer son
homologue syrien Faisal Mekdad au cours de la deuxième quinzaine de
janvier.
Mais Damas ne semble pas partager les désirs d'ouverture d'Ankara. M.
Assad a estimé la semaine dernière que les réunions syro-turques en
cours, sous l'égide de Moscou, devraient d'abord aboutir à "la fin de
l'occupation" turque du territoire syrien.
La Turquie a lancé depuis 2016 trois offensives sur le sol syrien
contre les forces kurdes dans le nord, qui lui ont permis de contrôler
une bande frontalière côté syrien, une "occupation" dénoncée par Damas.
La possibilité d'une réconciliation entre les deux pays a alarmé les
dirigeants de l'opposition syrienne, qui résident principalement dans
les régions syriennes qui sont sous le contrôle indirect d'Ankara.
Elle a également suscité l'inquiétude de Washington, mais a reçu l'aval
de Moscou, principal soutien militaire de Damas. (AFP, 17 jan 2023)
Poutine dénonce les livraisons croissantes d'armes
occidentales à l'Ukraine
Le président russe Vladimir Poutine a dénoncé lundi les livraisons
croissantes d'armes occidentales à l'Ukraine, lors d'un entretien
téléphonique avec son homologue turc, au moment où le Royaume-Uni
s'apprête à livrer des chars à Kiev.
Lors de cette conversation avec Recep Tayyip Erdogan, M. Poutine a
critiqué la "ligne destructrice adoptée par le régime de Kiev qui a
misé sur l'intensification des combats, avec le soutien des parrains
occidentaux qui augmentent leurs livraisons d'armes et de matériel
militaire", a indiqué le Kremlin dans un communiqué.
Les deux dirigeants ont également évoqué la question de l'échange de
prisonniers, "avant tout des blessés", entre Moscou et Kiev, selon la
même source.
Pour sa part, M. Erdogan "a réitéré que la Turquie est prête à
faciliter et à servir d'intermédiaire pour l'instauration d'une paix de
longue durée entre la Russie et l'Ukraine", selon un communiqué de la
présidence turque.
Depuis le début du conflit en Ukraine, M. Poutine a eu plusieurs
entretiens téléphoniques avec M. Erdogan, qui cherche à maintenir de
bonnes relations à la fois avec Moscou et Kiev.
La Turquie a notamment parrainé un accord qui a permis de reprendre
l'exportation des céréales ukrainiennes qui étaient bloquées dans les
ports à cause des combats. (AFP, 16 jan 2023)
Assad: "Tout rapprochement avec Ankara doit aboutir à
la fin de l'occupation turque en Syrie"
Le président Bachar al-Assad a estimé jeudi que les réunions
syro-turques en cours, sous l'égide de Moscou, devraient avoir pour
objectif "la fin de l'occupation" turque du territoire syrien, dans un
premier commentaire sur le rapprochement entre les deux pays.
M. Assad a tenu ces propos en recevant Alexandre Lavrentiev, envoyé
spécial du président russe Vladimir Poutine sur la Syrie, alors que
Moscou encourage le rapprochement syro-turc après une rupture de plus
d'une décennie entre les deux pays.
Les relations sont rompues depuis le début de la guerre en Syrie en
2011 quand la Turquie a pris le parti des groupes rebelles opposés à
Damas. La Russie de son côté a apporté un soutien militaire à l'armée
syrienne dans le conflit.
Une réunion tripartite a eu lieu en décembre dernier à Moscou
entre
les ministres turc, syrien et russe de la Défense, la première depuis
2011.
Le président syrien a estimé que "ces rencontres (tripartites), pour
qu'elles soient fructueuses, doivent être basées sur une coordination
et une planification préalables entre la Syrie et la Russie", et avoir
pour objectif de "mettre fin à l'occupation (turque en Syrie) et au
soutien au terrorisme".
Le ministre turc des Affaires étrangères Mevlut Cavusoglu, qui se
trouve au Rwanda, a affirmé jeudi qu'une réunion des ministres des
Affaires étrangères des trois pays se tiendrait "le plus tôt possible,
peut-être début février", à Moscou.
Mi-décembre, le président turc Recep Tayyip Erdogan avait indiqué qu'il
pourrait rencontrer son homologue syrien.
- Inquiétudes -
Avant 2011, Ankara était un partenaire politique et économique
privilégié de Damas et une relation d'amitié liait les présidents des
deux pays mais au début du soulèvement populaire en Syrie, la Turquie a
conseillé à son allié d'engager des réformes politiques, avant de
l'appeler à "démissionner pour empêcher l'effusion de sang".
Voisine de la Syrie, la Turquie a ensuite constitué le soutien
politique et militaire le plus important de l'opposition syrienne, dont
des formations islamistes, considérées comme "terroristes" par Damas.
La Turquie a en outre lancé depuis 2016 trois offensives sur le sol
syrien contre les forces kurdes dans le nord, qui lui ont permis de
contrôler une bande frontalière côté syrien, une "occupation" dénoncée
par Damas.
Ankara a intensifié fin 2022 ses bombardements contre des positions de
combattants kurdes, qu'elle qualifie de "terroristes", dans le nord de
la Syrie et a menacé de déclencher une offensive terrestre contre eux.
Si le rapprochement Damas-Ankara est encouragé par Moscou, Washington
n'y est pas favorable. La semaine dernière, l'administration américaine
a appelé toutes les nations à réfléchir à deux fois avant toute
normalisation des relations avec le "brutal" président syrien.
La possibilité d'une réconciliation entre les deux pays a aussi alarmé
les dirigeants de l'opposition syrienne.
Les Kurdes, qui contrôlent une partie du nord de la Syrie, craignent
également de faire les frais de ce rapprochement. (AFP, 12 jan 2023)
Israël: l'ambassadeur turc présente ses lettres de
créance au président
L'ambassadeur de Turquie en Israël, Sakir Özkan Torunlar, a présenté
mercredi ses lettres de créance au président Isaac Herzog, a indiqué la
présidence israélienne, dernière étape de la reprise complète des
relations diplomatiques entre les deux pays, en froid depuis plusieurs
années.
"Aujourd'hui nous achevons une autre étape importante, nous atteignons
un autre tournant dans la consolidation de nos relations et de l'amitié
entre la Turquie et Israël", a salué mercredi le président Herzog,
après la cérémonie à sa résidence à Jérusalem.
A cette occasion, le président israélien a invité son homologue turc,
Recep Tayyip Erdogan, en Israël pour "une visite qui, j'en suis sûr,
contribuera à approfondir les relations et la coopération entre nos
pays", a-t-il dit, d'après un communiqué.
Après plusieurs mois de réchauffement, Israël et la Turquie avaient
annoncé en août le rétablissement de leurs relations diplomatiques et
le retour des ambassadeurs.
L'ambassadrice d'Israël en Turquie, Irit Lillian, a présenté le 27
décembre ses lettres de créance au président Erdogan.
Les relations entre les deux pays s'étaient tendues en 2010 après
l'assaut meurtrier des forces israéliennes contre le navire turc Mavi
Marmara, qui tentait d'acheminer de l'aide dans la bande de Gaza,
territoire palestinien sous blocus israélien et contrôlé par les
islamistes du Hamas.
En mai 2018, après la mort d'une cinquantaine de Palestiniens tués par
l'armée israélienne à Gaza, la Turquie avait rappelé son ambassadeur à
Tel-Aviv et renvoyé l'ambassadeur israélien à Ankara ainsi que le
consul général israélien à Istanbul. Israël avait riposté en renvoyant
le consul général turc à Jérusalem.
"C'est une relation qui a connu des crises par le passé mais qui est
aujourd'hui, à notre grande satisfaction, sur une trajectoire très
encourageante", a déclaré mercredi le président Herzog.
M. Erdogan, fervent défenseur de la cause palestinienne, a dans le
passé critiqué les politiques israéliennes menées sous les précédents
gouvernements de Benjamin Netanyahu (1996-1999 et 2009-2021) envers les
Palestiniens.
Le président turc a toutefois félicité Benjamin Netanyahu après sa
victoire aux élections législatives de novembre, qui lui a permis de
mettre sur pied un gouvernement fin décembre, le plus à droite de
l'histoire du pays.
La diplomatie turque a condamné la semaine dernière la visite
"provocatrice" d'Itamar Ben Gvir, nouveau ministre israélien de la
Sécurité nationale et figure de l'extrême droite, sur l'esplanade des
Mosquées à Jérusalem-Est, lieu saint au coeur des tensions
israélo-palestiniennes. (AFP, 11 jan 2023)
Erdogan exhorte Poutine à un "cessez-le-feu unilatéral"
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a exhorté jeudi son homologue
russe Vladimir Poutine à appliquer un "cessez-le-feu unilatéral" en
Ukraine, a rapporté la présidence turque.
"Les appels à la paix et les négociations entre Moscou et Kiev
devraient être soutenus par un cessez-le-feu unilatéral", a déclaré le
chef de l'Etat turc à M. Poutine au cours d'un entretien téléphonique,
selon un communiqué transmis par la présidence turque.
Le président turc s'est aussi entretenu jeudi avec le président
ukrainien Volodymyr Zelensky sans pourtant mentionner une demande pour
un "cessez-le-feu unilatéral".
M. Erdogan a affirmé durant cet entretien que la Turquie est prête à
jouer un rôle de médiation pour "l'établissement d'une paix durable"
entre la Russie et l'Ukraine.
Ankara a invité à plusieurs reprises M. Poutine et M. Zelensky en
Turquie pour des pourparlers.
Mais Moscou s'est montré peu disposé à assouplir sa position.
La Russie pourrait entamer des pourparlers "à condition que les
autorités de Kyiv remplissent les exigences bien connues et répétées de
la prise en compte des nouvelles réalités territoriales", a affirmé M.
Poutine à son homologue turc, selon un communiqué du Kremlin.
Le chef de l'Etat turc suit depuis le début du conflit une ligne qui
lui a permis de conserver de bonnes relations avec le président russe
Vladimir Poutine, tout en fournissant des armes à Kiev.
Membre de l'Otan, la Turquie ne s'est pas associée aux sanctions contre
la Russie et tente de maintenir une position de médiateur entre Kiev et
Moscou.
Ankara a ainsi joué un rôle clé dans un échange de prisonniers en
septembre entre la Russie et l'Ukraine et dans la conclusion en
juillet, sous l'égide de l'ONU, d'un accord permettant l'exportation de
céréales ukrainiennes via la mer Noire et le Bosphore. (AFP, 5 jan 2023)
Esplanade des mosquées: la Turquie condamne la
visite "provocatrice" du ministre israélien
Le ministre turc des Affaires étrangères Mevlut Cavusoglu a condamné la
visite "provocatrice" mardi sur l'esplanade des Mosquées à
Jérusalem-Est du nouveau ministre israélien de la Sécurité nationale
Itamar Ben Gvir, lors d'un entretien téléphonique avec son homologue
israélien, a indiqué mercredi le ministère turc.
"M. Cavusoglu a rappelé à Eli Cohen les attentes et les sensibilités de
notre pays à propos de la question palestinienne et a affirmé que nous
trouvons inacceptable l'action provocatrice d'hier du ministre
israélien de la Sécurité nationale envers l'esplanade des Mosquées", a
écrit le ministère dans un communiqué.
M. Cavusoglu a aussi affirmé que la Turquie attendait que "toutes
sortes d'actions provocatrices" soient évitées.
Figure de l'extrême droite israélienne, M. Ben Gvir était accompagné
lors de sa visite de membres des forces de sécurité israéliennes.
Troisième lieu saint de l'Islam et site le plus sacré du judaïsme sous
le nom de "Mont du Temple", l'esplanade des Mosquées est située dans la
Vieille ville de Jérusalem, dans le secteur palestinien occupé et
annexé par Israël.
En vertu d'un statu quo historique, les non-musulmans peuvent se rendre
sur le site à des heures précises mais ne peuvent pas y prier.
Or, ces dernières années, un nombre croissant de Juifs, souvent
nationalistes, y prient subrepticement, un geste dénoncé comme une
"provocation" par les Palestiniens et plusieurs pays du Moyen-Orient.
"En réponse aux préoccupations du ministre turc concernant la visite du
ministre Ben Gvir sur le mont du temple, M.Cohen a affirmé qu'Israël
est engagé à maintenir le statu-quo sur le site", a de son côté affirmé
le ministère israélien des Affaires étrangères dans un communiqué.
"Cette visite ne constitue pas un changement de politique et la liberté
de culte pour toutes les religions à Jérusalem sera préservée", a-t-il
ajouté.
La condamnation de la Turquie intervient alors qu'elle a nommé
mi-novembre un ambassadeur en Isräel après une absence de quatre ans,
dernière étape de la reprise complète des relations diplomatiques entre
les deux pays annoncée en août.
Les relations entre les deux pays s'étaient tendues en 2010 après
l'assaut meurtrier des forces israéliennes contre le navire turc Mavi
Marmara, qui tentait d'acheminer de l'aide à Gaza, enclave
palestinienne sous blocus israélien et contrôlée par les islamistes du
Hamas.
M. Erdogan, fervent défenseur de la cause palestinienne, a dans le
passé critiqué les politiques israéliennes menées sous les
gouvernements de M. Netanyahu (1996-1999 et 2009-2021) envers les
Palestiniens. (AFP, 4 jan 2023)
Le chef de la diplomatie turque rencontre l'opposition
syrienne
Le ministre turc des Affaires étrangères Mevlüt Cavusoglu a rencontré
mardi les dirigeants de l'opposition syrienne, peu après les premiers
contacts ministériels directs entre Ankara et Damas depuis 2011.
Le chef de la diplomatie turque a posté sur Twitter des images de sa
rencontre à Ankara avec le chef du Conseil national de l'opposition
syrienne, Mahmut al-Maslat, et d'autres dirigeants.
"Nous avons réitéré notre soutien à l'opposition et au peuple syriens
conformément à la résolution 2254 du Conseil de sécurité des Nations
unies", a écrit M. Cavusoglu, en référence à un appel de 2015 de l'ONU
en faveur d'un cessez-le-feu et d'un règlement politique en Syrie.
Le réunion a eu lieu moins d'une semaine après que les ministres de la
Défense turc et syrien se sont rencontrés à Moscou.
Ankara soutient depuis 12 ans les rebelles syriens qui tentent de
renverser le régime du président Bachar el-Assad.
Mais le président turc Recep Tayyip Erdogan, qui a qualifié le
président Assad de "terroriste" en 2017, a depuis accepté l'idée
d'éventuellement rencontrer le dirigeant syrien.
Il a suggéré que les discussions entre les ministres de la Défense des
deux pays soient suivies d'une réunion entre les ministres des Affaires
étrangères, qui pourrait jeter les bases d'un éventuel sommet
présidentiel.
M. Cavusoglu a déclaré qu'il comptait rencontrer son homologue syrien
Faisal Mekdad à Moscou au cours de la deuxième quinzaine de janvier.
Mais Damas ne semble pas partager les désirs d'ouverture d'Ankara.
Certains analystes estiment que M. Assad n'acceptera pas de rencontrer
M. Erdogan avant la tenue en Turquie d'élections générales, prévues au
plus tard en juin.
La possibilité d'une réconciliation entre les deux pays a alarmé les
dirigeants de l'opposition syrienne, qui résident principalement dans
les régions syriennes qui sont sous le contrôle indirect d'Ankara.
Elle a également suscité l'inquiétude de Washington, mais a reçu l'aval
de Moscou, principal soutien militaire de Damas. (AFP, 3 jan 2023)
La Bulgarie sevrée de gaz russe signe un accord avec
la Turquie
La Bulgarie va accéder aux infrastructures gazières de son voisin turc,
selon un accord signé mardi à Sofia visant à diversifier son
approvisionnement à la suite de l'arrêt des livraisons par la Russie
après l'invasion de l'Ukraine.
"Nous pourrons ainsi acheter du gaz à tous les producteurs
internationaux et le décharger en Turquie, là où cela nous convient le
mieux sur le plan logistique", a déclaré le ministre bulgare de
l'Énergie par intérim, Rossen Hristov.
Selon le ministre turc de l'Énergie, Fatih Donmez, le contrat couvre
les treize prochaines années et pourra concerner jusqu'à 1,5 milliard
de mètres cubes de gaz naturel liquéfié (GNL) transportés par an, soit
la moitié des besoins bulgares.
L'accord entre l'opérateur gazier public bulgare Bulgargaz et la
société gazière publique turque Botas donne accès aux terminaux comme
aux réseaux de transit turc et va en outre "accroître la sécurité des
livraisons" dans toute la région des Balkans, a-t-il ajouté.
Avant l'invasion de l'Ukraine par la Russie en février, Moscou assurait
presque la totalité des besoins de la Bulgarie, membre de l'Union
européenne (UE) et de l'Otan, soit environ 3 milliards de mètres cubes
de gaz par an.
Mais le fournisseur a suspendu ses livraisons en avril, Sofia faisant
partie des clients ayant refusé de payer en roubles comme l'a exigé la
Russie en mesure de représailles aux sanctions européennes.
Actuellement, la Bulgarie importe environ un milliard de mètres cubes
de gaz naturel d'Azerbaïdjan. Elle a inauguré en juillet un nouveau
gazoduc la reliant à la Grèce et lui procurant du GNL américain. (AFP,
3 jan 2023)
Manifestations dans le nord contre une
possible entente Damas/Ankara
Des centaines d'opposants au président syrien Bachar al-Assad ont
manifesté vendredi dans le nord de la Syrie contre une possible entente
entre Ankara et Damas au surlendemain d'une réunion tripartite à Moscou.
Il s'agissait de la première rencontre officielle au niveau ministériel
entre la Turquie et la Syrie depuis le début de la guerre en Syrie en
2011 qui avait vu Ankara prendre le parti des groupes rebelles syriens.
"La révolution est une idée, vous ne pouvez pas tuer une idée",
pouvait-on lire en arabe, russe et turc sur des banderoles brandies par
des centaines de manifestants rassemblés à al-Bab, selon un photographe
de l'AFP.
Cette ville située dans le nord de la province d'Alep est contrôlée par
des factions syriennes d'opposition fidèles à la Turquie.
"On ne peut pas se réconcilier, on ne veut pas se réconcilier" avec le
gouvernement syrien, a martelé à l'AFP Sobhi Khabiyeh, 54 ans et
déplacé de la banlieue de Damas, qualifiant le président Assad de
"criminel".
"Ne vous alliez pas avec Assad contre nous", a-t-il ajouté, en
s'adressant à la Turquie.
Mercredi, les ministres turc et syrien et russes de la Défense ont
notamment discuté "des façons de résoudre la crise syrienne" et "des
efforts conjoints pour combattre les groupes extrémistes", selon la
Russie.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan, qui a plusieurs fois qualifié
M. Assad d'"assassin" ces dernières années, avait évoqué le mois
dernier une "possible" rencontre avec ce dernier.
Des manifestations contre ce rapprochement ont eu lieu dans d'autres
régions du nord de la province d'Alep, selon l'Observatoire syrien des
droits de l'Homme (OSDH), une ONG basée au Royaume-Uni qui dispose d'un
vaste réseau de sources dans le pays.
"Plutôt mourir que de nous réconcilier avec Assad", lançaient notamment
les manifestants.
Dans la ville d'Idleb (nord-ouest), sous contrôle du groupe jihadiste
Hayat Tahrir Al-Cham (HTS, ex-branche syrienne d'Al-Qaïda), des
dizaines de personnes ont scandé des slogans hostiles au président turc.
"Je suis venue exprimer mon rejet des déclarations appelant à un
rapprochement avec le régime criminel d'Assad", a déclaré Salwa Abdel
Rahmane, une manifestante, à Idleb.
La rencontre en Russie, alliée de Damas, a eu lieu alors que la Turquie
a depuis quelques semaines intensifié ses bombardements contre des
positions de combattants kurdes, qu'elle qualifie de "terroristes",
dans le nord de la Syrie et menace de déclencher une offensive
terrestre contre eux pour laquelle elle aimerait obtenir le feu vert de
Damas et Moscou.
Dans le nord-est du pays, région en grande partie dominée par les
Kurdes, le Conseil démocratique syrien, bras politique des Forces
démocratiques syriennes (FDS, coalition armée dirigée par les Kurdes),
a dit dans un communiqué regarder "avec méfiance" la rencontre de
mercredi, appelant les Syriens à "affronter cette alliance". (AFP, 30 déc 2022)
La Russie tente de reconcilier Erdogan
et Assad
Par Anne Andlauer, Le Soir, 30 décembre 2022
C’est une étape marquante dans le rapprochement turco-syrien que la
Russie promeut en sous-main depuis plusieurs années, et que le
président turc, Recep Tayyip Erdogan, appelle publiquement de ses vœux
depuis l’été dernier. Les ministres turc et syrien de la Défense,
Hulusi Akar et Ali Mahmoud Abbas, se sont entretenus mercredi lors
d’une réunion à Moscou avec leur homologue russe, Sergueï Choïgou. Il
s’agissait de la première rencontre officielle à ce niveau entre Ankara
et Damas depuis le début de la guerre en Syrie, en 2011. Les chefs du
renseignement des trois pays ont aussi échangé au cours de la visite.
De source officielle turque, les discussions ont porté sur « la crise
en Syrie, la question des réfugiés et les efforts dans la lutte
conjointe contre tous les groupes terroristes se trouvant sur le
territoire syrien ». Le ministère turc de la Défense a salué des
échanges « constructifs », ajoutant que les parties étaient convenues
de « poursuivre les rencontres trilatérales pour assurer la stabilité
en Syrie et dans toute la région ».
La réconciliation entre la Turquie de Tayyip Erdogan et la Syrie de
Bachar el-Assad semble donc en bonne voie. Pour prendre la mesure de ce
qu’elle représente, il faut se souvenir de la rupture nette et précoce,
dès août 2011, des relations turco-syriennes, puis des moyens colossaux
(notamment le soutien militaire et financier aux factions syriennes
d’opposition armées) mis en œuvre par l’actuel président turc pour
faire tomber son ancien « ami Bachar ». Recep Tayyip Erdogan misait, à
tort, sur son renversement rapide et l’accès au pouvoir des Frères
musulmans.
Longtemps fermement opposé à l’idée de renouer avec « le meurtrier
Assad », ainsi qu’il l’a désigné pendant dix ans, le chef de l’Etat
turc a récemment changé de ton. En août, il disait vouloir « franchir
de nouvelles étapes » avec le pouvoir syrien. Le mois dernier, il
jugeait « possible » une rencontre avec le même Bachar el-Assad,
expliquant qu’il « n’y a pas de place pour le ressentiment en politique
».
Le renvoi des Syriens
S’il se résout à un tel revirement – qui est aussi un aveu d’échec de
sa stratégie initiale en Syrie – c’est que Recep Tayyip Erdogan espère
y trouver son compte. Le président turc ambitionne de créer à la
frontière turco-syrienne une « zone tampon » pour y renvoyer une partie
des 3,6 millions de Syriens réfugiés sur son territoire, dont la
présence est de plus en plus impopulaire au sein de la société turque.
Tayyip Erdogan ne cesse par ailleurs de promettre le lancement d’une
nouvelle offensive terrestre contre les forces kurdes des YPG (Unités
de protection du peuple) dans le nord de la Syrie, en espérant obtenir
l’aval sinon de Damas, du moins de Moscou. La semaine dernière, le
ministre turc Hulusi Akar avait d’ailleurs indiqué qu’Ankara était en
contact avec Moscou pour obtenir « l’ouverture de l’espace aérien »
syrien aux avions de guerre turcs. Ankara voudrait amener le régime
syrien à considérer les combattants kurdes comme un ennemi commun.
C’est le sens de « la lutte conjointe contre tous les groupes
terroristes » évoquée mercredi par le ministère turc de la Défense.
La démarche n’est pas forcément réaliste, ni cohérente. Des
observateurs avisés de la situation syrienne, y compris en Turquie,
mettent en doute la capacité de Bachar el-Assad à satisfaire les
attentes turques, pour peu qu’il en ait l’intention. Ces experts
interrogent aussi ce que le dictateur syrien (et son parrain russe
Vladimir Poutine) pourrait réclamer en échange d’une telle
réconciliation, lui qui exige au préalable le retrait des troupes
turques du nord de la Syrie. Le rapprochement a de quoi inquiéter les
opposants syriens armés qu’Ankara emploie depuis six ans comme
supplétifs dans ses opérations contre les forces kurdes. Quant au
retour des réfugiés installés en Turquie, certains depuis dix ans, il
paraît hautement improbable tant que Bachar el-Assad régnera sur la
Syrie.
Quoi qu’il en soit, à moins de six mois des élections au cours
desquelles il jouera son avenir politique, Recep Tayyip Erdogan semble
considérer que son maintien au pouvoir et la mise en œuvre de ses
objectifs en Syrie passent par un rétablissement des relations avec son
voisin. Il cède aussi, en cela, aux pressions de la Russie, principal
allié du régime syrien, qui joue depuis des années le rôle
d’intermédiaire entre Ankara et Damas, tout en poussant à la tenue
d’échanges directs.
C’est aussi ce que réclament, là encore depuis des années, les
principaux partis de l’opposition turque, qui promettent de réparer les
relations avec la Syrie en cas de victoire dans les urnes. Recep Tayyip
Erdogan pourrait les devancer : il cherche à organiser un sommet avec
el-Assad et Poutine avant le prochain scrutin. La rencontre
ministérielle organisée mercredi à Moscou signale en tout cas que le
président turc a décidé de mettre en œuvre une maxime qu’il énonçait en
2019 : « Vous ne pouvez jamais couper tous les fils, même avec votre
ennemi. Un jour, vous pourriez avoir besoin de ces fils. »
Chypre
et la Grèce / Cyprus and Greece
La Grèce enclenche le compte à rebours des élections sur
fond de tensions avec la Turquie
Après presque quatre années au pouvoir, le Premier ministre grec
Kyriakos Mitsotakis a lancé "le compte à rebours" des élections
législatives prévues au printemps avec deux préoccupations majeures :
la hausse du coût de la vie et les tensions exacerbées avec le grand
voisin et rival turc.
"Nous approchons peu à peu de la période pré-électorale", a prévenu
lundi le chef de gouvernement de droite, candidat à sa propre
succession, lors d'une intervention où il est apparu devant une grande
affiche sur laquelle était inscrite : "Nous continuons".
"Le compte à rebours" est lancé, avait-il déjà affirmé la semaine
dernière, alors que la législature actuelle s'achève officiellement en
juillet et qu'il compte convoquer ce scrutin "en avril ou au mai".
Ces élections législatives opposeront le Premier ministre actuel au
précédent, Alexis Tsipras (2015-2019), le leader de la gauche radicale
Syriza qui mit en place des mesures d'austérité drastiques dans le
cadre des plans d'aide européens à la Grèce.
Leurs deux formations, respectivement la Nouvelle démocratie (ND) et
Syriza, croisent le fer, cette dernière accusant déjà le gouvernement
de cultiver "l'incertitude" en ne fixant pas de date pour le scrutin.
Au pouvoir depuis 2019, ND devance son principal rival d'au moins six
points dans les sondages les plus récents.
- Investissements -
Depuis le début de l'hiver, Kyriakos Mitsotakis apparaît en campagne
électorale. Il a effectué plusieurs déplacements à la rencontre des
électeurs et insisté lundi sur son bilan économique, marqué, selon lui,
par un climat "favorable aux investissements".
Dans un pays qui a gardé des séquelles de la décennie de crise
financière avec une population appauvrie, il a mis l'accent sur le
recul de l'inflation, qui a baissé à 7,2% en décembre, après un pic de
plus de 10% entre avril et septembre.
Son gouvernement a également créé un "panier" de produits alimentaires
de base à un prix privilégié pour soutenir les ménages les plus
précaires.
La bataille électorale a en fait démarré l'été dernier avec le scandale
des écoutes téléphoniques illégales qui éclabousse le gouvernement.
L'eurodéputé et leader du parti socialiste Pasok-Kinal, Nikos
Androulakis, et d'autres hommes politiques et journalistes avaient
alors dénoncé leur surveillance par les services de renseignement (EYP)
et le logiciel espion Predator.
"Cette affaire a beaucoup fait monter le thermomètre politique et servi
de prétexte à l'opposition pour l'ouverture d'une longue période
préélectorale informelle", analyse Stella Ladi, professeure associée de
gestion politique à l'Université Panteion d'Athènes et à la Queen Mary
University à Londres.
Les tensions exacerbées avec la Turquie voisine, rivale historique
bien que partenaire au sein de l'Otan, se sont également invitées dans
les joutes préélectorales.
Pour Stella Ladi, Athènes va prendre en considération "plusieurs
facteurs, dont la date des élections" présidentielle et législatives en
Turquie, fixées au 14 mai, pour décider de la date du scrutin en Grèce.
- Déclarations agressives -
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a multiplié les déclarations
agressives à l'endroit de la Grèce ces derniers mois, alors que les
élections dans son pays seront cruciales pour son avenir.
Outre l'épineuse question migratoire, Athènes et Ankara se querellent à
propos de différends territoriaux sur fond des recherches pour des
hydrocarbures en Méditerranée orientale.
Kyriakos Mitsotakis a néanmoins assuré lors du Forum économique mondial
de Davos (Suisse) qu'il n'y aurait "pas de guerre avec la Turquie, même
si nous assistons à de nombreuses tensions ces trois dernières années".
Sur la scène nationale, le Premier ministre grec mise sur "un résultat
fort" pour éviter de devoir bâtir une coalition avec d'autres partis.
Il a mis en garde contre le risque d'"une instabilité" politique en cas
d'alliance gouvernementale.
Deux élections successives "à un intervalle de quatre à cinq semaines"
auront lieu, a-t-il prévenu.
Lors du premier scrutin, aucun parti n'est susceptible d'obtenir une
majorité absolue. Un nouveau scrutin sera donc probablement nécessaire,
qui donnera cette fois au parti gagnant un bonus de jusqu'à 50 sièges
supplémentaires au Parlement.
Au final, "il n'est pas improbable que le gouvernement soit un
gouvernement de coalition", a écrit Nikos Demertzis, professeur de
sociologie politique à l'université d'Athènes, dans une récente tribune
dans le journal Kathimerini. (AFP, 24 jan 2023)
“Crazy
Turks will come marching if
you dare make a mistake”
A day after the Greek president called for dialogue, the Turkish
president has addressed him saying, "We do not have plans to hit Athens
if you are sensible."
Turkish president said on Friday that Turkey may respond with fire in
case the Greek islands near Turkish coasts are armed by Athens.
Speaking at a ceremony for a construction project in Istanbul, Recep
Tayyip Erdogan addressed the Greek prime minister Kyriakos Mitsotakis,
saying:
"Look Mitsotakis, you are talking about things in public again. Know
this well, if you dare make a mistake, the crazy Turks will come
marching, keep it in mind."
The term "crazy Turks" is used as a brag by many in Turkey -
particularly ultra nationalists and national socialists - connotatively
to mean "unexpectedly daring."
Erogan continued:
"Are we supposed to just sit and watch if you dare arm the [Greek]
islands? They say, 'Turkey has manufactured a Tayfun missile, what if
it hits Athens?' We do not have plans to hit Athens if you are
sensible."
Mitsotakis said a day earlier, “We should be able to sit down with
Turkey as reasonable adults and discuss the issue of the continental
shelf and sea zones in the Aegean.”
"Does anyone really believe that the Greek islands are a threat to the
Turkish mainland or rather the Turkish mainland threatens the Greek
islands?" he added. (gerceknews, 20 January 2023)
Greek media mocks Turkish
military’s “New Year” video-clip
A video-clip produced and published by Turkish Defence Ministry marking
the beginning of the country’s centenary year has been mocked by the
Greek Media.
The Greek City Times reported the video-clip on Wednesday with the
headline “Turkey's ridiculous military Eurovision-style rap song”,
likening the content to Rambo and Top Gun movies.
“In this achievement of ridiculousness and unrestrained nationalism, we
see the Turkish army "defeating every enemy". The blockbuster does not
lack the crowns of Ottomanism, which are combined with fake explosions
and feats of things that only Rambo and Top Gun pilots could do,” it
said.
Republic of Turkey is celebrating its centenary year of its foundation
in 1923. Turkish Defense Ministry on Monday, published a video-clip
displaying “heroic” scenarios of Turkish army defeating the “enemy”.
The soldiers in the video-clip were singing a Turkish anthem arranged
as a rap song.
The ministry released the video by saying that “Hero Mehmetcik [a term
used to refer to Turkish soldiers] will be on duty for the peace and
security of the nation, putting the ‘Homeland’ first in the 100th
anniversary of the Republic, as it has throughout history.”
“The only thing missing was apparently a video-clip” amid Turkey’s
“threats of war” against Greece, the Greek City Times said.
“The whole aesthetic approach, as well as the tone, reminds us how
short the distance is from the serious to the ridiculous,” it said.
(gerceknews, 4 January 2023)
Immigration
/ Migration
Russians
become the largest group of foreigners living
in Turkey
Russians living with residence permits in Turkey in 2022, numbered
145,715 by the end of the year, more than doubling the previous year’s
figures
After the Ukraine war, Turkey who rejected to follow the western
sanctions imposed on Russia, became a safe haven for the warring
country’s nationals.
The number of Russians living with resident permits in Turkey were
145,715 by the end of the year, more than doubling the previous year’s
65,121, Nordic Monitor said, citing Turkish official data.
Russian nationals were followed by citizens of Iraq, Turkmenistan and
Syria, it said.
Despite condemning the Russian invasion of Ukraine, NATO member Turkey
that sought close ties with Moscow in recent years refused to follow
the Western sanctions imposed on Russia or Russian citizens. Turkey
allowed Russian oligarchs to moor their luxury yachts at its ports and
said Russian citizens would be welcome in the country as both tourists
and investors. Since the beginning of the war, Russian billionaires
sought to made major investments in Turkish market that provide them a
Turkish citizenship. The figures revealed last month showed that
Russians overtook Iranians as Turkey's biggest foreign home buyers,
purchasing nearly 14,000 properties nationwide in the first 11 months
of the year. (gerceknews, 6 January 2023)
Frankfurt offices of Turkey's main opposition
attacked
The attack on CHP's offices has taken place around the same time the
head of German internal intelligence warned about the possible
"impacts" of coming elections in Turkey.
The offices of Turkey's main opposition Republican People's Party (CHP)
in Germany was attacked on Saturday, and material damage was caused by
the attack, Deutsche Welle (DW) Turkish reported.
The offices in Frankfurt was attacked late in the evening when there
was no one inside, and a window was shattered, DW said.
A CHP official told DW that it was a 6 mm thick double-pane window,
that it is not likely that the window was shattered by accident, and
that blows were apparently delivered with a hammer-like object at the
window where a picture of Turkish Republic's founder Mustafa Kemal
Ataturk was placed.
Ali Ercan said that it was highly probable that the attack was a
planned one.
The incident took place around the same time that the head of German
internal intelligence told German news agency DPA that the coming
elections in Turkey will have an impact on Germany.
Thomas Haldenwang, the President of the Federal Office for the
Protection of the Constitution, said:
"Turkish internal political conflicts are fought here: On the one hand
there are those who are loyal to the government, which also include
Turkish nationalists and right-wing extremists, on the other hand there
are forces of democratic opposition forces, but also supporters of
extremist and terrorist organizations such as the PKK."
He added that opposition journalists are spied on and intimidated, and
that although campaign appearances by politicians from non-EU countries
are prohibited in the three months prior to the elections, first
campaign flyers have already been seen in Germany. (gerceknews, 2
January 2023)
Intellectuals and diplomats urge Swedish
government to end deportations
A group of intellectuals and diplomats released an "Open call to the
government" published by Sweden's largest morning newspaper, Dagens
Nyheter.
The call was initiated by former Council of Europe Commissioner for
Human Rights Thomas Hammarberg, former administrator of the Swedish
Social Democratic Party, minister and UN Ambassador Pierre Schori, and
Swedish Kurdish writer and journalist Kurdo Baksi.
Calling attention to Sweden’s concessions in return for NATO
membership, the petitioners demanded an immediate end to the
deportations and defence of the rights of the Kurds.
Noting that “Sweden's concessions to Turkey affect innocent people”,
the petitioners said: “Deportations to Turkey must be stopped
immediately and the human rights of the Kurds must be defended.”
Citing the many people extradited to Turkey in recent months, the
petitioners said: “There is a saying that captures what is going on
now: If you bend justice, it will be broken.”
The petitioners called attention to the memorandum signed between
Sweden, Finland and Turkey at the Madrid summit last summer, saying,
“One sentence in the memorandum has a particularly serious impact on
the Kurds who have sought a free life in our country.”
The petitioners revealed that the intelligence provided by Turkey can
be used as a reason for deportation. “It is also important to
understand that Erdogan uses the concept of terrorism in a very
different manner than Sweden. All opposition, including those who
kindly criticize him, is designated as terrorists.”
The petitioners continued: “The representatives of Sweden have made too
many concessions so far. This situation has victimized innocent people
and led to a serious concern among our friends connected with Turkey.
If Sweden continues to support Erdogan's hateful and ill-intentioned
election campaign, this will be nothing less than a shameful scandal.
There should be no more deportations.”
Those who signed the open call are as follows:
Kurdo Baksi, Swedish Kurdish writer and journalist
Göran Eriksson, former chief of ABF Stockholm
Ahmad Eskandari, Swedish Kurdish opinion leader
Göran Greider, author, chief editor of the Dala-Demokraten newspaper
Thomas Hammarberg, author, former Commissioner for Human Rights of the
Council of Europe
Helle Klein, editor-in-chief of the Dagens Arbete newspaper
Terfa Nisebini, Lawyer
Arne Ruth, former chief editor of the Dagens Nyheter newspaper
Pierre Schori, Former Minister of Immigration Affairs and Ambassador to
the UN
Omar Sheikhmous, researcher on Middle East issues
Vildan Tanrikulu, former head of the Swedish Kurdistan Associations
Federation
(ANF, 1 January 2023)
Turkey records highest number of deportations in 2022
Turkey deported 119,817 refugees and prevented the entry of 271,311
others in 2022, according to figures released yesterday (December 25)
by the Directorate of Migration Management.
Since 2016, Türkiye has prevented 2.7 million refugees from entering
the country, said the directorate.
"With the measures taken, we saw a 38 percent decrease in illegal entry
attempts in the east and south borders.
"Due to our inspections and operations, the number of irregular
migrants caught increased by 76 percent compared to the same period
last year, with a total of 231 thousand."
"The highest number of deportations"
According to the Migration directorate, this year saw the highest
number of deportations in the country's history, with a total of
119,817 deportation cases, but this will likely increase over this
month. A 159 percent increase compared to last year.
In comparison to 2021, the people being deported, especially those
coming from Afghanistan and Pakistan, saw a large increase of
respectively 236 percent and 22 percent. Furthermore, a 167 increase
was noted from people with other nationalities. "Since 2016, the number
of irregular migrants deported reached 445,326", the Migration
directorate noted.
66,534 irregular migrants from Afghanistan were sent back, 44,433
people with 234 charter flights, and 22,101 with regular flights.
12,385 people were deported to Pakistan.
Deportation rate
The directorate further explained that their deportation rate was 70
percent, whereas that of the EU is only 11 percent.
"According to Eurostat data, although a total of 709,900 irregular
migrants were detected in European Union countries in 2021, 80,470 of
them were deported. In 2022, the number of irregular migrants deported
by all European countries was announced as 53,885 as of the end of
September. While the average deportation success rate of European
countries remained at the level of 11 percent, our country's
deportation success rate was recorded as 70 percent when deportation
proceedings and repeated arrests are excluded.
Removal centers
The capacity of the Migration directorate's deportation centers has
increased by 30 percent to a capacity to hold 20,540 people.
"Our country surpassed the deportation center capacity in all European
countries. Currently, 18,776 foreigners of 107 different nationalities
are under administrative detention in our deportation centers. (BIA, 26
December 2022)
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